Poher

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Le Poher est une ancienne principauté apparue au haut Moyen Âge dans le centre-ouest de la Bretagne en Cornouaille, et dont la capitale était la cité gallo-romaine de Vorgium, capitale des Osismes, devenue Carhaix après la chute de l'Empire romain. Les fouilles archéologiques programmées depuis 1999 montrent que, si la ville avait perdu sa fonction de capitale dès le IVe siècle, elle n'en demeurait pas moins une place-forte majeure et un carrefour stratégique.

Sommaire

Les origines

Le nom du Poher dérive de Pou Kaer, Pou étant une évolution du latin pagus (« pays » ou ancienne circonscription des cités gallo-romaines) et kaer, vieux breton, « ville fortifiée ».

Au Moyen Âge, Carhaix n'était qu'une trève de Plouguer (Plou-Kaer = « la paroisse de la Cité ou du château »), n'ayant qu'une église tréviale dédiée à saint Trémeur. Plouguer dont l'église est dédiée à saint Pierre – preuve indirecte d'ancienneté – est le siège de la paroisse primitive qui tire son nom du site anciennement fortifié qu'elle englobe. Devenues communes à la Révolution française, Carhaix et Plouguer ont fusionné en 1956 sous le nom de Carhaix-Plouguer[1].

Les limites incertaines et fluctuantes du Poher

Ses limites ont été très fluctuantes selon les époques, son aire géographique ayant tendance à se réduire au fil du temps. Hubert Guillotel le fait coïncider avec l'évêché de Cornouaille[2]. André Chédeville va encore plus loin, lui attribuant une façade maritime sur la Manche: « il est vraisemblable qu’aux premiers siècles, ce pagus plus restreint en longitude s’étendait plus largement vers le nord où, comme les autres pagi, il avait sa façade maritime. Lorsque les limites diocésaines furent fixées à l’époque carolingienne, le pagus Castelli fut coupé en deux parties qui, en tant que circonscriptions ecclésiastiques, se dilatèrent, l’une dans le diocèse de Quimper comme on vient de l’indiquer, l’autre dans celui de Tréguier »[2].

Dans un pouillé du XIVe siècle, le Poher subsiste comme l'un des deux archidiaconés de l'évêché de Cornouaille, avec celui dénommé également Cornouaille. Ce dernier ne comprenait que les doyennés du cap Sizun, du Cap-Caval (futur pays Bigouden) et de Fouesnant (de Gourin à Clohars-Fouesnant).

Le Poher est alors associé à la majeure partie de l'évêché, ce qui améne Joëlle Quaghebeur[3] à considérer qu'à l'appellation carolingienne Poher succède le nom de Cornouaille.

Selon le vicomte Frotier de la Messelière, « occupant les hautes vallées de l’Aulne et de ses affluents, sur les sommets les plus élevés de la Basse-Bretagne, le Poher s’étend, d’Est en Ouest, sur une cinquantaine de kilomètres, des frontières orientales de Glomel, Rostrenen, Kergrist-Moëlou et Maël-Pestivien dans les Côtes-du-Nord, aux limites occidentales de Châteauneuf-du-Faou, Plounévez-du-Faou, Loqueffret, Brennilis et Botmeur, dans le Finistère, et sur une trentaine de kilomètres, du Nord au Sud, des Monts d’Arrée à ceux de la Montagne Noire et au cours moyen de l’Aulne[4]. Cet auteur exclut donc du Poher toute commune du département du Morbihan alors que pourtant la commune du Faouët se considère comme faisant partie du Poher.

Plus récemment, Christiane Kerboul-Vilhon lui assigne des limites assez voisines ; pour lui, il correspond au bassin de Châteaulin[5].

Il faudrait peut-être y rajouter, à l’Est, les territoires de Plounévez-Quintin et de Trémargat, sa trève, détachés au XIIIe siècle de la seigneurie de Quintin et portés par mariage dans la maison de Quelen, et celui de Plouguernével et ses trèves de Bonen et Locmaria-Gaudin. De même, au Sud-Ouest, les paroisses et trèves de Laz, Saint-Goazec et Trégourez, dépendant de la baronnie de Guergorlay, juveignerie de Poher.»

Beaucoup d'habitants de la Haute Cornouaille (à cheval sur les trois départements de la Bretagne occidentale : Finistère, Côtes-d'Armor, Morbihan) nomment toujours aujourd'hui ce pays Poher (en breton, Poc'hêr), comme le montrent le titre de l'hedomadaire "Le Poher"[6], les rubriques des quotidiens locaux et les panneaux " Le Poher doit vivre" brandis pour la défense des équipements publics (hôpital de Carhaix). Carhaix-Plouguer, avec ses 8 000 habitants et ses services administratifs et commerciaux, en est la petite capitale incontestée, même si son influence et sa zone de chalandise sont limitées par Rostrenen à 22 km l'Est et par Gourin à 28 km au Sud-Est.

La Cellule de coordination des actions de l’État en pays du Centre Ouest Bretagne (CCECOB)[7], à Carhaix-Plouguer, qui est une sorte de sous-préfecture interdépartementale, est aussi un indice de la consistance de cette micro-région écartelée par les limites départementales. De plus en plus, le Poher est désormais assimilé à la zone d'influence du Pays de Carhaix, au Kreiz Breizh.

En 1996, le Poher est réapparu comme circonscription administrative sous la forme de la communauté de communes du même nom, comprenant Carhaix-Plouguer, Cléden-Poher, Kergloff, Poullaouen, Plounévézel, Saint-Hernin, toutes en Finistère, et une commune du département voisin des Côtes-d'Armor, le Moustoir.

Histoire

La légende noire : Conomor, prince sanguinaire du Poher ?

Le Poher a été le siège d'une puissante dynastie de comtes à l'époque carolingienne, dont les traces sont éparses dans les très rares archives et dans les Vies des saints bretons.
Conomor (Kon Meur = Grand Chien), noté comme prince du Poher, baigne dans une légende qui en fait la Barbe-Bleue de la Bretagne au VIe siècle. Il aurait tué ses nombreuses femmes successives, n'épargnant pas la dernière, sainte Tryphine, et leur jeune enfant saint Trémeur (Trec'h Meur = Grand Vainqueur) qu'il aurait décapité. Saint Gildas ayant miraculeusement replacé la tête, l'enfant serait venu narguer son père en lui jetant une poignée de terre. Frappé par la vengeance divine, Conomor aurait péri instantanément.

Les traces historiques

Le nom de Conomor est cité plusieurs fois par Grégoire de Tours comme un comte breton qui sauve Macliauus de la vindicte de son frère, le comte de Bretagne, Chanao. Il est aussi un adversaire des Francs accueillant Chramme en lutte avec son frère le roi Clotaire II. Il apparaît également à différentes époques de l'autre côté de la Manche.
La découverte à Castel Dore en Cornouailles britannique d'une inscription qui porte "Marcus Quonomorus Drustanus" a poussé quelques historiens, dont Christian Kerboul, a identifier le roi Marc de Cornouailles, dont le neveu légendaire est Tristan (Drustanus?), avec le Conomor de la légende. Cette hypothèse d'une principauté établie à cheval sur la Manche au VIe siècle reste invérifiée.

En 871, alors que Salomon est encore roi de Bretagne, Judicaël est indiqué comme princeps Poucher sans qu'on sache ce que marque cette dignité peu fréquente à l'époque.

Un vicomte de Poher, nommé Bernard, apparaît au XIe siècle et sa lignée paraît avoir accordé un intérêt particulier à l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, semblant ainsi prendre le relais de la dynastie de Cornouaille qui avait accédé à la dignité ducale depuis Hoël II en 1066.

Notes et références

  1. Insee 01/01/1957 Carhaix devient Carhaix-Plouguer suite à sa fusion avec Plouguer.
  2. a et b André Chédeville et Hubert Guillotel, "La Bretagne des saints et des rois (Ve-Xe siècles)", Ouest-France Université, 1984 (ISBN 2858826137)
  3. Joëlle Quaghebeur, La Cornouaille du IXe au XIIe siècle, Société archéologique du Finistère, 2001, (ISBN 2906790052)
  4. Vicomte Frotier de la Messelière, "Le Poher: Finistère et Côtes-du-Nord", Les Presses bretonnes, Saint-Brieuc, 1940
  5. Christiane Kerboul-Vilhon, Petite histoire du grand Poher, Coop Breizh, 2004
  6. http://www.poher-hebdo.fr/
  7. est installée dans la Maison des services publics, place de la Tour d'Auvergue et offre la possibilité d'effectuer des démarches administratives auprès de services de l'État

Bibliographie

  • FROTIER de la MESSELIERE (vicomte), Le Poher, Finistère et Côtes du Nord, ses monuments, ses fiefs, ses manoirs et leurs possesseurs, Les Presses Bretonnes, Saint-Brieuc,1949.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Poher de Wikipédia en français (auteurs)

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