Point de lendemain

Point de lendemain
Page d'aide sur les redirections Pour le court métrage réalisé en 2001 par Alexandre Barfety, voir Point de lendemain (film).

Point de lendemain est un conte de Vivant Denon (deux versions : l'une en 1777, l'autre en 1812).

Sommaire

Synopsis

Vivant Denon met en scène dans ce conte les premières aventures amoureuses d'un jeune homme ignorant tout des subtilités du monde aristocratique. Ingénu et s'étonnant de tout, le narrateur (qui endosse le personnage du héros) est manipulé par la comtesse de ..., bien plus au fait que lui du code implicite du libertinage, et influencé par tout ce qui l'entoure : décors ou ameublement érotiques et luxuriants, ambiance d'alcôve, jardins à l'écart et pièces secrètes.

Emblème du style rococo, Point de lendemain en possède toutes les caractéristiques : art du plaisir, reflet d'une société préservée cultivant les loisirs, instantanéité (tout est esquissé), condensé de sensations fugitives, surenchère de la jouissance, du luxe et de la décoration, et, enfin, dimension spirituelle assez restreinte.

Mais peut-on réduire Point de lendemain à une gageure libertine ?

Le héros-narrateur, jeune et naïf, apprend par l'expérience les règles du monde aristocratique, érotique et élusif qu'il découvre. Quand il se rend à l'Opéra, il n'y arrive pas en retard comme il se doit, croyant ingénûment y aller pour assister à une représentation, quand personne n'y vient que pour observer, s'informer des nouvelles, entreprendre quelque discussion dans le monde : certainement pas pour voir un spectacle.

Une telle ambiance a son image dans le style suggestif et rapide de l'écriture de Vivant Denon. La vivacité et la fougue du jeune héros se retrouvent dès les premières lignes du conte, dans des juxtapositions qui montrent bien l'absence de réflexion poussée de la part du héros sur ses actes et la manipulation qu'il subit dans tout le conte :

« J'aimais éperdument la comtesse de ... ; j'avais vingt ans, et j'étais ingénu ; elle me trompa, je me fâchai, elle me quitta. J'étais ingénu, je la regrettai ; j'avais vingt ans, elle me pardonna : et comme j'avais vingt ans, que j'étais ingénu, toujours trompé, mais plus quitté, je me croyais l'amant le mieux aimé, partant le plus heureux des hommes. »

(Incipit, version de 1812).

La rapidité des phrases assure ainsi la rapidité de l'action : on voit alors toute l'importance du style dans la compréhension d'un conte rococo. Tout, dans la forme, reprend les caractéristiques du monde et de ses personnages décrits par le narrateur :

« Il en est des baisers comme des confidences, ils s'attirent. En effet, le premier ne fut pas plutôt donné, qu'un second le suivit, puis un autre ; ils se pressaient, ils entrecoupaient la conversation, ils la remplaçaient ; à peine enfin laissaient-ils aux soupirs la liberté de s'échapper. Le silence vint, on l'entendit (car on entend quelquefois le silence) : il effraya. Nous nous levâmes sans mot dire, et recommençâmes à marcher. »

(Version de 1812).

Non dépourvu d'humour, ce conte est le récit virtuose d'une étape dans la maturation d'un jeune homme qui commence à apprendre les codes du libertinage aristocratique.

On remarque aussi l'importance de la mise en scène et de la simulation dans les dernières pages du conte. En effet tout au long de ce récit les personnages ont des rôles bien définis. Mme de T... est la femme sachant manipuler parfaitement les hommes et sait comment obtenir d'eux ce qu'elle désire. Le narrateur, si naïf qui l'est, subit quand même un changement à la fin du conte. Après sa délicieuse nuit avec Mme de T... Le narrateur apprend qu'il n'était qu'un leurre pour le mari de Mme. Le marquis le remercie donc de son dévouement à faire croire cela, car il va pouvoir rester avec son amante. Le marquis est persuadé de la fidélité de sa dame. S'ensuit un moment extrêmement ironique, puisque le narrateur sait bien que ce n'est qu'un mensonge. Les rôles sont donc réattribués. Cela montre bien évidemment la maîtrise de Mme de T... sur les hommes. Grâce à elle, personne ne perd la face. Elle garde son semblant de vertu et les trois hommes ne sont pas humiliés.

Version de 1777

Le côté passionnel et fougueux du héros a été volontairement accentué par l'auteur dans ces extraits de la version de 1812. La première des deux versions, en 1777, commençait d'une tout autre manière ; le héros n'est pas un néophyte ingénu, mais bien plutôt un jeune homme aguerri et cynique dont on pourra retrouver certains traits chez les personnages des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (1782) :

« La comtesse de ... me prit sans m'aimer, continua Damon[1] : elle me trompa. Je me fâchai, elle me quitta : cela était dans l'ordre. Je l'aimais alors, et, pour me venger mieux, j'eus le caprice de la ravoir, quand, à mon tour, je ne l'aimais plus. »

(Point de lendemain, incipit, version de 1777).

Notes

  1. N.B.: le conte commence bel et bien ainsi.

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