Pointillisme

Pointillisme
Georges Seurat - La Parade (1889) - détail montrant la technique du pointillisme
La calanque, peint en 1906 par Paul Signac

Le pointillisme (ou néo-impressionnisme ou divisionnisme) est un courant artistique issu du mouvement impressionniste qui consiste à peindre par juxtaposition de petites touches de peinture de couleurs primaires (rouge, bleu et jaune) et de couleurs complémentaires (orange, violet et vert). On perçoit néanmoins des couleurs secondaires, par le mélange optique des six différents tons seulement[1]. Cette technique est née en France notamment sous l'impulsion de Georges Seurat (1859-1891) puis de Paul Signac (1863 - 1935), à la fin du XIXe siècle.

Sommaire

Son histoire

Il a été créé au XIXe siècle par Georges Pierre Seurat et Paul Signac.

La technique

À la fin du XIXe siècle, le groupe des impressionnistes voit ses œuvres régulièrement refusées au Salon. À partir de 1874, ils organisent leurs propres expositions. Le jeune artiste Georges Seurat admire leur technique picturale qui consiste à traduire l'espace et la lumière par la juxtaposition de « petites touches »[1].
Seurat a lu les études sur la lumière des physiciens James Clerk Maxwell, Eugène Chevreul, Ogden Rood, Hermann Ludwig von Helmholtz et de son ami Charles Henry (directeur du laboratoire de physiologie des sensations à l'École pratique des hautes études, commentateur de Léonard de Vinci et de Léon Battista Alberti)[2].
Ainsi, en 1890, après une longue et complexe élaboration, Seurat écrit en tête d'un mémorandum « La pureté de l'élément spectral étant la clef de voûte de ma technique... »[3]. Il a enfin théorisé sa technique qui consiste donc à juxtaposer des petits points de peinture en utilisant des couleurs pures ou complémentaires, après avoir fait une étude de la composition à réaliser[1],[3].
En 1883, il commence l'étude pour sa première grande composition (201 × 300 cm) qui s'intitule Une baignade à Asnières. Pour cette étude, il réalise une série de "croquetons" et de dessins (réalisé sur les rives de le Seine). Dans un second temps, dans son atelier, il « décompose » les couleurs de son modèle pour peindre avec ses petits points de couleurs primaires et complémentaires. En 1884, il l'expose à la buvette du Salon des artistes indépendants : le tableau déconcerte mais il retient l'attention de certains jeunes artistes[1],[3]. Durant l'été de cette même année, il entreprend la réalisation d'une de ses peintures les plus connues : Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte. Pour ce tableau, il réalisa 38 croquis à l'huile et 23 dessins préparatoires. Il exposa cette toile en mai 1886, lors de la huitième et dernière exposition impressionniste de peinture[1],[3].

La diffusion du néo-impressionnisme, son déclin et ses répercussions

Le terme de « néo-impressionnisme » est employé pour la première fois en 1886 par le critique d'art Félix Fénéon. Autour de Seurat se crée un petit groupe réunissant des adeptes de sa technique : ils créent la Société des artistes indépendants en 1884. On trouve aux côtés de Seurat, Paul Signac, Camille et Lucien Pissarro pour les plus célèbres[1],[2],[3].
Le néo-impressionnisme a constitué un mouvement pictural avec ses défenseurs, dont Fénéon, ses adeptes et ses lieux d'exposition. Il s'est diffusé rapidement en Belgique grâce à Émile Verhaeren qui demanda à Seurat de venir exposer à Bruxelles[1] avec l'école luministe dont Théo van Rysselberghe et Henry Van de Velde sont les membres les plus connus. Ce dernier a permis l'expansion du mouvement vers l'Allemagne.
Après la mort de Seurat en 1891, Paul Signac prend la tête du mouvement. Le style évolue, les artistes peignent avec des touches de taille plus importantes[1],[4]
Ce mouvement prend fin dans les dernières années du XIXe siècle, mais son influence se ressent par la suite chez les fauves jusqu'aux expressionnistes allemands et aux sources de l'abstraction avec les premières œuvres de Wilhem Morgner ou de Vassily Kandinsky. Au début du XXe siècle certains artistes comme Henri Matisse, Édouard Vuillard, Paul Klee, Robert Delaunay, Gino Severini, Giacomo Balla ou Piet Mondrian s'inspirent du néo-impressionnisme[1],[4].

Théorie

Paul Signac : Femmes au puits, 1892, Huile sur toile. Détail pour remarquer la composition du vert de l'herbe : il est composé de jaune, de vert et de bleu. Et si l'on regarde de plus près encore, on pourra remarquer de rares points de rouge.
Georges Seurat, 1891, huile sur toile de 185 x 152 cm, Musée d’Orsay. Ce tableau illustre bien cette théorie des lignes et des couleurs.

Lorsque le tableau est regardé à une certaine distance, les points de couleur ne peuvent être distingués les uns des autres et se fondent optiquement les uns aux autres. L'aspect visuel obtenu est différent de celui obtenu en mélangeant des couleurs sur une palette et en les appliquant ensuite sur la toile. Certains décrivent le résultat comme plus brillant ou plus pur car le mélange est réalisé par l'œil et non par le pinceau[1]. L'explication pourrait être liée aux théories sur l'additivité et la soustractivité des couleurs : habituellement, lorsque des couleurs sont produites par un mélange de pigments, la soustractivité joue (chaque pigment absorbe un ensemble de fréquences du spectre lumineux, le mélange des pigments renvoie l'ensemble des fréquences non absorbées). Ainsi, mélanger des pigments de cyan, de magenta et de jaune (les couleurs primaires soustractives) produit une couleur proche du noir. En revanche, lorsqu'on mélange des couleurs produites par des sources de lumière, c'est l'additivité qui joue son rôle : le mélange de faisceaux lumineux des trois couleurs rouge, vert et bleu produit une lumière proche du blanc puisque l'ensemble des fréquences visibles se trouve représenté. Les écrans de télévision, par exemple, utilisent ce système.

Pour représenter les émotions, le rythme et le mouvement dans leurs toiles, les peintres néo-impressionnistes ont utilisé une théorie sur les lignes et les couleurs. Les lignes montantes combinées aux couleurs chaudes expriment la joie et le bonheur ; tandis que les lignes qui descendent avec des couleurs froides et sombres reflètent le sentiment de tristesse[1].

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k d'après la revue Le Petit Léonard, no 90 (mars 2005), p. 24 33, article sur « Les petits points des néo-impressionnistes », Éditions Faton
  2. a et b Encyclopædia Universalis, Corpus 11, p.1015, édition de 1996
  3. a, b, c, d et e Encyclopædia Universalis, Corpus 20, p.942, édition de 1996
  4. a et b Encyclopædia Universalis, Thesaurus K à R, p.2542, Néo-impressionnisme, édition de 1996

Annexes

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