Prairie (Caen)

Prairie (Caen)
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La Prairie
Géographie
Pays Drapeau de France France
Ville Caen
Superficie 60 ha
Cours d'eau Orne
Odon
Caractéristiques
Création Moyen Âge
Type Espace naturel
Lieux remarquables Réserve ornithologique
Hippodrome
Protection Site inscrit, 19/04/1932
Coordonnées 49° 10′ 24″ N 0° 22′ 08″ W / 49.173266, -0.368975449° 10′ 24″ Nord
       0° 22′ 08″ Ouest
/ 49.173266, -0.3689754
  
Localisation.

Géolocalisation sur la carte : Caen

(Voir situation sur carte : Caen)
La Prairie

Géolocalisation sur la carte : Basse-Normandie

(Voir situation sur carte : Basse-Normandie)
La Prairie

La Prairie est un espace vert de 60 hectares au centre de la ville de Caen.

Sommaire

Histoire

De l'Antiquité au Moyen Âge

La ville de Caen s'est développée dans un fond de vallée marécageux traversé par l'Orne et ses affluents, les Odons, ainsi que par une voie romaine. L'urbanisation s'est organisée entre cette voie romaine et l'Odon. Quand la ville s'accroit rapidement à partir du XIe siècle, deux ensembles s'individualisent : les Prairies Saint-Gilles à l'est de la ville et la Grande Prairie à l'Ouest. C'est cette dernière qui est appelée aujourd'hui la Prairie.

Le terme apparaît pour la première fois en 1027. Elle est alors considérée comme une « chose du Duc ». Après la création de l'abbaye aux Hommes et de l'abbaye aux Dames par Guillaume le Conquérant, les terrains leur sont concédés. De nombreux canaux sont creusés à travers la Prairie au XIe siècle afin d'assainir les marais, alors transformés en prés de fauche. Des chaussées sont également tracées afin de permettre la circulation des charrettes de foin. Au tout début du XIIe siècle, Robert Courteheuse fait creuser un canal entre l'Orne et le Grand Odon, transformant ainsi le quartier Saint-Jean, alors encore peu construit, en île. Les limites entre l'espace urbain et l'espace rural sont alors clairement établies : au nord, le Grand Odon qui sépare la Prairie du Bourg-l'Abbé, à l'est le canal robert, au sud l'Orne. Ces frontières sont restés inchangées jusqu'au début du XXe siècle.

L'ère moderne

La Prairie après la fenaison

À partir de 1590, un rempart est construit entre deux nouveaux bastions élevés l’un près de la Porte Saint-Étienne (bastion des Jésuites à partir du XVIIe siècle), l’autre dans la Cercle des Jacobins (bastion de la Foire). Les Petits Prés sont ainsi isolés de la Prairie qu'ils prolongeait au nord-est. À partir des années 1620, les terrains des Petits Près sont lotis pour faire face à l'accroissement démographique. En 1635-1637, la ville lance une grande opération d'urbanisme consistant à construire un nouveau quartier pour les couches les plus aisées de la population. Des hôtels particuliers organisés autour d'une place royale, l'actuelle place de la République, s'élèvent à partir de 1640 ; l'achèvement du séminaire des Eudistes de Caen en 1703 marque l'aboutissement final de ce projet.

Les Petits Prés, notamment une partie appelée le Pré des Ébats, était un espace de récréation important. Afin de les remplacer, des promenades publiques arborées sont aménagées dans la Prairie à la fin du XVIIe siècle. Le cours-la-Reine (actuel cours général de Gaulle), le long du canal Robert, est planté en 1676 et le cours de l'Orne (actuel cours Kœnig) en 1691. Lors de son séjour à Caen en 1689, la marquise de Sévigné fait allusion à ces promenades dans une lettre écrite à sa fille[1]. Cette promenade très appréciée des Caennais est décrite avec emphase par Guillaume-Stanislas Trébutien à la fin du XIXs siècle[2] :

« De ces promenades, la vue s'étend avec délices sur d'immenses prairies, espèce de mer végétale, plus verte que l'Océan et presque aussi grandiose. C'est le sublime de l'abondance tranquille, que cette prairie où, après la récolte des foins, des vaches dignes du pinceau de Potter, ruminent dans de rêveuses attitudes. Elle [...] s'enfonce carrément dans un horizon idéal, jusqu'à des massifs et de clairs rideaux de peupliers, à travers lesquels pointent les clochers des hameaux lointains et blanchissent quelques maisons, isolés au milieu du paysage ou groupées sur les coteaux terminant au loin la vallée ! »

Depuis le XIXe siècle

Hippodrome de la Prairie

La Prairie au debut du XXe siècle
Article détaillé : hippodrome de la Prairie.

Le 26 août 1837, la première course de trotteurs est organisée dans la Prairie par la Société d'agriculture et de commerce de Caen. Le 13 février 1839, le conseil municipal décide d'établir un hippodrome permanent. Le lit de la Noë, bras de l'Orne rejoignant les Odons, est détourné et la terre provenant du creusement du canal de Caen à la mer est déversée sur la Prairie pour créer la construction de la piste et des tribunes[3].

Le mitage urbain

La Prairie sur une carte de 1870
Allée de platanes, le Cours du Général Kœnig

Dans la deuxième partie du XIXe siècle, l'arrivée du chemin de fer à Caen bouleverse la physionomie de la partie sud de la Prairie. Les premiers trains de la Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest en provenance de Paris arrivèrent à partir de 1855 dans une gare provisoire bâtie à Mondeville. Une vive polémique opposa les édiles sur l'emplacement de la nouvelle gare à construire, plusieurs terrains étant proposés, notamment dans la Prairie. La gare de Caen a finalement été construite à Vaucelles en 1857, mais la Prairie est traversée par la ligne Paris - Caen - Cherbourg à partir de 1858. Plusieurs embranchements ferroviaires situés dans la Prairie viennent s'y ajouter : chemin de fer de la Suisse Normande en 1873, raccordement avec la ligne de Caen à la mer en 1877, ligne Caen - Vire en 1886. La Prairie est depuis coupée en deux par ces infrastructures ferroviaires. Seule la ligne Paris - Caen - Cherbourg est encore en service aujourd'hui, mais les talus des lignes de Flers et de Vire n'ont pas été arasés. Certains contemporains de la construction de ces voies de chemin de fer se sont désolés de ces travaux. Ainsi Jules Barbey d’Aurevilly, qui surnommait la Prairie le « camp du drap vert », écrit-il en 1856[4] :

« Trébutien m'a montré au bout de sa canne, - la seule chose avec quoi on doive désigner de pareilles abominations, car la main crispée y répugnerait, - la place où ils vont couper ce splendide morceau de verdure et rompre un horizon, beau à sa manière, comme la baie de Naples ou la vue du Bosphore. Ah! si Byron avait vécu ici comme Brummell, cette promenade sublime aurait son rang dans les admirations officielles du monde et de l'Europe ! »

Au nord, la ville grignote peu à peu la Prairie. En 1876, Jacques Désiré Grusse achète un vaste terrain à l'ouest de la place de la Préfecture (actuelle place Gambetta) afin d'aménager un quartier constitué de maisons bourgeoises. En 1889, une décharge est ouverte au sud du lycée Malherbe. En avril 1908, un projet est présenté devant le conseil municipal en vue de tracer une nouvelle avenue au départ de la place du Parc (actuelle place Guillouard) à partir de la rue du Carel. Le quartier du parc se développe alors autour de l'avenue Albert Sorel et de la rue Fred Scamaroni. Dès 1913, un projet de prolongation de l'avenue est déposé. La décharge publique est étendue à partir de 1914 ; constitué de gravats issus de matériaux de démolition, elle permet de consolider le terrain qui restait encore marécageux. Des équipements publics (stade Hélitas en 1923, maison des étudiants en 1928) sont construits le long de cette avenue, large de 35 mètres et longue de 340 mètres, qui finit alors dans les champs[5].

La Prairie ne prend ses limites actuelles qu'après la Seconde Guerre mondiale. Les gravats issus des bâtiments détruits pendant la bataille de Caen sont déposés dans la Prairie afin d'assainir le terrain. De nouvelles voies sont tracées sur cette plateforme et sur des talus : boulevards Yves Guillou, des Baladas et du Petit Vallerent, avenue Albert Sorel prolongée jusqu'au boulevard Guillou. Le cours de l'Odon est détourné pour longer le nouveau boulevard par le sud. À partir des années 1960, des équipements publics (centre des congrès, stade nautique, nouveau lycée Malherbe, parc des Exposition, Zénith de Caen) sont construits au nord de cette ceinture de boulevards qui marque désormais les limites entre l'espace urbain et la Prairie[6].

Un arrêté du 16 juillet 1958, publié au journal officiel le 30 juillet, autorise les Courriers normands (ancêtre des Bus verts du Calvados) à établir l'hélistation de Caen sur la Prairie pour sa ligne Caen – Le Havre[7].

Protections

Bras de l'Orne traversant la Prairie

Le territoire délimité par l'Orne, le boulevard Yves Guillou et le cours Général de Gaulle est un site inscrit depuis le 15 avril 1932. C'est un élément principal du patrimoine historique et naturel de la ville.

En 1982, un plan d’eau a été creusé à l’ouest de l'hippodrome pour servir de réserve ornithologique. De nombreuses espèces (hérons, cormorans, poules d’eau, mouettes rieuses, bécassines) y nichent régulièrement.

La Prairie joue toujours un rôle essentiel dans la gestion des crues de l'Orne[8]. Elle sert de réservoir lors de crues importantes et se transforme alors en un vaste étang.

Dans le plan d'occupation des sols encore en vigueur, la Prairie est définie comme une zone naturelle protégée (zone NDa) :

Compte tenu de leur qualité exceptionnelle, de leur importance sur le plan des paysages, de leur taille et de leur situation au sein de l'agglomération, ces espaces font l'objet de mesures de protection particulières visant à en préserver le caractère et à en renforcer la fonction de loisir et d'agrément.[...] Le secteur NDa, correspondant au secteur de la Prairie, est particulièrement exposé aux risques d'inondation liés aux possibles crues de l'Orne ; il est régi par des règles visant à assurer le maintien en l'état naturel des lieux.[9]

Notes et références

  1. « Caen est la plus jolie ville, la plus avenante, la plus gaie, la mieux située, les plus belles rues, les plus beaux bâtiments, les plus belles églises ; des prairies, des promenades, et enfin la source de tous nos plus beaux esprits : j'en suis charmée » (Ville de Caen - Tourisme et histoire)
  2. Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen, son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, guide du touriste, Caen, F. Le Blanc-Hardel, 1870 ; Brionne, le Portulan, Manoir de Saint-Pierre-de-Salerne, 1970, p. 273
  3. François Robinard, Caen avant 1940 : rétrospective de la vie caennaise de 1835 à 1940, Caen, Éditions du Lys, 1993
  4. Jules Amédée Barbey d'Aurevilly, Correspondance générale, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 1986, tome IV, p. 13
  5. Philippe Lenglart, Le nouveau siècle à Caen, 1870-1914, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, 1989
  6. Édouard Tribouillard, Amand Oresme, Caen après la bataille : la survie dans les ruines, Caen, Mémorial de Caen, 1993
  7. Journal officiel de la République française, 30 juillet 1958, p. 7085 [lire en ligne]
  8. Plan de prévention des risques de la basse vallée de l'Orne
  9. Source: Ville de Caen

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