Prisonniers de guerre de la Seconde Guerre mondiale

Prisonniers de guerre de la Seconde Guerre mondiale

Cet article décrit le traitement des prisonniers dans les différentes régions du monde au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Sommaire

Front de l'Ouest européen

Prisonniers de guerre français après la déroute française en 1940.
Chambre des prisonniers de guerre français à l'écomusée Roscheider Hof

En règle générale, la majorité des prisonniers de guerre sur le front de l'Ouest et durant la guerre du désert ont eu un traitement en accord avec les conventions de Genève.

Une estimation fait état de 8 300 morts parmi les 231 000 Britanniques et Américains fait prisonnier par l'Allemagne, soit un taux de perte de 3,6 %[1].

Note des services du Quai d'Orsay de janvier 1947 : " Washington exigeait la libération totale au plus tard le premier octobre 1947 de l'ensemble des prisonniers de guerre transférés en France par le commandement américain, encore sous notre contrôle, objectif non réalisable sous cette forme sous peine de compromettre toute l'économie française ".

Une réplique d'une annexe d'un camp de prisonniers de guerre Français de la Seconde Guere mondiale est exposée dans une des maisons de l'écomusée Roscheider Hof de Konz en Allemangne

Front de l'Est européen

Prisonniers soviétiques

Durant la Seconde Guerre mondiale, les prisonniers soviétiques de l'Allemagne nazie furent les premiers à subir les chambre à gaz.[réf. nécessaire]

Selon une estimation du United States Holocaust Memorial Museum, 3,3 millions de prisonniers soviétiques sont morts sur les 5,7 qui ont été faits par l'Allemagne. Cela fait un taux de mortalité de 57 %[2]

Le régime nazi considérait les prisonniers soviétiques comme des sous-hommes, aussi de nombreux prisonniers soviétiques furent l'objet de travaux forcés ou furent assassinés sous Hitler en application de la politique de purification raciale du Troisième Reich. Un prisonnier soviétique qui survécut à Auschwitz était le père du président ukrainien Viktor Iouchtchenko.

Les Allemands hitlériens arguant que l'Union Soviétique n'avait pas signé la Convention de Genève. Les prisonniers britanniques et américains étaient généralement mieux traités par les Allemands. La Croix-Rouge a tenu un rôle négationniste lors de tournées d'inspection des droits sur le Front de l'Est.[réf. nécessaire]

Les prisonniers de guerre, même protégés par la Convention de Genève, condamnés par les tribunaux militaires allemands (pour insubordination, rapports avec des femmes allemandes ou faits de droit commun), furent emmenés dans des camps ou des forteresses au régime « paraconcentrationnaire » comme par exemple la forteresse de Graudenz.

Prisonniers allemands en URSS

Retour d'un prisonnier de guerre allemand au pays en août 1946. Estimés à un million entre les mains de l'Union Soviétique, leur situation perdurera jusque 1947[3].

Du côté soviétique, les prisonniers de guerre allemands étaient considérés comme ayant perdu leur droit à un traitement juste et équitable du fait des crimes massifs commis contre les civils soviétiques durant l'invasion allemande. De plus, comme la majeure partie de la force de travail soviétique était désormais aux mains de l'Allemagne, les prisonniers de guerre allemands furent utilisés comme main-d'œuvre forcée (de la même manière qu'étaient traités les civils soviétiques arrêtés pour des crimes de droit commun ou politiques).

Front asiatique

Article détaillé : crimes de guerre du Japon Shōwa

Des prisonniers de la Marche de la mort de Bataan attendent le signal du départ en mai 1942

Lors de l'expansion du Japon Shôwa, les prisonniers détenus par les forces japonaises étaient soumis à des traitements brutaux, y compris le travail forcé, la privation de nourriture, le cannibalisme ainsi que le refus d'accorder tout traitement médical. Selon l’historien Akira Fujiwara, l’empereur Showa ratifia personnellement la décision de ne plus tenir compte des contraintes du droit international (Conventions de La Haye) pour le traitement des prisonniers de guerre chinois dans une directive du 5 août 1937. Le même document précisait également aux officiers d’état-major qu’il n’y avait plus lieu d’utiliser le terme prisonnier de guerre[4].

Alors que les prisonniers de guerre alliés avait un taux de mortalité d'environ 4 % dans les camps de prisonniers allemands, ce taux était considérablement plus élevé dans les camps japonais. Selon les travaux du Tribunal de Tokyo, le taux de mortalité des prisonniers occidentaux était en moyenne de 27,1 %[5]. Le taux pour les prisonniers américains était de 37 %[6] alors que celui des prisonniers chinois était bien plus grand, en raison de la directive directive ratifiée le 5 août 1937 par Hirohito.

Des civils chinois sont enterrés vivants par des soldats de l'armée impériale japonaise en 1938

Ainsi, si 37 583 prisonniers venant de Grande-Bretagne, 28 500 des Pays-Bas et 14 473 des États-Unis furent relâchés après la reddition du Japon, le nombre de Chinois ne fut que de 56[7].

Tortures de prisonniers de guerre

L'armée impériale japonaise a largement utilisé la torture contre leurs prisonniers. Un ancien officier de l’armée japonaise qui servit en Chine, Uno Sintaro, a déclaré :

L’un des moyens essentiels d’obtenir des informations était l’interrogatoire des prisonniers. La torture était une nécessité inévitable. Tuer les victimes et les enterrer en est une suite naturelle. Vous le faites parce que vous ne souhaitez pas que cela soit découvert. J’ai cru et j’ai agi de cette façon parce que j’étais convaincu de ce que je faisais. Nous faisions notre devoir comme on nous l’avait inculqué. Nous l’avons fait pour le salut de notre pays. En raison de nos obligations filiales vis-à-vis de nos ancêtres. Sur le champ de bataille, nous n’avons jamais considéré que les Chinois étaient des êtres humains. Lorsque vous êtes le vainqueur, les perdants semblent vraiment misérables. Nous avons conclu que l’ethnie Yamato (càd japonaise) était supérieure[8]
L'Australien Leonard Siffleet, capturé en Nouvelle-Guinée, est photographié quelques secondes avant son exécution par décapitation.

Après la guerre, 148 Japonais furent convaincus de crimes de guerre par les tribunaux alliés. Le plus élevé en grade était le lieutenant-général Hong Sa Ik qui fut responsable de l’organisation des camps de prisonniers en Asie du Sud-Est[9].

Cannibalisme

De nombreux rapports écrits et témoignages rassemblés par la section australienne pour les crimes de guerre du tribunal de Tokyo, examinés par le procureur William Webb (futur juge en chef), montrent que des Japonais ont commis dans plusieurs parties de l’Asie ou du Pacifique des actes de cannibalisme contre des prisonniers de guerre alliés ou des populations civiles. Dans certains cas, ces actes furent le résultat de l’accroissement des attaques alliées sur les lignes de ravitaillement japonaises et des décès et des maladies frappant les soldats japonais en raison de la famine qui s’ensuivit. Toutefois, selon l’historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des compagnies entières agissant sous le commandement d’officiers[10]. »

Dans certains cas, la chair était prélevée sur des personnes en vie : un prisonnier indien, le Lance Naik Hatam Ali (qui devait plus tard devenir citoyen pakistanais) témoigna qu’en Nouvelle-Guinée :

« Les Japonais commencèrent à sélectionner les prisonniers et chaque jour un prisonnier était tué et mangé par les soldats. J’ai vu cela personnellement et près de 100 prisonniers furent tués et mangés par les soldats à cet endroit. Ceux d’entre nous qui restaient furent emmenés à un autre endroit situé à 80 km où dix prisonniers moururent de maladie. À cet endroit, les Japonais recommencèrent à sélectionner des prisonniers en vue de les manger. Ceux qui étaient sélectionnés étaient amenés dans une hutte où leur chair était prélevée sur leurs corps alors qu’ils étaient encore en vie. Ils étaient ensuite jetés dans un fossé où ils finissaient par mourir »[11]

L'un des officiers connus le plus élevé en grade à avoir été convaincu de cannibalisme fut le Lt. Général Yoshio Tachibana qui, avec onze autres soldats japonais fut jugé pour l’exécution d’aviateurs de l’U.S. Navy et le cannibalisme perpétré sur au moins un d’entre eux en août 1944 sur l’île de Chichi Jima dans l'archipel d'Ogasawara. Ils furent décapités sur les ordres de Tachibana. Comme les lois militaires et internationales ne contenaient pas de dispositions spécifiques au cannibalisme, ils furent jugés pour meurtre et « refus d'une sépulture honorable ». Tachibana fut condamné à mort[12].

Travail forcé

Des Australiens et des Néerlandais photographiés au camp de Tarsau, en Thaïlande, en 1943

Le travail forcé imposé par les forces armées japonaises à des civils asiatiques et des prisonniers de guerre fut aussi la cause d’un grand nombre de morts. Selon une étude conjointe de plusieurs historiens dont Zhifen Ju, Mitsuyoshi Himeta, Toru Kibo and Mark Peattie, plus de dix millions de civils chinois furent mobilisés par le Kôa-in (Agence de développement de l’Asie orientale) pour le travail forcé[13]. Plus de 100 000 civils et PGs moururent au cours de la construction du chemin de fer Birmanie-Siam.

La librairie du Congrès des États-Unis estime qu’à Java, entre quatre et dix millions de romusha (en japonais, travailleurs manuels) furent forcés à travailler par les militaires japonais[14]. Près de 270 000 de ces travailleurs javanais furent envoyés vers d’autres régions du Sud-est asiatique tenues par les Japonais. Seuls 52 000 furent finalement rapatriés à Java, ce qui laisse entendre que le taux de mortalité fut de 80 %.

Notes

  1. NAZI PERSECUTION OF SOVIET PRISONERS OF WAR USHMM
  2. (en)American Jewish Committee, Harry Schneiderman and Julius B. Maller, eds., American Jewish Year Book, Vol. 48 (1946-1947), Press of Jewish Publication Society of America, Philadelphia, 1946, page 599
  3. (de) Source.
  4. Akira Fujiwara, Nitchû Sensô ni Okeru Horyo Gyakusatsu, Kikan Sensô Sekinin Kenkyû 9, 1995, p.22
  5. Yuki Tanaka, Hidden Horrors, 1996, p.2,3.
  6. Japanese Atrocities in the Philippines, http://www.pbs.org/wgbh/amex/bataan/peopleevents/e_atrocities.html
  7. Tanaka, ibid., Herbert Bix, Hirohito and the Making of Modern Japan, 2001, p.360
  8. Haruko Taya Cook & Theodore F. Cook, Japan at War 1993 ISBN 1-56584-039-9, p. 153
  9. Dower, John (2000). Embracing Defeat: Japan in the Wake of World War II
  10. Tanaka, Hidden horrors: Japanese War Crimes in World War II, Westview press, 1996, p.127.
  11. >Lord Russell of Liverpool (Edward Russell), The Knights of Bushido, a short history of Japanese War Crimes, Greenhill books, 2002, p.121.
  12. Case No. 21 Trial Of General Tomoyuki Yamashita[, United States Military Commission, Manila, (8 octobre-7 décembre, 1945), and the Supreme Court Of The United States (Judgments Delivered On 4th February, 1946). Part VI] (Retrieved on 18 décembre 2006); Jeanie M. Welch, "Without a Hangman, Without a Rope: Navy War Crimes Trials After World War II", International Journal of Naval History, v.1, No. 1, avril 2002, p.5-6
  13. Zhifen Ju, Japan's atrocities of conscripting and abusing north China draftees after the outbreak of the pacific war, 2002
  14. Library of Congress, 1992, "Indonesia: World War II and the Struggle For Independence, 1942-50; The Japanese Occupation, 1942-45" Access date: February 9, 2007.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

  • Oubliés et trahis, un documentaire sur les prisonniers de guerre des troupes coloniales.

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