Problemes communautaires en Belgique

Problemes communautaires en Belgique

Problèmes communautaires en Belgique


Belgique

Armoiries de la Belgique
Cet article fait partie de la série sur la
politique de la Belgique,
sous-série sur la politique.

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Cet article décrit les origines et les composantes des problèmes communautaires en Belgique.

Sommaire

Un conflit à trois composantes

Bruxelles n'est pas que la capitale du pays. Elle est aussi une Région, avec des problèmes spécifiques, liés à la querelle des langues, mais pas exclusivement. Elle doit les résoudre comme entité fédérée. Bruxelles est la capitale d'un État fédéral dont elle est aussi une entité fédérée. Un bon exemple de ceci, c'est l'aéroport national de Zaventem, sis en territoire flamand et dont les plans de vol n'ont pas été calculés, sous le contrôle du Gouvernement flamand, en tenant vraiment compte du fait que l'aéroport est à 8 km de la flèche de l' Hôtel de Ville de Bruxelles, ce qui provoque de graves nuisances sonores, des risques de catastrophes même. Mais le système institutionnel belge ne permet pas qu'une autorité fédérale (par exemple), tranche dans l'intérêt commun : les autorités régionales bruxelloises et flamandes sont en conflit sur ce point, Flamands d'une part, Bruxellois francophones (et parfois néerlandophones), d'autre part campant fermement sur leurs positions. Certains évoquent par conséquent l'hypothèse d'installer l'aéroport national belge dans une Wallonie moins densément peuplée que la Flandre et que, fatalement, une grande ville comme Bruxelles.

C'est l'existence de trois groupes [1] distincts - les Flamands, les Wallons, les Bruxellois (francophones + néerlandophones) - qui explique les problèmes dits communautaires, chacun de ces groupes ayant légitimement des intérêts qui peuvent diverger, même les Wallons et les Bruxellois (francophones) qui parlent la même langue.

Il est même remarquable de constater que tout au long du conflit et cela au moins depuis la Première Guerre mondiale des militants wallons et flamands parfois très radicaux ont cherché à se parler pour résoudre la question pacifiquement, discussions notamment de l'Accord Schreurs-Couvreur, qui préfigurent - alors que par définition elles se déroulent entre personnes fort opposées - la solution pacifique et démocratique du fédéralisme belge.

Les langues parlées en Belgique

La Belgique compte trois langues officielles : le néerlandais (60% de la population), le français (40% de la population) et l'allemand (<1% de la population).

Lors de la proclamation de l'indépendance de la Belgique en 1830, le français n’était pas la langue de la majorité de la population. Le peuple parlait alors surtout des langues régionales.[réf. nécessaire] Au Nord, il s’agissait de dialectes flamands, brabançons et limbourgeois du néerlandais. Au Sud c'était le wallon (très majoritaire), le luxembourgeois, le picard (en Hainaut occidental), le gaumais (ou lorrain) et le champenois. D'autre part, au nord comme au sud du pays, la bourgeoisie était francisée.

Progressivement, toutes ces dialectes ont reculé, au profit du français en Wallonie et à Bruxelles et du néerlandais en Flandre. Graduellement on a commencé à utiliser le nom Flandre pour toutes les provinces néerlandophones et le nom Wallonie pour toutes les provinces francophones (quoique le mot Wallonie avait depuis longtemps un sens parent: ainsi le Brabant wallon fut nommé comme tel au XVIe siècle)[non neutre]. Les dialectes sont cependant restés plus vivants en Flandre qu’en Wallonie.[réf. nécessaire]

Lors de la signature du traité de Versailles en 1919, la Belgique annexa des territoires appartenant jusqu'alors à la Prusse, dont la Wallonie malmédienne (qui avait lutté contre son assimilation à l'Allemagne), du nom de la petite ville de Malmedy. Or l'annexion engloba également deux villes Eupen et Saint-Vith qui n'étaient pas de langue wallonne ou française comme Malmedy, mais de langue allemande (ou d'un dialecte de l'allemand). Les habitants de ces deux villes forment une petite entité fédérée, autonome sur le plan culturel et de l'enseignement, la Communauté germanophone de Belgique (70 000 habitants). Cette communauté s'est du reste accordée officiellement avec la Région wallonne sur les matières (autres que culturelles), que l'une et l'autre exercent (c'est ainsi que la Région wallonne a transféré certaines compétences à la Communauté germanophone comme le tourisme).

La francisation de Bruxelles

Article détaillé : Francisation de Bruxelles.

Au cours des XIXe et XXe siècles, Bruxelles s'est transformée d'une ville quasiment entièrement néerlandophone en une ville bilingue, voire multilingue, avec le français pour langue majoritaire et lingua franca[2]. Bien qu'historiquement Bruxelles fut une cité dont les habitants parlèrent des dialectes brabançons[3] — communément appelé dialecte flamand[4],[5] —, la situation linguistique bruxelloise changea radicalement au cours des deux derniers siècles. À côté d'une immigration française et wallonne, cette progression du français s'explique avant tout par la conversion linguistique de la population néerlandophone au cours des générations[6]. La raison en fut le manque de considération dont jouissait le néerlandais en tant que langue de culture au sein de la société belge[7], renforcé par l'attrait que représentait à l'époque le français comme langue de haute culture et des échanges internationaux[8],[9].

Cette transformation démarra graduellement au XVIIIe siècle[10] mais prit toute son ampleur lorsque la Belgique devint indépendante et que Bruxelles déborda au-delà de ses murs[11],[12]. La francisation réelle et massive de la population urbaine ne commença cependant que dans la seconde moitié du XIXe siècle[13]. À partir de 1880[14], on constate une véritable explosion de bilingues au détriment des néerlandophones unilingues[8],[15]. Le néerlandais ne se transmettait plus à la génération suivante[16], ce qui a eu pour effet une augmentation considérable du nombre des francophones unilingues après 1910[17]. À partir des années 1960[18], à la suite de la fixation de la frontière linguistique[19] et de l'essor socio-économique de la Région flamande[15], la francisation des néerlandophones a stagné[20],[21].

Durant la seconde partie du XXe siècle, Bruxelles devint progressivement une ville d'échanges internationaux, ce qui contribua à un afflux d'immigrants qui favorisèrent l'émergence du français ainsi que d'autres langues étrangères[16], aux dépens du néerlandais[22]. Simultanément, suite à l'urbanisation[23], un nombre supplémentaire de communes précédemment néerlandophones de la Flandre environnante devinrent majoritairement francophones[19],[24],[25]. Ce phénomène, connu en Flandre comme la « tache d'huile francophone »[26], constitue, en même temps que la question du statut de Bruxelles[27], un des principaux sujets de contentieux de la politique belge[15],[28],[29].

Historique

Avant 1830

Jean Stengers affirme qu'au XVIe siècle le sentiment d'appartenance linguistique était absent des Pays-Bas. Il signale en effet que, si les populations de langue française se désignaient par le terme « Wallons » et parlaient parfois des « provinces flamangues », les habitants de ces dernières ne possédaient aucun terme pour se désigner eux-mêmes[30].

En 1578-1579, au cours des événements qui vont mener à la création de l'Union d'Arras et de l'Union d'Utrecht, certains textes en français évoquent la lutte entre les « Flamands » et les « Wallons », mais le terme « Flamands » désigne ici les habitants du comté de Flandre, par oppositions aux habitants des « provinces wallonnes », comtés de Hainaut, d'Artois, châtellenies de Lille, Douai et Orchies[31]. En effet, ces provinces formèrent l'Union d'Arras, alors que les grandes villes du comté de Flandre (Gand, Ypres et Bruges), tout comme Anvers, Bruxelles, Tournai et Valenciennes, rejoignirent l'Union d'Utrecht. Jean Stengers souligne que le ressort principal du conflit n'était pas alors linguistique, mais religieux, même si le facteur linguistique a pu jouer un rôle d'appoint[32].

Jean Stengers ne perçoit pas non plus de sentiments communautaires au XVIIIe siècle. Il note notamment qu'à l'époque, les néerlandophones n'ont toujours pas de nom pour se désigner collectivement (le terme « Flamands » désigne toujours uniquement les habitants du comté de Flandre). Il observe également qu'à cette époque le facteur linguistique n'a aucune influence sur le politique[33].

De 1830 à 1914

Lors de l'indépendance de la Belgique en 1830, la Belgique avait été conçue comme un État unitaire dont la seule langue officielle était le français, en réaction contre la politique de Guillaume Ier des Pays-Bas, qui avait voulu favoriser le néerlandais. De plus, le suffrage censitaire ne donnait le droit de vote qu'à ceux qui payaient un impôt relativement élevé (supérieur au cens, fixé par la loi électorale), c'est-à-dire aux classes sociales les plus francisées, au nord comme au sud du pays. En effet, à l'époque, les classes supérieures de la société belge étaient partout francophones. Si l'article 23 de la constitution consacrait en principe la liberté dans l'emploi des langues, en pratique l'emploi du néerlandais était réduit autant que possible.

Le français était donc la seule langue utilisée dans la vie politique, administrative, judiciaire et militaire, qui étaient de toute façon dominée par la bourgeoisie, qui ne parlait que le français. Le peuple n'était que rarement directement confronté à ces institutions, si ce n'est en tant que prévenu (mais le sort des prévenus issus des classes sociales défavorisées ne retenait que peu l'attention des hommes politiques du XIXe siècle) ou en tant que milicien (mais ce problème était mineur, car le contingent ne dépassait pas 13 200 hommes).

Cela mécontenta assez vite (dès 1840) des intellectuels flamands, souvent inspirés par les idéaux du romantisme, aussi bien de tendance libérale que progressiste-catholique, attachés à leur langue, mais l'influence de ce groupe était trop minime pour avoir une influence sur la politique du pays. Au départ ceux-ci se heurtèrent à la majorité de la classe dirigeante belge, peu importe son origine (flamande ou wallonne) avec de notables exceptions. Ainsi, dès 1839, Pierre de Decker, conseiller provincial catholique de Flandre-Orientale, essaya d'attirer l'attention du monde politique sur le peu de reconnaissance dont bénéficiait la langue flamande (via le « pétitionnement en faveur de la langue flamande »), sans succès.

En 1848, l'abaissement du cens eut pour conséquence un élargissement du corps électoral à des classes beaucoup moins francisées. Les élus flamands (il s'agissait surtout de catholiques) devenaient donc progressivement plus sensibles au sort fait à leur langue. En 1856, Pierre de Decker, devenu Premier ministre d'un gouvernement unioniste (mais soutenu en réalité uniquement par les députés catholiques, donc majoritairement issus de Flandre), chargea une commission d'étudier les demandes flamandes. En 1857, celle-ci remis un rapport dans lequel elle recommandait l'introduction d'un large bilinguisme dans l'administration centrale, l'enseignement, la diplomatie et l'armée. Cependant, quelques mois plus tard, les libéraux revenaient au pouvoir et ce rapport resta lettre morte.

En 1858, le refus de Frère-Orban d'indemniser les habitants d'Anvers lésés par la construction de fortifications autour de la ville entraîna en 1860 la création du Meeting, association chargée de défendre les intérêts des propriétaires anversois, mais qui devint vite le lieu propice pour l'expression des griefs flamands[34].

Le mouvement flamand apparut donc en réaction aux discriminations imposées au peuple qui ignorait souvent le français et qui voyait donc son accès à la justice, à l’enseignement et à la culture limité. Ce mouvement choisit le néerlandais pour unifier les dialectes en refusant une variante flamande qui serait différente du néerlandais commun.

Cependant, le français restait la langue dominante. En 1863, quand Jan De Laet, élu d'Anvers, prêta serment devant le parlement en néerlandais, il provoqua un scandale[35]. C'est Jules Malou (à la tête d'un gouvernement catholique) qui amorça les premières réformes en 1873 : les prévenus flamands obtenaient certaines garanties quant à l'usage de leur langue dans les tribunaux. En 1878, le même Malou fit voter une loi qui introduisait l'usage du néerlandais dans l'administration. En 1881, en pleine guerre scolaire, le néerlandais fut introduit dans l'enseignement secondaire.

Le mouvement flamand fut renforcé par l’instauration du suffrage plural en 1893. En effet, ce système donna le droit de vote à des personnes appartenant à des couches sociales moins francisées[36].

Parallèlement apparut progressivement le mouvement wallon, qui ne s'opposa pas au mouvement flamand uniquement pour des raisons linguistiques, mais également parce que les Flamands, de loin les plus nombreux, élisaient le plus grand nombre de députés. Ceux-ci étaient souvent presque seulement des catholiques et la Belgique fut ainsi dirigée de 1884 à 1915 dans une optique conservatrice et cléricale en contradiction avec la vision plus laïque et plus à gauche du monde politique wallon.[non neutre] C'est d'ailleurs entre autres pour empêcher la polarisation du parlement entre une minorité d'élus socialistes wallons et une majorité d'élus catholiques flamands, que le scrutin proportionnel fut adopté en 1899 (sous le gouvernement de Paul de Smet de Naeyer)[37].

En 1909, Albert Ier est le premier roi à prêter serment en français et en néerlandais. Les Flamands y voient une reconnaissance de leur culture et de leur revendication. Le Nationaal Vlaamsch Verbond organise une fête à Bruxelles à cette occasion[38].

En 1911, Frans Van Cauwelaert, Louis Franck (députés démocrates chrétiens) et Camille Huysmans (député socialiste) rédigèrent une proposition de loi afin de créer une université néerlandophone à Gand, mais elle fut rejetée afin de préserver l'unité du parti catholique face à l'alliance des libéraux et des socialistes[39].

De 1914 à 1940

Lors de la Première Guerre mondiale, les soldats flamands ont dû combattre dans une armée dont la seule langue était le français (mais commandés dans leur langue par des sous-officiers de leur région). Aux terribles conditions de la vie dans les tranchées, subies tant par les Wallons que les Flamands (présents en proportion derrière l'Yser)[40]), s'ajouta, pour les Flamands, le sentiment d'une humiliation linguistique et sociale.[non neutre]

Durant le conflit, les tensions linguistiques amenèrent, côté flamand, d'une part au « frontisme » (mouvement de mécontentement des troupes flamandes commandées en français) et à l'« activisme » (collaboration avec l'occupant allemand dans la Belgique occupée)[41]. En effet, le gouverneur général allemand de la Belgique occupée, Moritz von Bissing, appliqua une politique qui répondait aux demandes flamandes (la Flamenpolitik) : création d'une université néerlandophone à Gand, division du pays en deux administrations, l'une centrée sur Bruxelles, l'autre sur Namur, élection d'un Raad van Vlaanderen, etc. Certains militants flamands (les « maximalistes », tels Auguste Borms), choisirent donc de collaborer avec l'ennemi. L'immense majorité des flamingants refusèrent cependant tout « cadeau » offert par l'occupant[42]. Quelques Wallons autonomistes se prêtèrent au jeu allemand aussi, mais de manière moins intense.

À l'armistice, le roi Albert Ier consulta de nombreuses personnalités politiques au château de Loppem. À l'issue de ces consultations, il fut décidé de confier à Léon Delacroix la mission de constituer un gouvernement d'union nationale chargé de reconstruire le pays, de réformer la constitution (instauration du suffrage universel pur et simple à vingt et un ans) et d'établir un enseignement supérieur en néerlandais[43]. Le 22 novembre, le roi annonça au Parlement que son gouvernement ferait adopter le suffrage universel, créerait une université flamande, autoriserait les coalition d'ouvriers et étendrait les lois sociales[44].

En 1919, certains parlementaires flamands (les « minimalistes », comme Frans Van Cauwelaert), surtout des catholiques, adoptent un plan minimal visant à obtenir certaines réformes : l’adoption du néerlandais comme langue de l’administration, de la justice, de l’enseignement, à égalité avec le français et la division de l’armée en unités flamandes et wallonnes.

Cependant, les réformes furent longues à venir. En effet, au Parlement, les députés flamands étaient encore largement francophones et le mouvement flamand était discrédité par les agissements des activistes minoritaires pendant la Première Guerre mondiale[45]. En particulier, l'idée d'une université flamande à Gand était associée à la politique de l'occupant allemand. Dès 1918, les libéraux francophones de Flandre s'opposèrent violemment à ce projet, en utilisant des stéréotypes antiflamand (assimilation des Flamands aux activistes[46], infériorité de la culture flamande, etc.). La presse catholique francophone de Flandre et de Bruxelles critique également le projet, mais moins violemment. La presse wallonne y est par contre totalement indifférente[47].

Néanmoins, quelques lois réformant l'emploi des langues dans l'administration furent votées[48]. Quant à l’université de Gand, elle n’adopta en 1923 le néerlandais comme langue d’enseignement que dans certains cours (on parle souvent de la flamandisation de l’université de Gand). La question linguistique fit tomber plusieurs gouvernements à cette époque. La lenteur des réformes causa mécontentement et radicalisation en Flandre. Les positions se durcirent donc et on passa du projet de la création d'une université flamande à Gand à celui de la suppression de l'université francophone (obtenue en 1930)[49]. Par ailleurs, l'image du roi se dégrada auprès des extrémistes flamands, qui lui reprochaient d'avoir promis dans son discours de 1918 quelque chose qu'il ne pouvait octroyer[50]. Dès 1920, les franges les plus radicales du mouvement flamand organise le pèlerinage de l'Yser, manifestation qui visait à instrumentaliser la mémoire des soldats flamands tombés pendant la Grande Guerre. Le 21 juillet 1927, des flamingants qui huaient la Belgique et son roi lors de la fête nationale furent molestés par la foule à Bruxelles[51]. En 1930, les journaux flamands De Standaard et De Schelde appellent au boycottage du défilé d'anciens combattants, organisé à l'occasion du centenaire de la Belgique, perçu comme fransquillon[52]. Par ailleurs apparaît en 1933 le VNV, un parti qui épousa des thèses proches du nazisme. En réaction à la propagande agressive des francophones (principalement des francophones de Flandre), qui assimile flamands, flamingants et activistes, ces derniers seront progressivement perçu comme des martyrs de la cause flamande aux yeux du mouvement flamand[53]. La question de leur amnistie devint donc ainsi une thématique importante du conflit linguistique.

C’est le Premier ministre Henri Jaspar qui œuvrera aux premières réformes d’importance : adoption du néerlandais comme unique langue d’enseignement à l’université de Gand (1930), emploi exclusif du néerlandais en Flandre et du français en Wallonie dans l’administration et les écoles (1932), la justice (1935), l’armée (1938). La Belgique se divisait ainsi en deux régions linguistiques, séparées par une ligne mouvante au gré des recensements linguistiques. Bruxelles, de plus en plus francophone, reste bilingue. C’est la concrétisation du programme de 1919 des minimalistes.

Fin 1933, une nouvelle crise linguistique éclata à propos de la question du sort des fonctionnaires qui avaient collaboré avec l'occupant allemand. Les catholiques flamands en demandaient en effet la réintégration. Finalement, le roi proposa dans une lettre à Charles de Broqueville de confier cette problématique à une commission de hauts magistrats indépendants de l'administration. Cette proposition fut approuvée à l'unanimité par le gouvernement le lendemain et après la publication de la lettre royale, les esprits se calmèrent[54].

Les activistes remporteront une victoire en 1937 avec l’amnistie de la collaboration lors de la guerre 1914-1918.

L’entre-deux-guerres fut également la période durant laquelle la Wallonie et ses industries lourdes (sidérurgie, charbonnages) amorcèrent leur déclin économique, alors que la Flandre se développait dans des domaines nouveaux (électricité, automobile, aéronautique, mise en valeur des gisements houillers campinois).

Jusque-là, la question linguistique opposait principalement un groupe d’intellectuels inspirés par les idéaux du romantisme qui voulaient défendre les intérêts du peuple flamand et une élite flamande francophone qui défendait ses privilèges.[réf. nécessaire] C’est pourquoi ce combat était alors intrinsèquement mêlé aux luttes sociales de l’époque (lutte pour le suffrage universel) et se passait essentiellement en Flandre. Les Wallons étaient également concernés par ce problème mais le mouvement wallon prit d'autres directions et s'explique par d'autres motivations. Il n'est pas d'abord soucieux de défendre une langue mais d'échapper à une majorité flamande cléricale et conservatrice contraire à ses aspirations politiques prioritaires (plus à gauche et plus laïques). Cette situation évolua progressivement suite à la flamandisation complète des élites flamandes, à l’affirmation de la puissance économique de la Flandre et au déclin wallon. Après guerre, on entra dans une phase de tensions entre Flamands et Wallons.

Depuis 1940

La fin de la Seconde Guerre mondiale s’accompagna d’une différence de position entre la majorité en Flandre et la majorité en Wallonie autour de la Question royale. Lors de la consultation populaire de 1950, les deux moitiés du pays votèrent en effet en sens opposé : la Flandre, plus catholique et royaliste, soutint Léopold III, alors que la Wallonie socialiste s’opposa à son retour. Le retour du roi fut néanmoins approuvé par 57,68 % des Belges (72,2 % des Flamands, 42 % des Wallons). Dans les jours qui suivirent le retour de Léopold III en Belgique, des incidents sanglants éclatèrent en Wallonie notamment, le 30 juillet à Grâce-Berleur (où quatre personnes trouvèrent la mort dont trois anciens résistants). Une marche sur Bruxelles était prévue le 1er août contenant des éléments armés. Par ailleurs, au lendemain des incidents de Grâce-Berleur, des personnalités songèrent à former un Gouvernement wallon séparatiste avec, selon le témoignage de Fernand Schreurs, la promesse d'un soutien militaire français.[réf. nécessaire] La majorité des ministres du gouvernement se désolidarisa du roi[55], ce qui conduisit celui-ci à s'engager à abdiquer en faveur de son fils, Baudouin Ier, ce qui fut communiqué à la radio le 1er août à l'aube désamorçant la marche sur Bruxelles et faisant cesser l'agitation. Il le fit moins d'un an plus tard. Cette épisode fit prendre conscience aux Wallons du fait qu’ils étaient minoritaires et laissa aux Flamands un goût amer : les Wallons avaient réussi à faire céder Léopold III, malgré le résultat du scrutin.[réf. nécessaire]

Du côté wallon, la revendication autonomiste avait déjà été vive avant 1914, moins importante entre les deux guerres, mais à nouveau très forte après la seconde Guerre mondiale: les Wallons étaient conscients d'être minoritaires en Belgique, ils avaient le sentiment d'avoir été abandonnés par le roi et par la Flandre (notamment certaines unités lors de la bataille de la Lys), aucune protestation n'émanant d'autorités responsables (sauf les évêques), devant la discrimination des prisonniers de guerre flamands et wallons (les premiers étaient rapidement libérés presque tous, les seconds maintenus en détention en Allemagne jusqu'à l'année 1945). Les 20 et 21 octobre 1945, lors du Congrès national wallon, la revendication autonomiste wallonne, plus de nature économique que nationaliste, trouva à s'exprimer notamment lors du discours de Fernand Dehousse sur le fédéralisme. Le congrès vota à l'unanimité en faveur de l'autonomie de la Wallonie.[non neutre] En 1947, le groupe parlementaire wallon (sauf les démocrates-chrétiens), déposa une proposition de révision de la Constitution dans le sens de ses aspirations autonomistes. La proposition ne fut prise en considération ni par les parlementaires flamands ni par les parlementaires bruxellois.[réf. nécessaire]

En 1960-1961, le vote d’une loi-programme d’austérité, la « loi unique » enclencha un large mouvement de grève en Wallonie, alors touchée de plein fouet par le déclin de son industrie. Des voix se firent alors entendre au sud du pays pour donner plus d’autonomie à la Wallonie en matière économique, alors que les revendications flamandes à cette époque portaient surtout sur des questions culturelles (ainsi les marches sur Bruxelles du mouvement flamand).

Établissement des frontières linguistiques et l’origine des « facilités »

Belgique: les quatre régions linguistiques

Tous ces événements conduisirent les leaders politiques à chercher une solution qui permette à chaque communauté linguistique de prendre son propre destin en main. Ainsi en 1962, le Parlement vota trois lois linguistiques (les lois Gilson) :

  • la première fixa définitivement la frontière linguistique, avec Mouscron et Comines-Warneton en Wallonie et les Fourons en Flandre ;
  • la seconde instaurait le bilinguisme dans les dix-neuf communes de Bruxelles et des « facilités » pour les francophones habitant six communes flamandes de sa périphérie ;
  • la troisième réglait l’emploi des langues dans l’enseignement.

La fixation de la frontière linguistique et la fin des recensements étaient des revendications flamandes, car le néerlandais reculait à chaque recensement, en particulier dans la périphérie bruxelloise. Ainsi, trois communes furent absorbées dans la zone bilingue de Bruxelles en 1954 suite à un recensement : Berchem-Sainte-Agathe, Evere et Ganshoren. La frontière linguistique était aussi voulue par les Wallons mais pour d'autres raisons: inquiets depuis longtemps de la prépondérance flamande, ils souhaitaient la contrebalancer par l'établissement du fédéralisme et ils ont calculé que cette frontière, faisant apparaître deux des éléments de l'État (territoire et population), préparait le monde politique à leurs vœux d'autonomie. Sur cette question de la frontière, les radicaux flamands étaient plus divisés, la plupart d'entre eux demeurant des unitaristes belges.[56]

Pour six communes flamandes proches de Bruxelles (Drogenbos, Linkebeek, Sint-Genesius-Rode / Rhode-Saint-Genèse, Kraainem / Crainhem, Wemmel, Wezembeek-Oppem) est mis en place un système dit de facilités linguistiques. Cela signifie également que les citoyens y ont la faculté de s’adresser en français aux autorités. Quoique les « facilités linguistiques » aient également été accordées aux Flamands dans certaines communes wallonnes, celles-ci étaient essentiellement une concession faite par les Flamands (qui considéraient ces communes comme partie intégrante de la Flandre) aux francophones, qui exigeaient le rattachement de ces communes périphériques à Bruxelles. Un compromis plaça donc ces six communes définitivement en Flandre en échange des facilités linguistiques.[non neutre]

Les autorités flamandes considèrent les facilités comme un moyen de faciliter l’intégration des habitants francophones en Flandre. Bon nombre de francophones en revanche voient les facilités comme un droit définitif[réf. nécessaire] et même comme un pas vers le rattachement des communes à facilités autour de Bruxelles à l’agglomération bruxelloise bilingue.[non neutre]

Avec les lois Gilson, une première étape en direction du fédéralisme était donc franchie. La victoire du parti libéral en 1965, qui fit campagne sur le thème de l’unitarisme, mettra d’autres projets de réforme au frigo pendant trois ans.

Pour être complet, ajoutons qu'ils existent également des communes à facilité autour de la frontière linguistique entre les francophones et les germanophones.

La frontière linguistique dans la vie politique

En 1967, la question de l'émancipation des Flamands et du néerlandais à l’université de Louvain, (la crise de Louvain), divisa à nouveau le pays. Cette crise mena à la chute du gouvernement de Vanden Boeynants, à la scission du parti social-chrétien et au transfert à Louvain-la-Neuve de la section francophone de l’université de Louvain.

Durant cette période, le paysage politique belge évolua considérablement. Les trois grands partis traditionnels, les partis social-chrétien (1968), libéral (1970) et socialiste (1978, avec une première scission à Bruxelles en 1968, les Rode Leeuwen) se scindèrent successivement tous en une aile francophone et une aile néerlandophone, les tensions à l’intérieur de ces partis devenant trop fortes. D’autre part apparurent des formations à ambition communautaire, dont l’audience crut considérablement. Du côté flamand, il s’agit de la Volksunie et du côté francophone du Rassemblement wallon et du Front démocratique des francophones.

Dès lors, l'organisation des partis politiques se fait à l'intérieur de chaque communauté. Elle reflète donc la nature duale de la Belgique, pays à deux nations comme le dit l'historien Lode Wils.[réf. nécessaire] Cette vision où la langue est un des éléments fondateurs de la nation relève de la modernité démocratique et emprunte tant à l'idée romantique de la Nation qu'à sa conception républicaine. En décembre 2006, un émission spéciale de la chaine RTBF a produit des turbulences. Elle avait diffusé une documentation fictionale qui reportait la séparation de la Flandre. L'émission a suggéré qu'elle interrompe le programme courant en présentant la fiction comme réalité. Un grand nombre des téléspectateurs a cru qu'il s'agissait de la vérité. Une cinquantaine de personnes ont manifesté, à Bruxelles, spontanément, pour l'unité de la Belgique.[57]

Problèmes actuels

Positions flamandes, wallonnes et francophones

De manière générale, pour ce qui concerne les nouvelles demandes institutionnelles, on constate une grande cohésion dans les partis flamands qui élaborent d'ailleurs leur cahier des charges au sein même du gouvernement flamand.

Du côté francophone par contre, à côté de la revendication d'autonomie économique de la Wallonie qui fut un des moteurs de la fédéralisation de la Belgique, les bruxellois francophones ont une position plus orientée vers le respect de droit culturels et linguistiques. Les partis politiques francophones ont donc du mal à développer une position claire et unique et à la tenir lors de négociations.

Dès lors, les négociations institutionnelles belges se sont souvent déroulées selon le scénario suivant: les Flamands présentent leurs exigences, justifiées[non neutre] généralement par le principe de l’unilinguisme régional, tandis que les francophones tentent, souvent en ordre dispersé, de sauvegarder à la fois les intérêts économiques de la Wallonie, dépendante du soutien fédéral, et les intérêts culturels des francophones (en pratique, des francophones installés autour de Bruxelles en région flamande). Au mieux, les francophones ne réussissent qu'à s'accorder sur une front du refus des demandes flamandes, positions qui exaspèrent ces derniers [58].

La question des « transferts » entre régions et communautés

Le financement des régions et des communautés est réglé par des lois de financement extrêmement complexes. On entend ainsi souvent des chercheurs et des hommes politiques flamands dénoncer les « transferts » de la Flandre vers la Wallonie et Bruxelles. Ils citent souvent le fait qu’il y a proportionnellement plus d’emplois publics en Wallonie (quoique des chiffres disponibles démentent cette thèse, en tenant compte des différences socio-économique entre la Flandre et la Wallonie)[réf. nécessaire] et que les dépenses de sécurité sociale y sont plus élevées, en particulier en ce qui concerne le chômage et les soins de santé.

En 2005, le groupe du In de Warande, composé d'entrepreneurs et chercheurs flamands, a publié une analyse détaillant la nature et l'ampleur de ces transferts (doublée d'un appel aux Flamands en faveur de la cause séparatiste). Ce groupe estime les transferts à plus de onze milliards d'euros par an, dont plus de six milliards pour les transferts directs et le reste pour les charges de la dette publique.

Le monde politique francophone a fortement critiqué les conclusions de cette analyse et les propositions jointes. Les chiffres avancés par la groupe In de Warande ont été démentis récemment par un Courrier hebdomadaire du CRISP et fin 2005 et début 2006, les sénateurs MR[réf. nécessaire] et quelques professeurs francophones ont discuté des éléments importants de l'analyse (sans se prononcer sur la solution avancée par le groupe In de Warande). Les auteurs du Courrier du CRISP relèvent que la notion même de transfert dans le domaine de la dette publique, du fonctionnement de l'État fédéral et de la Sécurité sociale est profondément discutable. Dans le domaine de la dette publique parce que rien n'indique que les prêteurs flamands à l'État belge seraient lésés. Dans le domaine du fonctionnement de l'État fédéral, car les agents de l'État ou fonctionnaires sont payés en fonction d'un travail presté exactement comme les fournisseurs de cet État[59] . Hugo Schiltz avait fait valoir dans la revue Res Publicca à la fin des années 1980 que la Flandre exportait autant en RFA qu'en Wallonie. La Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) n'aboutit nullement à des chiffres semblables à ceux du groupe In de Warande, mais établit un chiffre autour de trois milliards d'euros [60]. Les syndicats nationaux discutent également cette analyse et ne partagent pas les propositions de In de Warande. [61]. Le mercredi 31 janvier 2007, le président flamand Yves Leterme souligna, suite à un discours très engagé d'Elio Di Rupo au Parlement wallon le même jour, que la Wallonie était le principal pays d'exportation de la Flandre, ce qui corrobore, vingt ans après, les analyses d'Hugo Schiltz. En septembre 2007, Philippe Engels et Pierre Havaux, (Le Vif/L'Express) démentent que le montant des transferts de la Flandre à la Wallonie et à Bruxelles atteindrait 10 milliards d'€ (Manifeste In de Warrande), ni même 6 milliards (études de la KBC et de la KUL), mais devrait se situer à 5,6 milliards d'€. [62]. En 1999, Ph. Docquier et F.Cattoir avaient évalué le montant de ces transferts, pour la seule sécurité sociale à 68 milliards d'anciens FB, pour la Wallonie seule, soit 1,7 milliard d'€ [63]. En 1999, ce chiffre représentait 0,73% du PIB belge (0,20% pour les soins de santé, 0,27% pour les pensions, 0,12% pour le chômage). Les auteurs signalaient en 1999 que ces transferts passeraient en soins de santé de 0,20% à 0,14% en 2015 et qu'il fallait s'attendre aussi à une diminution des transferts vers la Wallonie en matière de pensions, vu les prévisions du vieillissement de la population dans les deux régions d'ici 2050.

L’emploi des langues à Bruxelles

Les services publics locaux de la région bruxelloise, comme par exemple les hôpitaux publics, sont supposés être bilingues (alors que quelques hôpitaux privés ont opté pour un régime unilingue). Néanmoins, l'accueil et le service en néerlandais posent souvent problème.

Un accord dit « de courtoisie linguistique » avait été signé entre ministres bruxellois francophones et flamands pour assouplir l’obligation de bilinguisme dans les services publics, mais il a été cassé par le Conseil d’État. Les Flamands estiment ne pas avoir constaté de véritable progrès. C’est ce qui a été constaté par un rapporteur du Conseil de l'Europe et reconnu en 2003 par le ministre compétent, le socialiste francophone Rudy Demotte. Cet état de fait s’explique en partie par le fait que Bruxelles-Capitale a une population très majoritairement francophone (de 56,8 à 76,7%)[64] où il est difficile d'imposer un bilinguisme intégral, et par le déficit chronique de main-d’œuvre dans le secteur hospitalier.

L’emploi des langues en Brabant Flamand

Article détaillé : Facilités linguistiques.

Dans les communes périphériques de Bruxelles, l'installation progressive d'habitants provenant de la francophone Bruxelles a été dès les années '60 perçu par les flamands comme une francisation d'un territoire flamand [65]. Cette extension avait pour conséquence que des communes flamandes devenaient bruxelloise, et donc bilingues. Les lois de 1963 qui fixent les frontières linguistiques stoppèrent cette extension [66] tout en accordant aux francophones de certaines communes d'interagir avec les autorités dans leur langue.

Francophones et néerlandophones sont opposés sur la façon dont les facilités doivent être appliquées dans les 6 communes à facilités, de même que sur le maintien des « facilités ». La majeure partie de la classe politique flamande, qui a toujours conçu les « facilités » comme transitoires, demande de plus en plus souvent d’en diminuer la portée, voire de les supprimer.

L’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (« BHV »)

La question de l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde, dit aussi BHV, est liée à un compromis remontant à la fixation des frontières linguistiques en 1963 [67]. Ce compromis, qui crée un arrondissement électoral bilingue, permet aux habitants de l'arrondissement de voter pour des listes francophones ou flamandes. Pour les francophones, ce compromis est la concession politique accordée aux francophones habitant en territoire flamand en contrepartie de la fixation définitive des frontières linguistiques et du territoire de Bruxelles à ses 19 communes (la création des communes à facilités, qui participait du même compromis).

L'accord sera remis en cause, mais maintenu, y compris en 1995, lors de la scission de la province de Brabant en Brabant flamand et Brabant wallon sous le gouvernement Dehaene I (CVP), et en 2002, lorsque, sous le gouvernement Verhofstadt I (VLD), les frontières des circonscriptions électorales sont modifiées pour correspondre aux frontières provinciales: l'exception « BHV » est maintenue.

Cependant, le maintien de BHV dans ces conditions avait des conséquences non désirées: ainsi, contrairement à la situation dans les autres provinces, un candidat à la Chambre se présentant à Louvain (Brabant-Flamand), ne peut faire campagne que dans la moitié de sa province, l'autre faisant partie de l'arrondissement BHV. Suite à un recours introduit par l'opposition flamande de l'époque, la Cour constitutionnelle a jugé cette loi électorale inconstitutionnelle, puisque discriminatoire. Elle stipule qu'« une nouvelle composition des circonscriptions électorales de l'ancienne province de Brabant peut être accompagnée de modalités spéciales qui peuvent différer de celles qui valent pour les autres circonscriptions électorales, afin de garantir les intérêts légitimes des néerlandophones et des francophones dans cette ancienne province. »

Les Flamands se sont basés sur cette décision de la Cour d'Arbitrage pour exiger la scission de l'arrondissement électoral, tandis que les francophones soulignent le fait que la Cour n'a pas imposé la scission comme solution au problème soulevé, ce qui laisse ouvertes une séries d'options, tel que le retour aux circonscriptions électorales d'avant 2002. Par ailleurs, les francophones insistent sur le maintien d'un mécanisme qui permette aux francophones de voter pour des listes francophones avec des candidats d'en dehors de la Région flamande.

La question de BHV, devenue aigüe en 2004, a constitué une première dans l’histoire institutionnelle du pays, à savoir que les Flamands, n’ont pas obtenu ce qu'ils souhaitaient, notamment parce qu'ils exigeaient sans contrepartie l’abandon de quelque chose de très symbolique pour les francophones. La demande avait cependant aussi un fort caractère symbolique pour les Flamands, et l’échec des négociations de 2004 a été durement ressenti par certains. La mise au frigo, comme certains en ont parlé alors, n'a cependant pas apaisé les tensions, puisque suite aux élections fédérales de juin 2007, les partis pressentis pour former un gouvernement calent littéralement sur les questions communautaires, dont BHV.

Le 7 novembre 2007, les flamands ont usé de leur majorité au Parlement belge lors d'un vote en commission de l'intérieur, visant à scinder l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvoorde. Bien que n'ayant aucun effet juridique immédiat, la procédure a choqué dans le contexte politique présent, même si ce n'est pas la première fois qu'un tel phénonème se produit puisque en 1921 (bilinguisme généralisé dans toutes les administrations), en 1938 (vote des projets de loi séparent l'Armée belge en régiments wallons et flamands), en 1962 (vote de la loi clichant la Frontière linguistique et annexant notamment Fourons au Limbourg) et Mouscron Comines à la Province de Hainaut, les représentants de la Flandre avaient déjà agi de même. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle dans les années 1960 fut mise en œuvre la procédure dite de la Sonnette d'alarme permettant aux Wallons et francophones minoritaires de mettre en cause légalement de tels votes, procédure engagée ici et qui a pour effet de geler le projet de loi.

Le caractère minoritaire des Wallons ou, en général, des Francophones en Belgique est l'une des raisons des conflits communautaires tels qu'ils pouvaient être vécus déjà au début du XXe siècles notamment par un Jules Destrée avec sa Lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre de 1912.

La ratification de la convention-cadre du Conseil de l’Europe concernant la protection des minorités

La Belgique n’a toujours pas ratifié une convention-cadre du Conseil de l’Europe concernant la protection des minorités.

La raison principale en est l'absence de consensus au parlement belge sur les modalités de ratification. La majorité Flamande insiste pour qu'il n'y a qu'une minorité belge reconnue, les germanophones, et pour que ce point soit confirmé dans la ratification. Les francophones insistent pour que les francophones en Flandre bénéficient de ce statut de minorité nationale.

Le monde politique flamand craint que des francophones vivant en Flandre, en particulier dans la périphérie bruxelloise, utilisent cette convention pour poursuivre les autorités flamandes pour non-respect des droits des minorités. Pour les flamands, les minorités belges représentent, à l’échelle nationale, des communautés constituantes qui ont réglé par la négociation les garanties quant au respect de leurs droits réciproques. Ces minorités constituantes ne devraient donc pas être visées par la convention, mais cette dernière ne contient pas une définition claire de ce qui constitue une minorité nationale.

Les opinions des experts sur la question ne sont pas sans ambigüités. D'une part, le Conseil de l’Europe a envoyé deux rapporteurs qui ont constaté certaines situations qui pourraient être concernées par Convention internationale sur la protection des minorités nationales, et le Conseil a recommandé à la Belgique de ratifier la Convention.

Positions indépendantistes (séparatistes) flamandes

Les positions séparatistes flamandes — comme on les retrouve dans le Vlaams Belang (anciennement Vlaams Blok), parti d’extrême droite, et le SLP, parti gauche — et dans des groupuscules qui gravitent autour, et aussi chez certains flamingants (ou Vlaamsgezinden, terme à signification moins radicale que flaminganten) de tendances indépendantistes (ou séparatistes selon le point de vue de chacun) se caractérisent par les revendications suivantes :

  • scission de la Belgique et indépendance pour la Flandre ;
  • incorporation de Bruxelles dans la Flandre ;
  • abolition de toute solidarité entre les Belges.

Par ailleurs, en juin 2006, une résolution du Vlaams Belang demandant « de préparer le démembrement de la Belgique » a été soutenue par tous les partis flamands, lors d'un vote à la Chambre[68].

Problèmes de communication entre francophones et Flamands

L’usage des dialectes complique la communication

Les francophones apprenant le néerlandais standardisé (Algemeen Nederlands) à l’école, ils sont souvent désorientés lorsque certains de leurs interlocuteurs flamands parlent un dialecte local ou le néerlandais avec une prononciation dialectale.

Ces parlers locaux sont encore vivaces en Flandre, moins en Wallonie. Il est rarissime de trouver un Wallon de moins de 30 ans capable de parler le wallon couramment[69], le rapport entre la langue régionale et le français en Wallonie n'a pas empêché une réelle diglossie (wallon/français), mais qui se différencie nettement de l'expérience racontée par Hugo de Ridder à propos de Wilfried Martens au début des années 1950 : Dès sa quatorzième année, il renonce à l'emploi du dialecte et commence avec quelque cinq autres condisciples de classe, à parler Algemeen Beschaaf Nederlands. Comme à la radio. Au collège, de nombreux enseignants parlent encore une sorte de langue intermédiaire et n'encouragent certainement pas l'emploi de l'ABN. Au contraire, ils y voient une expression de l'extrémisme flamand.[70]. On imagine mal des enseignants en Wallonie parler une autre langue que le français même déjà au niveau de l'école primaire et décourager de le parler (à la même époque - 1950 - et même bien avant), ce qui ne signifie pas qu'ils réprouvent tous l'usage du wallon, loin de là. L'œuvre de l'écrivain wallon Paul Biron, né en 1920, connut un succès énorme entre 1950 et 1990 et elle est rédigée dans ce « langage intermédiaire » dont parle Hugo de Ridder.

L'apprentissage des langues en Belgique

Des deux côtés de la frontières linguistiques, les élèves apprennent l'autre langue nationale à l'école primaire et secondaire. En Flandre, cela est obligatoire, mais plus en Région wallonne. [réf. nécessaire]

Récemment l’apprentissage de l’anglais, plus international, devient prédominant et remplace de plus en plus la connaissance de la seconde langue nationale au sud du pays. En Communauté française, par exemple, les élèves ont le choix en début de secondaire entre l'anglais, l'allemand et le néerlandais. En Flandre, par contre, l'apprentissage du français et de l'anglais est obligatoire, et souvent l’allemand s’y ajoute (ou, moins fréquemment, l'espagnol). Par ailleurs, on note la création récente et le développement rapide en communauté française d’écoles dites d’immersion linguistique (cours donnés en néerlandais, anglais ou allemand).[réf. nécessaire]

Problèmes entre Wallons et germanophones

Les initiatives de la Communauté germanophone en 2003 indiquent l’existence de certains problèmes entre les politiciens et institutions germanophones et francophones. Ces problèmes sont liés en partie à la petite taille de la Communauté germanophone. Cela crée une situation de minorisation de fait par rapport aux institutions wallonnes qui sont compétentes pour toutes les compétences régionales. À cela s’ajoute une tendance politique (surtout auprès du PS wallon) de vouloir constituer (imposer) des coalitions politiques identiques pour tous les exécutifs des régions et communautés pour lesquelles le PS est actif. Cela s’est déjà traduit dans des pressions venant de Namur pour changer une coalition dans l’exécutif germanophone pour la rendre en harmonie avec la couleur politique de l’exécutif wallon. L’exécutif germanophone essaie depuis quelques années, en réaction à cela, d’obtenir une plus grande autonomie, et de préférence aussi des compétences régionales (surtout compétences internes).

Ces problèmes sont d’ordre politique. Ils ne gênent que très peu la communication entre les germanophones et les Ardennais et autres Wallons.

Un certain nombre de compétences de la Région wallonne ont été transférées à la Communauté germanophone à partir du 01/01/2005 à savoir :

  • les fabriques d’église ;
  • la tutelle sur les communes et les zones de police de la Communauté germanophone ;
  • le financement des communes (le fonds des communes et les travaux subsidiés) ;
  • les funérailles et sépultures.

Références

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    L'auteur est professeur ordinaire à l'Université Libre de Bruxelles.
    Rédaction : Els Witte (Vrije Universiteit Brussel), André Alen (Katholieke Universiteit Leuven), Hugues Dumont (Facultés universitaires Saint-Louis) & Rusen Ergec (Université Libre de Bruxelles)
     
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    L'auteur est docteur en science linguistique à l'Université de Trèves. Page d'accueil : [3].
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    L'auteur est docteur en histoire contemporaine à l'Université de Gand.
    Rédaction : Els Witte (Vrije Universiteit Brussel), André Alen (Katholieke Universiteit Leuven), Hugues Dumont (Facultés universitaires Saint-Louis), Pierre Vandernoot (Université Libre de Bruxelles), Roel De Groof (Vrije Universiteit Brussel)
     
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    L'auteur est chercheur au Centre de droit public de l'Université Libre de Bruxelles.
    Rédaction : Els Witte (Vrije Universiteit Brussel), André Alen (Katholieke Universiteit Leuven), Hugues Dumont (Facultés universitaires Saint-Louis) & Rusen Ergec (Université Libre de Bruxelles)
     
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    L'auteur est chercheur à l’Université Laval (Cellule de géographie culturelle) et directeur de l'Institut supérieur d'économie maritime.
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    L'auteur est professeur à la Vrije Universiteit Brussel et directeur du Centrum voor de Interdisciplinaire Studie van Brussel de cette même université.
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  31. Jean Stengers, op. cit., p. 93.
  32. Jean Stengers, op. cit., p. 93-94.
  33. Jean Stengers, op. cit., p. 136-139.
  34. Jean Bartelous, Nos Premiers Ministres, de Léopold Ier à Albert Ier, 1831-1934, éditions J.M. Collet, Bruxelles, 1983, 415 p. , pp. 79-80.
  35. Jean Bartelous, Nos Premiers Ministres, de Léopold Ier à Albert Ier, 1831-1934, éditions J.M. Collet, Bruxelles, 1983, 415 p. , p. 162.
  36. Jean Bartelous, Nos Premiers Ministres, de Léopold Ier à Albert Ier, 1831-1934, éditions J.M. Collet, Bruxelles, 1983, 415 p. , p. 224-225, « L'élargissement du corps électoral, décuplant d'un coup le nombre d'électeurs et le portant de 137 000 à 1 400 000, avait eu une triple conséquence. [...] la troisième [avait été] de poser au grand jour le problème flamand. Jusqu'alors, nous l'avons écrit, la question flamande était une affaire d'intellectuels, car seule la bourgeoisie avait le droit de vote. Or, depuis Napoléon, pour ne pas remonter plus loin, cette bourgeoisie était élevée dans des établissements francophones et ne parlait que le français. [...] [Les réformes faites avant 1893] ne pouvaient satisfaire un corps électoral flamand dont la majorité au lendemain de l'instauration du suffrage universel plural n'appartenait plus à la bourgeoisie et ne parlait pas le français. [...] Les grandes lois linguistiques et sociales votées dans les quarante années qui suivirent seront les conséquences naturelles et inévitables de l'élargissement du corps électoral. »
  37. Jean Bartelous, Nos Premiers Ministres, de Léopold Ier à Albert Ier, 1831-1934, éditions J.M. Collet, Bruxelles, 1983, 415 p. , p. 230, « Ainsi, la coupure du pays qu'avait voulu éviter Beernaert entre un bloc catholique majoritaire et flamand et un groupe socialiste wallon était évitée. »
  38. Laurence Van Ypersele, Le Roi Albert, Histoire d'un mythe, éditions Labor, Mons, 2006, 52 p. (ISBN 2-8040-2176-9) , p. 92 et note 258.
  39. Jean Bartelous, Nos Premiers Ministres, de Léopold Ier à Albert Ier, 1831-1934, éditions J.M. Collet, Bruxelles, 1983, 415 p. , p. 316
  40. Christine Van Everbroek, Une conscience née dans le feu in Anne Morelli Les grands mythes de l'histoire de Belgique, EVO, Bruxelles, 1995, pp.213-240, cite plusieurs sources historiques flamandes qui toutes tendent à montrer que les soldats massés derrière l'Yser étaient en proportion de la population de chaque région. L'auteur, se fondant sur H. Keymeulen et Luc De Vos estime que les tués de 1914-1918 sont à 32,6% wallons et 67,4% flamands (p.238). Elle en conclut que le surplus flamand serait de 9%, mais ne précise pas la proportion de Wallons et Flamands en Belgique à cette période (et semble placer les Bruxellois avec les Flamands). Or les Wallons formaient à l'époque autour de 35% de la population belge... En toute hypothèse, il n'y a pas eu d'énormes différences entre les victimes flamandes et wallonnes de la guerre en 1914-1918. L'auteur précise enfin que le commandement en français n'a provoqué aucun mort.
  41. Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 23.
  42. Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 92, note 257.
  43. Jean Bartelous, Nos Premiers Ministres, de Léopold Ier à Albert Ier, 1983, Bruxelles, éd. J.M. Collet, p. 290-293.
  44. Jean Bartelous, op. cit., p. 296.
  45. Jean Bartelous, Nos Premiers Ministres, de Léopold Ier à Albert Ier, 1831-1934, éditions J.M. Collet, Bruxelles, 1983, 415 p. , p. 318, « [En parlant de la transformation, au lendemain de l'armistice, de la Belgique unilingue francophone en un pays bilingue et dominé par la prépondérance flamande] C'était impossible parce que les revendications flamandes étaient les mêmes que celles appliquées par von Bissing et qu'il était facile pour les populations francophones de confondre la politique de l'ennemi avec les revendications justifiées des populations flamandes. » Voir aussi Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 52.
  46. Alors que la majorité des flamingants avaient refusé de collaborer avec l'occupant. Voir par exemple Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 92, note 257.
  47. Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 54-56.
  48. Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 52
  49. Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 56.
  50. Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 57-58.
  51. Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 72-73.
  52. Tout comme des journaux socialistes qui le jugeaient « fasciste ». Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 126.
  53. Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 95, note 273.
  54. Jean Bartelous, op. cit., p. 282-283 et Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 62-63.
  55. Léopold III, Pour l'histoire, éditions Racine, Bruxelles, juin 2001, 246 p. (ISBN 2-87386-251-3) , p. 145 : « Tous, sauf De Vleeschauwer et De Taeye, se prononcèrent pour une formule quelconque d'effacement. » ; p. 152 : « Tous les ministres, sauf De Vleeschauwer, me dirent qu'ils se solidariseraient avec Duvieusart. Ils démissionneraient si je n'acceptais pas le texte du message qui m'était imposé. C'était exiger mon abdication. »
  56. Meynaud, Ladrière, Perin, La décision politique en Belgique, CRISP, Bruxelles, 1965, p.110
  57. Libération: Mauvaise blague pour les Belges
  58. Voir cet article du Vif qui témoigne aussi des tentatives des politiques francophones de trouver le fondement d'un projet francophone
  59. Giuseppe Pagano, Miguel Verbeke, Aurélien Accaputo « Le Manifeste du Groupe "In de Warande" » in Courier hebdomadaire du CRISP 1913/1914
  60. Giuseppe Pagano, Miguel Verbeke, Aurélien Accaputo « Le Manifeste du groupe "In de Warande" » op. cit.
  61. Le président flamand de la CSC dans Le Soir du 11/9/2006
  62. Les vrais couts du separatisme
  63. Ph. Cattoir et F.Docquier, Sécurité sociale et solidarité interrégionale in F.Docquier (ed) La solidarité entre les Régions. Bilan et perspectives, De Boeck, Bruxelles, 1999, pp. 51-98.
  64. Rudi Janssens, L’usage des langues à Bruxelles et la place du néerlandais[pdf], Brussels Studies, 7 janvier 2008
  65. Le phénomène était appelé par eux la tache d'huile (olievlek)
  66. Les bruxellois parlent du carcan linguistique qui entoure leur ville. Voir cet article du Soir
  67. Sources : Le Soir du 09/05/2005 et Le Vif/L'express n°41 du 12 au 18/10/2007
  68. Voir l'article de La Libre Belgique à ce sujet.
  69. Lucien Mahin, Quel wallon pour demain?, Quorum, Gerpinnes, 1999, cite plusieurs enquêtes parues au début des années 1990 soulignant que la maîtrise parfaite ou moyenne du wallon se situe encore autour de 30 % de la population de moins de 30 ans. Enqête du CLEO notamment. Ou ce test soumis par le Docteur Meurice à 589 Liégeois réussi à plus de 50% par près de la moitié des répondants: résultats parus dans Cahiers le l'Institut linguistique de Louvain n° 22-23, 1995-1996
  70. Hugo de Ridder, Le cas Martens, Duculot, Gembloux, 1991, p.14.

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