Produit intérieur brut

Produit intérieur brut

Le produit intérieur brut, abrégé en PIB, est un indicateur économique utilisé pour mesurer la production dans un pays donné. Il est défini comme la valeur totale de la production de richesses (valeur des biens et services créés - valeur des biens et services détruits ou transformés durant le processus de production) dans un pays donné au cours d'une année donnée par les agents économiques résidant à l’intérieur du territoire national. C'est aussi la mesure du revenu provenant de la production dans un pays donné. On parle parfois de production économique annuelle ou simplement de production.

Il s'agit d'un agrégat des comptes nationaux, obtenu en additionnant des grandeurs mesurées par catégories d’agents économiques (ménages, entreprises, administrations publiques). Afin d'éviter que la même production entre plus d'une fois dans le calcul, ne font partie du PIB que les biens et services finaux (c’est-à-dire la valeur ajoutée, soit les biens et services de consommation et les biens d'équipement), les biens intermédiaires de production étant exclus. Par exemple, la farine avec laquelle on fait le pain est exclue (car étant une consommation intermédiaire du calcul de la richesse produite par le boulanger).

Il sert souvent d'indicateur de l'activité économique d'un pays ; le PIB par habitant, quant à lui, sert d'indicateur du niveau de vie en donnant une valeur indicative du pouvoir d'achat. La variation du PIB est l'indicateur le plus utilisé pour mesurer la croissance économique.

Les défenseurs de l'environnement et du développement durable critiquent le produit intérieur brut comme mesure de la richesse, dans la mesure où la production économique consomme en partie le stock de ressources naturelles, et que le PIB ne tient pas compte de cette consommation[1]. Certains experts[réf. nécessaire] ont proposé de définir un indicateur qui tienne compte des effets sur l'environnement, le PIB vert.

Certains économistes critiquent l'utilisation du PIB comme indicateur de richesse car celui-ci n'est en fait que la valeur comptable des échanges économiques effectués au cours d'une année. Le PIB ne reflète ni la nature de l'activité économique, ni l'impact qu'elle peut avoir, et ne reflète que l'activité économique[2]. Sont ainsi comptabilisées des activités dites « négatives » (par exemple des dépenses liées aux accidents domestiques, industriels ou routiers) ou ne produisant peu ou pas de richesses (par exemple la publicité ou le marketing). Par contre, ne sont pas comptabilisées les activités positives non marchandes et non administratives, comme l'art ou les activités altruistes (par exemple le logiciel libre).

Sommaire

Origine

À la demande du congrès américain en 1932, Simon Kuznets crée une comptabilité nationale aux États-Unis, et invente le produit intérieur brut, en 1934 afin de mesurer l'effet de la Grande Dépression sur l'économie[3],[4]. On ne disposait à cette époque d'aucun indicateur synthétique.

En France, il est apparu après la Seconde Guerre mondiale, tout comme la comptabilité nationale.

Définition donnée par l'Insee

L'agrégat représentant le résultat final de l'activité de production des unités productrices résidentes peut se définir de trois manières :

  • Le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d'activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits (lesquels ne sont pas affectés aux secteurs et aux branches d'activité) ;
  • Le PIB est égal à la somme des emplois finaux intérieurs de biens et de services (consommation finale effective, formation brute de capital fixe, variations de stocks), plus les exportations, moins les importations ;
  • Le PIB est égal à la somme des emplois des comptes d'exploitation des secteurs institutionnels : rémunération des salariés, impôts sur la production et les importations moins les subventions, excédent brut d'exploitation et revenu mixte.

Décompositions et calculs du PIB

Le PIB est par définition une valeur comptable issue du compte de résultat (charges et produits) et non du bilan (actif / passif). Il ne mesure que le flux de production, et non un stock de capital ou de dettes (comme l'Adjusted Net Savings de la Banque Mondiale). Il ne prend pas non plus en compte le flux de déplétion (qui en ferait un indicateur net et non brut), celui-ci nécessitant des imputations faisant intervenir des conventions arbitraires et des données qui ne sont souvent pas disponibles de façon continue sur des durées aussi longues.

Le PIB est une mesure de la valeur de l'ensemble des biens et services produits sur le territoire d'un pays donné au cours d'une période donnée (en général, une année, parfois un trimestre), quelle que soit la nationalité des producteurs (ce en quoi il se distingue du PNB[5]).

Les revenus issus des avoirs à l’extérieur ne sont pas inclus dans le PIB, mais ils sont ajoutés au PNB pour former le revenu national brut.

Décompositions

Article connexe : Comptabilité nationale.

Le PIB peut se décomposer de trois manières (voir un exemple, pour la France) :

Par la production

Le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées des agents économiques résidents, calculée aux prix du marché, à laquelle on ajoute la part de la valeur ajoutée récupérée par l'État (Taxe sur la valeur ajoutée et droits de douane) ;

PIB = Somme des Valeurs Ajoutées + TVA + Droits et Taxes sur les importations-subventions sur les produits

Par les dépenses

Le PIB est égal à la somme des emplois finaux intérieurs de biens et de services, c’est-à-dire : la consommation finale effective (CF), l'investissement (Formation brute de capital fixe (FBCF) dans le jargon statistique), et les variations de stocks (VS). Cette définition se déduit de l’égalité comptable entre les ressources de l’économie (PIB) et les emplois qui sont faits de ces ressources.

En situation d'autarcie, on a :
Ressources = Emplois
PIB = CF + FBCF + VS
Dans une économie ouverte les importations (notées M) s'ajoutent aux ressources, les exportations (notées X) aux emplois :
Ressources = Emplois
PIB + M = CF + FBCF + VS + X
PIB = CF + FBCF + VS + X - M

À titre d’exemple, en 2004 dans l’UE-25, 59 % du PIB était consacré aux dépenses de consommation finale des ménages, 21 % aux dépenses de consommation finale des administrations publiques, et 19 % à l’investissement[6].

Par les revenus

Le PIB est égal à la somme des revenus bruts des secteurs institutionnels : rémunération des salariés (RS), impôts sur la production et les importations moins les subventions (T), excédent brut d’exploitation (EBE), solde de revenu avec l'extérieur (RX).

PIB = RS + T + EBE + RX

Calculs du PIB

Logiquement, il existe donc trois méthodes pour calculer le PIB d'un pays ou d'une région : par la production, par la dépense et par les revenus. Pour des raisons pratiques, on utilise principalement la première méthode. Selon cette technique, on additionne toutes les valeurs ajoutées[7], en se basant sur les résultats fournis par les entreprises, et les administrations publiques.

PIB mondial

Article détaillé : Liste des pays par PIB (nominal).

Après une hausse de 3,7 % en 2007, suite à la crise de 2008, puis de + 2 % en 2008, le PIB mondial a chuté de 1,1 % en 2009 (un peu plus que ce qu'attendait le FMI[8]), avec d’importantes disparités, les pays riches devant affronter en 2009 un recul de 3 à 3,5 % de leur PIB (toujours selon les estimations annoncées du FMI). C'est la baisse la plus forte depuis l'après-guerre, malgré l'importance des efforts publics, notait le FMI.

Le PIB mondial aurait été selon le FMI[9] de 57 937 milliards de dollars en 2009 contre 60 689 milliards en 2008.

PIB marchand et non-marchand

Le PIB recense à la fois la production marchande et la production non-marchande, composée exclusivement de services. En France, le PIB non-marchand est presque exclusivement le fait des administrations publiques (sécurité, justice, santé, enseignement). Par convention, il est évalué à son coût de production (voir Services non marchands).

Variations du PIB

Une augmentation à court terme du PIB correspond à une expansion, tandis qu'une diminution indique une récession économique. L'augmentation à long terme du PIB par habitant est un indicateur de croissance économique.

Mesures en volume et en valeur

Le PIB réel ou en volume est la valeur du PIB en tenant compte des variations des prix, c'est-à-dire de l'inflation. Le PIB réel a l'avantage de montrer les variations à la hausse et à la baisse dans le volume (les quantités) de la production de biens et services. C’est la valeur utilisée lorsque l’on mesure la croissance du PIB.

En effet, on ne peut pas savoir uniquement en observant le PIB nominal (en valeur), si la hausse de l'indicateur provient d'une hausse des prix, d'une hausse de la production ou dans quelles proportions ces deux variations se combinent.

Soit Pi,t le prix d’un bien i au cours d’une période t (par exemple, une année) et Qi,t la quantité produite de ce bien i au cours de la période t ; alors :

\text{PIB}_{\text{nominal},t} = \sum_i P_{i,t}.Q_{i,t}\,

Le PIB réel est constitué par la valeur des biens i produits au cours de la période t mesurés à prix constants (année de base notée t0), soit :

\text{PIB}_{\text{reel},t} = \sum_i P_{i,t_0}.Q_{i,t}\,

Le déflateur du PIB équivaut au rapport entre le PIB nominal et réel.

PIB par habitant

Article connexe : PIB par habitant.

Le PIB/habitant ou produit intérieur brut par habitant (ou par tête) est la valeur du PIB divisée par le nombre d'habitants d'un pays. Il est plus efficace que le PIB pour mesurer le développement d'un pays, cependant, il n'est qu'une moyenne donc il ne permet pas de rendre compte des inégalités de revenu et de richesse au sein d'une population.

Cet indicateur n’est pas égal au revenu par tête.

Il est un bon indicateur de la productivité économique, mais il ne rend compte qu'imparfaitement du niveau de bien-être de la population ou du degré de réussite d'un pays en matière de développement. Il ne montre pas quelle est la répartition du revenu d'un pays entre ses habitants. Comme le PIB, il ne reflète pas les atteintes causées à l'environnement et aux ressources naturelles par les processus de production, et ne tient pas compte du travail non rémunéré qui peut être effectué au sein des ménages ou des communautés, ni de la production à mettre au compte de l'économie souterraine. Le PIB par habitant n’est pas construit comme un indicateur de la qualité de la vie (cette dernière, bien plus subjective, est difficilement mesurable, même si certains indicateurs comme l'indice de développement humain (IDH) ambitionnent de l'évaluer).

En général, un pays est considéré comme « développé » lorsqu'il dépasse les 20 000 dollars US de PIB par an et par habitant, vers 2006.

Comparaisons internationales

On peut comparer le PIB de plusieurs pays, exprimés selon leur devise nationale, selon deux méthodes :

  • au taux de change courant : on utilise le taux de change moyen sur la période d'étude.
  • à parité de pouvoir d'achat (PPA) : on utilise un panier de biens standard, et le taux de conversion est le rapport des prix de ce panier entre les devises.

Les comparaisons en PPA sont plus significatives qu'en taux de change courant lorsque les pays sont très différents, du fait de la faiblesse mécanique des devises des pays pauvres. Elles permettent aussi de s'affranchir des variations parfois brutales des taux de change.

On rencontre souvent le terme de PIB sous sa dénomination anglaise GDP, pour Gross Domestic Product.

Limites du PIB et défauts dans sa détermination

PIB et développement durable

Article connexe : Développement durable.

Par définition, le PIB est un indicateur de flux et ne tient pas compte de la valeur estimée des actifs et passifs (le patrimoine) publics et privés. Il ne mesure donc pas les externalités positives ou négatives qui font évoluer cette valeur et qui contribuent donc à un gain ou à une perte de moyens.

Pour Dominique Méda[10], il présente trois grandes limites : il ne tient pas compte de temps et d'activités essentielles pour le développement de la société comme le temps avec les proches, temps pour les activités politiques, temps domestique ; il n'est pas affecté par les inégalités dans la participation à la production ou à la consommation ; il ne tient pas compte des dégradations apportées au patrimoine naturel.

Le PIB tient compte des ressources naturelles (énergie, matières premières) consommées dans les processus de production en comptabilité nationale par les consommations intermédiaires. Cependant, la comptabilité nationale ne distingue pas, dans les consommations intermédiaires, les ressources renouvelables des ressources non renouvelables (c'est-à-dire celles qui relèvent d'une utilisation de revenu et celles qui relèvent d'une destruction de capital[11]), ou les produits recyclés des autres produits achetés. Jean-Marc Jancovici critique ainsi le fait que le PIB ne permet pas d'évaluer la consommation du stock de ressources naturelles ni d'anticiper longtemps à l'avance les risques environnementaux[12].

Concernant le secteur des services (le secteur tertiaire en comptabilité nationale), qui représente environ 70 % du PIB dans les pays développés, Jean Gadrey estime que pour construire une économie écologique des services, il faut d’abord s’intéresser aux bilans écologiques complets de ces activités. Il apparaît alors que l’immatérialité parfois supposée des services est un mythe. Il serait nécessaire d'internaliser les externalités environnementales de ces activités[13].

Dans le cas d'une production polluante, suivie d'un processus de dépollution, le PIB comptabilise deux productions, qui s'annulent partiellement. Ce que Leopold Kohr nomme « le standard de l'aspirine : en augmentant le PIB nous attrapons des migraines, alors nous produisons de l'aspirine pour soulager les migraines et nous félicitons que cette augmentation supplémentaire du PIB a augmenté notre niveau de vie »[14]. Le PIB est neutre vis-à-vis d'un progrès technique qui va dans le sens de la conception de processus industriels propres, l'emploi de matériaux recyclés, et d'une façon générale l'anticipation des risques environnementaux. Le PIB n'envoie aucun signal d'alerte sur la dégradation de l'environnement.

Ainsi, le PIB ne permet pas de mesurer l'impact de la production sur le capital naturel. La croissance économique mesurée par le PIB ne rend donc pas bien compte du respect ou non des principes de développement durable ni de ses effets sur l'environnement. Le PIB a néanmoins été sélectionné par l'Insee parmi les onze indicateurs de développement durable retenus dans le cadre de la stratégie nationale de développement durable française[15] .

Certains auteurs[16] soulignent les limites de la croissance économique comme mesure de la bonne santé d'un pays ou d'une économie, ou contestent le bien fondé[17] ou même la possibilité physique[18] de perpétuer la croissance économique telle qu'elle est définie par la variation du PIB. Dominique Méda a proposé dès 1999 dans Qu'est-ce que la richesse? de recourir à d'autres indicateurs que le PIB. Patrick Viveret considère également qu'il faut reconsidérer les instruments de mesure de la richesse[19].

Élisabeth Laville estime qu'il est important de remettre en cause l'acception institutionnelle du PIB comme principal indicateur de la performance économique, qui s'avère un frein important pour les entreprises et les autres acteurs économiques dans la transition de l'approche financière classique à une approche triple bilan du développement durable. Elle pense que la France pourrait faire des propositions dans ce sens[20].

Productions non prises en compte

Le PIB ne tient pas compte de l'autoproduction (ou autoconsommation), c'est-à-dire les richesses produites et consommées au sein-même des ménages : par exemple les fruits d’un verger qui sont autoconsommés, ou la production domestique (activités domestiques des femmes au foyer par exemple). Les services produits par les ménages pour leur propre usage ajouteraient 35 % à la richesse nationale en France vers 2009[21]. En conséquence il n'est pas robuste aux variations des habitudes de vie, en particulier le passage de l'auto-consommation à la consommation marchande[22].

Le travail au noir est mal mesuré, et sa valeur ajoutée est estimée et incluse dans le PIB.

Le bénévolat, qui est un service non marchand, est très mal mesuré (la valeur ajoutée étant comptabilisée essentiellement à partir des coûts de personnel, lesquels sont par nature insignifiants dans les activités bénévoles).

Il est délicat de chiffrer la contribution réelle des services non marchands et de l'administration publique à la richesse économique, la pratique étant d'intégrer simplement leurs coûts au PIB, en l'absence de produits matérialisés par des facturations.

PIB et bien-être

Le PIB n'est pas construit comme un indicateur du bien-être, de bonheur, ou de qualité de vie. Ainsi, certaines consommations font gonfler le PIB alors que de toute évidence elles ne reflètent pas une amélioration du bonheur des habitants[23]. Cependant, en dessous d'un certain seuil (environ 15 000 dollars par an et par personne), l'augmentation du PIB par habitant est fortement corrélée à l'augmentation du bien-être de la population, selon une étude publiée en 2001 par l'université de Princeton[24].

Autres limites

Dans le cas d'une catastrophe naturelle (ouragan, tremblement de terre), le PIB ne comptabilise les destructions d'actifs (maisons, routes…) qu'indirectement, à la hauteur de l'impact sur la production (donc moins que la perte nette des actifs). En revanche, le PIB prend en compte les reconstructions qui font suite à la catastrophe (souvent financées par des aides nationales ou internationales). Considérer cette prise en compte comme un défaut est discutable : la capacité à faire face à une catastrophe naturelle constitue bien une richesse économique, qu'il semble donc normal de comptabiliser (au même titre que la santé par exemple).

La création d'activités, même socialement inutiles, peut cependant être bénéfique en provoquant l'utilisation de facteurs non employés et une augmentation de la demande globale. Ainsi, John Maynard Keynes appelait sous forme de boutade à employer des chômeurs à creuser des trous et d'autres chômeurs à les reboucher[25].

Frédéric Bastiat décrivait une autre limite de la mesure de la richesse avec son sophisme de la vitre cassée publié en 1850. Prenant l'exemple d'une vitre, il montrait que la société s'appauvrissait de la valeur de cette vitre quand celle-ci était brisée. Il concluait « la société perd la valeur des objets inutilement détruits », ou « destruction n'est pas profit. » Reprenant à leur compte ces réflexions Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice écrivent de manière imagée que « si un pays rétribuait 10 % des gens pour détruire des biens, faire des trous dans les routes, endommager les véhicules, etc., et 10 % pour réparer, boucher les trous, etc., il aurait le même PIB qu'un pays où ces 20 % d'emplois (dont les effets sur le bien-être s'annulent) seraient consacrés à améliorer l'espérance de vie en bonne santé, les niveaux d'éducation et la participation aux activités culturelles et de loisir[26]. »

Pour toutes ces raisons, l'accent est davantage mis sur les comparaisons entre PIB (entre pays, ou entre périodes), plutôt que sa valeur absolue. La comparaison entre pays voisins ou périodes voisines permet en effet d'atténuer les erreurs puisque ce qui est oublié une année (le travail au noir notamment) l'est aussi l'année suivante.[pas clair] Cependant, pour des pays différents ou de longues périodes, cette comparaison est très délicate.

Autres indicateurs

PIB vert

Des économistes ont pensé à mesurer un « PIB vert », pour lequel serait soustrait du PIB conventionnel la valeur de la baisse du stock de ressources naturelles. Une telle méthode de comptabilisation permettrait de mieux savoir si une activité économique accroit ou fait baisser la richesse nationale lorsqu'elle utilise des ressources naturelles[27]. Cependant, les économistes estiment qu'il serait très difficile de mesurer correctement un tel indicateur.

PIB régional ou PIB urbain

Une mesure de PIB régional, ou de « produit urbain brut », est parfois présentée. Son utilisation est critiquée car les échanges commerciaux (imports et exports) avec les autres régions d'un même pays ne sont pas mesurés. Le calcul se fait alors avec l'approche productive (somme des valeurs ajoutée).

Cet indicateur ne refletera alors que la production de la zone, et non la richesse, puisqu’un quartier résidentiel où la production est faible aura un PIB local très faible, même si le revenu des habitants est élevé.

L'attribution des fonds structurels européens, basée sur les PIB régionaux, voit donc certaines régions résidentielles à faible PIB/habitant mais peu sinistrées (chômage faible, résidents travaillant dans une région limitrophe) emporter les fonds sur des régions industrielles à plus fort PIB mais à la richesse effective plus faible (chômage important, emplois précaires…)[réf. nécessaire].

Développement humain

Comme d’autres indicateurs économiques, le PIB n’a pas vocation à mesurer le niveau de développement humain des pays, il mesure seulement le développement économique. L’Indice de développement humain (IDH), inspiré des travaux d'Amartya Sen, a été créé pour tenter d'appréhender le bien-être social.

Liste de pays par leur PIB

Les données peuvent varier (légèrement) suivant les modes de calcul du FMI, de la Banque mondiale, de l'OCDE, de la CIA….

Le PIB de l'Union européenne, si celle-ci était comptée comme un seul État (un seul marché, une législation commerciale unique et quasiment une seule monnaie, donc presque un pays au sens économique), serait le premier au monde.

Liste des dix plus grandes puissances économiques mondiales en 2010, d'après le Fonds monétaire international, classées en valeur nominale puis en parité de pouvoir d'achat :

Rang Pays PIB (nominal)
(millions de $)
Croissance
Drapeau d'Europe Union européenne 16 106 896 + 1,65 %
1 Drapeau des États-Unis États-Unis 14 624 184 + 2,64 %
2 Drapeau de Chine Chine 5 745 133 + 10,46 %
3 Drapeau du Japon Japon 5 390 897 + 2,82 %
4 Drapeau d'Allemagne Allemagne 3 305 898 + 3,33 %
5 Drapeau de France France 2 555 439 + 1,56 %
6 Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni 2 258 565 + 1,70 %
7 Drapeau d'Italie Italie 2 036 687 + 1,00 %
8 Drapeau : Brésil Brésil 2 023 528 + 7,54 %
9 Drapeau du Canada Canada 1 563 664 + 3,10 %
10 Drapeau de Russie Russie 1 476 912 + 3,97 %
Rang Pays PIB (PPA)
(millions de $)
Drapeau d'Europe Union européenne 15 150 667
1 Drapeau des États-Unis États-Unis 14 624 184
2 Drapeau de Chine Chine 10 084 369
3 Drapeau du Japon Japon 4 308 627
4 Drapeau d'Inde Inde 4 001 103
5 Drapeau d'Allemagne Allemagne 2 932 036
6 Drapeau de Russie Russie 2 218 764
7 Drapeau : Brésil Brésil 2 181 677
8 Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni 2 181 069
9 Drapeau de France France 2 146 283
10 Drapeau d'Italie Italie 1 771 140
PIB nominal et en PPA dans le monde (chiffres du FMI pour 2005).


PIB par habitant

Carte des pays selon leur PIB (nominal) par habitant en 2006. Source : FMI
Carte des pays, par PIB par habitant, en PPA (2006)
Source : FMI (avril 2007)

PIB par habitant de quelques pays en 2009 :[28]

Pays PIB/hab
(US$ PPA)
 
Rang mondial
Drapeau du Luxembourg Luxembourg 78 409 1
Drapeau du Qatar Qatar 78 260 2
Drapeau de Norvège Norvège 51 985 3
Drapeau des États-Unis États-Unis 45 934 6
Drapeau d'Allemagne Allemagne 34 388 20
Drapeau de France France 33 434 22
Drapeau du Japon Japon 32 554 23
Drapeau de Russie Russie 14 913 51
Drapeau : Brésil Brésil 10 499 76
Drapeau de Thaïlande Thaïlande 8 051 89
Drapeau de Chine Chine 6 778 97
Drapeau d'Inde Inde 3 015 127
Drapeau de République démocratique du Congo République démocratique du Congo 330 182

PIB en France

Selon l'Insee, la croissance du PIB en France s’est stabilisée depuis 1975 autour de 2,3 % en rythme annuel[29] (voir aussi toutes les données sur le site de l’Insee).

Selon Jean Gadrey, membre de la commission Stiglitz (cf. infra) , le rythme annuel présente plutôt une baisse tendancielle de 0,082 % par an, passant de 6 à 1,5 % entre 1950 et 2008[30].

Article détaillé : Commission Stiglitz.

La Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social, dite « Commission Stiglitz » s'est réunie entre avril 2008 et septembre 2009. Elle avait pour objectif de développer une « réflexion sur les moyens d'échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives » et d'élaborer de nouveaux indicateurs de richesse. Une première version de ses conclusions a été mise en ligne en juin 2009. Au même moment, le Forum pour d'autres indicateurs de richesse (FAIR) a publié une première note soulignant les apports du premier chapitre de ce rapport et critiquant en même temps aussi bien la méthode de travail « très opaque » de la Commission que les limites de ses propositions[31].

Notes et références

  1. Voir par exemple E. F. Schumacher : le chapitre 1 « Le Problème de la Production » de Small is Beautiful (1973) porte essentiellement sur cette problématique.
  2. Voir par exemple Dominique Méda : Qu'est-ce que la richesse Aubier, 1999.
  3. Casser le thermomètre de la croissance ? - Le Figaro, 11 juin 2009 (archive du Figaro payante, voir lien archive)
  4. Simon Kuznets, le père des comptes nationaux [PDF]
  5. bref rappel PNB = PIB + revenus des facteurs en provenance de l'extérieur - revenus des facteurs versés à l'extérieur
  6. L’Europe en chiffres - Eurostat, p. 148 [PDF]
  7. Le PIB n'est pas égal à la somme des revenus générés sur une période donnée, car dans ce cas il y aurait des problèmes de double comptage.
  8. Le FMI annonce une baisse du PIB mondial en 2009 - L'Expansion, 19 mars 2009
  9. (en) PIB 2009 par pays, publié dans le World Economic Outlook Database en avril 2010 par le Fonds monétaire international
  10. Dominique Méda, Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse, Flammarion, Champs-Actuel, 2008
  11. E.F. Schumacher - Small is beautiful (1973)
  12. Jean-Marc Jancovici Sommes-nous déjà en décroissance ?
  13. La crise écologique exige une révolution de l’économie des services
  14. cité par Mark R Tool Institutional Theory and Policy (1988)
  15. Développement durable - Site de l'Insee
  16. Jean Gadrey, Au-delà du PIB, quelles mesures alternatives ?
  17. Meadows & al, Limits to Growth: The 30-Year Update, 2004, Chelsea Green Publishing (ISBN 1-931498-51-2)
  18. Jean-Marc Jancovici, L'équation de Kaya
  19. Reconsidérer la richesse - Rapport de mission de Patrick Viveret pour le Mouvement pour un développement solidaire (MDS)
  20. Élisabeth Laville, L'entreprise verte, Village Mondial, page 292
  21. Casser le thermomètre de la croissance ?, Le Figaro, 15 juin 2009, page 24, citant la commission Stiglitz.
  22. (en) Draft summary - Commission Stiglitz [PDF]
  23. Leopold Kohr - Toward a new measurement of living standards. The American Journal of Economics and Sociology (1956) et The overdeveloped nations (1977)
  24. Bruno S. Frey et Alois Stutzer, Happiness and Economics, Princeton University Press, décembre 2001
  25. John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, chap. 10
  26. Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice, Les nouveaux indicateurs de richesse, La Découverte, 2005, p. 21
  27. Joseph E. Stiglitz et Carl E. Walsh, Principes d'économie moderne, 2e édition, Ed. de boeck, Bruxelles, 2004
  28. World Economic Outlook Database-October 2010, Fonds Monétaire International
  29. cf. graphique, site de l'Insee
  30. cf. graphique,
  31. Voir article publié sur le site de la revue Alternatives économiques

Bibliographie

  • Dominique Méda, Qu'est-ce que la richesse?, Aubier , 1999 puis Champs-Flammarion, 2001
  • Dominique Méda, Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse, Flammarion, Champs-Actuel, 2008
  • Jean-Paul Piriou, La comptabilité nationale, Éditions la découverte, Repères, 2006

Annexes

Articles connexes

Indicateurs

Réflexions

Liste des pays

Autres

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Produit intérieur brut de Wikipédia en français (auteurs)

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