Péplum

Péplum
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Charlton Heston (Marc Antoine)
sur le tournage de Julius Caesar
de David Bradley (1950)

Le péplum (mot latin peplum, emprunté au mot grec ancien πέπλος / péplos signifiant « tunique »), est l'un des genres du cinéma.

Si le premier film de ce genre (et le plus court, moins d'une minute) dans l'histoire du cinéma est Néron essayant des poisons sur un esclave produit par les Frères Lumière et réalisé par Georges Hatot (1896)[1], le mot « péplum » n'a peut-être été employé, pour la première fois, qu'en référence au film La Tunique (1953) ou bien par des habitués du Ciné-club Nickelodéon dans les années 1950.

Depuis le début des années 1950, grâce aux productions italiennes et américaines, ce mot désigne les films dont l'action se situe historiquement dans l'Antiquité et, en particulier, celle de la Rome Antique, de la Grèce antique (et mythologique) et de l'Égypte antique. Il existe aussi des péplums bibliques basés sur l'Ancien ou le Nouveau Testament.

Selon Claude Aziza, maître de conférences honoraire de langue et littérature latines à l'université La Sorbonne Nouvelle-Paris III, les recherches des occurrences du mot dans la presse et la littérature indiquent une apparition en 1963 dans un milieu cinéphile lié au metteur en scène Bertrand Tavernier[2].

Dans le numéro 68 de CinémAction (3e trimestre 1993) consacré au Panorama des genres au cinéma, Claude Aziza proposait une ébauche de définition du péplum : « On surnommera péplum tout film dont le sujet se passe dans une Antiquité qu'on fera commencer à la période biblique et terminer à l'aube du haut Moyen Âge. »

Le péplum est, selon les points de vue, un genre bâtard ou total, un des premiers héritiers du théâtre classique et de l'opéra ou un sous-genre du cinéma. Sa place dans l'histoire du cinéma (dès sa naissance) prouve son importance. À la fois noble (il traite de l'histoire, de la religion, utilise des auteurs tels que Homère ou Flaubert) et vulgaire (la veine commerciale exploite la violence et l'érotisme, voire le rire - à ses propres dépens - et l'invraisemblance), le genre antique est associé à l'épopée (pour les Américains, le péplum est une de ses catégories), à la comédie, au fantastique (fantômes, vampires, momies revenues à la vie...) et au merveilleux (dans son utilisation de la mythologie).

Le péplum a attiré les plus grands réalisateurs (de Méliès à Fellini, de Feuillade à Oliver Stone, en passant par Griffith, Duvivier, Walsh, Mario Bava ou Pasolini) et possède ses propres maîtres : Cecil B. DeMille, Pietro Francisci, Vittorio Cottafavi... Puisant dans le riche catalogue de la légende et de l'histoire, il offre aux acteurs à tendance cabotine la possibilité d'incarner des personnages prestigieux (en tête, Jésus et Néron, ce qui souligne l'aspect manichéen du genre) et aux stars séduisantes l'occasion d'exhiber dans des tenues légères leur anatomie parfaite.

Spectaculaire ou fauché, le péplum enfin constitue un bon repère pour jauger la qualité d'une production (budgets, imagination) suivant les lieux et les époques.

Sommaire

L'Âge d'or du cinéma muet

L'exemple français

Né avec le cinéma (une invention française), le péplum se développe dès le début du XXe siècle.

Dans l'écurie Pathé, Ferdinand Zecca s'impose en chef de file. Il signe Quo Vadis ? en 1902 (du célèbre roman du Polonais Henryk Sienkiewicz, prix Nobel de Littérature), deux versions de Samson et Dalila en 1902 et 1908, La Passion en 1903, Messaline en 1910 avec Henri Andréani, ancien assistant de Gaston Velle également responsable de Samson en 1908, David et Goliath en 1910, Saül et David (dont l'attribution est plus douteuse), Moïse sauvé des eaux en 1911, Absalon en 1912, La Fille de Jephté et La Reine de Saba en 1913... Deux assistants de Zecca s'illustrent encore dans le genre : Lucien Nonguet avec Vie et Passion de Jésus de 1902 à 1905, et Gaston Velle avec Au temps des Pharaons en 1910. André Capellani, autre réalisateur de la firme, signe son propre Samson en 1907...

Dans l'écurie rivale de Gaumont, Louis Feuillade, maître du serial, met en scène Le Fils de Locuste en 1911, Androclès et le Lion en 1912 et L'Agonie de Byzance en 1913 (voir Youtube). Emile Cohl utilise des techniques d'animation de pointe pour Les Douze Travaux d'Hercule et Hérodiade de Victorin Jasset (1910) est présenté comme un « grand film artistique ».

À côté de ces productions déjà industrielles, l'œuvre de Georges Méliès (par exemple Néron et Locuste en 1907) relève d'une production indépendante et artisanale [3].

À l'époque les Films d'Art fondés par les frères Laffitte exercent une profonde influence sur le cinéma hexagonal (notamment) [3]. Leur directeur artistique André Calmettes signe pour sa part Britannicus en 1908 et sa propre adaptation de Quo Vadis ? en 1910.

La révolution cinématographique italienne

À l'époque du film muet, le cinéma italien invente le péplum en recréant une Antiquité mythique et mythologique et donnant ses lettres de noblesse au cinéma tout entier, lançant les longs métrages à gros budgets, créant la superproduction. Ainsi, le péplum italien occupe la première place au rang mondial avec, en 1909, Néron de Luigi Maggi et, dans les années 1910, les productions notables de deux réalisateurs :

Guazzoni pour sa part dirigea également Judas Maccabée en 1911, Ramsès, où figure la divine Francesca Bertini, Messaline en 1922 avec Rina De Liguoro. Pastrone, lui, réalise et interprète Jules César en 1909, dirige Maciste athlète en 1918.

Si beaucoup de films muets italiens ont été perdus ou détruits, il ne faut pas sous-estimer l'ampleur et la qualité de cette production. Quo vadis? (1912), Cabiria, puis Christus (1916) de Giulio Antamoro (réalisateur de Ursus l'année suivante) ont un retentissement international[4].

Maciste et Ursus

Bartolomeo Pagano incarnant Maciste dans Maciste en enfer en 1926.

Dans Cabiria, on découvre le personnage de Maciste, interprété par Bartolomeo Pagano. Ce personnage fera l'objet de nombreux films (plus de 20 entre 1915 et 1926) dont la plupart sont situés à une époque contemporaine comme Maciste chasseur alpin (1916) ou encore Maciste contre le Cheikh (1926) ; on croise ainsi Maciste médium, somnambule, amoureux ou empereur, tous interprétés par Pagano... Ce phénomène de vampirisation se reproduira dans les années 1960. De la même manière, Bruto Castellani est Ursus, personnage issu du roman Quo Vadis ?, grâce à Guazzoni. Définitivement associé à ce géant, Castellani le jouera de nouveau, à 40 ans passés, dans Quo Vadis ? de Gabriele D'Annunzio et Georg Jacoby (1924) - avec le grand Emil Jannings dans le rôle du cruel Néron. Castellani s'illustrera aussi dans Marc Antoine et Cléopâtre (1913), Jules César (1914, avec Amleto Palermi dans le rôle titre)), Fabiola (1918, rôle de Vercingétorix) - tous signés Guazzoni - et La Sainte Bible (1920, rôle de Caïn).

Les excès de l'industrie cinématographique italienne décourage le public, gavé d'Antiquité. Les Derniers Jours de Pompéi (1926) dirigé par Carmine Gallone et Amleto Palermi essuie ainsi un échec immérité.

Ce premier âge d'or du péplum italien prend fin au milieu des années 1920 avec l'arrivée au pouvoir de Benito Mussolini. Mais le flambeau a pu être transmis aux Américains.

Hollywood

Sidney Olcott adapte dès 1907 le roman du général Lewis Wallace Ben-Hur et en 1908 met en scène David et Goliath. En 1915 le même Samson sera interprété par William Farnum dans l'adaptation d'une pièce de Henri Bernstein.

Une scène d’Intolérance de David W. Griffith (1916).

Influencé par les superproductions italiennes, David W. Griffith dirige dans un premier temps Naissance d'une nation, puis, pour répondre aux accusations de racisme que son premier long métrage a suscitées[5], met en scène le monumental Intolérance (1916) qui comprend notamment un épisode babylonien (auquel Good Morning Babylonia des frères Taviani rendra hommage dans les années 1980). Civilisation la même année constitue la réponse de Thomas Ince, le rival de Griffith, dont c'est le dernier film. Le metteur en scène d'origine française Maurice Tourneur, lui, filme une « version érotique de Intolérance », Woman, scindé en L'Éternelle Tentatrice et La Fée de la mer, en 1918[6].Le principe des épisodes liés à des époques différentes subsistera un certain temps puisque Cecil B. DeMille, ancien assistant de Griffith, dirige Gloria Swanson dans une séquence babylonienne dans L'Admirable Crichton en 1919 et dans une séquence romaine dans Le Réquisitoire en 1922, et le futur pape du péplum inclut encore un prologue contemporain dans Le Signe de la croix dans les années 1930.

Theda Bara, première vamp de Hollywood, s'illustre entre autres dans des compositions « à l'antique », dans La Reine des Césars de Raoul Walsh en 1916, et sous la direction de J. Gordon Edwards (grand-père de Blake) dans Cléopâtre en 1917 et Salomé en 1918.

L'année 1923 est marquée par la très originale Salomé de Charles Bryant d'après Oscar Wilde, avec la star russe Alla Nazimova, et par Les Dix Commandements de De Mille qui fait suite à un concours de « la meilleure idée de film ». De Mille poursuit son cycle de péplums avec Le Roi des rois, d'après le Nouveau Testament, où H.B. Warner prête son noble mystère au personnage de Jésus.

Déjà le péplum signale (comme dans les années 1950) la dépendance d'Hollywood à l'égard de l'Italie, où sont tournés Néron d'Edwards en 1922 et le spectaculaire Ben Hur commencé par Charles Brabin (époux de Theda Bara) et signé par Fred Niblo en 1925, qui fait de Ramon Novarro une star et où figure Bruto Castellani (mythe du genre) en Golthar.

Dans le même temps, Buster Keaton s'amuse de cette vogue (et perpétue la structure de Intolérance) dans Les Trois Âges de Eddie Cline (1923).

Ailleurs

Dans les années 1920 le péplum s'est répandu dans toute l'Europe. En Allemagne, Ernst Lubitsch dirige Emil Jannings dans La Femme du Pharaon (1922), et en Autriche le Hongrois Mihaly Kertesz, futur Michael Curtiz, enchaîne les superproductions (Le Sixième Commandement/Sodome et Gomorrhe en 1922, L'Esclave reine en 1924, Samson et Dalila produit par son compatriote Sandor – futur Alexandre – Korda) qui le font remarquer à Hollywood où il réalisera L'Arche de Noé en 1928, sous l'influence de Intolérance et de Les Dix Commandements selon Jean-Loup Bourget[6].

En France, en 1925, Pierre Marodon donne une Salammbô (d'après le roman de Gustave Flaubert) à la réputation flatteuse.

Enfin, dans une Grande-Bretagne pas encore échaudée, Sinclair Hill signe Boadicée en 1926 et Alexander Korda, devenu Moghol du cinéma britannique La Vie privée d'Hélène de Troie en 1927.

Las, le genre entre en demi confidentialité lorsque les fastes du muet sont engloutis par l'irruption du parlant

Les années trente et quarante : les années transitoires

Italie et France

Malgré la construction de Cinecittà et la propagande fasciste construite en partie sur la grandeur de la Rome antique, en Italie la période n'est guère favorable aux péplums, hormis le spectaculaire Scipion l'Africain de Carmine Gallone à la gloire de la reconquête africaine (1937). La Couronne de fer d'Alessandro Blasetti (1941) tient davantage de la fantasy, malgré la présence de Massimo Girotti, futur Spartacus, et de Gino Cervi, futur Néron.

En France, Julien Duvivier se distingue dans le genre en réalisant le biblique Golgotha avec Jean Gabin en Ponce Pilate (1935) qui lui vaut ce mot d'un critique : « pour Duvivier, la Passion est un long traveling ».

États-Unis

Claudette Colbert dans le rôle de Cléopâtre dans le film éponyme de Cecil B. DeMille (1934).

Aux USA, DeMille dirige successivement Le Signe de la Croix (1932, avec le Britannique Charles Laughton en Néron), Cléopâtre en 1934 (avec l'actrice d'origine française Claudette Colbert, ex Poppée). Les deux films rencontrent un succès mérité. Dans la foulée, Les Derniers Jours de Pompéi d'Ernest Schoedsack et Merian Cooper en 1935 n'obtiendra pas la même gloire que King Kong, et le cinéphile déplore l'abandon du tournage de Moi, Claude en 1937, un des "films fantômes" les plus illustres de Hollywood. Tout était réuni pour obtenir une perle du péplum : l'histoire forte écrite par Robert Graves, le directeur Josef von Sternberg, les Britanniques (évidemment) Charles Laughton dans le rôle titre, la sublime Anglo-Indienne Merle Oberon en Messaline, Flora Robson redoutable en Livie[7]...

La malédiction des Anglais

Après la guerre, le cinéma britannique essuie avec César et Cléopâtre de Gabriel Pascal d'après George Bernard Shaw (1945), un de ses plus grands désastres, malgré la composition de Vivien Leigh en dernière reine d'Egypte. Si la télévision britannique exploite avec ferveur l'Antiquité (notamment dans des adaptations de pièces de théâtre), le cinéma britannique s'éloigne de ce type de production coûteux et risqué.

L'amorce

En 1949, fidèle à son genre fétiche, De Mille signe un classique de plus : Samson et Dalila avec le musclé Victor Mature (appelé à devenir une star du péplum) et la merveilleuse Hedy Lamarr dans son dernier succès (le plus grand !). Selon l'anecdote, De Mille a convaincu les producteurs récalcitrants avec la seule image du couple vedette : un mâle baraqué et une femelle sensuelle à moitié nus. L'affluence du public lui donne raison.

À Cinecitta la même année, les vétérans Gallone et Blasetti donnent l'un Messaline et l'autre le spectaculaire Fabiola d'après le roman du cardinal Nicholas Wiseman, appliquant toujours la même recette : une héroïne irrésistible, traîtresse ou victime (la somptueuse Mexicaine Maria Felix et la Française Michèle Morgan d'une beauté marmoréenne), un héros beau et fort (les Français Georges Marchal et Henri Vidal), un méchant charismatique (Michel Simon). Un an plus tard, Marcel L'Herbier et Paolo Moffa s'associent pour une production franco-italienne, une autre version de Les Derniers Jours de Pompéi, avec l'excellente Micheline Presle (dont ce n'est pas le film le plus marquant), Georges Marchal encore, et Marcel Herrand en méchant bien sûr.

Les conditions semblent réunies pour que le péplum retrouve une place au premier plan du cinéma mondial. Il ne manque plus qu'une étincelle pour que l'incendie de Rome renaisse d'un éclat nouveau.

Années 1950-1960 : le second âge d'or du péplum

Sources principales : Dictionnaires du cinéma de Jean Tulard et imdb

Hollywood sur Tibre : des Américains à l'heure européenne (1951-1968)

La renaissance du péplum

C'est à Cinecitta que s'opère la renaissance du péplum italien grâce aux Américains. En 1951 se déroule à Rome le tournage d'une nouvelle version de Quo Vadis ?, signée par Mervyn LeRoy avec Robert Taylor et les Britanniques Deborah Kerr et Peter Ustinov - une renaissance placée sous le signe des premiers martyrs dans la Rome antique. Le triomphe de Quo Vadis ? lance la mode du péplum à Hollywood durant plus de dix ans, et sacre Cinecitta capitale du cinéma américain. D'ailleurs, à plusieurs reprises des cinéastes italiens et américains collaborent ; les productions, les distributions et les équipes techniques sont internationales : grâce au péplum américain, Rome devient la capitale la plus cosmopolite du cinéma.

Ombres portées

Dans le sillage de LeRoy, des cinéastes prestigieux de Hollywood s'attellent au genre : le vétéran Henry King avec David et Bethsabée (1951) reprend la recette de Samson et Dalila, comme plus tard un autre vétéran, King Vidor, pour son dernier film (pas le meilleur) : Salomon et la reine de Saba (1959) ; Frank Borzage, encore un vétéran, finira également sa carrière sur un péplum biblique - Simon le pêcheur - en 1959 ; Cecil B. DeMille, le pape du péplum américain, tourne un remake en 1956 de son film Les Dix Commandements sorti en 1923, également dans le registre biblique ; le péplum américain à ce moment est plus que jamais une course au gigantisme : Les Dix Commandements rivalise en nombre de figurants avec La Terre des pharaons de Howard Hawks, sur un scénario notamment signé par William Faulkner et dont le tournage a fait l'objet d'un livre de Noël Howard, Hollywood sur Nil (La Terre des pharaons relate l’épopée de la construction titanesque de la pyramide de Khéops). William Dieterle (Salomé en 1953) et Michael Curtiz (L'Égyptien d'après le roman de Mika Waltari en 1954 - trente ans après L'Esclave reine) complètent ce groupe de cinéastes déjà anciens, pour la plupart inexpérimentés dans le genre du péplum jusque dans les années 1950.

Passage obligé ?

Parmi les "outsiders", en 1954 Delmer Daves réalise Les Gladiateurs, la suite (au succès moindre) de La Tunique de Henry Koster (premier film en Cinémascope, 1953), et Douglas Sirk met en scène Le Signe du païen, qui traitent tous des débuts du Christianisme ; Robert Rossen s'attaque à la biographie d'Alexandre le Grand en 1956 ; plus tard William Wyler, avec son fameux Ben Hur de (1959), évince le souvenir de son prédécesseur de 1926. Tous témoignent pareillement des fastes érotiques, artistiques et/ou athlétiques du Hollywood d'alors. Jules César de Joseph Mankiewicz (1953) n'appartient pas à cette veine spectaculaire, sobre adaptation de la pièce de Shakespeare. Autre adaptation théâtrale : Androclès et le lion de George Bernard Shaw par Chester Erskine est tourné la même année.

D'autres metteurs en scène s'illustrent dans le genre, parfois dans des productions européennes : Richard Thorpe relance la carrière de Lana Turner (très dévêtue en prêtresse de l'amour) dans Le fils prodigue en 1955 alors que Les Péchés de Jézébel de Reginald Le Borg (1953) n'aura pas d'impact notable sur celle de Paulette Goddard ; Richard Fleischer dirige l'excellent Barabbas, avec un Jack Palance halluciné et hallucinant, Robert Wise Hélène de Troie avec, dans un rôle secondaire, la débutante Brigitte Bardot, et Jean Marais joue dans Ponce Pilate d'Irving Rapper ; ce dernier dirige également L'Esclave du pharaon, à propos de Joseph et ses frères, associé à un réalisateur italien ; Esclaves de Babylone de William Castle (1960) et La Princesse du Nil de Harmon Jones (1955, avec le couple magnifique formé par Debra Paget et Jeffrey Hunter) explorent également les hauts lieux de la haute antiquité. Rudolph Maté et Jacques Tourneur s'attachent respectivement aux batailles des Thermopyles et de Marathon (avec le culturiste Steve Reeves en héros grec) en 1962 et 1960. Rome enfin inspire au Britannique Victor Saville Le Calice d'argent (qui marque les débuts de Paul Newman en 1954) et à André De Toth L'Or des Césars en 1964.

Gravité et fantaisie

Le péplum, loin d'être réduit à un simple divertissement, continue d'attirer les grands directeurs jusqu'au début des années 1960. En 1960, Stanley Kubrick livre le spectaculaire Spartacus et son héros et producteur Kirk Douglas tente de faire disparaître la version italienne antérieure, mise en scène par Riccardo Freda ; la même année Raoul Walsh met en image l'épisode biblique d'Esther, avec l'Anglaise Joan Collins ; l'année suivante, Nicholas Ray raconte Jésus dans Le Roi des rois, et Robert Aldrich reprend ou supervise (suivant les sources) le tournage de Sodome et Gomorrhe, co-signé par le jeune Sergio Leone. À côté s'esquissent des veines parodique et fantastique avec, d'une part la comédie musicale La Chérie de Jupiter réalisée par George Sidney (avec Esther Williams) et Le Forum en folie du Britannique Richard Lester, avec Buster Keaton en guest star, d'autre part Jason et les Argonautes de Don Chaffey qui bénéficie du merveilleux art de Ray Harryhausen.

La condamnation

Les échecs successifs - et relatifs - du Cléopâtre de Mankiewicz, en 1963 (au tournage épique entamé par Rouben Mamoulian - qui abandonne ensuite le cinéma - et un des sommets du star system) et de La Chute de l'empire romain, d'Anthony Mann en 1964 (qui inspira Gladiator), films luxueux devenus des classiques, entraînent la chute du péplum à Hollywood ; le genre mettra quatre décennies pour se relever.

Les monumentaux La Plus Grande Histoire jamais contée de George Stevens (1965, avec Max von Sydow en Jésus) et La Bible de John Huston (1966, avec Ava Gardner en Sarah et Peter O'Toole en Ange), qui ambitionnent de restituer l'Ancien et le Nouveau Testaments, passeront presque inaperçus... Pareillement, Le Dernier Romain sort en 1968 dans l'indifférence générale, malgré la présence à son générique du réalisateur Robert Siodmak et, face au britannique Laurence Harvey, de Orson Welles et Sylva Koscina dans les rôles de l'empereur Justinien et de sa femme Théodora.

Clichés

La recette basique du péplum américain a été fixée par DeMille : beau héros, musclé de préférence (Gregory Peck, Stephen Boyd, Charlton Heston, Yul Brynner, Marlon Brando), belle héroïne, une bombe de préférence (Debra Paget, Rita Hayworth, Susan Hayward, Elizabeth Taylor, les Britanniques Jean Simmons et Claire Bloom, les Italiennes Silvana Mangano, Sophia Loren et Gina Lollobrigida, les Françaises Ludmila Tchérina, Danielle Darrieux, Anouk Aimée et Mylène Demongeot), action spectaculaire (orgies, batailles), décors et costumes somptueux. Les comédiens britanniques y ont généralement une place réservée (le crédit shakespearien), tradition conservée aujourd'hui : ainsi John Gielgud, Charles Laughton, Laurence Olivier, James Mason, Rex Harrison, Stewart Granger, Alec Guiness, George Sanders, Richard Burton ont été mis à contribution.

Cinecitta bis : l'Italie antique à la tête du monde (1952-1965)

Le péplum traditionnel

Les premiers triomphes

C'est Riccardo Freda, en maître du cinéma populaire, qui livre le premier son Spartacus en 1952, un de ses chefs d'oeuvre, avec le magnifique Massimo Girotti. La même année Gino Cervi incarne Néron dirigé par Primo Zeglio. L'année suivante est placée sous le signe de la femme avec Phryné de Mario Bonnard et la splendide Théodora, impératrice de Byzance de Freda, avec son épouse, la non moins splendide Gianna Maria Canale, dans le rôle titre. 1954 est marqué par les compositions de Kirk Douglas dans le très réussi (mais incomplet) Ulysse de Mario Camerini et d'Anthony Quinn dans Attila de Pietro Francisci, un des maîtres du péplum. A côté, la débutante Sophia Loren, partenaire d'Alberto Sordi dans Deux Nuits avec Cléopâtre de Mario Mattoli (sur un scénario d'Ettore Scola), peine encore à s'imposer - elle sera aussi Aïda d'après Verdi, grimée en noir et doublée par la Tebaldi.

Vogue

Une vogue est lancée : les Français Georges Marchal, Ludmila Tchérina, Sylvie, Henri Vidal, la Grecque Irène Papas font des sauts répétés dans le genre ou des incursions exceptionnelles. En 1955 la rousse américaine Rhonda Fleming s'illustre en Sémiramis sous la direction de Carlo Ludovico Bragaglia, qui dirigera plus tard Victor Mature dans Hannibal et Louis Jourdan et Nicole Courcel dans Les Vierges de Rome. Sous le signe de la croix (1956), Sous le signe de Rome (1958), les deux de Guido Brignone (avec la participation non créditée de Michelangelo Antonioni sur le second), Aphrodite de Fernando Cerchio et Victor Tourjansky mettent en vedette les plus belles femmes de l'écran : Canale, Anita Ekberg en Zénobie, Belinda Lee, Sous le signe de Rome révèle la danseuse cubaine Chelo Alonso... Elles ont pour partenaires Jacques Sernas ou Girotti ; ce dernier interprète Hérode le Grand de Genoino et participe au Judith et Holopherne de Cerchio. La fin des années 1950 est marquée cependant par le succès des Travaux d'Hercule de Pietro Francisci (1958), réussite parfaite qui lance le "style culturiste" : l'Américain Steve Reeves demeure à ce jour le meilleur Hercule. Dès lors ce genre ou sous genre ressuscité va tendre à éclipser (parfois par le nombre) le péplum traditionnel.

La guerre des péplums

Celui-ci résiste ! En 1959, tandis que Reeves et Chelo Alonso forment le couple le plus hot de l'écran dans La Terreur des barbares du vétéran Carlo Campogalliani, Vittorio Cottafavi, un autre maître du péplum, donne le très beau Les Légions de Cléopâtre avec Linda Cristal, et dirige Belinda Lee en Messaline... L'année suivante, c'est l'explosion.

L'explosion des femmes en réalité : un comble pour un genre réputé machiste ! Canale dans La Reine des Amazones de Vittorio Sala, face à Rod Taylor et Dorian Gray (!), Debra Paget dans La Vallée des Pharaons de Cerchio, Tina Louise dans Sapho de Francisci, Rhonda Fleming dans La Révolte des esclaves de Nunzio Malasomma, Jeanne Valérie dans le Salammbô de Sergio Grieco (avec Sernas, ex Pâris), Rossana Podesta (ex Hélène) dans L'Esclave de Rome de Grieco encore. Cornel Wilde, dans Constantin le Grand de Lionello De Felice, paraît bien isolé. Dans le même temps, Girotti rejoint les Argonautes dans Le Géant de Thessalie de Freda ; un autre vétéran, Carmine Gallone, digne rival de Freda ou Blasetti, signe Carthage en flammes avec Pierre Brasseur et Daniel Gélin ; le jeune Sergio Leone filme Le Colosse de Rhodes avec Léa Massari et le Canadien Rory Calhoun. John Drew Barrymore, héritier de la dynastie, Serge Gainsbourg, Ricardo Montalban, Ettore Manni, Edmund Purdom (Le Fils prodigue à Hollywood), Fernando Rey, Dario Moreno, Michel Piccoli se coudoient sur les plateaux surchargés...

Essoufflement

A partir de 1961-1962, la production de péplums traditionnels baisse, submergée par les culturistes. Elle réserve encore de beaux moments puisque ces années là Silvio Amado et Alberto De Martino donnent leurs versions respectives des légendes de Thésée et Persée ; Mario Costa orchestre La Bataille de Corinthe tandis que Sergio Corbucci illustre l'histoire de Romulus et Rémus avec les culturistes Reeves et Gordon Scott. Le maître Francisci réunit Rossano Brazzi, Tina Louise, Sylva Koscina (sacrée star depuis Les Travaux d'Hercule) et Gino Cervi dans La Charge de Syracuse et l'apprenti Leone co-signe Sodome et Gomorrhe avec encore une distribution internationale : Stewart Granger, Anouk Aimée, Stanley Baker et Rossana Podesta. Campogalliani traite lui de Byzance dans Le Glaive du conquérant avec l'extraordinaire Jack Palance et la belle Eleonora Rossi Drago.

Autres beautés illustrées dans le péplum : Dominique Wilms, Rosanna Schiaffino, Virna Lisi, Pascale Petit (la Cléopâtre de Tourjansky et Piero Pierotti)... Autres vedettes américaines présentes : Howard Duff dans Foudres sur Babylone d'Amadio, Cameron Mitchell dans Jules César d'Amerigo Anton (un pseudonyme de plus), Jeanne Crain dans Néfertiti de Cerchio (où figure également Vincent Price), Alan Ladd dans Les Horaces et les Curiaces réalisé par Ferdinando Baldi et le Britannique Terence Young - des stars souvent en fin de course certes, mais un prestige demeure. Baldi, adepte du duo, co-signe également, avec Richard Pottier, David et Goliath. Il signera encore (et seul) en 1965 Le Fils de Cléopâtre. Peut-être a-t-il été le fossoyeur du péplum traditionnel (à définir...) en Italie...

Chute

Une autre Sémiramis (Yvonne Furneaux dirigée par l'initiateur Zeglio) ou Les Derniers Jours d'Herculanum selon Parolini ne changeront pas la donne : l'hémorragie a dopé le péplum musculeux, mais aussi le western, le policier et le thriller, le fantastique et l'horreur. Les réalisateurs et les interprètes sont souvent les mêmes. Les scénarios ne sont pas meilleurs ou pires, les budgets sont toujours souvent modestes, les chefs-d'œuvre jalonnent une production populaire foisonnante…

Renouveau enterré

Un des grands succès de 1961 est Les Titans de Duccio Tessari, péplum atypique salué par la critique et qui sort du circuit traditionnellement dévolu au genre. La distribution est aussi internationale : Antonella Lualdi et Giuliano Gemma, Pedro Armendariz et Jacqueline Sassard. Mais le ton est nouveau et n'aura pas ou presque de suite.

Parodies

Contrairement à une idée reçue, le péplum n'a pas si souvent été ridiculisé. Seuls Mario Soldati avec OK Néron (et ce trio de rêve : Walter Chiari, Gino Cervi (deux fois Néron) et la bombe Silvana Pampanini) en 1951, Steno avec Les Week-ends de Néron (qui bénéficie d'une distribution à tomber : Alberto Sordi en empereur tyrannique et ridicule, l'incommensurable Gloria Swanson en Agrippine abusive, Brigitte Bardot en Poppée délectable, Vittorio De Sica en Sénèque...) en 1956, Luciano Salce avec Les Pilules d'Hercule (à la distribution tout aussi alléchante : Nino Manfredi, Sylva Koscina, Francis Blanche et De Sica) en 1960, voire Bragaglia avec Les Amours d'Hercule qui met en vedette le couple formé à la ville par une autre bombe, l'Américaine Jayne Mansfield, et le culturiste Mickey Hargitay, la même année, peuvent prétendre avoir marqué cette voie marginale.

Le péplum musculeux (1958-1964)

Page de publicité d'un magazine américain pour le film Les Travaux d'Hercule de Pietro Francisci (1958.
Le génie de Francisci

Les Travaux d'Hercule de Pietro Francisci, au succès international, révolutionne le péplum en 1958 : le film lance la mode du péplum musclé et sacre stars l'Américain Steve Reeves et Sylva Koscina. Le trio se reforme l'année suivante pour Hercule et la Reine de Lydie auquel participe aussi Sylvia Lopez (épouse de Francis) qui décédera peu après. Erigé en symbole sexuel, Reeves s'illustre au côté de la splendide Chelo Alonso dans La Terreur des barbares de Campogalliani dans le même temps. Si l'acteur culturiste (première vedette de ce type) collectionne les partenaires séduisantes (Mylène Demongeot dans La Bataille de Marathon de Jacques Tourneur en 1960, Gianna Maria Canale dans Le Fils de Spartacus de Sergio Corbucci…), il est aussi abonné aux rôles prestigieux, enchaînant en 1960 La Guerre de Troie de Giorgio Ferroni, Romulus et Rémus de Corbucci avec son premier rival, Gordon Scott, ainsi que Virna Lisi, Sernas et Girotti, en 1961, La Légende d'Énée de Rivalta en 1962...

Tarzan, Goliath et Ulysse

Gordon Scott, ex Tarzan, s'impose dans le rôle du gladiateur Maciste comme le rival d'Hercule (Maciste contre le fantôme de Corbucci et Giacomo Gentilomo avec Canale et Sernas, Le Géant à la cour de Kublai Khan de Freda avec Yoko Tani et Valery Inkijinoff) mais marche aussi sur les plates bandes de son prédécesseur Steve Reeves (Hercule contre Moloch de Ferroni en 1961, Hercule, héros de Babylone (dans la version originale le fils d'Hercule) de Siro Marcellini avec Geneviève Grad en 1963, Hercule et la Princesse de Troie à la télévision en 1965). La star incarne aussi Goliath et Coriolan, et dans un registre différent (quoique...) Jules César face à Pascale Petit.

Le genre connaît une production très importante de 1960 à 1964. Les films, parfois avec un budget très limité, sont construits autour d'intrigues très simples dominées par la figure du héros, incarnation du bien et doté d'une force physique surhumaine. De véritables franchises s'organisent : Hercule, Maciste, Ursus, Samson, Goliath, les gladiateurs… Le fantastique et la fantasy imprègnent de poésie les décors naturels étranges et la naïveté assumée des représentations, grâce à une photo souvent recherchée - en tout cas dans les meilleurs des cas.

Les héros musclés se multiplient au même rythme que les « acteurs » apparaissent, à commencer par Kirk Morris (l'ex-gondolier Adriano Bellini) qui interprète Le Triomphe de Maciste en 1961 et Samson l'Invincible en 1963 (avec Margaret Lee), les deux signés par Amerigo Anton, et travaille avec les meilleurs réalisateurs du genre : Riccardo Freda pour Maciste en enfer (1962) et Francisci pour Hercule, Samson et Ulysse en 1964.

Vampires et Mongols

Les Britanniques Reg Park (Hercule à la conquête de l'Atlantide de Cottafavi, Hercule contre les vampires de Mario Bava - avec également Christopher Lee en 1961) et Joe Robinson (Taur le roi de la force brutale (!) d'Antonio Leonviola en 1962), le blond Américain Ed Fury (Maciste (Ursus dans la version originale) dans la vallée des rois de Bragaglia en 1961, Maciste à la cour du Cheikh de Domenico Paolella en 1962, Ursus dans la Terre de Feu de Giorgio Simonelli en 1963, Ursus/La Fureur d'Hercule de Campogalliani avec Moira Orfei – quel beau nom…), Mark Forrest (Maciste face à Chelo Alonso dans Le Géant de la vallée des rois de l'inépuisable Campogalliani, Maciste l'homme le plus fort du monde de Leonviola en 1962, Maciste contre les Mongols de Paolella et Maciste et les Cent Gladiateurs de Mario Caiano en 1964, La Vengeance d'Hercule de Cottafavi face à Broderick Crawford, Hercule contre les fils du Soleil d'Osvaldo Givirami, production italo-espagnole à laquelle participe Giuliano Gemma, vedette des Titans de Tessari) - Forrest profite de sa carrière italienne pour étudier l'opéra et l'enseignera ensuite à Los Angeles -, les Californiens Gordon Mitchell (Maciste contre le Cyclope - et dans les bras d'Alonso - de Leonviola en 1960, La Colère d'Achille de Marino Girolami en 1962, au côté du Français Jacques Bergerac, La Terreur des Gladiateurs de Ferroni avec Pierre Cressoy et Philippe Hersent, après Les Dix Commandements en 1956 et avant le Satyricon de Fellini) et Reg Lewis (Maciste contre les monstres de Quattrini Mazelli en 1962 avec la Britannique Margaret Lee), Mike Lane né à Washington (Ulysse contre Hercule de Caiano, face à Georges Marchal), le Canadien Samson Burke (La Vengeance d'Ursus de Luigi Capuano en 1961), Brad Harris de l'Idaho (Hercule se déchaîne et Samson contre Hercule de Gianfranco Parolini, les deux avec Serge Gainsbourg en 1961), Roger Browne (Mars dans Vulcain, fils de Jupiter et Le Fils d'Hercule contre Vénus en 1962, qui tourne ensuite Les Dix Gladiateurs de Parolini), Alan Steel avec Pierre Brice et Massimo Serato dans Maciste contre Zorro d'Umberto Lenzi, Rock Stevens dans Goliath à la conquête de Bagdad et Dan Vadis dans Ursus gladiateur rebelle, les deux dirigés par Leonviola, marquent le genre par leurs exploits fantaisistes, occasionnels ou répétés.

Autres voies

Dès 1963, les variations fantastiques de Jason et les Argonautes de Don Chaffey, ont initié la Fantasy au cinéma, ancêtre des futurs Conan le Barbare et autres Kalidor des années 1980.

Mais avec la sortie de Pour une poignée de dollars en 1964, le western spaghetti remplace le péplum, et le genre pourtant prolifique disparaît brusquement des écrans. Il survit dans des conditions précaires : ainsi en 1984 Lou Ferrigno endosse la panoplie du roi du péplum musclé dans Hercule de Luigi Cozzi dit Lewis Coates.

Les paysages brûlés d'Almeria en Espagne deviennent le cadre habituel des westerns européens voire américains. S’y déroulent également, tout ou partie, Le Roi des rois de Ray, Cléopâtre de Mankiewicz, Saül (Bible)Saul et David de Baldi... Le forum romain dans La Chute de l'Empire romain de Mann est reconstitué à Madrid. Le tournage des Vierges de Rome, de Cottafavi, Bragaglia et Robert Vernay, s'effectue entre Belgrade et Epinay... Des ruines romaines situées en Algérie apparaissent dans L'Ane d'Or de Sergio Spina[8]... La désaffection du public et des auteurs envers le péplum touche l'Italie, tant le genre et le pays paraissent, une fois de plus, liés.

Les films d'auteurs (années 1960)

Comme Joseph Mankiewicz avec Jules César, le cinéaste grec Michael Cacoyannis explore une veine mineure du péplum en adaptant trois pièces d'Euripide, avec pour actrice fétiche la tragédienne Irène Papas : Électre en 1962, Iphigénie en 1977 et Les Troyennes en 1971, ce dernier doté d'une distribution royale : l'Américaine Katharine Hepburn, la Britannique Vanessa Redgrave et la Canadienne Geneviève Bujold.

Si Cacoyannis acquiert une renommée internationale, la fresque antique et amorale du Satyricon de Fellini mise en scène en 1969 et inspirée du roman attribué à Pétrone, courtisan condamné à mort par Néron, est l'un des plus grands films du maestro. L'année précédente, Gian Luigi Polidoro avait réalisé sa propre version du Satyricon, plus modeste, qui réunissait Tina Aumont, Ugo Tognazzi et Valérie Lagrange. Sous le signe du scorpion des frères Taviani, amateurs de péplum ainsi qu'ils l'ont montré dans Good Morning, Babylon, se situant dans un temps indéterminé, se rattache cependant au péplum.

Pier Paolo Pasolini, autre grand nom du cinéma italien qui avait déjà adapté L'Évangile selon saint Matthieu en 1964 (avec Enrique Irazoqui en Jésus), exploite pareillement le péplum, recréant une antiquité crédible à partir de folklores d'Afrique et d'Asie : Médée offre à Maria Callas son seul rôle au cinéma (et quel rôle !) en 1969, et dans Oedipe Roi (1967), d'après Sophocle, Silvana Mangano ex-Pénélope interprète Jocaste.

Jerzy Kawalerowicz, compatriote de Henryk Sienkiewicz, donne en 1966 un superbe Pharaon qui relate les affrontements entre Ramsès XIII et les prêtres de sa capitale.

Ces films, malgré leur réussite et leur retentissement critique, demeurent des exceptions, presque des exercices de style, à la façon du film de Jean-Luc Godard, Le Mépris (1963), qui met en scène Fritz Lang sur le tournage d'un péplum (L'Odyssée) tandis que le producteur de film, interprété par Jack Palance, est surtout intéressé par la présence de belles actrices en naïades dénudées.

Trois décennies de purgatoire

Décadence

La vague des films érotiques dans les années 1970 récupère le genre : les orgies romaines sont le cœur de ces films et Caligula y est souvent mis en scène. Messaline, Impératrice et Putain de Sergio Corbucci sort en 1977 et, en 1979, le festival de Cannes découvre avec stupeur Caligula de Tinto Brass, qui bénéficie d'un budget important et d'une distribution britannique particulièrement brillante : Malcolm McDowell dans le rôle-titre, Helen Mirren, Peter O'Toole en Tibère, John Gielgud en Nerva… De nombreux péplums érotiques sont produits jusque dans les années 1980 et la Rome antique demeure un cadre classique pour les films pornographiques.

Intermittences

Les classiques

Malgré sa disgrâce, le péplum continue de hanter le cinéma de loin en loin. Certains interprètes semblent avoir du mal à décrocher... 21 ans après le Marc Antoine de Bradley, Charlton Heston, ex-Ben Hur et Moïse, devient Jules César sous la direction de Stuart Burge (1970). Le film n'aura pas davantage de retentissement que L'Assassinat de Jules César de Raul Araiza avec Anthony Quinn et Irène Papas, tourné deux années plus tard.

La même année, Carmelo Bene, acteur chez Pasolini, filme Salomé d'après Oscar Wilde (non crédité). Sa pièce est d'ailleurs la seule pièce "antique" qui semble avoir les honneurs d'adaptations régulières, par Clive Donner en 1973, par Pedro Almodovar en 1978 (court métrage), et surtout par Claude D'Anna en 1986.

Entre respect et transgressions

Les prophètes des trois monothéismes font aussi l'objet de films : Le Message de Mustapha Akkad (1976), production britannique, libanaise et libyenne, raconte les débuts de l'Islam ; la même année, Moïse de Gianfranco De Bosio, tourné pour la télévision, offre à Burt Lancaster l'occasion de rivaliser avec Heston ; enfin Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli (1977, co-écrit par Anthony Burgess) fait de Robert Powell l'incarnation la plus connue du Christ - avec Anne Bancroft en Marie-Madeleine. Deux années plus tard, Peter Sykes et John Krisch mettent en scène Jésus/Le Film Jésus, projet atypique qui respecte scrupuleusement le texte de l'évangile selon Saint Luc, avec le Britannique Brian Deacon dans le rôle principal.

Plus iconoclaste, le péplum biblique et insolent Le Larron de Pasquale Festa Campanile (1981) renoue avec l'humour sans sombrer dans la parodie. Dans un autre registre, Le Choc des Titans de Desmond Davis la même année, avec Harry Hamlin en Persée, entouré par sa compagne Ursula Andress (Aphrodite forcément), les Britanniques Laurence Olivier en Zeus idéal et Claire Bloom en Héra parfaite (selon la recette américaine), malgré son succès, ne connaîtra pas plus de descendance...

Succès et désastre

Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ de et avec Jean Yanne (et Michel Serrault en Jules César et Coluche en Ben Hur) (1982) rend compte du délabrement du genre pour le grand public. En 1984, la courageuse tentative de Bruce Beresford et Richard Gere de ressusciter le péplum hollywoodien s'achève en désastre critique et financier, et l'échec de Le Roi David condamne encore le genre à quinze années d'exil et de confidentialité, du moins sur grand écran.

Censure et esthétisme

Martin Scorsese adapte le livre polémique de Nikos Kazantzakis, La Dernière Tentation du Christ en 1988, et le film, avec David Bowie en Ponce Pilate, suscite des menaces lors de sa sortie en salles. En 1994, L'Émigré, interdit par la censure islamiste, constitue l'unique incursion de l'Égyptien Youssef Chahine dans l'Antiquité, trois ans avant Le Destin qui se déroule au Moyen Âge (également interdit). En 1996[réf. nécessaire] sort discrètement Néfertiti, la fille du soleil de Guy Gilles (que celui-ci a eu du mal à financer), avec Ben Gazzara en Aménophis III et Antonella Lualdi en reine Tiyi (selon la recette italienne).

Télévision

Les joyaux des années 1970

La monumentale série télévisée européenne L'Odyssée réalisée par Franco Rossi (et Mario Bava pour l'épisode Polyphème) et produite par Dino De Laurentiis (qui vit les choses en grand) n'a pas non plus lancé un vaste mouvement sur le petit écran. L'Italie, la France, l'Allemagne et la Yougoslavie s'associèrent en 1968 pour produire cette série remarquable. L'Albanais Bekim Fehmiu tenait le rôle d'Ulysse, surclassant Kirk Douglas, la Grecque Irène Papas, habituée du genre, reprenait le personnage de Pénélope ; les Français Renaud Verley (Télémaque) et Juliette Mayniel (Circé) – autre habituée –, et l'Américaine Barbara Bach, en Nausicaa de rêve, complétaient ce casting trois étoiles.

Il faut attendre 1976 pour que le Britannique Herbert Wise donne un autre chef-d'œuvre du péplum à la télévision. Moi Claude empereur, d'après le roman de Robert Graves Moi, Claude, adapte de façon théâtrale les intrigues familiales de la dynastie julio-claudienne. Autour de Derek Jacobi dans le rôle-titre gravitent notamment Siân Phillips (en vénéneuse impératrice Livie) et John Hurt en Caligula

L'année suivante, en France, le roman de Maurice Genevoix, Vaincre à Olympie, est adapté sur le petit écran, avec des habitués du genre : Jean Marais et Georges Marchal, jeunes premiers rivaux des années plus tôt.

Les années 1980 : entre politique et glamour

Encore quelques années et Masada de Boris Sagal marque l'année 1980 : Peter O'Toole forme le couple vedette avec la magnifique Barbara Carrera, et Anthony Quayle apporte une caution supplémentaire comme Britannique et shakespearien. Comme plus souvent qu'on ne le souligne dans le péplum, les implications politiques du sujet sautent aux yeux, et la distance temporelle facilite les transpositions.

En 1984 Peter Hunt remporte un beau succès grâce à l'inusable roman de Bulwer Lytton avec la série télévisée Les Derniers Jours de Pompéi : Lesley-Anne Down et le musclé Duncan Regehr sont les révélations hot de la saison, Olivia Hussey, ex-Juliette chez Franco Zeffirelli, Laurence Olivier apportent leur sérieux, l'Italien Franco Nero fournit l'exotisme en composant un Égyptien fourbe. Cette télésuite est sans conteste une des meilleures adaptations du roman. L'année suivante, une autre série à gros budget semble annoncer une nouvelle vague de péplums : Anno Domini (à laquelle collabore le grand écrivain Anthony Burgess) qui concerne également les débuts du christianisme offre à Michael Wilding Jr., fils de Michael Wilding et Elizabeth Taylor, le rôle de sa vie : Jésus ; les Britanniques Anthony Andrews (un Néron d'anthologie) et James Mason, les Américaines Ava Gardner - hallucinante en Agrippine - et Jennifer O'Neill (irrésistible Messaline), l'Espagnol Fernando Rey en impeccable Sénèque donnent une idée de cette autre réussite télévisée.

Hélas la vague annoncée vient mourir et le péplum survit à la télévision surtout à travers la fantasy et des héros et héroïnes surhumains, Hercule ou Xéna.

Les pieuses années 1990

1994 marque le début d'une série de films mettant en scène l'Ancien Testament : Abraham de Joseph Sargent avec Richard Harris, Barbara Hershey en Sarah et Maximilian Schell en Pharaon, et Jacob de Peter Hall avec Matthew Modine, Lara Flynn Boyle en Rachel et l'incontournable Irène Papas en Rébecca, sont suivis l'année suivante par Ben Kingsley en Moïse et Christopher Lee en Ramsès, ainsi que Monica Belucci en reine d'Egypte face à Martin Landau (Jacob) dans Joseph, les deux téléfilms réalisés par Roger Young. Nicolas Roeg signe une nouvelle adaptation de Samson et Dalila en 1996, avec Eric Thal et Elizabeth Hurley dans les rôles titres, Dennis Hopper et Diana Rigg en compléments. En 1999 L'Arche de Noé de John Irvin offre à Jon Voight un rôle monumental et à James Coburn une participation originale.

La même année, Franc Roddam livre une énième Cléopâtre, où le James Bond shakespearien Timothy Dalton prête ses traits à Jules César et Billy Zane les siens au séducteur Marc Antoine, et Roger Young encore signe Jésus avec Jeremy Sisto dans le rôle principal, Armin Mueller-Stahl en Joseph, Jacqueline Bisset en Marie et Gary Oldman en Ponce Pilate ; en France, Serge Moati choisit Arnaud Giovaninetti pour incarner le Christ dans Jésus.

Années 2000 : la renaissance du genre

La maquette du cheval de Troie utilisée pour le film Troie de Wolfgang Petersen, conservée à Çanakkale.

Les Anglo-Saxons ne partagent plus

En 2000, Gladiator, de Ridley Scott, librement inspiré de La Chute de l'empire romain d'Anthony Mann, remporte un vif succès au box-office et suscite un regain d'intérêt pour les films à sujet antique[9]. Russell Crowe s'installe dans la mythologie du genre, ainsi que Joaquin Phoenix en empereur dément ; Richard Harris, Oliver Reed et Derek Jacobi cautionnent l'aventure de leur stature britannique. L'année suivante, le Quo Vadis ? de Jerzy Kawalerowicz (35 ans après Le Pharaon) n'obtient pas la même audience. Ce sera le dernier film du grand réalisateur polonais. L'Enquête sacrée/L'inchiesta (2006) de l'Italien Giulio Base, co-écrit par Suso Cecchi d'Amico, avec quand même Dolph Lundgren, Ornella Muti (Marie-Madeleine), F. Murray Abraham, Max von Sydow (ex-Jésus) en Tibère, Enrico Lo Verso en saint Pierre – et le réalisateur, non crédité, en Lazare –, ne déplacera pas davantage les foules.

En 2004 sont sortis sur les écrans deux nouveaux blockbusters américains : Troie de Wolfgang Petersen, librement inspiré de l’Iliade (les stars se bousculent, Brad Pitt dans le rôle d'Achille en tête, Julie Christie et Peter O'Toole en Priam cautionnent) et Alexandre d'Oliver Stone, nouvelle adaptation de la vie d'Alexandre le Grand, avec Colin Farrell dans le rôle du conquérant, Angelina Jolie succédant à Danielle Darrieux, et Anthony Hopkins en autorité de la vieille Angleterre.

Vers plus de réalisme

Troie, malgré son sujet mythologique, tend vers le film historique en prenant le parti de réduire à la portion congrue les apparitions des dieux et les épisodes merveilleux de la guerre de Troie. Ce parti pris est également celui des films Le Roi Arthur d'Antoine Fuqua (2004, avec Clive Owen, Keira Knightley et Stellan Skarsgard) et La Dernière Légion de Doug Lefler (2007, avec Colin Firth et Ben Kingsley), qui s'inspirent des fondements historiques de la légende arthurienne pour mettre en scène les aventures du roi Arthur au temps de la chute de l'empire romain.

Dans un autre registre, La Passion du Christ écrit et réalisé par Mel Gibson, par sa représentation réaliste des souffrances de la Passion, crée l'événement et devient un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma ; au côté de Jim Caviezel, Monica Belucci compose une bien belle Marie Madeleine.

Gore et fantasy

En 2007, 300, de Zack Snyder, adapte à l'écran le roman graphique éponyme de Frank Miller, qui s'inspire très librement de la bataille des Thermopyles pour composer un récit d'action fantastique à l'esthétique gore ; une nouvelle fois, le film obtient un large succès au box-office. En 2010, Le Choc des Titans de Louis Leterrier, remake du film de 1981 réalisé par Desmond Davis, voit le retour des dieux et des créatures de la mythologie grecque sur le grand écran : Liam Neeson compose Zeus et Ralph Fiennes son frère Hadès.

Pour un péplum féminin

Alejandro Amenabar surprend la critique en 2009 avec Agora, péplum plus proche des préoccupations intellectuelles du Cléopâtre de Joseph Mankiewicz que de l'action trépidante et virile de ses contemporains. Le film marque aussi le retour au péplum féminin.

Une biographie de la reine d'Égypte Néfertiti avec Halle Berry, réalisée par Marc Forster, est annoncée.

Télévision

Dans le même temps, le genre revit à la télévision, par le biais des téléfilms, des docu-fictions, puis des séries, à sujets antiques, historiques ou mythologiques.

En 2000, le téléfilm Jason et les Argonautes de Nick Willing relate la quête de la toison d'or par les Argonautes ; Derek Jacobi et Dennis Hopper sont embarqués dans l'aventure, qui éveille un certain écho. Mais en 2002, malgré l'immense Richard Harris en apôtre Jean, L'Apocalypse de Raffaele Mertes (qui se déroule sous l'empereur Domitien) ne fait pas de miracle pour le péplum.

En 2003 Hélène de Troie de John Kent Harrison relate la vie d'Hélène et la guerre de Troie, avec Rufus Sewell, John Rhys-Davies en Priam et Stellan Skarsgard en Thésée. En 2004, Robert Dornhelm réalise Spartacus, diffusé sur USA Network, avec Goran Visnjic dans le rôle-titre et le parrainage d'Alan Bates. Un docu-fiction consacré à l'éruption du Vésuve en 79, Le Dernier Jour de Pompéi, est réalisé en 2003 par Peter Nicholson pour la BBC, il suscite un large intérêt, tant public que critique.

C'est à partir de 2006 que les séries télévisées s'emparent de nouveau de l'Antiquité, avec la prestigieuse (et coûteuse) Rome, qui raconte les dernières années de la République romaine. Co-produite par la BBC britannique et la HBO américaine, elle révèle Kevin McKidd et Ray Stevenson en légionnaires, James Purefoy en explosif Marc Antoine, ainsi que la superbe Indira Varma, qui disparaît malheureusement dans la seconde saison.

En 2010, Sam Raimi participe à la création de Spartacus: Blood and Sand, une nouvelle adaptation détaillée de la vie du gladiateur Spartacus.

Liste de péplums

L'actrice hollywoodienne Theda Bara dans Cléopâtre (1917). Les voiles transparents de l'actrice suscitèrent la controverse à la sortie du film.





Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. Précisé par Claude Aziza et Hervé Dumont, invités de l'émission Deux mille ans d'Histoire consacrée au « Péplum » et diffusée par France Inter le 18 novembre 2009.
  2. Source : émission Concordance des temps diffusée le 4 août 2007 par France Culture.
  3. a et b Dictionnaire Larousse du cinéma français
  4. a et b Jean Tulard, Dictionnaire des réalisateurs
  5. Lillian Gish, Le Cinéma, M. Griffith et Moi
  6. a et b Dictionnaire Larousse du cinéma américain
  7. coffret dvd de la série Moi, Claude
  8. peplums.info
  9. Claude Aziza (2008), p. 117-119.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Péplum de Wikipédia en français (auteurs)

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