Radama

Radama

Radama Ier

Portrait de Radama Ier

Radama Ier (v. 1793 - 27 juillet 1828) est un souverain du royaume Merina, devenu ensuite le premier souverain du Royaume de Madagascar.

Radama ou Laidama qui naquit à Ambohimanga vers 1793 était le fils cadet du roi Andrianampoinimerina, lequel le préféra à son frère aîné Ramavolahy pour lui succéder. Très tôt en effet, son père remarqua ses qualités de meneur d'hommes, au point qu'il n'hésita pas à lui confier le commandement de la première expédition contre le royaume d'Andrantsay, dans le futur Vakinankaratra, alors qu'il était encore adolescent.

Aussitôt sur le trône, après le décès de son père en 1810, Radama dut mener plusieurs expéditions victorieuses contre les Bezanozano, les Sihanaka et des principautés betsileo qui, pensant pouvoir profiter de son inexpérience politique, tentèrent de retrouver pleinement leur indépendance. La preuve était donc faite que l’hégémonie merina était solide et il ne restait plus à Radama qu’à chercher les moyens d’accomplir le testament politique de son père, lui enjoignant de « faire de la mer la limite de ses rizières » (Ny ranomasina no valamparihiko). Autrement dit, d’étendre son autorité jusque dans les régions côtières afin de pouvoir traiter directement avec les puissances européennes. L’occasion de passer à l’action allait lui être fournie par le Royaume-Uni lui-même.

En effet, lors de la signature du Traité de Paris de 1814, la question de la possession de Madagascar par les puissances européennes avait été laissée en instance. Ceci incita Robert T. Farquhar, le gouverneur britannique de l’île Maurice à chercher l’alliance d’une puissance locale pour l'aider à contrecarrer les ambitions françaises. Ayant compris alors que le royaume merina avait seul la possibilité de répondre à ses attentes, il dépêcha auprès de Radama des missions pour le convaincre de prendre possession des principautés de la côte est, pour la plupart tenues en main par des Malato proches de la France et dont la principale activité économique semble avoir été le commerce des esclaves. Ceci paraissait d’autant plus légitime à Farquhar que le Royaume-Uni avait aboli la traite négrière et s’était donnée pour mission d’empêcher les autres nations européennes de poursuivre cette pratique.

C’est ainsi que Radama se rua à la tête de ses troupes sur la côte est pour neutraliser partout la résistance des chefs locaux. Ensuite, le 23 octobre 1817, il signa avec les émissaires britanniques un accord où, en échange de l’abolition du commerce des esclaves avec les Européens, il recevait une assistance pour moderniser son royaume. Il était en outre reconnu d’avance comme le roi de tout Madagascar.

Depuis lors, malgré un malheureux contretemps dû à l’absence momentanée de Robert Farquhar dont les engagements n’avaient pas été respectés par son remplaçant, Radama pouvait s’assurer du soutien britannique pour l’aider à accomplir ses grands desseins.

Le roi Radama Ier passant en revue ses troupes en 1825 d'après un croquis de l'époque.

Pour répandre l’éducation européenne parmi ses sujets, il mit à contribution les missionnaires protestants qui s’installèrent à Tananarive pour ouvrir des écoles (la première commença les cours le 8 décembre 1820 au palais même !) et, par la suite, introduire l’imprimerie. À cette occasion, le 26 mars 1823, il décréta les règles de l’orthographe de la langue merina (devenu le « malgache » pour les Européens) en caractères latins. Il pouvait d’autant plus participer lui-même directement aux travaux avec les missionnaires qu’il maîtrisait l’écriture arabico-malgache (sora-be) depuis longtemps et pouvait aussi communiquer en français (et un peu en anglais). Cependant, en dépit de son étroite collaboration avec les missionnaires, Radama lui-même n'avait adhéré et n'adhèrera jamais à leurs enseignements religieux et, de son vivant, aucun de ses sujets ne s'était ouvertement converti au christianisme. Tout ce qu'il recherchait auprès des Européens était la diffusion de leurs « connaissances profanes ».

Outre l’éducation de base, Radama fit aussi venir nombre d’artisans européens pour ouvrir des écoles professionnelles. Le Roi tenait tellement à encourager le développement de l’enseignement que, à l’occasion, il n’hésitait pas à faire passer lui-même les examens et offrir des récompenses aux plus méritants. Si bien qu’en une dizaine d’années à peine, le nombre des élèves passés par les bancs de l’école durent dépasser 20 000 en Imerina. Plusieurs dizaines d'étudiants furent même envoyés à l'île Maurice et au Royaume-Uni pour poursuivre leurs études.

Entre 1817 et 1820, les troupes de Radama Ier subissent de lourdes pertes (25 000 hommes, soit un homme sur trois, selon la tradition, lors de la deuxième campagne contre le Menabe), ce qui conduit le roi à moderniser son armée qui devient la meilleure de l’île jusqu’à l’invasion française. En 1820, Radama Ier renouvelle le traité avec les Britanniques, et reçoit l’assistance de trois sergents étrangers promus généraux : James Hastie, un Ecossais de l’armée des Indes, Brady, un mulâtre de Jamaïque et Robin, un Français déserteur de la Réunion. Il réduit les effectifs à 15 000 soldats et instaure un double système de recrutement : le volontariat, réservé aux plus riches qui peuvent acheter un fusil et un équipement moderne importé ; la conscription dans certaines provinces, permettant de mobiliser 50% des hommes valides et de renouveler régulièrement les effectifs. Il institue une fiscalité nouvelle imposant les civils (borizano, de bourgeois) et une taxe annuelle. Il fait importer des fusils récents datant des guerres de la Révolution et de l’Empire, des canons et même des chevaux. Il instaure une hiérarchie en dix grades (voninnahitra) et un règlement militaire strict.

Avec l'aide des instructeurs européens et son armée à modernisée, il put bientôt multiplier les campagnes pour obliger les autres souverains de l’île à reconnaître son autorité, afin notamment qu'ils s'abstiennent désormais de traiter directement avec les puissances extérieures. Les seuls princes qui réussirent à s’y soustraire furent ceux des Tanala de l’Ikongo, au territoire enclavé dans la forêt, ceux du pays bara et des régions semi-désertiques de l’extrême-sud, et enfin ceux de l’Ambongo, région également très peu peuplée, sans beaucoup d’intérêt stratégique. Autant dire que l’essentiel de Madagascar, et en particulier tous les ports présentant quelques intérêts, étaient tombés sous son contrôle.

Malheureusement, suite à des infections contractées lors de ses multiples expéditions dans les régions insalubres du littoral, selon les uns, d'excès d'alcool (dans un état de delirium tremens), selon les autres, Radama mourut subitement à Antananarivo le 27 juillet 1828, à l’âge de 36 ans. En l’absence d’un héritier direct susceptible de prendre sa succession, c’est son épouse que l’on fit monter sur le trône sous le nom de Ranavalona (1re).

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