Relations entre la france et l'iran

Relations entre la france et l'iran

Relations entre la France et l'Iran

Relations entre la France et l'Iran
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     Iran      France

Les plus anciennes relations entre la France et l'Iran attestées datent du haut Moyen Âge. Elles ont d'abord un objectif politique et religieux lors des croisades, puis avec l'envoi de missionnaires. Par la suite, les relations franco-iraniennes se développent dans un but plus commercial à partir des Safavides. Entre la Révolution française et la Première Guerre mondiale, de nombreux contacts se nouent entre les deux pays, avec la mise en place d'une influence culturelle française grandissante en Perse. Ces relations sont périodiquement ternies par les manœuvres des grands empires occidentaux (russe et britannique principalement) visant à peser sur le destin de l'Iran, stratégiquement situé sur les routes entre le Proche-Orient et l'Inde. Cependant, depuis la révolution iranienne et le soutien de la France à l'Irak lors de la guerre Iran-Irak, les relations se sont dégradées. Dernièrement, le refus de l’Iran de stopper l’enrichissement de l’uranium, et le fait que la France soutient le renvoi de l'Iran devant le Conseil de sécurité des Nations unies ont encore plus éloigné les deux pays.

Sommaire

Avant 1789

Période pré-safavide

Pendant le haut Moyen Âge, la Perse est surtout connue en Europe à travers des récits bibliques, grecs ou latins. Pendant les croisades, lancées par les Francs, tous les pays musulmans, dont la Perse, sont considérés comme des ennemis de la chrétienté. Les invasions mongoles permettent d'établir des contacts entre l'Orient et l'Occident et la France joue un rôle important à ce sujet. En effet, le but de l'Europe est alors de convertir les Mongols, comme ils l'ont fait plus tôt avec les envahisseurs barbares. Des missionnaires franciscains et dominicains sont envoyés en Perse Il-khanide et des missions sont établies à Sultaniya, Maragha, Tabriz et Tiflis (aujourd'hui Tbilissi).

La majorité des lettres échangées entre les Mongols et les souverains occidentaux contiennent des demandes de soumission. C'est Eljigidei, un chef mongol en Arménie et en Perse qui initie l'ouverture diplomatique en 1248 en écrivant à Saint Louis. Celui-ci en retour envoie le dominicain André de Longjumeau apporter une lettre à Güyük, mais le moine arrive après la mort du Khan (dirigeant, roi en mongol et en turc) et sa veuve et régente, Oghul Qaïmich renvoie l'ecclésiastique sans autre ouverture. Les contacts entre les Francs et les Mongols continuent, sans donner lieu toutefois à une alliance. C'est Oldjaïtou qui relance les relations en écrivant à Philippe le Bel en 1305 pour proposer une alliance contre les Mamelouks[1], une milice d'esclaves affranchis du monde musulman. Alors que les préparations d'une nouvelle croisade s'enlisent, Oldjaïtou lance une attaque infructueuse contre les Mamelouks (13121313). Cette politique est par la suite abandonnée par son successeur, Abu Saïd qui signe le Traité d'Alep avec les Mamelouks en 1322. Alors que la coopération diplomatique est abandonnée, les activités missionnaires, commerciales et les voyages continuent.

Période safavide

Carte représentant l'État safavide entre 1512 et 1722.

L'avènement de Shah Ismaïl (1501) correspond à l'extension de la puissance portugaise dans le golfe Persique et l'océan Indien. Le Shah souhaite alors une alliance avec certains souverains européens pour contrer les Portugais, mais les Français restent absents. En effet, François Ier avait signé en 1536 un traité d'alliance avec Soliman le Magnifique afin de restreindre le pouvoir de Charles Quint, ce qui l'empêche de répondre aux souhaits du Shah. Suite aux invasions des Ottomans dans le nord-ouest de la Perse, en 1547 puis en 1604, les Perses sont forcés de capituler et l'alliance de la France avec les Turcs empêche Henri IV de répondre aux demandes d'ouverture adressées par Shah Abbas Ier.


La première tentative pour établir des relations directes entre la France et la Perse est faite par Louis XIII, qui se sert du prétexte d'envoyer une mission de marchands marseillais pour convaincre Shah Abbas de la volonté du roi de France de servir de médiateur entre la Perse et les Ottomans. Cette mission est menée par Louis Deshayes et a pour but non avoué de réduire l'influence du Portugal (et de l'Espagne, qui est son suzerain entre 1580 et 1640) en Orient. Le Shah allait accorder des privilèges aux Français, comme les droits exclusifs de protéger les catholiques en Perse, des facilités pour établir des missions catholiques et le monopole du commerce sur la route du levant, mais cette mission est rendue impossible par le grand vizir des Ottomans.

Alors que les missionnaires présents en Iran sont surtout des augustins portugais ou des carmélites italiens et espagnols, Richelieu envoie deux moines capucins à la cour de Shah Abbas[2]. Les missionnaires français jouent par la suite un rôle important, en informant les marchands, les voyageurs et les diplomates grâce à leur connaissance poussée de l'Iran. Le plus représentatif de ces missionnaires est le capucin Raphaël du Mans, qui réside à Isfahan de 1647 à sa mort en 1696, qui joue un rôle de traducteur et de négociateur lors de l'établissement de la Compagnie française des Indes, ainsi qu'un rôle d'informateur auprès de Colbert.

La guerre de Succession d'Espagne et les projets pour diminuer la puissance navale de Mascate mettent en sommeil les relations franco-persanes, qui sont renouvelées par la mission de Jean Billon de Canserilles à la cour safavide en 1700. Celui-ci recommande que le commerce avec l'Orient se fasse par la route du Levant. La mission de Billon de Canserilles est suivie par celle de Jean-Baptiste Fabre (qui meurt en route à Erevan) puis celle de Pierre-Victor Michel. Ce dernier réussit à obtenir un traité de capitulation en 1708[3]. Ce premier traité officiel accorde la protection aux missions chrétiennes et facilite le commerce. Des clauses monétaires et une lettre additionnelle promettant le déploiement de navires de guerre français dans le golfe Persique afin de combattre les Omanis sont très avantageuses pour les Persans. Toutefois, la guerre en France et les difficultés rencontrées lors du voyage retardent la ratification du traité à 1712. Le clergé arménien, irrité par le prosélytisme des missionnaires, réussit à faire annuler leurs privilèges qui doivent être renégociés. De plus, malgré les privilèges accordés aux marchands de Saint-Malo, aucun bateau français n'apparaît dans le golfe Persique, ce qui fait douter le gouvernement persan de l'authenticité des lettres remises par les missionnaires au nom de Louis XIV. Mohammad Reza Beg, maire d'Erevan, est envoyé en France, et est reçu en grande pompe par Louis XIV à Versailles le 19 février 1715, ce qui marque le début de nouvelles négociations pour déboucher sur un nouvel accord le 13 août 1715, cette fois-ci plus favorable pour le commerce français[4]. Cependant, avec la chute de la dynastie safavide en 1722, l'accord ne sera pas appliqué et le commerce français en Perse n'augmentera pas. La création de la Compagnie française des Indes orientales (1719), privilégiant la route passant par l'océan limitera par la suite les relations franco-persanes.

Entre la Révolution française et la Première Guerre mondiale

1789 - 1849

Article détaillé : Traité de Finkenstein.

Malgré l'hostilité de Catherine la Grande de Russie vis-à-vis de la Perse et de la Révolution française, l'ascendance des Qajars en Perse ainsi que les changements induits par la révolution en France ne rapprochent pas les deux pays. En 1804, cependant, Fath Ali Shah espère que Napoléon pourra l'aider à récupérer la Géorgie, alors que Napoléon pense que le souverain perse pourrait accélérer la défaite de la Russie et ouvrir la voie vers l'Inde. C'est à ces fins qu'est conclu le Traité de Finkenstein le 4 mai 1807. Mais la volte-face de Napoléon, qui signe le Traité de Tilsit le 7 juillet de la même année, les difficultés rencontrées sur la route de la Perse pour faire parvenir le traité au souverain Qajar et les manœuvres diplomatiques des Britanniques rendent le traité de Finkenstein inopérant. L'inaction des Français par la suite pousse Fath Ali Shah à se tourner vers les Britanniques à la place[5]. En 1811, les relations entre la France et la Perse sont interrompues. Pendant la période qui suit, les relations sont menées par des intermédiaires sans statut diplomatique; par exemple l'Arménien Davoud Khan Malekshah Nazar, qui sert les cours française et perse entre 1802 et 1818[6], les officiers français instruisant les troupes de Abbas Mirza à Tabriz[7] et Madame de la Marinière, française servant de tuteur à certains enfants de la cour[8].

Pendant les règnes de Mohammad Shah (1834-1848) et Louis Philippe (1830-1848), les négociations sont relancées par les persans, dont les relations avec les anglais se détériorent après la perte de Herat (1837). Mirza Hosein Khan est envoyé à la cour française en août 1838 et est reçu par Louis Philippe. La France accepte ensuite de fournir des armes et des instructeurs militaires à l'Iran afin de remplacer les britanniques. En septembre de l'année suivante, Mirza Hossein Khan quitte Paris accompagné d'un souffleur de verre, d'un armurier et de neuf sous-officiers sous le commandement de Henry Boissier[9].

À Téhéran, les Russes sont peu enclins à partager leur influence, et Mohammad Shah s'arrange pour que les officiers français ne reçoivent pas leur solde. La mission quitte la Perse en 1840 mais les liens culturels demeurent forts entre les deux pays. Eugène Bore, envoyé par l'Académie des inscriptions et belles-lettres obtient un firman le 17 mai 1840[10] l'autorisant, ainsi que les lazaristes, à ouvrir des écoles françaises.

Les relations sont rétablies en 1844, cette fois à l'initiative des français, qui veulent signer un traité commercial mais aussi pour protéger les missionnaires lazaristes qui ont été maltraités en Azerbaïdjan. Cette mission débouche sur la nomination de Ernest Cloquet en tant que médecin personnel du Shah en 1846 et la proclamation de décrets visant à protéger les écoles lazaristes fondées afin d'éduquer les Chaldéens d'Iran. Ce renouveau des relations franco-perses est une nouvelle fois arrêté par la chute de Louis Philippe en février 1848, car la Perse ne fait pas partie des priorités de la République. Les condoléances pour la mort de Mohammad Shah (1848) n'arrivent à Téhéran qu'en avril 1849. Par la suite, Amir Kabir, grand vizir de Nasseredin Shah, n'aura pas confiance dans le gouvernement républicain français et rejettera toute tentative de rapprochement, dont un traité commercial en 1848, et oubliera même de payer les employés français du gouvernement persan.

1850 - 1871

Dessin représentant Amin o Dowleh, chef de la délégation perse à la cour de Napoléon III.

Ces deux décennies sont une période de compréhension et d'entente cordiale entre les deux pays, avec des délégations bien établies à Téhéran et à Paris. En 1852, le premier ministre Mirza Aqa Khan Nour Etemad al-Dawleh a besoin d'une puissance médiatrice afin de l'aider à conclure de nouveau une alliance avec les anglais. Le premier ministre perse accepte alors un traité commercial proposé par la France 3 ans plus tard, en juillet 1855. Ce traité est finalisé en 1856 et en octobre 1858, le délégué perse en France revient avec une mission militaire française en Perse[11]. Un an plus tard, un nouveau délégué perse est nommé à Paris; ce délégué est aussi en charge de l'éducation en Europe d'environ 60 étudiants, diplômés de Dar-ol Fonoun pour la plupart. À cette époque, la représentation diplomatique de l'Iran en France est relativement importante, avec un attaché militaire à Paris et plusieurs consuls à Paris et en province. Napoléon III, qui est empereur à partir de 1852, répond en établissant une légation française à Téhéran en juillet 1854. La tête de cette légation n'est considérée que comme un poste mineur depuis Paris, principalement un poste d'observation aux intérêts limités. Les fonctionnaires qui se succèdent à ce poste permettent quand même d'asseoir les bases de l'influence française en Perse à travers les rôles de protection, d'éducation, de médecins à la cour et de conseillers militaires.

C'est à cette époque que sont ouverts plusieurs consulats français en Iran, à Rasht en 1864 et à Tabriz en 1866. La tradition du médecin de cour français est maintenue avec la nomination du docteur Joseph Désiré Tholozan (du corps de santé de l'armée française) à ce poste. Les conseillers militaires retrouvent eux aussi une place d'honneur avec la mission du colonel Victor Brongniart qui sert directement sous les ordres du commandant de l'armée perse, certains officiers restant même après la fin de leur contrat en tant qu'instructeurs au Collège militaire de Téhéran ou en contribuant à la création d'usines d'armes modernes comme le capitaine Michel Rous[11]

Cette époque se finit par la défaite française à Sedan en 1870, la chute de l'empire pour la république et la capitulation de Paris, qui fait perdre toute confiance envers la France aux Iraniens.

De 1871 à la Première Guerre mondiale

Nasseredin Shah visitant l'Exposition de Paris en 1889.
Mozaffaredin Shah fait la couverture du Petit Journal le 19 août 1900, lors de sa visite à Paris.

Pendant cette période, les relations sont officiellement maintenues mais n'ont pas grande importance politique, une France vaincue n'ayant que peu d'intérêt pour le gouvernement perse. Pendant cette même période, la Perse est en proie à une très grande rivalité entre la Grande-Bretagne et la Russie. La position de la France est alors inégale: influence culturelle grandissante mais déclin commercial et politique. De cette époque subsisteront d'ailleurs des emprunts au français dans la langue persane.

La représentation diplomatique de la Perse en France est alors plus forte que jamais, puisqu'on compte treize consuls ou vice-consuls perses résidants en France (deux à Paris et Bastia, un à Bayonne, Béziers, Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Nice et Rouen). La relation cordiale entre les deux pays se renforce encore avec les visites officielles de Nasseredin Shah et de Mozaffaredin Shah en France, ainsi que la participation de la Perse aux grandes expositions de 1878 et 1900. En 1905, Samad Khan Momtaz os-Saltaneh est nommé ambassadeur de Perse à Paris.

Pendant ce temps, en Perse, l'activité diplomatique et commerciale des représentants français continue, et les médecins français des Qajars fournissent une source importante d'influence à la cour. Certains Français ont agi de leur propre chef pour développer des projets économiques en Iran, comme l'établissement de raffineries de sucre dans le Gilan en 1878 par Messieurs Barral et Rambaud, l'éclairage au gaz de Téhéran en 1881 par Boital[12], ou encore l'ouverture de pharmacies à Tabriz et Téhéran par M. Coppin. En 1912, un « syndicat franco-iranien » est même créé, permettant d'exploiter du charbon et divers minéraux au sud de la mer Caspienne.

Cependant, à partir des années 1890, la France commence à chercher une alliance avec la Russie, puis, quelques années plus tard, entrevoit la possibilité d'une triple alliance avec la Grande-Bretagne. La Russie limitera les ambitions de la France dans cette partie du globe. Malgré la création de l'Union franco-persane en 1909, l'aide de la France se limite à envoyer quelques conseillers en matières agricoles et financières.

Malgré ces quelques réussites commerciales, et en prenant en compte les exportations d'armes et d'alcool, la France n'est que le cinquième partenaire commercial de la Perse en 1914; ce qui souligne le déclin de l'influence française[13]. Malgré ce déclin économique, les contributions culturelles, archéologiques et à l'éducation en Perse montrent un fort dynamisme. De plus, le gouvernement français accorde une protection officielle aux citoyens suisses, grecs, italiens ainsi qu'aux officiers suédois de gendarmerie en Perse à partir de 1911.

Mozaffaredin Shah lors de sa visite en France (photo prise à Martigny-les-Bains en 1902).

Pendant la Première Guerre mondiale, cette politique est maintenue. La Perse souhaite cependant que la France participe à l'évacuation des troupes russes et britanniques de Perse en 1917, et en septembre de cette année, la France envoie un hôpital mobile (appelé "l'Ambulance") à Tiflis (Tbilissi aujourd'hui) pour traiter les blessés russes qui combattent contre les ottomans. Cette "Ambulance" est ensuite envoyée à Orumieh après le départ des russes afin de fournir une aide humanitaire ainsi qu'un assistance militaire. Cette décision, qui a été prise par le Quartier général de Tiflis sans concertation ni avec Paris, ni avec Téhéran, aura des répercussions non voulues, puisque des combats éclatent entre les milices chrétiennes présentes dans la région et le Parti démocratique de l'Azerbaïdjan.

Sur l'ensemble de la période, on voit donc que la France reste dans le cadre des relations entre l'Iran d'une part et la Grande-Bretagne ainsi que la Russie d'autre part; la politique française restant réservée par rapport à celle des autres partenaires européens.

Période entre la première guerre mondiale et la chute de Mohammad Reza Shah Pahlavi

Ascension de la dynastie Pahlavi

À l'issue de la Première Guerre mondiale, la Perse, théoriquement neutre, est en fait soumise à l'influence britannique. En effet, la présence des South Persia Rifles et le fait que la brigade cosaque persane soit payée par la légation britannique montre cette influence. Cette hégémonie britannique indispose Paris, puisque la Perse est adjacente à la "Bande de Mossoul", zone allouée à la France après l'accord Sykes-Picot de 1916. Le départ des Russes et des Allemands de Perse offre alors l'opportunité à la France d'avoir des ambitions dans ce pays. Les diplomates français arguent du fait que la France n'y a pas de passé colonial, et peut alors exercer une influence notable dans le pays.

À cette époque, l'influence de la France diminue fortement en Perse : la Belgique avait alors plus de représentants diplomatiques en Perse que la France, et Morgan Shuster ne fait aucune référence à la France dans son livre The strangling of Persia, le récit de son poste de conseiller financier auprès du gouvernement perse en 1911.

Les projets de la France pour augmenter sa présence en Iran incluent :

  • la création d'une banque française à Téhéran,
  • l'augmentation du nombre d'enseignants français à Dar-ol Fonoun et à la faculté de Droit de l'Université de Téhéran;
  • la création d'un lycée français et une école d'agriculture;
  • l'ajout d'une section commerciale à la légation française;
  • la mise en place d'un service international de TSF pour contrer les services britanniques et allemands;
  • la publication d'un journal en langue française en Iran;
  • l'augmentation du nombre de consulats.

Les autres projets, plus politiques, étaient d'envoyer des conseillers au gouvernement persan, et d'envoyer une mission militaire française pour entraîner l'armée iranienne.

La publication de l'accord anglo-persan de 1919 ainsi que le refus des Britanniques de laisser la Perse participer à la conférence de Versailles montrent que les Britanniques sont fortement réticents à laisser la Perse décider de son sort et que d'autres puissances étrangères fassent de l'ingérence dans les relations perso-britanniques. Le premier ministre de l'époque, Wotuq-al Dawla a même essayé de convaincre Bonin, diplomate français en Iran, de se faire aider par son collègue américain afin d'obtenir auprès des britanniques l'annulation de l'accord anglo-persan après qu'il a été signé[14]. Le coup d'État de Reza Pahlavi du 21 février 1921 amène les français à penser que la période française en Perse est enfin arrivée. En effet, le fait que les diplomates britanniques à Téhéran ne soient pas au courant de l'implication de leur gouvernement, qu'une majorité d'officiers ayant réalisé le coup d'État aient été éduqués en France ainsi que la décision de Reza Khan de refuser tout ingérence britannique dans l'organisation de l'armée le laisse à penser. De plus, Reza Khan décide en juin 1943 d'envoyer 46 élèves officiers se former dans des écoles militaires françaises[15]. Cependant, après la conférence de San Remo de mai 1920, la France, préférant mettre en place ses protectorats au Moyen-Orient, accepte de ne pas discuter de l'hégémonie britannique en Perse.

Les rapports de la France avec Reza Shah

Musée National d'Iran, conçu par l'architecte français André Godard au début du XXe siècle.

Les Perses ne sont pas indifférents à la victoire de la France sur l'Allemagne et au prestige militaire de Clemenceau. La France est alors très bien considérée par Reza Shah, qui envoie les cadets de l'armée perse en formation en France. Ce programme de formation est autorisé par le Parlement persan en 1922 et durera une décennie. Des officiers français sont recrutés par l'armée iranienne pour former des iraniens à l'académie militaire de Téhéran[16].

De plus, la France est alors le modèle pour la formation de l'éducation secondaire en Iran, le dabirestan persan étant créé sur le modèle du lycée français. Les cursus de l'Université de Téhéran sont aussi calqués sur le modèle français, et les conseillers et professeurs français apportent une aide notable, particulièrement aux facultés de médecine et des beaux-arts[16]. Ce sont des articles dans des journaux satiriques français qui font se détériorer les relations franco-persanes entre 1933 et 1938; des relations qui deviennent encore plus délétères avec l'arrivée au pouvoir du gouvernement socialiste du Front populaire en France en 1936. En effet, les Iraniens pensent que les grèves désorganisent l'économie française, ce qui explique le manque de commandes des Iraniens à ce moment-là ainsi que le refus de la Perse de participer à l'exposition universelle de Paris de 1937. Les relations diplomatiques avec la France sont rompues en 1938 sous le prétexte d'articles satiriques dans des journaux français à propos de Reza Shah.

Les relations diplomatiques sont rétablies en mars 1939 à l'occasion du mariage du prince Mohammad Reza avec Fawzia d'Égypte.

Les évènements de 1940 et l'avènement du gouvernement de Vichy restaurent la confiance de Reza Shah dans la France, qui déclare à Norouz en 1941: "Les Français ont finalement compris, comme nous et après nous, que pour être fort, il faut un gouvernement fort."[17] Mais l'occupation anglo-soviétique de l'Iran en 1941, l'abdication du Shah puis l'alliance tripartite entre les perses, les anglais et les soviétiques ont pour conséquence la fermeture des représentations diplomatiques françaises.

La France et Mohammad Reza Shah

C'est de Gaulle qui aide à restaurer le prestige de la France auprès du Shah d'Iran. En effet, le dirigeant de la France libre s'arrête à Téhéran en novembre 1944, sur le chemin de Moscou afin d'assurer au nouveau monarque, Mohammad Reza Shah de l'importance que la France attache à la continuité monarchique en Iran. Le règne du nouveau Shah apparait prometteur, car il a été éduqué dans une école de langue française (à l'institut Le Rosey, en Suisse) et choisit des gouvernantes françaises pour ses enfants. De plus, le langage politique et idéologique des hommes politiques iraniens, dont Mossadegh, est français; nombres de premiers ministres qui suivirent Mossadegh parlaient d'ailleurs couramment le français. Toutefois, la position de la France au cours des guerres de décolonisation (Guerre d'Algérie, d'Indochine) ternit son image auprès du peuple iranien.

La France est à cette époque très présente en Perse au point de vue culturel mais n'a qu'une importance mineure du point de vue diplomatique, comme le montre l'attribution de seulement 6% des parts à la Compagnie française des pétroles après la crise de 1953 et le démantèlement de l'Anglo-Iranian Oil Company.

Les réserves de la France vis-à-vis de la politique de grandeur du Shah et son appui à Washington se perçoivent aussi par le fait que le président Pompidou envoie Jacques Chaban-Delmas aux célébrations de Persépolis en 1971 (pour le 2500e anniversaire de la monarchie perse).

Malgré ces réserves, la France profite de l'augmentation du pouvoir d'achat de l'Iran suite au premier choc pétrolier en vendant sa technologie nucléaire, par un contrat signé en 1975 dans lequel Framatome se voit confier la construction de cinq centrales nucléaires et l'Iran se voit attribuer une participation dans Eurodif, une compagnie créée pour fournir de l'uranium enrichi. La révocation du contrat par le gouvernement de Bakhtiar en 1979 et l'arrivée de la république islamique mettent en péril les relations franco-perses.

République islamique d’Iran

Relations pendant la révolution iranienne

Les relations franco-persanes connaissent un développement nouveau avec l'arrivée inattendue de l'ayatollah Rouhollah Khomeini en France le 6 octobre 1978; qui, arrivant de son exil de Nadjaf, s'installe à Neauphle-le-Château, à une trentaine de kilomètres de Paris. Il y restera jusqu'au 31 janvier 1979, date de son retour en Iran. Mohammad Reza Shah, pensant que la popularité de l'ayatollah baisserait une fois éloigné de Nadjaf, demande au gouvernement français de le garder là-bas, son expulsion ou extradition étant rendue impossible par la fascination que le personnage suscite alors.

Malgré la sympathie ressentie par les Iraniens envers la France pour avoir accueilli le nouvel homme fort du pays et les opposants de tous bords au régime Pahlavi, aucun privilège particulier n'est accordé à la France par le nouveau régime. Après la victoire de la révolution, des vagues successives de réfugiés (monarchistes, puis nationalistes libéraux puis marxistes et enfin musulmans libéraux) arrivent à Paris et en France, aggravant alors la tension entre les deux pays. Shapour Bakhtiar, ancien premier ministre, est le premier réfugié dont l'extradition est demandée par la république islamique, régime qui tente de l'assassiner une première fois en juillet 1980, sans succès, avant d'y réussir à son domicile de Suresnes en 1991.

A partir de 1981, le nouveau gouvernement français, socialiste et laïc, a des inimitiés fortes avec le nouveau régime iranien, ayant des velléités théocratiques. Les dirigeants de l'opposition iranienne, particulièrement ceux des moudjahiddines du peuple iranien ainsi que Abolhassan Bani Sadr (qui avait fait une partie de ses études en France) se réfugient en France à partir de 1981. Ces dirigeants partagent la vision de François Mitterrand selon laquelle la "dictature des mollahs" est à portée de main[18].

Guerre Iran-Irak

Après le bombardement le 7 juin 1981 par Israël de la centrale nucléaire irakienne de Tammuz (nom irakien de la centrale, en français:Osirak), dont les réacteurs ont été livrés par les Français, la France réagit en prenant parti pour l'Irak. Presque tous les citoyens français résidant en Iran sont évacués en août 1981, et, à la demande des États arabes de la région, l'aide française à l'Irak s'intensifie. Des Mirage F1, commandés en 1977 sont alors livrés à l'Irak. En octobre 1983, la France prête cinq Super-Étendard transportant des missiles Exocet[19] afin de détruire les installations iraniennes leur permettant d'exporter leur pétrole. La réponse de la république islamique ne se fait pas attendre et prend la forme de prise d'otages au Liban et d'attaques terroristes sur le sol français[20].

Malgré le fait que la France ait clairement pris parti pour l'Irak lors de ce conflit, elle réussit tout de même à continuer à vendre des armes à l'Iran grâce à des canaux indirects.

Suite à la révolution de 1979 la France refuse de fournir de l'uranium enrichi à l'Iran. L'Iran n'a pas non plus pu cautionner son investissement dans Eurodif, société anonyme fondée en 1973 par la France, la Belgique, l'Espagne et la Suède. En 1975, la part suédoise de 10% dans Eurodif est attribuée à l'Iran à la suite d'un accord entre la France et l'Iran. La compagnie française nationalisée Cogéma et le gouvernement iranien fondent alors la Sofidif (Société franco-iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse), possédant respectivement 60% et 40% des parts. En retour, la Sofidif a acquis une part de 25% dans Eurodif, ce qui donne à l'Iran sa part de 10% dans Eurodif. Reza Shah Pahlavi prête un milliard de dollars US (et encore 180 millions de US$ en 1977) pour la construction de l'usine Eurodif, afin d'avoir le droit d'acheter 10% de la production du site. En 1982, le président François Mitterrand refuse de donner le moindre uranium à l'Iran, qui a aussi réclamé la dette de un milliard de US$. Le 17 novembre 1986, l'ex-président du directoire d'Eurodif Georges Besse (alors président de la régie Renault) est assassiné. L'assassinat intervient le même jour que le premier remboursement français à l'Iran dans le cadre d'Eurodif (330 millions USD). L'acte est revendiqué par des militants d'extrême gauche d'Action directe. Cependant, ils ont nié toute responsabilité pendant leur procès.[21]. Dans leur enquête La République atomique, France-Iran le pacte nucléaire, David Carr-Brown et Dominique Lorentz insistent sur la responsabilité des services secrets iraniens, qui auraient manipulé Action directe à travers les liens de cette organisation avec les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL). Plus important encore, ils montrent comment l'affaire des otages français est liée au chantage iranien. Le chantage iranien envers la France est, selon Gilles Ménage, partiellement motivé par la libération d'Anis Naccache, chef du commando qui a tenté d'assassiner Shapour Bakhtiar en 1980 [22]. Ce chantage s'exprime lors de la série d'attentats en France en 1985-1986[23]. Finalement, un accord est trouvé en 1991: la France rend plus de 1,6 milliards de US$. L'Iran reste actionnaire d’Eurodif via la Sofidif, un consortium franco-iranien actionnaire à hauteur de 25% d'Eurodif. Cependant, l'Iran s'est abstenu de demander l'uranium produit.[24],[25]

La France se lance à partir de 1987 dans une « guerre diplomatique » pour contrer les attaques terroristes. Paris demande d'abord à ce qu'un traducteur de l'ambassade d'Iran à Paris sans statut diplomatique, Wahid Gordji, comparaisse devant les autorités judiciaires françaises pour sa collaboration présumée avec un groupe terroriste ; c'est ensuite au tour de Téhéran d'accuser le premier conseiller à l'ambassade française, Paul-Marie Torri, d'espionnage. Il sera arrêté puis libéré le même jour que Wahid Gordji[26] Cette crise diplomatique se solde par une rupture des relations le 17 juillet 1987, les diplomates étant confinés dans leurs ambassades jusqu'en décembre et les relations diplomatiques ne reprenant complètement qu'en juin 1988.

La révolution puis la guerre Iran-Irak ont complètement détruit ce qui restait de culture française en Iran. Le départ de la famille royale et de la haute bourgeoisie, dont la deuxième langue était le français, puis la fermeture des instituts culturels français sont des facteurs déterminants dans cette perte d'influence. Seul l'Institut français de recherche en Iran (IFRI) reste actif, bien qu'il soit officiellement fermé.

Aujourd'hui

Une politique plus indépendante des USA poussée par le commerce

Après la guerre du Koweït (1990-1991), les pays de la communauté européenne cherchent à adopter une politique plus indépendante, en particulier la France. C'est elle en effet qui mène un mouvement de protestation des pays occidentaux contre la loi d'Amato-Kennedy en 1996, car Total avait remporté l'année précédente un contrat de forage en Iran. Depuis l'élection de Mohammad Khatami à la présidence, les pays européens essayent de rétablir le dialogue avec l'Iran. C'est dans ce contexte que le ministre français des affaires étrangères, Hubert Védrine, se rend à Téhéran en août 1998 et invite formellement Khatami en France, visite qui n'aura finalement pas lieu. Aujourd'hui, l'Union européenne représente la moitié du commerce extérieur de l'Iran, mais la part de la France reste négligeable par rapport à celle de l'Allemagne.

La France est le deuxième fournisseur de l’Iran, avec 8,5% des importations iraniennes (2598 MUSD) et son 7e client avec 3,5% des exportations iraniennes (1078 MUSD)[27]. Les exportations françaises sont particulièrement concentrées dans l'industrie automobile et l'industrie pétrolière. PSA y fait assembler des Xantia, 206 et 405, alors que Renault y prépare le lancement de sa Logan; la volonté iranienne d'exporter les modèles ainsi produits donne lieu à des tensions avec les constructeurs. La France importe pour sa part une très grande majorité d'hydrocarbures — 3% des hydrocarbures français proviennent d'Iran. Sont aussi importés des pistaches ou des tapis qui représentent toutefois un volume beaucoup moins important.

Un accord protégeant et encourageant les investissements est signé par la délégation française du Ministre délégué au commerce extérieur le 12 mai 2003 à Téhéran et entre en vigueur le 13 novembre 2004[28].

Les plus récentes visites bilatérales de dirigeants politiques remontent à la première moitié de l’année 2005 :

  • Le président de la République française et ses ministres reçoivent le Secrétaire iranien au Conseil suprême de sécurité nationale, Hojatoleslam Hassan Rohani, le 24 février 2005.
  • Le président Khatami rencontre le président de la République française à Paris le 5 avril 2005, en marge d’une conférence de l’UNESCO, lors de laquelle il donne un discours sur le dialogue entre les civilisations. Le ministre des Affaires étrangères reçoit son homologue iranien, M. Kamal Kharrazi, qui accompagne le président de l’Iran.
  • M. Xavier Darcos, le ministre délégué à la Coopération au développement et à la francophonie, se rend à Téhéran et à Bam le 22 et 23 mai 2005.

Points de discorde

Les ministres des affaires étrangères de la France, de l'Allemagne, des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Russie et de la Chine pendant une réunion sur le programme nucléaire iranien en mars 2006.

Du point de vue politique, la France exprime régulièrement sa préoccupation au sujet des droits de l'homme en Iran au gouvernement iranien, de manière directe comme lors de la convocation en août 2005 du chargé d'affaires iranien à Paris afin d'exprimer son intérêt pour le sort de Akbar Ganji, journaliste emprisonné ainsi que de son avocat, M. Soltani, ou de manière indirecte comme le montre la remise du prix des Droits de l’Homme à la femme de M. Emadeddin Baqi, un dissident iranien combattant pour les droits de prisonniers et contre la peine de mort, le 12 décembre 2005.

L'actuelle crise du nucléaire avec l'Iran pourrait à terme détériorer les relations économiques de la France et de l'Iran[29]. En effet, la France fait partie du groupe UE-3 (avec l'Allemagne et la Grande Bretagne), qui a entamé les négociations avec l'Iran visant à faire arrêter la production d'uranium enrichi par l'Iran. La France redoute en fait que le programme nucléaire civil de l'Iran ne cache un programme militaire, comme le signale Philippe Douste-Blazy le 16 février 2006 : « Aucun programme nucléaire civil ne peut expliquer le programme nucléaire iranien. C'est un programme nucléaire militaire clandestin. »[30] Depuis le début de la présidence de Nicolas Sarkozy, les tensions avec l'Iran se sont accrues, la position française s'étant rapprochée de la position américaine en faveur de santions à l'encontre du régime iranien. [31]

Coopération scientifique et culturelle

La coopération scientifique et culturelle entre les deux pays est régie par un accord général datant de 1993 et un accord culturel du 31 janvier 1999. Dans ce cadre, la France promeut les relations entre universités, la France est le sixième pays accueillant des étudiants iraniens. Elle compte ouvrir un centre pour l'échange inter universitaire à l'ambassade de Téhéran dans le cadre du projet de loi relatif à l'immigration et à l'intégration de mai 2006.

Les relations entre les universités sont appuyées par la promotion de partenariats scientifiques (sismologie, biologie, environnement, urbanisme, sciences sociales et sciences humaines, médecine vétérinaire), en accord avec les règles de vigilance et avec le cofinancement iranien (un programme d'action intégrée appelé Gundishapur a été signé en juillet 2004. Le dialogue culturel entre les deux pays se traduit par une volonté d'augmenter l'apprentissage du français dans le secondaire et le supérieur, d'organiser des évènements culturels de part et d'autre. L'Institut français de recherche en Iran (en persan : انجمن ايرانشناسي فرانسه در ايران) est aujourd'hui le seul centre de recherche étranger auquel il est permis de prendre part à la diffusion de l’information de la culture perse et iranienne.

La France fournit une importante aide humanitaire à l'Iran après la tremblement de terre de Bam (26 décembre 2003) ayant fait près de 32 000 victimes. Elle est un des trois premiers pays à le faire avec l'Italie et le Japon. La France participe aujourd’hui à la reconstruction de la ville et de sa citadelle historique (l'Arg-é Bam, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO). L'aide d'urgence s'élève à 5,22 M€ et la contribution à la reconstruction s'élève à une subvention de 500 000 € du ministère des affaires étrangères français et 160 000 € du ministère de la culture. De plus, plusieurs grandes entreprises françaises ont fait des dons afin de participer à l'effort de reconstruction: 2,8 M€ ont été recueillis, provenant de dons de Total, Peugeot, Renault, BNP Paribas, servant à mettre en service un hôpital, à cartographier la citadelle, et à aider à prévenir les risques sismiques (fourniture de 20 stations sismographiques portables[32].

Les délégations archéologiques françaises (1895 - 1979)

La célèbre "frise aux archers" du palais de Darius à Suse, découverte par les Dieulafoy (exposée au Louvre).

La recherche archéologique en Perse (Iran) commence avec les explorations du géologue britannique W. K. Loftus en 1847 et est continuée par Marcel Dieulafoy en 18841886, aidé de sa femme Jane. L'intérêt des archéologues se porte alors principalement sur le site de Suse, capitale du royaume d'Élam et également une des capitales de l'empire achéménide.

En 1895, René de Balloy, ambassadeur français à Téhéran, obtient de Nasseredin Shah un monopole français sur les explorations archéologiques en Perse. En 1897, Jacques de Morgan, ingénieur des mines, est nommé par le ministère français de l'Instruction publique (décret ministériel du 19 avril 1897) et une somme de 100 000 francs lui est allouée pour l'établissement de la Délégation en Perse (DP).

En 1900, une convention est signée entre Mozaffaredin Shah et la France, qui se voit attribuer le droit exclusif de fouiller et de garder les découvertes faites. Le gouvernement persan ne recevait une compensation que pour les objets en or et en argent. Jusqu'en 1912, un nombre croissant d'équipes viennent fouiller des sites archéologiques iraniens : Tepe Musiān dans la plaine de Dehloran, les champs de « dolmens » dans le Gilan, des fossiles à Maragha

Après la démission de Morgan, la Délégation est renommée Mission archéologique en Perse (MAP), les travaux continuent sans personne à la tête de la mission, les fonds étant répartis entre différents chercheurs. Les travaux doivent s'arrêter pendant la Première Guerre mondiale, puis reprennent véritablement en 1920 avec la nomination de Roland de Mecquenem à la tête de la MAP. Sous sa direction, les fouilles à Suse prennent un nouvel essor jusqu'en 1938. À partir de 1939, c'est le site de Chogha Zanbil qui commence à être exploré, de même que les sites de Tepe Giyan et Tepe Sialk.

En 1929, le gouvernement persan dénonce les termes du traité précédemment signé avec les Français. A partir de ce moment, tous les artefacts archéologiques -à l'exception des tablettes d'argile, des éléments de décor architecturaux et des objets de valeur considéré comme patrimoine iranien- seront divisés équitablement entre le Musée national d'Iran et le Musée du Louvre.

Après une période d'arrêt des fouilles au cours de la Seconde Guerre mondiale, les travaux reprennent de nouveau en 1946, sous la direction de Roman Ghirshman, nommé à la tête de la Mission archéologique en Iran (MAI). Sous sa direction, les fouilles à Suse et à Chogha Zanbil sont très importantes et connaissent des avancées notables. De plus, le site de Masjed-e Soleyman commence aussi à être fouillé à cette époque.

En 1968, la direction de la nouvelle Délégation archéologique française en Iran (DAFI) est confiée à Jean Perrot, qui va créer des liens plus étroits avec le département d'archéologie de l'Université de Téhéran, le département persan des antiquités (Edāreh-ye kol-e bāstān shenāsi), le centre persan pour la recherche archéologique (Markaz-e pažuheshā va kāveshā-ye bāstān shenāsi) et l'organisation nationale pour la préservation des monuments historiques en Iran (Sāzmān-e melli-e hefāzat-e ātar-e bāstāni-ye Irān). À partir de 1969, le système de répartition des objets trouvés entre les deux pays prend fin, toutes les antiquités trouvées étant alors conservées en Iran.

Les fouilles françaises en Iran et la délégation archéologique qui le permettait prennent fin avec la révolution de 1979.

Cependant, depuis 1983, l'institut français de recherche en Iran, issu de la fusion de la DAFI et de l’Institut Français d’Iranologie de Téhéran (IFIT) d'Henry Corbin a pris le relais des délégations archéologiques et continue à étudier le monde iranien.

Annexes

→ D'autres articles audio

Notes et références

  1. Mostaert & Cleaves, p.56-57
  2. F. Richard, 1995, I, p16-17
  3. La Perse et la France, doc. n°73 "Lettre de Michel" et doc. n°74 "Mémoire de Chah Kouli Khan"
  4. Hurewitz, I, p56-58
  5. Hedayat, Rawzat al-safar, IX, p454-455
  6. AMAE, CP Perse, vol.15, p.121 et 247
  7. AMAE, M et P Perse, 3
  8. AMAE, ADP Perse, 12; CP Perse, vol. 20, p.229
  9. AMAE, CP Perse, vol.19 p.48
  10. AMAE, CP Perse, vol.21, p.7
  11. a  et b SHAT (Service Historique de l'Armée de Terre), 7N, 1664.
  12. AMAE, CP Perse, vol.38, p.163
  13. voir à ce sujet le pamphlet de 1911 du député Louis Marin « L'inacceptable rétrécissement de notre influence en Perse »
  14. AMAE, Perse-Iran 33, fol.9,10 septembre 1919, fol.33, 14 septembre 1919;Pers-Iran 34, fol.12, mai 1920.
  15. Cronin, p.130-131
  16. a  et b Zangana, p.184-187
  17. Jean Helleu, plénipotentiaire français en Perse, rapport, fin mars 1941, AMAE
  18. (en) Article "France" de l'Encyclopédia Iranica, § iv. RELATIONS WITH PERSIA SINCE 1918
  19. http://www.politiqueglobale.org/article.php3?id_article=1312
  20. J.Garçon, "La France et le conflit Iran-Irak", Politique étrangère 52, 1987, p.357-66
  21. (fr) http://www.voltairenet.org/article13591.html , Réseau voltaire, 29 avril 2004
  22. voir le point de vue de Gilles Ménage dans L'Avocat de la terreur
  23. Cultures & Conflits : Les attentats de 1986 en France (Partie 2)
  24. (fr) Le Monde, 11 novembre 2001, http://www.politiqueglobale.org/article.php3?id_article=1967
  25. (en) Middle East Intelligence Bulletin, février 2002, http://www.meib.org/articles/0202_l2.htm
  26. Généralités Iran, Quid
  27. [pdf] Statistiques économiques 2003 de la Mission économique française à Téhéran
  28. Texte de l'accord sur le site de l'assemblée nationale française.
  29. Relations économiques avec l'Iran, site du MAE
  30. (en) France: Iran program 'military', 2006, CNN. Consulté le 23 mai 2006
  31. LeMonde.fr : Nucléaire iranien : Fillon parle d'une tension "extrême", la position française critiquée
  32. Contribution française à la reconstruction de Bam, site du MAE

Bibliographie

  • Article France de l'Encyclopedia Iranica
  • Documents officiels conservés aux archives du Ministère des Affaires étrangères (abréviés AMAE dans les références ci-dessus)
  • "La correspondance des souverains mongols et des rois de France" in P.Labal, éd. , Le siècle de Saint Louis, Paris, 1970
  • A. Mostaert et F.W. Cleaves, Les lettres de 1289 et 1305 des Ilkhans Arghoun et Oldjaïtou à Philippe le Bel, Cambridge, Mass., 1962.
  • "Les rapports entre la France et la Perse du XVIIIe siècle au XXe siècle" in Histoire des colonies françaises III, Paris, 1931.
  • F.Richard, "Les privilèges accordés aux religieux catholiques par les Safavides: quelques documents inédits.", Dabireh 6, 1989.
  • F.Richard, Raphaël du Mans, missionnaire en Perse au XVIIe siècle, 2 vols., Paris, 1995.
  • J. C. Hurewitz, The Middle East and North Africa in World Politics, A Documentary Record, New Haven, Conn., l956.
  • S. Cronin, The army and the creation of the Pahlavi State in Iran, 1910-1926, Londres, 1997.
  • A. Zangana, "Khaterāt" in E. Safaī,éd., Rezā Shah Kabīr dar aina-ye khaterāt, Téhéran, 2535=1355/1976, pp. 184-87.
  • [pdf] Statistiques économiques de la Mission économique française à Téhéran

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