Aryenne

Aryenne

Aryens

Le peuple Arya traversa la vallée de l'Indus.

Le mot Aryen est la forme française du mot sanskrit Arya qui évoque un antique peuple de « pères de famille » qui honore les devas au moyen des stances transmises par la tradition du Rigveda[1]. Ce peuple est originaire de la rive occidentale de l'Indus.

De là, le terme Aryens vient à désigner aussi un groupe linguistique originaire d'Asie centrale qui vers la fin du troisième millénaire avant l'ère courante s'est scindé en au moins deux branches, qualifiées d'indo-aryenne et d'iranienne[2].

Sommaire

Le peuple des Aryas

Article principal : Védisme.

Maîtres et Pères de famille

Alexandre Langlois traduit chaque occurence du mot arya dans le Rig-Véda par « maître » ou par « père de famille ». Il considère ce mot comme fort important[3]. Son opinion est que le peuple Arya, originaire de la contrée nommée Arie, Ariane, ou Hiran sise à l'ouest du fleuve Indus, fut mené par Manou (qui est aussi l'ancêtre des Manouches) dans la région de l'Aryâvartta, et qu'ils colonisèrent ensuite cette terre dont ils devinrent les « Maîtres » (d'où sa première traduction du mot Arya). Ce nom passe ensuite dans la tradition indienne pour désigner des hommes bons, de bons « pères de famille » qui commanditent des sacrifices védiques nommés yajña pour honorer les devas (d'où sa seconde traduction, plus fréquente, du mot Arya).

Alexandre Langlois oppose aussi au peuple Arya de la plaine des brigands montagnards que le Rigveda nomme Dasyou[4].

Trois stances du Rigveda

« Que Agni le magnifique ... couvre de sa protection Manou, qui le reçoit sur son lit de gazon » (sacré)[5].

« L'invincible a reçu et l'hymne et l'offrande que tu lui as présentés. Ô Agni, puisse maintenant Atri triompher des Dasyous impies. Puisse Isha triompher de ses ennemis »[6].

« Disperse nos ennemis, augmente notre abondance. Puissions nous vivre cent hivers, entourés de plaisirs et d'une généreuse lignée »[7].

Le groupe linguistique

Indo-Aryen

Les Indo-Aryens se sont installés en Bactriane, au sud-est de l'actuel Ouzbékistan et au nord de l'Afghanistan. Ils ont laissé leur empreinte sur une civilisation de l'âge du bronze, datée de -2200 à -1700. On l'appelle la civilisation bactro-margienne ou la civilisation de l'Oxus. À partir de la Bactriane, ils ont migré vers l'Inde du Nord et ont communiqué aux autochtones leur langue et leur culture. À ce stade, leur langue est appelée le védique, parce qu'elle est celle des plus anciens textes indiens, les Vedas. Une forme évoluée du védique est le sanskrit. Les langues indo-européennes parlées en Inde en dérivent toutes. Il subsiste dans ce pays des langues non indo-européennes, comme les langues dravidiennes et les langues munda.

D'autres Indo-Aryens ont migré vers le Moyen-Orient, toujours à partir de la Bactriane. Ils sont intervenus dans la formation du royaume du Mitanni en haute Mésopotamie, vers -1500. Les documents archéologiques ont livré une grande quantité de noms propres védiques, en particulier de noms de dieux. La plupart de ces dieux, comme Varuna ou Indra, sont inconnus de la religion iranienne. Ainsi, la période védique a commencé avant -1500, en dehors de l'Inde. Le terme Aryen est la francisation de l'autoethnonyme des Indo-Aryens, qui était Ārya. Il signifie « noble ». Xavier Delamarre, dans son Vocabulaire indo-européen (1984), propose de faire remonter Ārya à l'indo-européen commun *aryos, au sens d'« Aryen » ou de « seigneur ».

Certains nationalistes indiens rejettent l'idée que leur langue et leur culture aient pu provenir de l'étranger. Ils nient totalement la parenté du sanskrit avec les autres langues indo-européennes et rejettent tout ce que les études indo-européennes et l'archéologie ont révélé depuis des décennies (cf. Théorie de l'invasion aryenne). D'autres auteurs, comme l'archéologue Henri-Paul Francfort, ne veulent pas entendre parler d'invasion, mais seulement de migration progressive. La manière par laquelle les Proto-Indo-Européens sont arrivés en Inde n'est à vrai dire qu'une question subsidiaire.

Iranien

L'origine des Iraniens est plus problématique. Certains archéologues leur attribuent une culture dite des « tombes à charpente » (srubnaya en russe), datée de -1900 à -1500 et située sur la Volga. Grâce aux sources assyriennes, on sait que les Perses étaient présents sur le plateau iranien dès le IXe siècle av. J.-C.. Avec eux, se trouvaient les Mèdes, également de langue iranienne. Leur lien avec la culture des tombes à charpente n'est cependant pas clair. Le plus ancien texte sacré des Iraniens, l'Avesta, a probablement été composé en Bactriane ou en Sogdiane, en tout cas dans l'actuel Turkestan occidental. Sa langue, appelée l'avestique, est différente du vieux perse, mais elle est très proche du védique.

L'Iran était autrefois appelé Ērān shahr, expression prononcée Aryānam xshathra dans l'Antiquité et signifiant « royaume des Arya ». Les peuples de langue iranienne n'ont pas vécu qu'en Iran. Jusqu'à la fin du Ier millénaire, il y avait aussi les Bactriens et les Sogdiens, en Ouzbékistan, dont les langues sont connues grâce aux documents qu'ils ont laissés. Au sud de la mer d'Aral, se trouvaient les Chorasmiens. Le nom de leur région, la Chorasmie ou Khwarezm, s'explique par le vieil iranien *Xwāra-zmi- « pays du soleil ». Ces trois peuples sont mentionnés au Ve siècle av. J.-C. par Hérodote. Il parle aussi des Aryens, vivant dans la région de Hérat, en Afghanistan.

On connaît une culture, dite de Tazabagyab et apparue vers -1500, d'où les Iraniens du Turkestan occidental ont pu provenir. Elle était située au sud de la mer d'Aral, sur le territoire des futurs Chorasmiens. Elle rassemblait des éléments de la culture des tombes à charpente et d'une culture du Kazakhstan, celle d'Andronovo. Les morts étaient enterrés de manière très particulière : ils étaient en position fœtale, les hommes sur le côté droit et les femmes sur le côté gauche. Une telle pratique funéraire est aussi observée en Bactriane, le long des rivières Kafirnigan (au cimetière de Toulkhar) et Vakhsh. À Toulkhar, dont les tombes sont datées de -1700 à -1500, les hommes et les femmes étaient de plus enterrés avec un petit autel respectivement carré et rond. C'est le reflet d'une conception typiquement indo-européenne, qui associe les hommes au ciel carré et masculin et les femmes à la terre féminine et ronde. De plus, le côté gauche, caractérisant les femmes, est défavorable, tandis que le côté droit, caractérisant les hommes, est favorable[réf. nécessaire]. C'est une misogynie tout à fait indo-européenne[réf. nécessaire].

La culture d'Andronovo, née au Kazakhstan occidental, a recouvert tout ce pays, ainsi que la Sibérie méridionale, durant le IIe millénaire av. J.-C. De nombreux spécialistes considèrent que les Iraniens nomades, tels que les Scythes, ont été ses héritiers. Le matériel trouvé à Toulkhar combine des influences de l'ancienne culture bactro-margienne et de celle d'Andronovo. Les poignards étaient notamment de type andronovien. Les hommes de Toulkhar semblent avoir été des pasteurs. Ils ont peut-être été des acteurs du remplacement par la culture iranienne de la culture indo-aryenne de Bactriane (il n'y a pas de raison de croire que les Indo-Aryens aient tous quitté cette région pour se rendre en Inde ou en Mésopotamie). On peut encore ajouter que le site le plus ancien de la culture d'Andronovo, celui de Sintashta, se trouve au sud-est de l'Oural. Il est daté de -2300 à -1900. La culture des tombes à charpente se trouvait un peu plus à l'ouest. Ainsi, le foyer des Iraniens était apparemment localisé à la limite de l'Europe et de l'Asie, au nord de la mer Caspienne.

Ce foyer se trouvait à côté de celui de tous les Indo-Européens, selon la thèse de Marija Gimbutas. Il s'agissait du nord de la mer Noire. La première localisation connue des Indo-Aryens étant au Turkestan, il faut supposer qu'ils y ont migré à partir du Kazakhstan occidental ou de la Russie méridionale, à une date qui reste à déterminer.

Confusion entre Aryens et Indo-Européens

Les langues aryennes sont apparentées à celles des Perses, Latins, des Celtes, des Slaves, des Germains ou des Grecs. Elles forment une famille qualifiée d’indo-européenne. Les peuples qui parlent ces langues sont appelés les Indo-Européens. On s'est très tôt demandé quelle pouvait être la langue-mère de cette famille. Des linguistes comme William Jones, à la fin du XVIIIe siècle, remarquèrent l'aspect « parfait » du sanskrit, par rapport au grec ou au latin. L’idée que le sanskrit était la langue-mère fit alors son chemin. Comme ses locuteurs s'étaient appelés les Aryens, le terme fut appliqué à l'ensemble de la famille indo-européenne. Celui d’indo-européen apparut pour la première fois dans un article de Thomas Young, dans la Quarterly Review en 1813, mais c'est celui d’aryen qui s'imposa durant tout le XIXe siècle. Ce choix fut conforté par le rapprochement du nom de l'Irlande, Eire, Eriu, au terme Ārya. On avait de la sorte un autoethnonyme indo-irano-celtique. Les études modernes font plutôt remonter le nom de l'Irlande à iweria. Ce terme proviendrait à son tour de piweria ( gras pays), par la chute du p- initial qui caractérise les langues celtiques. On avait aussi remarqué à l'époque que les hommes libres était appelés airig en irlandais (aire au singulier), mais l'avancée ultérieure des études celtiques a fait abandonner tout rapprochement avec le terme Ārya.

Cette utilisation du terme Aryens a décliné durant la première moitié du XXe siècle. C'est alors que les nazis décidèrent de l'utiliser à leurs fin. Il leur fallait deux conditions pour élaborer leurs théories raciales. La première avait été fournie par le comte Joseph Arthur de Gobineau, dans son Essai sur l'inégalité des races humaines, publié en 1855. Il y démontrait que les Aryens avaient originellement constitué une race pure, blanche et blonde. Il pensait cependant, comme tout le monde à son époque, que ce peuple avait vécu en Asie. C'était la conséquence logique de la théorie qui faisait du sanskrit la langue-mère. La deuxième condition consistait à placer le foyer de ces Aryens en Allemagne. Cette idée fut émise par Ludwig Geiger en 1871 et imposée par Karl Penka entre 1883 et 1891.

Proto-Indo-Européens

Les Proto-Indo-Européens, qui étaient par définition le peuple ayant parlé la langue-mère de la famille indo-européenne, étaient certes europoïdes, mais il est impossible d'en déterminer des caractéristiques plus précises. En effet, il faut savoir qu'ils ont vécu il y a plus de six mille ans et que les hommes évoluent au fil des millénaires. Personne ne peut dire quelle était la couleur de leur peau et de leurs cheveux. L'anthropologie permet seulement l'étude des squelettes trouvés dans les sépultures. Les hommes de Toulkhar et de Vakhsh, qui étaient probablement des Aryens au sens propre du terme, constituaient deux variantes d'un type méditerranéen méridional dolichocéphale. Ces éleveurs ne se distinguaient que légèrement des agriculteurs sédentaires de la Bactriane, qui étaient aussi du type méridional dolichocéphale. Ces derniers étaient petits : la taille moyenne des hommes et des femmes était respectivement de 1, 63 m et de 1, 55 m. Tous étaient apparentés aux peuples du sud de l'Europe et n'avaient pas de ressemblance morphologique avec le type d'Andronovo.

Cependant, la découverte d'un lien de parenté étymologique entre les dieux Aryaman en Inde et Airyaman en Iran d'une part, et d'autre part Eremon en Irlande et Irmin en Germanie, relance nécessairement la question de savoir si l'autoethnonyme des Proto-Indo-Européens était Aryōs. Selon Yaroslav Lebedynsky, « ce pourrait être un argument en faveur d'une autoperception "nationale" des Indo-Européens. »

Utilisation nazie du terme Aryen

Article détaillé : Race aryenne.

Les nazis utilisèrent le terme d'Aryen pour définir la race blanche qu'ils considéraient la plus pure, la plus supérieure et la plus noble, qui était appelée par certains scientifiques de cette époque race nordique. Les intellectuels nazis prétendaient cette théorie confirmée par l'Histoire, l'expérience pratique, et les traits uniques de l'Aryen (notamment les cheveux blonds et les yeux bleus).

D'après Adolf Hitler[réf. nécessaire], la race aryenne est l'unique source de tous les progrès de l'Humanité. Pour la survie de l'Humanité, les nazis se doivent de préserver la race blanche des races inférieures qui, en polluant la génétique humaine, l'amènent à sa perte. Les nazis stérilisèrent ou emprisonnèrent ceux qu'ils considéraient comme malades, ou ceux qui étaient considérés comme atteints de maladies héréditaires (cécité, alcoolisme, schizophrénie, etc.), ou de maladies mentales, en s'appuyant sur une lecture particulière des théories eugéniques du Britannique Francis Galton (cf. L'Eugénisme sous le nazisme)[réf. nécessaire].

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Fussman, G.; Kellens, J.; Francfort, H.-P.; Tremblay, X.: Aryas, Aryens et Iraniens en Asie Centrale. (2005) Institut Civilisation Indienne ISBN 2-86803-072-6
  • James P. Mallory, À la recherche des Indo-Européens, Paris, Editions du Seuil, 1997.
  • Bernard Sergent, Les Indo-Européens, Paris, Payot, 2005.
  • Y. Lebedynsky, Les Indo-Européens. Faits, débats, solutions., Paris, Errances, 2006
  • Tatiana P. Kiiatkina, « La population de l'Asie moyenne ancienne », Dijon, dans Les Dossiers d'archéologie, n° 185, septembre 1993, pp. 36-41.
  • B. A. Litvinsky & L. T. P'yankova, « Pastoral tribes of the Bronze Age in the Oxus Valley », History of Central Asia, Vol. 1, The dawn of civilization: earliest times to 700 B.C., Paris, UNESCO Publishing, pp. 379-394.

Notes et références

  1. Source : Alexandre Langlois, Rig-Véda ou Livre des hymnes (1872).
  2. Source : James P. Mallory, À la recherche des Indo-Européens (1997).
  3. Alexandre Langlois, opus citatum, page 61, note 2 à droite.
  4. Alexandre Langlois, opus citatum, page 61, note 3 à droite.
  5. Alexandre Langlois, op. cit., page 265, Section 3, Lecture 8, Hymne 10, Verset 12.
  6. Alexandre Langlois, op. cit., page 268, Section 3, Lecture 8, Hymne 15, Verset 10.
  7. Alexandre Langlois, op. cit., page 311, Section 4, Lecture 8, Hymne 9, Verset 7.
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