Renseignement d'origine électromagnétique en France

Renseignement d'origine électromagnétique en France

Le renseignement d'origine électromagnétique en France est encadré par diverses dispositions législatives. Outre les écoutes téléphoniques, il permet l'interception de téléfax, de courriers électroniques et d'autres formes de communication électroniques, notamment via le système « Emeraude ». C'est l'une des missions principales de la DGSE : 2 000 personnes, sur les 4 500 employés, en sont chargées[1].

Sommaire

Dispositions légales

Les écoutes téléphoniques ont été facilitées par la loi n°2006-64 du 23 janvier 2006 « relative à la lutte contre le terrorisme et portant dispositions diverses relatives à la sécurité et aux contrôles frontaliers » (en particulier l'art. 6). La loi n° 91-646 du 10 juillet 1991, « relative au secret des correspondances émises par la voie des communications électroniques », modifiée par la loi n°2004-669 du 9 juillet 2004 relative aux communications électroniques et aux services de communication audiovisuelle et la loi précitée de 2006, donne également aux Armées et à la DGSE la possibilité de réaliser des interceptions dans le cadre du renseignement électromagnétique[2]. L'art. 3 de cette loi autorise en particulier :

«  les interceptions de correspondances émises par la voie des communications électroniques ayant pour objet de rechercher des renseignements intéressant la sécurité nationale, la sauvegarde des éléments essentiels du potentiel scientifique et économique de la France, ou la prévention du terrorisme, de la criminalité et de la délinquance organisées et de la reconstitution ou du maintien de groupements dissous en application de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et les milices privées. »

« Frenchelon »

Article détaillé : Frenchelon.

Surnommé ainsi en référence au système anglo-saxon Echelon, ce système de renseignement serait géré par la Direction du renseignement militaire (DRM) et la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), dont la direction technique est responsable du renseignement électronique stratégique. La plus importante des stations d’écoute est à Domme, près de Sarlat, dans le Périgord (44°47′11″N 1°14′17″E / 44.78639, 1.23806), les autres étant réparties entre la métropole (Les Alluets-le-Roi-Feucherolles, Mutzig, fort du Mont-Valérien, plateau d'Albion, Saint-Laurent-de-la-Salanque, Cap d'Agde, presqu'île de Giens, Solenzara, Filley et Dieuze), l'outre-mer (Saint-Barthélemy, le centre d'écoute militaire des Bandamiers à Mayotte, la Réunion, Kourou, Papeete et la Tontouta en Nouvelle-Calédonie) et les anciennes colonies (Bouar, Djibouti)[3].

Ces stations (plus les locaux administratifs de la DGSE situés boulevard Mortier, dans le 20e arrondissement de Paris) captent les communications électroniques, les analysent par le biais de logiciels et, dans la mesure du possible, décryptent les communications chiffrées (messages diplomatiques, militaires, de grandes entreprises, etc.).

Autres systèmes du même type en France

Outre Frenchelon, le système « Emeraude » (Ensemble mobile écoute et recherche automatique des émissions) est une des composantes du Système de guerre électronique de l'avant (SGEA) de l'armée française, et que la rumeur a longtemps confondu avec Frenchelon.

Emeraude complète, à l’extérieur, le système d’écoute existant sur les réseaux de communication du territoire français, géré par la DCRI (ex-DST), installé dans chaque département dans les locaux des préfectures de police ou leurs annexes, mais capable de servir aussi de réseau de secours pour les situations d’urgence et pour la diffusion téléphonique de bulletins d’alerte.

Ce réseau parallèle, largement surdimensionné par rapport à ses missions d’écoute (qui sont placées sous le contrôle de l’autorité judiciaire qui les autorise et les supervise légalement en contrôlant l’usage et la conservation des données recueillies), est construit en collaboration avec la Sécurité civile et les autorités civiles ou militaires chargées de la sécurité intérieure. Il peut servir à prendre et acheminer en charge les appels vers les services de secours et d’urgence en cas de situation de catastrophe ou de surcharge d’un centre d’appel normal.

Il dispose d’interconnexions avec l’ensemble des opérateurs de télécommunications filaires ou hertziens et de diffusion, privés ou publics, opérant sur le sol français et peut intercepter les communications de n’importe quel abonné sur l’un de ces réseaux.

Autres

Entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2007, François Baroin, alors ministre de l'Intérieur, a mis en place une plateforme pouvant traiter 20 000 requêtes par an, sous la responsabilité de l'Uclat (Unité de coordination de lutte anti-terroriste)[4],[5]. Les deux tiers de ces requêtes sont faites par la DST et les RG.

L'écoute au sens strict est soit judiciaire (ordonnée par un magistrat dans un cadre légal), soit administrative (ordonnée par certains ministères dans des affaires de terrorisme, sécurité économique ou autres), mais dans le second cas l'opportunité des écoutes est contrôlée par une commission indépendante, la CNCIS (Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité).

Dans le domaine bancaire, les écoutes sont enregistrées pour une durée variant de six mois à cinq ans[6].

Références

  1. Rémy Maucourt, DGSE : quand les espions cherchent des ingénieurs, Usine nouvelle, 12 juillet 2010
  2. Renseignement de source électromagnétique, ancienne page du site du Ministère de la Défense, archivée sur web.archive.org.
  3. Un rapport parlementaire du 11 octobre 2000 cite la plupart de ces noms ; certaines bases ne sont pas reconnues officiellement par l'armée, comme celle de Kourou ; cf. Jean Guisnel, Les pires amis du monde : Les relations franco-américaines à la fin du XXe siècle, éd. Stock, février 1999, 350 p. (ISBN 2-234-05075-8) [présentation en ligne], chap. 10 .
  4. « La police française déploie ses grandes oreilles », par Thomas Rousseau, publié le 30 mai 2007
  5. Jean-Marc Leclerc, L’antiterrorisme espionne aussi mails et textos, Le Figaro, 14 octobre 2007
  6. Questions relatives aux décisions n° 99-05 et 99-06

Voir aussi

Articles connexes

Article externe


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