Reprotoxicité

Reprotoxicité

La reprotoxicité désigne tout phénomène de toxicité pour la reproduction, en particulier quand elle entraîne la stérilité, ou pour les substances ou rayonnements tératogènes. Pour des raisons de santé publique et/ou de protection de l'environnement la mise sur le marché et l'emploi de certains produits reprotoxiques peuvent être réglementé (limités ou interdits). Les reprotoxiques affectent la fécondité et/ou la fertilité, soit par une toxicité directe pour les gonades ou le système reproducteur, soit en induisant un comportement ne permettant plus la reproduction. Ces produits peuvent dans le cas des perturbateurs endocriniens agir à très faible dose. Ils peuvent parfois aussi agir in utero en bloquant le développement normal des organes sexuels ou de glandes les contrôlant, bien avant la naissance de l'individu ; on les dits alors embryotoxiques ou foetotoxiques.
Il existe des périodes de vulnérabilité aux reprotoxiques ; ce sont notamment ceux de la formation des organes génitaux in utero et la phase de puberté.

Les règlementations dans le monde tendent à regrouper les substances Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques (ou « CMR »).
Pour la directive européenne 67/548/CEE, sont reprotoxiques toutes « substances et préparations qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée, peuvent produire ou augmenter la fréquence d'effets nocifs non héréditaires dans la progéniture ou porter atteinte aux fonctions ou capacités reproductives mâles ou femelles »[1];

Sommaire

Reprotoxicité sur les animaux

Des études ont montré l'impact de certains produits chimiques perturbateurs endocriniens :

  • féminisation de poissons dans les rivières polluées : le nombre de femelles augmente par rapport au nombre de mâles ;
  • masculinisation de certains coquillages, par exemple par les organoétains
  • cas de micropénis chez les crocodiles vivant dans des lacs pollués par le DDT.

Reprotoxicité sur les humains

En France, 30 % des femmes de 25 à 44 ans déclarent avoir eu des difficultés à avoir un enfant, ou ne pas avoir pu en faire. On observe par ailleurs depuis les années 1960 une augmentation des cancers des testicules et des malformations génitales chez l'homme, ainsi qu'une diminution de la production spermatique :

  • une métaanalyse danoise de 1992 sur des publications scientifiques publiées durant cinquante ans montre une diminution de 50 millions du nombre de spermatozoïdes ;
  • une étude de l'hôpital Cochin sur les donneurs de sperme entre 1973 et 1992 a montré une baisse du nombre de spermatozoïdes de 30 millions ;
  • on a constaté des cas d'infertilité chez des travailleurs de bananeraies manipulant des pesticides.

Il y a peu de preuve formelle de la reprotoxicité sur l'Homme, en raison de l'impossibilité éthique de faire des expérimentations. Il existe toutefois de fortes présomptions, du fait des résultats sur les animaux, ainsi que des constatations faites sur des accidents ou les conséquences de certaines expositions professionnelles, avec par exemple :

Législation

Les produits cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) sont peu à peu pris en compte par la législation.

À titre d'exemple, en France, l'employeur doit informer les salariés des risques induits par les reprotoxiques (comme pour les produits cancérigènes et/ou mutagènes), par une attestation d'exposition co-signée de l'employeur et du médecin du travail, remise à tout salarié exposé quand il cesse son activité.
L'information sur l'exposition doit être organisée par l'employeur en collaboration avec le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et le médecin du travail, lesquels doivent être informés au plus vite de toute exposition anormale.
L'employeur doit tenir à jour et à disposition du médecin du travail la liste des personnes exposées et si possible du niveau d'exposition. Un salarié ne peut être exposé à des CMR qu'après examen médical par la médecine du travail, renouvelé au moins une fois par an. Le dossier médical (à conserver 50 ans après cessation de l'exposition) doit préciser la nature du travail fait, sa durée et les périodes d'exposition (dont accidentelle le cas échéant) et le résultat des examens médicaux. L'employeur n'a pas le droit de faire travailler une femme enceinte ou allaitante en présence de substances reprotoxiques[2].

En France, la redevance pour pollution diffuse, perçue par les Agences de l'eau concerne aussi les reprotoxiques Y sont assujetties « toute personne distribuant les produits visés à l'article L. 253-1 du code rural et de la pêche maritime en vertu de l'agrément visé à l'article L. 254-1 du même code [3] » ;
« L'assiette de la redevance est la masse de substances classées, conformément aux catégories définies pour l'application de l'article L. 4411-6 du code du travail, comme très toxiques, toxiques, cancérogènes,mutagènes, toxiques pour la reproduction ou dangereuses pour l'environnement, contenues dans les produits mentionnés au I[3]. »

Prévention

Certains pays (Danemark en particulier) mènent déjà des campagnes de sensibilisation en recommandant aux femmes de manger bio et d'éviter les cosmétiques susceptibles de contenir des pseudo-hormones.
Quelques pays recommandent aux femmes enceintes d'éviter certains poissons trop riches en mercure et autres reprotoxiques (PBC, dioxines..) tels que thon, espadon, et autres grands poissons carnivores. En 2008, Une expertise collective a été commandée à l'INSERM sur certains produits suspectés d'être cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR,catégorie 3).
La France envisage aussi en 2008/2009 ;

  • une étude de l'Afssaps sur l'évaluation des risques des cosmétiques chez la femme enceinte et le jeune enfant [4].
  • un logo est souhaité par le ministre, à créer en accord avec les industriels pour informer les femmes enceintes et les enfants (mais en novembre 2008, il n'y a pas encore de liste des produits concernés)[5]
  • que soit inséré dans le carnet de maternité "une information sur le risque potentiel[6] de l’utilisation de certains produits pendant la grossesse"[7]
  • une campagne de sensibilisation des femmes enceintes et des professionnels de santé (commandée à l'INPES), mais il faudrait que les femmes se prémunissent du contact avec certains produits plusieurs mois avant la grossesse (cf durée de demie-vie dans l'organisme de certains produits stables, dont les métaux tels que le mercure).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Libération n°7962, 13 décembre 2006 : Reach : l'Europe met la chimie sous contrôle (Laure Noualhat, Éliane Patriarca, Julie Majerczak) [1], Une évidence pour de nombreux chercheurs (Éliane Patriarca, entretien avec Nathalie Kosciusko-Morizet) [2]

Notes et références

  1. Directive du Conseil n° 67/548/CEE du 27 juin 1967 concernant le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives relatives à la classification, l'emballage et l'étiquetage des substances dangereuses (JOCE n° L 196 du 16 août 1967)
  2. Les expositions au CMR, Documents pour le médecin du travail INRS, n° 104, 4e trimestre 2005
  3. a et b Article L213-10-8 du Code de l'environnement
  4. annoncée par le ministre de la santé au colloque «Environnement chimique, reproduction et développement de l'enfant» (2008 11 25)
  5. Mme Bachelot, dans son discours du 25 novembre 2008 « J’aimerais, enfin, faire étudier, en partenariat avec les industriels, la possibilité d’apposer, sur les produits reprotoxiques, un logo indiquant qu’ils ne sont pas recommandés aux femmes enceintes et aux jeunes enfants » Source
  6. Rappelons qu’un risque ne peut être potentiel : ou il existe, ou il n’existe pas.
  7. Annonce ministérielle française relative au colloque de nov 2008 sur les perturbateurs endocriniens

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Reprotoxicité de Wikipédia en français (auteurs)

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