Retable d'Isenheim

Retable d'Isenheim

Retable d'Issenheim

Le retable d’Isenheim tel qu’exposé au musée d’Unterlinden de Colmar

Le retable d’Issenheim (ou d’Isenheim), consacré à saint Antoine, provient du couvent des Antonins à Issenheim, au sud de Colmar, où il ornait le maître-autel de l’église de la commanderie. Il est l’œuvre de deux grands maîtres allemands du gothique tardif : le peintre Matthias Grünewald, dont il constitue incontestablement le chef-d’œuvre, pour les panneaux peints (1512-1516) et (de) Niklaus von Hagenau pour la partie sculptée (autour de 1500).

Le retable est constitué d’un ensemble de plusieurs panneaux peints qui s’articulent autour d’une caisse centrale composée de sculptures.

Ce magnifique et monumental polyptyque se trouve aujourd’hui à Colmar, au musée d'Unterlinden dont il est indubitablement la pièce maîtresse et qui lui doit sa renommée internationale. Il est exposé dans la chapelle, où tout a été fait par les responsables du musée pour sa mise en valeur.

Le retable d’Issenheim comporte des scènes d’une intensité dramatique peu commune, et tout à fait exceptionnelle pour son époque. Le fantastique n’en est pas exclu - ce qui rapprocherait Grünewald de Jérôme Bosch - ni un maniérisme qui font de cet artiste un génie isolé et presque inclassable.

L'étonnante modernité de l'oeuvre a fasciné de nombreux artistes français et étrangers, au premier rang desquels le peintre japonais Itsuki Yanai, qui a passé plus de vingt ans à copier le tableau original.

Sommaire

L’œuvre

Le retable d'Issenheim v. 1512-1515, huile sur bois, musée d’Unterlinden, Colmar
Le retable d'Issenheim v. 1512-1515, huile sur bois, musée d’Unterlinden, Colmar

Préambule : l’Ordre des Antonins

Le grand Saint Antoine, patron des Antonins, volet latéral du retable

L’ordre des Antonins a été fondé vers 1070 à Saint-Antoine-en-Viennois, petit village du Dauphiné situé entre Valence et Grenoble. Il s’agit d’un ordre « mendiant » qui a pour vocation de soigner et d’assister les malades.

Les religieux se consacraient à cette époque à une affection qui se répandait rapidement, l’empoisonnement par l’ergot de seigle. Cet empoisonnement par un champignon microscopique attaquant la céréale causait des douleurs terribles aux malades qui étaient affectés de ce que l’on appelait alors le « mal des ardents » (ergotisme gangreneux). Le but de l’ordre des Antonins était ainsi de prendre en charge les nombreux malades pour leur apporter la guérison par la protection du « Grand saint Antoine ». Ils intervenaient également lorsque les populations étaient décimées par des épidémies de peste noire.

Le monastère des Antonins d’Issenheim était situé sur une ancienne voie romaine menant des pays germaniques, par Bâle, vers les lieux de pèlerinage traditionnels du Moyen Âge, Rome et saint Jacques de Compostelle : nombreux étaient les pèlerins et voyageurs qui y passaient. C’est pour son hôpital que fut commandé et réalisé le retable. Les malades y étaient amenés au début de leur prise en charge, et l’on espérait que saint Antoine pourrait intercéder pour obtenir un miracle en leur faveur, ou tout au moins qu’ils trouveraient réconfort et consolation par la contemplation des scènes qui y étaient représentées. D’après la représentation du Moyen Âge, les images de méditation sont de la « quasi-médecine ».

L’histoire de la réalisation du retable d’Issenheim

Le cloître d’Issenheim avait déjà un retable, dit « retable Orliaco ». Ce retable fermé montre sur les deux ailes la scène de l’annonciation. Sur l’aile gauche se trouve l’archange Gabriel et sur la droite Marie. Ouvert, on peut voir sur l’aile gauche comment Marie encense le bébé et sur la droite saint Antoine et Jean d’Oliaco (le recteur du cloître au moment de la réalisation du retable). Martin Schongauer avait peint, en 1475, ces quatre personnes à la demande du recteur du cloître. Ouvert, les ailes du « retable Oliaco » encadrent une sculpture de la sainte vierge grandeur nature. Cette partie se trouve maintenant au Louvre. En 1485, Orliaco commande chez Nicolas de Haguenau la création d’une sculpture pour un retable. L’historien des arts Zierman démontre qu’elle a probablement été créée parce que l’on trouvait, à ce moment, le retable d’Orliaco déjà démodé.

On ne sait pas à quel moment précis Grünewald reçut la commande de cette œuvre et, du fait du manque de documents, on n’arrivera probablement jamais à clarifier cette date. La raison pour laquelle c’est justement Grünewald qui reçut la commande du retable pour ce cloître situé au pied des Vosges reste également une énigme. Une première hypothèse est que la commande originale concernait la partie sculptée, effectuée vers 1490, Grünewald n’intervenant que 12 à 15 ans plus tard. Une autre est qu’il s’agit d’une commande en bloc de Guy Guers vers 1510 et que le retable a été réalisé dans son intégralité entre 1510 et 1516[1].

La conception du retable d’Issenheim

Le retable d’Issenheim est un retable polyptyque sur lequel les différents volets peuvent êtres ouverts pour illustrer les différentes périodes liturgiques durant le culte lors les fêtes correspondantes. Le retable possède au total trois faces illustrées (Triptyque), alors qu’en principe de tels retables n’en possédaient que deux. Au centre du retable se trouve un autel sculpté et l’ensemble était surmonté d’un meneau gothique sculpté et doré, qui a été perdu.

Postérité

Le retable fut démonté lors de la Révolution française puis remonté au milieu du XIXe siècle sur son lieu actuel d’exposition.

Notes et références

  1. Lorentz P, Le retable d’Issenheim a-t-il livré ses secrets ?, Dossier de l’art n° 148 p5-8

Voir aussi

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