Roger Vieillard

Pour les articles homonymes, voir Vieillard-(homonymie).

Roger Vieillard (9 février 1907, Le Mans - 1^er mars 1989) est un graveur buriniste et illustrateur français, proche des artistes de la nouvelle École de Paris.

Biographie

Roger Vieillard naît au Mans où son père est en garnison. Son grand-père paternel exploite une fabrique de faïence à Bordeaux et l'un de ses arrière-grand-pères, le peintre Albert Maginel, avait été élève puis ami d'Ingres. Roger Vieillard se passionne pour le tennis et fait à Paris des études classiques, de lettres et de droit, fréquentant les cours à la Sorbonne de Henri Focillon. En 1930 il effectue son service militaire dans la météorologie, est envoyé au Maroc et commence à dessiner. Continuant de pratiquer l'entraînement sportif et la compétition, il exerce la profession de banquier pour assurer son indépendance financière, et effectuera une brillante carrière à la « Banque nationale pour le commerce et l'industrie » qui l'amènera à travailler avec la bourse de New York.

Au tout début des années 1930 Roger Vieillard fait la connaissance du peintre Jean Bazaine et du graveur anglais Stanley William Hayter à l’Atelier 17. Il y découvre le burin, qui deviendra sa technique de prédilection. À partir de 1935, il fréquente assidûment pendant deux ans cet atelier, et se perfectionne auprès de Hayter et de son ami Joseph Hecht. En 1939, il installe une presse dans son premier atelier. Il se marie la même année avec le peintre américain Anita de Caro, originaire de New York, arrivée en France en 1936, qu'il a rencontrée à l’Atelier 17. Ils formeront un couple symbolique du Paris artistique des années 1940 à 1970.

À la déclaration de la guerre ils mettent à l'abri une partie de l'œuvre de Joseph Hetch en utilisant le vélo comme moyen de transport. Roger Vieillard mobilisé commence un roman Les Rives du Scamandre. En 1943, la galeriste Jeanne Bucher organise sa première exposition personnelle et publie son recueil Paysages de France. Roger Vieillard entretient une correspondance avec Hayter qui est à New York et ils collaborent sur Les noces de la sirène. Les années 1947 à 1958 sont marquées par de nombreuses expositions à Rotterdam avec Jacques Houplain et Michel Ciry, à la galerie Billiet-Caputo, à la Biennale de Venise (en 1948 et 1950), et à celle de Sao Paulo en 1953-1954. Ses planches sont inspirées par le monde industriel et son travail à la banque. Le couple voyage et fréquente Jenny Bradley, Dora Maar, Marc et Vava Chagall, et les Maeght. Vers 1957, « Le style du buriniste essentiellement graphique et linéaire, évolue vers des recherches de clair obscur, des formes abstraites et des espaces plus ambigus (La nuit danse, les planches de retour du Pays d'ombres). » ^[1]

À partir de 1960 Roger Vieillard perfectionne un procédé qui combine des moulages en stucs et ses matrices de métal encrées. Imprimant sa plaque sur stuc, il désire donner à l'œuvre moulée, une matière, un volume un poids qui échappe au papier. Le tirage sur plâtre, appelé par l'artiste « Relief gravé », est réduit, rarement plus de deux épreuves. En 1967, il organise une exposition des œuvres de son ami Jacques Villon à Lisbonne. Il prend sa retraite et peut se consacrer uniquement à la gravure. Il s'essaie à de nouvelles techniques, en réalisant un bas relief en pierre de 5 mètres carrés pour l'École normale de Troyes. Il découpe plusieurs petits cuivres qu'il imprime sur une plaque de zinc elle même détourée, obtenant ainsi des effets de gaufrage.

Nommé Chevalier de la Légion d'honneur en 1955, Sociétaire de la Jeune gravure contemporaine, Cofondateur du Salon de Mai en 1943, Roger Vieillard fut aussi vice président du Comité national du livre illustré français et président de la Société des peintres graveurs. Il est élu en 1989 membre de l'Académie des beaux-arts dans la section de gravure, au fauteuil de Albert Decaris et meurt peu après sa réception. Jean-Marie Granier (1922-2007) lui succède en 1992.

L'œuvre

L’œuvre de Roger Vieillard, qui compte 662 estampes, est très personnelle, il utilise un trait précis d’une grande habileté, il possède un style unique et identifiable. Il est considéré comme « « Le plus pur de nos burinistes »^[2]. L'art du burin est exigeant, peu d'artistes s'y engagent. Auprès de celles d'Adam, Courtin, Flocon, Springer, Ubac, son œuvre est considérée comme l'une des plus importantes dans la gravure du XX^e siècle. Il a pratiqué aussi occasionnellement la xilographie pour les lettrines de ses livres illustrés. "La gravure cet art secret": En 1981 Roger Vieillard s’exprime ainsi «La ligne du burin est ainsi capable d’interprétations impossibles à la peinture et au dessin. Sa sensibilité est plus vive. Quant au cuivre, le travail terminé, il n’est plus une surface. Il devient un espace et prend trois dimensions. La gravure est plus proche du bas relief et donc de la sculpture que la peinture ou le dessin. Comme la sculpture elle poursuit dans une matière monochrome les parcours de la ligne dans l’espace »^[3]

L'illustration de livres, une trentaine, représente la moitié de son œuvre gravé :

Signature de Roger Vieillard

• La Fable de Phaêton mise en vers français par Thomas Corneille (d'après Ovide), Éditions Jack Kahane, 1939
• Hommage à Rimbaud, Éditions du Seuil, Paris, 1945 (19 gravures)
• Hymne à Démeter, 1946
• Jours pétrifiés, poèmes de Jean Tardieu, 1947 (7 gravures)
• Discours de la méthode de Descartes, 1948 (15 gravures)
• L' Écclésiaste, Éditions Michel de Romilly, Paris, 1951 (13 gravures)
• Le Banquet de Platon 1952
• Chemin du vain espoir, texte d'André Frénaud, Éditions Michel de Romilly, Paris, 1956 (9 gravures)
• La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, 1980
• Amers et Étroits sont les vaisseaux, poèmes de Saint-John Perse, 1980

Musées

• Bibliothèque nationale, Cabinet des estampes, Paris (plus de 100 gravures)
• Musée départemental de l'Oise, Beauvais
• Bibliothèque de Bordeaux
• Une donation de 318 gravures et 40 reliefs gravés de Roger Vieillard a été faite au Musée du dessin et de l'estampe originale de Gravelines.
• Musée des beaux-arts, Nantes
• Musée d'art moderne et contemporain, Strasbourg.
• Donation au Musée-école Adrien Bruneau Laval -Expositions et donation suscitées par Bernard Legendre.

Bibliographie

• Roger Vieillard, Burins, Reliefs, textes de Jean Adhémar, Jean Tardieu et Roger Vieillard, Cabinet des estampes, Bibliothèque nationale, Paris, 1972.
• (en) Hacker, P. M. S. Gravure and Grace : The Engravings of Roger Vieillard, Ashmolean Museum, 1993, 104 p. (ISBN 1854440284).
• Roger Vieillard, Catalogue raisonné, Œuvre Gravé, 1934-1989, deux volumes (ouvrage dirigé par Anne Guérin avec le collaboration de Virginie Rault, essai de Dominique Tonneau-Ryckelynck, préface de Marc Fumaroli), éditions Somogy, Paris, 2003, 217 p. (ISBN 2850564818).
• Roger Vieillard Anita de Caro le trait et la couleur, par Anne Guérin, Catalogue de l'exposition de la propriété Caillebotte de Yerres, 20 septembre au 30 novembre 2008, éditions Gourcuff et Gradenigo, Ville de Yerres, 2008, 127 p. (ISBN 9782353400454).

Notes et références

1. ↑ Anne Guérin, Roger Vieillard Anita de Caro, le trait et la couleur, 2008
2. ↑ Jean Bersier, La gravure, les procédés, l’histoire, La table ronde, Paris
3. ↑ Janine Bailly-Herzberg, Le dictionnaire de l’estampe en France 1830-1950, Arts et métiers graphiques

Voir aussi

Articles connexes

• Peinture non figurative

Liens externes

• Notice sur la vie et travaux de Roger Vieillard par Jean-Marie Granier, lue à l'occasion de son installation comme membre de la Section Gravure, séance du 25 mars 1992, Académie des beaux-arts, Institut de France
• Roger Vieillard sur le site l'Œil neuf
• Rétrospective Roger Vieillard et Anita de Caro, Propriété Caillebotte, Yerres, 2008