Romain Zaleski

Romain Zaleski

Romain Zaleski, né à Paris le 7 février 1933[1], est un homme d'affaires et l'une des premières fortunes de France (3,837 milliards € en 2009, 8ème de France)[2]. Il fut également haut fonctionnaire français et champion de France et d'Italie de bridge.

Biographie

Romain Zaleski est né en 1933, dans une famille de l'aristocratie polonaise, troisième de quatre enfants. Son père, Zygmunt, est écrivain et professeur de lettres polonaises à la Sorbonne[3], délégué du ministre des Cultes et de l'Instruction polonais[4]. Sa mère est propriétaire terrienne, médecin et capitaine dans l'armée de l'intérieur polonaise Armia Krajowa[5]. Résistants, en 1943, pendant que son frère ainé André succombe de maladie à Villard-de-Lans, son père est arrêté en France, torturé à Paris et déporté à Buchenwald d'où il sera libéré par les Américains et décoré par Charles de Gaulle. Sa mère est arrêtée par la Gestapo à Varsovie en 1944 et déportée à Ravensbruck[3] tandis que son frère Pierre résistant ayant pris le maquis avec la AK, sera arrêté par l'armée sovietique et n'a la vie sauvée qu'à cause de son jeune âge. Libéré il est rapatrié en France où, devenu ingénieur au CEA[3] il participe à l'invention de la pile à neutrons rapides[6]. Romain lui a servi comme d'autres enfants pour la résistance polonaise, d'agent de liaison portant des documents[7].

Élève au Lycée Janson-de-Sailly, il obtient l'accessit en maths et en physique au concours général de 1951 et une mention très bien au bac[3]. Il entre à l'École Polytechnique (X1953) et est diplômé de l'École nationale supérieure des mines de Paris (1958). Il entre dans la haute fonction publique, et participe à la fin des années 1960 à plusieurs cabinets ministériels, dont celui de François-Xavier Ortoli, ministre de l'Industrie. Après plusieurs périodes de mise en disponibilité, il démissionne définitivement du corps des Ingénieurs des mines en juillet 1986.

En 1972, il quitte le service de l'État, pour intégrer puis diriger le groupe financier (Compagnie internationale de banque) et de luxe (fourrures) Révillon. À la fin des années 1970, il devient trésorier de l'UDF.

Contraint de quitter Révillon en 1979, il devient consultant de la Comilog[3], pour le compte de laquelle il entre en contact le sidérurgiste italien Carlo Tassara, créancier de l'exploitant minier franco-gabonais, au bord du dépôt de bilan[8]. Après lui avoir évité le dépôt de bilan, il entre au capital de la société italienne et en prend le contrôle en 1984[8]. Il en fait une holding de droit luxembourgeois et se spécialise à partir de 1994 dans le secteur de l'exploitation et de la transformation des métaux, ainsi que dans la banque.

Il commence par investir les bénéfices de Carlo Tassara dans le capital du troisième producteur italien d'électricité, Falck-Sondel. Il en détient 38,7 % quand il s'oppose en 1996 à l'OPA de Compart, cédant finalement trois ans plus tard ses parts avec une plus-value de 300 millions d'euros, qu'il investit aussitôt dans le nouveau groupe énergétique. En 2001, il s'associe à EDF et Fiat dans l'OPA hostile sur l'italien Montedison[3]. En 2005, il cède ses 20 % du capital d'ItalEnergiaBis à l'entreprise française pour un milliard d'euros[8].

En achetant 7,4 % du capital d'Arcelor[9], il est devenu le premier actionnaire du sidérurgiste européen, et l'homme clé dans l'OPA de Mittal Steel sur Arcelor donnant sa préférence à l'indien contre le russe Severstal[10].

Vice-président du holding italien Mittel, il détient à travers sa holding 13 % du groupe Eramet[11], 11 % d'Edison[3], et plus de 3 % de VINCI[12]. Deuxième actionnaire de la banque Intesa-San Paolo, à hauteur de 6 %, il a acquis en novembre 2007 plus de 2 % de Mediobanca et Generali[13]. Actionnaire de poids et administrateur du groupe Arcelor-Mittal[14], il revend 25 millions de ses actions au groupe pour 1,165 milliard d'euros, et démissionne du conseil d'administration[12].

Le 17 novembre 2008, en pleine crise financière, il lance Alior Bank en Pologne, à la tête du Conseil de surveillance de laquelle il place sa fille Hélène[15].

En 2007, Challenges le classe 4e plus grosse fortune française en évaluant son capital familial financier à 9,173 milliards d'euros, et 13e milliardaire français de par sa fortune personnelle (environ 2 milliards d'euros)[16]. Mais, alors que les estimations de Challenges portent sa fortune début 2008 à plus de 11 milliards d'euros, la chute des valeurs boursières l'oblige à contracter en novembre un prêt auprès des banques italiennes dont il est actionnaire et créancier, pour qu'il puisse rembourser 1,3 milliard d'euros à BNP Paribas et la Royal Bank of Scotland[17]. Il descend de la 4e à la 7e place des plus grosses fortunes françaises, et, classé 488e milliardaire mondial par Forbes en 2007, et 428e l'année suivante, il sort du classement en 2009[18]

Malgré son patrimoine, il reste discret, résidant principalement en Italie depuis 1991 dans une villa de la banlieue de Milan[8] ou à Borno.

Au jeu de bridge, où il excelle, il avait été champion de France dans sa jeunesse. Dans les dernières années, l'un de ses partenaires favoris est Antoine Bernheim. Il sponsorise une équipe française au SPINGOLD 2009 à Washington DC, composée, outre son partenaire Franck Multon, de Bompis, Quantin, Faigenbaum et Pilon[19]. Le 19 mars 2010, l'équipe ZALESKI arrive en quart de finale de la coupe Vanderbilt (Championnat du monde de bridge). Comme il réside alternativement en France et en Italie, il décide alors de sponsoriser une équipe italienne comprenant, outre lui-même, Alfredo Versace, Lorenzo Lauria, Valerio Giubilo, Mario d'Avossa et Ricardo Intonti : il devient ainsi champion d'Italie de bridge fin 2010[20]. Le bridge est pour Romain Zaleski une rare occasion de donner des interviews car il croit très fort à la vertu éducative de ce jeu[21].

En l'honneur de son père, il crée la fondation néerlandaise Zygmunt Zaleski, présidée par sa fille Hélène, qui soutient notamment la Bibliothèque polonaise de Paris, ainsi que des bourses pour étudiants étrangers vivant en France.

Distinctions

Références

  1. Rapport annuel, Arcelor, 2006. p 11
  2. http://www.challenges.fr/classements/fortune.php?cible=986
  3. a, b, c, d, e, f et g Bruno Delessard, Enigmatique - Romain Zaleski, financier, Magazine Challenges, 22 novembre 2007. [lire en ligne]
  4. [PDF] Historique de la section de Langue, littérature et civilisation polonaises, Université Lille III
  5. Kawalerowie Virtuti Militari 1792-1945. Słownik biograficzny, tom II, część 2, Koszalin 1993
  6. (fr) Georges Vendryes, « Cinquantième anniversaire du Centre de Marcoule - Exposé de Georges Vendryes sur la filière française des réacteurs à neutrons rapides et Phénix », 14 octobre 2005. Consulté le 6 février 2008
  7. (en) Gail Edmondson, « Romain Zaleski: The Frenchman Who Is Shaking Up Italy Inc. », BusinessWeek, 18 juin 2001. [lire en ligne]
  8. a, b, c et d Benoit July, « Romain Zaleski », Le Soir, 10 mai 2006
  9. Natacha Tatu, « Arcelor-Mittal : l'étrange Monsieur Z », Le Nouvel observateur nº 2173, 29 juin 2006 [lire en ligne]
  10. (en) Notice sur Romain Zaleski sur Forbes.com
  11. Eramet : le titre continue de battre des records, Boursier.com, 13 décembre 2007
  12. a et b « Zaleski grimpe à plus de 3 % du capital de Vinci », Challenges.fr, avril 2008
  13. « Romain Zaleski détient 2,2 % de Mediobanca », La Tribune, 13 novembre 2007
  14. Conseil d'administration du groupe Arcelor-Mittal
  15. « En pleine crise bancaire, un riche Français lance une banque en Pologne », AFP, 29 octobre 2008
  16. Voir Liste des milliardaires de France en 2007
  17. « Les banques italiennes au secours de Zaleski », Challenges.fr, 17 novembre 2008
  18. « La fortune des milliardaires a fondu en 2008, Bill Gates redevient numéro un », AFP, 11 mars 2009
  19. The Bridge World, February 2010, p.4 ; ZALESKI bat FLEISHER au premier tour (incluant Martel et Stansby) et est battue par DIAMOND (avec Gitelman) au deuxième tour.
  20. La donne suivante de la finale du Championnat d'Italie 2010 a été publiée dans Le Bridgeur, n° 846, 15 janvier 2011 :
    8 5 4
    9 2
    R D 10 9 8 7 6 3
    A R 10 9 7

    N

    W         E

    S

    D V 6 3
    5 A D
    A D 7 6 R V 9 5 3
    V 5 4 A 2
    2
    R V 10 8 7 6 4 3
    10 8 4 2


    Personne vulnérable. Les enchères sont ultra-rapides : Versace ouvre de 1 ♠ en Ouest, Uggeri annonce 4 ♣ en Nord et Zaleski conclut directement à 6 ♠ en Est. Craignant une chicane à trèfle au mort, Nord entame du 9 ♥ et Versace réussit le contrat. Dans l'autre salle, les adversaires déclarent 7 ♠ contrés et chutent de 3 levées sur l'entame du 3 ♣. Cette donne rapporte 16 imp à l'équipe Zaleski qui totalisera 99 imp à 16 donnes avant la fin de la finale, provoquant l'abandon de l'équipe adverse.

  21. Une interview de Zaleski par le journaliste italien Luciano Ranzanici a été publiée dans le journal Bresciaoggi. Il y déclare notamment : Le bridge est supérieur à tous les autres jeux car il induit les gens à réfléchir et à prendre de bonnes décisions ... L'ancien président de la WBF, José Damiani, m'a dit que Deng Xiaoping a introduit le bridge à l'Université. Cela peut contribuer à expliquer pourquoi les chinois excellent dans tant de domaines ...
  22. Décret du 13 juillet 2005, Journal officiel n° 163 du 14 juillet 2005


"Romain Zalesky. Odor di frode". http://piemonte.indymedia.org/article/11567


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Romain Zaleski de Wikipédia en français (auteurs)

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