Royaumes combattants

Royaumes combattants

La période des Royaumes Combattants (chinois traditionnel : 戰國; chinois simplifié : 战国; pinyin : zhàn guó, littéralement « pays » (guo) en « guerre » (zhan)), s'étend, en Chine, du Ve siècle av. J.‑C. (la date exacte du début étant discutée), jusqu'à l'unification des royaumes chinois par l'établissement de la dynastie des Qin, en 221 av. J.-C. Son nom lui fut donné tardivement, par référence aux Stratagèmes des Royaumes Combattants (Zhanguoce), livre portant sur cette période. Elle correspond dans la chronologie dynastique à la dernière phase de la période des Zhou orientaux. Cette chronologie reposant sur l'historiographie traditionnelle ne correspond par forcément à celle qui est observée par l'analyse plus précise des évolutions sociales, politiques, économiques et culturelles, puisque les traits caractéristiques des Royaumes combattants s'affirment surtout à partir du début du IVe siècle av. J.‑C..

Cette période consacre l'affaiblissement de la dynastie Zhou et le renforcement du pouvoir des princes, commencé au cours de la Période des printemps et des automnes. À partir du milieu du cinquième siècle, sept grands états émergent (Chu, Han, Qi, Qin, Wei, Yan et Zhao), qui s'affranchissent progressivement de la tutelle symbolique des Zhou, leurs chefs prenant le titre de « roi » (wang), et se livrent des guerres incessantes qui stimulent et accompagnent de nombreux changements de cette période. C'est alors que se forment des États centralisés, dirigés par une administration et une classe politique de mieux en mieux formées et organisées. La période des Royaumes combattants est aussi marquée par des progrès techniques et économiques déterminants, et la constitution de plusieurs écoles de pensée qui ont profondément marqué l'histoire de la Chine. C'est une période charnière pour la construction de la civilisation de la Chine impériale qui lui succède.

Royaumes principaux au début de la période des Royaumes combattants, avant l'éclatement du Jin.

Sommaire

Sources

Laissez-passer inscrit sur du bronze retrouvé dans une tombe du Chu en 1957, exemple des découvertes récentes de textes administratifs des Royaumes combattants dans des tombes antiques.

Les sources traditionnelles permettant de connaître la période des Royaumes combattants sont des sources littéraires qui ont été conservées depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours[1]. Elles ont été rédigées ou compilées à la période pré-impériale ou sous les premiers empires chinois. La source majeure pour l'histoire des Royaumes combattants est le Shiji de Sima Qian (145-86), les « Mémoires historiques », ouvrage monumental rédigé au début de la dynastie Han. Sa partie historique s’appuie sur les chroniques du royaume de Qin auxquelles l'auteur, archiviste à la cour des Han, avait accès. La dernière partie du Shiji, racontant les vies de personnages éminents dont certains ont vécu sous les Royaumes combattants, est également une source majeure. D'autres chroniques historiques complètent l'œuvre de Sima Qian, comme les Annales de Bambou, retrouvées dans une tombe à la fin du IIIe siècle après J.-C., contenant les annales du Wei. Chaque État devait avoir sa propre chronique, mais la majorité n'a pas été conservée. Il s'agit de textes produits par les cercles officiels des États, donc des sources biaisées, cela étant accentué chez Sima Qian qui a pour objectif de dispenser des leçons de morale par les récits qu'il rapporte. Ce même problème se retrouve avec les autres sources écrites de la période conservées par la tradition chinoise ultérieure. Un groupe est constitué d’écrits d’hommes politiques décrivant leurs projets ou leurs stratagèmes politiques, tandis qu’un autre consiste en des traités militaires écrits par des stratèges. Le type de textes qui est quantitativement le mieux représenté parce que le souci de conservation a été plus fort est celui des écrits des penseurs ou philosophes des Royaumes combattants, période très intense dans ce domaine[2]. Cependant, beaucoup de ces textes posent un problème de contextualisation historique puisqu’ils ont été remaniés parfois de façon très importante à des époques postérieures, et que l'auteur auquel ils sont attribués n’est pas forcément à l'origine de tout ce qu'il y est écrit. Ce genre de problème se pose également pour les textes rituels attribuables à la période des Royaumes combattants ou existant auparavant et qui ont survécu aux épreuves du temps, de même qu'à d’autres productions littéraires comme des traités de médecine, de lexicographie, des poésies ou des récits narratifs. Ces œuvres sont souvent composites, et complexes à dater.

Cependant, des progrès dans la compréhension de leur histoire et de leur contexte de rédaction sont accomplis grâce aux méthodes d'analyse critique modernes, et surtout grâce aux découvertes effectuées depuis un demi-siècle environ dans des tombes antiques, où étaient conservés des textes de nature variée, rédigés dans des matériaux divers qui supportent plus ou moins bien le passage des siècles, généralement écrit à l'encre[3]. Les plus répandus étaient ceux constitués de lamelles faites à partir de bambou coupé en deux, allongé puis poli, qui étaient liées ensemble par des fils ou rubans de soie, permettant d'en faire un rouleau. Les textes écrits sur du bois qui soient connus pour cette période prennent l'aspect de tablettes. Le troisième support le plus répandu est celui qui a le moins bien survécu aux affres du temps, la soie, plus léger mais aussi plus cher que les deux autres, qui servait aussi de matériau pour des peintures[4]. Le bronze pouvait aussi être inscrit, plutôt pour des textes solennels que l'on voulait rendre durables, en quantité plus limitée. Grâce à ces découvertes, il est possible de connaître un état antérieur de certains textes que la tradition chinoise a « canonisé » par la suite. Cela offre également un accès à une plus grande variété de textes, notamment des actes administratifs et juridiques mettant en lumière des pratiques mal documentées par les sources écrites connues auparavant. D'autres études de ces textes anciens ont une approche épigraphique et linguistique, ces textes témoignant d'un état de l'écriture chinoise antérieur aux tentatives d'uniformisation de la dynastie Qin, donc une époque où plusieurs variantes régionales coexistent[5].

L'essor de l'archéologie de la Chine ancienne est donc déterminant pour la connaissance des Royaumes combattants[6]. Les fouilles portent avant tout sur deux types de lieux. D'abord les sépultures, très nombreuses au pays méridional de Chu, où sont mis au jour des objets d'art, mais aussi de nombreux textes, et donc l'analyse permet de mieux connaître les croyances et aussi la hiérarchie sociale des Anciens chinois. Ensuite, ce sont les villes, et surtout les capitales qui ont fait l’objet de nombreuses campagnes de fouilles, quand elles ne sont pas recouvertes par les villes actuelles leur ayant succédé.

Le cadre géopolitique et culturel des Royaumes combattants

Localisation des principaux États de la période des Royaumes combattants.

Au milieu du Ve siècle, sept grands royaumes dominent la Chine qui est alors centrée sur le bassin du Fleuve jaune, ceux que la tradition a qualifié de « Sept héros » (qixong) des Royaumes combattants, qui dans le Zhanguoce, livre décrivant leurs stratagèmes, sont définis par leur puissance militaire, qui se concrétise dans le fait qu'ils ont chacun à leur disposition plus de 10 000 chars de bataille[7]. Ce sont Wei, Zhao, Han, Qi, Yan, Chu et Qin. Ces entités politiques dominent plusieurs petits États, parmi lesquels se trouvent d'anciens États prestigieux localisés dans la plaine centrale autour du territoire dirigé par la dynastie qui règne en théorie, celle des Zhou, dans les actuelles provinces du Shandong et du Henan. Ces États séparés disposent d'identités propres, et parfois même de cultures spécifiques. L'archéologie et l'art, combinés aux textes, ont pu définir plusieurs aires culturelles relativement stables durant la période de la dynastie Zhou, certaines disposant d'un fort rayonnement durant à l'époque des Royaumes combattants, et correspondant souvent à des unités géographiques naturelles homogènes[8]. Pour autant, les frontières sont très poreuses, et beaucoup de personnes et d'idées les traversent[9]. Il y a une conception d'un espace homogène, tianxia (« Tout ce qui se trouve sous le Ciel »), correspondant à une sorte de « monde civilisé » chinois opposé à celui des « barbares » dont les entités politiques se trouvent en périphérie. Mais cette frontière a aussi ses limites, puisque la différence est avant tout perçue comme culturelle, et que certains États jadis considérés comme barbares (à l'exemple du Chu et du Zhongshan) ont été acculturés et adopté les traditions culturelles chinoises, ce qui leur permet d'être considérés comme civilisés même si les régions les plus anciennement sinisées les considèrent parfois avec dédain comme des semi-barbares.

Le conservatoire des traditions anciennes de la civilisation chinoise est la région de la « Plaine centrale » (zhonggyuan), ou des « Royaumes du centre » (zhongguo, terme désignant aujourd'hui la Chine, « Pays du milieu »), dans la plaine du Fleuve jaune, en gros dans le nord du Henan, le sud du Shanxi et du Hebei, et l'ouest du Shandong actuels. Elle est occupée par de petites entités politiques, comme le domaine des Zhou, qui se divise par la suite en deux branches, Zhou oriental et Zhou occidental (seul un des deux gardant le titre royal)[10] ; plus à l'est la principauté de Lu, d'où est originaire Confucius ; le Song dont la dynastie descend des Shang et qui a pour capitale la riche ville marchande de Dingtao ; le Zheng et le Wey qui jouent un rôle diplomatique entre les grandes puissances[11].

La puissance dominante la région centrale à la fin de la période des Printemps et des Automnes était le Jin, qui en occupait la partie orientale. Son éclatement au début de la période des Royaumes combattants accouche de trois royaumes qui demeurent des grandes puissances, les « Trois Jin[12] ». Le principal est le Wei, localisé autour du coude du Fleuve jaune et de la vallée de la Fen (Shanxi et Henan actuels). Malgré sa richesse, ce royaume est confronté à un problème de taille tout le long de la période : il est entouré par d'autres grandes puissances, et est de ce fait impliqué dans de nombreux conflits. Le deuxième royaume issu de la partition du Jin, le Zhao, est localisé au nord du Wei (Shanxi et Hebei), au contact de peuples nomades et donc en marge de la zone centrale. Il devient progressivement une grande puissance militaire. Le troisième royaume descendant du Jin est le Han, situé dans les actuelles provinces du Shanxi et du Henan. Petit et moins puissant que ses voisins, il survit en servant d'espace-tampon entre ceux-ci.

L'autre grande puissance politique proche de la Plaine centrale, au nord-est, dans l'actuel Shandong et bordant la Mer jaune, est le royaume de Qi, qui a joué un rôle important durant la période des Printemps et Automnes[13]. Il dispose d'un territoire agricole riche et sans doute d'une des plus puissantes économies de la période. Sa capitale Linzi passe pour être la plus grande ville de l'époque.

Aux périphéries de l'espace chinois de la période des Royaumes combattants étaient situés de puissants royaumes qui ont sans doute bénéficié des possibilités qu'ils avaient de s'étendre aux marges (malgré la présence de peuples « barbares » menaçants) et des potentialités de défrichements pour accroître leur puissance face aux États centraux aux perspectives d'expansion plus limitées[14]. Ils sont d'ailleurs souvent considérés comme peu civilisés voire semi-barbares par les royaumes centraux. Au nord, le royaume du Yan dont la capitale se trouvait proche de l'actuelle Pékin est un allié du Qi durant une bonne partie de la période[15]. Le Fleuve jaune se jetait alors dans la mer plus au nord qu'actuellement, dans le territoire du Yan, lui assurant des terres agricoles fertiles. Comme son voisin le Zhao, il est au contact direct des peuples nomades du nord et est éloigné des royaumes les plus menaçants. Entre les deux, le Zhongshan joue un certain rôle politique et partage des affinités culturelles avec les autres entités politiques septentrionales[16].

L'ouest est occupé par l'État de Qin, centré sur la riche vallée de la Wei à la périphérie occidentale, le foyer de la dynastie Zhou avant son déplacement vers l'est (au début de la période des Zhou orientaux en 771)[17]. Il est encore perçu comme un royaume arriéré au début de la période des Royaumes combattants. Il se trouve au contact de peuples « barbares » particulièrement redoutables qu'il ne réussit à vaincre qu'après de longues luttes qui le détournent souvent des conflits contre les autres Royaumes combattants. Après la conquête des principautés du Shu et du Ba situées sur sa frontière méridionale il dispose du plus grand potentiel agricole des royaumes combattants. Il est également reconnu comme étant le royaume qui a accompli les réformes les plus poussées, notamment au milieu du IVe siècle sous l'impulsion du ministre Shang Yang, qui contribue à faire de cet État vu comme arriéré le mieux organisé de tous les royaumes chinois. À partir de cette période, c'est en grande partie autour de lui que son construit le jeu politique inter-étatique. C'est la matrice du premier empire chinois, fondé par son roi Ying Zheng/Qin Shi Huangdi en 221, et donc le grand vainqueur de la période des Royaumes combattants[18].

Le nord du bassin du Sichuan, ancien pays de Ba, une des plus riches régions agricoles de la Chine ancienne.

La frange méridionale de « Tout ce qui se trouve sous le Ciel » est un espace culturel original et particulièrement bien connu par les découvertes archéologiques des dernières décennies. Bien qu'ouverts aux influences venues de la Plaine centrale, il conserve ses caractères propres, dont certains se retrouvent dans la civilisation chinoise de l'époque impériale. Le septième grand royaume, le Chu, domine un vaste espace entre le bassin du Fleuve jaune et celui du Yangzi[19]. Il ne s'agit pas encore de la région agricole puissante qu'elle devient plusieurs siècles plus tard sous les Tang, et malgré sa grande taille le Chu est un royaume mal contrôlé, voire instable comparé aux autres. L'originalité culturelle de cet État est bien connue grâce aux milliers de tombes fouillées sur son territoire, ainsi que les textes rédigés par des auteurs de cet État durant les Royaumes combattants, notamment les Élégies de Chu et le Zhuangzi[20]. À l'ouest du Chu, les États de Shu et Ba dans le bassin du Sichuan sont de riches régions agricoles et minières constituant un ensemble culturel appelé « Ba-Shu », et voisines de peuples barbares comme ceux qui fondent le royaume de Dian (au nord du Yunnan) vers la fin de la période[21]. De l'autre côté, à l'est, la basse vallée du Yangzi est occupée par des royaumes qui ont une certaine importance politique au début de la période : le Wu, et son voisin le Yue qui l'élimine avant de se faire battre à son tour par le Chu en 334[22].

Histoire

La période des royaumes combattants est considérée par l'historiographie chinoise comme une phase de la longue période de la dynastie Zhou, qui a pris le pouvoir vers 1046 av. J.-C., mais sans jamais pouvoir exercer un contrôle fort sur le territoire reconnaissant sa suprématie, qui était aux mains de principautés. Après 771 le rôle du souverain Zhou n'est plus que symbolique face aux entités politiques qui se partagent le territoire qu'il domine en théorie. Durant les trois siècles de la Période des Printemps et des Automnes (771-Ve siècle), plusieurs principautés s'affirment progressivement et incorporent les plus faibles, et au début du Ve siècle le moins d'une dizaine d'entre elles jouent un rôle politique de premier plan.

La période des Royaumes combattants voit ce processus de concentration politique se renforcer, culminant dans l'unification finale par le royaume du Qin. Elle est marquée par la rivalité entre sept grands royaumes consacrés par la tradition malgré leur rôle politique inégal. On peut distinguer plusieurs phases durant l'histoire politique de cette période :

  • d'environ 450 à 350 l'alliance des trois royaumes héritiers de l'ancien Jin joue un rôle moteur, sous l'impulsion du Wei ;
  • d'environ 350 à 250 les conflits sont de plus en plus violents et les alliances fluctuantes pour empêcher qu'un royaume ne domine les autres, mais le Qin sort grand vainqueur de ces luttes ;
  • les années de 250 à 221 voient la victoire décisive du Qin, qui unifie la Chine, ce qui ouvre la période de la Dynastie Qin.

La source essentielle pour connaître l'histoire politique de cette période est le Shiji de Sima Qian, en général assez fiable en dépit de son caractère romancé, d'exagérations et de ses visées moralisatrices qui n'enlèvent rien à l'ampleur et la qualité du travail effectué par cet auteur qui avait accès à de nombreuses sources officielles du fait de sa charge d'annaliste. Il peut être complété par des chroniques et travaux historiques parfois bien postérieurs à la période des Royaumes combattants, mais aussi des références à des événements importants qui sont faites dans des ouvrages divers, comme des traités politiques, militaires ou philosophiques.

La réorganisation et l'affirmation des grandes puissances

Le Ve siècle voit plusieurs événements décisifs se produire qui modifient la scène politique chinoise et justifient le passage à une nouvelle période, quelle que soit la date retenue pour le début de la période des royaumes combattants (481, 476, 453 ou 403)[23].

En 481, quand finit la Chronique des Printemps et des Automnes, le clan des Tian, qui dirigeait la politique du royaume de Qi après avoir éliminé les autres grandes familles nobles, se débarrasse finalement de la majorité de la famille royale après une guerre civile, tout en gardant un souverain fantoche. Le chef du clan lui laisse diriger nominalement une faible part du royaume, prenant définitivement la direction effective des affaires du royaume[24].

L'événement le plus important survient en 453, quand les trois clans du Wei, du Zhao et du Han alliés se débarrassent du dernier autre lignage puissant restant dans le royaume de Jin après une longue période marquée par plusieurs guerres civiles qui ont vu les forces centrifuges s'affirmer[25]. La partition du Jin en trois entités politiques est alors effective, et elle est officialisée en 403 par le souverain Zhou.

Aux périphéries, plusieurs royaumes s'affirment et se réorganisent alors que les royaumes du centre sont dans la tourmente. Au sud, les conflits entre le Chu, le Wu et le Yue cessent après la conquête du deuxième par le troisième en 473[26]. Par la suite, le Yue, le Chu, le Qin et le Qi connaissent une phase d'expansion territoriale après l'annexion de plusieurs petites principautés[27].

Une fois leur situation stabilisée, les trois royaumes héritiers du Jin s'allient et mènent plusieurs conflits qui impriment la dynamique de la première phase de la période des royaumes combattants[28]. Le Qi, le Chu et le Qin font les frais de ces offensives, ainsi que le Zhongshan. Parmi les descendants du Jin, c'est le Wei qui affirme sa supériorité militaire, notamment suite aux victoires de son grand général Wu Qi. La disgrâce et l'exil de ce dernier vers 401 profitent au Chu qui l'engage durant une période où il restaure sa puissance grâce à des réformes et des victoires militaires. Après 366, c'est au tour du Qin de réaffirmer sa puissance après des conflits difficiles contre des peuples voisins, quand il bat une coalition du Wei et du Han, avant de menacer plus directement le premier en la battant à plusieurs reprises malgré l'appui de ses alliés.

Le nouveau souverain du Wei, Hui Hou, réagit à la nouvelle situation en réorganisant son royaume et en impulsant une politique de normalisation des relations entre les grands rois suite à différentes rencontres. La diplomatie prend alors une importance plus grande[29]. Durant la seconde moitié du IVe siècle, les monarques des grands royaumes prennent le titre de roi (wang), et entreprennent des réformes capitales qui font d'eux des royaumes centralisés plus solides, ce qui explique l'escalade militaire qui se produit durant les décennies suivantes.

L'escalade des conflits

Une grande bataille de la période des Royaumes combattants : Maling (342 ou 341). L'armée du Qi attire les troupes du Wei dans une embuscade en faisant croire à son affaiblissement, et remporte une victoire écrasante, restée un modèle tactique dans l'histoire militaire chinoise.

La période qui va en gros de 350 à 250 est marquée par de nombreux conflits de plus en plus violents, des changements d'alliance, et la réorganisation des rapports de force dans lesquels la montée en puissance du Qin devient le facteur déterminant dans le jeu des alliances. Durant ce siècle les effectifs militaires gonflent considérablement, et le rôle des ministres et diplomates s'affirme. C'est alors que s'affirment les traits caractéristiques de la période des Royaumes combattants.

La première phase voit le Wei perdre sa position dominante. Elle est marquée par deux grandes batailles. La première est celle de Guiling en 353 et la seconde est celle de Maling en 341, face aux armées du Qi dirigées par le général Tian Ji et son conseillers Sun Bin[30],[31],[32]. Le Qin, qui bénéficie alors des réformes entreprises par le ministre Shang Yang, en profite aussi pour avancer ses positions face au Wei[33]. Les victoires de ses généraux (notamment Bai Qi) culminent au moment où le roi du Wei est forcé d'accepter que le ministre du Qin dirige aussi son pays. Désormais, les autres royaumes cherchent à enrayer la montée en puissance du Qin. C'est alors que se mettent au point deux principes d'alliances opposés dictés par la position adoptée vis-à-vis du royaume le plus menaçant. Le premier est l'alliance verticale (hezong), dans un sens nord-sud, selon laquelle les royaumes s'allient pour couper la progression du Qin vers l'est. Le second est l'alliance horizontale (lianheng), dans un sens ouest-est, selon laquelle un royaume s'allie au Qin pour profiter de sa puissance et gagner des avantages contre les autres[34].

En 316, le Qin annexe deux principautés situées sur son côté sud, les riches territoires du Shu et du Ba. Il remporte des victoires déterminantes contre les nomades du nord, qui ne constituent dès lors plus une menace pour lui. Pendant ce temps, le Chu a annexé en 334 le Yue, étendant son territoire jusqu'à la mer à l'est[35]. Alors qu'un conflit successoral secoue le Qin en 307, le Qi devient plus puissant sous l'impulsion de son ministre Tian Wen et s'allie avec le Han et le Wei contre le royaume occidental[36]. Le conflit avec ce dernier éclate finalement, et le Qi et ses alliés remportent plusieurs victoires. Par la suite, ils s'imposent également face au Chu et au Yan. Mais en 294 Tian Wen est chassé du Qi et l'alliance se dissout. Le Qin bénéficie alors de la non-intervention du Qi pour vaincre le Han et le Wei au cours de conflits terriblement meurtriers qui culminent dans la bataille de Yique en 293. Mais le jeu des alliances n'en finit pas de se retourner contre le royaume qui pense avoir établi sa domination : le Qin est forcé de restituer ses conquêtes quand le Qi allié à d'autres royaumes menace de l'attaquer ; ensuite, le Qi est à son tour attaqué par le Yan, le Han, le Zhao et le Wei qui le défont malgré l'appui du Chu, mettant un terme à ses prétentions de domination ; peu après, en 278, le Qin inflige une terrible défaite au Chu, prenant sa capitale et forçant le vaincu à réorganiser son territoire autour de sa partie orientale.

Le Zhao, qui a pris le Zhongshan vers 295, est alors la seule puissance en mesure de s'opposer au Qin après ces conflits sanglants au cours duquel il a plusieurs fois changé d'alliance entre les deux plus puissants royaumes, tout en se dotant d'une armée plus performante[37]. D'abord défait à Huayang en 273, il parvient à repousser les offensives du Qin quelques années plus tard. Le nouveau premier ministre de ce dernier, Fan Sui, met alors au point une politique d'expansion visant à se débarrasser de ses voisins directs en massacrant non seulement leurs soldats mais aussi les civils si besoin, car ils sont la base de leur richesse, et à aller jusqu'à l'élimination des autres royaumes. Une nouvelle étape est franchie dans l'escalade de la violence militaire. La première cible est le Han, le plus faible des voisins du Qin, que le Zhao appuie. Le général du Qin, Bai Qi, remporte une victoire décisive en 260 à la bataille de Changping, à la suite de laquelle plus de 400 000 soldats du Zhao seraient morts, en grande partie exécutés après la bataille[31]. Mais des troubles internes au Qin aboutissant à la mort de ses deux hommes forts et rivaux, Bai Qi et Fan Sui, offrant un répit aux autres grands royaumes même si désormais la prééminence du Qin est incontestée.

La victoire du Qin

Extension approximative des royaumes combattants en 260, avant les annexions effectuées par le Qin.

Les trois dernières décennies de la période des Royaumes combattants sont marquées par la victoire définitive du Qin sur tous ses rivaux qui n'ont pas été en mesure d'arrêter son inexorable montée en puissance. Les causes de la prééminence de ce royaume sur ses rivaux sont diverses[38]. Sont ainsi invoqués des critères aussi variés que la situation géographique du centre du royaume, protégé par des montagnes au sud et le Fleuve jaune à l'est, les riches terres agricoles qu'il a réunies et mises en valeur par des travaux d'irrigation dans le bassin de la rivière Wei et dans le Sichuan, la technique et l'organisation militaires, la stabilité dynastique, et surtout l'ampleur et l'importance des réformes entreprises à la suite de Shang Yang qui l'ont doté d'un appareil administratif extrêmement performant[39].

C'est donc sur ces bases que se construit le premier empire chinois. La possibilité d'un changement dynastique devient effective en 256 quand le roi Zhou meurt sans que son titre ne soit repris par ses successeurs, avant que son domaine ne soit annexé par le Qin en 249. Dans ce royaume, le roi Ying Zheng monte sur le trône en 246, mais ne règne effectivement qu'en 238 quand il atteint l'âge adulte[40]. Son règne est essentiellement connu par ce que l'historien Sima Qian a rapporté dans son Shiji. Il évoque notamment le rôle de Lü Buwei, marchand devenu premier ministre en 250, poste qu'il occupe jusqu'à sa disgrâce et sa mort en 237[41]. Son remplaçant, Li Si, dirige le royaume pendant la dernière phase de la victoire du Qin sur les autres grandes puissances, conduite sur les champs de bataille par plusieurs grands généraux, dont Wang Jian et Meng Tian. En 230, le plus faible des adversaires, le Han, est le premier a être annexé, sans combats. En 228, le Zhao est vaincu à son tour après le siège difficile de sa capitale Handan, suivi d'un massacre, mais un membre de la dynastie fuit au nord d'où il tente de restaurer le royaume. Deux ans plus tard, le Yan est envahi suite à une tentative d'assassinat du roi de Qin fomentée par un de ses princes ; la capitale est prise, mais le roi réussit à fuir plus au nord alors que son fils est exécuté. En 225 c'est le Wei, qui se rend suite au siège de sa capitale et à l'inondation de celle-ci suite au détournement du cours du Fleuve jaune par les assaillants. En 223, c'est au tour du Chu, qui repousse une première campagne mais succombe à la seconde, après des conflits qui ont mobilisé des centaines de milliers de combattants, sans doute les plus gros effectifs sur toute la période. L'année suivante, l'armée de Qin élimine les derniers résistants du nord au Zhao puis au Yan. En 221, le Qi se rend au Qin quand ce dernier envoie ses troupes dans sa direction. Le processus d'unification de la Chine est achevé et le roi Ying Zheng de Qin devient l'empereur Qin Shi Huangdi, maître du premier empire de l'histoire chinoise, celui de l'éphémère mais décisive Dynastie Qin (221-206).

Une période guerrière

La seule lecture de l'enchaînement des conflits ne suffit pas à faire ressortir le caractère guerrier de la période des Ve-IIIe siècles chinois, qui justifie l'appellation de « Royaumes combattants ». C'est qu'en effet l'évolution des techniques et des pratiques militaires est très rapide et profonde sur cette période, entraînant des bouleversements qui affectent non seulement la structure des États mais aussi celle de la société dans son ensemble, et même les modes de pensée, à tel point qu'on a pu parler d'une « militarisation de la société[42] ». La recherche de la puissance guerrière devient le moteur de l'évolution des Royaumes combattants, et entraîne une rupture considérable avec la période précédente. La guerre à cette période est cependant difficile à appréhender car elle est avant tout connue par des récits de combats et de vie de généraux exemplaires, et des traités militaires qui présentent des visions idéalisées[43].

Évolutions de l'armement et des systèmes défensifs

Plusieurs innovations dans l'armement provoquent une modification des techniques de combat au cours de la période des Royaumes combattants[44],[43]. Auparavant, les armes principales étaient les chars de guerre, et la lance, la hallebarde et l'arc rétroflexe utilisés par les fantassins appuyant les premiers. Le changement technique majeur dans l'armement des Royaumes combattants est l'apparition de l'arbalète, au départ apparemment sans dispositif mécanique ; la corde devait être tendue par le combattant en position allongée, tirant sur celle-ci avec ses bras et poussant avec ses pieds sur les demi-arcs, la gâchette se développant au cours de la période[45]. Largement plus puissante que l'arc, elle projetait des carreaux qui pouvaient transpercer des armures solides et atteindre des cibles plus lointaines, ce qui en faisait l'arme la plus destructrice sur le champ de bataille. Des arbalètes plus grandes étaient montées sur roues pour les sièges. La prépondérance du combat au corps-à-corps entraîne la diffusion des épées, généralement en bronze (parfois en fer après le IVe siècle), qui s'allongent progressivement au fil du temps, passant de 40 à 70 centimètres en moyenne pour devenir plus maniables[46]. Les fantassins sont protégés par des armures en cuir sur la majeure partie de la période, mais à la fin se développent les casques et les cuirasses en fer, plus résistantes[47]. La charrerie est quant à elle supplantée par la cavalerie montée qui se développe sans doute sous l'influence des peuples cavaliers de la steppe : le Zhao crée sa cavalerie sur le modèle des nomades du nord au contact desquels il se trouve. Leur technique de tir à l'arc au galop, leur tunique et leur pantalon sont également adoptés, et bien souvent les chevaux de combat leur sont achetés[48],[44],[47]. Cela offre de nouvelles possibilités aux stratèges, qui peuvent mener des raids, des attaques surprise, poursuivre les ennemis, etc.

Armes de la période des Royaumes combattants

Les systèmes défensifs connaissent également de nombreuses améliorations au cours de la période[49],[50],[51]. C'est alors que sont érigées les premières grandes murailles en terre damée, qui servent alors surtout à protéger les royaumes les uns des autres (et non à repousser les attaques de peuples des steppes), et se situent souvent à l'intérieur des territoires, et pas uniquement aux frontières. Elles protègent avant tous les points stratégiques, notamment les points de passage comme les passes, les rivières, où sont positionnées des garnisons permanentes résidant dans des forts, ainsi que des tours de garde. Les premiers systèmes de murailles destinés à repousser des Barbares des Steppes du nord sont construits à partir de la fin du IVe siècle, quand ces peuples se font alors plus pressants face aux États septentrionaux (Yan, Zhao et Qin). Ils sont à l'origine de la première grande muraille frontalière érigée sous l'empire Qin[52]. Face à ces systèmes de défense, les techniques de poliorcétique sont simples : on tente de franchir les fortifications adverses en creusant des tunnels, ou en les escaladant par de grandes échelles[53].

Domination de l'infanterie et explosion des effectifs

Soldats de l'armée en terre cuite du tombeau de Qin Shi Huangdi, équipés de façon similaire aux troupes de la fin des Royaumes combattants.

L'organisation des armées connaît de grands bouleversements[49],[54]. Alors qu'à la période des Printemps et des Automnes le cœur de l'armée était constitué des chars de guerre conduits par la noblesse traditionnelle, désormais l'infanterie l'a largement supplantée, et devient l'élément-clé des grandes batailles de la période des Royaumes combattants, accompagnant les évolutions de son armement offensif et défensif. Le gros des troupes est donc constitué de paysans formant une véritable « chair à canon » si l'on en juge par la mortalité élevée lors des combats. Les méthodes de mobilisation varient. Un système incitatif de recrutement par versement de primes ou attribution d'exemption d'impôts semble exister d'abord, avant que Qin n'instaure au IVe siècle le premier système de recrutement obligatoire, équivalent à une corvée due à l'État, en mettant en place un système d'organisation quasi-militaire de la société, permettant de lever des unités de combattants organisés sur une base locale (ce qui est censé favoriser la cohésion des troupes)[55]. Ces groupes sont dirigés par des officiers (issus de la classe des shi) chargés d'orienter les mouvements des soldats suivant les ordres des stratèges plus que de combattre. Les soldats du Qin sont récompensés pour chaque tête d'ennemi rapportée, leur permettant de gravir une échelle de statuts conférant des avantages légaux pour toute leur famille. Les Royaumes combattants ont aussi rapidement mis en place des corps de troupes d'élites sélectionnées et formées, qui forment des gardes spéciales autour des généraux et disposent de privilèges (salaires élevés, exemptions de taxes et de corvées pour leurs domaines)[56]. Une description des troupes d'élite du Wei donnée dans le Xunzi indique que ces soldats avaient de lourdes armures, des arbalètes et des hallebardes.

La place centrale de l'infanterie et les évolutions de son armement vont de pair avec l'explosion quantitative des armées[57]. Alors qu'elles étaient constituées au maximum de 30 000 soldats à la fin de la période des Printemps et des Automnes, les armées mobilisées par les Royaumes combattants se chiffrent manifestement en centaines de milliers d'hommes. Les nombres de soldats mobilisés et surtout ceux des morts à l'issue d'une bataille qui sont donnés par les sources anciennes ne sont pas forcément fiables, mais montrent au moins que la tendance à la croissance des effectifs a été réelle et a fortement marqué les esprits. Ainsi, les troupes d'infanterie des royaumes les plus puissants (Qin, Qi et Chu) sont évaluées à environ 1 million d'hommes, en incluant les troupes de garnison, ou même celles chargées de travaux et de logistique. Les troupes effectivement mobilisées en campagne atteignent les 100 000 soldats au début de la période, et bien plus à la fin (les textes anciens disent que 400 000 soldats du Zhao sont morts à la bataille de Changping).

La figure centrale : le stratège militaire

Ces différentes évolutions s'accompagnent d'un changement des valeurs guerrières. Auparavant le combat était pour les nobles l'occasion de prouver leur bravoure et leur valeur, et s'apparentait à un acte rituel[49]. Désormais, les combats impliquent des armées plus nombreuses, reposant sur la piétaille, la violence est accrue car le but est la destruction de l'adversaire, et ce n'est plus dans ce cadre que l'on prouve sa valeur. La période des Royaumes combattants valorise la figure du stratège militaire, qui recherche la victoire la plus complète et la plus efficace pour anéantir l'adversaire, quel que soit le moyen employé. C'est pour cette raison que parmi les grands personnages consacrés par l'historiographie traditionnelle de cette période figurent de nombreux généraux (jiang ou jiang jun), tels que Wu Qi, Tian Ji et Bai Qi, ou même des conseillers militaires ne dirigeant pas les troupes effectivement comme Sun Bin[32]. Parfois les généraux se succédaient au sein d'une même famille, comme les Meng au Qin (Meng Wu et son fils Meng Tian)[58].

Cela explique la rédaction de nombreux traités militaires au cours de cette période, qui sont l'œuvre de ces spécialistes[59]. Le plus célèbre est celui qui est connu de nos jours comme L'Art de la guerre de Sun Zi[60], mais d'autres nous sont parvenus, comme celui de Sun Bin retrouvé dans une tombe en 1972[61]. Ils présentent une figure idéale du chef militaire sachant préparer ses troupes de façon optimale, reconnaissant les moments idéaux pour lancer une offensive décisive. Concrètement, ces traités abordent divers sujets comme le choix des soldats, les formations de combat, les différents types d'attaques, l'organisation des défenses, l'espionnage, etc. Le but est l'efficacité, et les plus longs développements concernent plus la préparation des combats que leur déroulement, la victoire par un minimum de coûts voire sans combat étant vue comme l'idéal, suivant le précepte du « non-agir » (wuwei), base de la pensée stratégique chinoise, qui contraste avec le fait que les conflits des Royaumes combattants se terminent généralement par de véritables bains de sang. Les écrits stratégiques ont donc une dimension philosophique, car il s'agit avant tout d'être supérieur en esprit à son adversaire, cette supériorité ne pouvant que se retranscrire par la victoire[62]. Il s'agit en fait d'un véritable courant de pensée, une « école des stratèges » qui emploie des concepts similaires à ceux des autres écoles de pensée de l'époque (yin et yang, Cinq phases, dao), et emprunte des idées au légisme ou au confucianisme. La réflexion sur la place du fait militaire dans la société ne concerne d'ailleurs pas que cette école, mais aussi d'autres penseurs comme Xunzi, ou les légistes qui cherchent les conditions de constitution d'une puissante armée, ou même les moïstes qui par esprit pacifique réfléchissent sur les techniques de poliorcétique pour défendre les place assiégées. Des lois militaires et des textes sur la façon d'administrer l'armée et d'organiser sa discipline existent également[63].

La guerre et les changements politiques et sociaux

Les bouleversements que subissent les pratiques militaires accompagnent les évolutions des sociétés des Royaumes combattants à cette période. La guerre devient essentielle du fait du changement d'échelle : non seulement les effectifs mobilisés sont considérables, et les fronts militaires lors des grandes batailles occupent des dizaines de kilomètres, mais en plus les campagnes peuvent désormais s'étaler sur plus d'une année et non plus seulement une saison comme avant[64]. Les États doivent alors disposer de plus grands moyens financiers, pour assurer l'équipement, l'entretien et la logistique de ces troupes. La conduite de la guerre devient leur priorité essentielle, mobilise la plupart de leurs ressources, énergies et réflexions[65]. Les gouvernants prennent pleinement conscience du fait que la puissance économique, et avant tout la richesse agricole, est essentielle dans la détermination de la puissance militaire, et les problématiques économiques n'en deviennent que plus importantes à leurs yeux[66].

Plus largement, les évolutions militaires accompagnent les recompositions sociales[67]. Elles consacrent la déchéance de l'ancienne noblesse et de ses valeurs rituelles et morales face aux nécessités de l'efficacité et de la victoire à tout prix. À l'inverse, elles bénéficient aux paysans qui dépendaient auparavant des nobles, et deviennent les premiers producteurs, contribuables et combattants pour le compte de l'État[68]. Mais le coût humain à payer par ces mêmes paysans pour satisfaire les ambitions des hommes de pouvoir est très lourd, puisqu'ils deviennent de simples pions sacrifiés dans des combats souvent très meurtriers, les vaincus étant parfois tous passés par le fil de l'épée[69].

La centralisation étatique

La dynamique guerrière de la période des Royaumes combattants conduit les États majeurs renforcer leur autorité. Les plus puissantes des anciennes principautés deviennent au fil des réformes de véritables royaumes centralisés, dirigés par un monarque concentrant de plus en plus de pouvoir, lui-même appuyé sur une nouvelle classe politique spécialisée dans la direction des affaires de l'État, et dévouée à son service. Cette période voit donc se produire une « révolution étatique[70] », phénomène qui accouche donc d'un nouveau type d'organisation politique, surtout connu pour le royaume de Qin, qui fournit la base des expériences impériales de la dynastie Qin et de la dynastie Han. Il reste cependant difficile de connaître les modalités concrètes de l'exercice du pouvoir, car les sources disponibles sont avant tout des récits historiques, des vies de personnages importants, ou bien des traités de ministres qui ne contiennent pas d'informations détaillées sur l'organisation de l'administration des Royaumes combattants, ce qui s'ajoute au déséquilibre documentaire qui favorise la connaissance des institutions du Qin. Néanmoins, les découvertes de textes juridiques et administratifs dans des tombes depuis un demi-siècle permettent d'éclairer un peu mieux les pratiques administratives.

L'affirmation du pouvoir des souverains

La période des Printemps et des Automnes était marquée par des entités politiques peu centralisées, où la noblesse disposait de solides assises territoriales et donc d'une large autonomie, et qui ont concurrencé un pouvoir royal affaibli à la fin de la période. Les conflits croissants, mobilisant des troupes plus importantes, ont concentré plus de pouvoirs entre les mains de certains lignages, qui après de longues luttes internes diminuent en nombre, et au final accèdent au pouvoir, en renversant la dynastie régnante si besoin, ou en dépeçant les anciennes principautés comme dans le cas du Jin[71]. Au cours du IVe siècle, les sept grands royaumes combattants sont tous dirigés fermement par un monarque et sa cour concentrant un pouvoir inédit, contrôlant l'administration sans contestation possible, le roi incarnant l'État symboliquement et le principe de transmission dynastique n'était plus remis en cause. C'est ce que M. E. Lewis a qualifié de « ruler-centered state », « État centré sur le souverain ».

Cela s'accompagne d'un changement dans la titulature des chefs de royaumes. Le roi de Zhou dispose d'une primauté qui n'est plus que symbolique depuis le début de la période des Printemps et des Automnes : il est le « Fils du Ciel » (tianzi), détenteur du « mandat du Ciel » (tianming), ce qui lui confère une place supérieure car lui seul peut sacrifier au « Seigneur d'en haut » (shangdi)[72]. Au gré de leurs succès militaires, les véritables maîtres de la Chine, le chefs des sept grandes puissances, adoptent le titre de wang (sauf le roi du Chu qui portait ce titre depuis la période précédente), que l'on traduit par « roi », auparavant réservé au roi Zhou[73]. Hui Hou du Wei est le premier à le faire en 344, puis il persuade Wei Hou du Qi dix ans plus tard, après que ce dernier l'a vaincu. Huiwen Hou du Qin fait de même après de brillantes victoires en 325, puis la même année c'est au tour du roi du Han. Enfin, deux ans plus tard les rois du Zhao, du Yan et même du Zhongshan (qui n'est pas reconnu comme un des sept grands) font de même. En 288, à l'apogée de l'alliance entre le Qi et le Qin, les rois de ces deux États prennent d'un commun accord de titre de di, respectivement « di de l'est » et « di de l'ouest », titre auparavant réservé aux divinités[74]. Mais ils l'abandonnent vite sous la pression des autres rois. Ce terme qui donne au souverain terrestre un aspect divin est repris par le premier empereur Qin.

Les écoles de pensée de la période sont solidaires de ces changements. Plusieurs d'entre elles développent leurs conceptions propres du monarque idéal, qui bien que divergentes se rejoignent pour affirmer sa suprématie[75]. Ils conceptualisent le souverain parfait qui doit mettre fin aux guerres incessantes qui ensanglantent « Tout ce qui se trouve sous le Ciel » en accomplissant son unification. Pour les confucianistes il est au centre des rituels, et doit être un modèle moral pour le peuple, idée qui se retrouve chez Mozi. Pour Laozi, il est un sage qui a une essence divine, capable de comprendre le dao (la « voie »). Pour les légistes, il est le pivot de l'ordre socio-politique, sans lui l'État fort nécessaire au bien-être du peuple ne peut exister, vu que l'existence d'un centre de décision suprême et unique est plus pratique. Les penseurs ont cependant conscience que dans les faits les monarques ne sont pas forcément conformes à l'image idéale qu'ils en ont, et se proposent donc de l'améliorer par leurs conseils, ou bien légitiment sont renversement pour lui substituer un souverain plus capable[76]. Dans les faits, le réalisme triomphe à la fin de la période des Royaumes combattants dans les écrits de Xunzi et Han Feizi qui veulent que le roi se cantonne à une place rituelle, symbolique, pour laisser la direction effective des affaires à des ministres capables, permettant à l'administration de fonctionner même si le roi est médiocre ... situation que les souverains n'acceptent pas forcément tous. Qin Shi Huangdi reprend dans ses discours les traits du monarque idéal développé par les diverses écoles de pensée, tout en cherchant à contrôler leurs conceptions. Se met ainsi en place un mode de gouvernement propre à la Chine impériale, organisé autour de la relation ambiguë entre des monarques plus ou moins effacés et leurs ministres.

L'affirmation de la figure royale se manifeste particulièrement dans les réalisations architecturales, connues par les textes anciens et les fouilles archéologiques récentes. Les capitales des Royaumes combattants sont dominées par des complexes palatiaux isolés du reste de l'espace urbain par des murailles, parfois même à l'écart de l'enceinte principale dans une sorte de seconde ville, et construits sur de grandes terrasses (tai)[77]. Ces dernières connaissent un grand développement durant la période des Printemps et des Automnes, et la croissance de leur taille et de leur hauteur illustre la prétention du souverain occupant le grand pavillon qui y est bâti dessus à dominer ses rivaux. D'autres constructions de plus en plus monumentales illustrent cette volonté de puissance : les grandes portes à piliers (que) et les tours (guan) qui les flanquent. L'ampleur de constructions évoquées dans les textes a trouvé confirmation dans les fouilles des capitales et de leurs alentours. Les fouilles de Xianyang, la capitale du Qin, ont révélé un important complexe palatial développé entre la dernière phase des Royaumes combattants et la période du Premier Empire. Le bâtiment mieux connu de ce groupe monumental est le « palais n°1 », dont les fondations mesurent 60 x 45 mètres. Il constitué de deux ailes comprenant des pavillons, disposant sans doute de trois étages entourés de colonnades, dont un rez-de-chaussée servant d'espace résidentiel avec des chambres aux murs peints et peut-être un grand hall donnant sur une terrasse au premier étage, un espace de réception. Il pourrait correspondre au palais Jique construit au temps de Shang Yang et décrit par Sima Qian[78].

L'autre type de monument illustrant de façon spectaculaire la croissance du pouvoir royal est le complexe funéraire royal, dont des exemples ont été dégagés dans plusieurs royaumes[79]. Celui du roi Cuo du Zhongshan, retrouvé à Pingshan (Hebei) et resté inachevé, est un bon exemple d'autant plus que les fouilleurs y ont retrouvé un plan gravé sur une plaque de bronze[80]. Il est constitué de cinq tombes, le roi occupant la plus vaste au centre, entourée par de chaque côté par deux tombes de ses concubines ; les tombes formaient un tumulus arboré rectangulaire, qui servait de terrasse pour les pavillons à plusieurs étages, servant pour le culte funéraire, qui surmontaient chacune d'elles ; des fosses à offrandes (chars, chevaux, bateaux) accompagnaient les défunts ; le complexe est compris dans une double enceinte, la plus vaste mesurant 410 x 176 mètres. De tels ensembles pouvaient être bâtis sur des terrasses artificielles et des collines pour élever encore plus le souverain décédé. Cette tradition trouve son apogée dans le célèbre mausolée du Premier empereur.

Recomposition de la classe politique et administrative

Ces souverains s'appuient sur un nouveau groupe de serviteurs qui présentent de grandes différences avec les élites politiques des périodes précédentes. Les anciens lignages nobles qui concurrençaient parfois les chefs de principauté ont disparu ou été affaiblis, les plus hautes charges de l'administration du royaume et de la cour ne leur sont plus réservées, et dans le cas du Chu le privilège des lignages nobiliaires est limité à la troisième génération au début du IVe siècle, en même temps que certaines de ces familles sont déportées dans des régions périphériques[81]. C'est parmi la classe des gentilshommes (shi) dont les membres, issus de lignages secondaires de familles nobles, occupaient des fonctions administratives et militaires de second rang, ou exerçant une gamme d'activités variée, que se recrutent désormais les serviteurs du souverain[82]. Il s'agit d'un groupe de spécialistes du savoir ou des armes, donc tout disposés pour les charges qui leur sont attribuées. Ils sont mus par des motivations diverses : sens du devoir envers le souverain et le bien public, ou bien appât du gain, arrivisme et carriérisme car le service de l'État est alors le moyen le plus efficace et rapide d'enrichissement à cette période. Désormais dépendant de la volonté du roi car leur charge est vue comme découlant du pouvoir de celui-ci, ils se distinguent par leurs capacités et non plus le fait qu'ils proviennent d'un lignage prestigieux, l'hérédité n'étant plus déterminante (en principe au moins)[83]. Cela aboutit à l'époque impériale à la constitution d'une élite de fonctionnaires lettrés spécifique à la Chine (justement désignée par le terme de shi dont le sens a progressivement évolué), qui voit la source de son prestige dans le service de l'État où elle montre ss talents intellectuels, et non plus la guerre comme précédemment, et dispose d'une autorité morale sur le reste de la société, à l'origine du groupe des mandarins.

Cette nouvelle classe politique lettrée est à l'origine d'une production littéraire abondante qui contient des conseils sur le bon gouvernement, les réformes à appliquer, aussi bien sur la fiscalité que l'économie. C'est le cas de tous les grands penseurs de la période qui seront abordés plus loin, dont le but premier est politique. Des livres politiques sont également associés au nom d'un ministre prestigieux sans qu'on ne sache s'il l'a réellement écrit. Des figures fameuses de ce type d'écrivains-hommes politiques (supposés) sont Li Kui, ministre du Wei à la fin du Ve siècle, Shen Buhai qui officie au Han un demi-siècle plus tard[84], et surtout Shang Yang, ministre du Qin au milieu du IVe siècle, à qui sont attribuées les principales réformes qui ont fait de cet État la plus grande puissance de la Chine, bien qu'il soit probable qu'il ne soit pas à l'origine de toutes[85],[33]. Lui-même originaire de la petite principauté du Wey, il sert le Wei avant d'être obligé de le fuir, et se réfugie au Qin où il sert le souverain Xiao Gong pendant plusieurs années, avant d'être exécuté suite à des manigances de rivaux après la mort du prince qui le protégeait.

Cette période se caractérise en effet par une grande instabilité du personnel politique, dans un contexte de lutte âpres pour gagner les faveurs des monarques et pour l'emporter sur les rivaux. Les hauts serviteurs de l'État sont souvent des déracinés à la loyauté fluctuante, qui se déplacent de royaume en royaume à la recherche d'un souverain acceptant de les employer, ce qui crée un véritable « marché des talents » politiques où les cours se concurrencent[86]. Cela confère une relative autonomie à ces hommes politiques, qui est source de méfiance de la part des rois qui les accueillent car leur loyauté n'est pas acquise. Certains d'entre eux (appelés shui, quelque chose comme « sophistes ») se spécialisant dans l'art du langage, et donc de la ruse, de la duplicité et de la tromperie[87]. L'archétype de ce personnage est Su Qin tel qu'il a été décrit par Sima Qian, serviteur du roi du Yan devenu agent double au Qi, passé expert dans la manipulation, et qui arrive avant son exécution à mettre au point un stratagème qui conduit les personnes à l'origine de sa mise à mort à subir le même sort que lui. Les stratagèmes politiques de certains de ces dignitaires et diplomates ont été couchés par écrit dans des traités de l'« école de la diplomatie », comme le Zhanguoce (Stratagèmes des Royaumes combattants), compilant des anecdotes de stratégies politiques qui auraient été employées dans les différents royaumes de cette époque, pas forcément fiables historiquement, mais révélant le peu de scrupules des membres des cours royales d'alors[88]. Les États s'efforcent donc de mettre en place des techniques de contrôle et de surveillance plus poussée de ce personnel politique au rapport ambigu avec le pouvoir royal.

Malgré les possibilités d'ascension sociale nouvelles qui sont offertes aux serviteurs de l'État, il apparaît que les grands ministres sont en majorité issus de familles princières liées au roi. S'ils peuvent perdre la faveur du souverain et ont donc une situation précaire, ils bénéficient de leur situation de proche conseiller de celui-ci pour amasser des fortunes considérables. Ils peuvent constituer de véritables cours autour d'eux, attirant des petits gentilshommes lettrés qui deviennent leurs clients et serviteurs, et le prestige d'un ministre se mesure à l'ampleur et à la quantité de sa clientèle[89]. C'est sous les auspices des hauts dignitaires que se développent les courants de pensée de la période des Royaumes combattants, les cours étant des lieux de débats intenses. De ces grands princes, la postérité en en particulier retenu les « Quatre Seigneurs des Royaumes combattants » dont Sima Qian a rédigé les biographies, à savoir le Seigneur de Mengchang au Qi (Tian Wen), le Seigneur de Xinling au Wei, le Seigneur de Pingyuan au Zhao[90], et le Seigneur de Chunshen au Chu (le seul à ne pas avoir de liens de sang avec la famille régnante dans son royaume). La richesse de ces personnages se voit également dans les tombes de plus en plus vastes et richement dotées qu'ils se font construire[91].

Des réformes diverses et profondes

Les écrits politiques de cette période nous décrivent les moyens mis en œuvre pour assurer le contrôle de la nouvelle classe politique par le pouvoir[92]. Ils sont choisis et révocables. Leurs compétences sont contrôlées de différentes manières, certains fonctionnaires devant rendre des comptes annuellement sur les moyens humains et financiers dont ils disposaient dans le cadre de l'exercice de leur fonction. Les codes de lois concernent au premier chefs les serviteurs de l'État, dont l'activité est donc très encadrée. Ils sont rétribués en fonction de leur mérite, par des salaires en grain, mais aussi en argent et en or s'ils sont méritants, ou bien par l'attribution de « fiefs » (feng) qui sont la plupart du temps non héréditaires pour éviter la constitution de nouvelles puissances locales dans les royaumes comme il en existait à la période précédente. Les plus riches serviteurs de l'État pouvaient cependant obtenir les revenus de plusieurs milliers de familles paysannes, même s'ils n'avaient apparemment pas ou peu de pouvoirs sur ces hommes. Ces donations profitent aussi aux membres des familles royales. Tout un ensemble de réformes a donc été pris pour s'assurer de la loyauté des serviteurs de l'État, leur contrôle par l'utilisation de méthodes d'authentification des documents officiels plus poussées (scellements, documents en deux parties imbriquées séparées entre le donneur d'ordre et l'exécutant, etc.), et ainsi renforcer l'efficacité de l'État centralisé. Dans les détails, l'administration n'est pas homogène dans les différents royaumes et les réformes par rapport aux formes d'organisation politique plus anciennes sont plus ou moins poussées. Les cas les mieux connus sont le Chu et le Qin, qui ont une spécificité plus marquée. Le souverain y est assisté par plusieurs hauts dignitaires majeurs, notamment un chargé de l'administration civile (généralement qualifié de « premier ministre ») et d'autres dirigeant les affaires militaires. L'importance des conflits donne en effet une place de plus en plus importante aux chefs militaires. La création de deux assistants/surveillants (dits « de droite » et « de gauche ») aux côtés de certaines de ces hautes charges vise sans doute à limiter l'influence de leur détenteur[93].

La réforme du fonctionnement du personnel administratif se couple d'une réorganisation des cadres territoriaux, surtout connue pour le cas du Qin, qui sert de matrice aux premiers empires chinois, même si des phénomènes identiques ont eu lieu dans les autres royaumes[94]. L'unité de base est le xian (« district » ou « canton »), qui durant la période des Printemps et des Automnes était un territoire conquis attribué à des membres de la noblesse. Ces territoires sont finalement conservés par le pouvoir central qui s'en sert pour attribuer des fiefs non héréditaires à ses serviteurs des couches basses de la noblesse. Les réformes de Shang Yang ont pour effet d'étendre le modèle du xian aux territoires plus anciens du Qin, et ils deviennent la circonscription de base, ce qu'ils sont encore dans la Chine actuelle. Ils sont regroupés dans des unités plus vastes, les jun (traduit par « commanderie »), eux aussi anciennement un type de territoire conquis. Ces derniers sont dirigés par un personnage appelé taishou, alors que les premiers le sont par le (xian)ling, associé à un chef militaire local (wei), le xian étant aussi l'unité de base de la conscription militaire. Au niveau des communautés villageoises, le pouvoir central disposait d'un relai avec le sefu. Ces réformes territoriales s'accompagnent de l'institution d'une nouvelle taxe, la capitation (fu) pesant sur les maisonnées en fonction du nombre d'adultes mâles, ce qui supposait le recensement des personnes, et aussi probablement celui de la superficie de terres dont ils disposaient.

Une autre groupe de changements servant et illustrant le renforcement de l'autorité étatique concerne directement les sujets des royaumes : il s'agit des modifications des corpus de lois et de mesures relevant de la politique économique. Cela a pour but de servir la grandeur de l'État, en lui assurant le contrôle d'une société uniformisée dont les hommes et les productions servent à élever la puissance militaire. Le concept de loi (fa) est fondamental dans l'esprit de nombreux hommes politiques des Royaumes combattants, ceux qui la tradition postérieure a rattaché au groupe des « légistes[95] ». La loi est vue comme supérieure à toutes les personnes de la société, s'appliquant de façon objective sans distinction de rang, pour permettre à l'ordre de régner dans la société. La loi récompense les méritants, punit les non méritants, et doit donc conduire les gens à se comporter suivant les principes qu'elle édicte. Dans les réformes attribuées à Shang Yang, cela passe par la constitution de groupes de cinq et dix familles responsables les uns des autres, tous punis en cas de mauvais comportement de l'un, et incités à dénoncer les fautifs ; ces mêmes groupes sont la base de l'organisation de l'armée, contribuant ainsi à la militarisation de la société. Les comportements qui respectent la loi sont récompensés, le système se voulant méritocratique, et le succès au combat est gage de prestige social et d'avantages. Il s'agit donc d'uniformiser la société, en sapant les anciens liens sociaux, les dépendances et hiérarchies traditionnelles, pour créer un royaume plus puissant économiquement et militairement. L'État de Qin allait laisser dans les écrits postérieurs une image négative, celle d'un pouvoir insensible et impitoyable. Des fragments de recueils de lois des Royaumes combattants ont été mis au jour dans des tombes, notamment du Qin, qui semblent autant destinés à surveiller le peuple que les membres de l'administration qui les encadrait et devaient faire respecter l'autorité de l'État[96].

Les politiques des Royaumes combattants ont également pour but majeur d'enrichir l'État pour lui fournir les moyens de ses ambitions militaires[65]. Un État disposant de grandes ressources aura plus de chances de triompher sur le champ de bataille. La richesse est avant tout vue comme agricole, et c'est dans ce domaine que les actions des gouvernants sont le plus intenses. Shang Yang aurait ainsi cherché à élever la classe des paysans qui sont aussi des combattants, les marchands et producteurs de biens de luxe n'étant que secondaires car il considérait qu'ils ne produisaient pas de richesse pour l'État[97]. L'expansion agricole de cette période sert l'État, puisque les paysans qui défrichent et occupent de nouvelles terres sont une perspective de revenus fiscaux accrus en même temps qu'ils se coupent de la dépendance des grandes familles nobles[98]. Les réformes agraires entreprises au Qin, concernant notamment la fiscalité, avaient les mêmes finalités[99]. Les États entreprennent également des aménagements hydrauliques (systèmes de canaux, digues, barrages, réservoirs) qui contribuent à l'amélioration de la production agricole[100],[101].

Croissance économique et recompositions sociales

Même en dehors des cercles du pouvoir, la période des Royaumes combattants voit des changements importants affecter l'économie et la société. Une partie de ces évolutions est sans doute liée au rôle croissant de la guerre. Cela a au moins eu une incidence sur les nombreux progrès techniques qui soutiennent la croissance économique, et également sur les améliorations de la productivité agricole, et l'impulsion donnée à d'autres activités qui étaient des sources potentielles de revenus pour l'État, ne serait-ce que par les prélèvements[102]. La période des Royaumes combattants est aussi marquée par une croissance démographique forte, qui a des incidences aussi bien dans le monde rural que dans le monde urbain qui prend alors de plus en plus d'importance.

L'agriculture et le monde rural

Vue d'une partie du système d'irrigation de Dujiangyan dans le bassin du Sichuan, construit au IIIe siècle av. J.‑C. par des ingénieurs du Qin et qui a continué à être développé depuis.

La production agricole de la Chine de la période des Zhou orientaux repose avant tout sur les céréales, qui ont une répartition géographique spécifique : le bassin du Fleuve jaune est une zone de culture du millet, de l'orge et du blé, tandis que plus au sud, dans le bassin du Yangzi, le riz domine aux côtés du millet[103]. L'agriculture connaît un essor sous les Royaumes combattants, et ce sous l'influence de plusieurs facteurs, dans lesquels les dirigeants des États jouent un grand rôle incitatif[66]. Premièrement le progrès des défrichements, qui permettent de mettre en culture de nouvelles terres. De nouvelles terres sont également gagné par le drainage et l'assèchement de zones humides. Ensuite, plusieurs grands projets d'aménagements hydrauliques permettent d'étendre les périmètres irrigués. Plusieurs ingénieurs sont passé à la postérité grâce aux grandes réalisations qu'ils ont imaginé avec l'appui des gouvernants : les douze canaux de la région de Ye, près de Handan (Hebei actuel) faits par Ximen Bao ; le système d'irrigation de Dujiangyan (Sichuan) conçu par Li Bing ; et le canal construit par le fils de ce dernier, Zheng Guo, reliant les rivières Luo et Jing, deux affluents de la Wei. C'est la région de cette dernière, située dans le royaume du Qin, qui bénéficie alors de la plus forte croissance agricole (et donc démographique), de même que la région de Chengdu, dans l'État de Shu puis le Qin, dans le bassin du Yangzi. En dehors des frontières du Qin, la région du cours inférieur du Fleuve jaune ont également une agriculture plus puissante (notamment au Wei). Mais ces grands aménagements ne sont sans doute pas les facteurs les plus déterminants dans cet essor agricole, car les systèmes d'irrigation semblent plutôt secondaires, et que leur construction et leur fonctionnement peut se faire à l'échelle des communautés locales[101]. D'autres facteurs de croissance de la production agricole sont à chercher dans les progrès techniques améliorant l'outillage servant pour l'agriculture, les défrichements et les grands travaux, notamment la croissance des outils comprenant des pièces en métal, d'abord du bronze puis de plus en plus du fer (têtes de houes, bêches, faucilles, socs d'araires, haches, etc.), remplaçant ainsi l'outillage à base de bois et de fer en usage depuis le Néolithique, alors que l'araire tirée par des bœufs prend plus d'importance[104]. Cette période voit aussi les débuts de l'agronomie, qui fait l'objet d'ouvrages expliquant le calendrier et les techniques agricoles (avec des rotations de culture permettant parfois de récolter une céréale de printemps et une céréale d'automne la même année), le drainage, les types de sols, etc., même si cela semble limité aux élites et donc aux grandes exploitations[105].

Cet essor agricole s'accompagne d'un bouleversement de la société rurale, lui aussi très influencé par les volontés des gouvernements. Les espaces agricoles sont de moins en moins clairsemés, les régions les plus prospères deviennent de grands espaces de cultures continus au peuplement de plus en plus dense. Il en résulte de nouveaux villages et de nouvelles circonscriptions, donc de nouveaux espaces contribuant à l'impôt, qui sont peuplés par des paysans ne dépendant pas des anciens lignages nobles dominant les vieilles zones de culture[106]. Avec le déclin de l'ancienne noblesse, les paysans dépendent désormais directement de l'État, qui renforce son contrôle sur eux, ce qui se traduit au Qin par un encadrement dans un esprit militaire : il cherche à les recenser, à les organiser en groupes hiérarchisés, à les surveiller, et à les fixer sur des terres, tout en permettant les achats et la vente de terres à la différence de ce qui se faisait précédemment[107]. Les gouvernants encouragent ainsi la petite propriété paysanne. Shang Yang a pour but de permettre la constitution d'une nouvelle paysannerie indépendante, contribuant pour les richesses de l'État, et combattant dans l'armée, suivant une vision utilitariste[108]. C'est sur ce groupe social que repose désormais la puissance économique et militaire des royaumes chinois, et explique pourquoi ceux-ci cherchent même à attirer des paysans des autres États. Pour autant, tous les paysans ne bénéficient pas d'un accès stable à la propriété, loin s'en faut : les inégalités rurales sont très fortes, des grandes propriétés dominant d'autres plus petites, tandis que beaucoup de paysans endettés perdent leurs terres, parfois étant réduits en esclavage, tandis qu'un grand nombre d'ouvriers agricoles a une condition précaire, devant parfois aller travailler en ville[109]. Les grands serviteurs de l'État dominent le monde rural, bénéficiant de la concession des revenus de grands domaines, impulsant de grands travaux.

L'artisanat

Deux épées en bronze et une épée en fer, exemples des productions de l'artisanat métallurgique de la période des Royaumes combattants.

Les activités artisanales sortent elles aussi progressivement des cadres traditionnels de l'économie dirigée par les palais des rois et des grandes maisons nobles[110]. Se développe alors un artisanat privé très diversifié qui profite de l'essor des grandes villes et des échanges. Pour autant, ce sont les productions les plus liées aux cercles du pouvoir qui sont les mieux connues. D'après ce que l'on voit dans des textes littéraires et juridiques, ils sont encadrés par des fonctionnaires choisis parmi les spécialistes du métier qu'ils exercent, qui a apparemment une fonction de formateur, et organisés en équipe ayant un chef. Les artisans les plus spécialisés ou réputés font l'objet des demandes des rois qui cherchent à les attirer dans leurs ateliers. Une partie des artisans des palais sont également des non-libres, des artisans qui ont été faits prisonniers après un conflit. Les découvertes archéologiques donnent des informations sur les productions courantes et les productions de luxe, à savoir les « œuvres d'art » de la période qui seront abordées plus loin, toujours commandées par le palais. Les objets de qualité portent le nom, le statut et la ville d'origine de l'artisan les ayant réalisé ou ayant dirigé leur confection. Les espaces artisanaux retrouvés lors des fouilles de certaines villes sont souvent situés près des espaces palatiaux, comme si leur localisation reflétait leur soumission à l'autorité politique ; c'est le cas des ateliers de Qufu, capitale du Lu, où étaient réalisés des objets en bronze, fer, céramique et os[111].

Le secteur le mieux connu est la production métallurgique, qui a connu de grandes évolutions depuis la dernière phase de la période des Printemps et des Automnes. C'est alors qu'apparaissent les premiers exemples de production de masse, bien connus grâce aux fouilles effectuées dans les ruines de la fonderie de Houma dans l'État de Jin[112]. Cela est possible grâce à la grande maîtrise de la technique de fonderie du métal avec moulage standardisé atteinte alors par les artisans chinois (qui utilisaient en revanche très peu la cire perdue même s'ils la maîtrisaient). Durant la période des Royaumes combattants, le grand changement est le développement de la sidérurgie, en particulier la découverte du haut fourneau, qui se voit dans la présence croissante d'objets en fer, souvent produits en série, sur les sites archéologiques de la période. Il s'agit surtout d'outils agricoles et d'armes, mais aussi de vaisselle, même si le bronze reste courant[113]. L'utilisation d'un nombre croissant d'outils en métal soutient le développement des activités économiques, que ce soit l'agriculture, l'artisanat, la construction, l'extraction minière ou même le commerce par les échanges dont ils font l'objet, expliquant sans doute dans une large part l'avance matérielle et technique dont dispose la civilisation chinoise à partir de cette période[114].

Les échanges

Dao, objets en forme de couteaux servant de moyens de paiement, provenant du Yan.

Alors que le commerce concernait surtout les produits de luxe destinés aux élites durant les périodes précédentes, des produits de consommation courante sont de plus en plus échangés à la période des Royaumes combattants, tels que les étoffes, les peaux, le cuir, le bois, le sel, ou même les céréales[115]. Cela se fait en lien avec le développement de l'agriculture et de l'artisanat, ainsi que la croissance démographique, et permet l'émergence d'une classe marchande de plus en plus riche, contribuant à enrichir l'État par ses activités et les taxes qui frappent de plus en plus les marchandises, parfois prélevées dans des marchés dirigés par le pouvoir politique. Les membres les plus puissants de cette classe, dirigeant des expéditions commerciales très importantes, sont aussi de plus en plus influents, puisque certains d'entre eux obtiennent des charges importantes dans les cours royales. L'exemple le plus illustre étant Lü Buwei, premier ministre du Qin et régent du royaume pendant la minorité de Ying Zheng[41]. Comme ce personnage, les marchands ont une influence croissante sur la pensée politique et scientifique de leur temps, en dépit du mépris qu'en a gardé la tradition chinoise postérieure, peu favorable aux marchands.

La croissance des échanges profite des progrès techniques de la période qui accouchent de moyens de transports plus performants au IIIe siècle, grâce au perfectionnement de l'attelage et des roues à rayon[116]. Différents moyens de paiement sont employés depuis la période précédente, certains se développant sous les Royaumes combattants[117]. Les autorités émettrices ne sont pas forcément des États (qui n'ont alors aucun monopole de frappe de monnaie), car souvent les monnaies semblent émises par des villes, donc sans doute les marchands de celles-ci. Quatre types d'objets en métal (bronze ou fer) servant de monnaie dans des aires géographiques précises, pouvant se chevaucher, ont été identifiés. Le plus ancien est le bu, en forme de bêches, utilisé dans les trois royaumes issus du Jin et ceux de la Plaine centrale où ils s'étaient développés précédemment, ainsi que dans des régions voisines. Au Qi, au Yan et au Zhao (donc au nord-est) circulaient les dao, en forme de couteau. Au sud, dans le Chu et les régions voisines, on utilisait des yibi, en forme de cauris, et parfois des plaques en or de forme carrée ou ronde. Enfin, les premières pièces de monnaie circulaires percées en leur centre circulaient au Zhou, au Zhao et surtout au Qin (banliang), forme qui triomphe à l'époque impériale (les « sapèques »). Plusieurs de ces types de monnaie on un trou, permettant d'en attacher plusieurs par un fil, formant des « ligatures », forme sous laquelle les sapèques circulent couramment par la suite. La place de ces formes de monnaie dans l'économie des Royaumes combattants reste à déterminer plus précisément : elles semblent servir surtout dans la sphère du pouvoir, que ce soit dans la rétribution de dignitaires et fonctionnaires, ou bien dans le paiement des impôts par les sujets, ainsi que dans les pratiques funéraires puisqu'il s'en trouve parmi les offrandes dans des tombes. De ce fait, même si la monnaie sert de plus en plus dans les échanges courants (surtout à partir du IVe siècle), l'économie n'est pas pour autant monétisée[118].

Les échanges des royaumes chinois avec les peuples voisins sont eux aussi croissants au cours des IVe-IIIe siècles[119]. Cela profite avant tout aux États périphériques : Yan qui est en contact avec la Mandchourie et la Corée ; Zhao et Qin avec les peuples des steppes du nord-ouest et par là vers l'Asie centrale et même l'Inde ; le Chu vers les régions méridionales de la Chine actuelle. Ces contacts commerciaux vont de pair avec des conflits militaires, portant les germes des futures expéditions lointaines des empires Qin et Han.

Le développement des villes

Tentative de reconstitution en maquette de la ville de Linzi, capitale du royaume de Qi. Premier plan : espaces marchands et artisanaux. Au fond : le complexe palatial avec les pavillons sur terrasse.

La période des Royaumes combattants voit le monde des villes connaître un développement important, bien connu par les textes et surtout les fouilles archéologiques récentes de nombreux sites urbains. Ce sont en premier lieu les capitales des différents royaumes qui profitent de cet essor, bénéficiant donc de leur statut politique et des volontés des chefs d'État. Les États changent de capitale au cours du IVe et du IIIe siècle, construisant de nouvelles villes planifiées, en parallèle à leurs projets militaires de plus en plus ambitieux et à leurs réformes[120]. Ainsi, la période de grandes réformes de l'État de Qin sous le ministère de Shang Yang s'accompagne par le déplacement de la capitale de Lingtong à Xianyang, imitant le Han, le Wei et le Zhao qui avaient fait de même les décennies précédentes. Mais le facteur décisif dans le développement des grandes villes est l'essor démographique et économique, qui en fait des grands centres commerciaux et artisanaux en plus de centres politiques[121]. Parmi les plus vastes cités on compte Handan au Zhao, Wen au Wei, Ying au Chu avant sa prise par le Qin, Wuyang au Yan, et surtout Linzi, capitale du Qi, qui passe pour être la plus vaste, et aurait compté selon Sima Qian plus de 70 000 foyers et 210 000 hommes adultes. Les fouilles ont révélé que ses murailles mesuraient de 28 à 38 mètres de large et s'étendaient sur environ 16 kilomètres de long[122]. Les capitales sont traditionnellement dominées par un quartier palatial qui est isolé par des murailles internes et construit en hauteur sur une plateforme, montrant la prééminence du pouvoir politique. De plus en plus se développe à partir de ce principe un modèle de « ville double », dans lequel est adjointe à l'ancienne enceinte une nouvelle abritant généralement le centre du pouvoir, qui se différencie donc de plus en plus du reste de l'espace urbain[123]. L'intérieur des villes est organisé autour de larges avenues menant aux portes de la ville. Des zones résidentielles et artisanales ont été mises au jour, même si les fouilles se sont avant tout concentrées sur les lieux de pouvoir.

Lettres et pensée : une période fondatrice

La période des Royaumes combattants voit l'épanouissement de nombreux courants de pensée, dans le contexte de foisonnement qui la caractérise. Plusieurs des courants occupant une place déterminante dans l'histoire de la pensée chinoise connaissent alors leur développement, et leurs écrits fondateurs sont alors réalisés, tandis que d'autres courants sont sans postérité malgré un certain succès au moment de leur rédaction. La période des Royaumes combattants voir donc une nouvelle tradition se constituer, souvent en rupture (plus ou moins assumée) avec l'héritage antique, comme c'est le cas dans le domaine politique. La fin de la période des Printemps et des Automnes a initié le mouvement, avec les grandes figures de Confucius et de Mozi, dont les écrits servent de référence aux penseurs des Royaumes combattants, au même titre que tout un ensemble de livres hérités des siècles précédents, qui ont un rang de « classique ».

L'analyse de l'histoire de la pensée de cette période pose de nombreux problèmes du fait du statut de classiques qu'ont eu par la suite de nombreux ouvrages rédigés alors. Les écrits attribués aux auteurs des Royaumes combattants sont essentiellement connues par des copies postérieures, qui ont pu faire l'objet de remaniements et d'ajouts parfois très importants, ou ont été compilés après la mort de l'auteur, tout en étant attribués au même personnage dont on souhaitait profiter du prestige : c'est le cas du Mozi et du Zhuangzi[124]. La vie de certains penseurs telle qu'elle est rapportée par les sources postérieures peut comporter une part plus ou moins importante de légendes. Dans le cas extrême d'un auteur comme Laozi, il est envisageable qu'il n'ait même pas existé, et la date de rédaction de son ouvrage, que la tradition situe durant les Printemps et Automnes, est généralement reconnue comme plus tardive, durant la deuxième moitié des Royaumes combattants[125]. Cependant, des découvertes effectuées dans des tombes anciennes peuvent apporter des éclairages sur l'histoire de ces œuvres : c'est le cas d'une version du Daodejing de Laozi datant des Royaumes combattants retrouvée dans un tombeau du Hubei en 1993[126].

Les lettrés et penseurs

Confucius entouré de ses disciples en train d'étudier, selon une vision idéalisée de la période de la dynastie Ming (1368-1644).

Le lettré est une autre figure importante de la période des Royaumes combattants, au même titre que le général et le ministre avec lesquels il ne faut pas forcément le confondre, même si certains personnages peuvent être classés dans plusieurs de ces catégories. Comme les deux autres, les lettrés servent généralement à la cour des souverains ou dans l'administration des États, faisant partie de la catégorie des shi qui fournit alors le gros des fonctionnaires des royaumes, ce terme finissant par désigner à l'époque impériale la catégorie des lettrés-fonctionnaires de la bureaucratie chinoise (les « mandarins »)[127]. Les lettrés des Royaumes combattants, comme tous les serviteurs des royaumes, bénéficient alors d'une relative autonomie dans leurs mouvements : ils peuvent se déplacer de cour en cour, changer d'allégeance, ou même dans quelques rares cas se retirer de la vie publique, comme Zhuangzi qui aurait refusé un poste important proposé par le roi du Chu[128].

La relation de ces lettrés avec le pouvoir politique est donc essentielle[129]. Ils occupent des fonctions diverses servant le pouvoir : postes dans l'administration, accomplissement de rituels, expertise militaire, conseils politiques, tenue d'archives et rédaction de textes officiels, etc. Les rois et puissants hommes politiques cherchent à attirer les lettrés renommés pour bénéficier de leurs conseils et aussi manifester leur prestige en patronnant des personnages dont les œuvres sont renommées. Les fameux Quatre Seigneurs des Royaumes combattants entretenaient ainsi une cour de lettrés. Le roi Xuan du Qi, régnant à la fin du IVe siècle, a quant à lui hébergé les plus grands lettrés de son temps dans un pavillon de Linzi, où il les entretenait dans le seul but désintéressé que ceux-ci puissent y trouver un lieu idéal pour développer leur pensée et débattre. Ce lieu est passé à la postérité sous le nom de l'« Académie Jixia[130] ». Elle joua un rôle majeur dans le développement de la pensée de cette époque, les plus grands esprits du temps s'y rencontrant. Plus tard, c'est le grand ministre du Qin, Lü Buwei, qui réunit à la cour les plus grands lettrés de son temps pour leur faire rédiger les Printemps et Automnes de Lü Buwei (achevé en 239), ouvrage encyclopédique censé compiler les savoirs de cette époque[131].

C'est dans ce contexte de relative autonomie des penseurs et de liberté et d'intensification des débats que s'épanouissent ce que la postérité a qualifié de « Cent écoles » des Royaumes combattants, de nombreux courants de pensée qui sont en fait peu figés, puisque la dénomination des courants est due aux lettrés compilateurs de la période de la dynastie Han[132]. Schématiquement, un grand penseur de la période des Royaumes combattants devient un maître (zi) en s'entourant de disciples suivant son enseignement et poursuivant leur réflexion sur les bases qu'il a posé, parfois en rédigeant lui-même un ouvrage qui porte son nom (par exemple le Mozi de « Maître Mo », ou le Xunzi de « Maître Xun »). Une « école » (jia) était ainsi constituée[133]. Pour autant, il n'y a pas vraiment de courant de pensée structuré disposant d'une identité forte à cette période, hormis ceux des héritiers de Confucius et de Mozi qui ont une tradition durable de maîtres formant à des disciples devenant à leur tour maîtres.

La littérature traditionnelle

Avant Confucius, la production écrite chinoise était limitée à des préoccupations administratives, et s'inscrivait dans le seul cadre des cours royales, étant l'œuvre de scribes, de ritualistes ou de devins au service des rois[134]. Cette littérature « traditionnelle » sert de base aux développements de la pensée et de la science chinoise à partir des Royaumes combattants. Seule une partie a survécu aux épreuves du temps, avant tout celle qui a été incorporée dans les ouvrages « classiques » à partir de la dynastie Han, liés à la tradition confucéenne, puisque Confucius aurait compilé ou remanié une partie d'entre eux. Le premier genre de texte est celui des Annales reprenant de façon laconique l'histoire des royaumes, dont l’exemple consacré par la tradition est les Annales du royaume de Lu, ou Annales des Printemps et Automnes (Chunqiu), qui donne son nom à la période précédent celle des Royaumes combattants. Les Annales du Qin ont été reprises dans le Shiji de Sima Qian, tandis que celles du Wei ont été retrouvées dans une tombe en 279 ap. J.-C. écrites sur du bambou (d'où leur surnom d'« Annales de Bambou »). Le Livre des documents (Shujing) reprend quant à lui des documents historiques anciens. Le Livre des odes (Shijing) comporte les plus anciens poèmes chinois connus, dont certains ont une origine populaire. D'autres livres ont une fonction plus directement rituelle : le Livre des Rites (Liji), les Rituels de Zhou (Zhouli ou Zhouguan), les Rites cérémoniels (Yili), tous les trois compilés plus tard dans le Classique des rites (Lijing), le Livre de la musique (Yuejing) qui est aujourd'hui perdu, et le Livre des mutations (Yijing), ouvrage divinatoire[135]. Ces différents ouvrages et d’autres, dont les origines remontent au moins à la première période de la dynastie Zhou, ont été repris et remaniés à la période des Royaumes combattants, parfois même commentés, et à partir de ces travaux que la période de la dynastie Han voit s'accomplir les premières « canonisations » d'ouvrages (jing)[136].

Les « Cent écoles »

Les écoles (jia) de pensée des Royaumes combattants se forment donc dans un contexte de liberté et d'intensification des débats, dans lesquels les différents courants s'affrontent parfois nommément, cherchant à montrer leur prééminence par la qualité de leur discours[137]. Les penseurs font souvent référence à l'héritage de la littérature traditionnelle ou même folklorique pour développer leurs réflexions, mais aussi aux ouvrages d'autres penseurs, et emploient généralement un ensemble de concepts identiques ou sinon proches, car un même concept peut avoir un sens différent selon l'auteur, ce qui les rend difficilement traduisibles[138] : li (« rite »), de (« vertu »), dao (généralement traduit par « voie »), qi (une sorte de « souffle »), ren (« humain » ou « sens de l'humain »), yi (« juste » ou « sens du juste »), les idées de mutations et de rythmes cycliques (avec notamment les concepts de yin et yang), etc. se retrouvent ainsi chez divers auteurs. C'est à partir de ce fond commun que se constituent différents courants de pensée plus ou moins bien constitués au cours de cette période. La pensée des Royaumes combattants est également ancrée dans son temps, et prend place dans les bouleversements que vivent les royaumes. Leur réflexion est avant tout à finalité politique, pour le service de l'État qui est alors en pleine réorganisation, auquel ils proposent différentes voies de réformes politiques et sociales, et offrent leurs services pour son administration en plein développement[139]. Il faut cependant préciser que ces visées ne sont pas individualistes puisque les penseurs souhaitent contribuer au bien-être du peuple par leurs projets, conformément à une vision traditionnelle héritée du passé, notamment en contribuant à la pacification de la société et à sa mise en ordre, à son amélioration morale[140]. Le contexte est aussi celui d'une époque de rivalités croissantes entre des royaumes de mieux en mieux organisés, de conflits de plus en plus violents, de rejet de la tradition ancienne, et la vie et la pensée des maîtres de ce temps reflètent cela[141]. Selon A. Cheng, l'évolution des idées suit l'évolution de la situation politique, et l'histoire de la pensée des Royaumes combattants peut être divisée en deux parties. La première période est caractérisée par une pensée plus spéculative (Zhuangzi, Mencius, logiciens), alors que la seconde, influencée par le « durcissement des enjeux politiques » de la seconde moitié du IVe siècle et du IIIe siècle, est moins idéaliste, plus tournée vers l'action, plus polémique aussi (Laozi, Xunzi et les légistes)[142]. Certaines écoles semblent également avoir un contexte géographique spécifique, car les différences culturelles de la Chine des Royaumes combattants peuvent ressortir dans la pensée des auteurs et que des écoles ont une assise régionale précise (par l'implantation d'un maître ou même d'un lieu d'études) : les confucianistes viennent ainsi du Lu natal de Confucius et de nombre de ses disciples, et ont une influence forte dans la Plaine centrale, au Wei et au Qi ; les légistes sont plus présents dans les trois Jin et au Qin où il devient la pensée politique du royaume ; l'« école du Yin et du Yang » est bien développée dans le Qi, notamment du fait de son importance dans l'académie Jixia, puis au Chu et au Qin ; la pensée de Zhuangzi et du futur taoïsme est manifestement marquée par les traditions du Chu, mais se répand aussi au Qi et au Yan[143]. Les idées circulent rapidement, et ces assises régionales, si elles sont réelles, ne sont pas statiques. C'est donc dans un contexte bouillonnant que se développent de nombreux courants, justifiant l'expression des « Cent écoles » des Royaumes combattants, dont il s'agit maintenant de voir les plus marquants, sans revenir sur certains déjà évoquées, à savoir l'« école des stratèges » et l'« école des diplomates ».

Portrait (hypothétique) de Mencius/Meng zi, un des principaux penseurs du confucianisme de l'époque des Royaumes combattants, dont les écrits ont acquis le statut de classiques dans la Chine impériale.

Le premier courant que l'on peut distinguer est l'école de Confucius, amenée à jouer un rôle capital dans l'histoire chinoise. Elle trouve son origine dans les enseignements de Confucius (version latinisée de Kong zi, « maître Kong »), qui a vécu à la fin des Printemps et Automnes (551-479 selon la tradition)[144]. Il n'a jamais écrit d'ouvrage synthétisant sa pensée, même s'il passe pour avoir remanié plusieurs des ouvrages « classiques », et ce sont ses disciples qui se sont chargé de mettre en forme son enseignement, notamment dans le Lunyu (Entretiens de Confucius)[145]. Sa pensée se veut un retour à l'ordre ancien, à la tradition qu'il voit se dégrader avec la décomposition des cadres politiques traditionnels. L'homme est central dans sa réflexion, et la société n'atteindra son harmonie que par l'étude, le rétablissement et le respect des rites, la rectification des noms. Cela permettra de créer des gens moralement irréprochables, compétents, qui mériteront d'occuper les charges importantes dans les royaumes à la place des élites héréditaires. L'enseignement de Confucius connaît un succès après sa mort, repris par ses disciples, notamment Zengzi qui rédige la Grande Étude (Daxue), Zi Si (petit-fils de Confucius) qui écrit l'Invariable Milieu (Zhong Yong), ce dernier étant peut-être le maître de l'un des penseurs majeurs du confucianisme, Mencius (Mengzi, 380-289)[146]. Il croit farouchement en la bonté naturelle de l'homme, dont il faut éviter la corruption en l'éduquant correctement, et ensuite la société se développera harmonieusement. Si un gouvernant ce montre indigne moralement, le peuple est légitime pour le destituer car il aura perdu le Mandat du Ciel. Le deuxième penseur majeur du confucianisme des Royaumes combattants est Xunzi (310-230), qui peut être vu comme le pendant pessimiste de Mencius[147]. Rédacteur du premier ouvrage à ne pas être présenté sous le forme d'une discussion ou d'aphorismes mais exprimant directement ses idées, il pense pour sa part que la nature humaine est mauvaise, et propose de l'améliorer par l'éducation et les rites suivant la tradition confucéenne, mais aussi par la loi, donc une inspiration légiste. Les écrits de Xunzi ont été particulièrement importants dans l'affirmation du confucianisme dans les premiers empires chinois, tandis que ceux de Mencius ont été repris par la tradition néo-confucéenne qui a triomphé sous la dynastie Song, étant intégrés dans les textes canoniques, contribuant ainsi à la primauté de ce courant de pensée dans le monde chinois.

Mozi (460-400), vivant peu après Confucius et opposé à la pensée de ce dernier, est à l'origine du courant moïste qui est particulièrement fort durant la période pré-impériale, mais a disparu après[148]. D'origine modeste, apparemment issu d'un milieu d'artisans, il dénonce les inégalités sociales, pense que la nature humaine est égoïste et doit être disciplinée et moralisée par une pratique ascétique et une organisation autoritaire, valorisant l'altruisme, et non par les rites. Mozi pense que le Ciel surveille les humains en permanence, et envoie des démons les châtier s'ils agissent mal. À sa suite, ses disciples forment un mouvement organisé en groupes vivant dans la frugalité, l'égalitarisme, professant le pacifisme et passés experts dans l'art de la poliorcétique pour défendre les cités injustement attaquées. Ils se scindent en plusieurs mouvances qui se retrouvent dans le Mozi, ouvrage attribué au maître mais en fait largement remanié après lui. Certains moïstes s'illustrent également dans l'art de la logique.

L'« école des formes et des noms » (dont les penseurs sont parfois désignés comme sophistes ou logiciens), qui s'affirme dans les écrits moïstes et aussi dans ceux de Hui Shi (380-305) et Gongsun Long (333-250), propose une méditation sur le langage, les noms, et l'art du discours en général, qui permettrait de bien diriger la politique une fois correctement maîtrisé[149]. Le langage est donc important parce qu'il permet d'édicter des normes, de convaincre, et non pas suivant qu'il permet de désigner des choses de façon vraie ou erronée. Le Gongsun Longzi reste célèbre pour la qualité de ses raisonnements, et les paradoxes qu'il développe (« cheval blanc n'est pas cheval »). Ce courant, important durant les Royaumes combattants, n'a cependant eu aucune postérité.

L'« école des lois », ou légisme, est le courant de pensée le plus tourné vers une réflexion et des finalités politiques[150]. Il est le seul à comprendre parmi ses auteurs renommés des ministres importants, tels que Li Kui, Shen Buhai ou Shang Yang[151], tandis que l'œuvre considérée comme fondatrice par les penseurs de ce courant, le Guanzi, est attribuée à Guan Zhong, célèbre ministre du Qi durant la période des Printemps et des Automnes, bien qu'elle ait vraisemblablement été rédigée plus tard. L'ouvrage majeur de ce courant a été rédigé par Han Feizi, issu de la noblesse du Han, et disciple de Xunzi tout en développant certaines conceptions proches du taoïsme[152]. Les légistes partent d’une analyse de la société telle qu'elle est dans sa réalité, et proposent la manière la plus efficace de la gouverner par un renforcement des institutions politiques, qui doivent s'imposer à toute la société. Le moyen essentiel est la « loi » (fa), qui doit s'appliquer à tous sans distinction, pour permettre à l’ordre de régner et au royaume de gagner en puissance. Le système s'appuie sur des méthodes autoritaires, notamment la crainte inspirée par les peines infligées aux personnes ne respectant pas la loi, et sur les récompenses attendues par ceux qui agissent de leur mieux pour le compte de l'État. Ce courant de pensée est couramment associé à l'ascension du royaume du Qin et à la fondation de l'empire, cet État ayant eu pour premiers ministres deux représentants majeurs du légisme, Shang Yang et Li Si (un autre disciple de Xunzi).

Deux penseurs majeurs de la période des Royaumes combattants ont été par la suite associés dans le courant qui a été qualifié de « taoïsme », ou « école du dao », à partir de la dynastie Han, bien que ces penseurs n'aient pas le monopole du concept de dao (« voie »), et ne forment pas une école de pensée à proprement parler à l'époque pré-impériale. Il s'agit de Laozi et de Zhuangzi. Bien que la tradition dit que le premier a vécu avant le second, dans les faits le Zhuangzi a manifestement été rédigé avant le Laozi, au IVe siècle[153]. Cet ouvrage, reconnu pour ses grande qualités littéraires, est constitué de chapitres « internes » attribués à « Maître Zhuang », et des chapitres « externes » et « mixtes » sans doute remaniés ou rédigés par d'autres. À la différence des autres penseurs de son temps, il privilégie le rapport des humains avec la nature, en se détachant de la société pour rechercher le dao, la « voie » naturelle des choses. Le Laozi ou Daodejing (« Livre de la voie et de la vertu ») a quant à lui sans doute été rédigé au IIIe siècle, dans les décennies précédant l'unification impériale par un ou des auteurs inconnus, l'existence de « Maître Lao » n’étant pas assurée[154]. Cet ouvrage constitué d’une succession de poèmes élève en principe majeur le « non-agir » (wuwei), vu comme la meilleure façon de gouverner la société. Avec le Laozi et le Zhuangzi comme textes fondateurs intégrés dans un même courant de pensée, le taoïsme est devenu à l'époque impériale la principale alternative au confucianisme triomphant, avant l'arrivée du bouddhisme.

Enfin, un dernier courant de pensée qui a eu un impact important dans l'histoire de la pensée de la Chine est celui dont les réflexions sont d'ordre naturaliste ou cosmologique, comme l'« école du yin et du yang[155] ». S’appuyant sur la divination traditionnelle, sur des ouvrages anciens et sans doute encore remaniés à cette période comme le Livre des rites (Liji) et le Livre des mutations (Yijing)[135], ce type de réflexion connaît un fort développement sous la période des Royaumes combattants, dans le cadre de l'académie Jixia, et fait l'objet de longs développements dans les Printemps et Automnes de Lü Buwei[131]. La connaissance du monde réel passe par l'analyse, la manipulation et la combinaison de différents éléments et de symboles comme les Cinq Phases, le yin et le yang (principe femelle et principe mâle), qui sont à la fois opposés et complémentaires, ou bien les trigrammes et hexagrammes du Yijing. Ces réflexions portent sur des choses en perpétuel changement, qui se recomposent dans de nouvelles dispositions qu'il faut chercher à connaître voire à influencer. Ces théories qui portent une vision du monde caractéristique de la pensée chinoise, faisant appel à une réflexion moins « irrationnelle » qu'il n'y paraît, ont été très importantes dans le développement des sciences dans ce pays, et également dans la conception de l'évolution de l'histoire marquée par la succession de dynasties connaissant toutes une phase d’apogée puis un déclin.

Autres formes de littérature

Portrait (hypothétique) de l'homme politique et poète Qu Yuan, un des plus grands auteurs de la poésie chinoise, ayant vécu à l'époque des Royaumes combattants.

La littérature de l'époque des Royaumes combattants est plus diversifiée que celle de la période précédente, ne se limitant pas aux écrits officiels et aux œuvres de penseurs. Les différents textes rédigés sur des supports en bronze, bois ou bambou retrouvés dans les tombes de cette période témoignent de cette variété : inventaires d’offrandes pour les funérailles, rituels de divination, traités de stratégie, de médecine, de mathématique, textes juridiques, chroniques, etc.[156]. Ils s'ajoutent aux textes qui sont parvenus de cette période parce qu’ils ont été conservés par les générations postérieures, et témoignent du développement de l’écriture et de la littérature sous les Royaumes combattants. Les textes proprement littéraires qui retranscrivent une littérature orale dont la majeure partie est irrémédiablement perdue ne sont qu’une poignée, mais témoignent du développement de plusieurs genres littéraires majeurs des périodes postérieures. Ainsi, le Livre des monts et des mers (Shanhaijing) compile plusieurs récits merveilleux. La Chronique du Fils du Ciel Mu (Mu tianzi zhuan), récit racontant le voyage légendaire vers les contrées occidentales du de roi Mu des Zhou, retrouvé en 281 de notre ère dans une tombe, peut être considéré comme le premier roman chinois connu[157]. Ces textes illustrent l'existence d'un folklore chinois constitué d’une géographie mythique (notamment dans les contrées occidentales comme les monts Kunlun) et de héros civilisateurs (comme l'Empereur jaune et Yu le Grand) qui sont très présents dans toutes les œuvres littéraires. Enfin, la poésie est illustrée par un chef d'œuvre qui reste un classique intemporel de la littérature chinoise, les Élégies de Chu (Chuci)[158]. Il s'agit recueil de poèmes rédigés par des auteurs venant du Chu, au premier rang desquels vient Qu Yuan (343-277), et son disciple Song Yu. Les poèmes ont été compilés aux IIe et Ier siècles par Wang Yi et Liu Xiang. Ces œuvres montrent pour la première fois une poésie exprimant les sentiments personnels de leur auteur, comme dans le plus célèbre d’entre eux, la Tristesse due à l'éloignement (Lisao), récit mélancolique probablement inspiré par l'exil que subit Qu Yuan, critiquant l’attitude injuste et médisante des courtisans, opposée à la pureté de l'esprit de l'auteur. Les Neuf Chants (Jiu ge) dépeignent quant à eux les pratiques religieuses originales du Chu, teintées de chamanisme. Enfin, parmi les ouvrages majeurs rédigés sous les Royaumes combattants il convient de mentionner l'Erya (Index des sens corrects), premier traité de lexicographie classant des synonymes à partir de recensions des textes classiques qui constituaient le cursus des étudiants à cette époque, qui est inclus à l'époque impériale parmi les textes canoniques.

Religion et philosophie naturelle

Le fait religieux dans la Chine ancienne repose autour des relations entre les humains et le monde des esprits (shen), qui se concrétisent dans divers rites de contact, les plus importants étant traditionnellement le sacrifice accompagné de chants, de musiques et de danses, et la divination. La période des Royaumes combattants voit s'affirmer diverses évolutions profondes de la religiosité chinoise, qui s'articulent autour d'une nouvelle perception de l'univers, de ses mécanismes, et des rituels et autres pratiques que les humains exécutent en accord avec le cosmos. S'élabore alors ce qu'on peut caractériser comme un système de « philosophie naturelle », dont les principes influencent aussi bien des pratiques qui seraient caractérisées de « religieuses » d'un point de vue contemporain, mais commande également l'évolution de disciplines qui seraient vues comme « scientifiques », par exemple la médecine[159]. En réalité, c'est tout un système disposant de sa rationalité propre et qui embrasse des domaines aussi variés que la divination, l'hémérologie, l'astrologie, l'exorcisme, la médecine, etc. et joue un rôle crucial dans le développement des sciences chinoises, entendues ici dans un sens large[160].

Les sources textuelle posent comme pour les autres domaines de la période le problème du remaniement dont plusieurs ont fait l'objet dans les périodes ultérieures, suivant des conceptions qui pouvaient différer de celles des Royaumes combattants. C'est particulièrement vrai pour les ouvrages canoniques des rituels des Zhou, qui ont été appropriés par la tradition confucéenne, et ont donc été marqués par son esprit profondément ritualiste, qui est loin d'être partagé par toutes les écoles de pensée pré-impériales. Mais le domaine de la religion et de la philosophie naturelle est peut-être celui qui a le plus bénéficié des découvertes de textes (mais aussi d'œuvres d'art) par l'archéologie dans les tombes antiques. Ces textes astrologiques, hémérologiques et médicaux mettant en lumière des pratiques jusqu'alors mal connues ont permis d'approfondir les connaissances sur ces sciences, notamment ceux exhumés à Shuihudi dans le Hubei et à Mawangdui dans le Hunan, datés des débuts de la période impériale et donc proches de celle des Royaumes combattants. La littérature technique s'est en effet considérablement développée sous les Royaumes combattants, à l'instigation des spécialistes de ces différentes disciplines, que ce soient des scribes, spécialistes des rituels, devins, astrologues, « physiciens » (médecins), chamans/sorciers, et même les élites nobles et administratives comme en témoigne la découverte de ces textes dans leurs tombes[161].

Évolution de la cosmologie

Le monde des Anciens chinois est peuplé d'entités surnaturelles qui tendent de plus en plus à être appelés shen (« esprits »), terme qui recouvre des êtres aussi divers, un grand nombre de divinités animistes, à savoir des entités naturelles divinisées (astres, cours d'eau, montagnes, points cardinaux, sol, etc.), des génies locaux qui peuvent ne pas être issus de croyances animistes, souvent conçus comme étant d'anciens humains divinisés[162]. Les esprits peuvent aussi être ceux des ancêtres familiaux qui font l'objet d'un culte, qui connaît alors un déclin face aux cultes territoriaux[163]. La divinité suprême est le « Seigneur d'En-haut », Shangdi, ou « Seigneur du Ciel », Tiandi, qui réside au Ciel (tian), le maître de l'univers. Tous ces esprits entraient en relation avec le monde des humains de façon tantôt bénéfique ou néfaste, et la communication entre le monde des humains et celui des esprits était organisée par différents moyens de contacts (sacrifices, divination, chamanisme, etc.). Si ces croyances de base n'évoluent pas au cours des Royaumes combattants, la perception de l'organisation du cosmos connaît elle de grands changements, sans doute initiés durant les siècles antérieurs. Les êtres surnaturels sont alors intégré dans un nouvel ordre de la nature qui apparaît notamment dans les textes astrologiques et les calendriers de cette période[164]. Les phénomènes naturels sont désormais vus comme tous liés les uns aux autres dans une cosmologie corrélative où tout est synchronisé, où ce qui s'observe dans le Ciel et le monde invisible des esprits a se répercute dans le monde visible des humains. Les esprits et leurs mouvements, assimilés à ceux de phénomènes naturels et d'autres événements sont analysés et reportés dans les almanachs et tables d'observation astrales, permettant une meilleure compréhension du cosmos et de ses cycles. C'est dans ce contexte de perception d'un univers en perpétuel mouvement que se développent et se redéfinissent sur le long terme les conceptions de qi (« souffle » qui parcours l'univers reliant les différents êtres entre eux), yin et yang, des Cinq Phases (wuxing), de la divination par l'achillée observant les mutations, tous ces développements n'étant achevés et consacrés que sous la dynastie Han[165],[155]. Il en ressort donc une redéfinition de l'univers qui préside à l'évolution de la perception de l'espace et du temps, des pratiques rituelles, de la divination, mais aussi la médecine.

Les rituels

Bouteille hu servant lors des rituels pour les offrandes de boissons fermentées, bronze avec décor incrusté curviligne et animalier en cuivre rouge.

Le contact entre les humains et les esprits était d'abord assuré par divers rituels (li) décrits dans les différents ouvrages rituels issus de la cour des Zhou et d'autres royaumes de la Plaine centrale, réunis à l'époque impériale dans le Classique des rites (Lijing). Ils témoignent donc de pratiques des régions traditionnelles de la Chine, qui certes influencent les autres régions, mais ces dernières préservent une identité propre qui devait se retrouver dans les rituels. Les particularités cultuelles du Chu se retrouvent dans les découvertes archéologiques faites dans les tombes de ce royaume, mais aussi dans certains passage des Élégies de Chu, notamment les Neuf Chants, qui évoque les pratiques chamaniques du sud, où des chamans (wu) hommes ou femmes entrent en contact avec les esprits par des transes traduites par des chants et des danses, accomplir des exorcismes, guérir des malades, amener la pluie ou encore contacter les défunts. Les rituels magiques et chamanistiques de la Chine ancienne transparaissent également dans des textes rituels issus du milieu des élites partageant des points communs avec ces pratiques plutôt populaires[166]. L'autre biais des sources est le fait que les textes rituels canoniques qui ont survécu ont généralement été réappropriés par les lettrés confucéens à l'époque impériale, cette école qui domina la pensée chinoise étant marqué par un idéal ritualiste dans lequel les rites issus de la cour des Zhou sont vus comme un modèle pour améliorer les humains, les moraliser en transformant les habitudes rituelles formalisées en des attitudes spontanées qui, correctement exécutées, créent une société bien ordonnée. Dans cette pensée, le modèle des rituels de la cour et des nobles des temps anciens doit être repris dans toutes les sphères de la vie sociale, qui doit donc être profondément ritualisée[167]. En fin de compte, l'évolution générale de la seconde moitié du Ier millénaire tend à dépouiller le rituel de son aspect religieux originel au profit de son aspect formel qui tend à être le plus important, dans lequel le rituel correctement exécuté en fonction du cosmos et de ses évolutions (interprétés grâce à l'astrologie, l'hémérologie et la divination) avec laquelle il doit être synchronisé.

Cela étant dit, il n'empêche que les textes classiques offrent un aperçu des rituels qui étaient exécutés dans les cours et le milieu des élites des Royaumes combattants. Le Rituel de Zhou (Zhouli) donne par exemple la typologie classique des rituels : les plus importants, modèles des autres, sont les « rites fastes » (jili), à savoir les sacrifices ; puis viennent les « rites sinistres » (xiongli), rituels funéraires du culte des ancêtres, les « rites de réception » (binli), à savoir les protocoles des audiences et réceptions de visiteurs, les « rites militaires » (junli), concernant les activités faites armes à la main, donc la guerre, la chasse, et aussi les concours de tir à l'arc qui sont importants dans l'idéal rituel, et enfin les « rites joyeux » (jiali), pour les événements de la vie familiale et sociale (naissance, majorité, mariage, etc.)[168]. Ces rituels pouvaient être composés d'offrandes sacrificielles (animaux pour les cas les plus importants, parfois des sacrifices humains, en général des boissons et autres victuailles plus modestes), d'invocations, de musique, de chants et de danses. Les rituels sacrificiels les plus importants étaient généralement exécutés en plein air, dans un espace bien délimité et purifié disposant d'un autel, parfois sur des promontoires naturels, notamment des montagnes sacrées[169]. Les temples servent traditionnellement plutôt pour le culte des ancêtres, mais ils sont également nombreux à être consacrés aux esprits animistes.

Sciences des calendriers et des astres

La compréhension de l'univers, la bonne exécution des rites et même de tous les actes de la vie passe par différentes pratiques, en premier lieu celles qui permettent de constituer une sorte de grille de lecture du cosmos, à savoir la science des calendriers, ou hémérologie, et la science des astres, ou astrologie[170]. Ces deux disciplines ont en commun le fait que leurs spécialistes observent l'évolution de l'espace et du temps pour y déceler l'organisation de l'univers et leurs évolutions à partir de calculs complexes. Ils élaborent ainsi des almanachs présentant les jours fastes et les jours néfastes suivant les activités souhaitées, notamment celles liées au culte mais pas seulement, dont des exemplaires ont été retrouvés dans des tombes, le plus ancien étant un almanach écrit sur soie mis au jour à Zidanku près de Changsha (une nouvelle fois au Chu), dont l'interprétation est complexe. Ces almanachs sont généralement influencés par des conceptions astrologiques. L'observation des astres (et des phénomènes météorologiques au sens large) est en effet vue comme étant importante pour déceler les évolutions de l'univers, d'autant plus que les astres sont assimilés à des esprits. Plusieurs représentations de la structure du ciel ont été trouvées dans des tombes, notamment des planches cosmiques (shi) servant pour les calculs astrologiques et hémérologiques. Le ciel est conçu comme organisé autour des points cardinaux reliés par des lignes (« cordes ») traçant une croix le divisant en quartiers, et également autour des quatre angles représentés comme des « crochets » ; vingt-huit « loges stellaires » disposant d'un esprit tutélaire structurent également le Ciel ; la Petite Ourse sert souvent de point de repère. Suivant leurs observations, les spécialistes des astres et des calendriers effectuaient des calculs numériques, reprenant parfois des concepts de yin et yang et des Cinq Phases, pour déterminer jours fastes et néfastes pour les différentes activités, et le fait que leurs travaux se retrouvent dans les dernières demeures des élites montrent qu'ils avaient une véritable écoute.

Divination

Un autre moyen de contact avec le monde des esprits, servant à savoir l'opportunité d'un rituel ou d'une action et décision quelconque, est la divination[171]. La forme traditionnelle de divination héritée des premières dynasties est la divination par les écailles de tortue, chéloniomancie. Il s'agissait de passer une carapace de tortue sous un feu provoquant des craquelures de ses écailles, dont la forme était ensuite interprétée pour répondre à une question posée au préalable aux esprits. Cette forme traditionnelle reste importante, mais n'accompagne pas les évolutions de la pensée cosmologique de l'époque, à la différence de l'autre forme majeure de divination, celle qui utilise des bâtonnets d'achillée millefeuille, l'achilléomancie. Il s'agit alors de jeter des bâtonnets dont la disposition est observée afin de constituer après plusieurs jets des hexagrammes, chacun constitués de deux trigrammes de lignes pleines (yang) ou brisées (yin), puis de les interpréter par des calculs numériques pour trouver la nature du phénomène observé. À la différence de la divination par les écailles de tortue qui donne une réponse sur la structure du réel, celle par l'achillée donne une réponse sur la forme des évolutions de la structure du réel : il s'agit d'interpréter les mutations de l'univers, ce qui explique le nom de l'ouvrage majeur de l'achilléomancie, le Livre des Mutations (Yijing, parfois appelé Mutations des Zhou, Zhouyi)[135],[172]. Les soixante-quatre hexagrammes fondamentaux qui sont alors peu à peu élaborés représentent les mutations essentielles du cosmos. Le principe des mutations est aussi progressivement associé à ceux du yin et du yang et des Cinq Phases qui se stabilisent à l'époque impériale.

Médecine

Un des manuscrits médicaux retrouvés à Mawangdui, début de la période des Han antérieurs (206-9 ap. J.-C.), témoignant des pratiques médicales du IIIe siècle et donc de la fin des Royaumes combattants.

Le domaine de la médecine pouvait concerner à l'époque pré-impériale plusieurs spécialistes : des chamans pratiquant des exorcismes, des devins versés dans l'iatromancie (divination médicale), des sortes de droguistes élaborant des remèdes à but thérapeutique, et surtout le yi, « physicien » (parfois aussi wu yi, « chaman physicien », bien qu'il soit bien distinct du chaman), qui tend à devenir le spécialiste par excellence de la science médicale qui se constitue sous les Royaumes combattants[173]. Concrètement, les remèdes médicaux de cette période mélangent exorcismes et magie avec des potions et autres remèdes. Ces pratiques magico-médicales traditionnelles reposent sur l'idée que la maladie est causée par des agents pathogènes, qui peuvent être des esprits malveillants. Elles sont combattues par des nouveaux courants, construits autour d'une conception physiologique de la maladie, reposant autour du concept de qi, le « souffle » qui lie tous les éléments de l'univers suivant la cosmologie dominante, mais qui traverse aussi les corps vivants pour les animer. L'autre concept fort de ce courant est celui de mai, « vaisseaux » qui transportent le qi et le sang dans le corps. Leur mauvaise circulation serait la cause des maladies, et la thérapie se focalise donc sur leur bonne circulation. Ils ne sont cependant pas encore reliés aux concepts de yin et yang et des Cinq Phases comme à la période suivante. Ces idées sont notamment illustrées par des manuscrits retrouvés à Mawangdui montrant un état de la médecine pour la fin des Royaumes combattants et les débuts de l'époque impériale. Certains préconisent une hygiène reposant sur des exercices gymnastiques, une diététique, l'utilisation de drogues, la méditation et une sexualité propres à assurer une bonne circulation du qi et donc une bonne santé, et la longévité[174]. À l'époque impériale, cette conception physiologique de la maladie débouche sur l'élaboration de l'acuponcture, non attestée sous les Royaumes combattants.

Pratiques funéraires

Poterie à but funéraire (mingqi) imitant la forme des vases rituels en bronze de type ding.

Depuis les premiers temps de la civilisation chinoise, les relations entre vivants et morts sont un aspect majeur de la religion, et même si cette position dominante cesse sous les Royaumes combattants face à la nouvelle pensée cosmologique et la montée des cultes locaux, le culte ancestral reste important. Il se marque par une importance croissante de la tombe dans les rituels funéraires et sans doute aussi les croyances. Ces constructions montrent aussi physiquement la distance rituelle et conceptuelle qui sépare de plus en plus le monde des vivants et celui des morts dans les conceptions de l'époque[175]. Elles sont également importantes car c'est dans un contexte funéraire qu'ont été découverts la majorité des œuvres d'art et des textes des Royaumes combattants par les archéologues, et il est donc important de saisir leur contexte de découverte pour mieux les interpréter.

Les croyances sur la mort et le culte des ancêtres

Les pratiques funéraires et le culte ancestral, si important depuis les premiers temps de la civilisation chinoise, sont guidés par des croyances liées à la mort qui sont mal connues par les documents des Royaumes combattants, et même si ce que l'on observe pour cette période paraît correspondre à des croyances bien connues pour l'époque impériale, la reconstruction des conceptions sur la mort des Ve-IIIe siècles est un exercice périlleux en l'absence d'exposés cohérents, qui reflètent probablement la diversité et les approximations des points de vue. Il apparaît dans plusieurs textes que l'être humain était conçu comme animé par deux souffles : le hun, d'origine céleste, psychique ; et le po, d'origine terrestre, animale[176]. À la mort, le premier va vers un monde céleste pour l'éternité (situé dans l'imaginaire de la période impériale dans des régions des confins du monde connu comme les monts de l'ouest ou les îles des immortels à l'est), tandis que le second reste avec le cadavre ou va vers un monde souterrain, et n'est en général pas conçu comme éternel. Les ancêtres défunts intègrent alors le monde des esprits (shen) auquel ils sont intégrés depuis les conceptions de la fin des Printemps et Automnes, étant ainsi inclus dans l'ordre cosmologique évoqué plus haut, présidé par la loi du Ciel. Cette idée d'un voyage du souffle du défunt se retrouve peut-être dans les peintures sur soie des tombes de Zidanku et de Chenjia dashan montrant des personnages suivant des animaux réels ou imaginaires (dragon, grues) qui auraient pour fonction de les guider vers la demeure céleste du hun des défunts[177]. Quoi qu'il en soit, suivant cette vision des ancêtres comme esprit, le culte ancestral, qui à l'origine a pour but de maintenir la cohésion entre morts et vivants d'un même lignage et d'assurer la bienveillance des esprits ancestraux envers les vivants, devient également un acte rituel vivant à suivre l'ordre de l'univers. Ne pas le suivre serait donc enfreindre la loi du Ciel, en plus de courir le risque d'être hanté par le démon qui réside dans le cadavre des défunts (gui), et qui vient perturber les vivants s'il ne reçoit pas de culte ou si la personne est morte prématurément avant d'avoir accompli son destin terrestre. Suivant un texte des Royaumes combattants, il semble que dans ce dernier cas le défunt puisse se voir accorder un droit à la résurrection, à condition que les esprits-bureaucrates de l'administration du monde des morts l'autorisent[178]. Le culte ancestral est surtout l'affaire des lignages royaux et nobles, qui préservent le souvenir de leurs ancêtres sur plusieurs générations, alors que dans les familles moins riches se sont généralement les ancêtres directs seuls qui reçoivent un culte personnel, les ancêtres les plus anciens étant relégués dans un groupe impersonnel. Le culte ancestral des élites avait lieu dans deux espaces distincts : un temple ancestral, et la sépulture. Sous les Royaumes combattants, c'est ce second lieu qui prend la primauté, les rituels et l'art funéraire étant alors centrés sur les tombeaux[179]. Cela consacre la séparation croissante entre le monde des vivants et celui des morts, que la forme et l'organisation interne des tombes illustrent également.

L'organisation des tombes

Les tombes étaient généralement regroupées dans des cimetières, qui pouvaient parfois être claniques, notamment pour ceux des familles royales et princières, ceux-ci ayant tendance à se différencier de plus en plus du reste de la société pas des tombes plus somptueuses situées à l'écart[180]. De nombreux cimetières de communautés locales ont été dégagés, parfois utilisés sur plusieurs siècles. Plusieurs d'entre eux sont très densément couverts, et les tombes sont de même type et orientation. Si des cimetières ont été dégagés sur les territoires de plusieurs des Royaumes combattants, le Chu est sur-représenté, avec plusieurs milliers de tombes dégagées, et de ce fait l'étude des sépultures de cette période repose largement sur les données provenant des régions méridionales.

Malgré leur grande dispersion géographique, la plupart des tombes de la période des Royaumes combattants suivent un modèle de base similaire, celui de la tombe à fosse, en forme de coffre[181]. Leur forme et leur taille peut être très variable. Les tombes riches sont plus profondes, accessibles par des rampes, et constituées de plusieurs compartiments séparant le ou les cercueil(s) de la majeure partie des offrandes. Leurs structure est réalisée en madriers séparant les différentes parties de la tombe, et elles sont entourées de couches d'argile et de charbon pour assurer leur étanchéité. Un tumulus les surmontait. Les tombes les plus pauvres, à l'inverse, sont petites, à compartiment unique, avec peu voire pas d'offrandes et parfois pas de cercueil. Quelques variantes apparaissent : des tombes dont la structure est constituée de briques creuses à la place des grosses planches de bois (kongxinzhuan mu), surtout dans le Henan occidental ; et des tombes à chambre souterraine (dongshi mu), surtout au Qin.

Les tombes les plus riches formaient un ensemble parfois complexe, et richement doté. Les cas les plus spectaculaires sont les complexes funéraires royaux comme celui des rois du Zhongshan qui a été décrit plus haut. La tombe princière la mieux connue est celle du « marquis » (hu) Yi de Zeng, principauté dépendant du Chu, dégagée à Leigudun (district de Zengdu, Hubei) et datée du début des Royaumes combattants (vers 430) et dont encore très proche des traditions des Printemps et des Automnes[182]. Elle a fourni depuis sa découverte en 1977 des informations inestimables sur cette période. Elle est divisée en compartiments qui sont en fait de véritables salles formant une sorte de résidence post-mortem. Le compartiment central (9,75 x 4,75 mètres) renfermait du mobilier rituel, constituant donc une salle d'audience ou un espace rituel. A l'est se trouvait la chambre funéraire où reposait le marquis Yi, dans un cercueil constitué de plusieurs sarcophages emboîtés, accompagné de huit femmes et son chien dans des cercueils ainsi que d'objets personnels, donc un espace privé. Le compartiment ouest comprenait treize autres morts accompagnant le marquis, des adolescentes (probablement musiciennes ou danseuses), servant peut-être de gynécée. Le compartiment nord est un arsenal comprenant environ 4 500 armes et des inventaires funéraires. Par la suite, les riches tombes du pays de Chu reprennent ce modèle de résidence post-mortem, comprenant parfois jusqu'à 9 compartiments, et dont les inventaires d'objets funéraires illustrent bien la division fonctionnelle de l'espace. Les tombes riches des royaumes du nord sont moins bien connues, d'une manière générale la plupart des tombes princières ont été pillées dans l'Antiquité. Aussi bien les tombes royales que princières montrent en tout cas la volonté de réaliser des tombes qui sont de véritables habitations divisées en plusieurs pièces et comprenant des offrandes qui n'ont pas qu'une fonction rituelle mais servent aussi dans la vie quotidienne : cela illustre bien un changement des conceptions de la mort[183].

Le matériel funéraire

Figure gardienne de tombes (zhenmushou), portant des bois de cerf, pays de Chu.
Figurines funéraires en bois provenant du pays de Chu.

Les objets placés dans les tombes pour accompagner les défunts vers l'au-delà pouvaient être très divers, surtout dans les tombes les plus riches qui ont parfois livré un matériel remarquable. Ces objets étaient classés dans différentes catégories, distinguant les objets utilisés dans le monde des vivants et qui sont de plus en plus entreposés dans les tombes pour accompagner les défunts après la mort (généralement appelés shengqi, mais divisibles en plusieurs catégories selon leur fonction précise) et ceux qui étaient conçus spécifiquement pour les tombes, les mingqi, qui connaissent un développement important sous les Royaumes combattants[184]. Les premiers sont les mêmes objets que ceux employés par les vivants, tandis que les seconds ont des caractéristiques propres dans leur fonction comme dans leur réalisation. Ainsi, un premier type de mingqi est la céramique de qualité moyenne imitant l'apparence des bronzes rituels, reprenant sa symbolique mais n'étant pas utilisée par les vivants[185]. Dans certains cas, ce sont des vases en bronze de qualité inférieure à ceux servant les vivants qui sont réalisés. Les défunts riches ont également des vêtements spécifiques pour les accompagner après leur mort. Un autre type de mingqi est celui des figurines funéraires, qui se répandent dans les tombes au cours de la période, peut-être en substitution aux sacrifices humains qui accompagnent les nobles et les princes mais tendent à se raréfier sous les Royaumes combattants[186]. Elles sont en bois dans les tombes du Chu, tandis que dans celles du nord elles sont en argile. Dans les régions méridionales, il existe également une tradition de sculptures en bois d'animaux hybrides, appelées zhenmushou (« animal protecteur de tombes ») par les chercheurs actuels, parce qu'elles étaient apparemment destinées à protéger les défunts à l'origine, même si par la suite elles semblent surtout avoir une fonction ornementale[187]. Les tombes nécessitent également la réalisation de cercueils, en laque peinte pour les élites. En plus d'avoir préservé des injures du temps de nombreux biens du monde des vivants qui fournissent l'essentiel des connaissances sur l'art des Royaumes combattants (vases rituels ou profanes, instruments de musique, armes, et autres objets en bronze, etc.), les tombes ont également l'intérêt d'avoir stimulé un art spécifique qui a sans doute contribué au développement de certaines techniques comme la laque, la soierie, la peinture. Des offrandes en nourriture étaient également présentes, et prennent plus l'apparence de provisions que d'offrandes funéraires contrairement aux périodes précédentes. Tout cela renforce l'impression que ce matériel funéraire sert, au moins dans les tombes les plus riches, à fournir la tombe en matériel servant au confort quotidien du défunt dans sa vie après la mort et pas forcément en offrandes aux esprits servant à faciliter son passage dans l'au-delà[188].

Réalisations artistiques

L'art de la période des Royaumes combattants est avant tout connu par les objets exhumés dans les milliers de tombes de cette époque qui ont été mises au jour, pour une bonne partie sur les terres de l'ancien royaume méridional de Chu, donc dans un espace qui dispose d'une culture originale, subissant les influences de la culture des royaumes chinois « traditionnels » de la vallée du Fleuve jaune tout en conservant de fortes originalités[20]. Parmi ces découvertes, la sépulture du marquis Yi de Zeng qui date du début de la période des Royaumes combattants (433) occupe une place centrale dans les histoires de l'art de cette époque par la quantité et aussi la qualité des objets qui y ont été exhumés. Les réalisations artistiques connues des Ve, IVe et IIIe siècles chinois sont donc pour la plupart destinés à accompagner le défunt dans l'au-delà, même si elles n'ont pas forcément toutes été réalisées dans ce but et peuvent donc être similaires à des objets confectionnés pour les vivants. Il s'agit en tout cas de productions destinées aux élites sociales dont les tombes sont les plus richement pourvues, accomplies par des artisans travaillant donc pour les élites liées au pouvoir politique.

Par rapport à la période des Printemps et des Automnes, l'art des Royaume combattants connaît plusieurs évolutions importantes, aussi bien thématiques, que techniques et stylistiques[189]. Ainsi, les vases en bronze qui servaient auparavant essentiellement à des fonctions rituelles perdent cette finalité, et semblent en majorité destinés à des besoins profanes. C'est une rupture majeure avec le millénaire précédent. Les inscriptions qui décoraient les objets sont de moins en moins utilisées, et désormais une attention centrale est portée sur l'iconographie, ce qui renouvelle l'art pictural avec le développement des scènes de récits de combat et de rituels. En lien avec ce changement, la technique de l'incrustation sur du métal connaît une popularité croissante. Toujours dans le domaine de la métallurgie, la technique de la cire perdue est également employée, mais rarement. L'art de la laque connaît également une grande vogue, et les peintures sur soie les plus anciennes qui soient connues datent de cette période.

Vases en bronze

La période des Royaumes combattants voit le déclin des vases rituels en bronze si courants durant les siècles précédents. Ils semblent alors de plus en plus destinés à des besoins profanes, même si certains servent toujours pour des rituels[190]. Les formes les plus répandues restent comme à la période précédente les vases ding servant à la cuisson de la viande et les gui pour les grains, ainsi que les vases hu pour les boissons fermentées. Représentatifs de l'art de la période de transition entre les Printemps et les Automnes et les Royaumes combattants, les vases en bronze de la tombe du marquis Yi de Zeng sont particulièrement impressionnants, et ce à plusieurs titres. D'abord par leur quantité et leur taille, puisque deux grands conteneurs à vin mesurent plus de 1 mètre de haut. Ensuite, la décoration de certains d'entre eux est remarquable, d'autant plus qu'elle est originale : la technique de la cire perdue a permis aux artisans de réaliser des des décors de créatures et autres motifs entrelacés, soudés au vase qu'ils ornent qui lui est moulé suivant la pratique traditionnelle. Mais l'évolution caractéristique de la période est la technique d'incrustation, qui se développe en premier pour les vases en bronze sur lesquels elle devient très courant. Elle fait appel à une grande variété de matériaux : cuivre, or, argent, pâte de verre, laque, ou des pierres comme le jade, la malachite, la turquoise. Les incrustations sont réalisées à part puis fixées dans le moule dans lequel le vase est fondu. Les décors ainsi réalisés représentent des récits de scènes religieuses (rituels sur des plate-formes, danses et chants) ou guerrières (batailles, assauts de villes, chasses), parfois sur plusieurs registres. D'autres incrustations consistent en des motifs abstraits, linéaires ou curvilignes. Les artistes réalisant ces décors s'inspirent peut-être des motifs réalisés pour décorer des tissus.

Vases en bronze incrustés de la période des Royaumes combattants

Autres œuvres en bronze

Miroir en bronze décoré de motifs géométriques et floraux gravés.

Les techniques du moulage et de la cire perdue permettent la réalisation de divers objets en métal complexes, dont les pièces peuvent parfois être réalisées à part puis accolées pour constituer l'objet final, comme cela a déjà été vu pour certains vases en bronze[191]. Des statuettes en bronze sont ainsi confectionnées, pour être incorporées à des ensembles plus complexes, comme celles supportant les poutres de bois qui portent l'orchestre du marquis Yi de Zeng. La qualité de leur exécution et la recherche poussée du réalisme dans la représentation des traits des visages en font des œuvres à part entière. D'autres pièces en bronze servent de supports, notamment des pieds d'écrans ou des supports de lampes[192]. Les réalisations d'animaux réels ou imaginaires côtoient celles d'êtres de forme humaine. Les représentations de dragons et autres êtres hybrides imaginaires sont marquées par la recherche de la complexité dans la forme, l'attitude dynamique, et l'ornementation. Les artistes de la période des Royaumes combattants sont également passés maîtres dans la réalisation de miroirs en bronze très finement exécutés, dont un millier d'exemplaires environ a été retrouvé, témoignage de leur succès[193]. Il existe divers types de miroirs suivant la forme des motifs qui y sont gravés ou incrustés, qui se complexifient au cours du temps : tracés rectilignes, trapézoïdaux, curvilignes, entrelacés, motifs floraux, animaux, scènes de chasse, etc. Cela reflète en partie des traditions régionales. D'autres réalisations en bronze caractéristiques de cette période sont les objets en forme de crochet ayant une fonction ornementale, qui ont pu être portés sur des vêtements, ou bien servir à supporter des objets personnels dans des espaces intérieurs[194]. Leur forme et surtout leur décoration se complexifient au cours du temps, et certains sont remarquables par la qualité de leurs incrustations. Enfin, les artisans des Royaumes combattants se sont également illustrés dans la confection d'armes d'apparat en bronze incrustées d'autres matières, avant tout des épées[195].

Arts de la laque

Cercueil en laque provenant d'une tombe au Hubei.

Les laques deviennent de plus en plus populaires au cours de la période[196]. Il s'agit d'objets recouverts de laque, résine dont plusieurs couches sont appliquées sur du bois mince, diverses fibres végétales ou même des toiles épaisses, servant à réaliser des objets divers (meubles dont des coffres, vaisselles, cercueils). Il est surtout connu par les tombes provenant de l'ancien royaume de Chu, qui semble avoir été le cadre privilégié de son développement. À la différence des objets en bronze toutefois, ceux en laque touchent un plus large spectre social car ils se retrouvent aussi bien dans les tombes les plus richement pourvues en objets que dans celles qui en ont moins, même si les pièces des tombes les plus riches sont plus nombreuses et de meilleure qualité. Les décorations des objets en laque du début de la période des Royaumes combattants, illustrées par les trouvailles de la tombe du marquis Yi de Zeng, sont des incrustations peintes représentant essentiellement des motifs curvilignes, entrelacés, et quelques scènes rituelles. Les réalisations du IVe siècle se diversifient : la palette de couleurs est plus large, et celle des motifs aussi, avec des motifs géométriques plus complexes, l'apparition d'animaux, et des représentations de scènes avec des humains plus abouties que précédemment.

Arts de la soie

Bien que seuls quelques exemplaires aient survécu aux injures du temps, les pièces de soie décorées qui ont été retrouvées dans des tombes de la période des Royaumes combattants peuvent être aisément replacées dans le contexte du développement d'un nouvel art pictural, et le lien avec les incrustations sur bronze et sur laque est évident[197]. Une tombe de Mashan dans la province de Jiangling (Hubei) a livré plusieurs exemples d'étoffes en soie : couvertures, draps servant à envelopper le corps du défunt, vêtements. Différents types ont pu être déterminés en fonction de l'espacement des fils. Les motifs brodés que portaient plusieurs d'entre elles représentent des animaux réels ou imaginaires jouxtés ou entrecroisés par des motifs géométriques, linéaires ou curvilignes. Les plus anciennes peintures individuelles chinoises connues ont été réalisées sur de la soie et datent de la période des Royaumes combattants. Une dans la tombe de Mashan, et deux autres près de Changsha (à Chenjia dashan et Zidanku), là aussi dans l'ancien territoire du Chu[177]. Elles sont monochromes, et représentent des humains de profil, en présence d'animaux, tracés à l'encre par des traits fermes, des lignes courbes, comme c'est le cas dans de nombreuses peintures des périodes suivantes, les peintures sur soie antiques servant alors de modèles. Celle de Zidanku représente un homme chevauchant un dragon, abrité par un parasol, et entouré d'oiseaux et d'un poisson, tandis que celle de Chenjia dashan représente une femme suivant un dragon et un oiseau. Bien que l'unité de style soit évidente, la première est reconnue comme ayant une plus grande qualité esthétique que la seconde par sa disposition harmonieuse, la qualité du trait et le dynamisme qu'arrive à faire figurer son auteur. Leur sens est débattu, mais il est probable qu'il ait un rapport avec le destin des défunts dans l'au-delà.

Soieries décorées de la période des Royaumes combattants

Instruments de musique

La pièce maîtresse de l'orchestre du marquis Yi de Zeng : le carillon.

La chambre centrale de la tombe du marquis Yi de Zeng à Leigudun comprenait un véritable orchestre de 124 instruments[198]. Il était probablement destiné à jouer de la musique rituelle. Cet ensemble extraordinaire est constitué essentiellement d'instruments à percussion qui dominent alors dans la musique chinoise (cloches, pierres sonores, tambours), mais comprenait aussi des instruments à vent (orgues à bouche, flûtes) et à cordes (luths, cithares ayant de 5 à 25 cordes). L'élément le plus imposant de cet orchestre est le carillon, constitué de 64 cloches en bronze (pesant plus de 2 500 kilogrammes en tout) suspendues sur trois niveaux, les plus grandes cloches (allant jusqu'à 1 mètre de haut et plus de 130 kilogrammes) se trouvant en bas, les plus petites en haut. Elles sont en forme d'amande, avec les extrémités pointues, ce qui permet de produire deux tons avec chacune d'elles selon qu'elles sont frappées au milieu ou sur les côtés, caractéristique des cloches chinoises anciennes, qui se perd apparemment après le IVe siècle. Elles étaient classées en fonction des sons qu'elles produisaient, les plus petites situées en haut servant peut-être de diapason. La musique a un rôle important dans de nombreux rituels ayant lieu dans le milieu des cours royales et princières, accompagnés de danses. Des livres « classiques » traitent de cela, le Livre de la musique (Yuejing) et le Livre des odes (Shijing). Pour de nombreux penseurs, notamment ceux liés au confucianisme, elle a même un rôle moral, au même titre que les autres rituels.

Notes et références

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  14. C'est la proposition développée dans A. Reynaud, Une géohistoire, La Chine des Printemps et des Automnes, Paris, 2000, pour la période précédente et qui semble encore valable pour celle qui nous intéresse.
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  176. Vandermeersch 2008, p. 374-376. Voir aussi Maspero 1985, p. 146-155
  177. a et b Li 1985, p. 434-446 ; Wu 1999, p. 742-744 ; Elisseeff 2008, p. 188-189
  178. Harper 1999, p. 868-869
  179. Wu 1999, p. 708
  180. Wu 1999, p. 708-709 et 717-718
  181. Wu 1999, p. 718-721 ; Elisseeff 2008, p. 58-59
  182. Wu 1999, p. 721-729 ; Elisseeff 2008, p. 178-179
  183. A. Thote, « Les pratiques funéraires Shang et Zhou, Interprétation des vestiges matériels », dans Lagerwey (dir.) 2009, p. 66-72
  184. Wu 1999, p. 727-728
  185. Wu 1999, p. 729-732
  186. Wu 1999, p. 732-7340
  187. Elisseeff 2008, p. 172-173
  188. A. Thote, « Les pratiques funéraires Shang et Zhou, Interprétation des vestiges matériels », dans Lagerwey (dir.) 2009, p. 70-72
  189. C. Debaine-Francfort, La redécouverte de la Chine ancienne, Paris, 1998, p. 77-87, offre une introduction concise et très bien illustrée sur l'art de la période des Zhou orientaux. Voir aussi Elisseeff 2008, p. 58-62.
  190. Li 1985, p. 269-270 ; Wu 1999, p. 676-685 et 702 ; Elisseeff 2008, p. 60-61 et 174-175 ; A. Thote, « Les bronzes de l'époque des Zhou de l'Est (770-221 av. J.-C.) », dans Rites et festins de la Chine antique, Bronzes du Musée de Shanghai, Paris, 1998, p. 144 et exemples p. 161-166
  191. Li 1985, p. 272-276 ; Wu 1999, p. 685-692
  192. Elisseeff 2008, p. 184-185
  193. Li 1985, p. 295-314 ; Wu 1999, p. 692-697
  194. Wu 1999, p. 697-698
  195. Li 1985, p. 276-277 ; Elisseeff 2008, p. 176-177
  196. Li 1985, p. 342-358 ; Wu 1999, p. 679-682 et 704
  197. Li 1985, p. 359-370 ; Wu 1999, p. 699 ; Ebrey 1999, p. 54
  198. Ebrey 1999, p. 50 ; Elisseeff 2008, p. 180-181. Voir aussi un autre exemple dans A. Thote (dir.), Chine, l'énigme de l'homme de bronze, Archéologie du Sichuan (XIIe-IIIe siècle avant J-C), Paris, 2003, p. 255-257.

Bibliographie

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  • Sima Qian, Mémoires historiques, Vies de Chinois illustres, Traduit du chinois et présenté par Jacques Pimpaneau, Arles, 2002 
  • Sun Tzu, L'Art de la guerre, Traduit du chinois et présenté par Jean Lévi, Paris, 2000 
  • (en) P. B. Ebrey, The Cambridge Illustrated History of China, Cambridge, 1999 
  • J. Gernet, Le monde chinois, 1. De l'âge du bronze au Moyen-Âge, 2100 av. J.-C.-Xe siècle après J.-C., Paris, 2005 
  • J. Gernet, La Chine ancienne, Paris, 2005 
  • H. Maspero, La Chine antique, Paris, 1985 (1re éd. 1927) 
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    • M. E. Lewis, « Warring State Political History », p. 587-650
    • H. Wu, « The Art and Architecture of the Warring State Period », p. 651-744
    • D. S. Nivison, « The Classical Philosophical Writings », p. 745-812
    • D. Harper, « Warring State Natural Philosophy and Occult Thought », p. 813-884
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  • D. Elisseeff, La Chine du Néolithique à la fin des Cinq Dynasties (960 de notre ère), Paris, 2008 
  • L. Vandermeersch, Wangdao ou la Voie Royale, Recherches sur l'esprit des institutions de la Chine archaïque, Paris, 2008 (1re éd. 1977-1980) 
  • A. Cheng, Histoire de la pensée chinoise, Paris, 2002 
  • J. Lagerwey (dir.), Religion et société en Chine ancienne et médiévale, Paris, 2009 
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  • (en) M. E. Lewis, Writing and Authority in Early China, Albany, 1999 
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