Rudelsheim

Marten Rudelsheim

Marten Rudelsheim

Marten ou Maarten Rudelsheim ou Rüdelsheim est un flamingant d’origine judéo-néerlandaise né à Amsterdam le 25 avril 1873 - décédé à Anvers le 10 septembre 1920.

1873-1914 : Avant la Première Guerre mondiale

Rudelsheim fut un parmi de nombreux juifs flamingants (et parfois autant sionistes), comme le furent Louis Franck, Maurice Friedman, Nico Gunzburg, Salomon Kok, Lon Landau et Lode Oudkerk. Il participa activement au mouvement flamand émancipatoire et à l’activisme pendant la Première Guerre mondiale.

Rudelsheim fut né dans les Pays-Bas, comme fils d'un père juif et d’une mère néerlandaise. En 1885, à l'âge de douze ans, lui et sa famille s’eurent établi à Anvers. En tant que commerçants, ses parents appartinrent à une classe bourgeoise prospère et juive.

Déjà à l’Athénée anversois, Rudelsheim se révéla être un flamingant déterminé et parfaitement conscient de l’histoire et des causes sociales de la lutte émancipatoire et égalitariste du mouvement flamand. Rudelsheim étudia les langues germaniques à l’Université de Gand, où il obtint son doctorat. En 1898, il obtint la nationalité belge. En 1900, il trouva un emploi à la Bibliothèque municipale d'Anvers.

Karel van de Woestijne mentionna dans sa correspondance »un petit juif anversois» (Antwerpsch smousje), désignant ainsi Rudelsheim, qui fut alors correspondant d’un journal de La Haye, De Nieuwe Courant. Rudelsheim eut également été collaborateur du Den Gulden Winckel. ^[1]

En 1910, Rudelsheim et S. Samson, un autre flamingant d’origine juive, fondèrent à Anvers la première école entièrement néerlandophone d’enseignement secondaire en Flandre. ^[2].

1914-1920 : La Première Guerre mondiale et l’après-guerre

Au cours de la Première Guerre mondiale, Rudelsheim et Samson eurent choisi le côté des activistes. Les activistes formèrent cette faction du mouvement flamand d'émancipation sociale et culturelle, qui défendit l’acceptation du soutien de l’Allemagne afin de fonder un état indépendant flamand ; c’est alors qu’il devint membre du Conseil pour la Flandre. Rudelsheim et Samson ne furent d’ailleurs pas les seuls juifs sionistes qui eussent combattu autant pour la Flandre que pour un État juif. Ainsi des publications activistes furent financées par le diamantaire anversois Salomon Kok.^[3] Rudelsheim défendra également la néerlandisation de l’Université de Gand qui, dans une ville flamande et néerlandophone, subit à cette époque encore un régime francophone. Quand le Conseil de Flandre proclama l'indépendance de la Flandre, le 22 décembre 1917, il se retira du Conseil, comme le firent Herman Vos et Antoon Jacob.

La répression belge de l’après-guerre, atteignit autant les flamingants juifs que les goyim. Des activistes juifs tel que Lode Oudkerk, Maurice Friedman, Hendrik van Praag, Saul de Groot (qui deviendra plus tard, sous le nom Paul de Groot, le grand dirigeant du Parti communiste aux Pays-Bas) et Samson (de qui la bibliothèque précieuse eut été saisie par les autorités belges), furent expulsés.^[4] Rudelsheim fut arrêté, condamné à dix ans d'emprisonnement en raison de son appui à l'activisme, et enfermé. Suite au manque de soins médicaux, il mourra le 20 septembre 1920, en présence de quelques autres prisonniers activistes, dans la prison d'Anvers. ^[5]

Les nationalistes flamands l’ont par la suite considéré comme l’un de leurs plus grands martyrs. L’auteur René De Clercq lui dédia ce poème:

Ter nagedachtenis van Dr. Marten Rüdelsheim [6]

Á la mémoire du dr. Marten Rüdelsheim (traduction littérale sans prétention littéraire)

Mij, kranken banneling, valt het nieuws op 't lijdensbed, Dat Rüdelsheim in staatsgevang gestorven is, Voor Vlaanderen. Helaas, zoo zullen velen sterven; En telkens wordt ons arme Vlaandren rijk begraven. O edele man, zoo fijn bezield met sterke gaven, Bewonderd heb ik u ten Raad wel honderdwerven. Gij spraakt, en wat in Holland onbedorven is, De Liefde tot het Recht, was u de hoogste wet. Tot voor uw rechters hebt gij kloek den eed herhaald Voor Vlaanderens zelfstandigheid. Daar voelden wij Eén man, eén woord, eén ziel, eén vrijheid, eén geweten. O Martelaren, over uwe graven straalt Het eerste nieuwe licht. Door u wordt Vlaandren vrij. Uw naam, o Rüdelsheim, zal Dietschland nooit vergeten.

Moi, cet exilé malheureux, je découvre la nouvelle que, sur son lit de martyr, Rüdelsheim est décédé dans la prison d’état, Pour la Flandre. Hélas, nombreux seront ceux qui mouront encore de cette façon ; Et à chaque fois, notre pauvre Flandre ce fait enterrer tout en étant riche. O, noble homme, animé de tant de talents forts, Je vous ai admiré au sein du Conseil ; bien cent fois. Vous parliez et, ce qui n’est pas encore pourri en Hollande, L’amour pour la Justice, était pour vous la plus haute loi. Jusque devant vos juges, vous aviez courageusement répété le serment Pour l’indépendance de la Flandre. Là, on sentait Un homme, un mot, une âme, une liberté, une conscience. O Martyrs, au-dessus de vos tombes rayonne La première lumière nouvelle. Grâce à vous, la Flandre devient libre. Votre nom, O Rüdelsheim, ne sera jamais oublié par les pays néerlandophones.

Pieter Tack, le président de l'éphémère état indépendant flamand, qui fut un fait entre décembre 1917 et début novembre 1918, fit encore en 1933 l’éloge de son ancien compagnon de route^[7] qu’il considéra comme à la fois un grand flamand et un grand Juif qui fut toujours resté fidèle à « sa race juive, de laquelle il a réuni les dons de façon harmonieuse» ( «[…] zijn joodse ras, waarvan hij de vele gaven in zich harmonisch verenigde, altijd trouw gebleven was»).^[8]

Sources et Références

1. ↑ lettre du 25 janvier 1906 à Van Dishoeck, écrite à Sint-Martens-Latem, Karel van de Woestijne, Altijd maar bijeenblijven. Brieven aan C.A.J. van Dishoeck, 1903-1929 (édition par Leo Jansen et Jan Robert), Letterkundig Museum (musée littéraire), La Haye / Bas Lubberhuizen, Amsterdam 1997, p. 68
2. ↑ Paul Belien, A Throne in Brussels. Britain, the Saxe-Coburgs and the Belgianisation of Europe, imprint-academic.com, 2005, p. 144.
3. ↑ Paul Belien, A Throne in Brussels. Britain, the Saxe-Coburgs and the Belgianisation of Europe, imprint-academic.com, 2005, p. 158.
4. ↑ Paul Belien, Een mythe doorprikt: Vlaanderen als bakermat van racisme en antisemitisme, in Secessie, Kwartaalblad voor de Studie van Separatisme en Directe Democratie, avril-mai-juin 2002, p. 28-29
5. ↑ Paul Belien, A Throne in Brussels. Britain, the Saxe-Coburgs and the Belgianisation of Europe, imprint-academic.com, 2005, p. 166.
6. ↑ René De Clercq, De Noodhoorn. 2e éd., Tielt et Amsterdam 1927, 98 p.; De Noodhoorn. 4e éd., Amsterdam 1932, 160 p.; éd. de De Noodhoorn publiées en 1940, 1943 et 1975, 186 p.
7. ↑ Paul Belien, A Throne in Brussels. Britain, the Saxe-Coburgs and the Belgianisation of Europe, imprint-academic.com, 2005, p. 215.
8. ↑ P. Tack, Dr. Marten Rudelsheim in De Dietsche Gedachte, 5 novembre 1933

Sur Rudelsheim:

• Une biographie brève de Rudelsheim sur le site Internet du cimetière où il a été enterré
• Ger Schmook, Uit Groot-Mokum gewerd ons een offervaardig Flamingant, Marten Rudelsheim: Amsterdam 1873-1920 (Un flamingant ayant l’esprit de sacrifice nous fut envoyé d’Amsterdam), in Koninklijke Vlaamse academie voor taal- en letterkunde, Verslagen en mededelingen, Gand, 1971. p. 80-146.
• E. Vandewalle, Een gedenkstuk voor Marten Rudelsheim (Une pièce commémorative pour Marten Rudelsheim) in Ons Erfdeel, 1972, nr 4, pp. 155-156

Par Rudelsheim:

• Marten Rudelsheim, Eenige onuitgegeven gedichten van Marnix. Marnix' zelfcritiek (Quelques poèmes inédits de Marnix. L’autocritique de Marnix'), TNTL 17 (1898), 116 ff
• Marten Rudelsheim, Lucas d'Heere (sur le peintre et poète humaniste néerlandais/flamand) in Oud-Holland, XXIe jaarg., 2de afl., 1903, p. 85-110.

Voir aussi

• Auguste Borms
• Conseil de Flandre (Première Guerre mondiale)
• Histoire de Belgique de 1914 à 1945

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