République monastique du Mont Athos

République monastique du Mont Athos
Άγιο Όρος
Ayíou Órous
Mont Athos
Flag of Greece.svg Flag of the Greek Orthodox Church.svg

Iera Koinotis Agiou Orous.png

Administration
Pays Drapeau de Grèce Grèce
Capitale Karyès
Nomes
(Code ISO 3166-2)
GR-69
Statistiques
Superficie 335,63 km2
Population 2 250 hab.
Densité 6,7 hab./km2
Divers
Site web www.athos.gr
La péninsule vue depuis le sommet du Mont Athos

La République monastique du Mont Athos (en grec : Αυτόνομη Μοναστική Πολιτεία Αγίου Όρους / Aftónomi Monastikí Politía Ayíou Órous textuellement : « État monastique autonome de la Sainte-Montagne » ; en serbe : « Монашка република Света Гора / Monaška republika Sveta Gora » ; en roumain : « Republica mănăstirească a sfântului Munte Athos ») est une région du nord de la Grèce, sur la péninsule du Mont Athos, en Chalcidique, bénéficiant d'un statut d'autonomie comparable aux périphéries (régions administratives grecques). Elle réunit une vingtaine de monastères et leurs dépendances, qui abritent environ 2 000 moines orthodoxes grecs, bulgares, serbes, roumains, russes et autres, menant une vie de réclusion, d'introspection et de prières, dans un paysage sublime accroché à la montagne, parfois surnommé le « Tibet chrétien ». Un afflux régulier de jeunes gens, souvent diplômés et originaires de l'ex-bloc soviétique, a accru de façon spectaculaire le nombre de moines et de novices. L'accès de toute créature femelle est strictement interdit, afin de ne pas tenter les moines ; toutefois, il est sous-entendu que cet édit ne concerne que les créatures vertébrées, avec deux exceptions. Le territoire de la République monastique est contigu à la municipalité grecque de Stagira-Akanthos, dont elle est séparée par une clôture d'environ 9 km de long.

La petite bourgade de Karyès en est le centre administratif.

Elle est placée sous la juridiction conjointe du Patriarcat œcuménique de Constantinople (et non de celui de l'Église de Grèce) et du Ministère des Affaires étrangères grec.

Sommaire

Histoire

C’est à partir du Xe siècle que les premiers moines ermites, chassés d'Égypte et de Syrie par les conquêtes musulmanes, se seraient installés sur la péninsule. Très vite, devant l’ampleur de la colonie monacale, il a été nécessaire de l’organiser. Le premier monastère, celui de la Grande Laure, est fondé par Athanase de Trébizonde en 963. L’empereur Jean Ier Tzimiskès lui accorda sa première charte en 971, c'est depuis cette date que le Mont Athos est reconnu comme une république monastique indépendante. Le premier « typikon » réglementant l’organisation et l’administration de la cité athonite fut, quant à lui, rédigé en 972.

Organisation

Statut

Le statut juridique de la République monastique de l'Athos, confirmée en droit international par le traité de Lausanne en 1923, est également défini par la constitution grecque de 1926 qui l'a fait bénéficier d'une autonomie interne. Un gouverneur civil nommé par l'État grec traite des questions administratives et judiciaires. Tous les moines, grecs et étrangers, ont les mêmes droits. Ceux d'origine étrangère ont droit automatiquement à la nationalité grecque. La république est dispensée d'impôts [Pourquoi ?] et les moines ne sont pas soumis au recensement [Pourquoi ?].

Lors de l'adhésion de la Grèce à la Communauté européenne, ce statut a fait l'objet d'un article spécifique du traité d'adhésion pour indiquer que le Mont Athos garderait en Europe le statut que lui reconnaît la Grèce. En 2002, une députée européenne du PASOK, Anna Karamanou, a proposé en vain une résolution au Parlement européen pour que la presqu'île soit ouverte aux femmes.

Administration

Le monastère de Simonopetra

La Sacrée Communauté, qui siège à Karyès, est l'organe délibératif réunissant les vingt représentants de chacun des vingt monastères. La Sainte Épistasie en est l'organe exécutif qui compte quatre moines, à la tête duquel se trouve le Protos. Les vingt monastères sont en effet répartis en cinq groupes de quatre qui gouvernent ensemble pendant un an puis cèdent leur place au groupe suivant.

Ces groupes sont les suivants :

  • Groupe A : La Grande Laure, Docheiariou, Xénophon et Esphigmenou.
  • Groupe B : Vatopedi, Koutloumousiou, Karakallou et Stavroniketa.
  • Groupe C : Iveron, Pantocrator, Philotheou et Simonopetra.
  • Groupe D : Hilandar, Xeropotamou, Aghios Pavlos et Grégoire.
  • Groupe D : Dionysiou, Zographou, Saint-Panteleimon et Konstamonitou.

Traditions et pratiques

Calendrier

Les moines suivent à la fois : le calendrier julien qui accumule 13 jours de retard sur le calendrier gregorien, et l’« heure byzantine » qui est une heure solaire, plus ou moins longue selon la saison (0 heure correspond au coucher du soleil).

L'Abaton

Vue aérienne

Autre exception de taille est la règle de l'abaton (mot qui signifie en grec : « inaccessible »), édictée [Contradiction !] en 1045, qui stipule [Contradiction !] qu’« aucune créature femelle n'y est admise ».
Cette disposition trouverait son origine dans un récit apocryphe. Ainsi, selon la tradition, la Vierge Marie et Jean l'Évangeliste, en route pour rendre visite à Lazare à Chypre, furent forcés par une mer houleuse de chercher refuge dans le port qui est aujourd'hui au pied du monastère d'Iveron. La Vierge, admirant la beauté sauvage du lieu, demanda à Dieu de lui donner la montagne en présent. Alors la voix de l'Éternel se fit entendre : « que cet endroit soit ton jardin et ton paradis, ainsi qu'un havre de salut pour ceux qui cherchent à titre sauves ». Depuis lors, le Mont Athos est considéré comme le « Jardin de la Vierge Marie », interdisant ainsi à toutes autres femmes d'y entrer[1].
Il est toutefois sous-entendu que cela ne concerne que les créatures vertébrées, à l'exception notable :

  • des poules, dont les œufs frais sont nécessaires à la cuisine et la fabrication des peintures pour les icônes ;
  • des chattes, nécessaires au maintien de la présence de félins chassant les nuisibles.

Toute violation de l’abaton étant passible, selon les lois grecques, d'une peine pouvant aller jusqu'à douze mois d'emprisonnement[2].

Cependant, par deux fois dans son histoire, cette règle ne fut pas appliquée pour des raisons humanitaires, des réfugiés incluant des femmes et des filles furent accueillies sur son territoire :

Le 13 juillet 1953, une ancienne Miss Europe 1930, Aliki Diplarakou, relata dans un article du Time magazine intitulé The Climax of Sin avoir fait dans les années 1930 de la contrebande sur le Mont Athos, déguisée avec des vêtements d'homme.

Le 8 janvier 2008, 500 personnes dont de nombreuses femmes ont pénétré sur le territoire de la république, afin de protester contre l'empiètement des monastères sur des terrains publics[3]. Le 25 mai suivant, quatre femmes moldaves, probablement victimes de proxénétisme[réf. nécessaire], ont été arrêtées par la police grecque sur le territoire de la république monastique[4].

Il est également à noter, que selon cette même règle, l'accès du territoire athonite est également interdit aux enfants mineurs. Les eunuques, ainsi que les hommes au visage glabre, ne pouvaient non plus entrer dans la république monastique[1], mais il semble que cette dernière règle ait été assouplie.

Accès

Un Diamonitirion de 1978

L'accès en est donc réglementé : la possession d'un laissez-passer (le Diamonitirion) est obligatoire. Autrefois uniquement délivré par les autorités athonites à Thessalonique (au « Bureau des Pèlerins » situé au 109, rue Egnatia) sur présentation d'une lettre de motivation rédigée en grec, l'obtention de ce document peut aujourd'hui se faire aisément par internet, fax et téléphone. Il est ensuite à retirer au bureau des pélerins d'Ouranopoli, d'où partent ferries et bateaux pour Dafni, le port principal de la République (le Diamonitirion est nécessaire pour pouvoir embarquer, l'accès ne se faisant que par la mer puisque sur le continent une clôture sépare la partie monastique du reste de la presqu'île). Valable quatre jours, le Diamonitirion peut être renouvelé pour une même durée à Karyès, la capitale.

Langues

Le grec est la langue officielle de la république, qui est aussi utilisé comme langue liturgique dans les monastères grecs.

Cependant dans certains monastères d'autres langues sont aussi utilisées :

Le roumain est également utilisé dans les skites de Prodromou et Lacou, rassemblant au total soixante-quatre moines.

Le géorgien était autrefois utilisé à Iveron (le monastères des Ibères), et le latin au monastère des Amalfitains, aujourd'hui en ruine (nommé ainsi parce qu'il fut fondé par des moines orthodoxes italiens originaires d'Amalfi).

Moines

Païsios l'Ancien (1924-1994), un des grands maîtres spirituels athonites du XXe siècle.

Les moines orthodoxes étaient autrefois appelés dans certaines langues caloyers, du grec καλόγερος (caloyeros). On appelle aussi ceux du Mont Athos « (h)agiorites » (du grec αγιορείτης, habitant de la Sainte Montagne), ou « athonites ». Les supérieurs sont appelés des Higoumènes ou Archimandrites. Chaque moine porte ensuite un nom précis en fonction de la charge qui lui est confiée[5] :

  • anagnostis : lit à l'église et au réfectoire
  • archondaris : assure l'accueil des hôtes
  • arsanaris : surveille l'activité du port du monastère
  • diocharis : cantinier
  • kambanaris : annonce les offices au son de la simandre
  • maghiras : cuisinier
  • pneumatikos : père spirituel
  • portaris : portier
  • trapézaris : chargé du réfectoire
  • skévophylax : responsable de la gestion du Trésor
  • vadonaris : chargé des mules et du transport
  • vivliophylax : bibliothécaire

Monastères

Carte du Mont Athos avec ses 20 monastères

Sur les 20 monastères que compte la communauté, 17 sont réservés aux Grecs, les 3 autres l'étant en principe pour d'autres communautés orthodoxes par nationalité :

Listes des monastères dans l'ordre hiérarchique

  1. Monastère de la Grande Laure (Μεγίστη Λαύρα, Megísti Lávra)
  2. Monastère de Vatopedi (Βατοπέδι or Βατοπαίδι)
  3. Monastère d'Iveron (Ιβήρων ; ივერთა მონასტერი , iverta monasteri)
  4. Monastère de Hilandar (Χιλανδαρίου, Chilandariou; Хиландар / Hilandar)
  5. Monastère de Dionysiou (Διονυσίου)
  6. Monastère de Koutloumousiou (Κουτλουμούσι)
  7. Monastère de Pantocrator (Παντοκράτορος, Pantokratoros)
  8. Monastère de Xeropotamou (Ξηροποτάμου)
  9. Monastère de Zographou (Ζωγράφου, Зограф)
  10. Monastère de Docheiariou (Δοχειαρίου)
  11. Monastère de Karakallou (Καρακάλλου)
  12. Monastère de Philotheou (Φιλοθέου)
  13. Monastère de Simonopetra (Σίμωνος Πέτρα or Σιμωνόπετρα)
  14. Monastère d'Aghiou Pavlou (Αγίου Παύλου, Agiou Pavlou)
  15. Monastère de Stavroniketa (Σταυρονικήτα)
  16. Monastère de Xenofontos (Ξενοφώντος)
  17. Monastère de Gregoriou (Οσίου Γρηγορίου)
  18. Monastère d'Esphigmenou (Εσφιγμένου)
  19. Monastère de Panteleimon (Αγίου Παντελεήμονος, Agiou Panteleimonos ; Пантелеймонов ; or Ρωσικό, Rossikon)
  20. Monastère de Konstamonitou (Κωνσταμονίτου)

Ancien monastère :

Icône russe - Monastères de l'Athos

Les principaux skites

  • Karoulie
  • Kapsokalyvia
  • Lakkoskete (Lacu, Sfântul Dumitru - roumain)
  • Nouvelle Skite
  • Prodromos (Prodromu, Sfântul Ioan Botezătorul - roumain)
  • Provata
  • Skite Saint-Jean-Baptiste
  • Skite Sainte-Anne-Majeure
  • Skite Sainte-Anne-Mineure
  • Skite Saint-Basile
  • Skite de Iviron
  • Skite de Koutloumousiou
  • Skite de Pantokratoros
  • Skite de Vatopedi
  • Skite de Xenophontos
  • Skite Saint André connu aussi sous le nom de Saray (Σαράι)

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. a et b « L'enchantement d'un pèlerinage flottant - Le cas du Mont Athos, Grèce » de Filareti Kotsi.
  2. Lire : Une loi monastique de St Platon. P. J. Pargoire Citation Information. Byzantinische Zeitschrift. Volume 8 ; Issue 1 ; Pages 98–101 ; ISSN (Online) 1864-449X ; ISSN (Print) 0007-7704 ; DOI : 10.1515/byzs.1899.8.1.98, //1899 Walter de Gruyter Reference Global.
  3. Article sur Droit des religions.net.
  4. Des esclaves sexuels au mont Athos ? | AgoraVox.
  5. Source : Conférence Association Franco Hellenique.


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article République monastique du Mont Athos de Wikipédia en français (auteurs)

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