Saartjie Baartman

Saartjie Baartman

33° 50′ 14″ S 24° 53′ 05″ E / -33.8372, 24.8848

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Saartjie Baartman
Carte postale
Carte postale

Nom de naissance Sawtche
Surnom « Vénus Hottentote »
Naissance vers 1789
Gamtoos River (Afrique du Sud)
Décès 1815 (à ? ans)
Paris
Famille tribu Khoïkhoï

Saartjie Baartman, de son vrai nom Sawtche, surnommée la « Vénus hottentote », serait née aux abords de la Gamtoos River (en) (Cap-Oriental) aux alentours de 1789 dans l'actuelle Afrique du Sud au sein du peuple Khoïkhoï (Khoïsan), le plus ancien de la région sud de l'Afrique. Elle meurt à Paris le 29 décembre 1815.

Son histoire, souvent prise pour exemple, est révélatrice de la manière dont les Européens considéraient à l'époque ceux qu'ils désignaient comme appartenant à des « races inférieures[1] ». Elle symbolise également la nouvelle attitude revendicative des peuples autochtones quant à la restitution des biens culturels et symboliques ainsi que des restes humains qui figurent dans les musées du monde entier.

Sommaire

Histoire

Esclave avec ses frères et sœurs dans un kraal voisinant la ferme de son baas, l'Afrikaaner Peter Caesar puis en 1807 de son frère Hendryck Caesar, elle est emmenée par ce dernier en Europe, à Londres, en 1810 où on la baptise du nom de Saartjie (petite Sarah en Afrikaneer) Baartman avec l'autorisation spéciale de l'évêque de Chester. Elle y raconte qu'elle a été mariée à un Khoïkhoï dont elle a eu deux enfants. Vendue, elle devient phénomène de foire eu égard à sa morphologie hors du commun : hypertrophie des hanches et des fesses (stéatopygie), organes génitaux protubérants (macronymphie). Elle est exposée en Angleterre (l'entreprise d'exposition est menée par le chirurgien de marine Alexander Dunlop qui a convaincu son ami Hendryck Caesar de s'y associer), en Hollande puis en France en 1814 par un certain Taylor puis le montreur d'animaux exotiques Réaux qui fait payer 3 francs pour la voir et plus pour la toucher. Elle devient par la suite objet sexuel (prostitution, soirées privées) et tombe dans l'alcoolisme[1].

En mars 1815, le professeur de zoologie et administrateur du Muséum national d'histoire naturelle de France, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, demande à pouvoir examiner « les caractères distinctifs de cette race curieuse ». Après le public des foires, c'est devant les yeux de scientifiques et de peintres qu'elle est exposée nue, transformée en objet d'étude. Peu de temps plus tard, le rapport qui en résulte compare son visage à celui d'un orang-outang, et ses fesses à celles des femelles des singes mandrills.

Georges Cuvier, zoologue et chirurgien, estime que Saartjie est la preuve de l'infériorité de certaines races. Peu après sa mort, il entreprend de la disséquer au nom du progrès des connaissances humaines. Il réalise un moulage complet du corps et prélève le squelette ainsi que le cerveau et les organes génitaux qu'il place dans des bocaux de formol. En 1817, il expose le résultat de son travail devant l'Académie nationale de médecine, témoignage des théories racistes et des préjugés de l'époque : « Les races à crâne déprimé et comprimé sont condamnées à une éternelle infériorité. »[1]

Le moulage de plâtre et le squelette sont exposés au musée de l'Homme à Paris. Ce n'est qu'en 1974 qu'ils furent retirés de la galerie d'anthropologie physique et relégués finalement dans les réserves du musée (le moulage étant encore resté exposé durant deux ans dans la salle de préhistoire).

En 1994, quelque temps après la fin de l'apartheid en Afrique du Sud, les Khoïkhoï font appel à Nelson Mandela pour demander la restitution des restes de Saartjie afin de pouvoir lui offrir une sépulture et lui rendre sa dignité. Cette demande se heurte à un refus des autorités et du monde scientifique français au nom du patrimoine inaliénable de l'état et de la science. Ce n'est qu'en 2002, après le vote d'une loi spéciale, que la France restitua la dépouille à l'Afrique du Sud (voir aussi Affaire des têtes maoris).

Le 9 mai 2002, en présence du président Thabo Mbeki, de plusieurs ministres et des chefs de la communauté Khoikhoï, la dépouille, après avoir été purifiée, fut placée sur un lit d'herbes sèches auquel on mit le feu selon les rites de son peuple.

Restitution de la dépouille mortelle par la France

La loi n°2002-323 du 6 mars 2002 a permis la restitution par la France de la dépouille mortelle de Saartjie Baartman à l'Afrique du Sud[2].

Littérature, musique et cinéma

« Tombe » de Saartjie Baartman à Hankey, Afrique du Sud.

Saartjie Baartman servit de référence à plusieurs écrivains :

  • Victor Hugo y fait allusion dans Les Misérables en 1862 (« Paris est bon enfant. Il accepte royalement tout ; il n'est pas difficile en fait de Vénus ; sa callipyge est hottentote ; pourvu qu'il rie, il amnistie ; la laideur l'égaye, la difformité le désopile, le vice le distrait [...] ») ;
  • Henri Troyat lui consacre la nouvelle Les Cent Jours de la Vénus Hottentote ;
  • Georges Brassens, lui aussi, y fait référence dans une chanson (Entre la rue Didot et la rue de Vanves : « Passait une belle gretchen au carrefour du château [...] callipyge à prétendre jouer les Vénus chez les hottentots ») ;
  • Didier Daeninckx dans Le Retour d'Ataï en 2002 ;
  • Lolita Monga, auteur et comédienne réunionnaise, écrit en 2008 une pièce de théâtre intitulée "Vénus, il était une fois signifie maintenant", inspirée de la vie de Sarah Baartman.
  • Cristèle Alves Meira a adapté de la pièce de Suzan-Lori Parks, Vénus, en 2010 à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet à Paris, avec Gina Djemba dans le rôle titre ;
  • Abdellatif Kechiche, dans Vénus noire, un film relatant la vie de la « Vénus hottentote » (sortie le 27 octobre 2010).
  • Abdellatif Kechiche et Renaud Pennelle, dans Vénus noire, une bande dessinée adaptée du film éponyme, aux éditions Emmanuel Proust, collection Atmosphères. (parue le 21 octobre 2010).

Notes et références

  1. a, b et c Speaker Icon.svg : Georges Cuvier : portrait d’un savant controversé émission la Marche des sciences sur France Culture le 18 novembre 2010
  2. Loi n°2002-323 du 6 mars 2002 relative à la restitution par la France de la dépouille mortelle de Saartjie Baartman à l'Afrique du Sud
    • Sénat : Proposition de loi n° 114 (2001-2002) ; Rapport de M. Philippe Richert, au nom de la commission des affaires culturelles, n° 177 (2001-2002) ; Discussion et adoption le 29 janvier 2002.
    • Assemblée nationale : Proposition de loi n° 3561 ; Rapport de M. Jean Le Garrec, au nom de la commission des affaires culturelles, n° 3563 ; Discussion et adoption le 21 février 2002.

Voir aussi

Bibliographie

  • Zoos humains. Au temps des exhibitions humaines (collectif), Éditions la Découverte, 2004. (ISBN 9782707144010)
  • Gérard Badou, L'Énigme de la Vénus hottentote, Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2002. (ISBN 2-22889-644-6)
  • Barbara Chase-Riboud, Vénus hottentote, Le Livre de Poche, 2004. (ISBN 978-2253115977)
  • Sabine Ritter: Facetten der Sarah Baartman: Repräsentationen und Rekonstruktionen der ‚Hottentottenvenus‘. Münster etc.: Lit 2010. ISBN 3643109504.
  • Carole Sandrel, Vénus hottentote, Sarah Bartman, Perrin, 2010. (ISBN 978-2-262-03230-2)

Article connexe

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