Sabre japonais

Sabre japonais
Un wakizashi de l'Époque d'Edo

La dénomination sabre japonais (日本刀, nihontō?) décrit l'ensemble des armes blanches fabriquées selon une technique japonaise particulière.

Cette appellation comprend le très célèbre katana (ou shinken s'il est de facture moderne), mais aussi le tachi, le wakizashi, le tantō, les épées montées sur manche long tels que le naginata, le nagamaki, ainsi que les pointes de lances comme le yari.

Sommaire

Histoire

Article détaillé : Histoire du sabre japonais.

Bien que le sabre japonais fut créé pour une utilisation guerrière, il est actuellement reconnu comme une œuvre d'art à part entière. Habituellement, on considère que l'histoire du sabre japonais est divisée en cinq grandes périodes historiques : les sabres jōkotō, les sabres koto les sabres shintō, les sabres shin-shintō et les gendaitō. Chacune de ces périodes représentent un courant de forge particulier.

Les différents types de sabres

  • Le tachi (太刀、大刀?), courbe et long, précurseur du katana se porte avec l'armure et tranchant vers le bas.
  • Le kodachi (小太刀?), petit tachi, près de 2 shakus (moins de 60,6 cm) de nagasa (tranchant)
  • L'uchigatana (打刀?), long, + 2 shakus, tenu d'une seule main, tranchant vers le haut, l'ancêtre du katana
  • Le nodachi (野太刀?), très long et plutôt lourd
  • Le katana (?), long + de 2 shakus de nagasa, porté en tenue civile, tranchant vers le haut, de concert avec le wakizashi, généralement tenu à deux mains
  • Le wakizashi (脇差?), courbe, similaire au katana mais en plus petit moins de 2 shakus, forme le daisho (daito, shoto) avec le katana
  • Le dotanuki, long et épais, semblable au katana', école de la province de Higo, forgerons ayant accompagné Kato Kiyomasa lors de l'invasion de la Corée
  • Le tantō (短刀?), très court moins de 1 shaku, au delà se nomme sunnobi tanto.
  • La naginata (薙刀?), longue lame très courbée montée sur une hampe, genre de fauchard ou de lance. Bien que les naginatas ne soient pas des sabres à proprement parler, la qualité de leurs lames n'a rien à envier aux autres sabres puisque les techniques de fabrication sont identiques.
  • Le nagamaki (長巻?), arme d'hast à lame longue et peu courbée, au manche plus court que la naginata
  • Le nagamaki naoshi (長巻直し?), nagamaki remodelé en katana ou wakizashi, ce qui altère sa taille et sa courbure
  • Le yari (?), lance dont la pointe est formée d'une lame forgée de la même manière que les sabres

Fabrication

Leur technique de fabrication, unique aux forgerons japonais, confère aux lames un équilibre certain entre leurs propriétés de souplesse et leur capacité de coupe. De plus, cette méthode de fabrication donne aux lames un aspect esthétique particulièrement développé.

La lame

Les caractéristiques des lames de sabres japonais sont groupées en quatre grandes catégories : la partie visible (courbure, arêtes…), la soie (nakago), sa structure (type de grain, l'activité de la trempe…) et les défauts (bulle d'air, cassures, rayures...)

Observation de la lame

Observer une lame demande beaucoup d'attention et de technique pour un amateur. Regarder une lame n'est pas seulement regarder sa ligne de trempe, mais un ensemble de caractéristiques telles que la forme générale, le grain de l'acier et ses couleurs, la trempe. Pour une bonne observation, deux conditions sont à remplir :

  • l'amateur se doit de travailler dans des conditions idéales de lumière, selon des angles et des distances différentes selon le détail observé.
  • la lame observée doit être lisible, ce qui implique qu'elle est polie. Pour cela, il est parfois nécessaire de faire appel à un artisan polisseur spécialisé dans les sabres (togishi).

En général, l'amateur doit commencer par observer l'apparence générale de la lame (forme générale, ligne de trempe, régularité des surfaces...). Une fois la première impression passée, il affine son analyse des détails (forme du dos, de la pointe, des arêtes, continuité des surfaces, etc). Dans un deuxième temps, l'amateur observe le grain de l'acier, ainsi que sa couleur. Pour cela, il doit disposer d'une lampe à lumière blanche de 60 watts. La lampe doit être disposée environ à 40 cm de la lame.

Pour finir, l'amateur observe la ligne de trempe dans ses moindres détails. Cela représente une difficulté majeure, car certains détails sont particulièrement difficiles à percevoir. Pour une bonne vision, il doit faire jouer l'angle de réfraction de la lumière (autrefois, les polisseurs, n'ayant pas de lampe électrique, avaient inventé un système de cloison trouée du côté soleil couchant).

Le temps d'une telle analyse complète varie en fonction du degré de compétence de l'amateur, mais peut aller jusqu'à 4 ou 5 heures selon la précision que l'on veut atteindre.

Après un tel travail, un amateur peut créer un oshigata, forme de reproduction graphique de la lame qui constitue une véritable carte d'identité.

Saya (fourreau)

Article détaillé : Saya.

Le saya (?) est l'étui de la lame, la protégeant des chocs et principalement de l'humidité. Fabriqué traditionnellement par un sayashi (鞘師?) à partir du magnolia blanc, le bois doit être d'excellente qualité, sans défauts et sans nœuds.
Elle doit épouser très précisément la forme de la lame, c'est pourquoi c'est la lame elle-même qui sert de gabarit, pour minimiser le jeu dans le fourreau. La saya est généralement recouverte de laque de couleur pouvant varier selon la mode de la période et l'artisan.

Tsuba (garde)

Article détaillé : Tsuba.

Le tsuba (ou garde) est certainement la deuxième chose que l'on remarque après la lame. C'est une plaque de métal situé à la base de la lame dont la forme, l'épaisseur, les dimensions et le motif dépendent de l'école et de la demande du client.

Le tsuba n'avait à l'origine qu'un but défensif : protéger les mains du pratiquant, ainsi qu'éviter que les mains puissent glisser de la poignée (tsuka) vers la lame. Elles n'étaient donc, au départ, qu'un simple cercle de métal nu. Cependant, avec le temps, la garde est devenue un symbole montrant son niveau social. On commença donc à forger des tsuba à l'esthétique bien plus travaillée. On distingue les tsuba en fonction de leur forme générale, ronde, carrée, hexagonale, rectangulaire, etc. On a également fabriqué des tsuba en bois ou en ivoire finement travaillés, qui n'étaient montés sur le sabre que pour des évènements publics.

On distingue plusieurs particularités sur le tsuba ayant toutes une fonction précise :

  • Le nagako-ana : le plus grand et les plus important interstice visible sur le tsuba, il sert à passer la lame du sabre.
  • Le kotsuka-bitsu : trou dans lequel on glisse un kogatana, qui était une réplique de la lame du katana mais à petite échelle (« kogatana » signifie « petit katana »). Il servait à tous les usages courant du samouraï, le plus noble d'entre tous étant de tailler la plume d'oie qui permettra au samouraï d'écrire son dernier poème avant son sacrifice rituel : le seppuku (faussement et vulgairement appelé hara-kiri).
  • Le kogai-bitsu : trou permettant le rangement du kogai, une paire de pointes ayant de nombreuses utilisations : arme blanche, baguettes, épingles à cheveux, grattoir pour nettoyer les sabots des chevaux ou encore outil pour les armures.

Coutumes liées au sabre

Il existe de nombreuses coutumes liées au sabre japonais. Cela peut s'expliquer selon différents points de vue. D'une part, le sabre représente un symbole religieux et social et d'autre part, le sabre est une œuvre à la fois dangereuse et relativement fragile.

  • Ne jamais sortir entièrement la lame de son fourreau (saya) pour le présenter : à l'origine, cette coutume servait à garantir la sécurité des personnes alentour. Toutefois, cette coutume est restée très présente de nos jours pour les mêmes raisons. En général, on se doit de demander l'autorisation du propriétaire pour dégainer entièrement la lame, et surtout, on doit se tenir à bonne distance de celui-ci. La lame ne doit jamais être pointée vers le sol car en cas de chute, sa pointe risquerait d'être endommagée. De plus, lors de déplacement, la lame ne doit jamais être à l'horizontale. En général, elle se tient verticale, pointe vers le haut, tranchant vers celui qui le tient.
  • Ne jamais toucher la lame avec ses doigts. Il arrive souvent que certaines personnes veuillent vérifier le tranchant ou la surface de la lame. Malheureusement, une lame est très sensible à l'acidité de la sueur et s'en trouvera endommagée, c'est pourquoi, il ne faut jamais se laisser aller à un tel acte. L'œil reste le meilleur outil d'observation.
  • Saluer discrètement la lame lorsqu'on la sort de son fourreau (dans la mentalité japonaise, un objet d'art mérite d'être reconnu pour ce qu'il est).

Le sabre dans les arts martiaux

Comme dans la majorité des cultures, les techniques de combat aux armes blanches ont laissé place à des arts ou techniques martiales. Toutefois, pour des raisons de sécurité évidentes, des représentations en bois ou en bambou du sabre, moins dangereuses, sont utilisées. En général, ces instruments tentent de reproduire les caractéristiques générales du katana (courbure, taille, poids).

On retrouve :

  • le iaitō (居合刀?), réplique en métal (un alliage d'aluminium et de zinc ou forgée de façon basique), non tranchante, d'un katana; cette déclinaison du sabre japonais est l'outil d'entraînement de prédilection des pratiquants de iaidō (居合道?).
  • le bokken (木剣?), sabre en bois rigide ; c'est une arme en soi (le célèbre samouraï Musashi Miyamoto a remporté son fameux duel contre Kojirō Sasaki avec un bokken improvisé en taillant une rame de la barque qui l'emmenait sur le lieu du duel). Il est utilisé par les pratiquants de iaidō pour des combats, par les pratiquants d'aïkido lors des entrainements, et de kendo dans des katas.
  • le suburitō, sabre en bois rigide et lourd, destiné à s'entraîner aux coupes dans le vide (suburi) en se musclant ;
  • le shinaï (竹刀?), formé par des lamelles de bambou maintenues par une gaine de cuir; ce sabre permet de porter des frappes réelles sans danger, moyennant des protections corporelles, et est utilisé par les pratiquants du kendō (剣道?).
  • le shinken, qui est un katana authentique et aiguisé; il est utilisé principalement pour les coupes, comme dans le batto do et le tame shigiri, contre des cibles constituées de tatami ou de nattes de paille roulée. Les hauts gradés (5e dan ou plus) en kenjutsu et iaidō les utilisent pour passer des examens ou certains katas. L'utilisation du shinken est obligatoire en iaidō pour les passages de grade à partir du 6e dan.

Notes et références


Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Gregory Irvine, The Japanese Sword, the Soul of the Samurai, V&A Publications, 2000 (ISBN 1-85177-314-2)
  • (en) Kokan Nagayama, The connoisseur's book of Japanese Sword, Kodansha International, 1997 (ISBN 4-7700-2071-6)
  • (en) Kanzan Satō, The Japanese Sword, Éd. John Rosenfield, 1983 (ISBN 0-87011-562-6).

Articles connexes

Liens externes


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