Sainte Edith Stein

Sainte Edith Stein

Edith Stein

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Sœur Thérèse-Bénédicte
de la Croix
Naissance 12 octobre 1891
Breslau, Empire allemand
Décès 9 août 1942  (à 50 ans)
Auschwitz, Pologne
Nationalité Allemande
Béatification 1er mai 1987 à Cologne, Allemagne
par Jean-Paul II
Canonisation 11 octobre 1998 à Rome, Italie
par Jean-Paul II
Vénéré par l'Église catholique romaine
Fête le 9 août
Saint patron co-patronne de l’Europe
Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint

Edith Stein, en religion Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (12 octobre 1891 à Breslau, Empire allemand - 9 août 1942 à Auschwitz, Pologne) est une religieuse, philosophe et théologienne allemande. Juive catholique[1], elle a été déclarée bienheureuse, sainte et co-patronne de l'Europe par le pape Jean-Paul II.

Sommaire

Biographie

Enfance et études

Edith Stein naquit le jour de Kippour dernière d'une famille juive nombreuse de sept enfants (sur onze enfants, quatre moururent en bas âge), orpheline de père à deux ans. Son père, commerçant en bois, mourut quand Édith n'avait pas encore trois ans. Sa mère, femme très religieuse, active et volontaire, personne vraiment admirable, restée seule, devait subvenir aux soins de sa famille et diriger sa grande entreprise. Cependant elle ne réussit pas à maintenir chez ses enfants une foi vivante. Adolescente, Edith perdit sa pratique juive, même si elle continua d'accompagner sa mère à la synagogue[2] : « En pleine conscience et dans un choix libre, je cessai de prier ». La petite fille devint femme, elle retrouva un grand appétit de savoir et après avoir quitté le collège volontairement, elle se remit avec brio aux études.

Elle fut éduquée dans une famille juive. Comme elle était la dernière de sa famille, c’est à elle qu'il revenait, d’après la tradition juive (libérale), de poser les questions liturgiques lors des fêtes juives, questions qui donnent lieu à des explications plus complètes par le célébrant.

La philosophe

Maison de famille d’Edith Stein à Wroclaw
Edith Stein Prague

Elle entama de brillantes études à l’université de Breslau, qu’elle poursuivit à Göttingen, à partir de 1913, auprès d’Edmund Husserl, fondateur de la phénoménologie. Elle devint ainsi sa disciple et rencontra aussi le philosophe Max Scheler.

Alors qu’éclatait la Première Guerre mondiale, elle écrivit : « Quand la guerre sera finie, si je vis encore, je pourrai à nouveau penser à mes occupations personnelles »[3]. Pour l’immédiat, elle voulait servir et aider de son mieux. Elle fréquenta un cours d’infirmière et travailla dans un hôpital militaire autrichien. Pour elle ce furent des temps difficiles. Elle soigna les malades du service des maladies infectieuses, travailla en salle opératoire, vit mourir des hommes dans la fleur de l’âge. Suite à la parenthèse de la Première Guerre mondiale et à la fermeture de l’hôpital, elle décida de suivre Husserl à Fribourg-en-Brisgau, où elle fut l’une des premières femmes à y obtenir sa thèse summa cum laude en 1917, dont le titre était : Sur le problème de l’empathie, qu’elle définit ainsi : « C’est une expérience sui generis, l’expérience de l’état de conscience d’autrui en général… L’expérience qu’un moi en général a d’un autre moi semblable à celui-ci ». Elle adopta alors un point de vue différent du philosophe Théodor Lipps.

Elle devint ensuite l’assistante de Husserl, pour lequel elle synthétisera les tomes 2 et 3 des Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoménologique pures. Elle rédigera aussi à partir des notes de Husserl l’ouvrage de ce dernier, Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, ouvrage qui sera édité par Martin Heidegger en 1928 sans mentionner correctement la contribution d’Edith Stein. Sa recherche philosophique porte essentiellement sur la personne humaine, les relations interpersonnelles, les communautés d’appartenance (État, peuple, groupe ethnique, religieux, etc.). Elle insiste sur le sens des valeurs, la liberté, le refus du totalitarisme.

Conversion et engagements

Engagement politique et féminisme

Edith Stein s’intéressait également beaucoup aux questions concernant les femmes, elle militait pour le droit de vote des femmes (acquis en 1919). Elle entra dans l’organisation « Association prussienne pour le droit des Femmes au vote ». En janvier 1919, elle s’engagea au DDP, le Parti démocrate allemand, un parti centre-gauche qui abritait des féministes (et des personnalités juives). Alors que dans sa jeunesse, elle se disait sensible à l’idéal prussien, elle est de plus en plus critique devant le militarisme de la Prusse et l’antisémitisme. Elle écrit en 1919 : « De toute façon, nous (les Juifs) ne pouvons attendre aucune sympathie plus à droite » et dénonce à son ami polonais Roman Ingarden « l’effroyable antisémitisme qui règne ici ». Progressivement, la grande idéaliste est déçue par la réalité des politiciens[4]. Plus tard elle écrira : « Jeune étudiante, je fus une féministe radicale. Puis cette question perdit tout intérêt pour moi. Maintenant je suis à la recherche de solutions purement objectives ».
Elle continue d’être européenne, de refuser le triomphalisme prussien sur Sedan et écrit devant le carnage de la Première Guerre mondiale : « Deux choses seulement me maintiennent la curiosité en éveil : la curiosité de voir ce qui va sortir de l’Europe, et l’espoir d’apporter ma contribution en philosophie »[5].
Dans ces lettres des années trente, elle discute des auteurs polonais, de Romain Rolland, qu’elle apprécie, et refuse de voir la communauté humaine se déchirer à cause de nationalisme exacerbé. C’est sans doute l’origine commune de son féminisme comme de son pacifisme.

Elle dira ainsi qu’elle avait eu « de chaudes discussions »[6] au sein de ce parti. Ce sera la première femme devenue docteur en philosophie en Allemagne et la première à avoir demandé officiellement que les femmes soient admises à présenter une habilitation au professorat. Elle observera vers la fin de sa vie l’évolution acquise[7] : « Les jeunes filles passent aujourd’hui le baccalauréat et s’inscrivent à l’université en ignorant le plus souvent ce qu’il a fallu de réunions, résolutions, pétitions adressées au Reichstag ou aux Staatsregierungen pour que s’ouvrent aux femmes, en 1901, les portes de l’université allemande »[8].

Conversion

Cathédrale de Francfort-sur-le-Main en 1866

La conversion d’Edith Stein suit une longue recherche intellectuelle et spirituelle (1916-1921). Elle vécut une expérience marquante lors de la visite d’une cathédrale à Francfort-sur-le-Main où elle vit une femme venant du marché qui entra, fit une courte prière, comme une visite, puis s’en alla : « C’était pour moi quelque chose de tout à fait nouveau. Dans les synagogues et les temples que je connaissais, quand on s’y rendait c’était pour l’office. Ici, au beau milieu des affaires du quotidien, quelqu’un pénétrait dans une église comme pour un échange confidentiel. Cela je n’ai jamais pu l’oublier »[6].

Dans le cercle des phénoménologues, les conversions au christianisme se multiplient (M. Scheler, Adolf et Anne Reinach, Pauline Reinach, F. Hamburger, H. Conrad…). Mais c’est en août 1921 qu’Edith Stein opte définitivement pour la foi catholique. Lors d’une visite à ses amis Conrad-Martius, Edith Stein lit un livre que lui ont offert les Reinach : la Vie de sainte Thérèse de Jésus, par elle-même. Cet épisode quasi légendaire n’est que l’aboutissement de sa longue quête de la vérité[9]. Dès ce moment elle veut être carmélite. Elle demande le baptême au sein de l’Église catholique le 1er janvier 1922.

Conférences

Après son baptême elle veut entrer au Carmel, mais ses interlocuteurs, le vicaire général de Spire et le père Erich Przywara, le refusent et lui demandent d’enseigner l’allemand et l’histoire au lycée et école normale féminine du couvent des dominicaines de la Madeleine de Spire, ce qu’elle fera de 1922 à 1933. L’archiabbé Raphaël Walzer de l'abbaye de Beuron, son père spirituel à partir de 1928, et le P. Erich Przywara l’encouragent à donner des conférences qu’elle entreprend alors, faisant de longs voyages en Allemagne et au-delà. Nombre de ses conférences portent sur la place de la femme dans la société et dans l’Église, sur la formation des jeunes et l’anthropologie. Elle prend résolument position contre le nazisme et pour la dignité de tout être humain. Elle travaille beaucoup, traduisant les lettres et le journal de la période pré-catholique de John Henry Newman ainsi que Questiones disputatae de veritate de saint Thomas d'Aquin. Le père Erich Przywara l’encouragea à confronter saint Thomas d’Aquin et la philosophie moderne.

En 1931, elle termina son activité à Spire. Elle tenta de nouveau d’obtenir l’habilitation pour enseigner librement à Wroclaw et à Fribourg, ce qu’elle n’obtint pas. Elle se mit alors à écrire son œuvre sur les concepts de Thomas d'Aquin: Puissance et acte, les prémisses de son œuvre l’Être fini et Être éternel qui fait dialoguer philosophie thomiste et phénoménologie. Elle trouve un poste à l’Institut des sciences pédagogiques de Münster, institut géré par l’enseignement catholique (qui sera fermé par le pouvoir nazi quelques années plus tard). Même lorsqu’en 1933, elle est interdite d’enseignement, l’Association des enseignantes catholiques continuera à lui verser une bourse[10].

Activement opposée au nazisme, elle écrit même au pape pour demander une prise de position claire de l’Église contre « l’idolâtrie de la race »[11]. Celle-ci aura lieu par l’encyclique Mit brennender Sorge (1937). Lors de l’arrivée du parti nazi au pouvoir, Edith Stein, d’origine juive, dut arrêter son activité d’enseignement ; elle ne put plus s’exprimer publiquement. L’archiabbé Walzer de Beuron ne l’empêcha plus d’entrer dans un couvent des Carmélites. En la fête de sainte Thérèse d’Avila, le 15 octobre 1933, elle réalise enfin son rêve : elle franchit le seuil de la clôture du monastère.

Vie religieuse

Statue commémorant l’itinéraire d’Edith Stein à Cologne

En 1933, privée désormais comme juive du droit de s’exprimer publiquement, elle entre au Carmel de Cologne. Elle prend l’habit le 15 avril 1934, et reçoit le nom, qu’elle désirait, de « Thérèse-Bénédicte de la Croix ». Ses supérieures l’encouragent bientôt à reprendre ses travaux philosophiques. Elle écrit alors des textes spirituels, et entreprend un ouvrage considérable : L’Être fini et l’Être éternel, qui ne peut être publié en raison des lois antijuives du Reich. Le 21 avril 1938 elle prononce ses vœux définitifs en tant que carmélite.

Le 31 décembre 1938 afin d’éviter les persécutions des lois raciales, Edith Stein et sa sœur Rosa, qui elle aussi s’est convertie au catholicisme, se réfugient au carmel d’Echt, en Hollande. Là encore sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix continue à écrire, conformément aux souhaits de sa supérieure, mais sur la théologie mystique de Saint Jean de la Croix. Elle avait préparé la rédaction de ce gros ouvrage par un court essai sur la théologie symbolique du Pseudo-Denys l'Aréopagite, une des sources de la pensée de saint Jean de la Croix, un essai publié en français sous le titre de Voies de la connaissance de Dieu. Elle cherche à comprendre, avec le recul, comment certains arrivent à mieux découvrir Dieu à travers la création, la Bible et leur expérience de vie, alors que pour d’autres, ces mêmes éléments restent totalement opaques. Elle intitula son œuvre sur Jean de la Croix Scientia Crucis (La Science de la Croix), où elle mêle une synthèse de la pensée du carme espagnol avec sa propre synthèse sur la personne humaine, la liberté et l’intériorité. Contrairement à ce qui fut dit, les dernières études graphologiques et littéraires montrent que l’œuvre était achevée au moment de l’arrestation d’Edith Stein[12]. C’est une sorte de synthèse de son cheminement intellectuel et spirituel. À travers l’expérience de saint Jean de la Croix, elle cherche à trouver les « lois » générales du chemin que peut faire toute intériorité humaine pour parvenir au royaume de la liberté : comment atteindre en soi le point central où chacun peut se décider en pleine liberté[13].

Décès : Shoah

Elle fut arrêtée le 2 août 1942 par les S.S. avec sa sœur Rosa et tous les Juifs ayant reçu le baptême catholique, à la suite de la protestation des évêques catholiques hollandais contre la persécution des Juifs. Elle retrouve en camp deux de ses amies et « filles » spirituelles, deux jeunes filles juives devenues catholiques : Ruth Kantorowicz et Alice Reis. Au camp de Westerbork, elle croise une autre grande mystique juive du XXe siècle, Etty Hillesum, qui vient d’être embauchée par le Conseil juif du camp pour aider à l’enregistrement. Cette dernière consigne dans son Journal la présence d’une carmélite avec une étoile jaune et de tout un groupe de religieux et religieuses se réunissant pour la prière dans le sinistre décor des baraques[14]. À l’aube du 7 août, un convoi de 987 Juifs partit en direction d’Auschwitz. Toutes les personnes du convoi sont gazées au camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau en Pologne le 9 août 1942. Les dernières paroles de sœur Bénédicte, en quittant le carmel, sont adressées à sa sœur. « Viens, lui dit-elle en prenant sa main, partons pour notre peuple ! ».

Philosophie d’Edith Stein

Sur la philosophie

Méthode philosophique

Edith Stein dans son œuvre La Femme et sa destinée donne la vision de sa philosophie[15]. :

« Je partage avec la doctrine phénoménologique l’idée que le processus de la philosophie se distingue dans son principe même de celui des sciences positives. La philosophie dispose de moyens de connaissance qui lui sont particuliers et, de ce fait, il lui est possible de délimiter exactement le domaine propre à un objet déterminé et de concevoir les méthodes qui doivent s’y adapter. La phénoménologie a appelé cette fonction de connaissance (Erkenntnisfunktion) toute particulière intuition ou considération de l’essence. (…) Personnellement, j’entends par là l’effort de connaissance (Erkenntnisleistung) grâce auquel se dégage la structure générale des objets concrets et qui, par exemple, nous permet de dire ce qu’est un objet matériel (…) Il en résulte pour le philosophe le devoir de dégager une fonction de connaissance (Erkenntnisfunktion) générale acquise par l’expérience, de la développer systématiquement et de l’élever aussi au rang d’une méthode scientifique. »

Relations entre la philosophie et la théologie

Dans l’examen des choses qu’elle propose Edith Stein met dans un premier temps la philosophie, puis la théologie[16] :

« Tandis que la philosophie, par ses fonctions spécifiques de connaissance, est destinée à approfondir les nécessités et les possibilités de l’être, il incombe à la théologie de constater ce que la révélation divine nous communique (…) Les considérations théologiques et philosophiques , si elles sont bien comprises et bien appliquées, ne doivent pas se faire concurrence, mais au contraire se compléter et s’enrichir réciproquement. »

L’empathie ou Einfühlung chez Edith Stein

« Edith Stein choisit vite, et elle-même, son sujet de thèse : l’Einfühlung, l’empathie, le don d’intuition et de rigueur qui permet de saisir ce que vit l’autre en lui-même. Prenons un exemple aussi simple que ceux qu’Edith prend dans sa thèse : en voyant quelqu’un soupirer en écoutant de la musique, je peux conclure qu’il s’ennuie à mourir. Mais si je suis moi-même enthousiasmé par ce que j’entends, je peux me tromper dans ma compréhension de l’autre et attribuer, faussement, ce soupir à un plaisir intense. L’empathie, et les erreurs que je commets, me révèle à moi-même, me découvre tout un espace intérieur avec ses différents strates de profondeur : par exemple je peux éprouver de la joie parce que l’équipe nationale de football a gagné mais être triste parce que la fille que j’aime a perdu son père. Si l’amour est profond, la tristesse sera plus profonde que la joie du match. Sinon, ce sera l’inverse. Ainsi, la personne humaine est un univers en soi, qui s’enrichit et apprend à se connaître au contact des autres. »

— Edith Stein : enquête sur la Source, p. 46.

« Chaque sujet au contact duquel je saisis par Einfühlung des valeurs, je le considère comme une personne dont les expériences vécues forment une unité de sens compréhensible. À quel point je peux m’enrichir de sa structure d’expériences dans une vue d’Einfühlung, voilà ce qui dépend de ma propre structure. En principe, je peux « remplir » par Einfühlung tout vécu d’autrui qui sort de mon propre champ d’expériences, même s’il ne parvient pas ainsi à passer dans la réalité. Par Einfühlung, je peux vivre des valeurs et découvrir des strates correspondantes de ma personne, qui n’ont pas encore eu l’occasion d’être dévoilées par ce que j’ai vécu de manière originaire. Celui qui n’a jamais vu le danger de près peut cependant, en réalisant la situation d’un autre par Einfühlung, découvrir qu’il est lui-même lâche ou courageux. En revanche, ce qui contredit ma propre structure d’expériences, je ne peux pas le « remplir » mais je peux me le représenter de manière vide, abstraite. Je peux être moi-même incroyant et pourtant comprendre qu’un autre sacrifie au nom de sa foi tous les biens terrestres qu’il possède. Je vois qu’il agit ainsi et je perçois par Einfühlung comme motivation de son acte la saisie d’une valeur, dont le corrélat ne m’est pas accessible, et je lui attribue une strate personnelle que je ne possède pas moi-même. Ainsi, j’acquiers par Einfühlung le type de « l’homme religieux » qui ne m’est pas familier en tant que tel et je le comprends même si ce qui se présente là pour moi comme une nouveauté restera « non rempli ». Inversement, lorsque d’autres investissent toute leur vie pour acquérir des biens matériels auxquels je n’attache que peu d’importance et font passer à l’arrière plan tout le reste, je vois par là qu’ils n’ont pas accès à des domaines de valeurs plus élevés, que j’entrevois, et je les comprends aussi, même s’ils appartiennent à un autre type d’hommes. Nous voyons maintenant que Dilthey peut dire à juste titre : « la capacité de comprendre qui agit dans les sciences humaines c’est l’être humain tout entier » : seul celui qui vit lui-même comme personne, comme une unité de sens, peut comprendre d’autres personnes. Et nous comprenons pareillement pourquoi Ranke désirait « dissoudre » son moi pour voir les choses « telles qu’elles sont ». Le moi est la structure individuelle d’expériences ; en elle, l’expert de la compréhension reconnaît la source d’illusion dont la menace nous guette. Si nous nous prenons comme unité de mesure, nous nous emmurons dans la prison de nos particularismes ; les autres deviennent pour nous des énigmes ou, pire encore, nous les modelons à notre image et nous falsifions ainsi la vérité historique. »

— Extrait de la thèse d’Edith Stein (1917) : Zum Problem der Einfühlung IV § 7.b) « Les types de personnes et les conditions pour pouvoir comprendre par empathie des personnes ». Cité dansEdith Stein : Enquête sur la Source

Vision de la Femme

Memorial de l'abbaye de Beuron, Allemagne

Edith Stein a très tôt été marquée par sa condition féminine, première femme docteur, défendant la possibilité pour les femmes d’aller à l’université. C’est vers la fin de sa vie qu’Edith Stein écrit La Femme et sa destinée, dans laquelle elle développe une théologie catholique de la femme, qui n’existait pas à l’époque, afin de permettre de savoir la destinée de la femme, mais aussi son éducation, répondant ainsi au développement du féminisme. Il semble que son œuvre ait en partie influencé le pape Jean-Paul II, dans la lettre apostolique Mulieris dignitatem sur la dignité et la vocation de la femme, de 1988.

Ainsi dans son ouvrage après avoir présenté les méthodes philosophiques utilisées[17], Edith Stein développe sa vision de la femme : elle développe ainsi une vision du genre humain, commun aux hommes et aux femmes, au sein duquel il y a, selon elle, un genre humain féminin. Le fait qu’il y ait un genre humain commun amène à des « mêmes traits fondamentaux de caractère », ainsi « les femmes peuvent montrer un comportement très proche de celui des hommes et inversement »[18]. Cette étude amène à penser que la femme a trois buts fondamentaux : « l’épanouissement de son humanité, de sa féminité et de son individualité ». S’appuyant sur le récit de la Genèse, elle affirme que la vocation de la femme est la modernité mais aussi l’éducation, donnant la Vierge Marie comme modèle. Cependant l’éducation de la femme, selon Edith Stein, ne doit pas se cantonner à la sphère familiale, loin de toute activité professionnelle :

« Le but qui consiste à développer les capacités professionnelles, but auquel il est bon d’aspirer dans l’intérêt du sain développement de la personnalité individuelle, correspond également aux exigences sociales qui réclament l’intégration des forces féminines dans la vie du peuple et de l’État. Mais il est encore un but qu’il ne faut pas omettre, parmi tous ceux qu’on doit se fixer dans le travail d’instruction des jeunes filles : c’est d’éclairer celles-ci sur la structure des lois de l’État et de la société ; car seule cette connaissance permet d’effectuer l’intégration de l’activité professionnelle dans le tout social. »

— La Femme et sa destinée, chapitre II, p. 73-74

L’analyse de la vocation de la femme conduit Edith Stein à s’interroger sur l’éthique des professions féminines[19]. Dans un premier temps elle s’interroge sur le fait de savoir s’il y a une profession naturelle de la femme. Elle y répond par l’affirmative en s’appuyant sur saint Thomas d'Aquin (anima forma corporis), ainsi Edith Stein affirme que la morphologie féminine conduit à une différence donnant à la femme des prédispositions à une attitude pratique, et des dispositions maternelles spécifiques. Cependant la faute originelle constitue un obstacle à la réalisation complète de la vocation professionnelle. Le seul modèle qui permette sa réalisation est celle de la Vierge Marie[20]. Dans un second temps Edith Stein se demande si une femme peut ou doit occuper d’autres postes que les « professions naturelles féminines », là encore Edith Stein y répond par l’affirmative : « On peut même, sans doute, affirmer qu’il n’existe pas de profession qu’une femme ne pourrait exercer le cas échéant », « Aucune femme n’est uniquement « femme », chacune a sa singularité et ses dispositions exactement comme l’homme »[21]. Toutes les professions sont possibles, voire souhaitables pour les femmes, mais c’est surtout en tenant compte de la condition féminine et de ses dispositions spécifiques (qu’elle a déterminé avant grâce à la philosophie, mais aussi à la théologie), que la femme pourra se réaliser et être utile à la société : « C’est ainsi que l’accès à de multiples professions pourrait être un bienfait de la vie sociale, pour la vie privée et publique, et cela surtout si elle garde une éthique féminine »[22]. Edith Stein développe enfin la mission surnaturelle de la femme, affirmant que la femme se réalise pleinement en Dieu par la vie de prière et de sacrements[23].

Dans la cinquième conférence Edith Stein donne sa vision de la femme et son intégration dans l’Église. Ainsi Edith Stein affirme que les femmes doivent imiter la Vierge Marie, surnommé mère de l’Église. Son modèle est pris en exemple : « Marie est notre mère dans un sens qui dépasse le sens terrestre », « les femmes qui veulent accomplir leur métier de femme » doivent « garder vivant l’exemple de la Vierge Marie, se confier en se plaçant sous sa conduite »[24]. Ainsi l’éducation des jeunes filles doit se faire par le baptême, une recherche de la pureté mais aussi par une « instruction dogmatique claire » : « la foi n’est pas une affaire d’imagination, ni un sentiment de piété mais une préhension intellectuelle ». Ainsi Edith Stein insiste sur l’éducation dogmatique (ou catéchisme), permettant aux femmes de comprendre la « maternité surnaturelle » de la Vierge Marie et donc de s’en servir comme modèle[25], elle critique ainsi le fait qu’il y ait trop de piété mais pas assez d’instruction donnée aux femmes.

L’être fini et l’être éternel

Vision du judaïsme

L’itinéraire qui conduisit la jeune suffragette agnostique au catholicisme, fut long, cheminement intellectuel et contact avec des personnalités croyantes, sans compter l’expérience fondamentale de la découverte de sa propre intériorité. En 1917, l’expérience de la force intérieure d’Anna Reinach, la veuve de son ami, est elle aussi décisive. Là, il s’agit d’une sorte de participation par Einfühlung à la victoire du Ressuscité, elle touche la puissance du Ressuscité à travers la plaie lumineuse du cœur de son amie. Pauline Reinach (devenue elle-même catholique en 1922) en témoigne : « J’ai pu constater combien [Edith] fut bouleversée de voir ma belle-sœur accepter la mort de son mari avec tant de force et d’abandon. Alors, elle vit combien le christianisme était grand et divin. À l’époque, ma belle-sœur était toujours protestante. »[26]. Le légendaire récit, écrit à la première personne, qui se trouve dans la première biographie d’Edith Stein et dans beaucoup d’autres qui ont suivi, n’est pas de sa plume mais de celle de mère Renata, sa première biographe : « C’était ma première rencontre avec la croix et la force divine qu’elle confère à ceux qui la portent. Pour la première fois, je vis devant moi, de façon palpable, l’Église née des souffrances rédemptrices du Christ dans sa victoire sur l’aiguillon de la mort. Ce fut l’instant où mon incrédulité céda, le judaïsme pâlit à mes yeux et Christ resplendit : Christ dans le mystère de la croix. »[27]. Mère Renata a visiblement utilisé le témoignage de Pauline Reinach et celui du P. Hirschmann, elle y a ensuite ajouté de sa plume et de ses idées. Cette réécriture de son expérience induit en erreur sur un point important : « le judaïsme pâlit » — selon Mère Renata — et Christ resplendit. La conversion d’Edith Stein partait d’une expérience personnelle de Dieu, accompagnée par le témoignage de personnes qu’elle a rencontrées, et si cette expérience s’exprime dans un cadre judéo-chrétien, elle ne présente pas du tout le caractère d’un passage d’un judaïsme pratiquant ou intériorisé au christianisme ; pour ce faire, il aurait fallu qu’Edith Stein, partant de l’espérance juive, se convainque que Jésus est le Messie. Tel ne fut pas son itinéraire. Elle fit une expérience personnelle du divin, qu’elle n’avait pas encore faite jusque-là, et divers événements, intérieurs et extérieurs, la conduisirent à professer le Christ, vrai Dieu et vrai Homme. Autrement dit, sa conversion ne fait pas pâlir son judaïsme mais son agnosticisme ; et la découverte du Christ l’amènera au contraire à se réapproprier progressivement ses racines juives et à exprimer sa foi chrétienne d’une manière originale[28]. Devenue catholique, Edith Stein se considère toujours comme appartenant au peuple juif. Dans un contexte de discrimination de plus en plus aigu, elle s’affirme toujours davantage comme Juive et cherche à lutter contre les préjugés tenaces. Vie d’une famille juive, souvent présentée comme une autobiographie, se veut plutôt, selon l’avant-propos de l’auteur elle-même, une réfutation de l’antisémitisme nazi à travers la présentation de la vie de sa famille et de ses amis juifs, dont elle est totalement solidaire. Les différents actes publics qu’elle pose contre l’antisémitisme sont nombreux[29]. Pour elle, Jésus de Nazareth est un Juif pratiquant comme ses disciples des premiers temps et l’Église, le groupe actuel de ses disciples, doit rester pleinement conscient de cet enracinement et solidaire du peuple juif persécuté[30].

Reconnaissance postérieure

Canonisation

Edith Stein a été béatifiée par Jean Paul II, le 1 mai 1987 à Cologne pour l’héroïsme de sa vie et sa mort de martyre, assassinée « ex odio fidei » en haine de sa foi catholique[31]. Elle a été canonisée par le pape Jean-Paul II le 11 octobre 1998, proclamée copatronne de l’Europe le 1er octobre 1999. Avec sa béatification dans la cathédrale de Cologne, le 1er mai 1987, l’Église honorait, comme l’a dit le pape Jean-Paul II, « une fille d’Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une Juive ».

Le 11 octobre 2006, le pape Benoît XVI a béni une grande statue de sœur Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein) placée dans la partie extérieure de l’abside de la basilique Saint-Pierre du Vatican dans une niche entre les patrons de l’Europe[32].

Polémique

Avec la canonisation d’Edith Stein, en 1998, une polémique est née, certains critiquant le pape Jean-Paul II qui aurait voulu « récupérer » la Shoah, à travers sa canonisation. Ainsi des personnalités juives critiquèrent le pape lui demandant d’annuler la canonisation[33] , voyant en celle-ci la volonté « christianisation de la Shoah »[34],[35]. Cette polémique semble en partie due à une mauvaise interprétation du discours du pape Jean-Paul II qui affirma : « En célébrant désormais la mémoire de la nouvelle sainte, nous ne pourrons pas, année après année, ne pas rappeler aussi la Shoah, ce plan féroce d’élimination d’un peuple qui coûta la vie à des millions de frères et sœurs juifs »[36]. Certains y ont cru en l’institution d’une journée commémorant la Shoah, or il s’avère que cette journée n’a jamais été instituée et que les propos ont sans doute été sur-interprétés.

Bibliographie

Œuvres d’Edith Stein

  • Voies de la connaissance de Dieu. La théologie symbolique de Denys l’Aréopagite, Ad Solem, 2003
  • Malgré la nuit, poésies complètes, Ad Solem, 2002
  • Vie d’une famille juive, édition du Cerf-Ad Solem, 2001
  • Source cachée, édition du Cerf-Ad Solem, 1999 (2e édition)
  • Le Secret de la croix, Parole et Silence, 1998
  • De la Personne : recueil de textes choisis par Ph. Secrétan,éd., éd. du Cerf, 1992
  • De l’État, éd. du Cerf, 1989
  • Phénoménologie et philosophie chrétienne, éd. du Cerf, 1987
  • L’Être fini et l’Être éternel, essai d’une atteinte du sens de l’être, Nauwelaerts, 1972
  • La Science de la Croix, Passion d’amour de saint Jean de la Croix, Nauwelaerts, 1957.
  • La Femme et sa destinée, éditions Amiot – Dumont, 1956 (recueil de six conférences données par Edith Stein sur le thème de la Femme)

Biographies - Études sur Edith Stein

  • B. Weibel, "Edith Stein prisonnière de l'Amour", Téqui 2002
  • C. Rastoin, Edith Stein (1891-1942) : enquête sur la source, Cerf 2007
  • E. de Rus, Intériorité de la personne et éducation chez Edith Stein, Cerf 2006
  • E. de Rus, "L'art d'éduquer selon Edith Stein. Anthropologie, éducation et vie spirituelle", Cerf-Ad-Solem-Carmel, 2008
  • V. Aucante, De la solidarité. Essai sur la philosophie politique d’Edith Stein, Parole et Silence 2006
  • C. Rastoin et D.-M. Golay, Avec Edith Stein découvrir le Carmel français, éd. du Carmel, 2005
  • J. Hatem, Christ et intersubjectivité chez Marcel, Stein, Wojtyla et Henry, L'Harmattan, 2004
  • U. Dobhan, S. Payne et R. Körner, Edith Stein, disciple et maîtresse de vie spirituelle, éd. du Carmel, 2004
  • M. A. Neyer, Edith Stein au carmel, Lessius, 2003
  • V. Aucante, Le Discernement selon Edith Stein. Que faire de sa vie ?, Parole et Silence, 2003
  • Élisabeth de Miribel, Comme l'or purifié par le feu : Edith Stein, 1891-1942, Plon, 1984 ; Perrin, 1998
  • M. A. Neyer et A. U. Müller, Edith Stein, une femme dans le siècle, J.-C. Lattès, 2002
  • J. Bouflet, Edith Stein philosophe crucifiée, Presses de la Renaissance, 1998
  • C. Rastoin, Edith Stein et le mystère d’Israël, Ad Solem, 1998
  • Florent Gaboriau, Lorsque Edith Stein se convertit, éditions Ad Solem, 1997
  • Yann Moix, Mort et vie d’Edith Stein, éditions Grasset et Fasquelle 2008, (ISBN 2246732611)
  • Sylvie Courtine-Denamy,Trois femmes dans de sombres temps : Edith Stein, Hannah Arendt, Simone Weil, Le Livre de Poche, Biblio essais n° 4367, 2004 (ISBN 2-253-13096-6)

Liens externes

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Notes

  1. « Devenue catholique, Edith Stein se considère toujours comme appartenant au peuple juif » (voir ci-dessous sa vision du judaïsme) et dans Jean-Marie Lustiger « Toute sa vie, il expliquera que son christianisme n'a jamais signifié un renoncement à son identité juive ».
  2. A.U. Müller et M.A. Neyer, Edith Stein, une femme dans le siècle, JC Lattès 2002, p. 29-30. Les biographies plus anciennes comportent de nombreuses erreurs mineures. Celle-ci est la plus complète, écrite par un philosophe et la directrice des archives Edith-Stein de Cologne.
  3. Une femme dans le siècle, p. 81
  4. C. Rastoin, Edith Stein : Enquête sur la Source, p. 167-168
  5. Lettre à Roman Ingarden, 1917.
  6. a  et b Edith Stein, Vie d’une famille juive
  7. Edith Stein, Formation de femme et profession de femme
  8. Voir revue Carmel, n° 120, juin 2006 : « Edith Stein une pédagogie féminine ».
  9. C. Rastoin, Edith Stein, Enquête sur la source, Cerf 2007, p. 13-131
  10. Une femme dans le siècle, p. 211-212.
  11. Lettre d’Edith Stein du 12 avril 1933 au pape Pie XII, Extrait sur le site du carmel ; M.A. Neyer, Edith Stein au carmel, Lessius 2003, p. 9-14.
  12. Steven Payne, Edith Stein et Jean de la Croix dans Edith Stein, disciple et maîtresse de vie spirituelle, p. 90-91. Voir aussi la dernière édition allemande de Kreuzeswissenschaft
  13. Voir paragraphe « L’âme, le moi et la liberté » dans La science de la Croix
  14. Edith Stein : enquête sur la Source, p. 345-346.
  15. Edith Stein, La Femme et sa destinée, chapitre 1 , p24 à 26
  16. Edith Stein, La Femme et sa destinée, chapitre 1 , p. 37-40
  17. Edith Stein, La Femme et sa destinée, chapitre 1 , p. 13 à 43
  18. Edith Stein, La Femme et sa destinée, chapitre 1 , p. 43-45
  19. Chapitre 3 de La Femme et sa destinée
  20. La Femme et sa destinée, chapitre II, p. 80-83
  21. La Femme et sa destinée chapitre 3 p. 86-87
  22. La Femme et sa destinée, chapitre 3, p. 89
  23. La Femme et sa destinée, chapitre 3, p. 90-100
  24. La Femme et sa destinée, chapitre 5, p. 129-130
  25. La Femme et sa destinée, chapitre 5, p. 135
  26. Positio, p. 438. La position est le recueil des témoignages recueillis par l’Église en vue de la béatification puis de la canonisation d’Edith Stein (Sacra Congragatio pro causis sanctorum, Rome, 1983).
  27. Renata Posselt, Edith Stein, eine grosse Frau ihres Jahrhundertes, p. 49-50. De nombreuses biographies croient que ce texte est d’Edith Stein elle-même, en raison de l’usage de la première personne, alors que c’est une reconstruction de la biographe.
  28. Edith Stein : enquête sur la Source, p. 133-134.
  29. Edith Stein et le mystère d’Israël
  30. La Prière de l’Église dans Source cachée.
  31. Revue catholique internationale COMMUNIO - Edith Stein, femme d’Eglise
  32. Article du site Eucharistie d’octobre 2006, http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=1110064_edith_stein
  33. Article faisant part de la demande de certains Juifs d’annuler la canonisation http://www.christusrex.org/www1/ofm/mag/TSmgfrB3.html
  34. Article du journal L’Humanité, http://www.humanite.fr/1998-10-12_International_Le-pape-et-la-shoah
  35. Article de l’Arche citant le président du CRIF, http://www.col.fr/arche/489art2.html
  36. Document sans titre
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