Salomon de Bretagne

Salomon de Bretagne
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Salomon de Bretagne

King Salomon of Brittany - 2.jpg

Portrait du roi Salomon de Bretagne
Roi de Bretagne
Règne 857-874
Couronnement 857
Titre complet Roi de Bretagne
Prédécesseur Erispoé
Successeur Gurwant et Pascweten
Biographie
Nom de naissance Salamun
Naissance Date inconnue (vers 810-820)
Décès 25 juin 874
Ar Merzher Langoëlan
Père Riwallon
Conjoint(s) Wembrit
Descendance Prostlon
Riwallon
Guigon

Roi de Bretagne

Salomon[1] († 874), fils de Riwallon, comte du Poher, fut le dernier roi de Bretagne de 857 au 25 juin 874. Il fait aussi partie des saints bretons plus ou moins mythiques, non reconnus officiellement par l'Église catholique. Sa fête est le 25 juin.

Sommaire

Son nom

Le nom provient du nom du roi biblique. En ancien breton, son nom était Salamun, devenu Salavun, puis en breton moderne Salaün, nom de famille répandu en Bretagne.

Biographie

La vita de saint Salomon est racontée dans la Chronique de Saint-Brieuc (Chronicon Briocense)[2] rédigée probablement avant les années 1010-1040, soit aux alentours de deux siècles après sa mort.

Sa jeunesse

Né vers 810-820, selon le Chronicon Britannicum[3], Salomon est le fils d'un certain Riwallon « Rivalonus genuit Salomonen Regen qui genuit Rivallonus et Wegonum », comte du Poher et frère ou beau-frère de Nominoe[4]

Il est le cousin d'Erispoë qui dans un acte de 856 le nomme Salomon filii Rivallon, consobrino meo [5]. Il semble qu'il ait été élevé par Nominoë car dans une donation il précise pro anima Nominoë nutritoris fui.

Selon les Annales de Saint-Bertin, il reçoit en 852 un tiers de la Bretagne de l'empereur aux dépens d'Erispoë après s'être fait le fidèle du roi Charles le Chauve[6].

Roi de Bretagne

Il est couronné roi de Bretagne en 857, après avoir assassiné son cousin Erispoë, dont il n'approuvait pas le rapprochement avec la Francie occidentale qui risquait de lui faire perdre des terres au profit de celui-ci. L'assassinat eut lieu sur l'autel d'une église, avec l'aide du Franc Alcmar[7]. Erispoë projetait en effet de marier sa fille avec Louis, fils de Charles II le Chauve[8].

En 863, par le traité d'Entrammes (Mayenne), il acquiert en échange de la paix le territoire d'« Entre deux rivières[9] », c'est-à-dire la région comprise entre la Sarthe et la Mayenne. En contre-partie, il paie désormais au roi de France un tribut minime. Salomon s'intitule alors « roi de la Bretagne et d'une partie notable de la Gaule ». Les relations entre le roi de Bretagne et le roi de France restent houleuses les années suivantes, alternant différends et réconciliations.

Le 1er août[10] ou le 25 août 867[11],[12]le traité de Compiègne lui concède le Cotentin, l'Avranchin ainsi que les îles Anglo-Normandes. La Bretagne atteint alors son extension géographique maximale[13].

Salomon et la religion

Le nouveau roi tint avant tout à régner au nom de Dieu et de la religion, protégeant églises et monastères et multipliant les fondations pieuses comme le monastère Saint-Maxent à Maxent (Ille-et-Vilaine) près de Plélan-le-Grand (au village du Gué dans cette commune, une motte féodale porte le nom de « Motte du roi Salomon » comme reste du château qu'il y aurait occupé), Saint-Sauveur à Pléchatel, probablement Saint-Aubin à Guérande, etc... et multipliant les largesses en faveur d'autres monastères comme à Redon, Saint-Méen, Paimpont ou des prieurés comme Saint-Pierre de Plélan. Il replaça à la tête de leurs évêchés, comme l'exigeaient les papes Léon IV, Benoît III, Nicolas Ier, puis Adrien II depuis des années, la plupart des évêques bretons qui avaient été déposés en 848 par Nominoe[14].

Salomon tente d'obtenir l'indépendance religieuse de la Bretagne par rapport à l'archevêché de Tours, en essayant d'obtenir du pape la construction de l'évêché de Dol-de-Bretagne en archevêché[15].

La situation restera en suspens (Dol étant archevêché dans les faits), mais Rome ne clarifiera officiellement la situation qu'en 1076, où le pallium est accordé à l'archevêque Even. Cependant, en 1199, le pape Innocent III met fin à la polémique, en affirmant l'autorité de Tours sur les évêchés bretons.

Après avoir lutté une quinzaine d'années contre les Vikings lors des invasions normandes, il parvient au bout d'une quinzaine d'années à les chasser de Bretagne et aide même Charles le Chauve à les chasser d'Angers en 873. Salomon récolte avec ses Bretons les vins des territoires qui lui appartiennent au pays d'Angers[16]. L'année suivante Salomon participe avec son armée aux côtés de Charles le Chauve au siège de la ville d'Angers que les Vikings occupaient après l'avoir dévastée. À cette occasion son fils Wigon se recommande au roi et prête serment en présence de ses fidèles[17].

À la fin de son règne, il se retire dans un monastère, soit à La Martyre, soit à Langoëlan, pour expier le meurtre d'Erispoë. C'est là que son gendre Pascweten et le gendre d'Erispoë, Gurvant ainsi que son neveu Wigon fils de Rivelin, le livrent aux Francs « Fulcoald et d'autres » qui après avoir capturé et sans doute exécuté son fils Wigon, crèvent les yeux du roi et l'assassinent le lendemain (874)[18].

Salomon a été assassiné le 25 juin 874 dans l'église d'un lieu appelé aujourd'hui Ar Merzher La Martyre en souvenir de cet événement. « Salomon se réfugia dans l'église d'un monastère où il fut pris et traité avec une sauvagerie inouïe. On lui arracha les yeux avec tant de violence qu'il en mourut dans la nuit[19] ». Sa mort le fait proclamer martyr par le peuple et l’Église catholique romaine[20],[21]. Son corps fut inhumé dans le monastère de Plélan ou dans celui de Saint-Maixent, conformément aux désirs qu'il avait exprimé de reposer aux côtes de son épouse, la reine Wenbrit. Plus tard, son corps fut enlevé, probablement lors d'une des invasions normandes et transporté jusqu'à Pithiviers, où une partie de ses reliques reposent dans l'église Saint-Salomon et Saint-Grégoire. Cependant une autre partie de ses reliques resta ou revint en Bretagne ; l'église Saint-Salomon de Vannes, détruite en 1793 pendant la Révolution française, possédait quelques ossements du saint[22].

Union et postérité

Salaün épousa Wembrit dont il Il eût une fille et deux fils attestés de son vivant :

    • Prostlon épouse de Pascweten († avant 876).
    • Riwallon († après 871).
    • Wigon († vers 874).
    • Albigeon[23]  ? († après 871).

Le culte de saint Salomon

La chapelle Saint-Salomon et son calvaire à Plouyé
Statue de saint Salomon (église Saint-Pierre de Plouyé)
  • Saint Salomon est le patron de la ville de Pithiviers (Loiret). En 932, la dépouille de saint Salomon, roi de Bretagne et martyr, fut déposée dans l'église Saint-Georges à Pithiviers, appelée par la suite église Saint-Salomon et Saint-Grégoire.
  • Le diocèse de Vannes l'honorait traditionnellement d'une fête annuelle chaque 25 juin. Une église Saint-Salomon existait à Vannes, détruite en 1793. La rue saint Salomon menait à une porte du même nom Remparts de Vannes#Portes et tours.
  • Langoëlan (Morbihan) : une chapelle latérale de l'église paroissiale Saint-Barnabé lui est consacrée.
  • Plouyé (Finistère : la chapelle Saint-Salomon date du XVIIème siècle. Traditionnellement son pardon était marqué par un culte très particulier concernant les chevaux[24].
  • La Martyre (Finistère) : cette paroisse aurait été le théâtre, le 25 juin 874, de l'assassinat de Salomon, roi de Bretagne, à l'endroit même où est placé aujourd'hui le maître-autel de l'église paroissiale[25]. L'église paroissiale Saint-Salomon possède un reliquaire en argent, en forme de chapelle, du XVIème siècle, dit de saint Salomon (avec poinçon P. G. répété). L'église possède aussi une statue de saint Salomon.
  • Des statues de saint Salomon existent à Landivisiau et à Maxent. L'église Saint-Maxent possède un vitrail représentant saint Salomon accordant des privilèges à une terre qu'il donne pour la fondation d'un monastère[22]).

Notes et références

  1. (en) Généalogie de Salomon sur le site FMG
  2. Chronicon Briocense, Chronique de Saint-Brieuc (fin XIVe siècle), t. 1 (seul paru), Paris-Rennes, 1972. Éditée d'après les MSS. BN 6003, BN 8899 [i. e. 9888] (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine 1 F 1003), par Gwenael Le Duc et Claude Sterckx. Pref. de L. Fleuriot
  3. Le Chronicon Britannicum, publié par D. Morice dans le tome 1 de ses Preuves, colonnes 1 à 8, occupe dans le Recueil de Nantes les pages 15 à 22 et une partie des pages 25-26. Cité dans la Bibliothèque de l'école des chartes par Arthur de la Borderie, chapitre Examen chronologique des chartes du cartulaire de Redon antérieures au XIe siècle [second article]. 1864, vol. 25, p. 403.
  4. Dom Morice, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Mémoires Tome I,Col.5
  5. Selon Pierre Le Baud, Salomon était « fils de Riwallon, frère de Nominoë » ce Riwallon était très probablement le beau-frère plus que le frère de Nominoë car les noms utilisés dans la famille de ce dernier (Nominoë, Erispoë, Conan) sont totalement différents de ceux de la famille de Riwallon (Rivallon, Salomon, Guégon) ce qui semble démontrer qu’ils appartenaient à deux lignées paternelles différentes Joëlle Quaghebeur La Cornouaille du IXe au XIIe siècle, p. 13
  6. Annales de Saint Bertin AD 852 Le Breton Salomon se fit un des fidèles de Charles, et reçut, en don le tiers de la Bretagne
  7. Annales de Saint-Bertin AD 857
  8. Annales de Saint-Bertin AD 856
  9. Annales de Saint-Bertin AD 863
  10. Jacques Flach, Les origines de l'ancienne France, volume 4, Ayer Publishing ISBN 0833711474, 9780833711472]
  11. Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 2002, p. 439
  12. Joëlle Quaghebeur, La Cornouaille du IXe au XIIe siècle: mémoire, pouvoirs, noblesse, 2001, p. 36
  13. Annales de Saint-Bertin AD 867
  14. Dom F. Plaine, Saint Salomon, roi de Bretagne et martyr, 25 juin 874, Vannes, Librairie Lafolye, 1893, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5809932s.image.hl.r=Plouy%C3%A9.f6.langFR
  15. Barthélémy-Amédée Pocquet du Haut-Jussé, Les Papes et les ducs de Bretagne, Chapitre préliminaire § IV,V,VI & VII
  16. Annales de Saint-Bertin AD 869
  17. Annales de Saint-Bertin AD 873
  18. Annales de Saint-Bertin AD 874 et Chronique de Réginon de Prüm
  19. Alban Butler, Jean François Godescar, Vies des pères, martyrs et des autres principaux saints volume 4, Lyon, F.Guyot, 1844
  20. Saint Salomon sur le site Nominis de la Conférence des évêques de France
  21. Martyrologe du Vatican. En ligne :Martyrologio. Consulté le 17 octobre 2006.
  22. a et b Saint Salomon sur le site Tradition catholique
  23. Les annales de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon notent qu'Albigeon, fils de Salomon, roi de Bretagne est inhumé en l'abbaye de Redon. C'est la seule mention de ce personnage qui contrairement à ses deux frères n'apparaît dans aucun acte contemporain
  24. François Joncour, Le pardon de la Saint-Salomon en Plouyé, Bulletin de la Société archéologique du Finistère, LVIII, 1931, XXVIII
  25. Histoire de La Martyre sur le site infoBretagne

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • André Chédeville et Hubert Guillotel, La Bretagne des saints et des rois Ve-Xe siècle, Éditions Ouest France, 1984. (ISBN 2858826137)
  • Arthur de La Borderie Histoire de Bretagne: Tome deuxième Apogée de la Monarchie Bretonne. Règne de Salomon,857-874 p. 84-122. Réédition Joseph Floch Imprimeur Éditeur à Mayenne (1975).
  • Noël-Yves Tonnerre, Naissance de la Bretagne. Géographie historique et structures sociales de la Bretagne méridionale (Nantais et Vannetais) de la fin du VIIIe à la fin du XIIe siècle, Angers, Presses de l'Université d'Angers, 1994 (ISBN 2-903075-58-1) .


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