Samding Dorje Phagmo

Samding Dorje Phagmo (Dorje Phagmo, prononcer Dorjé Phakmo, Sanskrit: Vajravarahi^[1], une forme de Vajrayogini; Wylie: rdo-rje phag-mo; anglais: 'The Diamond Sow'^[2]), est le nom d'une lignée de réincarnation au Tibet considérée comme émanation de Dorje Phagmo, conjointe de Heruka, une divinité courroucée. D'autres lignées de réincarnation importantes au Tibet sont celles des Dalaï Lama, Panchen Lama et Karmapa.

La lignée

La lignée débuta au XV^e siècle avec la princesse de Gungthang, Chokyi Dronma (Wylie: Chos-kyi sgron-me)(1422-1455) ^[3]. Elle fut appelée Samding Dorje Pagmo (Wylie:bSam-lding rDo-rje phag-mo) et inaugura une lignée de femmes tulkus, de lama réincarnées.

Chokyi Dronma, princesse du royaume indépendant de Gungthang dans le sud-ouest du Tibet, se maria dans la famille royale de la principauté du sud de Lato, mais renonça, après la mort de sa fille unique, à sa famille et à son statut royal pour devenir nonne bouddhiste aux environs de l'an 1442^[4].

Chokyi Dronma fut une figure principale de la tradition Bodongpa du Bouddhisme tibétain qui s'est éteinte sous la domination des Gelugpa, mais est restaurée peu à peu aujourd'hui ^[5]. Elle est morte au Monastère de Manmogang à Tsari au sud-est du Dakpo, à proximité de la frontière indienne, en 1455^[6]

La 9^e Dorje Phagmo - Choying Dechen Tshomo - est devenue un maître spirituel renommé non seulement pour Samding mais aussi pour la tradition Nyingmapa, et a découvert quelques terma et est décédée à Samye. La relique de son crâne, considérée comme sacrée, est conservée dans le monastère Nyingmapa sur l'île de Yumbudo sur le lac Yamdrok-Tso ^[7].

Charles Alfred Bell a rencontré le tulku en 1920 et a pris des photographies d'elle, l'appelant Dorje Pamo dans son livre^[8],[9]

L'incarnation actuelle

La date exacte de la naissance de l'incarnation actuelle est contestée par Hildegard Diemberger, elle serait née un an avant le décès de la précédente incarnation^[10].

Dechen Choedon a été reconnue par le 14^e dalaï-lama et l'État du Tibet comme émanation de Dorje Phagmo (Vajravarahi) à l'âge de 5 ans, en 1947^[11]. Elle a été intronisée 12^e Samding Dorje Phagmo^[12], abbesse actuelle du monastère de Samding comme traditionnellement ses prédécesseurs^[13],[14] Après l'intervention militaire chinoise au Tibet (1950-1951), elle devint vice-présidente de l' « association bouddhiste » dont le dalaï-lama était président, et le 10^e panchen lama, l'autre vice-président.

Elle se rendit à Lhassa en 1958 et reçut les enseignements sur Yamantaka du dalaï-lama et Vajrayogini du tuteur cadet du dalaï-lama, Trijang Rinpoché^[15],[16].

Elle a reçu l'enseignement de la tradition Bodongpa et demeure controversée car bien qu'étant à la tête du monastère de Samding, elle détient une haute fonction dans le gouvernement de la région autonome du Tibet. En conséquence, elle a été accusée de « collaborer » avec le gouvernement chinois^[17],[18].

Le monastère de Samding suit l’école Jonangpa du bouddhisme tibétain^[19]. Il a été détruit après 1959 mais est en cours de reconstruction^[20]

Selon Dorothy Stein, la 12^e Samding Dorje Phagmo est partie en exil en 1959 à l'âge de 17 ans, puis, après être rentrée en Chine, est devenue vice-présidente de la Conférence consultative politique du peuple chinois de la région autonome du Tibet et membre de l’Assemblée nationale populaire^[21]. Dans son livre Retour au Tibet, publié en 1985, Heinrich Harrer affirme que Dorje Phagmo partit avec un premier groupe d'exilés, mais revint très vite, et s'allia aux Chinois; elle vécut à Lhassa, se maria puis divorça et eut un enfant, et mena joyeuse vie, et reçut un financement de l'état chinois. ^[22].

Résidant actuellement à Lhassa^[23], elle est mariée et a trois enfants. Elle est également vice-présidente du Comité permanent du Parlement régional de la Région autonome du Tibet^[24].

Elle a condamné les émeutiers du 14 mars 2008 à Lhassa : « En voyant à la télévision un tout petit nombre de gens sans scrupules brûlant et fracassant des magasins, des écoles et le bien de la collectivité, brandissant des couteaux et des bâtons pour attaquer de malheureux passants, j'ai ressenti une surprise extrême, un chagrin profond et un ressentiment mêlé d'indignation », a-t-elle déclaré, ajoutant que « Les péchés du dalaï-lama et de ses partisans violaient gravement les enseignements et préceptes fondamentaux du Bouddhisme et nuisaient gravement à l'ordre normal et à la bonne réputation du Bouddhisme tibétain traditionnel »^[24].

Liens internes

• Monastère de Samding

Notes et références

1. ↑ Giuseppe Tucci, The Religions of Tibet, University of California Press, 1st paperback edition 1988, p. 323 - ISBN 0-520-06348-1.
2. ↑ bsam sdings rdo rje phag mo sprul sku skye brgyud ( b. ) .
3. ↑ When a woman becomes a dynasty: the Samding Dorje Phagmo of Tibet.
4. ↑ Hildegard Diemberger, When a woman becomes a religious dynasty: the Samding Dorje Phagmo of Tibet, Columbia University Press, New York, 2007, pp. 1-2, 6, 45 - ISBN 978-0-231-14320-2.
5. ↑ [1]
6. ↑ Hildegard Diemberger, When a woman becomes a religious dynasty: the Samding Dorje Phagmo of Tibet, Columbia University Press, New York, 2007, p. 46 -ISBN 978-0-231-14320-2.
7. ↑ Hildegard Diemberger in When a Woman Becomes a Religious Dynasty, The Samding Dorje Phagmo of Tibet, p. 289, 290, Columbia University Press, 2007, ISBN 978-0-231-14320-2
8. ↑ Dorje Pamo at Samding Monastery - November 1920.
9. ↑ Table of contents for When a woman becomes a dynasty : the Samding Dorje Phagmo of Tibet / Hildegard Diemberger.
10. ↑ Hildegard Diemberger, When a woman becomes a religious dynasty: the Samding Dorje Phagmo of Tibet, Columbia University Press, New York, 2007, pp. 299-300 - ISBN 978 0 231 14320 2.
11. ↑ Havnevik Hanna, Combats des Nonnes Tibétaines, , 1995, Ed Dharma, ISBN 2864870258 .
12. ↑ A Summary Report of the 2007 International Congress on the Women's Role in the Sangha: Bhikshuni Vinaya and Ordination Lineages.
13. ↑ Tashi Tsering, A Preliminary Reconstruction of the Successive Reincarnations of Samding Dorje Phagmo; The Foremost Woman Incarnation of Tibet , Youmtsho - Journal of Tibetan Women's Studies, No 1, pp. 20-53.
14. ↑ When a Woman Becomes a Religious Dynasty, The Samding Dorje Phagmo of Tibet.
15. ↑ Hildegard Diemberger, When a woman becomes a religious dynasty: the Samding Dorje Phagmo of Tibet, Columbia University Press, New York, 2007, p. 302 - ISBN 978 0 231 14320 2.
16. ↑ Dalaï Lama, Au loin la liberté, Livre de poche, 1993 (ISBN 225306498X).
17. ↑ Patrick French, Tibet, Tibet, une histoire personnelle d'un pays perdu, Albin Michel, 2005, p. 261.
18. ↑ Janice D. Willis, Tibetan Ani-s: The Nun's Life in Tibet, The Tibet Journal, Vol. IX, No. 4, Winter 1984, p. 20 Library of Tibetan Works and Archives, Dharamsala, India.
19. ↑ www.tibetmusic.org über Samding (englisch)
20. ↑ Keith Dowman, The Power-places of Central Tibet: The Pilgrim's Guide, 1988, p. 268 - ISBN 0-7102-1370-0.
21. ↑ Cf Dorothy Stein, People Who Count. Population and Politics. Women and Children, Earthscan, 1995, p. 183; citation : « After going into exile in 1959, the abbess Dorje Phugmo returned to China and became vice-chair of the Tibetan PPCC (legislature) and a member of the Chinese National People's Congress ».
22. ↑ (fr)Retour au Tibet, Arthaud, 1985 ISBN 2700305086, (en)Return to Tibet, Heinrich Harrer
23. ↑ Pamela Logan, Tulkus in Tibet, Harvard Asia Quarterly, Vol. VIII, No. 1., Winter 2004
24. ↑ ^{a et b} Female living Bouddha condemns Dalai Lama - Xinhua, Reuters, 29 avril 2008. Consulté le 10 septembre 2008