Samudaripen

Samudaripen

Porajmos

Roms dans le camp de Belzec.

Le terme « Porajmos » (ou Porrajmos, littéralement « dévorer ») désigne les persécutions envers les tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale[1], dont les proportions furent telles que la majorité des auteurs les considèrent comme constitutives de génocide.

Sommaire

Terminologie

Quelques activistes Roms de Russie et des Balkans protestent contre l'utilisation du terme « Porajmos ». Dans plusieurs dialectes, ce mot est un synonyme de Poravipe qui signifie « viol ». Ces activistes proposent l'utilisation du terme Samudaripen[2], et les activiste Roms de Russie, celui de Kali Traš[3].

Le terme porajmos fut introduit dans la littérature par l'universitaire et activiste Rom Ian Hancock, au début des années 1990[4]. Un autre terme, Samudaripen est revendiqué par Marcel Courthiade, un linguiste qui a créé la forme standard de Romani utilisée en Roumanie. Hancock objecte que ce terme n'est pas conforme à la langue Rom.[4].

Persécutions du Troisième Reich de 1933 à 1945

Carte des persécutions envers les Roms (1939-1945)
Plaque en mémoire des Roms, Sinti et gens du voyage morts en camps d'extermination (Rome, Italie)

.

De 1933 à 1936 les Tsiganes sont internés à Dachau et à Buchenwald pour « insociabilité ».

À partir de 1936, les Tsiganes furent persécutés pour des raisons raciales par le régime nazi et ses alliés dans toute l'Europe.

Les Nazis considéraient les Tsiganes comme « racialement inférieurs », et le destin de ceux-ci fut, en de nombreux points, parallèle à celui des Juifs. Les Tsiganes subirent l'internement, le travail forcé et beaucoup furent assassinés. Ils étaient aussi soumis à la déportation dans les camps d'extermination.

Dans les zones de l'Europe occupées par les Allemands, le destin des Tsiganes varia d’un pays à l’autre, selon les circonstances locales. Les Nazis internaient généralement les Tsiganes et les déportaient ensuite en Allemagne ou en Pologne pour les soumettre au travail forcé ou pour les assassiner. Beaucoup de Tsiganes de Pologne, des Pays-Bas, de Hongrie, d'Italie, de Yougoslavie et d'Albanie furent abattus ou déportés dans les camps d'extermination et exterminés.

En France, les autorités avaient pris des mesures restrictives à l’encontre des Tsiganes avant même l'occupation allemande du pays. Le gouvernement de Vichy organisa leur internement dans des camps familiaux comme Jargeau, Montreuil-Bellay ou Saliers. Les Tsiganes français ne furent cependant pas déportés sauf ceux des départements du Nord et du Pas-de-Calais rattachés au Gouvernement militaire de Bruxelles.

On ne connaît pas exactement le nombre de Tsiganes tués au cours du Porajmos. Bien que des chiffres exacts ou des pourcentages ne puissent pas être vérifiés, les historiens estiment que les Allemands et leurs alliés auraient exterminé de 25 à 50 % de tous les Tsiganes européens. Sur environ un million de Tsiganes vivant en Europe avant la guerre, au moins 220 000 auraient ainsi été tués.

Après la Seconde Guerre mondiale

En France, les tsiganes ne furent pas déportés puis tués au camp d'Auschwitz comme dans les autres pays occupés par l'Allemagne, mais internés dans des camps d'internements français (et de façon partielle, faute de recensement de cette population). Une partie d'entre eux ne virent leur libération qu'au-delà de la capitulation allemande du 8 mai 1945 (jusqu’en 1946[5]) car les autorités françaises de la libération, comme celles de Vichy, souhaitaient les sédentariser. C'est d'ailleurs pourquoi, les camps de nomades étaient des camps familiaux, où les familles étaient rassemblées et les enfants scolarisés[6].

En Allemagne, comme le dit l'Encyclopédie de la Shoah : « Après la guerre, la discrimination contre les Tsiganes ne cessa pas, la République fédérale d'Allemagne décida que toutes les mesures prises contre les Tsiganes avant 1943 étaient une politique légitime de l’État et ne nécessitaient pas de réparations. L'incarcération, la stérilisation et même la déportation étaient considérées comme une politique légitime... Le chancelier allemand Helmut Kohl reconnut formellement la réalité du génocide des Tsiganes en 1982. Mais à cette date, la plupart des victimes susceptibles de toucher des réparations conformément à la loi allemande étaient déjà mortes. »[7]

Notes et références

  1. Coquio, p. 1206
  2. [1]
  3. [2]
  4. a  et b On the word Porrajmos – Ian Hancock
  5. Denis Peschanski, La France des camps, l'internement 1938-46
  6. L'internement des Tsiganes en France 1940-1946 - Marie-Christine Hubert
  7. « Le génocide des Tsiganes européens, 1939-1945 » dans Encyclopédie de la Shoah, United States Holocaust Memorial Museum

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Henriette Asséo, « L'extermination des Tziganes », dans Stéphane Audoin-Rouzeau et alii (dir.), La Violence de guerre, 1914-1945, éd. Complexe, 2002
  • Claire Auzias, Samudaripen, le génocide des Tsiganes, Paris: Esprit Frappeur 2000. (ISBN 9782844051127)
  • Christian Bernadac (éd.), L'Holocauste oublié. Le massacre des Tsiganes, éd. France-Empire, 1979
  • Catherine Coquio et Aurélia Kalisky, L'enfant et le génocide, Paris: R. Laffont, 2007. (ISBN 9782221099896)
  • Marie-Christine Hubert, Denis Peschanski et Emmanuel Philippon, Les Tziganes en France. 1939-1946, éd. du CNRS, 1994
  • Donald Kenrick et Grattan Puxon, Destins gitans : des origines à la solution finale, éd. Calmann-Lévy, coll. « Archives des sciences sociales », 1974 ; rééd. Gallimard, coll. « Tel », 1995 (traduit de l'anglais par Jean Sendy)
  • Guenter Lewy, La Persécution des Tsiganes par les nazis, Les Belles Lettres, 2003 (traduit de l'anglais des États-Unis par Bernard Frumer, préface d'Henriette Asséo)
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