Santa Cruz (Séville)

Santa Cruz (Séville)

37°23′05.69″N 5°59′24.57″O / 37.3849139, -5.9901583

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Aperçu du quartier de Santa Cruz

Santa Cruz est un quartier de la ville espagnole de Séville, en Andalousie. Inclus dans le périmètre de l'ancienne muraille, il appartient au cœur historique de la cité, et jouxte les monuments les plus célèbres de la capitale andalouse : la Cathédrale et la Giralda, le Palais archiépiscopal, l'Alcázar ou encore la Casa Lonja. Lieu d'art et d'histoire, le quartier trouve ses origines au Moyen Âge et regorge de légendes, d'églises et de palais, témoins de son passé. Profondément mis en valeur au début du XXe siècle, il est aujourd'hui un des quartiers les plus emblématiques de Séville, avec Triana. Il est surtout réputé pour le charme de ses ruelles escarpées et de ses places ombragées qui en font un des lieux privilégiés du tourisme sévillan.

Sommaire

Histoire

Les origines médiévales

Ferdinand III de Castille reconquiert la ville en 1248.
Tolède accueillit également une importante communauté juive. Ici, la synagogue Santa María la Blanca.

L'actuel quartier de Santa Cruz constitue une partie de l'ancienne juiverie (Judería) de Séville. L'existence d'un ghetto juif à cet endroit n'est attestée que depuis l'époque chrétienne. Sous la domination musulmane, la zone de la juiverie médiévale, comprise entre la Puerta de Jerez (près du Guadalquivir) et la Puerta de la Carne (plus au nord-est, près de l'église Santa María la Blanca, ancienne synagogue), était connue sous le nom de Quartier de l'Alcázar de la Bénédiction : il s'agissait en fait de la médina musulmane. Une légende populaire laisse entendre qu'il aurait existé une juiverie à l'époque d'Al Andalus : les Juifs en auraient remis les clefs à Ferdinand III de Castille en 1248, cependant que les musulmans livraient la ville. Quoiqu'il existe deux clefs de la ville conservées à la Cathédrale, cette tradition est à considérer avec prudence : sous Al Andalus, les Juifs, même regroupés autour de la synagogue, n'étaient sans doute pas isolés du reste de la population, au contraire des pratiques observées dans les villes chrétiennes.

Après la reconquête de la ville, l'expulsion des musulmans amena la couronne de Castille à repeupler la cité. De nombreux Juifs s'installèrent alors à Séville, et constituèrent la deuxième communauté hébraïque d'Espagne, après celle de Tolède. L'actuel quartier de Santa Cruz et ses alentours furent destinés à la population hébraïque, tandis que trois des mosquées reprises aux musulmans furent concédées aux Juifs qui les convertirent en synagogues. Trois portes, fermées chaque soir, signalaient alors l'entrée dans la juiverie[1].

Si les premiers temps de la Séville reconquise furent marqués par une certaine tolérance, il en fut autrement à partir du XIVe siècle. La grave crise économique des années 1300 provoqua une recrudescence de l'antisémitisme (la pratique de l'usure déplaisait) dans les royaumes de Castille et de Navarre. En juin 1391, 4 000 Juifs furent assassinés à Séville lors d'un sanglant pogrom, tandis que leurs biens furent confisqués et distribués[2]. Les évènements mirent fin à la présence juive dans le quartier. Les trois synagogues furent transformées en autant d'églises : San Bartolomé (reconstruite à l'époque baroque), Santa María la Blanca (qui a conservé sa façade médiévale) et Santa Cruz (détruite). C'est cette dernière qui donna son nom au quartier homonyme que nous connaissons aujourd'hui, quartier qui ne représente par conséquent qu'une partie de l'antique juiverie[1].

Les aménagements des XIXe et XXe siècles

Les projets de l'Exposition de 1929 menacèrent le quartier.

À compter du XVIIe siècle, l'aristocratie locale semble s'attacher au quartier, et en fait un de ses lieux de prédilection. Santa Cruz y gagne alors quelques demeures cossues, des églises et couvents. Au XIXe siècle, et surtout au XXe siècle, le quartier connaît de profondes transformations. L'église mudéjare de Santa Cruz, autrefois synagogue, fut abattue en 1811, sous l'occupation française, pour aménager l'actuelle place de Santa Cruz. Le siège de la paroisse fut alors transféré dans l'actuelle église du nom, jusqu'alors occupée par le couvent des Clercs du Saint Esprit, dans la rue Mateos Gago[3].

Par la suite, alors qu'approche l'Exposition ibéro-américaine de 1929, les projets de modernisation de la ville sont présentés au gouvernement. L'un d'entre eux prévoit le percement de deux larges avenues partant de la place Virgen de los Reyes, au pied de la cathédrale, et menaçant de ce fait l'existence du vieux quartier. Il faut attendre l'intervention du Marquis de la Vega Inclán, et du roi Alphonse XIII, pourtant défenseur de la modernisation, pour voir le projet abandonné. C'est alors que le Marquis de la Vega Inclán, chargé du tourisme auprès du monarque, entreprend la restauration du quartier, auquel il donne l'aspect qu'il conserve aujourd'hui. Pavage des ruelles, fleurissement et embellissement des places ou aménagement de jardins constituèrent la part la plus importante de la transformation du quartier de Santa Cruz. Entre les années 1914 et 1920, Santa Cruz se para de ses plus beaux atours pour s'adapter aux exigences romantiques teintées de pittoresque idéalisé d'un tourisme naissant, tout en conservant son authenticité[1].

Physionomie

Emplacement

Le quartier de Santa Cruz fait partie du district Casco Antiguo (vieille ville). Il occupe la partie sud de l'ancienne judería de Séville, qui englobait un périmètre plus vaste. Situé à l'extrémité méridionale de la vieille ville, il regroupe en son sein ou à ses alentours immédiats la plupart des grands monuments de la capitale andalouse. Quoique ses limites soient assez floues, il est possible de le circonscrire à un vague triangle formé par la place Virgen de los Reyes (aux pieds de la Giralda et du palais archiépiscopal), l'église Santa María la Blanca et les jardins de l'Alcázar. L'église de San Bartolomé et son quartier, qui appartenaient à l'ancienne juiverie, se situent hors de Santa Cruz[4].

Urbanisme

Passage entre l'alcázar et la calle Judería

Le quartier de Santa Cruz se présente sous la forme d'un labyrinthe de ruelles, de passages, d'impasses et de placettes ombragées. Cette trame, héritière de l'urbanisme oriental médiéval, participe à l'atmosphère particulière des lieux, recherchée par les touristes. Si les restaurants et échoppes de souvenirs ont très souvent envahi certaines places et rues (Mateos Gago, doña Elvira,...), le quartier conserve une certaine authenticité, et continue à être habité et fréquenté par les sévillans, qui y côtoient les visiteurs. La végétation et l'eau sont très présentes, dans les patios, sur les places ornées de fontaines, de bancs revêtus d'azulejos,... La mise en scène est très soignée, le décor s'accordant parfaitement avec la configuration des rues.

La plaza Santa Marta
La plaza de Santa Cruz

Ces dernières constituent un des principaux enchantements du quartier. Certaines d'entre elles, très étroites ou en coude, dégagent un charme particulier, à l'image de la calle Judería, qui unit par un passage couvert, le Patio de banderas de l'alcázar à la calle Vida. Elle se poursuit par le callejón del Agua (ruelle de l'eau), qui longe les murailles de l'alcázar, d'un côté, et une succession de maisons nobles pourvues de vastes patios fleuris de l'autre.

Tout ce réseau de ruelles est ponctué de nombreux places, chacune avec ses particularités. La plaza de la Alianza s'abrite sous les puissants remparts de l'alcázar, tandis que la toute proche plaza doña Elvira semble se lover discrètement au cœur d'un lacis de ruelle, pour étaler ses orangers, ses bancs d'azulejos et sa fontaine. La place qui donne son nom au quartier est située à proximité des jardins de Murillo, plantés le long du mur méridional de l'alcázar. À cet emplacement se dressait jusqu'en 1811 l'église qui donne son nom au quartier, rasée par les troupes françaises, désireuses d'aménager une place à cet endroit. Le temple, qui abritait la sépulture du peintre Murillo, disparut, et son activité pastorale fut transférée à un ancien couvent portant aujourd'hui le nom d'église Santa Cruz. Désormais, la place Santa Cruz est occupée par un petit jardinet central doté d'une croix en ferronnerie d'une grande finesse exécutée en 1692. Ironie du sort, le consulat de France est l'une des constructions opulentes qui la bordent de nos jours. Plus loin, la plaza de las Cruces distille elle aussi un charme spécifique, grâce aux trois colonnes surmontées de croix, érigées en son centre.

Patrimoine

Entrée de l'alcázar
Façade de l'église Santa Cruz

L'une des richesses de Santa Cruz est son immense patrimoine monumental. Bordé par la cathédrale, la Giralda, la Casa Lonja ou encore le palais archiépiscopal, le quartier renferme de nombreuses églises, des couvents, des demeures nobles, ainsi que l'Alcázar de la ville. On peut accéder à ce dernier par un petit passage voûté partant du Patio de Banderas, et rejoignant la Calle Judería. Véritable joyau de l'art mudéjar, l'ensemble palatin comprend plusieurs ailes d'époque différentes, derrière lesquelles se déploient d'immenses jardins.

Des demeures cossues, souvent d'origine aristocratique, habillent les rues du quartier de leurs façades dont l'austérité occulte souvent un intérieur raffiné, organisé autour de luxuriants patios. Elles alternent avec des habitations plus modestes et populaires, telle la maison du peintre Murillo, très humble[5].

L'essentiel du patrimoine de Santa Cruz est toutefois constitué d'édifices religieux. Le quartier compte deux églises paroissiales : l'église Santa Cruz, et l'église Santa María la Blanca. La première puise ses origines dans un ancien couvent, et fut érigée au XVIIe siècle. Abîmée lors de l'invasion française, sa façade ne fut reconstruite qu'au début du XXe siècle. L'église de Santa María la Blanca est, elle, une des trois synagogues médiévales converties au culte catholique après le pogrom de 1391. Son intérieur a été entièrement réaménagé à l'époque baroque. Elle conserve en revanche sa façade du XIVe siècle, gothico-mudéjare.

Deux couvents maintiennent la présence de religieux à Santa Cruz. Le couvent de l'Incarnation, occupé par les augustines, fait face à la Giralda. Héritier d'une fondation hospitalière fondée en 1385, l'Hôpital de Santa Marta, il conserve un certain nombre d'éléments de l'époque. Derrière ce couvent se love la petite placette Santa Marta, l'une des plus exiguës de Séville[6]. Le couvent de San José del Carmen est situé plus au centre du quartier. Son église, du XVIIe siècle, renferme d'intéressantes œuvres d'art (Francisco Herrera, Juan de Mesa), mais surtout des objets personnels de Thérèse d'Ávila [7].

Patio de l'Hospital de los Venerables

Le bijou incontestable de Santa Cruz est néanmoins un ancien hospice pour prêtres retirés, l'Hôpital des Vénérables (Hospital de los Venerables). Coincé au centre du quartier, il peine à dévoiler depuis l'extérieur l'ampleur de ses proportions et la calle Jamerdana, ne permet pas de mesurer la grandeur du portique de la chapelle. Cette dernière, élevée au XVIIe siècle est décorée de peintures murales de Valdés Leal et de son fils, Lucas Valdés.
Le patio autour duquel s'organise le grand bâtiment est considéré comme l'un des plus beaux de Séville. Il est l'œuvre de l'architecte Leonardo de Figueroa, concepteur de l'édifice avec Juan Domínguez [8].

Notes et références

  1. a, b et c Source : Mairie de Séville.
  2. Source : CARRASCO, Raphaël, L'Espagne classique, 1474-1814, Paris, Hachette Supérieur, pp. 20-22.
  3. Source : article Barrio de Santa Cruz (Sevilla) sur la wikipédia hispanophone.
  4. Source : Sevilla información.
  5. Source : cica.es.
  6. Source : Degelo.com.
  7. Source : Fiche du couvent sur Sevilla información.
  8. Source : Arte sacro.

Liens internes


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