Schutztruppe

Schutztruppe

Schutztruppe

Un porteur de drapeau Askari appartenant aux "Schutztruppe" en Afrique orientale allemande, cliché daté de 1906.

La Schutztruppe ("force de protection" ou "force coloniale" ou encore "troupes de protection") fut la force armée coloniale africaine de l'Empire allemand de la fin des années 1880 jusqu'en 1918, date à laquelle l'Allemagne perdit ses colonies à la fin de la Première Guerre mondiale. Comparable aux autres forces coloniales, la Schutztruppe était constituée de volontaires européens et africains des colonies et d'officiers sans brevet ainsi que des officiers médicaux et vétérinaires. Beaucoup d'entre eux étaient généralement recrutés localement. En Afrique orientale allemande, ces derniers devinrent rapidement célèbres sous le nom d"Askaris". Elles servirent notamment comme forces de police et de maintien de l'ordre dans les colonies. Le contrôle des colonies allemandes de Nouvelle-Guinée incluant l'archipel Bismarck et les îles du Pacifique nord ainsi que Samoa était assuré par de petits détachements de police locale. La concession coloniale allemande de Jiaozhou en Chine était aussi sous administration navale allemande et contrôlée par des membres de la Schutztruppe.

L'armée coloniale de l'Afrique orientale allemande fut établie par un acte du Reichtag daté du 22 mars 1891 et par la suite, un deuxième fut institué le 9 juin 1895 pour les forces coloniales d'Afrique occidentale allemande et du Sud-Ouest africain allemand. Lers formations des Schutztruppe ne firent jamais partie, d'un point de vue organisationnel, de l'armée impériale et de la marine allemande. En 1896, le quartier général de la Schutztruppe fut établi à Berlin, dans la Mauerstrasse, à proximité du "Reichskolonialamt", c'est-à-dire près du Bureau colonial allemand. La loi et la discipline militaire allemande fut appliquée dans les rangs des Schutztruppe.

En 1914, il y avait trois commandements de Schutztruppe à savoir un pour chaque région coloniale allemande en Afrique; Est, Ouest et Sud-Ouest.

Sommaire

Afrique orientale allemande

Schutztruppe. Ici, un contingent colonial de volontaires situé en Afrique orientale allemande, 1914.
Schutztruppe. Une compagnie formée de volontaires. Afrique orientale allemande, 1914.
Schutztruppe. Porteurs en Afrique orientale allemande, 1899.

A la déclaration de la Première Guerre mondiale en 1914, les Schutztruppe d'Afrique orientale allemande furent organisés en 14 compagnies terrestres ou "Feldkompagnien" comprenant un total de 2500 hommes, avec des quartier généraux situés dans la capitale de Dar es Salaam. Incluant divers éléments supplémentaires, tels des transporteurs et simples travailleurs, les Schutztruppe totalisaient approximativement 14 000 hommes. Le 13 avril 1914, le lieutenant-colonel Paul Emil von Lettow-Vorbeck assuma le commandement et l'entrainement de cette formation en Afrique orientale allemande. Il mena par la suite ses unités sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, en étant finalement promu au grade de "Generalmajor".[1] Les Schutztruppe d'Afrique orientale allemande furent les dernières formations à se rendre; plusieurs jours après l'armistice de novembre 1918.

Une compagnie de Schutztruppe d'avant 1914 était constituée de 160 hommes (parfois pouvant atteindre 200 soldats) répartis dans trois sections appelées "Züge" de 50 à 60 unités chacune, incluant deux équipes de mitrailleurs. Chacune des 14 compagnies comprenait également un contingent de 250 porteurs minimum. Ces derniers étaient pour la grande majorité des indigènes recrutés sur place et connus sous le nom de "Ruga-Ruga".[2] Voici la liste détaillée de ces 14 compagnies:

  • 1re Compagnie, en allemand "Kompagnie": Arusha/Neu Moshi[3]
  • 2e Compagnie: Iringa et Unbena
  • 3e Compagnie: Lindi
  • 4e Compagnie: Kilimatinde et Singida
  • 5e Compagnie: Massoko
  • 6e Compagnie: Udjidiji et Kassulo
  • 7e Compagnie: Bukoba, Ussuwi et Kifumbiro
  • 8e Compagnie: Tabora
  • 9e Compagnie: Usumbura
  • 10e Compagnie: Dar es Salaam
  • 11e Compagnie: Kissenji et Mruhengeri
  • 12e Compagnie: Mahenge
  • 13e Compagnie: Kondoa Irangi
  • 14e Compagnie: Muansa et Ikoma

La 10e garnison, à savoir celle de "Dar es Salaam" intégra par la suite un bureau de recrutement, un service de transmissions et également un intendant militaire.

Des forces supplémentaires vinrent s'ajouter progressivement aux Schutztruppe. Ainsi, 260 allemands et 2472 africains, à savoir 68 officiers, 60 adjudants et sous-officiers ainsi que 132 sous-officiers médicaux, des administrateurs, des techniciens en armement, 2 officiers et 184 sous-officiers africains et enfin 2 286 Askaris.[4]

Durant la Grande Guerre, une 15e compagnie fut créé à travers l'ajout de 30 unités supplémentaires à ce corps des Schutztruppe, plus quelques éléments de compagnies temporaires, notamment des "Schützenkompagnies" (compagnies de fusiliers) appartenant au 8e régiment. Les "Schützenkompagnies" étaient à l'origine composées de colons blancs, de leurs fils, de propriétaires de plantations et d'employés de compagnies commerciales, c'est-à-dire des volontaires pour la majorité, mais certaines unités devinrent mixtes et assimilèrent blancs et noirs quand la guerre s'éternisa. De nombreux petits détachements furent ainsi formés.

Sud-Ouest africain allemand

Article connexe : Génocide des Hereros.
Patrouille sur chameaux. Sud-Ouest africain allemand, 1907.

Les Schutztruppe du Sud-Ouest africain allemand étaient structurés en 12 compagnies d'infanterie mobile totalisant 1500 hommes, avant tout des allemands. La 7e compagnie, stationée dans la zone désertique au nord de la colonie, était montée sur des chameaux en provenance d'autres colonies. Une seule unité, appelée la "Basterkompagnie", composée d'africains, fut mise en place et déployée. Les relations entre l'administration allemande et les autochtones présents dans cette colonie avaient été progressivement détériorées à tel point que peu d'africains locaux furent recrutés. Cependant, les Boers et les Afrikaners se joignirent entre eux pour reprendre leur lutte contre le Royaume-Uni.

Les forces coloniales du Sud-Ouest africain allemand étaient constituées de volontaires de l'armée et de la marine impériale (incluant notamment des autrichiens), mais essentiellement constitués de membres de régiments allemands. Avant leur déploiement en Afrique, ces troupes furent préparées à leurs futures missions de défense ainsi qu'à leur futur environnement militaire. Un de ces lieux d'entrainement était la base située à Karlsruhe. Grâce aux conditions climatiques dans la vallée du Haut-Rhin du grand duché de Baden, alliant chaleur et humidité, la zone fournissait une acclimatation rapide, semblable au climat que l'on pouvait retrouver dans le Sud-Ouest africain allemand.

La structuration des forces militaires de la région était la suivante:

Le siège du commandement se trouvait à Windhuk (aujourd'hui Windhoek, actuelle capitale de la république de Namibie) et se composait de quartiers généraux, de tribunaux et de cabinets d'avocats, de corps médicaux ainsi que des unités spécialisées dans la topographie (arpentage et réalisation de cartes).

Commandement du district nord: Windhuk

  • 1re Compagnie: Regenstein, Seeis
  • 4e Compagnie: Okanjande
  • 6e Compagnie: Outjo et Otavi
  • 2nd Batterie: Johann-Albrechts-Höhe
  • 1re section de transport: Karibib
  • Bureau d'approvisionnement: Karibib
  • Ecuries: Okawayo
  • Artillerie et dépot ferroviaire: Windhuk
  • Hôpital militaire et centre médical: Windhuk
  • Dépot des vêtements: Windhuk
  • Quartiers généraux locaux: Windhuk
  • Quartiers généraux locaux et intendant militaire: Swakopmund

Commandement du district sud: Keetmanshoop

  • 2nd Compagnie: Ukamas
  • 3e Compagnie: Kanus
  • 5e Compagnie: Chamis et Churutabis
  • 7e et 8e Compagnie (cavalerie sur chameaux), hôpital militaire: Gochas et Arahoab
  • 1re Batterie: Narubis
  • 3e Batterie: Gibeon
  • 2nd section de transport: Keetmanshoop
  • Artillerie et dépot ferroviaire: Keetmanshoop
  • Hôpital militaire et centre médical: Keetmanshoop
  • Dépot des vêtements: Keetmanshoop
  • Bureau d'approvisionnement: Keetmanshoop
  • Administration des garnisons: Keetmanshoop
  • Ecuries: Aus
  • "Haras" des chameaux: Kalkfontain
  • Quartiers généraux locaux et intendant militaire: Lüderitz

A la veille de la Première Guerre mondiale, les forces totalisaient 91 officiers, 22 médecins, 9 vétérinaires, 59 administrateurs civils, des techniciens en armement et de ravitaillement (en munitions), 342 sous-officiers ainsi que 1444 autres personnels provenant de divers rangs, soit un total de 1967 unités.[5]

Afrique occidentale allemande

Pour ce qui est de l'Afrique occidentale allemande, deux entités coloniales la contituaient, à savoir le Cameroun et le Togo.

Les forces camerounaises en 1914 étaient composées de 12 compagnies, regroupant un total de 1600 hommes avec un quartier général situé à Soppo et établi en 1894 pour se substituer à la force de police qui existait jusqu'alors depuis trois ans (formée en 1891).

La structuration des forces stationnées au Cameroun était la suivante:

Commandement central: Soppo près de la capitale Buea[6]

  • 1re Compagnie (compagnie du QG) et détachement d'artillerie: Duala
  • 2nd Compagnie: Bamenda, Wum and Kentu
  • 3e Compagnie: Mora and Kousseri
  • 4e Compagnie: (expédition/compagnie de topographie): Soppo
  • 5e Compagnie: Buar et Carnot
  • 6e Compagnie: Mbaiki, Nola et Nguku
  • 7e Compagnie: Garua, Marua et Mubi
  • 8e Compagnie: Ngaundere
  • 9e Compagnie: Dume et Baturi
  • 10e Compagnie: Ojem et Mimwoul
  • 11e Compagnie: Akoafim et Minkebe
  • 12e Compagnie: Bumo, Fianga, et Gore

Ces compagnies étaient affectées à 49 garnisons au Cameroun et étaient constituées de 61 officiers, 23 médecins, 23 administrateurs civils, un certain nombre de techniciens spécialisés dans le ravitaillement en munitions, 98 sous-officiers allemands et de 1650 gradés africains engagés, soit un total de 1855 personnes.[7]

Quant au Togo, une force de police de 673 hommes était déployée à travers l'ensemble de la colonie.[8] 1000 soldats étaient approximativement en place au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Avec peu d'armes, de munitions et de provisions, ces derniers furent contraints de se rendre aux forces d'invasion françaises et britanniques dès la fin du mois d'août 1914.

Références

  1. Hoyt, Guerilla, p. 175
  2. Miller, Battle for the Bundu, p. 18
  3. Haupt, p. 34, Schutztruppe garrisons
  4. Farwell, The Great War in Africa, p. 109
  5. Haupt, Deutschlands Schutzgebiete , p. 56
  6. Haupt, p. 70
  7. Haupt, p. 70
  8. Haupt, p. 79

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Schutztruppe ».

Ouvrages germanophones

  • (de) Haupt, Werner, Deutschlands Schutzgebiete in Übersee 1884-1918; Germany’s Overseas Protectorates 1884-1918, Fribourg, Podzun-Pallas Verlag, 1984.
  • (de) Hoffmann, Florian, Okkupation und Militärverwaltung in Kamerun. Etablierung und Institutionalisierung des kolonialen Gewaltmonopols 1891-1914, Gottingern, Cuvillier, 2007.

Ouvrages anglophones

  • (en) Farwell, Byron, The Great War in Africa, 1914–1918, New York, W. W. Norton & Company, 1989.
  • (en) Hoyt, Edwin P., Guerilla. Colonel von Lettow-Vorbeck and Germany's East African Empire, New York, MacMillan Publishing Co., Inc. 1981; and London, Collier MacMillan Publishers, 1981.
  • (en) Miller, Charles, Battle for the Bundu: The First World War in German East Africa, London, Macdonald & Jane's, 1974; et New York, MacMillan Publishing Co., Inc. 1974.

Autres sources

En allemand:

  • (de) Morlang, Thomas, Askari und Fitafita. Farbige Söldner in den deutsche Kolonien, Berlin, 2008.

En anglais:

  • (en) German Colonial Encyclopaedia, 1920, Volume III, p. 321ff.
  • (en) Werner Kopf, Werner, The German colonial force 1889/1918, Dörfler Publishing House.
  • (en) Reith, Wolfgang, The Command Authorities of the Imperial Colonial Force in the Homeland, Almanach du soldat allemand: 2000 et 2001 (2 parties), Munich, Signal Publishing House.

Liens externes

Sites en allemand:

Sites en anglais:

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