Sels de lithium

Sels de lithium

Les sels de lithium constituent un traitement thymorégulateur, utilisé notamment dans le trouble bipolaire. Depuis leur introduction dans la pharmacopée psychiatrique, les sels de lithium ont été parmi les molécules les plus étudiées dans la littérature médicale, les publications sur leur efficacité dans les troubles de l’humeur notamment, atteignant parfois une cinquantaine d’articles par an. En se basant sur ces données, les sels de lithium peuvent être actuellement considérés comme le seul traitement thymorégulateur de référence actuellement disponible, si critères stricts de définition d’un thymorégulateur sont respectés à savoir une action antimaniaque et antidépressive en aigu et en prophylaxie. C'est le traitement de première intention dans les troubles bipolaires[1] mais comme il ne peut être breveté et n'a qu'un faible rapport financier, il n'attira jamais l'intérêt des grandes compagnies pharmaceutiques.

Sommaire

Description

Le mot lithium dérive du terme grec lithos, qui signifie pierre, parce que le lithium provient d’un minerai. C'est un élément chimique proche du sodium et du potassium. Il est largement répandu dans la nature, il est extrait des mines de la Caroline du Nord. L'organisme humain contient des quantités infimes de lithium. Il est prescrit en thérapeutique sous forme de sels (carbonate, sulfate ou acétate de lithium), essentiellement pour la prévention des rechutes des troubles de l’humeur (action thymorégulatrice, du grec thumos, humeur).

En France, ils sont commercialisés sous deux formes (orales) incluant le carbonate de lithium, comprimés dosés à 250 mg et à 400 mg à libération prolongée et le gluconate de lithium en ampoules buvables de 5 à 10 mL[réf. nécessaire].

Historique

La découverte des sels de lithium a été faite en 1817 par un étudiant suédois du nom de Johan Arvedson. Pourtant, il semble que l’utilisation des eaux alcalines dans le traitement de la manie, rapportée pour la première fois dans les écrits de Soranus d’Éphèse (IIe siècle av. J.-C.), remonterait au Ve siècle av. J.-C.

Le lithium fut utilisé en thérapeutique dès 1850 pour le traitement de la goutte et des rhumatismes après que Lipowitz eût démontré la solubilité dans l’eau de l’urate de lithium. La dose recommandée en 1857 par Garrod, devint dès lors un standard et apparut relativement sécuritaire puisque les intoxications au lithium n’étaient pas cliniquement significatives et ce, en dépit de l’usage répandu du lithium en prophylaxie antirhumatismale. À la même époque, le bromure de lithium était utilisé comme sédatif. Dès 1871, Hammond recommandait le bromure de lithium à titre de traitement le plus efficace des épisodes aigus de manie et de mélancolie. La dose prescrite s’avéra très élevée et suffisante pour entraîner une intoxication tant par le lithium que par le bromure. Par la suite, de 1880 jusqu’au début du XXe siècle, l’usage du lithium sous forme d’eau minérale se répandit dans le public pour traiter de nombreux malaises. En 1907, 43 produits médicinaux contenant du lithium étaient répertoriés dans le Merck Index et plusieurs effets secondaires tels faiblesse généralisée, tremblements, diarrhée, vomissements, ataxie et dysarthrie sont constaté. Les sels de lithium furent peu utilisés jusque vers la fin des années 1940.

À partir de 1948, les citoyens américains ayant besoin d’une diète pauvre en sodium eurent la possibilité de substituer le sel de table par une solution contenant 25 % de chlorure de lithium. L’usage des sels de lithium comme suppléments alimentaires était illimité. En 1949, après que plusieurs décès eurent été rapportés chez des individus soumis à des diètes pauvres en sodium, la FDA interdit tout usage des sels de lithium, tant comme médicament que comme supplément alimentaire. En 1949, John Cade, un psychiatre australien, mit en évidence les effets bénéfiques du carbonate de lithium dans la phase manie de la psychose maniacodépressive. La dose recommandée s’avéra efficace contre la manie mais suffisamment élevée et administrée assez longtemps pour causer des intoxications graves. Durant la décennie suivante, plusieurs rapports confirmèrent les découvertes de Cade, la plupart de ces rapports venant de France[réf. nécessaire]. En raison du potentiel toxique du lithium, cette thérapeutique fut, à toute fin pratique, ignorée jusqu’au milieu des années 50. Dès 1954, Mogens Schou tentait de doser le lithium dans le sang des sujets traités afin d’établir le seuil à partir duquel le lithium exerçait ces effets psychotropes et le niveau à partir duquel il exerçait ses effets toxiques. Ce n’est pourtant qu’en 1967, que l’intervalle thérapeutique de 0,6 à 1,3 mmol/L fut proposé. Ses travaux au Danemark hâtèrent l’acceptation de ce traitement aux États-Unis. En 1971, après une décennie d’études cliniques portant tant sur l’efficacité que sur la toxicité du lithium, la Food and Drug Administration (FDA) autorisa son utilisation dans le traitement de la maladie bipolaire.

Régulateur d'humeur

Le lithium est le régulateur de l’humeur le plus couramment utilisé dans le traitement des troubles bipolaires. Il est efficace chez près des trois-quarts des patients maniacodépressifs. Le lithium est un simple élément qui fait partie du groupe des métaux alcalins comprenant aussi le sodium et le potassium avec qui il partage plusieurs propriétés. Le mécanisme par lequel le lithium parvient à amoindrir autant les phases maniaques que les phases dépressives des troubles bipolaires est encore mal connu. Il pourrait altérer le transport du sodium à travers la membrane cellulaire et modifier ainsi la conduction nerveuse. Il augmenterait aussi l'activité du système sérotoninergique. Il pourrait également agir sur un système de second messager dans le neurone post-synaptique. En effet, certains neurotransmetteurs, lorsqu’ils se fixent sur leur récepteur post-synaptique, déclenchent une cascade de réactions biochimiques, dont l’une implique le second messager phosphatidylinositol.

Le lithium inhiberait l’enzyme chargée de transformer l’inositol phosphate en inositol libre, d'où une accumulation d’inositol phosphate qui pourrait avoir de nombreux effets dans le neurone post-synaptique. La principale difficulté liée à l'utilisation du lithium demeure son dosage, qui doit être très précis pour minimiser ses effets secondaires pouvant aller de la nausée, la diarrhée, la perte d’appétit ou la soif à l’insuffisance rénale. Si le traitement au lithium est de longue durée, les sels de lithium peuvent se déposer dans les reins et obstruer les tubes collecteurs et contournés, et entrainer de très graves ennuis rénaux.(source: hôpital de Nimes-Service Néphrologie).

Bibliographie

  • (en) Amdisen A. Clinical features and management of lithium poisoning. Med Toxicol Adverse Drug Exp. 1988 Jan-Dec; 3(1):18-32.PubMed
  • (en) Lôa H, Puech AJ, Boulenger JP. Lithium dans Pharmacologie clinique. Base de la thérapeutique, Giroud JP, Mathé G, Meyniel G (eds), 2e édition, Expansion Scientifique Française, Paris, 1971, pp.1264-1273.
  • (en) Yeragani VK, Gershon S. Hammond and lithium: historical update. Biol Psychiatry. 1986 Sep; 21(11):1101‑2.

Références

  1. Cinquante ans de traitement par le lithium dir : M. SCHOU L'Encéphale Vol 26, N° 2 - avril 2000

Liens externes


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