Septieme circonscription du Bas-Rhin

Septieme circonscription du Bas-Rhin

Septième circonscription du Bas-Rhin

Description géographique et sociologique

La septième circonscription du Bas-Rhin regroupe les cantons de la « Krummes Elsass » (Alsace Bossue) très majoritairement protestante, mais aussi les cantons très largement catholique de Saverne, Marmoutier et Hochfelden. De ce fait il s'agit de l'une des circonscriptions ayant la plus forte proportion de populations protestantes en France. Cette répartition confessionnelle a longtemps eu, et continue d'avoir, d'importantes conséquences politiques.

Elle est composée de trois cantons très largement protestants:

Deux cantons confessionnellement « mixtes » :

Enfin deux cantons très largement catholiques :


La septième circonscription est enfin très dialectophone. Selon certaines études il s'agirait de la région alsacienne où la pratique du dialecte reste la plus répandue aujourd'hui. Deux formes de dialecte alsacien sont ici présentes, celle d'héritage francique et celle de forme plus traditionnellement germanique. Historiquement la pratique du français y est restée très faible jusque dans les années 1950-1960, particulièrement en Alsace bossue.

Description politique

Circonscription majoritairement protestante et quasi-exclusivement dialectophone, l'arrondissement de Saverne avait été pendant l'entre-deux-guerres un fief des partis autonomistes, élisant le chef du « Fortschrittspartei » alsacien Camille Dahlet en 1928, 1932 et 1936. Ce dernier représentait, malgré son alliance avec le parti catholique alsacien, une tendance de centre-gauche autonomiste. Il se basait aussi sur la forte polarisation confessionnelle des votes dans la circonscription, opposant les cantons catholiques minoritaires aux cantons protestants, qui votaient majoritairement pour lui.

Les débuts de la cinquième république ne devait pas fondamentalement troubler cette division religieuse. Lors des élections de 1958, le MRP avait investi - ce qui apparut comme un paradoxe car l'on considérait le MRP en Alsace comme l'héritier du parti catholique - un protestant du pays de Hanau, G.Kuntz, qui fut élu contre un candidat indépendant catholique et le candidat gaulliste A.Westphal. En 1962 le siège de Saverne fut, comme l'ensemble des sièges alsaciens, emporté par un candidat gaulliste, A.Westphal, qui s'appuyait sur une solide implantation dans les cantons d'Alsace bossue. Il fut facilement réélu en 1967 et 1968, élections globalement très favorables au parti gaulliste en Alsace. Ne se distinguant pas des autres circonscriptions du département, l'arrondissement de Saverne accordait alors un score, qualifié de « soviétique » par les nostalgiques, de 84,2% au général De Gaulle en 1965. Ce faisant, elle montrait son légitimisme envers le président sortant, ainsi que, plus largement, la fidélité des populations alsaciennes à la personne de De Gaulle.

Dans ce contexte de domination très large des gaullistes, qui s'appuyait principalement sur les cantons protestants d'Alsace bossue et de Bouxwiller, les élections de 1973 provoquèrent un double choc. D'une part le député sortant fut battu par un candidat très peu connu alors; le réformateur Adrien Zeller, mais de plus la circonscription élisait pour la première fois un député catholique. Adrien Zeller dominait de fait à Saverne, Marmoutier, Hochfelden et Sarre-Union, l'Alsace Bossue renouvelant sa confiance à A.Westphal. Rapidement A.Zeller sût consolider sa position, et fut réélu au premier tour en 1978 (57%), 1981 (72%), 1986 (en menant la liste UDF), 1988 (53%) et 1993 (53%). Son positionnement politique évolua d'un centrisme très proche du centre-gauche - A.Zeller était alors qualifié de « poil-à-gratter » du centrisme alsacien - vers une intégration plus traditionnelle au sein de la démocratie-chrétienne et du CDS. Il se distingua aussi par une forte volonté régionaliste, ce qui l'amena même à fonder un parti, « Initiatives Alsaciennes », de centre-droit, qui fit élire certains de ses représentants (P.Richert ou JJ.Weber) au début des années 1980. Adrien Zeller était alors ouvertement critiqué par les gaullistes, qui ne purent cependant le battre en 1978, et le soutinrent en 1981 et par la suite.

Après avoir occupé des responsabilités au sein du gouvernement Chirac II (1986-1988), A.Zeller échoua en 1992 à devenir président du conseil régional, poste auquel il fut cependant élu après le décès de Marcel Rudloff en 1996. Ces nouvelles responsabilités, ainsi que sa remarquable longévité, expliquent sa mise en ballottage par le candidat FN Yvan Blot en 1997. A.Zeller fut cependant réélu au second tour avec plus de 68%, à cette occasion on remarquait cependant qu'il ne dépassait plus la majorité absolue au premier tour que dans le canton de Hochfelden. Suite à sa réélection à la présidence du conseil régional en 1998, il choisit de démissionner de son poste de député pour se consacrer à ses responsabilités alsaciennes. Son suppléant Emile Blessig fut élu en partielle contre Y.Blot, et réélu dès le premier tour en 2002 (54,5%). Il est par ailleurs conseiller général de Saverne.

Passée du fief gaulliste à la domination du centrisme et du centre-droit, la circonscription de Saverne est très largement dominée par la droite et le centre-droit, avec cependant une forte importance de l'extrême-droite. Globalement la démocratie-chrétienne détient l'ensemble des cantons, à l'exception de Sarre-Union tenu par l'ancien RPR D.Lieb, et réalise ses meilleurs scores à Marmoutier, Hochfelden et Saverne. L'Alsace bossue lui accorde cependant aussi de très larges majorités, le canton de La Petite-Pierre étant détenu par le sénateur et président du conseil général Philippe Richert. La gauche a longtemps réalisé des scores très médiocres, ne réussissant pas à mettre A.Zeller, dont le profil très indépendant des partis plaisait, en ballottage en 1978,1981, 1988 et 1993. En 1997 la gauche a été absente du second tour au profit du FN. En 2002 elle n'a pu empêché la réélection d'E.Blessig au premier tour. Elle réalise cependant de meilleurs scores à Saverne, mais reste très faible en Alsace bossue et dans le pays de Hanau. L'extrême-droite, à l'opposé, est apparue comme le principal adversaire de la domination du centre-droit, dépassant la gauche dès 1988. Elle réalise de très bons scores dans le pays de Hanau, ainsi qu'en Alsace bossue, mais aussi dans les communes protestantes du canton de Hochfelden. Ses résultats sont moindres à Marmoutier, mais restent supérieurs à la moyenne alsacienne. L'opposition entre FN et Alsace d'Abord est par ailleurs très aiguë dans l'ensemble de la circonscription, lors des régionales de 2004 Alsace d'Abord a réalisé son meilleur score à Bouxwiller.

Les élections nationales ont de plus marquée une évolution vers la droite de l'arrondissement de Saverne. Comme peu de région française, la circonscription a accordé un meilleur résultat à Valéry Giscard d'Estaing en 1981 (70%) qu'en 1974 (66%). Cette augmentation fut particulièrement sensible dans les cantons protestants. En 1988, J.Chirac l'emportait avec 52,8%, F.Mitterrand le battait cependant dans une partie de l'Alsace bossue. Entre 1988 et 1995 on remarqua un important transfert de votes socialistes vers J.M Le Pen. Celui-ci se plaçait en tête de tous les candidats en 1995 (28,8%) devant E.Balladur (26,2%), J.Chirac (15,7%) et L.Jospin (12,8%). Au second tour J.Chirac dépassait 60% (60,4%). En 2002 J.M Le Pen arrivait à nouveau en tête (25,3%) devant J.Chirac (18,3%) et F.Bayrou (12,3%). L.Jospin y réalisait, comme en 1995, l'un de ses plus mauvais résultats nationaux (8,7%).

Lors des élections présidentielle et législatives de 2007, sont partiellement réapparus d'anciennes nuances à l'intérieur d'une domination encore renforcée des partis de droite et de centre-droit. À l'occasion du premier tour N.Sarkozy arrivait en tête avec 35,7% des voix, devançant nettement F.Bayrou, qui réalisait ici son meilleur score alsacien avec 23,7%, J-M Le Pen atteignait lui aussi sa meilleure performance régionale, avec 16,2% des voix, enfin S.Royal ne récoltait que 12,3% des voix, l'un de ses plus mauvais résultats nationaux. Le candidat UMP réalisait une série de résultats contrastés, dépassant 40% à Hochfelden, 35% à Saverne, Marmoutier et Drulingen, mais se situait près de 30% à La-Petite-Pierre et Bouxwiller. Le candidat UDF retrouvait la carte traditionnelle de la démocratie-chrétienne dans cette circonscription, dépassant 25% à Saverne et Hochfelden, les frôlant à Marmoutier, enfin il réalisait un très bon score dans le pays de Hanau, avec 25%, ses résultats restaient plus faibles en Alsace Bossue. Le candidat FN, qui accusait une baisse de 9 points très sensiblement obtenue par N.Sarkozy et F.Bayrou, dépassait tout de même encore 20% à La-Petite-Pierre, et frôlant cette barre aussi bien en Alsace Bossue que dans le Pays de Hanau, bien qu'il fût loin de ses précédents résultats. Enfin la candidate PS ne dépassait la barre des 15% dans aucun canton, réalisant des scores inféreieurs à 12% en Alsace Bossue. Le second tour devait confirmer les tendances exprimées le 22 avril, N.Sarkozy l'emportant avec plus de 70% (70,1%), dépassant largement cette barre à Drulingen, Sarre-Union, Marmoutier, Hochfelden, s'en approchant à Saverne et La-Petite-Pierre. Il avait incontestablement bénéficié d'un très bon report des électeurs de F.Bayrou et de J-M Le Pen sur son nom.

À l'image d'une circonscription massivement ancrée à droite devait s'ajouter le prolongement de l'affrontement entre la droite et le centre-droit lors des élections législatives de juin. La plupart des observateurs s'accordaient en effet pour prévoir un duel de second tour entre les deux anciens « poulains » d'A.Zeller, le député sortant UMP E.Blessig, conseiller général de Saverne, et le maire du chef-lieu, T.Carbiener (Modem), dont le soutien à F.Bayrou avait sans doutes eu une certaine influence lors de la présidentielle. Le duel tourna court, à la surprise de beaucoup, avec la réélection dès le premier tour d'E.Blessig, qui obtenait plus de 60% des voix et améliorait encore son score de 2002. Le maire de Saverne se plaçait à une lointaine seconde place, n'obtenant que 14% des voix, largement devancé dans l'ensemble des cantons et sur sa ville. La candidate PS et le candidat FN réalisaient des scores comparables et faibles, un peu plus de 6%.

À l'issue de ces élections, la circonscription s'est nettement positionnée à droite, permettant à N.Sarkozy de réaliser ici l'un de ses meilleurs scores nationaux au second tour. Ici, comme ailleurs en Alsace, tant l'électorat UDF, que celui du FN, s'est facilement reporté sur le candidat de la droite. L'orientation d'autonomie du centre a par ailleurs été sévèrement sanctionné par les électeurs, le candidat Modem pourtant implanté ne réalisant qu'un score en retrait de 10 points de celui de F.Bayrou, et ne bénéficiant plus des bons scores de la présidentielle. À l'inverse E.Blessig a su bénéficier dès le premier tour d'une part considérable de voix FN et UDF, ce qui lui a permis de dépasser 60%. La carte électorale de la circonscription change peu, mais ce sont les écarts qui se sont creusés au profit de la droite. Celle-ci domine avec plus de 70% à la présidentielle dans le Sud Catholique (Marmoutier, Hochfelden), mais aussi en Alsace Bossue et à Bouxwiller. Le vote pour le député sortant accentue quelque peu son implantation locale, décalant celle-ci vers Saverne. À l'inverse la gauche réalise ici parmi ses plus mauvaises performances nationales, tant à la présidentielle qu'aux législatives, et ne dispose pas de réels point de force. Le FN a mieux résisté ici que dans le reste de l'Alsace, mais il partait de plus haut, et son implantation ne dépasse plus 20% que dans un seul canton, par ailleurs sa chute s'est amplifiée lors des législatives.

Historique des députés

Législature Député élu Parti politique Mandat local
1958-1962 Georges Kuntz Indépendant app MRP Conseiller général de Bouxwiller
1962-1967 Alfred Westphal UNR-UDT Conseiller général de Drulingen
1967-1968 Alfred Westphal UDVe Conseiller général de Drulingen
1968-1973 Alfred Westphal UDR Conseiller général de Drulingen
1973-1978 Adrien Zeller Réformateurs démocrates sociaux Maire de Saverne
1978-1981 Adrien Zeller Non-inscrit Maire de Saverne
1981-1986 Adrien Zeller Non-inscrit, puis UDF Maire de Saverne
1986-1988 Adrien Zeller UDF-CDS Maire de Saverne
1988-1993 Adrien Zeller UDF-CDS Maire de Saverne
1993-1997 Adrien Zeller UDF-CDS Maire de Saverne
1997-1998
1998-2002
Adrien Zeller
Émile Blessig
UDF-CDS
UDF-CDS
Maire de Saverne
Conseiller général de Saverne
2002-2007 Émile Blessig UMP Conseiller général de Saverne
2007-2012 Émile Blessig UMP Conseiller général de Saverne


  • À la suite de sa réélection à la tête du conseil régional d'Alsace en mars 1998, Adrien Zeller a démissionné de son poste de député. Emile Blessig fut élu lors de l'élection partielle organisée pour pourvoir le siège vacant.
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