Sherwood Anderson

Sherwood Anderson
Portrait de Sherwood Anderson par Carl van Vechten (1933)

Sherwood Anderson est un romancier américain (13 septembre 1876, Camden, Ohio - 8 mars 1941, Panama), surtout connu pour ses nouvelles, notamment le recueil Winesburg, Ohio, qui met en scène de petites gens, des personnages parfois frustrés de leur vie et dont l'action se situe dans l'Ohio.

Il a influencé quelques grandes figures de la fiction américaine, notamment Ernest Hemingway, William Faulkner, Thomas Wolfe, John Steinbeck ou Erskine Caldwell[1].


Sommaire

Biographie

Il a emmagasiné une riche expérience sociale avant de devenir écrivain. Il est né dans une famille rurale pauvre, déménageant fréquemment. Sa mère était d'origine italienne. Son père était un conteur impénitent d'histoires imaginaires sur sa propre vie. Le jeune Sherwood a dû interrompre ses études peu après l'âge de quatorze ans. Il fut combattant à Cuba dans la guerre hispano-américaine. Après sa démobilisation, il fut administrateur d'une usine de vernis dans une petite ville de l'Ohio. Il abandonna cette situation sans prévenir pour aller travailler dans une agence de publicité. Sa vocation littéraire fut la plus forte. Il quitta tout, femme, enfants et situation bien rémunérée, pour rejoindre à Chicago un groupe de journalistes et d'écrivains radicaux dont Theodore Dreiser. Le succès vint en 1919 grâce à ses nouvelles, même si plus tard sa carrière connut des hauts et des bas.

Sherwood Anderson eut une influence décisive sur la jeune génération des Faulkner et des Hemingway. Son art de nouvelliste chaleureux, amusé et incisif fait merveille dans les recueils Winesburg, Ohio et Le Triomphe de l'œuf.

Cependant, il est aujourd'hui un auteur largement méconnu, peu réédité et sous-estimé, notamment en France (comme Theodore Dreiser).

Pauvre Blanc est son roman le plus réputé.

Le « pauvre blanc » de cette histoire est Hugh Mc Vey, « né dans un trou perdu, une petite ville accrochée tant bien que mal sur une zone marécageuse de la rive droite du Mississippi, dans l'État du Missouri. C'était, pour venir au monde, un endroit lamentable. » Son père d'origine sudiste est valet de ferme puis ouvrier dans une tannerie. Après son licenciement, il sombre dans l'alcoolisme. Le jeune Hugh ne sort de son hébétude que grâce à la femme d'un cheminot, Sarah Shepard. Originaire de Nouvelle-Angleterre, elle se sent « invaincue et invincible », « au sein de la communauté des sans-espoir » dont est issue le jeune Hugh. Elle prend donc en mains son éducation d'une poigne énergique et généreuse. La transformation du jeune campagnard en inventeur de machines s'opère dans les années 1890 où les petites villes du Middle West deviennent des mégapoles.

L'intrusion du capitalisme industriel donne la fièvre à tout le monde dans la petite ville de Bidwell, Ohio. « Le cri de guerre : réussir dans la vie. » Les gens de toutes les conditions sociales sont bousculés, brisés ou entraînés dans le mouvement. Partout dans le pays, les magnats tels que les Morgan, les Gould, les Carnegie, les Vanderbilt, « serviteurs du nouveau roi » se donnent « des airs de créateurs » note ironiquement le romancier ; alors qu'ils ne font que profiter des inventions et du travail des autres. « La pensée et la poésie moururent ou passèrent pour archaïques aux yeux d'hommes serviles et faibles qui embrassaient la nouvelle religion. » (page 52) Des jeunes gens sans talent sont payés pour porter aux nues les mérites des nouveaux milliardaires « comme des marques de biscottes ou d'aliments pour le petit déjeuner que l'on veut promouvoir. » (page 79) Une propagande, qui continue à sévir aux États-Unis, est lancée et martelée « dans le dessein de créer l'illusion qui veut que grandeur d'âme soit synonyme de richesse. »

Hugh est à la fois un acteur et un instrument de l'industrialisation. « ...pratiquement tout brevet devenait un point aimanté autour duquel se formait une société industrielle. » Comme beaucoup d'hommes et de femmes de sa génération qui n'ont pas basculé dans le cynisme recuit des hommes d'affaires, la sensibilité d'Hugh Mc Veigh est déchirée. Elle ne parvient pas à s'adapter à ce mouvement économique brutal et trépidant.

Sherwood Anderson exprime avec délicatesse les mouvements psychologiques complexes de ses nombreux personnages. Avec une belle audace tranquille pour son époque, il met à mal le puritanisme en traduisant avec tact les émois sexuels des jeunes hommes et des jeunes femmes dans ce contexte tumultueux.

«  C'étaient d'importants hommes d'affaires, mentors des temps modernes, appartenant à cette race d'hommes qui, à l'avenir, en Amérique et peut-être dans le monde entier, allaient participer à la composition des gouvernements, former l'opinion publique, diriger la presse, éditer les livres, patronner les arts et qui parfois, dans leur grandeur d'âme, allaient subvenir aux besoins d'un poète à moitié mort de faim et insouciant de l'avenir, vivant dans un autre univers[2]. »

Alors qu'il se rendait en Amérique du Sud en bateau en compagnie de sa quatrième femme Eleanor, il contracte une péritonite, après voir avalé accidentellement un cure-dent en mangeant des olives quelques jours plus tôt[3] et meurt le 8 mars 1941.

Œuvre

Romans
  • Windy McPherson's Son, (1916)
  • Winesburg, Ohio, (1919)
  • Poor White, (1920)
  • Many Marriages, (1923)
  • A Story-Teller's Story, (1924)
  • Dark Laughter, (1925)
  • A Meeting South, (1925)
  • Tar: A Midwest Childhood, (1926)
  • Alice: The Lost Novel, (1929)
  • Beyond Desire, (1932)
  • Kit Brandon, (1936)
  • Home Town, (1940)
  • Lives of Animals, (1966)
  • No Swank, (1970)
  • Perhaps Women, (1970)
  • Nearer the Grass Roots, (1976)
  • The Teller's Tale, (1982)
Nouvelles
  • Triumph of the Egg, (1921)
  • Horses and Men, (1923)
  • Hello Towns, (1929)
  • Early Writings of Sherwood Anderson, (1989)
  • The Selected Short Stories of Sherwood Anderson, (1995)
  • Southern Odyssey: Selected Writings By Sherwood Anderson, (1998)
Théâtre
  • Winesburg and Others, (1937)
  • Ten Short Plays, (1972)
Essai
  • Death in the Woods, (1933)
  • Puzzled America, (1935)
  • Return to Winesburg, Ohio, (1967)
  • The Buck Fever Papers, (1971)
  • Sherwood Anderson and Gertrude Stein: Correspondence and Personal Essays, (1972)
Autres
  • Marching Men, (1917)
  • Sherwood Anderson's Memoirs, (1924, mémoires)
  • An Exhibition of Paintings By Alfred H. Maurer, (1924, récit)
  • Modern Writer, (1925, récit)
  • Sherwood Anderson's Notebook, (1926, mémoires)
  • Onto Being Published, (1930, non-fiction)
  • Dreiser: A Biography, (1936, récit)
  • San Francisco at Christmas, (1940, mémoires)
  • The Memoirs of Sherwood Anderson, (1968, mémoires)
  • The Writer at His Craft, (1978, récit)
  • Paul Rosenfeld: Voyager in the Arts, (1978, récit)
  • Selected Letters: 1916 – 1933, (1984, lettres)
  • Writer's Diary: 1936 - 1941, (1987, mémoires)
  • Love Letters to Eleanor Copenhaver Anderson, (1990, lettres)

Notes et références

  1. Sherwood Anderson : A Brief Biography [1]
  2. Extrait de ce roman, page 148
  3. (en) | Sherwood Anderson: A writer in America, p. 401

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) John Earl Bassett, Sherwood Anderson : an American career, Susquehanna University Press, Selinsgrove, Pa., 2006, 146 p. (ISBN 1-575-91102-7)
  • (en) Robert Dunne, A new book of the grotesques : contemporary approaches to Sherwood Anderson's early fiction, Kent State University Press, Kent (Ohio) ; Londres, 2005, 134 p. (ISBN 0-87338-827-5)
  • (en) Walter Bates Rideout, Sherwood Anderson : a writer in America, University of Wisconsin Press, Madison, 2 vol., vol. 1 : 2006, 833 p. (ISBN 978-0-299-21530-9) ; vol. 2 : 2007, 466 p. (ISBN 978-0-299-22020-4)
  • (en) Judy Jo Small, A Reader's guide to the short stories of Sherwood Anderson, G.K. Hall, Macmillan, New York, 1994, 446 p. (ISBN 0-8161-8968-4)
  • (fr) Claire Bruyère, Sherwood Anderson : l'impuissance créatrice, Klincksieck, Paris, 1985, 370 p. (ISBN 2-86563-117-6) (thèse remaniée)
  • (fr) Claire Bruyère, Sherwood Anderson : le grotesque tendre, Belin, Paris, 2001, 127 p. (ISBN 2-7011-2907-9)
  • (fr) Sylvie Laurent, Du pauvre blanc au « poor white trash » dans le roman américain et son arrière-plan depuis 1920, Université de Paris 4, 2007, 2 vol. 473 p. (thèse de Littérature américaine)

Liens externes


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