Shigeru Ishiba

Shigeru Ishiba
Shigeru Ishiba, le 8 novembre 2007.

Shigeru Ishiba (石破 茂, Ishiba Shigeru?, né le 4 février 1957 à Kōge, partie aujourd'hui du bourg de Yazu, dans la préfecture de Tottori), est un homme politique japonais, membre du Parti libéral démocrate. Il fut ministre de la Défense du Japon du 30 septembre 2002 au 27 septembre 2004[1] et du 26 septembre 2007 au 1er août 2008 puis de l'Agriculture, des Forêts et de la Pêche du Cabinet de Tarō Asō du 24 septembre 2008 au 16 septembre 2009.

Sommaire

Origines et formation

Diplômé de l'Université Keiō, il est à partir de 1976, et jusqu'à son entrée en politique en 1986, employé de la banque Mitsui.

Il s'intéresse très tôt à la politique, dans laquelle il baigne depuis l'enfance du fait de son environnement familial. Ainsi, son père, Jirō Ishiba, fut gouverneur de Tottori de 1958 à 1974 puis membre PLD de la Chambre des conseillers, la chambre haute de la Diète, de 1974 à sa mort en 1981 mais surtout ministre de l'Intérieur et président de la Commission nationale de la Sécurité publique du 17 juillet au 17 décembre 1980 dans le Cabinet de Zenkō Suzuki.

Carrière politique

Les débuts

Il est élu comme représentant du 1er district de la préfecture de Tottori (à savoir la ville de Tottori et les environs directs) depuis 1986. En 1993, il fait partie des élus du PLD qui quittent ce parti pour fonder le Shinseitō, ou Parti de la Renaissance, qui devient en 1994 Shinshinto ou Parti de la nouvelle frontière. Cette formation est au cœur alors de la coalition anti-PLD qui gouverne le Japon jusqu'en 1994 puis une importante force d'opposition jusqu'à sa dissolution en 1997. Shigeru Ishiba rejoint à ce moment-là le PLD.

La faction au sein du PLD

Membre au sein du PLD de la faction Hashimoto devenue depuis la faction Tsushima[2], qui défend notamment des positions plus keynésienne en matière d'économie, notamment en défendant le maintien des dépenses sociales de l'État, des relations plus proches avec la République populaire de Chine ou la Corée du Sud ou encore une gestion plus traditionnelle du parti, basée sur les factions, une certaine bureaucratie et un électorat plutôt rural. Bien que cette faction, qui est l'une des principales tendances au sein du Jiminto, ait généralement été présentée comme opposée à la faction Machimura un temps menée par Jun'ichirō Koizumi avant que celui-ci ne se retire du jeu des factions, plusieurs de ses membres, dont Ishiba, ont soutenu Koizumi.

Shigeru Ishiba est considéré comme la personnalité montante de cette faction et comme le représentant d'une nouvelle génération politique opposée notamment à la vieille garde incarnée par Fukushiro Nukaga ou Kunio Hatoyama.

Son premier passage à la défense

Shigeru Ishiba et le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, le 15 novembre 2003

Il fut ainsi ministre d'État et directeur de l'Agence de défense du Japon à la fin du 87e Cabinet du Japon (le premier mené par Koizumi) et dans le 88e, du 30 septembre 2002 au 27 septembre 2004. À ce poste, il soutient fortement la participation japonaise à la coalition militaire menée par les États-Unis en Irak. Il a alors été à l'origine de la loi de mesures spéciales pour aider la reconstruction de l’Irak de juillet 2003 et à sa mise en application par le déploiement à partir du 26 janvier 2004 des Forces japonaises d'autodéfense, uniquement dans un but humanitaire et de reconstruction[3].

Ministre de la Défense de Yasuo Fukuda

Ayant soutenu tout d'abord Tarō Asō contre Shinzō Abe lors de l'élection du président du PLD en 2006, il soutient l'année suivante, comme une grande majorité de la faction Tsushima, Yasuo Fukuda contre Asō. Il devient donc à partir du 26 septembre 2007 ministre de la Défense dans le 91e Cabinet mené par Fukuda.

Le 20 décembre 2007, deux jours après que Nobutaka Machimura, chef du secrétariat du cabinet et donc n°2 et porte-parole du gouvernement, se soit dit « absolument persuadé » de l'existence des Ovni, Shigeru Ishiba fait à son tour une déclaration en ce sens : « Il n'y a rien qui nous permet de nier l'existence d'objets volants non identifiés et d'une forme de vie qui les contrôle », appelant alors à la nécessité de définir à un « cadre légal » et donc d'un plan d'intervention des Forces d'autodéfense en cas d'une hypothétique invasion extraterrestre[4]. La « loi fondamentale sur l'espace » du 21 mai 2008 s'est ainsi surtout fait remarquer pour avoir permis que l'espace soit désormais considéré comme un « moyen de garantir la paix et la sécurité internationales, d'assurer la sécurité du pays » et de permettre la défense de l'humanité[5].

Campagne à la présidence du PLD puis ministre de l'Agriculture

Le 1er aout 2008, Shigeru Ishiba est démis de ses fonctions suite à un remaniement ministériel où 13 des 17 membres du gouvernement sont remerciés. Cependant, un mois plus tard, Yasuo Fukuda démissionne de ses postes de Premier ministre et président du PLD. Ishiba entre dans la course à sa succession, en mettant l'accent sur les questions diplomatiques et de sécurité, questions qui selon lui sont indispensables pour assurer le cadre de vie moyen des citoyens. Sur le plan budgétaire et économique, il adopte une approche plutôt keynésienne en appelant à l'abandon de la politique de rigueur mise en place jusqu'alors par le gouvernement et en se prononçant pour des dépenses publiques supplémentaires afin de relancer l'économie tout en envisageant de les financer par une hausse d'impôt[6]. Uniquement soutenu par une partie de sa faction (essentiellement issue de la jeune génération de parlementaires du Heiseikai), le jour du scrutin 22 septembre 2008, tout comme Kaoru Yosano, Nobuteru Ishihara et Yuriko Koike, il est largement battu par Tarō Asō à l'élection du président du PLD en n'obtenant que 25 voix, et en arrivant en dernière position, contre 351 au vainqueur[7].

Il intègre toutefois, le 24 septembre 2008, le nouveau gouvernement formé par Tarō Asō, en tant que ministre de l'Agriculture, des Forêts et de la Pêche. Il s'y attache à promouvoir la consommation de riz, en constante baisse depuis les années 1960 alors que cette céréale constitue tout à la fois un élément central de la culture nippone et la principale production de l'agriculture japonaise. Le plan proposé, d'un montant de 200 millions de yens (soit près de 1,7 million d'euros) déjà investis en 2008, vise à faire passer la quantité annuelle moyenne de riz mangées par les Japonais de 61 à 63 kilos par le biais de campagnes de publicité sur l'importance de l'aliment au petit-déjeuner, de cours dispensés afin d'apprendre aux Japonais comment faire des nouilles à base de riz et de l'augmentation des rations de la céréale dans les plats servis dans les cantines scolaires[8]. D'autres mesures sont envisagées afin d'accroître l'autosuffisance alimentaire d'un pays consommant de plus en plus des aliments « occidentaux » et donc issus de l'importation, le ministre projetant de faire monter à 50%, sur une période de dix ans, le taux d'autosuffisance contre officiellement 40 % en 2008 (soit le taux le plus bas des pays industrialisés). Il s'agit notamment de faire passer la production annuelle de farine de riz de 10 000 à 500 000 tonnes, celle du blé de 910 000 à 1,8 million de tonnes et celle du soya de 230 000 à 500 000 tonnes, d'inciter les agriculteurs à produire 260 000 tonnes de riz destinées aux animaux d’élevage, et de développer le secteur laitier, tout cela en utilisant des terres jusqu'alors en friches[9].

Pour ce qui est de la pêche, il défend avec fermeté la possibilité pour le Japon de continuer sa chasse à la baleine à des « fins scientifiques », refusant la proposition du président de la Commission baleinière internationale (CBI) - qui était que les prises du Japon dans l'Antarctique soient substantiellement diminuées, voire réduites à zéro, en échange de quoi les pêcheurs japonais de quatre villes côtières obtiendraient le droit de chasser la baleine de Minke près de l'archipel - en déclarant que : « Le Japon ne pourra accepter de proposition qui lui interdirait de continuer à pêcher la baleine dans l'intérêt de la recherche »[10].

Une des figures de l'opposition

Un des rares députés du PLD à conserver sa circonscription lors des élections législatives du 30 août 2009, il est choisi le 29 septembre suivant par le nouveau président du parti, Sadakazu Tanigaki, pour prendre la présidence de son Conseil de Recherche politique. Cet organe, qui en fait le quatrième dans la hiérarchie du mouvement, est chargé de définir le programme futur de ce qui est devenu la nouvelle première force d'opposition au parlement. Il apparaît bientôt comme l'un des trois membres de ce que Tanigaki appelle la « prochaine génération » des dirigeants du parti, avec deux autres quinquagénaires ayant aussi accédé à la notoriété en tant que ministres de Koizumi et candidats à la présidence du PLD en septembre 2008, Nobuteru Ishihara et Yuriko Koike[11]. En plus de sa fonction de président du Conseil de recherche politique, il devient avec ces deux derniers vice-président du Next Japan, le cabinet fantôme formé par Tanigaki du 6 avril au 22 septembre 2010. Après le remplacement par ce dernier par un Shadow Cabinet le 22 septembre 2010, il y est nommé par Tanigaki Secrétaire général fantôme du Cabinet, chargé de contrer Yoshito Sengoku.

Controverses

L'un des faits marquant lors de son deuxième passage au ministère de la Défense reste le scandale né suite à la collision, le 19 février 2008, au sud de Tokyo, entre un destroyer de la marine japonaise, l'Atago, récemment armé et mis en service actif, et un bateau de pêche dont les membres d'équipage, un père et son fils, n'ont pas été retrouvés[12].

De nombreuses contradictions sont ensuite apparues au grand jour dans les déclarations de l'armée ou du ministère, ce dernier finissant par reconnaître que le destroyer avait aperçu le chalutier 12 minutes avant de le percuter, au lieu des 2 minutes qui avaient été préalablement avancées. Un laps de temps mis en doute notamment par le capitaine d'un autre bateau de pêche qui naviguait dans les environs de l'accident et qui a déclaré avoir repéré le destroyer 37 minutes avant l'impact, sans disposer de la technologie avancée du bâtiment militaire (équipé notamment du radar Aegis, de conception américaine)[13]. De plus, le ministre de la Défense avait été prévenu près d'une heure et demi après l'accident, et le Premier ministre deux heures.

Le commandant en chef de la Marine, l'amiral Eiji Yoshikawa, a été limogé et une réforme de l'armée a été annoncée[14].

Cela a toutefois semblé insuffisant à l'opposition qui a ainsi appelé à la démission d'Ishiba, accusé d'avoir voulu étouffer l'affaire, un hélicoptère ayant ainsi emmené, quelques heures seulement après la collision et sans en informer les gardes côtes chargés de mener l'enquête, l'officier de quart de l'Atago pour qu'il soit interrogé au ministère en présence du ministre lui-même[15]. Suite à cela, Shigeru Ishiba, malgré le soutien du Premier ministre à son égard, a lui-même reconnu être « prêt à cette éventualité », à savoir la démission, tout en précisant qu'il « ne partirait pas sans avoir mûrement réfléchi »[16].

Une des personnalités les plus impopulaires du gouvernement en raison de ce scandale, il n'est pas reconduit dans le Cabinet remanié de Yasuo Fukuda formé le 1er août 2008.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Références

  1. Le ministère de la Défense n'existait pas alors, l'équivalent gouvernemental étant exercé par un ministre d'État directeur de l'Agence de défense du Japon. Le Japon s'est doté d'un ministère de la Défense de plein exercice le 15 décembre 2006, remplaçant alors l'Agence de défense à partir du 9 janvier 2007
  2. Profil biographique sur le site du Japan Times
  3. «Le gouvernement donne l’ordre de déploiement aux Forces d’autodéfense. », Dépêche de la Foreign Press Center sur le site de l'Ambassade du Japon en France, 05/02/2004
  4. « Le ministre de la Défense du Japon, Shigeru Ishiba, a estimé jeudi que l'existence des ovnis était plausible », Dépêche AFP, 20/12/2007
  5. « Le Japon lève les restrictions pour utiliser l'espace à des fins défensives », dépêche AFP in Aujourd'hui le Japon, 22/05/2008
  6. (en) Kyodo News, « 6TH LD: 5 lawmakers file candidacies for LDP leadership », BNet, 15/09/2008
  7. Taro Aso désigné prochain Premier ministre par le parti au pouvoir sur Aujourd'hui le Japon, AFP, 2008. Consulté le 22 septembre 2008
  8. H. THIBAULT, « Le gouvernement demande aux Japonais de manger plus de riz », Aujourd'hui le Japon, 05/12/2008
  9. « Le Japon accroît son autosuffisance alimentaire », Laterre.ca, 05/01/2009
  10. (en) D. RAIZON, AFP, « Le Japon en première ligne contre la CBI », RFI, 03/02/2009
  11. (en) A. MARTIN, « LDP's Koike, Ishihara get top posts », The Japan Times, 10/09/2010
  12. « Et si l'armée japonaise n'etait pas aussi forte que ce que l'on croit ? », Dépêche AFP reprise par Aujourd'hui le Japon, 21/02/2008
  13. « Japon: la marine sur la défensive après la destruction d'un bateau de pêche », Dépêche AFP reprise par Aujourd'hui le Japon, 22/02/2008
  14. « Japon: le Premier ministre promet une réforme du ministère de la Défense », Dépêche AFP reprise par Aujourd'hui le Japon, 25/02/2008
  15. « Accident naval au Japon: l'étau se resserre autour du ministre de la Défense », Dépêche AFP reprise par Aujourd'hui le Japon, 28/02/2008
  16. « Accident naval au Japon: le ministre de la Défense évoque une démission », Dépêche AFP reprise par Aujourd'hui le Japon, 03/03/2008



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Shigeru Ishiba de Wikipédia en français (auteurs)

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