Shintarô Ishihara

Shintarô Ishihara

Shintarō Ishihara

Shintarō Ishihara

Shintarō Ishihara (石原 慎太郎 Ishihara Shintarō), né le 30 septembre 1932, est un écrivain et homme politique japonais. Il est l'actuel gouverneur de la préfecture de Tōkyō.

Il reçut en 1955, à l'âge de vingt-trois ans, le prix Akutagawa, le prix littéraire le plus prestigieux du Japon, pour son roman La Saison du soleil (太陽の季節, Taiyo no Kisetsu). Il est également président du club de soutien de la Totsuka Yacht School et membre de la Société japonaise pour la réforme des manuels d'histoire.

Yūjirō Ishihara (石原 裕次郎), l'un des plus célèbres acteurs japonais, mort en 1987, était son frère cadet. Le ministre Nobuteru Ishihara (石原 伸晃) est son fils aîné, l'acteur Yoshizumi Ishihara (石原 良純) son deuxième fils, et le député Hirotaka Ishihara son troisième fils. La famille Ishihara est une des familles les plus en vue de la politique japonaise.

Sommaire

Biographie

  • Shintaro Ishihara naît le 9 septembre 1932 à Kōbe (Kōbeshisumaku 神戸市須磨区) dans la préfecture de Hyogo. Son père Kiyoshi (潔), originaire de la préfecture Ehime (sur l'île de Shikoku) travaillait pour la compagnie de transport Yamashita Kisen (山下汽船), sa mère était originaire de la préfecture d'Hiroshima.
  • Le 17 juillet 1934 naît son frère cadet Yūjirō Ishihara.
  • En 1937, son père Kiyoshi étant nommé à la tête de la filiale d'Hokkaido, la famille part s'installer dans la ville de Otaru.
  • En 1944, après la nomination de son père à la maison-mère, la famille déménage à Zushi dans la préfecture de Kanagawa.
  • En 1948, il rentre au lycée Shōnan de la préfecture de Kanagawa.
  • En 1949, il est absent pendant un an de l'école. Il part en France étudier la langue française.
  • En 1951, son père meurt d'une hémorragie cérébrale.
  • En 1956, il se marie avec Noriko (典子), jeune fille de dix-huit ans.
  • Le 23 janvier 1956, il reçoit le trente-quatrième Prix Akutagawa pour son roman La Saison du Soleil (太陽の季節). À vingt-trois ans, il devient alors le plus jeune des lauréats à recevoir ce prix. Le 3 mars, il est diplômé en droit public de l'Université Hitotsubashi.
  • Le 19 avril 1957 naît son premier enfant, Nobuteru Ishihara.
  • En 1958, il est engagé par le studio de cinéma Toho pour diriger le film Jeune Brute (若い獣 Wakai kedamono).
  • Le 15 janvier 1962, son second garçon voit le jour, Yoshizumi Ishihara.
  • En 1965, il entre en politique et adhère au parti libéral-démocrate PLD.
  • En 1967, il est envoyé par le journal Yomiuri Shimbun pour couvrir la guerre du Viêt Nam.
  • En 1968, sous les couleurs du PLD il est élu à la Chambre des conseillers, chambre haute de la Diète, avec un record historique de 300 000 de voix.
  • En 1972, il change de quartier électoral et est élu à la chambre des représentants (Shûgi-in), la chambre basse de la Diète. Il sera réélu sept fois de suite en tant que député.
  • En 1973, Shintaro Ishihara, Michio Watanabe (渡辺美智雄), Ichirou Nakagawa (一郎 中川), Masayuki Fujio (正行 藤尾) forment le club politique Seirankai (青嵐会) ou « Vent de montagne » avec une trentaine de députés (26 députés et 5 sénateurs) en faisant un serment de fidélité avec leur propre sang. L'objectif de ce groupe de jeunes députés PLD, hors-faction, est d'apporter un air frais à la politique japonaise.
  • En 1975, soutenu par le PLD, il se présente au poste de gouverneur de Tōkyō mais perd contre Ryōkichi Minobe (亮吉 美濃部) avec 233 000 voix.
  • En 1976, il est réélu à la Chambre des représentants du Parlement et devient Directeur général de l'Agence de l'Environnement, sous le gouvernement de Takeo Fukuda.
  • En 1987, il devient ministre des Transports sous le gouvernement de Noboru Takeshita.
  • Le 17 juillet 1987, son frère Yūjirō meurt des suites d'un cancer, à l'âge de 52 ans.
  • En 1988, il est élu président de la Japan-Israel Friendship Association. [1]
  • En 1989, le PLD lui retire son soutien au profit de Shizuka Kamei.
  • En 1990, aux nouvelles élections, Nobuteru Ishihara est victorieux ; père et fils sont ainsi tous les deux présents à la Chambre des Représentants.
  • En 1995, après vingt-cinq ans de présence à la Chambre des Représentants, Ishihara annonce son départ par un discours de remerciements.
  • En 1996, il publie Ototo au sujet de son jeune frère Yūjirō, roman qui devient un best-seller.
  • En 1999, pour la seconde fois il se présente au poste de gouverneur de Tokyo. Il gagne l'élection avec 1,6 million de voix.
  • En juillet 2000, une exposition des œuvres de jeunesse (cent vingt dessins) de Shintaro Ishihara a eu lieu au Hillside Forum de Shibuya.
  • En avril 2002, un sondage de l'Asahi Shimbun, indique qu'il est apprécié par 78% de ses administrés.
  • En 2003, avec trois millions de voix, il est réélu gouverneur de Tokyo.
  • En 2004, l'adaptation dorama du roman Ototo est diffusée à la télévision.
  • En 2007, Ishihara est réélu triomphalement au poste de gouverneur de Tokyo lors de l'élection du 8 avril 2007.
  • Le 28 juillet 2007, lors des élection sénatoriales, le Premier ministre Shinzo Abe, dont la popularité était au plus bas, a fait campagne à Tokyo pour son parti le PLD en compagnie du gouverneur Ishihara populaire auprès des Tokyoïtes[2].

Faits marquants de sa vie artistique

Travaux de jeunesse

En juillet 2000, une exposition des œuvres de jeunesse de Shintarō Ishihara a eu lieu au Hillside Forum de Shibuya. L'exposition organisé par Masako Aoyama, responsable de l'Aoyama Art Consultancy a rassemblé le peintre américain Frank Stella et le critique Fumio Nanjo pour présenter les quelque cent vingt dessins du gouverneur. Parmi les œuvres du jeune Ishihara, nombreuses évoquent un univers dadaïste, où des textes en français rappellent son intérêt pour la France. D'après Masako Aoyama, « M. Ishihara a voulu créer cette galerie pour servir de source d'inspiration aux jeunes gens. » Suite à cette exposition, Ishihara, qui continue à peindre, a publié un recueil de ses œuvres Fantasy Paintings of Shintaro Ishihara's Teen Days.[3] Il a aussi notamment soutenu l'établissement du Tokyo Art Index qui a pour objectif de promouvoir les artistes contemporains tokyoïtes[4].

Le Prix Akutagawa

Le Prix Akutagawa (芥川賞), fondé en 1935 en l'honneur de l'écrivain Akutagawa Ryunosuke par la maison d'édition Bungei Shunjū (文藝春秋), est comparé au prix Goncourt français. Ce prix qui était alors largement ignoré du grand public, est devenu synonyme de succès populaire, depuis qu'Ishihara a vendu plus de 2,6 millions d'exemplaires de la Saison du soleil.

Le culte de la tribu du Soleil

La Saison du soleil a été à l'origine d'un véritable phénomène social. L'histoire de cette jeunesse désœuvrée se baladant sur les plages d'Enoshima en portant des lunettes noires et des chemises hawaïennes a été le symbole de toute une génération de jeunes Japonais, les Taiyozoku (太陽族? littéralement « tribus du soleil »). Après l'adaptation en film, Yūjirō Ishihara deviendra une icône, notamment dans l'interprétation des films taiyozoku.

Considéré comme l'égal d'un Elvis Presley puis d'Humphrey Bogart par les fans qui continuent de se rendre en pèlerinage au mémorial Yūjirō à Otaru, chaque année. Le roman Ototo de Shintaro a été l'un des plus gros succès littéraire de ses dernières années.[réf. nécessaire]

Les films inspirés des romans de Shintarō Ishihara s'inscrirent dans la Nouvelle Vague japonaise avec les réalisateurs Nagisa Oshima, Yoshishige Yoshida et Masahiro Shinoda, directement inspirés de la Nouvelle Vague française de Jean-Luc Godard, François Truffaut ou Alain Resnais.

En 1956, François Truffaut, alors critique de cinéma, repèrera le premier film de Kō Nakahira (Passions juvéniles, inspiré de Ishihara) dans un article sous le titre de Si jeunes et des Japonais[réf. nécessaire].

L'amitié de Mishima

Shintaro Ishihara (deuxième plan) et Yukio Mishima (premier plan) en 1956

Yukio Mishima, le célèbre auteur japonais qui s'est suicidé, de sept ans son ainé, était le plus ardent soutien de Ishihara depuis ses débuts. Il introduisit Ishihara auprès des écrivains et des critiques dans le monde littéraire ; Ishihara de son côté introduisit Mishima dans le monde de la « sensualité ». D'après Ishihara, « Mishima-san a grandi dans une famille de bureaucrates et derrière son envie il était inhibé par les conventions ». L'auteur du Soleil et l'Acier aimait beaucoup Shintarō et regrettait qu'il ait abandonné sa carrière littéraire. Mais étrangement ce fut lui qui conseilla à Ishihara de se lancer en politique. En novembre 1964, Mishima devient l'un des éditeurs des huit volumes de la Shintarō Ishihara Library (Kawade shobo shinsha). Ishihara entretient la mémoire de Mishima et aime discuter de son mentor. Pour Ishihara, « Le Japon n'est plus le même depuis qu'il nous a quittés, mais son projet politique[5] était une blague ».

Vie pré-politique

Dans les années 1960, il s'est principalement concentré sur son métier d'écrivain, écrivant des articles, créant des pièces, des romans, une version musicale de L'Île au trésor. Il a participé à des films, a créé sa société Ishara International Productions, a voyagé jusqu'au Pôle Nord, a participé à des courses nautiques avec son yacht le Contessa, a traversé l'Amérique du Sud en moto, couvert la guerre du Viêt Nam, etc.

Durant cette période, dans un article d'un magazine hebdomadaire, Ishihara qualifia d'esbroufe l'aventure de Horie Ken'ichi (謙一 堀江), ce qui entraîna une vive polémique. En 1963, après la victoire du championnat par le sumotori Kashiwado (柏戸), Ishihara écrivit dans un magazine que le match avait été truqué ; l'Association japonaise de sumo (日本相撲協会) porta plainte.

Dans les années 1970, alors que l'attrait pour Nessie battait son plein, Ishihara alla au Loch Ness (ネス湖) en étant le capitaine d'un groupe d'exploration.

Ishihara fut un admirateur de l'artiste japonais provocateur des années 1970 Yoshiki Okamoto et après son élection au poste de gouverneur, soutint la restauration du Young Clock Tower de Ginza.

Télévision

Ishihara apparaît régulièrement dans des Variety-Show à la télévision en tant que guest star. Il intervient aussi dans le Qui veut gagner des millions ? japonais.

Faits marquants de sa vie politique

L'idée d'un nouveau Parti

Depuis 2002, une théorie politique ferait de Ishihara le prochain Premier ministre. La rumeur laisse entendre qu'il formerait son propre parti. Un événement qui « secouerait jusqu'aux fondations du pouvoir politique au Japon » selon certains. Shizuka Kamei (静香 亀井) a appelé de ses vœux la création d'un nouveau parti autour de Ishihara. Takeo Hiranuma (赳夫 平沼) de la faction Shisui-kai soutient lui aussi Ishihara dans ce sens. Son fils aîné Nobuteru Ishihara (伸晃 石原) et des conservateurs proche de Ishihara comme Yoshitada Kōnoike (祥肇 鴻池) seraient prêt à soutenir ce parti.

Le Japon qui peut dire « No »

Sorti en 1989, cet ouvrage a été un succès au Japon mais a eu un écho assez négatif chez les politiciens américains. Le livre a inquiété les diplomates américains au point qu'une version pirate et partielle préparée par un département du Pentagone a rapidement circulé à Washington. Suite aux pressions du Congrès américain, le fondateur de Sony Akio Morita (昭夫 盛田) a dû discrètement se retirer de cette collaboration. Cet ouvrage critiquait la gestion des entreprises américaines privilégiant le court-terme et faisait en fait réponse au rapport américain Japan 2000 de 1988 qui tentait d'analyser les nombreux échecs des entreprises américaines face aux entreprises japonaises. Ishihara a publié l'essai en anglais puis a collaboré avec le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad pour L'Asie qui peut dire « No » ou la Voie de l'Asie.

Ishihara sur sa formation politique

« Je me suis formé basiquement à la politique avec mon expérience dans les courses nautiques internationales. J'étais le commodore d'un comité de courses nautiques. Pas une vieille bicoque mais un grand yacht. La course est dangereuse car si des bateaux se percutent, des gens peuvent mourir et les bateaux qui coûtent des dizaines ou des centaines de millions de yens pourraient être perdus. Après ce genre d'accident, le jury international établit une cour martiale, et si vous ne vous justifiez pas correctement, vous perdez et supportez tout le blâme. Je crois que cela s'applique à la fois à la politique intérieure et internationale. »[réf. nécessaire]

Vie politique

Après avoir couvert la guerre du Viêt Nam avec son Cessez-le feu de Noël, la vérité (クリスマス停戦(トルース), Ishihara tomba malade, victime d'une hépatite. Avec cette expérience et une lettre de sympathie de Yukio Mishima (由紀夫 三島) l'y exhortant, Ishihara commença à vouloir faire de la politique. Il reçut aussi le soutien de ses amis artistes, appelés pour l'occasion le Corps Ishihara (石 原軍団) : ils apparurent de manière fréquente et positive dans des programmes de divertissements.

Dans le monde politique, Shizuka Kamei (静香 亀井), Hiromi Nonaka (広務 野中) font partie de ses amis. Il voit aussi régulièrement Yasuhiro Nakasone, l’ancien Premier ministre. Il était l'ami du président américain Ronald Reagan, il est celui du président taïwanais Chen Shui-bian et entretient de bons contacts avec John R. Bolton, l'actuel ambassadeur américain à l'ONU.

Ishihara a proposé l'application de l'ordre public par les Forces japonaise d'autodéfense, fait référence à la Chine par le vieux terme de Shina (支那), fait référence aux résidents coréens, chinois et américains du Japon par l'expression populaire de Sangokujin (三国人), critiqué les trois otages japonais en Irak, proposé une réforme de la Constitution, proposé d'ignorer la loi pour traiter avec les terroristes (法を無視してでもテロと闘う). Ses discours ont chaque fois reçu leur lot de critiques et de soutiens au Japon.

Le député Ishihara

  • Années 1970 : Ishihara propose un plan pour aller délivrer le sénateur Benigno Aquino, un de ses amis, qui a été emprisonné par le dictateur des Philippines Ferdinand Marcos.
  • En 1981, il aida Ronald Reagan à obtenir le soutien du monde financier japonais lors des élections présidentielles. En retour, Ishihara fut invité à Washington par le nouveau président Reagan pour son inauguration.
  • En 1988, alors qu'il était ministre des Transports et qu'une expérience de ligne téléphonique avait lieu dans la préfecture de Miyazaki, sur l'île de Kyūshū, Ishihara déclare que « l'on ne peut pas mener une expérience au milieu des porcheries et des poulaillers, et se prétendre fier de la technologie japonaise dans le monde ».
  • La même année, 1988, il a qualifié les forces militaires américaines stationnées au Japon de « chiens de garde » [番犬], ce qui provoqua l'indignation publique de Richard Lee Armitage, l'assistant du Secrétaire à la Défense américain en charge des relations militaires États-Unis - Japon.

Premier mandat du gouverneur Ishihara

  • En 1999, lors de son discours présentant sa candidature, il a pris la parole avec cette plaisanterie : « Bonjour, je suis le grand frère de Yûjirō Ishihara » (Shintarō est aussi connu que son frère).
  • Son slogan pour les élections est « Changer le Japon depuis Tōkyō ». Il propose la transformation de la base américaine de Yokosuka en aéroport civil pour désengorger celui d'Haneda. Il promet l'assainissement des finances de la préfecture.
  • Après son élection, Shintarō Ishihara a promis de se rendre chaque année, le 15 août, au sanctuaire de Yasukuni. À la question des journalistes qui demandaient si c'était « À titre public ou à titre personnel », il répondit avec fougue « Je ne vais pas répondre à ces idioties ! ».
  • Une de ses premières mesures a été la « Stratégie du refus des voitures diesel ».
  • Le gouverneur mène une politique urbaine libérale tout en imposant que les toits des immeubles qui font plus de 100 m² de superficie soient couverts de zones vertes. Il désire limiter la croissance de la population dans le centre de Tōkyō à un million d'habitants en plus (+ 50 %).
  • Ishihara a institué une taxation locale des banques pour assurer plus de financement au gouvernement métropolitain. L'idée reprise dans d'autres préfectures et au niveau national a été critiquée par des députés conservateurs, puis un compromis a été trouvé dans le nouveau code national. Ishihara a envisagé de créer un casino et une banque pour permettre aux petites entreprises de trouver des financements.
  • Au sujet des étrangers entrés illégalement au Japon, le gouverneur s'est inquiété de l'augmentation des crimes dont ils seraient responsables et a mis l'accent sur le rétablissement de l'ordre public.
  • En 2000, le gouverneur a fait un déplacement à Taïwan où il a assisté à l'intronisation du président taïwanais Chen Shui-bian.
  • En 2000, Ishihara a demandé aux Forces japonaise d'autodéfense de se tenir prêtes au cas où des étrangers feraient des émeutes après un tremblement de terre. Une polémique étant née autour du terme sangokujin, le gouverneur dut s'expliquer sur le sens de ses propos.
  • En 2001, Ishihara a mené campagne contre les nombreux corbeaux qui hantent la ville de Tōkyō : celle-ci en compte près de 30 000. Pour résoudre le problème des Karasu, d'après lui, « il faut les abattre dans le ciel, et ensuite en faire des tartes aux corbeaux ».
  • Le 8 mai 2001, dans le journal Sankei Shimbun, au sujet des clandestins chinois, le gouverneur a exprimé son anxiété « pour la société japonaise qui fait face à une épidémie de crime caractérisée par l'ADN des criminels ».
  • En ce qui concerne la Corée du Nord et la question non résolue des otages japonais, la préfecture de Tōkyō a protesté en refusant d'envoyer de la nourriture à la dictature de Corée du Nord.

Deuxième mandat du gouverneur Ishihara

  • En 2003, Ishihara est réélu gouverneur de Tōkyō, avec 70,21% des votes. S'étant présenté en candidat indépendant, il a reçu le soutien des élécteurs tradionnels du PLD, du Nouveau Kōmeitō mais aussi du PDJ. Après cette victoire, Ishihara a affirmé qu'il continuerait son programme : « Tōkyō sera le levier qui me permettra de réaliser ma mission, sortir notre pays de la crise actuelle ».
  • En mai 2004, le gouverneur de Tōkyō est officiellement accueilli par le président taïwanais Chen Shui-bian. Ishihara a l'espoir que l'administration Chen assurera la prospérité de Taiwan et la paix de la région asiatique. Il expliqua par ailleurs que bien que le Japon n'ait pas de relation diplomatique avec Taiwan depuis 1972, il espérait développer les échanges culturels, technologiques et économiques entre Tōkyō et Taiwan.
  • En 2004, suite à la réorganisation de l'Université métropolitaine de Tōkyō en Université de la capitale Tōkyō, plus orientée sur l'insertion professionnelle, les arguments de certains professeurs ayant été négligés, ces derniers ont organisé leur opposition. À l'occasion de cette réorganisation, les départements de langues étrangères ont été rassemblés dans une filière de « langue internationale » et les départements de langue française et de langue allemande ont été supprimés. Les professeurs de français ont alors manifesté et écrit des lettres de protestation. Le 19 octobre 2004, lors d'un discours portant sur ces réformes, à l'occasion de la réunion du Tokyo U-club, le gouverneur, agacé par l'agitation, a évoqué cette opposition infructueuse dans les faits : « Il y a d'innombrables enseignants d'allemand et de français à l'Université municipale de Tōkyō, alors que le nombre des étudiants est proche de zéro. » Le gouverneur de Tōkyō a rajouté : « Le français est une langue inapte au calcul, il est tout à fait normal qu'elle soit disqualifiée comme langue internationale. Certains individus qui s'accrochent à une telle langue manifestent une opposition infructueuse (à la création d'une nouvelle université). C'est ridicule et ne mérite pas d'être pris en considération. » Sa phrase fait référence à la façon dont les Français comptent à partir de 70 : « soixante-dix ». Le gouverneur Ishihara s'est expliqué et s'est excusé pour ses propos qui auraient été mal compris. Mais s'appuyant sur cette phrase, une association menée par Malik Berkane, directeur d'une école privée de langue présente à Tōkyō a porté plainte contre le gouverneur de Tōkyō pour propos racistes, et réclame « au nom de la défense de la langue française honteusement attaquée » 500 000 yens pour chacun des plaignants. Les autorités françaises ont cependant fait savoir, par le biais de l'ambassadeur de France à Tōkyō, qu'il n'y avait pas de polémique : « Des propos ont été prêtés au Gouverneur de Tōkyō sur le français. Je ne souhaite en aucune façon engager une polémique[6]. » En décembre 2007, Ishihara remporte ce procès, le tribunal de Tōkyō considérant que les plaignants n'avaient subi aucun dommage. Dans une interview à l'AFP en février 2008, Ishihara rappelle son amour pour la France et explique avec humour que l'ambassadeur de France lui avait confié avoir lui-même des problèmes pour compter en français[7].
  • Le 20 mai 2005, il a inspecté les îlots Okinotorishima (沖ノ鳥島), à 1700 km de Tokyo. Le statut de l'île est contesté par la Chine. Ishihara a proposé la construction d'une centrale électrique et du peuplement des îles, et a fortement critiqué les discours anti-japonais du gouvernement chinois.
  • En juin 2005, concernant la venue ou non du Premier ministre Koizumi au temple Yasukuni, il a déclaré : « Si le Premier ministre ne vient pas à Yasukuni, le pays va se détériorer bruyamment de l'intérieur ».
  • Août 2005. Dans son édition du mois d'août, Bungei Shunju a fait paraître « Quelles sont les qualités nécessaires pour être Premier ministre ? », une série d'entretiens par le gouverneur Shintarō Ishihara avec Shinzo Abe, ancien secrétaire général du PLD, Yasuhiro Nakasone, ancien Premier ministre, et Hiromu Nonaka, secrétaire général du PLD.
  • Le 6 août 2005, le gouverneur de Tokyo a déclaré que la ville de Tokyo allait certainement se déclarer candidate pour les jeux Olympiques d'été de 2016, comme elle les avait accueillis en 1964.
  • En août 2005, le Premier ministre Koizumi a décidé de dissoudre la Chambre des représentants et de provoquer des élections législatives anticipées, le 11 septembre 2005, afin de purger le PLD de ses propres opposants politiques. Dans cette perspective, le 13 août 2005, le gouverneur de Tōkyō a déclaré qu'il soutiendrait Koki Kobayashi, l'actuel député contre le candidat du Premier ministre, Yuriko Koike le ministre de l'Environnement.
  • Le 15 août 2005, alors que le Premier ministre Koizumi renonce à se rendre au sanctuaire de Yasukuni(靖国神社) suite au protestation de la République populaire de Chine et de la Corée du Sud, Shintarō Ishihara, accompagné d'une cinquantaine de députés PLD, s'y rend pour prier à la mémoire des morts japonais.
  • Le 23 août 2005, il annonce qu'il va produire un film sur les kamikazes, Je vais mourir pour personne d'autre que vous, fondé sur ses entretiens avec Tome Torihama :« L'histoire ne justifie en rien les kamikazes mais elle illustre leur magnifique, et néanmoins tragique, adolescence. Je crois que j'ai décrit la beauté et la tristesse de leur jeunesse dans le script. »
  • Le 14 avril 2006, Ishihara a publiquement regretté le retrait de Pékin du forum du Réseau asiatique des villes principales (Asian Network of Major Cities 21). Le gouverneur de Tôkyô qui s'est personnellement impliqué pour développer cette organisation, afin notamment de règler de manière concertée dans la région les problèmes environnementaux, a considéré que l'absence de la capitale chinoise était regrettable.
  • Le 24 avril 2006, lors de l'inauguration de l'exposition Collection de la Fondation Cartier pour l'art contemporain au Musée d'art contemporain de Tokyo, le gouverneur de Tôkyô, a critiqué dans son discours les œuvres qui étaient présentées, notamment celle de l'australien Ron Mueck ou d'Alain Gomes. Ishihara a estimé que l'Art contemporain méritait mieux que les œuvres, mineures selon lui, de la Fondation Cartier. « En venant ici, je pensais voir de grandes choses, mais en fait, je n'ai rien vu. Cette exposition d'art contemporain est ridicule ». Durant son tour de l'exposition il a déclaré que « l'art contemporain qui nécessite d'être expliqué ne vaut rien » et qu'au vu de l'ensemble du catalogue Cartier, censé regrouper des œuvres majeures principalement occidentales, « La culture japonaise est plus belle que la culture occidentale ».
  • Le 29 avril 2006, le gouverneur de Tôkyô a rendu public le plan de développement de la ville pour accueillir les Jeux Olympiques d'été de 2016.

Troisième mandat du gouverneur Ishihara

  • En avril 2007, Ishihara est réélu triomphalement gouverneur de Tōkyō.[8], avec 50,52 % des suffrages exprimés alors qu'il devait faire face cette fois à 13 candidatures adverses, dont celle préfecture de Miyagi (entre 1993 et 2005) Shirō Asano soutenu par les principales forces d'opposition non communistes (le PDJ et le PSD).
  • En décembre 2007, Shintarō Ishihara a remporté le procès intenté par des professeurs français qui s'indignaient des remarques du gouverneur sur la difficulté de compter en français et réclamaient de fortes indemnisations financières (21 millions de yen). La comparaison utilisée par Ishihara, l'exemple du nombre 91 = 4 x 20 + 11, a été repris par les média japonais pour illustrer le bienfondé de cette décision judiciaire. Pour Ishihara, la cour a pris une décision logique car « on ne peut pas poursuivre en justice une personne simplement parce que l'on n'aime pas ses propos »[9].
  • Le 28 mai 2008, en compagnie de Bono, le chanteur de U2, et de l'architecte Tadao Ando, Shintarō Ishihara a lancé le projet « Île verte » près d'Odaiba, par une cérémonie de plantations d'arbres par des écoliers. Sur cette île-forêt de 88 hectares dans la baie de Tokyo, il est prévu de planter 480 000 arbres[10].
  • Le 3 juin 2008, en dépit de la résistance des industriels, le gouverneur de Tôkyô a annoncé qu'il désirait lancer le premier système de quotas de carbone du Japon, effectif en 2010, en visant une réduction de 25% des émission des carbone d'ici 2020 par rapport au niveau de 2000. Les écologistes japonais se sont félicités de cette nouvelle et ont appelé le reste du Japon à suivre la même voie[11].

Controverse

La vie tumultueuse de Shintarō Ishihara et son « franc-parler » ont fait de lui une personnalité politique japonaise en vue au Japon et à l'étranger. Ses paroles chocs et politiquement incorrectes ont souvent suscité des polémiques venant d'opposants politiques et de pays ennemis ou critiques du Japon.

Ishihara et la langue française

Le gouverneur est connu pour avoir étudié le français et la littérature française, pour avoir lu Sartre notamment, et pour avoir une vive passion pour les dadaïstes français. Amoureux d'une jeune française, il a été ami avec André Malraux, Raymond Aron, et Francois Truffaut. Source d'inspiration de la Nouvelle Vague française[7], Ishihara a aussi participé avec Truffaut à un projet international de film, L'Amour à vingt ans. Son ami et mentor Yukio Mishima a écrit sous l'influence de François Mauriac, son deuxième roman Une Soif d'amour (La mère de Mishima parlait français). Et les œuvres du mentor de Mishima, Yasunari Kawabata, prix Nobel de littérature de 1968, sont en grande partie inspirées du dadaïsme et de l'expressionisme français du début du siècle. En novembre 2004, le gouverneur de Tōkyō et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, prenaient le temps de discuter « pour faire le point des échanges et des nouvelles coopérations d'intérêt mutuel pour l'avenir. »

Ishihara et le nationalisme

Lors d'une conférence à l'initiative de la chambre de commerce américaine de Tōkyō, Ishihara a rappelé qu'il n'était pas nationaliste, mais « un patriote ayant à cœur de défendre les intérêts du Japon. » À une autre occasion : « J'aime le sumo et le kabuki, mais je n'ai pas nécessairement d'idées ethnocentriques qui font que je penserais que tout ce qui est japonais est meilleur. Dans les relations Japon-États-Unis, ce que je déteste le plus, c'est le Japon. »

Ishihara et l'Amérique ?

Ishihara était l'ami du président Ronald Reagan mais ne cache pas son opposition à la présence des forces militaires américaines au Japon, ni de vouloir défendre les intérêts économiques du Japon face aux intérêts américains. Il est proche de revues pro-américaines anti-communistes comme la Sankei Shimbun.

Ishihara et les étrangers

En 2003, Gregory Clark, ancien diplomate australien expliquait que les médias occidentaux ont une propension à négliger et à faire de mauvaises citations des politiques japonais. Clark a notamment remarqué qu'Ishihara a souvent parlé du Japon comme un « zasshu minzoku » (une « nation bâtarde ») qui « ferait bien d'accueillir l'immigration », incluant une immigration asiatique. En mars 2005 le gouverneur a déclaré : « Nous devons approfondir notre compréhension mutuelle avec les peuples de la terre de manière à réaliser une paix durable. »[réf. nécessaire] D'un autre côté le gouverneur de Tōkyō a eu des propos très durs sur les crimes commis par les étrangers en situation illégale au Japon[12].

Signification du terme sangokujin pour Ishihara

TIME[13] : Pour vous, à quoi fait référence pour vous le terme sangokujin ?
Ishihara : Le premier sens du mot est étranger. Le second sens est (pour une certaine période après la Seconde Guerre mondiale) utilisé pour désigner les gens des anciennes colonies comme Taïwan et la Corée. Une autre manière de l'utiliser était lorsque des soldats américains enfonçaient les portes de nos maisons. Nous disions un très grand sangokujin a enfoncé notre porte.
TIME : Avez-vous été surpris par la réaction négative à votre discours ?
Ishihara : Je me suis référé aux nombreux Sangokujin qui sont entrés illégalement au Japon. J'ai pensé que certaines personnes ne connaîtraient pas ce mot, alors j'ai paraphrasé et j'ai utilisé le mot de gaikokujin (« étrangers »). Mais c'était un journal de vacances alors les agences de presse ont délibérément mis la partie avec sangokujin en avant, et cela causant le problème.

Ishihara et la Chine

Le gouverneur de Tokyo est un ami du président taïwanais, mais ne cache son aversion pour les régimes non-démocratiques. Il est bien perçu à Taiwan, mais détesté par les autorités de la République populaire de Chine. Il a utilisé le terme de Sina, mais celui-ci est aussi utilisé par les Chinois[14].

Ishihara et le massacre de Nankin

Ishihara a dit que le massacre de Nankin était une « invention chinoise » mais a expliqué que, d'après lui, « les militaires japonais dans l'hystérie de la guerre ont commis des massacres[réf. nécessaire] ». Ce que conteste Ishihara c'est le nombre de victimes, 300 000, présenté par le tribunal international de Tōkyō[réf. nécessaire].

Œuvres

  • Taiyô no kisetsu (太陽の季節) (La Saison du Soleil) ; Prix Akutagawa et Prix du meilleur nouvel auteur de l'année ;
  • Kurutta kajitsu (狂った果実) (Fruits fous ; Crazed fruit)
  • Kaseki no mori (化石の森) (La fôret pétrifié) ; Prix du Ministère de l'Éducation
  • Seinen no ki (青年の樹) (L'arbre de la jeunesse)
  • Seishun to wa nanda (青春とはなんだ) (Qu'est-ce que la jeunesse ?)
  • Suparuta kyôiku (スパルタ教育) (L'éducation spartiate)
  • Yabanjin no daigaku (野蛮人の大学) (L'université des barbares)
  • Seikan (生還) (Revenir en vie)
  • Ototo (弟) (Petit frère) ; Prix spécial Mainichibungakushô
  • Oi te koso jinsei (老いてこそ人生) (La vie des personnes âgées)
  • 'No' to ieru nihon (「NO」と言える日本) (Le Japon sans complexe ; Le Japon qui peut dire « No ») ; en collaboration avec Akio Morita.
  • Soredemo No to ieru nihon. Nichibei aida konponmondai (それでも「NO」と言える日本 ―日米間の根本問題―) (Le Japon peut encore dire « No ». La question du principe des relations Japon-États-Unis), en collaboration avec Shouichi Watanabe et Kazuhisa Ogawa.
  • Sensenfukoku (Proclamation de guerre, l'économie japonaise qui peut dire « No », l'émancipation de l'état de servitude envers la circulation monétaire américaine) (宣戦布告「NO」と言える日本経済 ―アメリカの金融奴隷からの解放―)
  • Kokka naru genei (国家なる幻影) (Le fantôme qui devient un pays)
  • 'Chichi' nakushite kuni tatazu (“父”なくして国立たず) (Le père perd, la nation ne se lève pas)
  • Ima, 'Tamashii' no kyôiku (今、「魂」の教育) (L'éducation de l'Âme, aujourd'hui)
  • Boku wa kekkon shinai (僕は結婚しない) (Je ne suis pas marié)
  • Waga jinsei no toki no toki (わが人生の時の時) (Le Point ultime de la vie), 1990
  • Hisai (秘祭) (Fête secrète)
  • Seisan (聖餐) (Serviteur)
  • Kaze ni tsuite no kioku (風についての記憶) (Mémoire au sujet de la voie)
  • Ore wa kimi no tame ni koso shini ni iku (俺は、君のためにこそ死ににいく(製作総指揮・脚本)) (Je vais mourir pour vous), script pour un film
  • Ishihara Shintaro et Nosaka Akiyuki, « Mishima : l'homme et son masque », Cahiers du Japon, n°69, automne 1996

Filmographie

Production

Réalisateur

Scénariste (15)

Adaptation cinématographique (35)

Musique

Acteur (8)

Autres fonctions de responsabilité

  • Président du Club de soutien de la Totsuka Yacht School
  • Vice-président de Nihonjûtakukyôkai (Société japonaise des immeubles résidentiels)
  • Membre de la Société japonaise pour la réforme des manuels d'histoire.
  • Président de la Japan-Israel Friendship Association.


Liens externes

Media

Notes et sources

  1. Ben-Ami Shillony, The Jews and the Japanese: the Successful Outsiders, Charles E. Tuttle Company, Rutland, Vermont, 1991
  2. « Japan’s Prime Minister Tries to Avoid Big Loss », The New York Times, 29 juillet 2007
  3. Shintaro Ishihara@ Tokyo Art Index
  4. There's Wonderful Art in Tokyo, Shintaro Ishihara
  5. Ishihara fait ici référence aux déclarations de Mishima appelant les Forces d'auto-défense à réinstaurer l'Ordre impérial, déclarations pour lesquelles il a été critiqué.
  6. Intervention de l'Ambassadeur de France au Japon
  7. a , b  et c Tokyo's leader loves France despite jibe, AFP, 14 février 2008
  8. « Le populiste de droite réélu maire de Tokyo », Le Figaro, 8 avril 2007
  9. Ishihara Wins Trial Against French, Japan Probe, 17 décembre 2008
  10. Dr Bono wants Japan to dig deeper, Irish Independent, 28 mai 2008
  11. La ville de Tokyo va lancer des quotas d'émissions de carbone, AFP, 3 juin 2008
  12. Voir page 200 in Cultural criminology unleashed, Jeff Ferrell, Routledge Cavendish, 2004
  13. Time Magazine, 24 avril 2000, Vol. 155, No. 16.
  14. 新浪首页
  • Portail du Japon Portail du Japon
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