Siddhartha Gautama

Siddhartha Gautama
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Gandhara Bouddha, Ier-IIe siècle CE, Musée Guimet.

Siddhārtha Gautama (sanscrit ; pāli : Siddhattha Gotama) dit Shākyamuni « sage des Śākyas » ou le Bouddha (« l’Éveillé »), est un chef spirituel qui vécut au VIe siècle av. J.‑C. ou au Ve siècle av. J.‑C., fondateur historique d'une communauté de moines errants[1] qui donnera naissance au bouddhisme.

Il naquit près de Kapilavastu dans l’actuel Teraï népalais[2], de Māyādevī et Śuddhodana, souverain des Śākyas appartenant à la caste des kṣatriyas guerriers et administrateurs, et fut actif dans les États de Kosala et Maghada au nord-est de l’Inde actuelle.

Il aurait vécu à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas sur les dates exactes de sa vie, que les recherches modernes tendent à situer de plus en plus tard : c. 623-543 av. J.-C. selon la tradition theravada ; c. 563-483 av. J.-C. selon la majorité des spécialistes du début du XXe siècle[3], beaucoup au début du XXIe siècle envisageant un parinirvāṇa (mort du Bouddha) entre 420 et 380 av. J.-C.[4]. Tous les courants bouddhistes le considèrent comme le « bouddha pur et parfait » (samyaksambuddhā)[5] de notre ère, qui non seulement a atteint l’éveil, mais est capable de « mettre en branle la roue de la loi » et de propager l’enseignement bouddhiste dans le monde. Son enseignement se transmit oralement pendant trois à quatre siècles avant d’être couché dans les textes du canon pali.

Le titre de Bouddha (en sanskrit buddha, « éveillé », participe passé passif de racine sanskrite budh-, « s'éveiller ») lui a été accordé plus tard par ses disciples. Il est également connu comme un Tathāgata, « celui qui est venu/allé ainsi prêcher la bonne Loi » (dharma).

Sommaire

Vie du Bouddha

Sources

Les connaissances concernant la vie du Bouddha proviennent d'informations éparses dans le canon pali[6] qui s'est d'abord transmis oralement et n'a été mis par écrit que quelques centaines d'années après sa mort (Ier siècle av. J.-C. pour les plus anciens passages[7],[8]). Les textes du canon mélangent métaphysique et détails biographiques dont certains semblent fantastiques. Ainsi, si l'épisode où Gautama apaise un éléphant furieux que son cousin Devadatta aurait lâché sur lui peut être acceptable pour le lecteur matérialiste, d'autres, telles ses conversations avec les dieux ou sa téléportation instantanée au Śrī Laṅkā, ne le sont pas. La première biographie complète du Bouddha est le Buddhacharita d'Ashvagosha (c.80-150) rédigé sous forme de récit épique.

Toutes les sources s'accordent pour attribuer au bouddha historique une durée de vie de quatre-vingts ans, mais les estimations varient concernant les dates :

  • c. 1029-949 av. J.-C., c. 958-878 av. J.-C. , c. 476-686 av. J.-C. selon différentes estimations chinoises[4] ;
  • c. 961-881 av. J.-C. selon la chronologie tibétaine[4] ;
  • c. 623-543 av. J.-C. selon la tradition theravada[4] ;
  • c. 563-483 av. J.-C. selon la majorité des spécialistes du début du XXe siècle[4] ;
  • c. 463-383 av. J.-C. selon des estimations japonaises[9].

Selon L. S. Cousins, de nombreux spécialistes envisageant un parinirvāṇa (mort du Bouddha) entre 420 et 380 av. J.-C.[4]. Selon Paul Dundas, le fait que le Bouddha serait mort entre 411 et 400 est admis par la majorité des spécialistes au XXIe siècle[10].

Toutes les traditions concordent sur le fait qu'il est contemporain des deux rois du Magadha Bimbisâra et son fils Ajataśatru.

Contexte

Les seize principales cités-États (mahajanapada) du nord de l’Inde au VIe siècle av. J.-C. Le Kosala se considérait suzerain de Kapilavastu.

À l’époque de Gautama, le nord de l’Inde est divisé en cités-États (janapadas). Malgré l’existence d’un système de castes, le territoire abrite un certain nombre de républiques et chefferies au pouvoir politique diffus et à la stratification sociale limitée, appelées gana-sanghas[11] Les Shakyas auxquels Gautama appartenait, dépendants du janapada de Kosala selon l’Agganna sutta, vivaient probablement dans un système oligarchique, voire républicain, et ne semblent pas avoir suivi un système de castes[12].

Le bouddhisme, qui se développera dans le contexte de l'Inde védique, naît aux marges extrêmes de sa zone d’influence[12]. Selon Romila Thapar, la structure politico-sociale gana-sangha pourrait avoir favorisé l'apparition de communautés d'ascètes[13]. Le bouddhisme originel partage le terrain spirituel avec d'autres écoles ; différents maîtres contemporains de Gautama développent leur vision du nirvāņa et présentent un moyen de l'atteindre. On peut en avoir un aperçu dans le Brahmājālasūtta qui énumère et critique soixante-deux vues contemporaines du bouddhisme originel. Parmi les écoles concurrentes, le jaïnisme, qui présente avec lui plusieurs ressemblances, est la seule à avoir survécu.

Des notions importantes de l'hindouisme se verront remaniées dans le bouddhisme, comme le concept de réincarnation, de karma, les dhyanas, le statut de dieux comme Brahma.

Jeunesse

Le futur Bouddha pénètre dans le sein de sa mère endormie sous la forme d’un éléphanteau – art du Gandhara, II-IIIe siècle ap. J.-C.
Naissance du Bouddha dans le bois sacré – art du Gandhara, II-IIIe siècle ap. J.-C.

Naissance

Gautama serait né dans un bois sacré d’ashokas ou de sals[14] de Lumbinî, non loin de Kapilavastu, la cité où régnait son père Śuddhodana, située au Népal sur les contreforts de l'Himalaya[2]. C’était une des villes des Shakyas, qui s’identifiaient comme kshatriyas. Sa mère Māyādevī aurait ressenti les douleurs de l’enfantement en chemin vers la maison de ses parents où elle se proposait d’accoucher. Elle était issue du clan des Koliyas, tantôt allié tantôt adversaire des Shakyas.

Les récits de la naissance de Gautama sont remplis de détails mythiques : sa mère (dont le nom signifie « illusion ») l’aurait conçu en songe, pénétrée au sein par un éléphant blanc à six défenses. Elle aurait enfanté debout, accrochée à une branche d'arbre, tandis que les divinités brahmaniques faisaient pleuvoir des pétales de fleurs sur elle. Sitôt sorti du flanc de sa mère, l'enfant se serait mis debout et aurait « pris possession » de l'Univers en se tournant vers les quatre points cardinaux, puis aurait fait sept pas vers le nord.

Māyādevī serait morte une semaine plus tard, confiant son fils à sa sœur et co-épouse Mahāprajāpatī Gautamī.

Le sage Ashita, ancien gurû de Śuddhodana et alors ermite dans l'Himalaya, aurait vu grâce à ses pouvoirs la naissance de Gautama et vint lui-même examiner l’enfant, sur le corps de qui il reconnut les marques d'un bouddha. Lors du choix du prénom au cinquième jour, huit brahmanes éminents étaient présents ; sept prédirent que l’enfant serait soit un grand roi soit un ascète, mais le plus jeune, Kondañña, vit clairement qu’il était le prochain bouddha[15],[16]. Le prénom qui lui fut donné n’est pas spécifié dans les récits de la cérémonie. Des sources tardives (IIIe-Ve ap. J.-C.) donnent Siddhātta/Siddhārtha (celui qui a atteint son but) ; dans le Mahavastu il a pour prénom Sarvārthasiddha[17]. Gautama est son nom de famille.

Vie au palais et mariage

Certains textes du canon pali prétendent qu’il connut sa première expérience de méditation et atteignit le premier degré de la jhana alors qu’il n'était encore qu'un jeune enfant, assis sous un jambu lors d’une cérémonie de labour effectuée par son père. D’autres textes situent l’événement plus tard dans sa vie[15].

Selon les Jatakas, c’est à seize ans qu’ il épousa la jeune princesse Yaśodharā[18] qui lui donnera un fils, Rāhula. Selon André Bareau, la mère de Rahula était ignorée des quatre premiers Nikayas et des Agamas, mais sa légende s'est développée avec de nombreux détails à partir du Ier siècle av. J.-C.[19].

Gautama aurait passé ses vingt-neuf premières années dans le respect de l'hindouisme et entraîné au maniement de l'arc comme un vrai kṣatriya, mais pourtant tenu à l'abri de la vue de la souffrance et de la mort, et même maintenu selon certaines versions dans l'enceinte du palais familial. Les brahmanes lui ayant prédit un avenir de roi ou d'ascète avaient en effet recommandé à son père de prendre cette précaution s'il voulait éviter que la deuxième option ne se réalise. Śuddhodana espérait bien sûr que son fils deviendrait un roi et pensait qu'une vie de facilité l'empêcherait de réfléchir aux difficultés et à la souffrance.

Révélation et Éveil

Découverte de la souffrance

Abhiniskramana, la grande renonciation : Gautama quitte Kapilavastu.
Gautama se rase la tête et devient un ascète, Borobudur,VIIIe siècle.

À 29 ans, alors qu'il se promène hors de l'enceinte du palais, il découvre la souffrance endémique de son peuple qui lui avait été cachée jusqu'alors et le fossé qui la sépare du luxe de sa vie aristocratique.

Quatre rencontres changent sa vie : un vieillard lui fait prendre conscience de la souffrance du temps qui passe et de la déchéance du corps vieillissant ; un malade lui apprend que le corps souffre aussi indépendamment du temps et un cadavre que l'on menait au bûcher lui révèle la mort dans tout son caractère sordide. Enfin, un ermite lui montre ce que peut être la sagesse. Selon diverses sources du canon, après la première rencontre, il fait part de son étonnement à son cocher Channa, qui l’emmène hors du palais où il découvre les autres signes et prend pleine conscience de l’ubiquité de la souffrance[20].

Renonciation et ascétisme

Gautama émacié durant sa période d’ascétisme extrême.
Le Bouddha prend la terre à témoin juste avant son Éveil ; Musée du Vat Phra Kèo (Vientiane, Laos), XVIIIe siècle.

Il rejette alors titre et palais, c’est « la grande renonciation » (abhiniskramana). Selon la tradition palie, c’est une nuit de pleine lune du mois d’āsālha qu’il quitte Kapilavastu sur son cheval Kanthaka accompagné de son cocher Channa, les dieux étouffant le galop et le hennissement du cheval pour que personne ne s’aperçoive de rien[21]. Il commence alors une vie d'ascèse, suivant les enseignements de plusieurs ermites renonçants (saṃnyāsin ou sâdhu), et entreprend des pratiques méditatives austères.

Le Bouddha fut influencé par les concepts de son époque et de son temps. Il eut pour maître le brahmane Arada Kalama, mais ce qu'il apprit – maîtriser le septième dhyāna, la sphère du néant – ne lui sembla pas suffisant. Il se rendit à Rajagriha et prit comme second maître Udraka Ramaputra, qui lui enseigna le huitième dhyāna, la sphère de ni perception ni non-perception. Là encore, le Bouddha estima ne pas avoir trouvé la voie vers le nirvana[16].

Pendant six ans, il pratiqua les austérités avec cinq autres ascètes méditants, dont Kondañña qui l’avait identifié comme futur bouddha à sa naissance. Affaibli par son abstinence, il faillit un jour se noyer durant un bain. Constatant que ces pratiques ne l'avaient pas mené à une plus grande compréhension du monde, il décida de trouver une autre voie. Il se remémora alors l’épisode passé où il avait atteint la première jhāna sous un jambu. Il décida de délaisser les austérités extrêmes et de se concentrer sur la méditation, traçant la voie moyenne qui consiste à nier les excès, comparable au « rien de trop » delphique : refuser le laxisme comme l'austérité excessive. Ses compagnons pensèrent qu'il délaissait la pratique et l’abandonnèrent.

Éveil

Le succès de sa voie est le plus souvent narré de façon synthétique : dans la même journée, méditant sous un banyan à Uruvelā près de Bodh-Gaya, il met fin à ses mortifications en acceptant un bol de riz au lait des mains de la villageoise Sujāta, puis après un bain rituel et une après-midi de méditation dans un bois de sals, va s’asseoir sous un pipal et fait le vœu de ne pas bouger de cette place avant d'avoir atteint la Vérité[15].

Plusieurs versions légendaires racontent comment Māra, démon de la mort et des passions, effrayé du pouvoir que le Bouddha allait obtenir contre lui, tente de le sortir de sa méditation en lançant contre lui des hordes de démons effrayants. En vain : c'est avec le geste souvent représenté dans l'iconographie de « prise de la terre à témoin » de ses mérites passés (bhûmisparshamudra) que Siddhārtha les repousse, niant simplement les présences démoniaques sans les combattre, en toute sérénité. Il peut ainsi poursuivre sa nuit de méditation et accède à l'éveil à l’aube[15].

Les quatre à sept semaines suivantes, selon les versions, voient le retour sporadique de Māra et de ses filles séductrices, toujours sans effet. Le Bouddha médite dans différents endroits, dont un abri constitué par le corps du roi naga Muchalinda[15].

Mise en mouvement de la roue de la loi

Le Bouddha donnant son premier sermon à Varanasi ; Wat Chedi Liem, Thaïlande.

Gautama Bouddha, après avoir atteint l'éveil, hésite à enseigner : il se demande si une telle parole sera entendue. La tradition fait intervenir un nâga qui le convainc de faire profiter l'humanité de sa connaissance.

La mise en mouvement de la roue de la loi désigne le premier sermon de Gautama, dans lequel il énonce les quatre nobles vérités.
Il affirme qu'il a réalisé l'éveil ou la compréhension totale de la nature et des causes de la souffrance humaine et des étapes nécessaires à son élimination. Cette illumination, possible pour tous les êtres, s'appelle la bodhi et donne son nouveau nom à Siddhārtha : celui qui a atteint la bodhi est un Bouddha.

Gautama Bouddha a bien insisté sur le fait qu'il n'était ni un dieu, ni le messager d'un dieu et que l'illumination n'était pas le résultat d'un processus ou d'un agent surnaturel, mais plutôt le résultat d'une attention particulière à la nature de l'esprit humain, et qu'elle pourrait être redécouverte par n'importe qui pour son propre profit.
Deux interprétations différentes de cette affirmation départagent le bouddhisme ancien et le bouddhisme Mahāyāna. La première est qu'il est possible à chacun, en tant qu'auditeur de l'enseignement de Gautama, d'atteindre l'éveil et de sortir du Samsara (Saṃsāra).
La deuxième est que tout être sensible possède en lui la nature de Bouddha (tathāgatagarbha), véritable nature de l'esprit, appelée parfois « graine d'éveil ». Cette interprétation, qui postule l'existence d'une nature universelle ontologique ou transcendante, est rejetée par le théravāda orthodoxe.

Enseignement

Temple de Bodnath à Katmandu, Népal.
Article détaillé : Bouddhisme#Doctrine.

Les principaux concepts en sont l'impersonnalité, l'impermanence et l'insatisfaction de toute chose, devant conduire au renoncement face au désir une réalité conventionnelle et une réalité ultime, cette dernière ne pouvant être découverte que par l'accomplissement personnel, l'illumination.

Gautama Bouddha présenta son enseignement comme la redécouverte d'une vérité autrefois enseignée par les Bouddhas du passé, dont Dipankara qui lui prophétisa qu'il serait le Bouddha de notre ère. Cette vérité continuera d'être enseignée par les Bouddhas du futur, le prochain sera Maitreya (voir les vingt-huit bouddhas).

Selon le bouddhisme mahāyāna, il n'y a pas un seul enseignement, mais plusieurs mises en mouvement de la roue de la loi, puisque Shākyamuni enseigna d'abord les sûtras de première roue, puis de deuxième, puis de troisième. Ces différentes périodes d'enseignement correspondent à des auditeurs différents ; l'enseignement est adapté à la capacité réceptive de son public. Le bouddha Shākyamuni a déclaré dans le Soutra du Lotus qu'il n'y a qu'un seul véhicule (« ekayāna »), le véhicule du bouddha.

Son message est simple. L'homme est identifié aux pensées et aux émotions. Elles l'empêchent de vivre dans le présent et dans la clarté. Le remède : la méditation. Bouddha a créé la méditation Vipassana, c'est la plus connue des méditations, car elle est l'essence même de toutes méditations.

Elle consiste à s'asseoir, à fermer les yeux et à rester attentif au mouvement de la respiration et à observer le mental, ce processus de pensées et d'émotions qui ne s'arrêtent jamais. Cette technique amène détachement, sérénité et bien-être intérieur.

Jusqu'à la fin de sa vie, Gautama le Bouddha insista sur le fait de toujours continuer à chercher. Ses derniers mots ont été « tous les phénomènes sont inconsistants, travaillez sans relâche à votre libération » (Mahāparinibbāna Sutta, DN 16).

Sangha

Pendant les quarante-cinq années restantes de sa vie, il voyage dans la plaine gangétique du centre de l'Inde (la région du Gange et de ses affluents), enseignant sa pratique en matière de méditation à une grande variété de personnes, allant des nobles aux balayeurs des rues, et sans oublier les disciples des philosophies et religions. Il fonde la communauté des moines et des nonnes bouddhistes (le saṅgha) pour perpétuer ses enseignements après sa disparition (considéré comme le parinirvana (parinirvāṇa) ou « nirvâna complet »).

La pédagogie du Bouddha

Le Bouddha était très attentif à ses auditeurs afin de s'harmoniser avec eux. D'où les méthodes d'enseignements différentes[1].

  • Il expose directement sa doctrine dans les sermons.
  • Il semble laisser le choix à ses auditeurs :
    • « Il m'a insulté. Il m'a battu. » Si tu te plains, ta haine ne s'apaisera pas.
    • « Il m'a insulté. Il m'a battu. » Si tu ne te plains pas, ta haine s'apaisera.
    • En ce monde la haine n'apaise pas la haine, mais l'absence de haine le fait : c'est une loi éternelle[22]
  • Il enseigne et console indirectement : une mère vient, en larmes, lui présenter son enfant mort pour qu'il le ressuscite. Le Bouddha accepte à condition qu'elle trouve dans la ville une maison où un malheur semblable n'est pas arrivé. Elle parcourt la ville et n'en trouve pas bien entendu. Mais quand elle revient son chagrin a commencé à s'apaiser. Elle n'était pas seule dans son malheur, et d'autres mères malheureuses ont su trouver les mots qui l'ont calmée[1].
  • Il semble donner raison à tout le monde : le Bouddha, en compagnie de quelques disciples, reçoit des visiteurs. Un croyant vient lui expliquer que Dieu existe. Le Bouddha l'écoute et lui dit : « Vous avez raison. » Le croyant sort satisfait. Un incroyant vient lui expliquer que Dieu n'existe pas. Le Bouddha l'écoute et lui dit : « Vous avez raison. » L'incroyant sort satisfait. Par contre, les disciples ne le sont pas et le disent bruyamment. Et le Bouddha leur dit : « Vous aussi, vous avez raison[1]. »
  • Il écoute ses disciples et les approuve silencieusement, quelquefois avec un simple geste : entouré de ses disciples il venait de recevoir une couronne de fleurs. Il prit une seule fleur, tendit le bras, la fit tourner au bout de son doigt et parcourut du regard l'assistance. Tous se turent, déconcertés. Seul Mahākaśyapa comprit la signification de ce message et sourit. Le Bouddha déclara alors qu'il lui transmit une méthode merveilleuse et qu'il faisait de lui son successeur[23].

La mort du bouddha

Le partage des reliques du Bouddha, art gréco-bouddhique du Gandhara, II-IIIe siècle ; Zenyōmitsu-ji, Setagaya.

Le Bouddha mourut, selon la tradition, à quatre-vingts ans près de la localité de Kushinagara[1]. Il expira en méditant, couché sur le côté droit, souriant : on considéra qu'il avait atteint le nirvâna, la volontaire extinction du soi[1]. Le Bouddha n'aurait pas souhaité fonder une religion[1]. Après sa mort s'exprimèrent des divergences d'opinions qui, en l'espace de huit siècles, aboutirent à des écoles très différentes[1].

Les derniers mots du Bouddha sont : « Toutes les énergies constructrices sont impermanentes ; travaillez efficacement sans relâche ; soyez d'intention bien concentrée ; surveillez la pensée ! »

Quatre conciles se tinrent successivement jusqu'au IIIe siècle ap. J.-C. pour tenter de définir les textes essentiels communs à tous les bouddhistes, indépendamment de leur secte[1]. Ce furent à chaque fois des échecs : on retint donc les principes essentiels : les quatre Nobles Vérités et les trois joyaux ; pour le reste ils notèrent les différences entre l'école du Véhicule des Anciens, et celle du Grand Véhicule[1].

Il existe plusieurs reliques du Bouddha. Pour remercier l'ONU d'avoir décrété jour férié la fête du Vesak, la Thaïlande, le Sri Lanka, ainsi que le Myanmar ont décidé de transférer douze de ses ossements au siège des Nations unies, à New York.

Douze actes

Bouddha faisant le geste de l'apaisement de la crainte (Abhayamudrā).

La tradition indo-tibétaine relate la vie du bouddha en douze actes :

  1. la descente des cieux Tusita ;
  2. l'entrée dans la matrice ;
  3. la naissance dans ce monde ;
  4. l'accomplissement dans les arts mondains ;
  5. la jouissance d'une vie de plaisir ;
  6. le départ du palais et le renoncement ;
  7. les exercices ascétiques ;
  8. la méditation sous l'arbre de la Bodhi ;
  9. la défaite des hordes de Māra ;
  10. l'atteinte de l'éveil parfait et ultime ;
  11. la mise en mouvement de la roue de la loi ;
  12. l'entrée au parinirvana.

Personnalité et caractère du Bouddha

Le Bouddha présenté dans les écritures bouddhistes possède les traits caractéristiques suivants :

  • une éducation achevée et une formation dans les domaines appropriés à un guerrier aristocrate, tels que les arts martiaux, la gestion des domaines agricoles, et la littérature, mais également une compréhension profonde des idées religieuses et philosophiques de sa culture et de son temps. Siddhārtha Gautama était un homme sportif, compétent en arts martiaux tels que la lutte et le tir à l'arc, et qui pouvait parcourir des kilomètres sans difficulté et camper dans la nature sauvage. Les images du gros « Bouddha gai » ou Bouddha riant ne sont pas des représentations de Siddhārtha Gautama ;
  • un enseignant idéal, qui trouve toujours la métaphore appropriée, et qui adapte à la perfection son message à son auditoire, quel qu'il soit ;
  • courageux et serein en toutes circonstances, aussi bien lors d'une discussion religieuse, que face à un prince parricide, ou à un meurtrier. Toutefois, il se laisse emporter par l'exaspération lorsqu'il constate que des moines déforment ses enseignements ;
  • modéré dans tous les appétits corporels, il connaît une vie de célibat de l'âge de vingt-neuf ans jusqu'à sa mort. Il est aussi indifférent à la faim qu'aux rigueurs du climat.

Caractéristiques physiques de Gautama Bouddha

Bien que les représentations de Gautama furent un premier temps symboliques, ne le représentant sous forme humaine qu'à partir du Ier siècle, ses caractéristiques physiques sont décrites dans le Canon en pāli.

Gautama est présenté comme grand, robuste et de belle apparence. Ses yeux sont bleus, sa peau dorée, ses oreilles anormalement allongées.

Prédictions du Bouddha Shākyamuni

Il est dit que le Bouddha Shākyamuni a parlé de la venue de Tsongkhapa au Tibet comme une émanation du Bodhisattva Manjusri[24]. Le Bouddha Shākyamuni a aussi déclaré que le Bodhisattva Avalokiteshvara apporterait le bouddhisme au Tibet.

Gautama Bouddha dans les autres religions

Hindouisme et Inde

Article détaillé : Bouddha dans l'hindouisme.
Emblème de l'Inde, symbole du premier Empire de l'Inde entière, celui d'Ashoka.

Dans ce pays si religieux, où les textes déclarent que « tous les bouddhas naissent en Inde, prêchent en Inde et y atteignent le Nirvâna », le Bouddha Sâkyamuni ne fait pas exception. Pendant de nombreux siècles (du Ve siècle au VIIe siècle apr. J.-C.), le bouddhisme sera vulgarisé et transmis dans toutes les régions de l'Inde. Les souverains accepteront eux aussi de soutenir cette religion, même contre l'hindouisme. À cette époque, et dans ce climat de consensus, l'art, l'architecture, la peinture, et toutes les activités culturelles de l'Inde connaîtront un éclat incomparable[25].

La Roue de la Loi, symbole bouddhiste sur le drapeau indien.

Mais les moines bouddhistes deviendront trop riches, leur message perdra de sa cohérence[25].

Lorsque la contre-réforme hindouiste réussit vers le XIIe siècle à assimiler le bouddhisme en terre indienne, les brahmanes parachevèrent cette renaissance de l'hindouisme en considérant le Bouddha comme étant le neuvième avatar de Vishnou. Au vingtième siècle, les publications de textes et les incitations d'étrangers, surtout de Sir Edwin Arnold, aboutiront au choix par les autorités indiennes de la Roue de la Loi comme emblème national. Ainsi donc, le symbole de compassion du Bouddha pour tous les êtres vivants rappelle la pureté de son premier message[25].

Il est peu probable que le Bouddha (historique) ait considéré l'ensemble de ses enseignements philosophiques (essentiellement d'ordre éthique) comme une religion proprement dite[26]. Bien qu'il ait mis sur pied un ashram, tel n'importe quel Gourou qui accepte d'offrir ses enseignements, le dernier message qu'il adressa à ses disciples fut de « rechercher avec diligence leur Salut[26] ».

En 78, c'est le quatrième concile bouddhiste, qui, cinq cents ans après la mort du Bouddha, fut considéré comme un moment critique, car le Bienheureux avait prédit que son ashram ne durerait que cinq siècles[26] ; en conséquence, si l'on veut respecter la parole du Bouddha aujourd'hui, on n'a donc nul besoin de se considérer « bouddhiste[26] ». En cela, l'hindouisme n'a pas « récupéré » le Bouddha dans son panthéon, en en faisant un avatar de Vishnou, un dieu terrestre à vénérer, puisque le Bienheureux lui-même considérait que son ashram n'avait pas à durer indéfiniment.

En Inde, tous les lieux associés à la vie du Bouddha sont toujours des centres de pèlerinage, non seulement pour les bouddhistes, mais aussi pour les hindous de tous les milieux, car, en tant qu'avatar de Vishnou, on le considère comme un grand gourou (« maître spirituel »)[27].

Islam

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« Si vous désirez voir le plus noble de l'humanité, regardez le roi dans l'habillement du mendiant ; c'est lui dont la sainteté est grande parmi les hommes. » – Abu al-Atahiya, Poète arabe.

Avec l'expansion de l'islam, les moines bouddhistes se sont enfuis vers les montagnes et le bouddhisme est entré dans une période de déclin.

Les pratiques ascétiques de la philosophie soufie évoquent celles du bouddhisme. On peut reconnaître une similarité entre la notion bouddhiste de purification de l'esprit de toutes les choses mauvaises et le désir de se confondre avec le nirvâna immuable, et le vuslat (communion avec Dieu) de la philosophie soufie.

« La mission du Bouddha avait un caractère tout à fait unique, et se tient donc tout à fait à part parmi les nombreuses autres religions du monde. Sa mission était de faire voler les oiseaux de l'idéalisme plus près de la terre, parce que la nourriture de leur corps appartient à la terre. » – Hazrat Inayat Khan.

Christianisme

Dans le christianisme, la légende du Bouddha serait à l'origine de celle de saint Josaphat, dont le nom proviendrait du sanskrit bodhisattva.

Gautama Bouddha dans la culture populaire

La personne de Gautama Bouddha a inspiré nombre de créations artistiques en dehors du bouddhisme. Cette liste n'en recense que quelques unes ; voir aussi art bouddhique.

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i et j Roger Favry, Le bouddhisme, Pemf, coll. « BT2 » (ISBN 2-87785-487-6) 
  2. a et b Il existe d’autres hypothèses concernant son emplacement, voir articles Piprâwâ et Kapilavastu
  3. Akira Hirakawa,Paul Groner, A history of Indian Buddhism: from Śākyamuni to early Mahāyāna, Motilal Banarsidas, 1990 [présentation en ligne], p. 22 
  4. a, b, c, d, e et f L. S. Cousins (1996), « The dating of the historical Buddha: a review article », Journal of the Royal Asiatic Society, (3)6(1), 57–63.
  5. Voir Bouddha#Trois types d'éveil et Bouddha#Dans le Theravāda pour la définition du samyaksambuddhā.
  6. Il existe également des récits légendaires de ses vies antérieures appelées Jatakas.
  7. Encyclopedia of Religion, Macmillan, New York, sv Councils, Buddhist
  8. A.K. Warder, Indian Buddhism, 3rd edn, page 307. American Asiatic Association, Asia Society, Asia: Journal of the American Asiatic Association, p724.
  9. Nakamura Hajime (中村元) 1911 – 1999, traducteur du Tipitaka en japonais
  10. Paul Dundas, The Jains, 2nd edition, (Routledge, 2001), p. 24
  11. Romila Thapar, The Penguin History of Early India: From Origins to AD 1300. Penguin Books, 2002, page 137.
  12. a et b Richard Gombrich, Theravada Buddhism: A Social History from Ancient Benares to Modern Colombo. Routledge and Kegan Paul, 1988, pp 49-50.
  13. Romila Thapar, op. cit., page 146
  14. Robert Beér, The encyclopedia of Tibetan symbols and motifs, Serindia Publications, Inc; 2 Rev Ed édition (mars 2004), p. 48-50
  15. a, b, c, d et e Gotama dans le canon pali – palikanon.com
  16. a et b Narada, A Manual of Buddhism, Buddha Educational Foundation, p. 9-12
  17. Siddhartha dans le canon pali - palikanon.com
  18. Connue aussi sous d’autres noms - Rahulamata-Yashodhara dans le canon pali
  19. Le thème de la femme du bouddha et ses sources – traduction anglaise d’un article d’André Bareau
  20. Channa dans le canon pali – palikanon.com
  21. Kanthaka dans le canon pali – palikanon.com
  22. D'après Le Bouddha Dhammapala : les stances de la Loi, GF no 849, Éd. Flammarion, 1997.
  23. Le bouddhisme, édition Pemf, BT2, ISBN 2-87785-487-6. Il s'agit d'une tradition propre à l'école zen ; les récits précédents viennent des autres traditions et sont racontés sous des formes diverses. L'épisode de la mère malheureuse montre qu'en partageant les chagrins on les diminue. Celui sur l'existence ou non de Dieu montre qu'une croyance athée ou théiste ne s'impose pas à autrui. Enfin, l'anecdote de la fleur montre qu'un seul disciple est vraiment attentif et comprend ce que le Bouddha a voulu signifier, et que celui-ci, en conséquence, est digne d'être son successeur et premier disciple.
  24. Biography of Tsongkhapa
  25. a, b et c Encyclopédie des religions, Gerhard J. Bellinger, ISBN 2-253-13111-3
  26. a, b, c et d Roy C. Craven, L'Art indien, ISBN 2-87811-254-7
  27. Tarun Chopra, La vache sacrée et autres histoires indiennes, ISBN 81-7234-041-9

Bibliographie

  • André Bareau, Recherches sur la biographie du Buddha, Presses de l'École française d'Extrême-Orient, 3 vol., 1963, 1970 et 1971.
  • Daisaku Ikeda, La Vie du Bouddha. Une biographie interprétative, éditions du Rocher, coll. « Tradition », 1993 (ISBN 2-268-01570-X)).
  • Thich Nhat Hanh Sur les traces de Siddhartha ; La vie du Bouddha., traduit par Phillippe Kerforne. JC Lattès, 1996. 522 p.
  • Hans Wolfgang Schumann, Le Bouddha historique, éditions Sully, 1999.
  • A. Foucher, La Vie du Bouddha d'après les textes et les monuments de l'Inde, éditions Maisonneuve, 1993.

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