Société métallurgique de Normandie

Société métallurgique de Normandie
Société métallurgique de Normandie
Création 1917
Disparition 1993
Siège social Drapeau de France Colombelles (France)
Activité Métallurgie
Société mère Usinor-Sacilor
Société Métallurgique de Normandie - plan.png

La Société métallurgique de Normandie (SMN) était une entreprise bas-normande lancée en 1917 et fermée en 1993 sur la commune de Colombelles, dans l'agglomération de Caen.

Sommaire

Origines

Exploitées depuis l'époque gallo-romaine, les mines de fer de la haute vallée de l'Orne avaient permis une modeste activité métallurgique jusqu'à la Révolution française. Au début du XXe siècle, l'exploitation du gisement de minerai de fer de Soumont, à Potigny, relance l'activité métallurgique dans le Calvados. En 1903, l'industriel allemand August Thyssen achète la majorité des actions de la Société minière et métallurgique du Calvados. Il souhaite utiliser le minerai de fer afin d'en approvisionner ses usines en Allemagne au moindre coût. En 1909, il achète des terrains à Colombelles pour y construire son usine. La position de la SMN, le long du Canal de Caen à la mer facilitait l’exportation par voie maritime. Mais son projet fut très mal vue par la population car les relations étaient déjà tendues entre la France et l'Allemagne à le veille de la Grande Guerre. Thyssen choisit donc de s'associer avec un industriel français. Le 4 juin 1910, ils fondent la Société des hauts-fourneaux de Caen. En 1914, August Thyssen ne détient plus que 25 % des parts de la société qui emploie 3 000 personnes. Mais lorsque la guerre éclate, l'usine est réquisitionnée et fabrique des obus.

Activité

Smn entree usine.jpg

Le 19 août 1917, le ministre Albert Thomas allume symboliquement le premier haut-fourneau du site, le plus grand du monde à cette époque. La société prend le nom de Société normande de métallurgie. Le deuxième est mis en service en 1918. En 1925, la SNM devient la SMN. L'usine est alors doté de deux hauts-fourneaux, trois convertisseurs Thomas, cinq fours Martin; ainsi que 250 fours à coke. L'usine, employant 4 007 ouvriers, produit alors 205 514 tonnes de fonte[1]. En 1938, l'usine produit 250 000 tonnes d'acier et couvre 160 hectares sur une presqu'île entre l’Orne et le canal. Elle exporte dans toute l'Europe et en Afrique. Au début des années 1940, 4 000 ouvriers travaillent sur le site, venus principalement d’Europe de l'Est et du Sud[2] ; Colombelles a multiplié sa population par dix en dix ans. L'usine prend en charge la construction de cités ouvrières, dont la plus importante, le Plateau, à cheval sur Colombelles, Mondeville et Giberville. Elle ouvre des écoles, des crèches, une bibliothèque, des clubs sportifs pour les enfants (Michel Hidalgo débute le football dans le club de la SMN).

Mais la Seconde Guerre mondiale interrompt l'activité. Les autorités allemandes ordonnent peu à peu la reprise du travail mais celle-ci ne peut être que partielle à cause des difficultés d'approvisionnement en matière première, en particulier le charbon. Ils produisent cependant des obus et emploient plus de 3 000 personnes mais cette production en fait une cible pour les bombardiers anglais. L'usine doit éteindre le dernier haut fourneau en 1942, les effectifs chutent à 900 employés. À partir de 1943, le STO est mis en place et absorbe de nombreux ouvriers[2]. A la Libération, les bâtiments n'échappent pas aux bombardements qui rasent de nombreuses villes normandes, et particulièrement Caen, mais la reconstruction est rapide : en 1950, trois hauts fourneaux fonctionnent. L'essor est important durant les Trente Glorieuses, 6 000 ouvriers sont employés, c'est le plus important site industriel de la région. La production atteint 1 000 000 de tonnes en 1973 dont la moitié est importée via le port de Caen.

Complexe ferroviaire

En 1912, la déclaration d'utilité publique pour l'établissement d'un chemin de fer minier entre l'usine et les mines du sud de Caen, notamment celles de Saint-Germain-le-Vasson et Potigny, est signée ; la voie site propre à écartement standard longue de 29 km n'ouvre qu'en 1920[3]. L'usine disposait de sa propre gare de marchandise dont le poste de contrôle se situait à Colombelles. Une autre gare, dite de Clopée, assurait la liaison entre le chemin minier, le port privé de la SMN et le réseau ferré de l'État[4]. Le port de la SMN est également relié au chemin de fer minier de Caen à Soumont-Saint-Quentin[5].

L'important complexe ferroviaire se développe en même temps que l'usine. Au plus fort de l'activité de l'usine, ce réseau privé était composé de 132 kilomètres de voies ferrées gérées par trois postes d'aiguillage de type PRS. Utilisant 450 wagons, ce complexe permet le trafic interne de 5 000 000 tonnes annuelles[6].

Fermeture

Société Métallurgique de Normandie - Usine 05.jpg

Devenue propriété d'Unimétal du groupe Usinor-Sacilor, aujourd'hui Arcelor, l’usine n'échappe pas à la crise qui touche le secteur de la métallurgie en Europe occidentale au milieu des années 1970. La SMN se spécialise dans la production de fil machine. Les licenciements sont nombreux. Le sort de l'usine est inévitable, la fermeture est décidée à la fin des années 1980. La dernière coulée a lieu le 5 novembre 1993, malgré l'acharnement des employés pour maintenir l'activité. De nombreuses manifestations se déroulent dans le centre ville de Caen, allant parfois jusqu' à l'affrontement avec la police, la direction de la SMN, le patronat local, et la droite, ont affirmé dans la presse locale qu’il est « normal que les travailleurs de la SMN soient reclassés en perdant de l’argent, voire la moitié de leurs salaires »" [7]. La ville de Colombelles est ruinée, une grande partie de la population était " métallo " et les taxes constituaient 65% du budget de la commune.

Le site est longtemps resté à l'état de terrain vague après le démantèlement des bâtiments, une partie est reconstruite en Chine dont l'acier bon marché avait participé au déclin de la SMN. Une tour, le " Chaudron " est laissée afin de témoigner de l'activité de ce qui fut la plus importante industrie de la région. Des sociétés agroalimentaires s'implantent peu à peu sur le site ainsi que des entreprises du secteur tertiaire, dont un campus technologique Philips Semi Conducteur (devenu NXP).

Reconversion du site

L'ancienne tour réfrigérante

L'ancien territoire de l'usine a été dépollué et a fait l'objet d'un traitement paysager conçu par Dominique Perrault entre 1996 et 2000. L'ancienne tour de refroidissement principale a été conservée comme un emblème important de ce passé ouvrier et mise en lumière la nuit. Deux zones d'activités ont été aménagées sur le site.

Sur 58 hectares le long de la route de Cabourg, la SEM Normandie Aménagement a créé une zone d'activités dédiée à l’agroalimentaire et baptisée Normandial. On y trouve par exemple la cuisine centrale des centres hospitaliers de Caen, la biscuiterie Jeannette ou l'entreprise Godfroy[8].

Plus à l'ouest, une zone d'activités à vocation de haute technologie a été ouverte sur 25 hectares. Ce campus technologique, baptisé Effiscience, regroupe des entreprises innovantes et de haute technologie (NXP Semiconductors notamment), des laboratoires de recherche et des entreprises de services en collaboration avec des centres de formation (ENSICAEN). Il est doté d'une pépinière d'entreprises de 3000m². D'autres projets sont en gestation autour de ce campus, comme un lycée international ou un centre d'art contemporain à dimension nationale voire européenne dans les vestiges de l'usine (grande halle et tour réfrigérante), peut-être en association avec le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou[9].

Enfin plus à l'est, à proximité de l'ancienne cité ouvrière du Calvaire, un ensemble de logements doit par la suite être construit par la Communauté d'agglomération Caen la Mer (ZAC Jean Jaurès). Sur 18 hectares, entre 767 et 796 logements (66 000 m² habitables) doivent être construits. 85% seront des logements collectifs (40% en intermédiaires) et 15% des maisons individuelles. 34% des habitations construites seront des logements sociaux. Des commerces et des services sont également prévus, alors que 3800 m² sont réservés pour un équipement public communal. La zone d'aménagement concerté a été créée en mars 2005 et doit être livrée en 2009-2010[10].

Notes et références

  1. Rapport de l'ingénieur des Mines, 22 juin 1926 [lire en ligne]
  2. a et b La SMN
  3. Alain de Dieuleveult, Calvados pour les petits trains, La Vie du rail, Paris, 1997, (ISBN 2902808747), pp. 68-69
  4. Georges Lanorville, « Le port de Caen et ses nouveaux aménagements » dans La Nature, Paris, Masson et Cie, 1er septembre 1939, n°3056, pp. 129–132
  5. Auguste Pawlowski, « Les hauts fourneaux de Caen » dans Ibid., 16 février 1918, n°2316, pp. 97–103
  6. Gérard Blier, Nouvelle Géographie ferroviaire de la France, vol. 2 : L'organisation régionale du trafic, Paris, La Vie du Rail, 1993 [détail de l’édition], p. 328 
  7. L'Humanité, 10 novembre 1993
  8. Normandie Aménagement
  9. Campus Effiscience
  10. Caen la Mer

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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