Somnambulisme

Somnambulisme
Classification internationale
des maladies
CIM-10 : F51.3

Le somnambulisme, qui signifie en latin « se promener en dormant », est une pathologie du sommeil d'origine neurologique.

Il se traduit par un comportement moteur survenant lors d'un éveil incomplet en sommeil lent profond. Généralement limité à des déambulations dans le lieu d'habitation, c'est un comportement non dangereux.

Les somnambules semblent être éveillés et ont les yeux ouverts. La plupart du temps, les épisodes sont courts mais peuvent parfois durer plus d'une heure.

Sommaire

Pathophysiologie

Le somnambulisme survient généralement durant les phases 3 et 4 du sommeil, ou sommeil profond. Cette phase correspond au premier tiers du cycle du sommeil remy

Les somnambules ont une régulation anormale des ondes courtes (observables sur un encéphalogramme). Cette régulation est liée au système thalamo-cortical, qui engendre une paralysie musculaire naturelle durant le sommeil.

Ainsi, des séries d'évènements moteurs complexes peuvent intervenir sans que le sujet soit conscient.

Le somnambulisme n'est pas dangereux en tant que tel, mais le mouvement sans connaissance consciente peut entraîner des dangers.

Le somnambulisme de l'enfant

Le somnambulisme s'observe le plus souvent chez les enfants, surtout les garçons entre 7 et 12 ans mais il peut aussi survenir vers l'âge de 2 et 3 ans chez la fille. Ces accès de somnambulisme disparaissent en général à la puberté.

Aux phases ambulatoires les plus courantes s'ajoutent parfois des phases où l'enfant urine dans un lieu inapproprié, utilise des mots obscènes absents de son répertoire courant. La prévention de chutes dangereuses reste toute fois l'aspect le plus important du somnambulisme infantile.

Le somnambulisme de l'adulte

Entre 10 et 20% des adultes seraient sujets au somnambulisme, avec des écarts nets dans certains pays (40% en Suède)[réf. nécessaire].

Chez l'adulte, le somnambulisme peut avoir des causes psychologiques (notamment en période de stress), psychiques. Ainsi des personnes en rupture avec leur identité, perturbées par des évènements qui les touchent particulièrement peuvent entrer dans une phase de création d'un univers parallèle lors de phases somnambuliques complexes. Des prédispositions génétiques ont récemment été envisagées après des études menées par l'hôpital universitaire de Berne. Un gène spécifique aux somnambules vient d’être découvert. Un chercheur a réalisé une étude portant sur 74 personnes atteintes de somnambulisme. Il a découvert que 50% d’entre elles possédait un gène appelé HLA DQB1*05[1] qui fait partie des gènes impliqués dans la régulation du système immunitaire: ces gènes permettent de faire la distinction entre les cellules de l’organisme et celles qui lui sont étrangères. Mais il reste encore à définir la relation exacte entre le somnambulisme et ce gène. En conséquence on peut se demander si le somnambulisme peut être en relation avec un réseau métabolique complexe impliqué dans une maladie auto-immune ; c’est-à-dire provoquée par un mauvais fonctionnement du système de protection de l’organisme.


Le somnambulisme simple : on distingue deux cas comportementaux. Pour le premier, l’enfant ou l’adulte s’assoit sur son lit tout en exécutant des gestes plus ou moins adroits. De temps en temps, il peut se mettre à parler. Dans le deuxième cas, le somnambule se lève et déambule dans l’habitation pour ensuite retourner spontanément dans son lit. Ses yeux sont grands ouverts et son regard est inexpressif. Si on lui parle, il peut répondre, il peut même exécuter des ordres. Mais le somnambule s’irrite très vite et devient grognon. Parfois, il peut réaliser des actes relativement élaborés, éviter des meubles, descendre des escaliers, vider une armoire, fouiller le réfrigérateur, se mettre à manger, faire la vaisselle, ou uriner dans un coin ; voire chez les adultes, conduire un véhicule. Sauf dans cette dernière situation, ce type de somnambulisme n’est pas dangereux et se déroule tout au plus une fois par mois durant 10 minutes[réf. nécessaire]. Il tend à disparaître au bout de quelques mois ou à la puberté chez les enfants. Si le somnambule commet des actes dangereux pour lui ou pour son entourage, nous passons au second type de manifestation.

Le somnambulisme à risque : c’est une forme accentuée du somnambulisme simple. En effet, la durée dépasse 10 minutes, la fréquence est de 2 à 3 fois par semaine et les actes du somnambule sont dangereux. Par exemple, il peut utiliser un couteau, faire des gestes violents qui peuvent le blesser lui et son entourage ou bien, par sa maladresse, il peut tomber (d'une mezzanine ou des escaliers). Lors de ce type de somnambulisme, les risques de défenestration sont courants.

Le troisième type est nommé le somnambulisme dissociatif.
Les premières crises de somnambulisme peuvent apparaître avant 6 ans ou après 10 ans mais sont surtout présentes à l'âge adulte.
Les crises débutent tôt après l'endormissement. Lorsque l'on tente de calmer, retenir, réveiller ou consoler le somnambule, celui-ci peut devenir encore plus agressif. Chez l’enfant, le risque de défenestration est deux fois plus important lors de cette crise.
Le somnambule est dans un état neurovégétatif (inconscient), il est dans un état de terreur, s'invente souvent un univers en rapport direct avec les événements de sa vie. Il peut réaliser des activités plus intenses que dans les autres types de somnambulisme. Le cas le plus impressionnant s'est semble-t-il terminé sur le suicide d'un sujet en phase de sommeil avancé.
C'est un état de sommeil semblable à l'hypnose. Il se produit à ces moments une activité intense du cerveau comparable à celle produite par des drogues enthéogène (LSD, champignons hallucinogènes, techniques chamaniques). Le sujet peut alors tenir des propos très cohérents pour lui mais incompréhensibles pour les autres. C'est le type de somnambulisme qui manifeste le plus de dialogue verbal dit dissociatif car le sens profond de chaque phrase trouve son explication dans les ressentis et stimuli de l'individu, mais sont interprétés de façon très imagée. Ce type de somnambulisme est le plus rare (10% des études) et le plus impressionnant à observer. Aucun traitement réellement efficace n'existe aujourd'hui car il résulte d'une suractivité neuronale.

Causes autres que génétiques

  • Dans un cadre comportemental :
    • Le stress ou les tensions nerveuses : produites chez l'enfant par des histoires familiales ou des événements traumatisants, et chez les adultes par la vie active.
    • Un manque ou une privation : le sujet ressent souvent de façon fondée ou non, un manque d'affection ou d'amour de la part de son entourage. Il a été constaté que les crises pouvaient pallier la privation de contacts physiques satisfaisants. Les crises permettent au cerveau de substituer cette perte ressentie et doivent donc être sérieusement prise en compte par l'entourage du somnambule. De nombreux somnambules ressentent également une privation d'expression sur le plan artistique et peuvent se sentir incompris. De nombreux artistes sont soumis à des crises somnambuliques accentuées par la prise régulière de drogues ou d'alcool.[réf. nécessaire]
    • Les migraines (en particulier chez les femmes). On a référencé de nombreux somnambules chez les patients souffrants de migraines ophtalmiques.
  • Dans un cadre environnemental :
    • Une maladie : il existe un lien étroit entre la fièvre et le somnambulisme. Il a été, aussi, associé à la Maladie de Gilles de la Tourette. Certaines formes de l’épilepsie ou d’énurésie peuvent également entraîner le somnambulisme.
    • La puberté : le trouble chez l'enfant peut être lié aux facteurs de croissance comme la puberté.
  • Dans un cadre toxique :
    • Certains médicaments de la classe des psychotropes sont consommés par moins de 10% des jeunes actuels[réf. nécessaire]. Il y a moins de consommation que chez les adultes. Les adultes utilisent plus de médicaments contre le stress, et pour dormir.

Traitements

Certains patients souffrent de troubles psychologiques liés à leur propre perception du somnambulisme, qui reste assez peu étudié et est mal connu du grand public. Les comportements violents peuvent également avoir un impact psychologique important notamment sur le couple.

Une croyance populaire veut qu'il ne faut pas réveiller un somnambule. S'il peut être souhaitable d'éviter de le faire pour prévenir une réaction incontrôlée, il convient en revanche de surveiller le sujet, et, en tout cas, il vaut mieux le réveiller plutôt que lui permettre de se mettre en danger.

En tant que maladie, le somnambulisme peut être traité :

  • Dans les cas simples, il faut chercher à supprimer les causes telles que le stress et éviter les exercices violents en soirée. L'activité sexuelle satisfaisante semble par contre apaiser fortement les fonctions végétatives du cerveau et donc apaiser l'intensité des crises.
  • Les somnambules doivent également adapter l’environnement : dormir au rez-de-chaussée ou verrouiller la porte de leur chambre.
  • Si les crises se manifestent trop souvent, les médecins peuvent prescrire des benzodiazépines, du diazepam ou du lorazepam, qui suppriment les crises en éliminant les phases du sommeil profond. Mais l’efficacité de ces benzodiazépines se limite au début du traitement, il s’ensuit un phénomène d’échappement.
  • On peut aussi utiliser l’hypnose avec un thérapeute : les résultats semblent efficaces. Si des troubles psychologiques surviennent après les crises, il est préférable de consulter un médecin psychiatre.
  • Dans tous les cas la méthode la plus efficace est de traiter l'individu et la cause première de son mal être.
  • Des associations aident certains somnambules à trouver une activité artistique accrue pour pallier un manque affectif quand il est la cause première des crises (non vérifié).

Aspect juridique

Le principe de la responsabilité pénale et civile nécessite de déterminer le degré de conscience, de liberté ou d'intention.

Même si le somnambulisme n'est pas considéré comme une maladie mentale, la justice peut se référer aux cas d'infractions commises en état de conscience altérée (ivresse, drogue, folie, hypnose, etc.).

Voir aussi

Notes et références

  1. Compte rendu du 54eme Congrès de l'American Academy of Neurology

Bibliographie

  • Bertrand Méheust, Somnambulisme et médiumnité, Le Plessis-Robinson, Institut Synthélabo, coll. Les Empêcheurs de penser en rond, 1999
    2 volumes : Le défi du magnétisme et Le choc des sciences physiques
     

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