Sophie-Charlotte en Baviere

Sophie-Charlotte en Baviere

Sophie-Charlotte en Bavière

Sophie Charlotte Auguste de Wittelsbach, duchesse en Bavière puis, par son mariage, duchesse d'Alençon, est née le 23 février 1847, à Munich, en Bavière, et est morte le 4 mai 1897 à Paris, VIIIe arrondissement, en France.

La princesse est la plus jeune sœur de l'impératrice d'Autriche (plus connue sous le diminutif "Sissi") et de la reine Marie des Deux-Siciles.

Sophie-Charlotte âgée de 18 ans

Ses tantes maternelles ayant épousé les plus en vues des souverains Allemands (Autriche, Prusse, Saxe), Sophie-Charlotte cousine avec toutes les têtes couronnées d'Europe.

Sommaire

Famille

Issue de la Maison de Wittelsbach, Sophie-Charlotte est le septième des huit enfants du duc Maximilien en Bavière (1808-1888), original chef de la branche cadette de la Maison de Bavière, et de la duchesse Ludovica de Bavière (1808-1892), fille du roi Maximilien Ier de Bavière (1756-1825) et de la reine née Caroline de Bade (1776-1841).

Le 28 septembre 1868, la duchesse Sophie-Charlotte épouse à Possenhofen, résidence des ducs en Bavière, le prince Ferdinand d'Orléans (1844-1910), duc d'Alençon, fils cadet du duc de Nemours (1814-1896), et de feue son épouse née Victoire de Saxe-Cobourg-Kohary (1822-1857). Le duc d'Alençon est un petit-fils du roi des Français Louis-Philippe Ier et le beau-frère de la princesse héritière du Brésil. Sa mère était une cousine germaine de la reine Victoria Ière du Royaume-Uni et une nièce du roi des Belges Léopold Ier.

Sophie-Charlotte et son époux ont deux enfants :

Biographie

Élevée comme ses frères et sœurs librement et sans réelle contrainte entre Possenhofen surnommé affectueusement Possi et la Residenz de la capitale, Munich, Sophie devient une jeune fille charmante.

Musicienne dotée d'une jolie voix, éprise d'absolu et admirant la musique de Richard Wagner, elle refuse d'abord tous les partis qui se présentent à elle, au grand dam de sa mère qui souhaite de brillantes unions pour ses filles (revanche sur son propre mariage) : l'archiduc Louis-Victor, frère de l'empereur de François-Joseph Ier d'Autriche (qui a épousé sa soeur aînée Elisabeth), un infant d'Espagne et le prince Philippe de Wurtemberg.

Elsa ou les fiançailles rompues

Néanmoins, le 22 janvier 1867, sont proclamées les fiançailles officielles de Sophie-Charlotte avec son cousin, le roi Louis II de Bavière, qui est également le chef de la Maison Wittelsbach et cela pour le plus grand bonheur de la duchesse Ludovika, qui a beaucoup souffert d'avoir été mariée à un duc, chef d'une branche cadette, quand ses six sœurs portent une couronne ou sont mères de souverains.

Passionné comme elle par la musique de Richard Wagner, compositeur qu'il vénère comme un dieu mais qu'il a dû disgracier sous la pression de ses ministres tant son impopularité devenait grande, le roi surnomme sa fiancée Elsa, nom de l'héroïne de l'opéra du « maître », Lohengrin. Cependant, Louis II, qui est homosexuel, conçoit difficilement une vie conjugale avec une femme. N'osant s'engager, il repousse plusieurs fois la date du mariage tandis que, de son côté, Sophie, déconcertée par la situation, noue une idylle secrète avec le fils du photographe de la cour Edgard Hanfstængel.

En octobre 1867, profitant de l'injonction du duc Max d'épouser sa fille une bonne fois pour toutes, le roi Louis, se prétendant offusqué par l'attitude du duc en Bavière qui est non seulement son futur beau-père mais aussi son sujet, rompt ses fiançailles avec Sophie-Charlotte, annule le mariage et se réfugie dans une vie de plus en plus solitaire.

Une princesse française

Sophie-Charlotte en Bavière

Humiliée par la situation, comme autrefois sa soeur Hélène, Sophie-Charlotte, qui est la sœur de l'impératrice d'Autriche et de l'ex-reine des Deux-Siciles, reste un bon parti mais souhaite laver l'affront qu'elle a subi en se mariant au plus tôt. Sa beauté est, par ailleurs, un atout supplémentaire. La princesse ne reste donc pas longtemps sans prétendant et, pour faire oublier le scandale de ses fiançailles ratées, elle épouse, dès le 22 septembre 1868, le prince Ferdinand d'Orléans, duc d'Alençon et petit-fils de l'ex-roi des Français Louis-Philippe.

Vivant en exil, comme tous les membres de sa famille, le duc d'Alençon est un jeune homme pieux et discret, qui partage sa vie entre l'Angleterre et l'Autriche, avant que les changements politiques survenus en France à partir de 1870 lui permettent de regagner sa patrie.

Après le mariage, deux enfants naissent assez rapidement. Une petite fille, prénommée Louise comme sa grand-mère maternelle, voit le jour dès 1869, après des couches éprouvantes, puis un fils, Emmanuel, en 1872. Sophie-Charlotte se montre une épouse ardente alors que ses couches ont été assez difficiles et Ferdinand tente, comme il le peut - avec l'aide des conseils de son père - de calmer son épouse et de lui trouver des moyens efficaces de contraception.



Sophie n'est pas malheureuse avec son mari mais souffre, comme ses soeurs, d'un état dépressif chronique, et supporte difficilement la trop grande riguesur que lui impose son beau-père, le duc de Nemours . Le prince conserve en effet une forte influence sur son fils et se montre parfois très autoritaire. Sophie-Charlotte trouve en revanche soutien et affection chez un de ses oncles par alliance, le duc d'Aumale et son épouse Marie-Carolie de Sicile, lesquels leur prête volontiers leur maison de Palerme.

Si le jeune couple peut enfin connaître une heureuse lune de miel en Sicile, celle-ci est de courte durée. En effet, le tout nouveau roi du tout nouveau Royaume d'Italie ne voit pas d'un oeil serein l'installation du jeune couple dans l'ex-Royaume des Deux-Siciles : La duchesse d'Alençon est la soeur de l'ex-reine Marie-Sophie des Deux-Siciles, âme de la résistance napolitaine face aux armées italiennes, qui s'est réfugiée avec son mari et sa cour dans ce qui reste des États Pontificaux.

Le jeune couple est invité à changer de lieu de résidence et s'installe à Rome où il sera très proche de ses deux soeurs, la reine Marie-Sophie déjà citée et la comtesse de Trani qui vivent des amours adultérines.

En 1870, L'Italie annexe les États Pontificaux. Le pape Pie IX se retire dans son palais du Vatican tandis que les princes siciliens se réfugient en Autriche auprès de leur soeur, la fameuse Sissi, suivis par le couple d'Alençon.

Ferdinand est mortifié de n'avoir pu servir dans l'armée Française contre la Prusse et ses alliés (dont, malgré elle, la Bavière, pays de son épouse).

Le couple s'installe dans le sud du Tyrol, au château de Mentelberg, où Sophie-Charlotte, en 1872, donne naissance à un fils le futur duc de Vendôme.

En 1873, les Orléans ayant reçu l'autorisation de rentrer en France, le couple s'installe à Vincennes, avenue de la Reine Blanche, et Ferdinand retrouve son rang d'officier dans l'armée Française.

Ferdinand et Sophie-Charlotte s'installeront plus tard à Paris, avenue Kléber puis au 32 avenue de Friedland.

La Foi

À partir de 1876, sous l'invocation de sainte Marie-Madeleine (pécheresse repentie) et la direction spirituelle d'un dominicain, le père de Raynal, la princesse devient membre du tiers-ordre dominicain de la rue du Faubourg-Saint-Honoré (Paris VIII), tandis que son mari entre dans le tiers-ordre franciscain .

En 1886, l'ex-fiancé de Sophie-Charlotte, le roi Louis II de Bavière, est déclaré inapte à régner par le gouvernement Bavarois. Il est placé en résidence surveillée et la régence est confiée à son oncle, le prince Luitpold de Bavière (1821-1912). Quelques jours plus tard, on retrouve le souverain déchu noyé dans un lac en compagnie de son psychiatre.

Scandale et rédemption

Le destin tragique de son ex-fiancé ne peut manquer d'ébranler la duchesse d'Alençon. Sophie, pourtant quadragénaire et terciaire dominicaine, noue une relation adultérine passionnée avec un médecin marié et père de famille. La princesse, au mépris des convenances, songe alors ouvertement à quitter son mari et ses enfants (âgés de 17 et 14 ans).

Condamnée par les siens, y compris sa soeur Sissi, Sophie-Charlotte est placée par sa famille dans le célèbre hôpital du docteur Richard von Krafft-Ebing, spécialiste des troubles psychiques, à Graz en Autriche. Même son frère, le duc Charles-Théodore en Bavière (1839-1909), qui a quitté l'armée pour devenir médecin (et deviendra plus tard un ophtalmologue réputé) ne peut rien pour elle.

D'autres drames secouent encore la famille de la princesse : son beau-frère, époux de sa sœur Mathilde, Louis de Bourbon-Siciles (1838-1886), comte de Trani, se suicide et son neveu, l'archiduc Rodolphe, fils d'Elisabeth et héritier du trône Austro-Hongrois, est retrouvé mort à Mayerling, à l'âge de 31 ans, aux côtés de sa maîtresse, une jeune fille encore mineure, âgée de 17 ans. Trois ans plus tôt, un autre neveu de la princesse, le prince Maximilien von Thurn und Taxis, âgé de 23 ans, avait trouvé dans la maladie une mort prématurée. La mère du jeune homme, la princesse Hélène, déjà veuve depuis vingt ans, est submergée par la douleur et doit être internée quelque temps, avant de mourir à son tour en 1890. Entre-temps, le père de Sophie-Charlotte, l'anti-conformiste duc Max, s'éteint octogénaire en 1888, suivi de son épouse en 1892, de leur fils Max-Emmanuel en 1893 et de la femme de celui-ci, Amélie de Saxe-Cobourg-Kohary (sœur du tsar Ferdinand Ier de Bulgarie) en 1894.

Après son séjour à l'hôpital, Sophie-Charlotte renoue avec son mari et ses enfants. Elle trouve désormais la paix dans une foi profonde et s'occupe activement - mais avec tact - d'œuvres charitables.

En 1891, elle a la joie de marier sa fille avec un membre de la famille Wittelsbach, le prince Alphonse de Bavière (1862-1933), un petit-fils de son oncle maternel, le roi Louis Ier de Bavière.

Son fils Emmanuel, alors mineur, aurait épousé secrètement la même année une demoiselle de la haute noblesse française, Louise de Maillé de la Tour Landry (1873-1893), dont il aurait eu un fils, Philippe (1893-1955). En 1896, le duc de Vendôme épouse finalement la nièce du roi des Belges, la princesse Henriette de Belgique (1872-1944), dont il aura quatre enfants.

Une mort édifiante

Le 4 mai 1897, Sophie-Charlotte périt brûlée vive dans l’incendie du Bazar de la Charité des Dominicains, à Paris. Offrant l'exemple d'une mort véritablement chrétienne, elle sacrifie sa vie pour épargner celles des dames et des jeunes filles qui la secondaient à son stand.

En apprenant la tragédie, le duc d'Aumale, son oncle bien-aimé, est foudroyé par une crise cardiaque et sa sœur, l'impératrice d'Autriche, prédit : « nous mourrons tous de mort violente ». Elle est assassinée à Genève l'année suivante par un anarchiste...

Sur l'emplacement du bazar de la Charité, rue Jean-Goujon, à Paris, est plus tard bâtie l'église Notre-Dame-de-la-Consolation.

Le corps de la duchesse d'Alençon repose dans la chapelle royale de Dreux. Celui de son mari l'y rejoint en 1910.

Bibliographie

  • Marguerite Bourcet, Le duc et la duchesse d'Alençon, Perrin, 2003 (ISBN 226-2020698).
  • Dominique Paoli, Sophie-Charlotte, Duchesse d'Alençon, Racine, 1995 (ISBN 2-87386-009-X).
  • Dominique Paoli, Il y a cent ans : l'incendie du Bazar de la Charité, MBC, 1997 (ISBN 978-2951124707)
  • Dominique Paoli, La Duchesse d'Alençon : Sophie-Charlotte, sœur de Sissi, Racine, 1999 (ISBN 978-2873861650).

Liens

Notes et références


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