Soulevement du Dos de Mayo

Soulevement du Dos de Mayo

Soulèvement du Dos de Mayo

Monument aux Héros du Dos de Mayo, inauguré à Madrid en 1840.

Le Soulèvement du Dos de Mayo (levantamiento del 2 de mayo, soulèvement du 2 mai) de 1808 est le nom sous lequel on désigne la rébellion du peuple madrilène contre l'occupation de la ville par les Français, et qui s'étendit dans toute l'Espagne. Il marque le début de la Guerre d'indépendance espagnole.

Il est aujourd'hui célébré dans la Communauté autonome de Madrid comme « Jour de la communauté » (Día de la Comunidad), équivalent régional d'une Fête nationale.

Sommaire

Antécédents

Depuis les évènements du Soulèvement d'Aranjuez (17 mars 1808) pendant lesquels le roi Charles IV avait abdiqué en faveur de son fils Ferdinand VII, Madrid est occupée par le général Murat (23 mars). Ferdinand VII revint à la cour, salué par les acclamations du peuple de Madrid. Napoléon l'invita à le rejoindre à Bayonne. Le 20, Ferdinand VII passa la frontière, espérant, lors de cette réunion, se faire reconnaitre comme roi d'Espagne. Son père demanda à se joindre à eux et arriva à Bayonne le 30, escorté par les troupes françaises. En fait, Napoléon par ses pressions, obtiendra finalement l'abdication de Charles IV et de Ferdinand VII en faveur de Joseph Bonaparte (futur Joseph I).

A Madrid, une Junta de Gobierno représentait le roi Ferdinand VII. Cependant, le pouvoir effectif restait entre les mains de Murat, lequel avait réduit la Junta de Gobierno à un rôle de simple marionnette ou de simple spectatrice des évènements. Le 27 avril, Murat sollicita, théoriquement au nom de Charles IV, l'autorisation de conduire à Bayonne, la reine d'Etrurie (fille de Charles IV) et l'infant Fernand de Paula. Au début, lors de la réunion dans la nuit du 1 au 2 mai, la junte refusa, puis finalement céda à la suite des instructions de Ferdinand VII, amenées par un émissaire arrivé de Bayonne ("conserver la paix et l'harmonie avec les Français").

¡Que nos lo llevan! (Ils nous l'enlèvent !)

Le 2 mai 1808, la multitude commença à se concentrer devant le Palais Royal. La foule vit comment les soldats français amenaient hors du palais la reine d'Etrurie. Sa sortie ne produisit aucun choc. La présence d'une autre voiture a fait penser qu'elle était destinée à l'infant François de Paule. Au cris de ¡Que nos lo llevan! (Ils nous l'enlèvent!), la foule pénétra dans le palais. L'infant apparut à un balcon augmentant l'agitation sur la place. Les deux officiers français chargés du transfert, le colonel Auguste Lagrange et Michel Desmaisieres furent sauvés par une patrouille passant par là. Ce tumulte est exploité par Murat, qui dépêche un bataillon de grenadiers de la Garde Impériale au palais, accompagnés par de l'artillerie, lesquels tirent sans sommations sur la foule déchaînée. Cette foule se disperse dans tout Madrid aux cris de Mort aux Français. La lutte va s'étendre à Madrid et durera pendant des heures.

Le combat de rues

Statue érigée à Santander à la mémoire du capitaine d'artillerie Pedro Velarde Santillán, héros cantabre de la Guerre d'indépendance espagnole tué pendant le soulèvement du 2 mai 1808 de Madrid.

Les madrilènes durent découvrir en cet instant les conditions de la guerre de rues: constitution de bandes de quartier commandés par des chefs improvisés; obligation de trouver des armes (ils luttaient avec des couteaux face à des sabres); nécessité d'empêcher l'arrivée de nouvelles troupes françaises...

Tout cela ne fut pas suffisant et Murat put mettre en pratique une tactique aussi simple qu'efficace. Quand les madrilènes ont voulu se rendre maitres des portes de l'enceinte de Madrid pour empêcher l'arrivée des forces françaises cantonnées hors de Madrid, le gros des troupes de Murat (quelques 30 000 hommes) avait déjà pénétré dans la cité, faisant un mouvement concentrique pour entrer dans Madrid.

Cependant la résistance à l'avance des français fut beaucoup plus efficace que ce qu'avait prévu Murat, spécialement à la Puerta de Toledo, la Puerta del Sol et le Parc d'Artillerie de Monteleón; cette opération permit à Murat de mettre Madrid sous la juridiction militaire. C'est-à-dire, traiter les madrilènes comme des rebelles. Il plaça également sous ses ordres la Junta de Gobierno.

Peu à peu, les foyers de résistance vont tomber. Coups de poignards, égorgements, arrestations... Mamelouks et lanciers de Napoléon exercent leur cruauté sur le peuple madrilène. Des centaines d'espagnols, hommes et femmes, et des soldats français meurent dans cet affrontement. Le tableau de Goya La Charge des Mamelouks reflète les combats de rue qui se sont produit ce jour.

Daoíz et Velarde

Pendant ce temps, les militaires espagnols restent passifs dans leurs casernements, suivant les ordres du capitaine général Francisco Javier Negrete. Seuls les artilleurs du parc d'Artillerie situé au Palais de Monteleón désobéissent aux ordres et rejoignent l'insurrection. Les héros de plus haut grade seront les capitaines Luis Daoíz y Torres (qui assume le commandement en tant que le plus âgé) et Pedro Velarde Santillán. Avec leurs hommes ils se retranchent dans le Parc d'Artillerie de Monteleón. Après avoir repoussé une première offensive française commandée par le général Lefranc, ils meurent en luttant héroïquement face aux renforts envoyés par Murat.

Les insurgés en armes

El Dos de mayo de 1808 en Madrid, de Goya. Musée du Prado

Le Deux Mai 1808, ce ne fut pas la rébellion de tous les Espagnols contre l'occupant français, mais celui du peuple espagnol contre un occupant toléré (par indifférence, peur ou intérêt) par un grand nombre des membres de l'Administration. La Carga de los Mamelucos (la Charge de Mamelouks) de Goya, représente les principales caractéristiques de la lutte: professionnels parfaitement équipés (les mamelouks ou les cuirassiers) face à une multitude pratiquement désarmée; présence active dans le combat de femmes, dont certaines perdront la vie (Manuela Malasaña ou Clara del Rey); présence quasi exclusive du peuple et de certains militaires.

La répression

El Tres de mayo de 1808 en Madrid: les exécutions à la montagne du Prince Pío, de Goya. Musée du Prado

La répression est cruelle. Murat ne se contente pas d'avoir écrasé le soulèvement mais a trois objectifs: contrôler l'administration et l'armée espagnoles; appliquer un châtiment rigoureux aux rebelles pour servir de leçon à tous les Espagnols; et montrer que c'était lui qui gouvernait l'Espagne. Le soir du 2 mai, il signe un décret qui crée une commission militaire, présidée par le général Grouchy pour condamner à mort tous ceux qui ont été arrêtés avec les armes à la main (Seront fusillés tous ceux qui durant la rébellion ont été pris avec des armes). Le Conseil de Castille publie une proclamation selon laquelle est déclarée illicite toute réunion dans des lieux publics; on ordonne la remise de toutes les armes, blanches ou à feu. Des militaires espagnols collaborent avec Grouchy dans la commission militaire. Dans un premier temps, les classes dirigeantes paraissent préférer le triomphe des armes de Murat plutôt que de celles des patriotes, composés uniquement par les classes populaires.

Au Salón du Prado et dans les champs de La Moncloa, on fusille des centaines de patriotes. Peut-être quelques milliers d'Espagnols ont perdu la vie lors du soulèvement et des exécutions qui ont suivi. De leur côté, les Français ont perdu ce jour 60 officiers et 900 soldats.

Conséquences

Murat pensait, sans doute, en avoir fini avec les élans révolutionnaires des espagnols, en leur inspirant une terreur effrayante (garantissant pour lui même la couronne d'Espagne). Cependant, le sang répandu ne fit qu'enflammer le courage des espagnols. Il donna le signal du début de la lutte dans toute l'Espagne contre les troupes d'invasion. Ce même 2 mai, dans la soirée, dans la ville de Móstoles devant les nouvelles horribles qu'apportaient les fugitifs de la répression dans la capitale, un homme politique de premier plan (Secrétaire del Almirantazgo y Fiscal del Supremo Consejo de Guerra), Juan Pérez Villamil a fait signer par les alcaldes du village (Andrés Torrejón et Simón Hernández) un édit dans lequel on appelle tous les espagnols à prendre les armes contre l'envahisseur, en commençant par accourir au secours de la capitale. Cet édit, d'une manière indirecte, a provoqué le soulèvement général. Les premiers mouvements de celui-ci ont été ceux qu'engagèrent le corregidor de Talavera de la Reina, Pedro Pérez de la Mula, et l'alcalde de Trujillo, Antonio Martín Rivas; tous les deux organisèrent des listes de volontaires, avec des vivres et des armes, pour venir en aide à la Cour.

Bibliographie

  • La Guerra de la Independencia, de Gérard Dufour. ISBN 84-7679-144-5
  • "Un jour de colère" d' Arturo perez-reverte *** ISBN ORIGINAL 978-84-204-7280-5 EDITIONS DU SEUIL

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