Soustraction d'obédience

Soustraction d'obédience

La soustraction d'obédience est la politique menée par la France à la fin du XIVe siècle vis-à-vis de la papauté qui consistait à retirer son obédience aux papes de Rome et d'Avignon, qui se disputaient alors le Saint-Siège, afin de les inciter à abdiquer.

En 1394, le Grand Schisme d'Occident dure depuis déjà plus de 15 ans: deux papes rivaux se retrouvent à la tête de la Chrétienté. L'un d'eux, Boniface IX, siège à Rome et a l'appui de l'Italie du nord, de l'Angleterre, de l'Allemagne, de la Pologne et de la Hongrie. Dans le camp de Benoît XIII, pape d'Avignon, se rangent la France, la Castille, l'Aragon, le Portugal, l'Écosse, la Savoie et le royaume de Chypre.

Cette année-là, Philippe le Hardi, qui régente la France depuis que le roi Charles VI est devenu fou, demande à l'Université de Paris de lui présenter un rapport sur les moyens de mettre fin au schisme. Après plusieurs mois de délibérations, l'Université présente trois solutions: la voie de compromis (laisser aux pontifes le soin de mettre fin eux-mêmes au schisme), la voie de cession (il faut les faire démettre simultanément et en élire un autre) ou la réunion d'un concile qui aurait pour but de trancher le problème.

En février 1395, le Conseil du roi appuie le principe d'une démarche pour la voie de cession. Cependant, ni Benoît XIII ni Boniface IX n'acceptent de se démettre. On décide alors de les obliger en ayant recours à une soustraction d'obédience. En 1398, un conseil national des évêques tenu à Paris vote[1] une ordonnance retirant au pape les bénéfices et les taxes ecclésiastiques qui ne seront plus versés à Avignon mais au roi de France. Autrement dit, l'Église de France se gouvernera elle-même et c'est le roi qui légifèrera. Seule l'autorité spirituelle est reconnue au pape d'Avignon. La France est bientôt imitée par la Sicile, la Castille et la Navarre.

Entêté, Benoît XIII refuse de plier, même si les fonds ne rentrent plus. Assiégé dans sa citadelle pendant plusieurs mois par des ennemis locaux, il parvient à s'enfuir en 1403 et se réfugie chez le comte de Provence, Louis II d'Anjou, qui s'opposait depuis le début à la soustracton d'obédience.

La soustraction d'obédience est finalement un échec. Plusieurs évêques commencent à se plaindre, surtout lorsque le gouvernement français commence à taxer les revenus des églises. Le 29 avril 1403, la Castille restitue son obédience au pape. La France suit le 28 mai. On en revient aux tractations diplomatiques qui ne donneront aucun résultat, les pontifes de Rome et d'Avignon campant toujours sur leurs positions.

En 1407, l'Université de Paris, avec l'appui du duc de Bourgogne et du Parlement de Paris, décide par elle-même une nouvelle soustraction d'obédience qui ne donnera pas plus de résultat que la première fois.


Sources

  • Favier, Jean. La guerre de Cent-Ans. Fayard. 1980.

Notes et références

  1. H. Millet et E. Poulle, Vote de soustraction d'obédience, 1988

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Soustraction d'obédience de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем написать курсовую

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Soustraction d'obedience — Soustraction d obédience En 1394, le Grand Schisme d Occident dure depuis déjà plus de 15 ans: deux papes rivaux se retrouvent à la tête de la Chrétienté. L un d eux, Boniface IX, siège à Rome et a l appui de l Italie du nord, de l Angleterre, de …   Wikipédia en Français

  • Grand Schisme d'Occident — Pour les articles homonymes, voir Grand schisme. On appelle grand schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le catholicisme au tournant des XIVe et XVe siècles (1378 1417), divisant pendant quarante ans la… …   Wikipédia en Français

  • Grand Schisme d’Occident — Grand Schisme d Occident Pour les articles homonymes, voir Grand schisme. On appelle grand schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le catholicisme au tournant des XIVe et XVe siècles (1378 1418), divisant… …   Wikipédia en Français

  • Grand schisme d'Occident — Pour les articles homonymes, voir Grand schisme. On appelle grand schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le catholicisme au tournant des XIVe et XVe siècles (1378 1418), divisant pendant quarante ans la… …   Wikipédia en Français

  • Philippe II de Bourgogne — Pour les articles homonymes, voir Philippe de Bourgogne et Philippe le Hardi. Philippe II de Bourgogne Philippe II, dit le Hardi …   Wikipédia en Français

  • Philippe II de Flandre — Philippe II de Bourgogne Pour les articles homonymes, voir Philippe de Bourgogne et Philippe le Hardi. Philippe II de Bourgogne dit Philippe le Hardi[1] (1342 1404), est le fils du roi Jean II de France, dit Jean le Bon, et de Bonne de Luxembourg …   Wikipédia en Français

  • Philippe ii de bourgogne — Pour les articles homonymes, voir Philippe de Bourgogne et Philippe le Hardi. Philippe II de Bourgogne dit Philippe le Hardi[1] (1342 1404), est le fils du roi Jean II de France, dit Jean le Bon, et de Bonne de Luxembourg. Né à Pontoise le 17… …   Wikipédia en Français

  • Benoît XIII (antipape) — Pour les articles homonymes, voir Benoît XIII et Benoît. Pour les articles homonymes, voir Pierre de lune (homonymie). Benoît XIII Antipape …   Wikipédia en Français

  • Concile de Pise — Pise, lieu de la première tentative de mettre un terme au Grand Schisme Le concile de Pise a été convoqué en 1409 pour tenter de régler le sérieux problème du Grand Schisme d Occident. Le contexte Depuis 1378, deux papes rivaux se trouvent à la… …   Wikipédia en Français

  • Marie Robine — Place des Corps Saints avec à droite l église des Célestins Marie Robine, dite Marie d’Avignon ou Marie la Gasque (la Gasconne), (? 1399), était une illuminée qui vécu pendant le Grand Schisme d Occident. Issue d une famille pauvre du Béarn, elle …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”