Stanley Kubrick

Stanley Kubrick

Stanley Kubrick

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Autoportrait de Kubrick avec un Leica III
(extrait du livre Drame et Ombres)

Nom de naissance Stanley Kubrick
Naissance 26 juillet 1928
Drapeau des États-Unis New York (États-Unis)
Nationalité Drapeau des États-Unis Américaine
Décès 7 mars 1999 (à 70 ans)
Drapeau du Royaume-Uni Hertfordshire, Londres (Royaume-Uni)
Profession Photographe
Réalisateur
Scénariste
Producteur
Films notables L'Ultime Razzia
Les Sentiers de la gloire
Spartacus
Lolita
Docteur Folamour
2001, l'Odyssée de l'espace
Orange mécanique
Barry Lyndon
Shining
Full Metal Jacket
Eyes Wide Shut
Site internet kubrickfilms.warnerbros.com

Stanley Kubrick est un réalisateur américain né le 26 juillet 1928 à New York, dans le quartier du Bronx[1], et mort le 7 mars 1999 à son domicile d'Hertfordshire dans la banlieue de Londres.

Après des débuts dans la photographie, Kubrick, autodidacte, sera également son propre directeur de la photographie, producteur, scénariste ou encore monteur. Ses treize longs métrages en quarante-six ans de carrière l'imposent comme un cinéaste majeur du XXe siècle.

Sommaire

Biographie

Stanley Kubrick a toujours été réticent à s'entretenir sur ses œuvres, laissant au spectateur la liberté de formuler sa propre interprétation. Les deux principaux livres auxquels il a participé activement avec Michel Ciment et Alexander Walker sont consacrés au récit (image et son) et à la symbolique de ses films.

Débuts dans la photographie

Stanley Kubrick se photographiant devant un miroir avec Rosemary Williams, 1949

Stanley Kubrick est issu d'une famille juive originaire d'Europe centrale[1]. Son père, Jacques Leonard Kubrick (1901-1985), né aux États-Unis d'une mère roumaine et d'un père austro-hongrois, était cardiologue, pianiste et photographe amateur. Il apprend à son fils Stanley âgé de douze ans à jouer aux échecs[2]. Cette passion suivra Stanley Kubrick toute sa vie[3]. Sa mère Gertrude, née Perveler (1903-1985), chanteuse et danseuse, lui a donné le goût des livres et de la lecture. Il a une sœur cadette, Barbara, née en 1934.

De 1940 à 1945, Kubrick ne trouve aucun intérêt à l'école. Mis à part la physique, rien ne l'intéresse, et il n'arrive pas à obtenir une moyenne suffisante pour s'inscrire à l'université. D'autant plus que la guerre terminée, nombre de soldats revenant du front tentent d'y entrer, mais les inscriptions sont limitées[1].

Pour son treizième anniversaire, son père lui offre son premier appareil photo. Cette nouvelle activité le passionne et lui fait oublier sa passion de jeunesse, le jazz, et son rêve de devenir batteur de jazz professionnel[1]. Il prend de nombreuses photos et les développe avec un ami dans la chambre noire familiale. Il devient le photographe officiel de son collège et a pour idole le reporter-photographe Weegee[4].

En avril 1945, à l'âge de 16 ans, il réussit à vendre au magazine illustré Look une photographie d'un vendeur de journaux en larmes après la mort de Franklin D. Roosevelt, qu'il a prise alors qu'il se rendait au lycée[1]. La rédactrice en chef l'engage comme photographe indépendant, « par pitié » dira-t-il plus tard. Stanley Kubrick y travaille durant quatre ans et y apprend les ficelles du métier, la composition d'une image, les éclairages, l'usage des extérieurs et l'art de saisir le mouvement[5]. Plutôt perfectionniste, il lui arrive de prendre plusieurs centaines de clichés pour réaliser une seule photo[6]. Grand amateur de boxe, son premier « photos-récit » intitulé Prizefighter (Le Professionnel) raconte une journée de la vie du boxeur Walter Cartier. C'est ce photo-récit qui sera à l'origine de son premier film : Day of the Fight.

En 1947, à l'âge de 18 ans, il se marie avec une camarade de classe de la Taft High School, Toba Metz. Ils s'installent dans Greenwich Village deux ans plus tard[7].

Un destin de réalisateur

Pendant ses premières années de photographe de magazine, Kubrick fréquente assidûment les salles de cinéma. Ses goûts sont éclectiques, avec une préférence, comme il le dit en 1963 dans la revue Cinéma, pour le cinéma d'auteur européen comme Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni, Federico Fellini[7]. Les films de Max Ophüls comme Le plaisir ou Madame de... – mouvement complexe et sans heurt de la caméra, travelling – influencent le jeune Stanley Kubrick.

En 1950, l'autodidacte Stanley Kubrick, âgé de 22 ans, se décide à sauter le pas et se lance dans le cinéma. Pour lui, sa meilleure formation, ce sont les longues séances cinématographiques qu'il s'impose, des meilleurs films au pire des navets. « Je ne peux pas faire pire » se dit-il[8].

Courts métrages et série TV

Dans ses premiers films, Kubrick fait tout lui-même ; il est à la fois scénariste, cadreur, ingénieur du son, monteur et réalisateur.

Entre 1950 et 1951, Kubrick réalise deux documentaires consacrés l'un à un boxeur, l'autre à un missionnaire. Il reprend l'idée de son photos-récit Prizefighter et réalise avec un camarade de classe Alexander Singer, le court-métrage Day of the Fight - une journée de la vie du boxeur Walter Cartier - filmé comme un reportage. Autofinancé avec un budget de 3 900 $, le documentaire est vendu à la RKO Pictures avec seulement 100 $ de bénéfice.

Pour Flying Padre, Stanley Kubrick reprend la même idée et suit durant deux jours le révérend Fred Stadtmueller, un missionnaire catholique. D'une durée de 9 minutes, ce film est en partie financé et distribué par la RKO.

Les deux documentaires sont des succès mineurs, mais Kubrick se fait remarquer par le brillant de sa photographie. Lui-même dira ; « Même si mes deux premiers films étaient mauvais, ils étaient bien photographiés[9]. »

En 1951, il divorce de Toba Metz. L'année suivante, à la demande de Richard de Rochemont, futur producteur de cinéma de son premier film Fear and Desire, Kubrick est réalisateur de deuxième équipe sur une séquence d'un omnibus consacré à Abraham Lincoln. Par la suite il réalise plusieurs épisodes, toujours en qualité d'assistant réalisateur. C'est en 1953 qu'il réalise son premier documentaire en couleurs, The Seafarers. Dans ce film promotionnel sur la marine marchande, on retrouve les travellings à la Max Ophüls[10].

Premiers longs métrages

Articles connexes : Fear and Desire et Le Baiser du tueur.

Pour réaliser son premier long métrage Fear and Desire, Kubrick emprunte à sa famille 9 000 $. Il persuade un ami poète de lui écrire un scénario original : l'histoire d'un groupe de soldats chargés d'éliminer une troupe ennemie dans une guerre fictive ; à la fin du film, les soldats voient leurs propres visages dans ceux de leurs ennemis. Le réalisateur tourne son film en 35 mm noir et blanc près de Los Angeles. Une nouvelle fois, il fait tout. Il décide de ne pas enregistrer le son avec les images et son erreur lui coûte 30 000 $ de post-synchronisation. Malgré tout, il est fier d'avoir réussi à terminer son film. Plus tard, il qualifiera son film de « tentative inepte et prétentieuse »[11] et décidera de le retirer des circuits de distribution et d'en interdire toute projection.

Encouragé par une critique honorable, Stanley Kubrick quitte définitivement le magazine Look bien que le film soit un échec commercial. C'est lors du tournage du film qu'il rencontre sa future femme, Ruth Sobotka.

En 1954, Le Baiser du tueur (Killer's Kiss), son second long-métrage, film très court tourné dans les rues de New York, raconte l'histoire d'un boxeur minable obligé de fuir la mafia. L’histoire manque d'originalité — c'est le seul scénario original écrit par Kubrick — mais ce film démontre son talent à jouer avec l'ombre et la lumière[12] et confirme sa maîtrise technique dans la scène de règlement de comptes dans un entrepôt de mannequins.

Sa réalisation est récompensée par un Léopard d'or au Festival international du film de Locarno.

Les débuts de la collaboration avec James Harris

Le Baiser du tueur attire l'attention de James B. Harris, producteur indépendant qui a de bonnes relations avec les majors de Hollywood. C'est Alexander Singer, qui a connu Harris quelques années auparavant, qui fait se rencontrer les deux hommes. Cette rencontre est décisive, et ensemble ils fondent la Harris-Kubrick Pictures alors qu'ils ne sont tous les deux âgés que de 26 ans[13].

Deux ans plus tard, en 1956, naît de leur association le troisième film de Kubrick, L'Ultime Razzia (The Killing)[13], le premier grand film avec un budget de 320 000 dollars financé en partie par Harris et les United Artists. Pour la première fois le réalisateur dispose d'acteurs professionnels et d'une équipe technique complète. Encore une fois, l’histoire n'a rien d'exceptionnel : un tireur embusqué doit abattre le cheval de tête dans une course hippique pour créer une diversion et ainsi faciliter le hold-up de la caisse des paris. Un film noir de braquage comme il en existe beaucoup à cette époque, mais Stanley Kubrick fragmente l'histoire que seule la voix off très influencée par Citizen Kane d'Orson Welles permet de reconstituer. Plus d'une décennie plus tard, la critique Pauline Kael considérait que L'Ultime Razzia avait lancé la carrière de Kubrick. Elle ne s'était pas trompée. Leurs chemins vont souvent se croiser par la suite car elle va détester tous ses films : « une froide et distante atmosphère, des films qui n'ont pas d'âme[14]. »

Au cours du tournage, Kubrick affirme son autorité : alors que le directeur de la photographie, Lucien Ballard, change l’objectif que Kubrick avait choisi pour une scène avec un travelling, ainsi que son emplacement en lui expliquant que cela n’aura aucune incidence sur les changements de perspective, calmement, le cinéaste lui intime l’ordre de remettre la caméra à son emplacement d’origine avec l’objectif initial, ou bien de quitter le plateau et de ne jamais y revenir[12]. Ballard obéit et le tournage se termine tranquillement.

Malgré un budget important, Kubrick n’apparaît encore dans ce film que comme l’un des nouveaux maîtres de la série B[15]. Orson Welles, interrogé par André Bazin sur les autres cinéastes, déclare : « L'Ultime Razzia de Kubrick n'est pas trop mal ». Dans la revue Cahiers du cinéma, Jean-Luc Godard lui reconnaît quelques qualités tempérées : « C'est le film d'un bon élève sans plus. Ce qui correspond chez Ophüls à une certaine vision du monde n'est chez Kubrick qu'esbroufe gratuite. Mais il faut louer l'ingéniosité de l'adaptation qui, adoptant systématiquement la déchronologie des actions, sait nous intéresser à une intrigue qui ne sort pas des sentiers battus[16]. »

Kirk Douglas en 1952

L'Ultime Razzia étant un succès, United Artists accepte de financer à hauteur d'un million de dollars le futur film de Harris-Kubrick tiré d'un best-seller américain de 1935, The paths of Glory, inspiré des événements réels de 1917 où des soldats seront fusillés pour l'exemple. Harris ne disposant que d'un budget très modeste selon les critères hollywoodiens et d'un scénario de Kubrick, Calder Willingham et Jim Thompson, le projet ne suscite guère d'enthousiasme auprès des majors. Tout bascule quand Harris envoie une copie du scénario à Kirk Douglas, lequel répond : « Stanley, je crois que ce film ne fera pas un rond, mais il faut absolument le tourner[17] ». En 1957, sept ans après son premier court-métrage, Kubrick dirige Kirk Douglas dans le film sur l’absurdité de la guerre, Les Sentiers de la gloire.

Le film se déroule durant la Première Guerre mondiale. Un général de l'armée française décide de lancer une de ses unités dans des attaques désespérées contre les lignes allemandes retranchées à Verdun. Pour l’exemple, trois soldats innocents seront fusillés pour lâcheté. Le film est entièrement tourné en Allemagne avec 800 policiers allemands pour jouer les troupes françaises. Les scènes en intérieur sont tournées au studio Geiselgasteig à Munich. On y voit apparaître des séquences qui caractérisent Kubrick et qu'il ne cesse de perfectionner par la suite : travelling compensé arrière, utilisation de la musique et mouvements de caméra sans heurt filmés avec une Dolly pour la marche ininterrompue du colonel Dax dans les tranchées. Cette scène est d'ailleurs similaire à celle du labyrinthe de Shining filmée en steadicam. La scène du chant de la jeune prisonnière, jouée par sa future épouse, l'actrice allemande et nièce de Veit Harlan Christiane Susanne Harlan, montre la capacité de Kubrick à filmer l'émotion sans tomber dans la sensiblerie[12]. Il divorce de Ruth Sobotka en 1957 pour épouser en 1958 Christiane Harlan qu'il a rencontrée pendant le tournage. Son frère, Jan Harlan, deviendra le producteur délégué du réalisateur à partir de 1975.

Dans ce film apparaissent deux thèmes de prédilection de Kubrick : la double personnalité et un monde au bord de l'effondrement. Dans le livre et dans le film, les personnages sont clairement identifiés, avec le colonel Dax (Kirk Douglas), homme sobre, intelligent et courageux, et le général Mireau (George Macready), vaniteux, ambitieux et incompétent. Le personnage le plus machiavélique du film est le général Broulard (Adolphe Menjou). Kubrick joue habilement avec la bonhomie du personnage rusé et raffiné mais s'avérant incroyablement amoral (il va détruire les dernières illusions du colonel et ruiner définitivement la carrière du général) et sans aucune pitié envers les hommes de troupe.

Le film est projeté à Munich le 18 septembre 1957[18]. Il est perçu comme une critique directe de l'armée française, par la cruauté des scènes finales et la satire violente des états-majors français, même si le film souffre de nombreuses invraisemblances. Il reçoit plusieurs récompenses dont le prix Chevalier de la Barre. Sous la pression d'associations d'anciens combattants français et belges, le gouvernement français proteste auprès de la United Artists, mais ne demande pas la censure du film. Devant l'ampleur du mouvement contestataire, les producteurs du film décident de ne pas le distribuer. De nombreux pays en Europe, comme la Suisse, refusent également de le diffuser[19]. C'est dix-huit ans plus tard, en 1975, que le film est finalement projeté en France[20].

Un bref passage à Hollywood

Article connexe : Spartacus.
Marlon Brando en 1963

De retour aux États-Unis, Stanley Kubrick écrit deux scénarios qui seront refusés par les majors hollywoodiens. La MGM lui propose de travailler sur le scénario d'un western avec comme vedette Marlon Brando. Après six mois de travail de préparation, le cinéaste et l’acteur se fâchent. Marlon Brando, star hollywoodienne, obtient facilement le départ de Kubrick et décide de réaliser lui-même La Vengeance aux deux visages.

Au même moment sur un autre film, Kirk Douglas, acteur et producteur principal du péplum Spartacus, insatisfait du travail d'Anthony Mann, sollicite Stanley Kubrick pour terminer le film. Après le succès commercial des Sentiers de la gloire, celui-ci accepte et termine le film. Le tournage dure 167 jours, partagé entre la Californie et l’Espagne pour les scènes de combat tournées avec 10 000 figurants issus de l'armée espagnole.

Mais des conflits artistiques apparaissent rapidement entre Kirk Douglas et Russell Metty, le directeur de la photographie. Kubrick intervient également sur le scénario fondé sur l'histoire vraie du soulèvement d’esclaves romains qu'il trouve moralisateur et sans intérêt[21]. Le film obtient un grand succès critique et commercial et gagne quatre Oscars. Quelques années plus tard, Stanley Kubrick renie le film dont il garde un souvenir amer[22]. Dans l'œuvre de Kubrick, c'est son film le plus impersonnel[23], le film reprenant l'intrigue et le traitement du roman historique de Howard Fast.

Les derniers films en noir et blanc

Articles connexes : Lolita et Docteur Folamour.

En 1962, pour la réalisation de Lolita, le réalisateur préfère éviter la censure et les ligues puritaines américaines[24] et se tourne vers l'Angleterre pour le tournage. Il avait prévu de revenir ensuite aux États-Unis mais pour son projet suivant, Docteur Folamour, l'acteur principal qu'il a choisi, l'anglais Peter Sellers, ne peut pas quitter le territoire car il est au milieu d'une procédure de divorce. Pendant le tournage de Lolita, Kubrick achète une grande maison au nord de Londres où il s'installera avec sa famille[25]. Il dira : « À côté de Hollywood, Londres est probablement le deuxième meilleur endroit pour faire un film, en raison du degré d'expertise technique et des équipements que vous trouvez en Angleterre », de plus, malgré sa licence de pilote amateur, Kubrick n'aime pas prendre l'avion[26].

Stanley Kubrick réalise donc Lolita, son premier film polémique, sur le sol anglais, d'après le roman éponyme de Vladimir Nabokov. Le livre avait été publié pour la première fois en France comme ouvrage pornographique. Pour la rédaction du scénario, le cinéaste travaille en étroite collaboration avec Vladimir Nabokov. Ils écrivent ensemble une nouvelle version du roman qui est jugé plus acceptable pour un film commercial et la morale imposée au cinéma en 1962.

James Mason en 1959.

Le film raconte l'histoire d'un homme d'âge mûr, Humbert Humbert, joué par James Mason, pris d'une passion ardente pour une adolescente, Lolita, âgée de 12 ans dans le livre, 15 ans dans le film, interprétée par Sue Lyon qui obtiendra le Golden Globe de la meilleure actrice. Peter Sellers y fait une interprétation remarquée.

Le film, tout comme le roman, provoque la colère des puritains qui trouvent le film trop sulfureux malgré sa mise en scène très chaste, bien éloignée des allusions sexuelles explicites de l'ouvrage de Nabokov. À la sortie du film, Stanley Kubrick reconnaît que s'il avait pu prévoir la sévérité des censeurs américains qui l'obligent à couper des scènes au montage et à remanier certaines séquences jugées trop licencieuses, il aurait probablement renoncé à la réalisation du film[12].

Le film est présenté à la Mostra de Venise en 1962, mais la critique est déçue[27]. Le schéma d'accueil de ses films par la critique, dont la plus virulente est Pauline Kael, sera toujours le même par la suite : une partie ne lui fait pas de cadeau, tandis que l'autre l'admire. Ce premier film polémique est un succès outre-Atlantique, sans nul doute nourri par la controverse. En 1963, Jean-Luc Godard décrit Lolita comme un « […] film simple et lucide, avec des dialogues justes, qui montre l'Amérique et son puritanisme mieux que Melville et Reichenbach, et prouve que Kubrick ne doit pas abandonner le cinéma, à condition de filmer des personnages qui existent […][28] ». En 1998, Sue Lyon déclare à l'agence Reuters que Lolita est le film qui a « causé [sa] destruction en tant que personne ». Il s'agit du dernier film produit par le duo Kubrick-Harris. Après ce long-métrage, Stanley Kubrick produit et réalise seul ses films, en laissant la distribution à la Warner Bros Pictures.

En 1963, Kubrick prépare son second film polémique et le premier opus d'une trilogie de films de science-fiction, Docteur Folamour ou : Comment j'ai appris à cesser de m'inquiéter et à aimer la bombe, considéré comme un chef d'œuvre d'humour noir. Kubrick se tient constamment au courant de l’actualité et s’abonne à des revues militaires et scientifiques[29]. Il lit le roman de Peter George, Red Alert, paru en Angleterre sous le titre de Two Hours to Doom[29]. Il réfléchit depuis longtemps à une histoire où une guerre nucléaire serait déclenchée soit par accident, soit à cause de la folie d’un personnage. Le roman de Peter George correspond à ses attentes. Il s’associe avec Peter George et Terry Southern, scénariste d'Easy Rider, pour préparer le script, et travaille la photographie du film avec Weegee.

Le tournage débute le 26 janvier 1963, aux studios de Shepperton à Londres, pour s’achever quatre mois plus tard[30]. La distribution comprend Peter Sellers qui tient les rôles du président des États-Unis, du docteur Folamour, ancien chercheur nazi et handicapé recruté par l'armée américaine (clin d'œil à la trajectoire de plusieurs scientifiques nazis, dont Wernher von Braun), et du colonel britannique Lionel Mandrake. Une très grande liberté d’improvisation est laissée à Peter Sellers, filmé par trois caméras, tandis que le reste de la distribution et l’équipe technique doivent observer une grande rigueur. Le film doit se conclure par une bataille de tartes à la crème dans la salle de guerre, avec le président et tous ses conseillers militaires. La scène est filmée, nécessitant des semaines de tournage, mais Kubrick décide de la retirer du montage final.

Farce burlesque où la guerre nucléaire totale est déclarée suite à l'action d'un commandant devenu fou et d'un système de défense automatique, ainsi que satire des milieux politico-militaires, ce nouveau film sort en pleine Guerre froide. Le risque de voir l’un des deux protagonistes employer l’arme atomique est élevé. Un problème de taille apparaît : un film réalisé par Sidney Lumet, Point limite, avec Henry Fonda dans le rôle principal, traitant du même sujet, est sur le point de sortir. Stanley Kubrick intente un procès pour plagiat, et obtient gain de cause. Le film de Lumet ne sortira qu’en octobre 1964 tandis que Docteur Folamour sort sur les écrans le 29 janvier 1964 et se trouve nommé pour quatre Oscars (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure adaptation cinématographique).

Le passage à la couleur

Japet, satellite de Saturne. Dans le roman Arthur C. Clarke : « la porte des étoiles, au centre de laquelle se trouve un monolithe de près de 600 mètres de haut ».

À partir de ce moment, installé définitivement en Angleterre, le cinéaste travaille de plus en plus lentement, poussant de plus en plus loin son perfectionnisme et sa volonté d'expérimentation technique. Il va passer cinq ans à développer son film suivant 2001, l'Odyssée de l'espace. Le 22 avril 1964, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke au restaurant Trader Vic's du Plaza Hotel de New York[31]. Pour imaginer le monolithe noir, clé de voûte du film, les deux co-scénaristes font la tournée des galeries d'art le mois suivant leur rencontre[32] et se seraient, selon le sémiologue français Alexandre Bourmeyster, inspirés des œuvres du peintre Georges Yatridès[33], alors mis en valeur par un des plus grands marchands de tableaux du moment, S.E. Johnson, celui-ci exposant les œuvres de l'artiste de manière permanente aux International Galleries à Chicago[34].

Le tournage du film, sous le titre provisoire de Voyage au-delà des étoiles, débute le 29 décembre 1965[35], dans un premier temps aux studios de Shepperton, puis se poursuit aux Studios d'Elstree, plus proches de la villa où Kubrick a emménagé. MGM et Cinerama financent le film, dont le budget s’élève à six millions de dollars[36]. Pour la première fois, le cinéaste interdit le plateau de tournage à la presse, ce qu’il fera systématiquement par la suite.

Artistiquement, 2001 a été un changement radical dans les films de science-fiction. Stanley Kubrick n’est pas un partisan des films où les décors et les monstres sont en papier mâché ou en carton. Il souhaite que les décors de son film soient techniquement réalisables dans le futur qu’il présente. C’est Tom Howard, lauréat de l’Oscar des meilleurs effets visuels en 1947 pour L'Esprit s'amuse et en 1959 pour Les Aventures de Tom Pouce, qui est chargé de concevoir la savane préhistorique[37]. Wally Veevers conçoit les véhicules spatiaux et le bus lunaire. On construit également une centrifugeuse de 750 000 dollars. Pour les effets spéciaux, Kubrick s’entoure d’éminents collaborateurs parmi lesquels Harry Lange, ancien conseiller de la NASA, et Marvin Minsky, directeur d’un laboratoire d’intelligence artificielle[37].

George Lucas, créateur de Star Wars, déclarera après la mort de Kubrick que si ce film n'avait pas été fait, il n’aurait probablement jamais réalisé sa saga. Kubrick reçoit l'Oscar des meilleurs effets visuels, le seul et unique Oscar de sa carrière, pour la qualité de son travail. Une équipe l'a aidé dans cette tâche, mais comme il est à la fois concepteur et créateur de quasiment tous les effets spéciaux du film, c'est à lui que l'on décerne la statuette. C'est également le début de la légende que le cinéaste va volontairement se forger : celle d'un homme qui, tel un ordinateur, enregistre une incroyable quantité d'informations, devenant un expert de la mise en scène et en maîtrisant parfaitement tous les rouages. Stanley Kubrick n'hésite pas à utiliser les dernières innovations techniques quand cela sert son œuvre : ordinateur et projection frontale pour 2001, éclairage à la lumière des bougies pour Barry Lyndon, grâce à un objectif Zeiss développé pour la NASA, ou encore steadicam pour The Shining.

Orange mécanique est un film à la violence et à l’érotisme prémonitoire réalisé en 1971, d’après le roman L'Orange mécanique de Anthony Burgess et adapté par Stanley Kubrick qui travaille seul. Le thème du double, cher à Kubrick, est encore une fois développé dans ce film, avec Alex qui représente l’inconscient de l’homme qui lutte entre le bien et le mal dans un monde qui s’effondre. Kubrick réalise le film très rapidement caméra à l'épaule et presque entièrement dans et autour de Londres.

Au XXIe siècle, dans une Angleterre où l'on ne sait plus comment enrayer l'escalade du crime, Alexandre de Large (Malcolm McDowell), le chef de la bande des droogs ou droogies, exerce avec sadisme une terreur aveugle sur fond de mouvement de la Symphonie n° 9 de Beethoven.

En Angleterre, le film suscite une polémique importante, qui est aggravée par plusieurs faits divers où des délinquants, portant les mêmes costumes qu'Alex, déclarent s'inspirer directement du personnage principal du film. Dans un premier temps, Stanley Kubrick ne tient pas compte de ces faits divers mais les médias, frustrés par le manque d’interlocuteur, se retournent vers l’auteur du livre qui se retrouve seul à défendre un film auquel il n’a pas participé. Mais la controverse s’amplifie et, inquiété par les lettres de menaces de mort qu'il reçoit à son domicile, le réalisateur oblige la Warner à retirer le film des écrans du Royaume-Uni.

Élu meilleur film de l’année 1972 par le New York Film Critics Circle, Orange mécanique est l’un des plus gros succès de la Warner Bros. Pictures et reste à l'affiche durant soixante-deux semaines[12]. « Il n’y a aucun doute qu’il serait agréable de voir un peu de folie dans les films, au moins ils seraient intéressants à regarder. Chez moi la folie est très contrôlée ! » déclarera Kubrick[38].

Après trois films de science-fiction, frustré de l’abandon par la Warner Bros de son projet sur Napoléon, avec Jack Nicholson dans le rôle de l’Empereur (Kubrick a une véritable passion pour Napoléon, il ne comprend pas comment un homme aussi intelligent a pu sombrer[12]) ; Stanley Kubrick réalise son premier film historique à partir de la biographie d'un jeune Irlandais (Barry Lyndon) d'après le roman picaresque de William Makepeace Thackeray - le destin d'un jeune et intrigant Irlandais sans le sou, Redmond Barry (Ryan O'Neal), de son ascension pleine d'audace à sa déchéance.

La préparation du film prend un an, le réalisateur veut tourner un film à l’esthétisme proche des tableaux du XVIIIe siècle[39]. La réalisation du film demande plus de 250 jours de tournage en Grande-Bretagne et en Allemagne au château de Hohenzollern, à Potsdam et au palais de Ludwigsbourg et à la fin du tournage, Kubrick et Ryan O'Neal sont définitivement fâchés[12]. Les contraintes techniques imposées par le réalisateur font passer le budget du film de 2,5 millions à plus de 11 millions de dollars[40].

Le corps de garde par Le Nain en 1643

Les critiques sont sévères envers le film qui est jugé trop long, trop lent, élitiste et ennuyeux[12]. Le film obtient pourtant quatre Oscars : meilleure direction artistique, meilleure photographie, meilleurs costumes, meilleur arrangement musical.

Stanley Kubrick entreprend ensuite l'adaptation du roman Shining, l'enfant lumière de Stephen King. Ce film est dans la lignée de l'Exorciste, Halloween et Rosemary's Baby le meilleur du genre selon Kubrick[41]. Le film est moins risqué financièrement que ses productions précédentes et, après l'échec commercial de Barry Lyndon, l'adaptation d'un best-seller de Stephen King est un gage de quasi-succès (les six derniers romans de l'auteur se sont vendus à plus de 22 millions d'exemplaires). Le réalisateur et Diane Johnson modifient profondément l’histoire du livre, ce qui déplaît à Stephen King qui refuse d’apparaître au générique final du film[42]. Il ne sera pas le seul mécontent : aux États-Unis, l'exploitation du film est un échec, le public enrageant de n'avoir pas assez tremblé et reprochant aux deux scénaristes d'avoir abâtardi le genre et trahi l'esprit du livre. Comme à leur habitude, certains critiques huent le film[43].

Jack Nicholson en 1960.

Le film relate la descente aux enfers de Jack Torrance (Jack Nicholson), écrivain ayant accepté un poste de gardien à l'hôtel Overlook, isolé dans les montagnes rocheuses et fermé pour l'hiver. Il s'y installe avec sa femme Wendy (Shelley Duvall) et son fils Danny (Danny Lloyd) qui possède un don de médium, le Shining.

Plus que tout autre film, Shining va consolider la réputation de « mégalomane perfectionniste[44] » du réalisateur. Kubrick rôde dans les immenses studios de l'Estree, la barbe et les cheveux longs, les yeux cernés, tout comme son héros Jack Torrance qui erre sans inspiration dans l'hôtel Overlook[45]. Pour les déplacements de personnages les plus complexes à filmer, son opérateur Garrett Brown utilise un système de stabilisation de caméra qu'il a inventé quelques années auparavant : le steadicam. Le tournage de plus d'un an est particulièrement difficile pour Shelley Duvall. Alors que Kubrick laisse une certaine latitude dans l’interprétation à Jack Nicholson, Shelley Duval doit répéter de 40 à 50 fois la même scène[12]. Aujourd'hui, Shelley Duval dit : « Ce fut une expérience formidable, mais si cela était à refaire, je n'accepterais pas le rôle[12]... »

L'image finale du film, semblable à la fin quelque peu mystérieuse et ambiguë de 2001, l'Odyssée de l'espace, engendre plusieurs interprétations par les fervents du cinéaste ; Stanley Kubrick lui-même n'a jamais donné une réponse définitive, préférant laisser le soin aux spectateurs de décider par eux-mêmes. Kubrick considère ce film comme son œuvre la plus personnelle[46].

Kubrick veut tourner un vrai film de guerre, mais ni un film comme Apocalypse Now ou Voyage au bout de l'enfer, ni une parodie comme Docteur Folamour, ni un film antimilitariste tel que Les Sentiers de la gloire. La symbolique du film Full Metal Jacket est proche de celle d’Orange mécanique où le héros, intellectuellement supérieur à ses camarades, doit lutter entre le bien et le mal dans un monde en guerre. Le personnage central du film, le soldat « Guignol » (Matthew Modine) va petit à petit perdre son âme aux États-Unis, symbolisé par l’agression de son « protégé » le soldat « Baleine » (Vincent D'Onofrio) et au Viêt Nam par l’exécution sans pitié d'une prisonnière vietnamienne.

Stanley Kubrick détourne l’esprit du livre The Short Timers de l’écrivain Gustav Hasford pour mieux imposer sa propre vision de la guerre, et de l’âme humaine, au grand mécontentement de l'écrivain qui est tout de même crédité au générique final comme co-scénariste.

La première partie du film suit l'entraînement intensif d'un groupe de jeunes recrues américaines dans un camp de marines à Parris Island, aux États-Unis en 1968 pendant la guerre du Viêt Nam, et l'affrontement entre le sergent instructeur (Lee Ermey) et une jeune recrue inadaptée (Vincent D'Onofrio). La confrontation finale entre les deux hommes clôt cette partie. La deuxième partie du film se déroule au Viêt Nam et montre le baptême du feu des marines à Da-Nang puis la sanglante bataille du Têt dans la province de Hué.

Lee Ermey en 2005

Le film est entièrement tourné en banlieue de Londres, bien loin du réalisme du film d'Oliver Stone, Platoon[47]. Quelques plantes exotiques servent de décors d’arrière-plan, les scènes de combat sont tournées dans une usine désaffectée et l’île de Parris Island est recréée dans une ancienne base militaire britannique. Kubrick utilise plusieurs fois l’élargissement de champ pour modifier l’interprétation du spectateur lorsqu’il voit la scène de près puis de loin. Le tournage du film est interrompu pendant quatre mois suite à l'accident de voiture de Lee Ermey, conseiller technique en sa qualité d'ancien instructeur des marines et acteur principal de la première partie du film.

Nicole Kidman en 2008

Plus de sept ans après la sortie de son dernier film, Stanley Kubrick se lance dans l'adaptation du roman la Nouvelle rêvée de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler, livre qu'il avait lu à la fin des années 1970. Le scénario est une fidèle adaptation du livre et raconte l'errance dans la nuit new-yorkaise du docteur Harford (Tom Cruise), obsédé par la révélation de sa femme (Nicole Kidman) d'avoir failli céder à la tentation d'un autre homme et à la recherche de ses propres fantasmes. Un voyage entre le réel et l'imaginaire.

Tom Cruise en 2006

On retrouve dans Eyes Wide Shut ce qui a toujours fasciné Kubrick : le thème du double qui envahit tout et qui engendre la perte d'identité, « nos pulsions les plus intimes, derrière les apparences ». Le tournage dure quinze mois de novembre 1996 à janvier 1998 et va bloquer la carrière de Tom Cruise pendant trois ans (deux ans de tournage et la sortie du film Mission Impossible de Brian de Palma est retardée d'un an). Comme à son habitude, le soir venu, Kubrick visionne sur vidéo les scènes tournées dans la journée et modifie au jour le jour le scénario en fonction des performances des acteurs. Après six mois de tournage, l'acteur Harvey Keitel claque la porte et est remplacé au pied levé par Sydney Pollack.

Ce film est le testament de Kubrick, qui meurt d'une crise cardiaque dans son sommeil le 7 mars 1999. Il est enterré à côté de son arbre préféré dans le manoir de Childwickbury, dans le Hertfordshire, au Royaume-Uni. Eyes Wide Shut sort en salle en juillet 1999, quatre mois après la mort du réalisateur. Il le considérait comme son « meilleur film » selon une révélation faite à son ami Julian Senior la veille de sa mort (« It's my best film ever, Julian. »)[48].

Projets non aboutis

Parmi les projets inachevés de Stanley Kubrick, on peut citer un film sur Napoléon Bonaparte, abandonné à la demande des producteurs : un projet monumental (fruit de trente années d'un travail de bénédictin) qui échoue en 1969 pour des raisons techniques, financières et d'organisation.

Après Full Metal Jacket, Kubrick travaille en même temps sur deux films dont aucun ne sera réalisé. Aryan Papers (WarTime Lies, adaptation du roman Une éducation polonaise de Louis Begley), un film abandonné pour ne pas concurrencer La Liste de Schindler de son ami Steven Spielberg dont le sujet est similaire, ainsi que A.I. Intelligence artificielle, d'après la nouvelle Les Supertoys durent tout l'été de Brian Aldiss, projet réalisé par Spielberg après la mort de Kubrick. Aryan Papers raconte l'histoire d'un enfant traversant la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale et échappant à la déportation vers Auschwitz ; c'est son projet de film non-réalisé le plus abouti, le casting étant établi, avec Johanna ter Steege pour le rôle de Tania et Joseph Mazzello, pour le petit garçon.

Un autre projet qui n'a jamais été réalisé était Le Lieutenant allemand, un film sur les parachutistes allemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale[49]. Il y eut de même un projet d'adaptation d'un roman de Stefan Zweig, Brûlant Secret, un projet intitulé Natural Child (une fable sur la libération sexuelle, trop subversive pour l'époque), un projet intitulé One Eyed Jack (un western qui sera finalement porté à l'écran par Marlon Brando) et un projet intitulé Lunatic at Large, sur un scénario de Jimmy Thomson, est encore d'actualité en 2011.

Kubrick posera aussi le projet de l'adaptation du roman Le Pendule de Foucault (l'auteur, Umberto Eco, s'opposera à ce projet) et celui du roman Le Parfum de Süskind. Enfin, le satiriste Terry Southern tentera de convaincre Kubrick pour la réalisation du film pornographique Blue Movie[50].

Le style de Kubrick

L'esthétique

Le jeune Stanley Kubrick, autodidacte, apprend les ficelles du métier de cinéaste — la composition d'une image, les éclairages, l'usage des extérieurs et l'art de saisir le mouvement[5]. Plutôt perfectionniste, il lui arrive de prendre plusieurs centaines de clichés pour réaliser une seule photo[6] — lors de ses quatre ans passés comme photographe au magazine Look. C'est à cette époque qu'il décide de commencer sa « formation » en fréquentant assidûment les salles de cinéma. Ses goûts sont éclectiques, avec une préférence, comme il le dit en 1963 dans la revue Cinéma, pour le cinéma d'auteur européen comme celui d'Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni ou Federico Fellini[7]. Cependant, c'est par les films de Max Ophüls comme Le plaisir ou Madame de... qu'il sera particulièrement influencé, notamment le mouvement complexe et sans heurt de la caméra et les nombreux travellings.

Kubrick apprend réellement tous les métiers du cinéma en faisant tout lui-même dans ses premiers films — scénariste, ingénieur du son, monteur, réalisateur... — ce qui lui permettra par la suite d'intervenir et d'imposer ses points de vue à ses techniciens lors des tournages afin d'obtenir l'image exacte qu'il recherchait. Il démontre ainsi dès 1954, avec Le Baiser du tueur, son talent à jouer avec l'ombre et la lumière[12] et confirme sa maîtrise technique dans la scène de règlement de comptes dans un entrepôt de mannequins. Il démontre aussi rapidement à ses équipes techniques ses connaissances et son intérêt pour la photographie et la prise de vue[12]. Pour lui, un réalisateur est à la fois metteur en scène et technicien.

Un steadicam, système stabilisateur de prise de vues, utilisée pour la première fois par Kubrick dans Shining.

Au fil de ses films, Kubrick ajoute de nouvelles techniques à sa réalisation qu'il ne cesse de perfectionner par la suite. Ainsi, en 1951, dans la scène de combat de boxe de son court-métrage Day of the Fight, il utilise pour la première fois le travelling compensé, technique que l'on retrouve par la suite dans tous ses films. C'est à cette époque qu'il se fait remarquer par le brillant de sa photographie. En 1956, dans L'Ultime Razzia, Kubrick fragmente l'histoire que seule la voix off très influencée par Citizen Kane d'Orson Welles permet de reconstituer. Il utilise pour la première fois le travelling compensé arrière et les mouvements de caméra sans heurt filmés avec une Dolly pour la marche ininterrompue du colonel Dax dans les tranchées. Cette scène est d'ailleurs similaire à celle du labyrinthe de Shining filmée en steadicam.

À partir de 2001, l'Odyssée de l'espace, le cinéaste travaille de plus en plus lentement, poussant de plus en plus loin son perfectionnisme et sa volonté d'expérimentation technique. Pour son premier film en couleur, il va passer cinq ans à développer ce film, qui, par son esthétisme et sa mise en scène, marque un tournant dans le cinéma mondial, en particulier dans le domaine de la science-fiction. Souhaitant une vision de l'espace éloignée des bandes dessinées et proche des observations scientifiques, il prend pour directeur de la photographie Geoffrey Unsworth, spécialisé dans la science-fiction. Celui-ci utilise le format Super Panavision 70 et bénéficie du perfectionnement de nouvelles techniques (socles, grues, perches, bras articulés), permettant rotations et mouvements aériens de la caméra comme si elle-même était en impesanteur. Il ajuste également, sur les conseils et avec l'aide d'astronautes et de spécialistes dans le domaine, ses éclairages pour être conforme à la volonté très précise du cinéaste. Le tournage nécessite quatre mois de travail pour les acteurs, et dix-huit pour les effets spéciaux.

Pour Barry Lyndon, le réalisateur veut tourner un film à l’esthétisme proche des tableaux du XVIIIe siècle[39]. Pour recréer les conditions de l'époque, les intérieurs sont éclairés à la bougie, le visage des acteurs maquillés de blanc, les cheveux ternis par la poudre. La réalisation du film demande plus de 250 jours[12]. Pour retrouver les conditions de lumière dans les anciens châteaux anglais, le réalisateur s'astreint à un éclairage des scènes d'intérieur quasiment à la lueur des bougies. Il se procure un objectif d'appareil photo Zeiss d'une focale de 50 mm et une ouverture maximale de f/0.7, développé spécialement pour la NASA pour photographier l'alunissage de la capsule Apollo, mais encore jamais utilisé au cinéma. Il le fait monter sur une caméra réaménagée spécialement[51]. Pour Kubrick ce n’est pas un gadget ou une lubie, le réalisateur veut préserver la patine, et l’ambiance d’un château dans la nuit du XVIIIe siècle. Il précise : « L'éclairage des films historiques m'a toujours semblé très faux. Une pièce entièrement éclairée aux bougies, c'est très beau et complètement différent de ce qu'on voyait d'habitude au cinéma[51]. » Cette contrainte technique sera néfaste au budget du film qui passe de 2,5 millions à plus de 11 millions de dollars[40]. Le diaphragme de l'objectif de très grande ouverture (f/0.7), limite considérablement la profondeur de champ de la scène. Le réalisateur utilise également le zoom et les longues focales, ce qui a pour effet d'« aplatir » l'image.

La musique

La musique a une grande importance dans la majeure partie de l'œuvre de Kubrick. Ce n'est pas la musique qui sert le film, mais le film qui sert la musique[52]. Kubrick privilégie dans la plupart de ses films la musique classique et souvent déjà préexistante.

Dans 2001, l'Odyssée de l'espace, pour la première fois, Stanley Kubrick incorpore de la musique classique à un de ses films : la composition de la musique prévue ayant du retard, il meuble la bande-son avec de la musique classique pour le pré-montage. Alors que la MGM veut imposer au réalisateur une musique originale, composée par Alex North, Kubrick réussit à garder ses choix originels : Le Beau Danube bleu de Johann Strauss II, Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, et György Ligeti pour la séquence de la porte stellaire[53]. C'est à la musique de Wendy Carlos qu'il fait appel, entre autres, pour Orange mécanique.

Kubrick voulait que la musique corresponde à l'époque de l'histoire racontée. Ainsi, dans Full Metal Jacket, film sur la guerre du Viêt Nam, il utilise des chansons des années 1960, époque du conflit. Mais pour la musique de Barry Lyndon, Stanley Kubrick emploie des œuvres de Bach, Mozart, Vivaldi, Haendel et Schubert, alors que ces compositeurs ne sont pas tous du XVIIIe siècle. Il doit faire des concessions ; « J'ai chez moi toute la musique du XVIIIe siècle enregistrée sur microsillons.[...] Malheureusement, on n'y trouve nulle passion, rien qui, même lointainement, puisse évoquer un thème d'amour. »[54]. Ne trouvant d'ailleurs pas de musique d'époque suffisamment dramatique pour la scène du duel final, il demande à Leonard Rosenman de réorchestrer la Sarabande de Haendel à un tempo plus lent[51].

La musique de son dernier film, Eyes Wide Shut est marquante par ses motifs linéaires de piano extraits de Musica Ricercata de György Ligeti. Elle accentue le malaise des situations vécues par le personnage de Tom Cruise.

Voix off

C'est en 1955 dans Le Baiser Du Tueur que Kubrick insère pour la première fois une voix off. Le personnage principal Davey reconstitue en effet la chronologie de la narration grace à sa voix off. En 1956 sort le troisième film de Stanley Kubrick, L'Ultime Razzia (The Killing)[13]. Kubrick fragmente l'histoire que seule la voix off, très influencée par le Citizen Kane d'Orson Welles, permet de reconstituer. Il utilisera encore plusieurs fois la voix off par la suite, notamment dans Docteur Folamour et Barry Lyndon.

Dans Orange mécanique et Full Metal Jacket, c'est la voix intérieure, monologue qui n'est pas prononcé par un personnage mais qui exprime ses pensées au moment de la scène, qu'il utilisera pour la narration.

Le mythe Kubrick

Lors de la présentation à la presse dans la ville belge de Gand, le 4 octobre 2006, de la prestigieuse exposition consacrée à l'homme et à son œuvre, sa veuve Christiane déclare : « C'est une légende créée de toutes pièces par la presse. »

Son caractère

D'un caractère réservé, voire timide, pouvant raser les murs quand il croisait quelqu'un dans un couloir[55], Kubrick devenait un autre homme une fois installé derrière sa caméra : il contrôlait le monde[56].

Malgré cela il imposait le respect ; imperturbable, très créatif, il finissait toujours par obtenir ce qu'il voulait[57]. Son perfectionnisme lui vaut une renommée d'homme dur, coléreux et mégalomane. On fait état de scènes recommencées près d'une centaine de fois, d'une dispute violente avec Shelley Duvall (héroïne de Shining) dans le seul but de la mettre dans un état émotionnel intense, tout comme d'une équipe technique tenant une grande bâche des heures durant sous la pluie pour ne pas interrompre un tournage.

Stanley Kubrick devient un personnage mythique, vu comme un génie paranoïaque ayant une vision très pessimiste de la nature humaine, ne sortant de sa maison ultra-protégée, une sorte de forteresse infranchissable, ceinte de 80 hectares de bois et protégée par d'imposants grillages, que pour tourner ses films. Isolé dans son château anglais, Kubrick n'est pas pour autant coupé du reste du monde. Ses archives sont monumentales, quand il prépare un film, Kubrick dort le jour et travaille la nuit (décalage horaire avec Los-Angeles oblige).

Kubrick a toujours été réticent à s'entretenir sur ses œuvres, par crainte que celles-ci n'en soient appauvries. Les documentaires tournés sur Kubrick, le seront par sa fille Vivian, pendant le tournage du film Shining : The Making of the Shining (1980) et par son beau-frère Jan Harlan Stanley Kubrick une vie en image (2000).

Les critiques

Les critiques sont divisées sur ses films, une partie d'entre eux ne lui fait pas de cadeau, dont la très virulente Pauline Kael, Arthur Schlesinger JR. ou Jean-Luc Godard : « Un souci méticuleux du réel, une passion de l’exactitude, la « froideur » de ses images », tandis que les autres l'admirent : « L’exceptionnelle précision de sa saisie du réel en mouvement. »

« Une histoire qui se déroule dans un monde (intérieur ou extérieur) au bord de l'effondrement, compensée par une composition très symétrique, très ordonnée des plans et du cadrage. L'apparence, la double personnalité, les thèmes fétiches de Kubrick et que l'on retrouve dans tous ses films. »

En 50 ans de carrière, Kubrick va filmer ce combat intérieur, sous une perspective différente. Trois films de guerre, deux policiers, un film d'horreur, trois films de science-fiction, deux fresques historiques et deux films « érotiques »[56].

« Les dialogues de ses films sont très courts… »
L'histoire est principalement racontée à travers les images et la bande son pour susciter des émotions. « Quand vous dites les choses directement, elles ont moins de poids que si vous laissez les gens les découvrir par eux-mêmes[56][réf. incomplète]. »

« En 50 ans de carrière seulement treize films… »
Vivian Kubrick dira : « Stanley était très triste d'avoir réalisé si peu de films, mais il avait un regret dans sa vie, c'était d'être si lent[58]. »

Depuis L'Ultime Razzia S. Kubrick préfére adapter des livres plutôt que d'écrire un scénario original.
Kubrick dira : « Je suppose que c'est par paresse, mais vous pouvez diviser tous les scénarios en deux catégories : ceux dans lesquels on se demande « ce qui va arriver » et ceux dans lesquels on se demande « comment cela va arriver » »[59].

Critiques par ses pairs

Orson Welles en 1937

Orson Welles a déclaré, en 1963 : « Parmi la jeune génération, Kubrick me paraît un géant[60]. » Welles est né en 1915 et Kubrick en 1928 mais les deux artistes ont de nombreux points communs. Tous deux ont réalisé des films profondément originaux, et presque le même nombre (13 films pour Kubrick, 15 pour Welles). Ils se sont essayés au film de genre, et ont vécu en Europe, à la différence près que Kubrick s'est volontairement exilé en Angleterre pour travailler en paix, alors que Welles y fut contraint par la force des choses ; il avait besoin de décrocher des rôles pour financer ses films. Tous deux n'ont pu mener à terme certains projets : Don Quichotte et It's all true, que Welles a réalisés, n'ont jamais vu le jour de la main de leur auteur, tout comme Kubrick qui dut renoncer à réaliser un film sur Napoléon et un autre, au début des années 1990, sur l'Holocauste. Citizen Kane était l'un des films préférés de Kubrick.

Steven Spielberg en 1999

Steven Spielberg dira : « Kubrick était terriblement incompris et perçu comme un reclus parce qu'il fuyait la presse. Mais il était capable de décrocher son téléphone et téléphoner à un parfait inconnu pour lui dire combien il avait été impressionné par son film. Pour ceux d'entre nous qui l'ont connu, c'était un ours en peluche, gentil et passionné. » Dans l'œuvre de Kubrick, L'Ultime Razzia est le film préféré de Spielberg[61].

Une partie de la critique française décrie le cinéma de Kubrick[Qui ?]. Jean-Luc Godard notamment dans Cahiers du cinéma, à propos de ses premières œuvres (L'Ultime Razzia, Spartacus, Les sentiers de la gloire), le décrit ainsi : « A débuté dans le tape-à-l'œil en copiant froidement les travellings d'Ophüls et la violence d'Aldrich […][28]. », mais parle de Lolita comme un « […] film simple et lucide, avec des dialogues justes, qui montre l'Amérique et son sexe mieux que Melville et Reichenbach, et prouve que Kubrick ne doit pas abandonner le cinéma, à condition de filmer des personnages qui existent […][28]. ».

Martin Scorsese en 2007

Martin Scorsese s'intéresse à l'œuvre de Kubrick depuis longtemps[62]. Il signe en 2002 la préface du livre de Michel Ciment, un des rares récits aussi complets sur le réalisateur. Il y dit au sujet de Kubrick : « Regarder un film de Kubrick, c'est comme regarder le sommet d'une montagne depuis la vallée. On se demande comment quelqu'un a pu monter si haut[62]. » Il poursuit l'analyse du style de Kubrick : « Stanley Kubrick était l'un des seuls maîtres modernes que nous avions […] Il était unique dans la mesure où, avec chaque nouveau film, il redéfinissait ce moyen d'expression et ses possibilités. Mais il était plus qu'un simple innovateur technique. Comme tous les visionnaires, il disait la vérité. Et on a beau s'imaginer être à l'aise avec la vérité, elle provoque toujours un choc profond quand on est obligé de la regarder en face[62]. »

Reconnaissance

La distance que garde Kubrick par rapport à la communauté d'Hollywood joue certainement en sa défaveur. En effet, à l'instar d'autres grands réalisateurs, comme Charlie Chaplin, Orson Welles, Fritz Lang, Robert Altman, Sergio Leone ou Alfred Hitchcock, Kubrick, malgré plusieurs nominations, n'obtiendra jamais l'Oscar du meilleur réalisateur[63].

Parmi les quelques récompenses qu'il a emportées :

Du 23 mars au 31 juillet 2011, une exposition lui est consacrée en France à Paris, à la Cinémathèque française[66].

Kubrick personnage de cinéma

Kubrick, personnage mythique du cinéma, devait fatalement devenir lui-même personnage de film. On peut voir un « Stanley Kubrick » dans les films suivants :

Trois mois avant le décès du cinéaste, un certain Stanley Kubrick, demeurant à Harrow, décède d'une crise cardiaque dans son petit appartement. Il s'agit d'un imposteur, Alan Conway, qui, pendant des années, se fit passer pour le cinéaste et tira ainsi profit de dizaines de personnes plus ou moins connues. Il semblerait que l'idée ait fasciné Kubrick lui-même. Un film avec John Malkovich retrace d'ailleurs l'histoire de cet homme : Appelez-moi Kubrick.

À la suite d'un ennui de santé du chef-opérateur Claude Renoir sur le tournage du film L'espion qui m'aimait, et à la demande de son ami le chef décorateur Ken Adam (Barry Lyndon, et Dr Folamour), Stanley Kubrick accepte, à la condition expresse que sa contribution reste secrète, de superviser l'éclairage de la scène d'intérieur du supertanker[67]. Il existe cependant une photo de Kubrick sur le plateau de tournage.

Rumeurs de collaboration avec la NASA

2001, l'Odyssée de l'espace est un triomphe dont l’influence est gigantesque sur l'imagination collective et sur lequel viendra se greffer la théorie visant à lui donner une influence sur la NASA ; cette dernière aurait emprunté les noms de Jupiter, Discovery ou Ulysse pour ses projets. En réalité, Discovery fut baptisée en référence au HMS Discovery de l'explorateur anglais James Cook. La fusée Jupiter, quant à elle, a été lancée en 1958[68], 10 ans avant la sortie du film.

D'après une théorie du complot, des contacts entre la NASA et Kubrick l'auraient poussé à réaliser pour le compte de la NASA des prises de vues factices. Cette théorie se fonde sur l'investissement supposé d'un ancien conseiller de la NASA et l'intérêt de cette dernière pour le film 2001, en phase de montage à l'époque. Celle-ci aurait poussé Kubrick à participer à la réalisation en studio de faux alunissages des programmes Apollo 11 et 12. En 1968, Kubrick aurait été secrètement contacté par l'agence spatiale pour réaliser les trois premiers alunissages. Kubrick aurait d'abord refusé puis fini par accepter face aux menaces de révélation de l’« embarrassante » implication de son frère Raul dans le parti communiste américain. Il aurait ensuite proposé un scénario où la mission Apollo 13 aurait échoué mais les astronautes sauvés. Devant le refus de la NASA, Kubrick aurait cessé sa collaboration[69]. Ces affirmations proviennent pour la plupart du documentaire Opération Lune réalisé par William Karel en 2002 pour montrer les moyens de trucages et de manipulation de la vidéo et des interviews. Ce documenteur réalisé avec des acteurs et des interviews détournées a créé la confusion, certaines parties relatant des faits réels, d'autres des hypothèses et de la pure fiction, le tout monté pour servir une fiction.

« L’idée était de détourner des entretiens, et nous n’avons mis aucun des témoins dans la confidence, ni les gens de la NASA, ni Aldrin, ni la femme de Kubrick, ni le frère de celle-ci. […] En détournant leurs témoignages, il suffisait d’avoir un « faux » témoin, en l’occurrence la secrétaire de Nixon, pour faire le lien et rendre l’histoire crédible. Aux « vrais » témoins, nous disions que nous faisions un film sur Kubrick, sur son film, sur la Lune ou sur la NASA, et nous leur posions des questions un peu vagues…  » — William Karel[70]

Box-office

Film Budget en $ Recettes en $ [71],[72] Nb. d'entrées Date
Spartacus 12 000 000 Drapeau des États-Unis États-Unis : 30 000 000
Monde Monde : 30 000 000
Drapeau de France France : 3 525 328 1960
Lolita 2 100 000 Monde Monde : 3 700 000 Drapeau de France France : 2 000 000 1962
Docteur Folamour 1 800 000 Drapeau des États-Unis États-Unis : 9 164 370
Monde Monde : 12 000 000
Drapeau de France France : 1 800 000 1964
2001, l'Odyssée de l'espace 11 000 000 Drapeau des États-Unis États-Unis : 56 954 992
Monde Monde : 120 000 000
Drapeau de France France : 3 256 884 1968
Orange Mécanique 2 000 000 Monde Monde : 26 589 355 Drapeau de France France : 7 602 805 1971
Barry Lyndon 11 000 000 Monde Monde : 20 000 000 Drapeau de France France : 3 475 185 1975
Shining 22 000 000 Drapeau des États-Unis États-Unis : 47 000 000
Monde Monde : 62 017 374
Drapeau de France France : 2 359 705 1980
Full Metal Jacket 19 000 000 Monde Monde : 46 357 676 Drapeau de France France : 2 321 742 1987
Eyes Wide Shut 65 000 000 Drapeau des États-Unis États-Unis : 55 691 208
Monde Monde : 106 400 000
Drapeau de France France : 1 660 789 1999

Filmographie

Courts métrages documentaires :

Longs métrages :

Année Titre français
Titre original (si différent)*
Récompenses / Nominations Rôle
1953 Fear and Desire Réalisation
1955 Le Baiser du tueur
* Killer's Kiss
Réalisateur, Directeur de la photo,
cadreur, monteur
1956 L'Ultime razzia
* The Killing
Nomination au BAFTA Réalisation
1957 Les Sentiers de la gloire
* Paths of Glory
Nomination au BAFTA, le prix Chevalier de la Barre Réalisation, scénario
1960 Spartacus 4 Oscars en 1961, Meilleur second rôle pour Peter Ustinov, Meilleurs costumes pour un film en couleur pour Valles et Bill Thomas, Meilleure photographie pour un film en couleur pour Russell Metty, Meilleure direction artistique pour un film en couleur pour Alexander Golitzen, Eric Orbom, Russel A. Gausman et Julia Heron Réalisation
1962 Lolita Oscar du meilleur scénario adapté : Vladimir Nabokov.

Golden Globes: Meilleur acteur : James Mason; Meilleure actrice : Shelley Winters; Meilleur acteur dans un second rôle : Peter Sellers; Meilleur réalisateur : Stanley Kubrick. BAFTA du meilleur acteur : James Mason. L'association des réalisateurs américains (Directors Guild of America) a nommé Stanley Kubrick pour le prix du meilleur réalisateur. Stanley Kubrick a été nommé au Festival de Venise pour le prix du meilleur réalisateur.

Réalisation, co-scénariste
1964 Docteur Folamour
* Dr. Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb
BAFTA du meilleur film

Oscars du cinéma 1964 : quatre nominations dans les catégories meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur acteur (Peter Sellers).

Réalisation, scénario
1968 2001, l'Odyssée de l'espace
* 2001: A Space Odyssey
Oscar du cinéma 1968 : une récompense dans la catégorie meilleurs effets spéciaux et trois autres nominations : meilleur réalisateur, meilleur scénariste, meilleure direction artistique Réalisation, co-scénariste
1971 Orange mécanique
* A Clockwork Orange
Oscar du cinéma 1972 : quatre nominations : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur montage Réalisation, scénario
1975 Barry Lyndon 4 Oscars : meilleure direction artistique et décors, meilleure photographie, meilleurs costumes, meilleur arrangement musical. Réalisation, scénario
1980 Shining
* The Shining
Réalisation, co-scénariste
1987 Full Metal Jacket Réalisation, co-scénariste
1999 Eyes Wide Shut Réalisation, co-scénariste

Distinctions

BAFTA du meilleur film

BAFTA du meilleur réalisateur

Oscar du meilleur film

Oscar du meilleur réalisateur

Oscar du meilleur scénariste

Oscar des meilleurs effets visuels

Golden Globe du meilleur réalisateur

César du meilleur film étranger

National Board of Review

New York Film Critics Circle Awards

Notes et références

  1. a, b, c, d et e Michel Ciment, Kubrick, Calmann-Lévy, Paris, 2004, (ISBN 978-2-7021-3518-1), p. 33.
  2. Michel Ciment, op. cit. p. 33-34.
  3. Michel Ciment, Kubrick, Calmann Lévy, 1980 : « J'étais un bon joueur, je jouais au début des années 1950 aux clubs Marshall et Manhattan à New York. »[réf. incomplète]
  4. « Weegee à vif » dans Libération, 30 juin 2007 [lire en ligne (page consultée le 4 novembre 2008)].
  5. a et b Michel Ciment, 1980, op. cit. : « — Quel genre de photographies faisiez-vous à Look ? — De simples photos de reportage à la lumière naturelle. »[réf. incomplète]
  6. a et b Stanley Kubrick, Drames et Ombres, Photographies 1945-1950, Phaidon, 2005, (ISBN 978-0-7148-9481-2)
  7. a, b et c Michel Ciment, op. cit. p. 34.
  8. Norman Kagan (trad. Claude-Henri Rochat), Le cinéma de Kubrick, L'Âge d'homme, 1979, p. 15.
  9. Interview pour le magazine Eye, août 1968[réf. incomplète].
  10. La vidéo du documentaire sur Google vidéos.
  11. The New York Review of book, 6 février 1970[réf. incomplète].
  12. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m Stanley Kubrick : une vie en images de Jan Harlan, Warner Bros., États-Unis, 2001.
  13. a, b et c Michel Ciment, op. cit. p. 35
  14. (en) The Kubrick Site: Pauline Kael on 'A Clockwork Orange'
  15. Jean Tulard, Dictionnaire du cinéma : Les réalisateurs, Robert Laffont coll. Bouquins, 2007 (ISBN 978-2-221-10832-1) art. « Stanley Kubrick ».
  16. Alain Bergala (dir.), Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard, t. 1, Cahiers du cinéma, coll. « Atelier », 1998 (ISBN 978-2-86642-198-4) p. 121-122.
  17. Marcello Walter Bruno (trad. Sylvia Guzzi), Stanley Kubrick, Gremese International, 2001 (ISBN 978-88-7301-450-8) p. 10.
  18. Marcello Walter Bruno, op. cit. p. 211.
  19. Marcello Walter Bruno, op. cit. p. 11.
  20. Les Sentiers de la gloire - Fiche du centre national de documentation pédagogique (CNDP)
  21. Michel Ciment, 1980, op. cit. « Dans Spartacus, j'ai essayé de rendre l'histoire aussi authentique que possible. Je devais lutter principalement contre un scénario bête. »[réf. incomplète]
  22. Michel Ciment, 1980, op. cit. : « Je n'étais qu'un employé. »[réf. incomplète]
  23. Norman Kagan, op. cit.[réf. incomplète]
  24. Michel Ciment, op. cit. p. 36.
  25. (en) The autorized Stanley Kubrick Web Site Consulté le 21 mai 2009
  26. Michel Ciment, 1980, op. cit. p. 188.
  27. Marcello Walter Bruno, op. cit. p. 14.
  28. a, b et c Alain Bergala, op. cit. p. 250.
  29. a et b Marcello Walter Bruno, op. cit. p. 15.
  30. DVD Docteur Folamour
  31. Piers Bizony, 2001 Le futur selon Kubrick, Cahiers du cinéma, Paris, 2000 (ISBN 978-2-86642-272-1), op. cit. p. 72.
  32. Piers Bizony, op. cit. p. 73.
  33. Alexandre Bourmeyster, Georges Yatridès et son siècle - l'Anti-Picasso, Lumières et Espace, mars 1994, 268 p. (ISBN 2-9507049-1-3), p. 230,239 
  34. Yatrides Arts - Introduction Galeries de Chicago. Consulté le 11 janvier 2011
  35. Marcello Bruno Walter, op. cit. p. 17.
  36. Marcello Bruno Walter, op. cit.[réf. incomplète]
  37. a et b Marcello Bruno Walter, op. cit. p. 18.
  38. Michel Ciment, 1980, op. cit. p. 151.
  39. a et b Michel Ciment, 1980, op. cit. - Ken Adam : « Stanley voulait que ce soit d'une certaine façon un documentaire sur le XVIIIe siècle. »[réf. incomplète]
  40. a et b Analyse filmique de Barry Lyndon - Voir archive
  41. Michel Ciment, 1980, op. cit. p. 197.
  42. Plus tard, Stephen King co-signera le scénario du livre pour la télévision, un téléfilm en deux parties. Le film terminé, Stephen King, magnanime, trouve le film de Kubrick « pas si mal que ça ».
  43. Le Monde, 23 octobre 1980
  44. Collectif, L'Amour du cinéma : 50 ans de la revue Positif, Poche, Analyse du film Shining.
  45. Marcello Bruno Walter, op. cit. p. 23.
  46. Michel Ciment, 1980, op. cit., p. 146.
  47. Analyse du film Full Metal Jacket par Roger Ebert le 26 juin 1987[réf. incomplète].
  48. (en) All Eyes for a Peek at Kubrick's Final Film - The New York Times, 10 mars 1999
  49. (en) Le script du Lieutenant allemand à télécharger [txt]
  50. in Magazine Fnac, mars 2011, p. 5
  51. a, b et c Michel Ciment, op. cit. p. 174.
  52. Antoine Pecqueur, Les écrans sonores de Kubrick[réf. incomplète].
  53. 2001, la triste odyssée d’Alex North - Sophie Loubière, France Info, 11 mai 2008, consulté le 21 mai 2009.
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  55. Stanley and Us de Mauro Di Flaviano, Federico Greco et Stefano Landini, Flying Padre Productions, Italie, 1999.
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  57. (en) Vincent Lobrutto, Stanley Kubrick: A Biography, Faber & Faber, 1998 (ISBN 978-0-571-19393-6)[réf. incomplète].
  58. Duffy, « Kubrick's Grandest Gamble », dans Time Magazine, 15 décembre 1975 [lire en ligne (page consultée le 7 novembre 2008)].
  59. Le Monde du 23 octobre 1980
  60. Michel Ciment, 1980, op. cit. p. 42.
  61. Christiane Kubrick (préf. Steven Spielberg), Stanley Kubrick : Une vie en instantanés, Cahiers du cinéma, 2002 (ISBN 978-2-86642-341-4)
  62. a, b et c Michel Ciment, op. cit., p. 3
  63. Michel Ciment, op. cit. p. 43.
  64. New York Film Critics Circle Awards : 1964 Awards. Consulté le 7 novembre 2008.
  65. New York Film Critics Circle Awards : 1971 Awards. Consulté le 7 novembre 2008.
  66. Stanley Kubrick, l'exposition - La Cinémathèque française
  67. Contribution dévoilée dans le making of du DVD en édition spéciale L'espion qui m'aimait
  68. Lancement de la fusée Jupiter, INA. Consulté le 4 août 2009.
  69. Clyde Lewis, « Good luck Mr. Gorsky and other lies about the Moon », Ground Zero. Consulté le 11 juin 2009.
  70. Entretien avec William Karel - Arte
  71. The Numbers - Movie Box Office Data, Film Stars, Idle Speculation
  72. Box Office Mojo

Annexes

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Bibliographie

Sauf indication contraire, les références ci-dessous sont en français.

Par Kubrick :

  • Stanley Kubrick, Drames et Ombres, les premières photos de Kubrick entre 1945 et 1950 pour le magazine Look.

Sur Kubrick :

  • Philippe Fraisse, Le cinéma au bord du monde : Une approche de Stanley Kubrick, Gallimard, 2010 (ISBN 978-2-07-012668-2)
  • Jean-Michel Bertrand, 2001 l'odyssée de l'espace : Puissance de l'énigme, Paris, L'Harmattan, 2005 (ISBN 978-2-7475-9613-8).
  • Michel Chion, Stanley Kubrick, l'humain, ni plus ni moins, Cahiers du cinéma, Coll. « Auteurs », Paris, 2005 (ISBN 978-2-86642-392-6).
  • Michel Ciment (dossier réuni par), Stanley Kubrick, les yeux grands ouverts, Positif, no 439, septembre 1997, p. 66-102.
  • Michel Ciment (préf. Martin Scorsese), Kubrick, Calmann-Lévy, Paris, 2004 (ISBN 978-2-7021-3518-1).
  • Collectif, L'Amour du cinéma : 50 ans de la revue Positif (Poche) Analyse du film Shining
  • Ivan A. Alexandre, Stanley Kubrick, l'Écran symphonique, Diapason, no 462, septembre 1999.
  • Antoine Pecqueur, Les Écrans sonores de Kubrick, Éditions!
  • Christiane Kubrick (préf. Steven Spielberg), Stanley Kubrick une vie en instantanés, Cahiers du cinéma, 2002 (ISBN 978-2-86642-341-4)
  • Raymond Haine, Bonjour Monsieur Kubrick dans Cahiers du cinéma, no 73, juillet 1957.
  • Paul Duncan (dir.), Kubrick, Taschen, coll. « Basic Film Series », 2003, 196 p. (ISBN 978-3-8228-1674-5).
  • John Baxter (trad. Françoise Monier), Stanley Kubrick, Seuil, 1999, 406 p., broché, 15 × 24 cm (ISBN 978-2-02-038127-7).
  • (en) Vincent Lobrutto, Stanley Kubrick: A Biography, Faber & Faber, 1998 (ISBN 978-0-571-19393-6).
  • (en) Alison Castle, Stanley Kubrick Archives, Taschen, coll. « XI » 2005 (ISBN 978-3-8228-4238-6).
  • (en) Tom Milne, How I Learned Stop Worrying and Love Stanley Kubrick, Sight and Sound, printemps 1964, p. 68-72.

Films documentaires

  • Stanley Kubrick : Archives d'une vie (Stanley Kubrick's Boxes), film documentaire de Jon Ronson, Royaume-Uni, 2008, 50'

Articles connexes

Liens externes



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