Statut taiwan

Statut taiwan

Statut de Taïwan

Pour l'article général, voir Taïwan. Pour l'article sur l'État taïwanais actuel, voir République de Chine (Taïwan). Voir aussi Histoire de la République de Chine.


La question du "statut de Taïwan" pose la question de savoir si Taïwan (y compris l'archipel des Pescadores) est un "territoire indépendant" de la République de Chine (Taïwan), ce qui est le cas dans les faits, ou si, au contraire, c'est une "province de la Chine continentale" sous l'autorité de la République populaire de Chine (RPC) qui n'y a actuellement aucun pouvoir. Taïwan a été reconnu par l'ONU jusqu'au 25 octobre 1971, date à laquelle la RPC fut admise à l'ONU. Seulement 23 États membres de l'ONU reconnaissent officiellement la République de Chine, bien que davantage conservent des relations non-officielles avec elle.

Actuellement, le "statu quo" est de rigueur et ne devrait pas changer dans l'immédiat avant des négociations politiques d'une part entre les Chinois taïwanais eux-mêmes et d'autre part les Chinois de Chine continentale[réf. nécessaire].

Sommaire

Présentation du contexte

La population est composée à 84 % de Chinois Han de la province Fujian ayant immigré il y a plus de trois siècles, se mélangeant pour certain d'entre eux aux aborigènes (26 % de la population Han aurait des ancêtres aborigènes). En 1949, les dirigeants du Guomindang s'y sont réfugiés ainsi qu'une partie de l'armée nationaliste et des civils fuyant les troupes communistes. Cette population forme actuellement 14 % de la population. Enfin les aborigènes de Taïwan sont minoritaires avec 2 %.

Les habitants de Taïwan, sauf les aborigènes, ont l'héritage de la culture millénaire des Hans. Ayant évité les destructions de la Révolution culturelle, il faut paradoxalement dire que la culture Han est davantage préservée sur l'île que sur le continent.

La République de Chine (Taïwan) est un État effectif mais peu reconnu, l'île a son propre gouvernement, ses propres institutions. L'Union européenne lui reconnaît parfois une existence distincte de la République populaire de Chine[1]. La population taïwanaise est majoritairement pour le maintien du statu quo actuel, plutôt que pour une réunification hasardeuse avec la Chine continentale, sous l'autorité du PCC (voir toutefois le sondage de 2008 mentionné ci-dissous, qui illustre la différence entre les aspirations à long terme des Taïwanais et le pragmatisme du statut-quo).

La controverse

Les dirigeants passés, membres du Guomindang chinois, ont toujours affirmé qu'ils étaient Chinois, et que leur île était régie par les lois de la « République de Chine », élaborées en Chine continentale et imposées à l'île dans les années 1945-1949.

Historiquement, l'île fut d'abord une île isolée, habitée par des populations austronésiennes, les Hollandais occupèrent la partie occidentale de l'île. Les Chinois commencèrent à administrer l'île fin du XVIIe siècle. Passée sous administration japonaise après la guerre sino-japonaise de 1895, elle repassa sous administration chinoise en 1945. Géographiquement, elle est clairement séparée de la Chine continentale, ce qui l'a isolée et (culturellement) maintenue dans cette réalité métisse. Au bilan, on constate des héritages majoritairement métis et un statut officiel trouble qui ne permettent pas d'affirmer ni que l'île et sa population sont chinoises ni qu'elles sont indépendantes.

La crise a d'abord eu pour cause la prétention du Guomindang à être le représentant légitime de toute la Chine, et de l'autre côté du fait que la République populaire de Chine avait pour ambition symétrique de réunir Taïwan à elle, de la manière la plus pacifique possible, mais n'excluant pas « l'emploi de moyens non-pacifiques » en cas de déclaration d'indépendance (cf. Loi antisécession de 2005). Le fait est que Taïwan a depuis revu ses prétentions à la baisse, tandis que la Chine populaire les revoit à la hausse, exerçant une pression croissante sur Taïwan afin de mener à la réunification.

L'élément bloquant de la situation est que la moderne armée taïwanaise et surtout celle des États-Unis, engagés par le Taiwan Relations Act (en), assurent l'autonomie effective de l'île, alors que le gouvernement et la population taïwanaise débattent d'une éventuelle déclaration officielle d'indépendance, sous la menace. La Chine continentale a effectivement affirmé que l'un des points pouvant mener à un conflit armé serait une déclaration d'indépendance de la part de Taïwan.

« Une seule Chine », au profit de la RPC

Article détaillé : politique d'une seule Chine.
Représentations diplomatiques de la République de Chine      République de Chine (Taïwan)      Ambassades      Autres types de missions

Taïwan a eu un siège de membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU dès la création de l'institution onusiènne jusqu'au 25 octobre 1971, date à laquelle la RPC fut admise à l'ONU tandis que la République de Chine (Taïwan) en fut évincé (voir la Résolution 2758 de l'Assemblée générale des Nations unies). Début 2008, seulement 23 Etats reconnaissaient la République de Chine (Taïwan),[2],[3] bien que davantage conservent des relations non-officielles avec elle.

Préalable à l'ouverture de toute relation diplomatique, la République populaire de Chine exige la reconnaissance du principe d'« une seule Chine ». Étant donné l'intérêt de la diplomatie en vue d'établir de meilleurs échanges commerciaux, les États-Unis ([2], [3]), l'Union européenne (par son Parlement), la Russie ([4]), le Lesotho ([5] ), la République centrafricaine ([6]) et Madagascar ([7]) soutiennent explicitement ce principe.

À propos de la loi antisécession, le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a soutenu le gouvernement de la République populaire de Chine, affirmant que cette loi « n'était pas en contradiction avec les principes de la France sur le problème de Taïwan ».

La République populaire de Chine souhaiterait appliquer à Taïwan la formule de Deng Xiaoping « Un pays, deux systèmes », comme pour Hong Kong et Macao.

Histoire : sinisation de 1945 à la démocratisation

En 1940, le gouvernement de l'État nationaliste de Tchang Kaï-chek (Pinyin : Jiǎng Jièshí) était alors reconnu comme étant le seul qui soit représentatif du peuple chinois. Cependant la Chine était divisée, un autre gouvernement existait, celui du communiste Mao. Si ces deux gouvernements rivalisaient entre eux, néanmoins ils combattaient aussi l'empire japonais (dont Taïwan faisait partie) qui occupait également une bonne partie de Chine continentale.

Lors de la défaite japonaise de 1945, Taïwan fut rendue à la Chine officielle d'alors, celle de Tchang Kaï-chek. Après sa défaite face aux communistes en 1949, Tchang Kaï-chek et ses partisans du Guomindang se réfugièrent sur l'île taïwanaise et y imposèrent un retour violent à l'identité chinoise. Tchang Kaï-chek continua, de Taïwan, à se poser comme le seul représentant de l'unique et grande Chine. Par intérêt, la majorité des nations légitimèrent et soutinrent la République de Chine (Taïwan). La communauté internationale, suivant l'avis américain, nia totalement la réalité de la Chine communiste, et Tchang Kaï-chek resta le seul représentant officiel de la Chine sur la scène internationale jusqu'en 1971. C'est à cette date que la République populaire de Chine (celle de Mao) fut appelée à représenter seule les intérêts de la nation chinoise au Conseil de sécurité de l'ONU. Tchang Kaï-chek, puis le Guomindang, refusèrent cet état de fait et continuèrent de gérer Taïwan comme si rien n'avait changé. Aucune indépendance n'a ainsi été officiellement déclarée, seul le constat de deux gouvernements sur deux territoires pouvait être fait.

Histoire : démocratisation

À la mort de Tchang, son fils lui succéda. Il se trouva finalement être plus libéral que son père et amorça une démocratisation de Taïwan, l'opposition libérale croissante de l'époque y est indéniablement pour quelque chose également. Le Guomindang commença à perdre son puissant contrôle et l'expression de l'identité taïwanaise commença à être tolérée. Bien que le Guomindang continuât à proclamer qu'il était encore le seul représentant légitime de la Chine continentale et qu'il était prêt à reconquérir « son » territoire, il apparaissait évident que cela était devenu impossible. Seul le repli sur Taïwan était envisageable ; le gouvernement diminua ses prétentions chinoises et toléra une « taïwanisation » de l'opinion, dans la mesure où cela créait une identité locale, apte à résister aux pressions chinoises. La Chine continentale ayant en effet inversé le rapport de force (puisque c'est désormais elle qui affirmait vouloir récupérer Taïwan, posée comme étant « la 23e province chinoise »)

Dilemme d'une proclamation d'indépendance dans la population

Les Taïwanais sont divisés sur la question de l'indépendance (couleur politique verte) ou de la réunification (couleur politique bleue). [4]

La population taïwanaise est divisée entre ceux issus de l'immigration chinoise de 1949 ; la majorité ayant des origines chinoises (98%) et une très faible population d'aborigènes non métissés (2%).

Les immigrants chinois de 1949 ont un attachement fort à la Chine et au Guomindang, les aborigènes n'ont quasiment pas de poids politique. Au milieu, bien que l'immense majorité soit métisse, ce métissage date, et l'identité taïwanaise partielle mais continue se fait davantage sentir qu'une lointaine et partielle identité chinoise. Cette majorité se considère souvent comme métisse, avec une identité sœur de la Chine mais différente.

Ensuite c'est une question d'opinion. Il y a ainsi une division entre ceux d'opinion « chinoise » qui sont favorables à une réunification pacifique (bleus) ; ceux qui sont « neutres » et veulent préserver le statu quo ; et ceux d'opinion « taïwanaise » qui veulent proclamer l'indépendance (verts).

Les investissements (plusieurs centaines de milliards de dollars) et les relations d'interdépendance économique servent de bases aux partisans neutres du statu quo. Le poids de la menace militaire chinoise fait peser sur Taïwan une pression qui tend à faire accepter la réunification plutôt que de risquer la guerre coûteuse et désastreuse avec comme conséquence une récession économique.

Mais il y a aussi une résistance et une peur à se réunifier. Notamment parce que les Taïwanais ont peur du communisme et de son système, qui fait autant peur au niveau de la menace sur leur économie, leur niveau de vie, qu'au niveau du système politique communiste. Il y a aussi la peur de disparaître dans l'immense territoire chinois, de ne plus pouvoir être maître de soi. La peur d'être gouverné par Pékin et de n'avoir plus qu'à suivre.

Le poids des propagandes passées se fait également sentir, la japonisation (1895-1945), puis la « guomindangisation » - posant les Chinois communistes comme « l'ennemi communiste sans honnêteté ».

La République de Chine est une démocratie.

"Composition du Parlement actualisée" : http://en.wikipedia.org/wiki/Legislative_Yuan plus représentatif de la population et de ses opinions que les 2 sondages sur un petit échantillon de 1000 personnes.
2 sondages à Taïwan (précaution d'interprétation des résultats)
représentativité d'un échantillon de 1000 personnes par rapport à la population totale, reproductibilité
vérifier les hypothèses avec les données d'autres sondages pour peu qu'il y en ait

Deux sondages à Taïwan ont abouti aux résultats suivants :

  1. Choix entre Indépendance et Réunification à la Chine, respectivement 52% et 24%[5]
  2. Choix entre Indépendance, Statu quo, et Réunification à la Chine, respectivement 45%, 22% et 18%.[5]

Lors d'un référendum national en 2008 la majorité a décidé de conserver le nom de République de Chine et non d'adopter le nom de République de Taïwan, comme le proposait le gouvernement précédant le retour du Guomindang.

Retour progressif des relations entre les 2 côtés du détroit de Taïwan

Depuis le 22 avril 2008, la République populaire de Chine accepte les plaintes déposées par les habitants de Taïwan concernant un conflit avec une partie située en Chine continentale[6].

À partir du 1er juillet 2008, les échanges yuan chinois contre dollars taïwanais sont acceptés sur tous le territoire taïwanais afin de faciliter les échanges avec les touristes du continent[7].

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Murray Scot Tanner, Chinese Economic Coercion Against Taiwan : A Tricky Weapon to Use, Rand Corporation, Santa Monica, 2007 (ISBN 978-0-8330-3969-9) [lire en ligne]
  • Claude Geoffroy, Le mouvement indépendantiste taïwanais, ses origines et son développement depuis 1945, L'Harmattan, ISBN : 273845593X
  • Samia Ferhat-Dana, Le dangwai et la démocratie à Taïwan, une lutte pour la reconnaissance de l'entité politique taïwanaise (1949-1986), L'Harmattan, ISBN : 2738469310
  • Jean-Pierre Cabestan, Chine-Taïwan, la guerre est-elle concevable, Economica, 2003, ISBN : 2717847340
  • Jean-Pierre Cabestan et Benoît Vermander, La Chine en quête de ses frontières : la confrontation Chine-Taïwan, Presses de Sciences Po, 2005, ISBN : 2724609778
  • Jean-Pierre Cabestan, Le système politique de Taïwan, Que sais-je ? 1809
  • Jacinta Ho Kang-mei et Pierre Mallet, Lee Teng-hui et la « révolution tranquille » de Taïwan, L'Harmattan 2005, ISBN : 2747590127

Liens externes

Notes et références

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