Sumer

Sumer

Sumer est une civilisation et une région historique située dans le sud de l'Irak, la Mésopotamie. Elle a duré de la première colonie d'Eridu dans la période d'Obeïd (fin du VIe millénaire av. J.-C.) en passant de la période d'Uruk (IVe millénaire av. J.-C.) et les périodes dynastiques (IIIe millénaire av. J.-C.) jusqu'à la montée de Babylone au début du IIe millénaire av. J.-C.. Le terme sumérien s'applique à tous les locuteurs de la langue sumérienne. Elle constitue la première civilisation véritablement urbaine et marque la fin de la Préhistoire au Moyen-Orient.

Sommaire

Origine de la civilisation sumérienne

La civilisation sumérienne est apparue selon Jean Margueron du fait que l'épeautre - céréale poussant naturellement depuis des millénaires à proximité des berges du Tigre et l'Euphrate - a permis il y a neuf mille ans à l'homme d'alors de se sédentariser en remplaçant le besoin de s'alimenter au jour le jour par la possibilité de stocker des céréales, donc des aliments, sur une année. Cette mutation décisive induisit les premières structures urbaines, rendant nécessaires des travaux d'irrigation d'une exceptionnelle ampleur, sur des milliers d'hectares. La civilisation sumérienne se développa en inventant l’écriture et l’architecture.

L’apparition de cette civilisation urbaine peut paraître soudaine (vers le IVe millénaire av. J.-C. avec la période d'Uruk). On ne sait d'ailleurs pas d'où viennent les Sumériens, la langue sumérienne n'appartenant ni au groupe des langues sémitiques, ni à celui des langues indo-européennes ; le fameux mythe d’Abgad (les Sept Sages) impute la première civilisation du pays par ces nouveaux immigrants étranges « arrivés de la mer ». Il est possible qu'ils soient venus du sous-continent indien ou d'Asie en longeant le littoral iranien. D'autres hypothèses les feraient venir du nord (Asie Mineure ou Zagros).

Pourtant certains auteurs, comme Jean Louis Huot (cf Bibliographie) pensent que cette civilisation est le résultat de la lente évolution par sédentarisation des communautés humaines qui occupaient le sud de la Mésopotamie depuis une dizaine de millénaires. À un certain moment, elles se sont dotées de l'outil qui leur permit de noter leur langue, le sumérien.

Cette civilisation a probablement décliné et disparu à cause de la stérilisation saline des terres agricoles (l'infiltration dans les sols des eaux d'irrigation aurait fait monter à la surface et s'y concentrer les sels minéraux contenus dans la nappe phréatique[1]) et du déplacement géographique des lits des fleuves.

Structure politique

Contrat archaïque sumérien, inscription pré-cunéiforme, musée du Louvre

L’utilisation de l’écriture est concomitante d'une organisation complexe de la société. Elle est administrée, de façon méticuleuse et tatillonne, par un État monarchique et sacerdotal dirigé par un roi (lugal, « homme grand ») ou un prince (ensi, autrefois lu patesi).

Le sumérologue Thorkild Jacobsen propose l’idée d’une démocratie primitive aux origines de Sumer. En s’appuyant principalement sur les mythes qui mettent en scène des assemblées où interviennent des héros, des hommes ou des divinités (épopée de Gilgamesh), il pense que la plus ancienne institution politique aurait été une assemblée d’hommes libres où des Anciens auraient géré des affaires courantes et lorsque le besoin s’en faisait sentir, auraient délégué des pouvoirs à un en pour des travaux importants ou à un lugal en cas de guerre. Dans ce système, les autorités religieuses et royales auraient pu se développer au détriment d’hommes libres.

Karl August Wittvogel défend la thèse d’un État « hydraulique ». La civilisation sumérienne offre un exemple, parmi d’autres, de l’existence d’un pouvoir despotique exigé par la nécessité d’organiser et d’administrer un réseau de distribution de l’eau : il fallait répartir équitablement celle-ci, mais aussi obtenir par la corvée le travail nécessaire à la création, puis à l'entretien de ce réseau. Cette théorie pouvait facilement se fondre avec celle d’une démocratie primitive et le despotisme du pouvoir royal. Elle a été combattue, notamment après les recherches de R. McAdams, qui montrent que les réseaux d’irrigation de Sumer au début du IIIe millénaire ne nécessitaient pas un pouvoir coercitif, chaque agglomération n’ayant besoin que d’un territoire réduit pour subvenir à ses besoins. De plus, les historiens n’ont pas trouvé dans les textes la preuve que le despotisme oriental soit issu des problèmes liés à la gestion de l’eau, même si l’une des tâches royales a été d’assurer la construction et la gestion des canaux. Les recherches en ce domaine ne sont pas terminées et l’on peut se demander si l’aménagement régional de Mari, dont la réalisation a certainement exigé de très gros moyens en hommes et en temps, a pu se faire sans un pouvoir coercitif, s’appuyant sur l’idée de l’État et de ses besoins.

Civilisation et art

Gudea, prince de Lagash, statue dédiée au dieu Ningishzida, v. 2120 av. J.-C., musée du Louvre

Les Sumériens et leurs successeurs akkadiens possédaient une culture exceptionnellement avancée, on leur doit notamment :

Religion

La religion sumérienne a influencé l'ensemble de la Mésopotamie pendant près de trois mille ans, ainsi que les onze premiers chapitres de la Bible[2]. Elle est une composante très importante de la vie, privée comme publique, des Sumériens et donne naissance à des représentations artistiques comme à des œuvres littéraires. Dans la conception sumérienne, le souverain n'est que le dépositaire de la divinité : sa fonction est sacerdotale aussi bien que politique.

La religion sumérienne est caractérisée par son polythéisme et son syncrétisme. Son panthéon compte une grande variété de dieux, structurée en une hiérarchie stricte, calquée sur la société humaine.

Au sommet se trouve la triade cosmique constituée de :

  • An (« dieu-ciel »), maître du ciel, roi des dieux, et sa parèdre Antum ;
  • Enlil (« seigneur-air »), maître de la terre, démiurge, dieu protecteur de Nippur, et sa parèdre Ninlil ;
  • Enki (« seigneur-terre » ?), Ea pour les Sémites, maître des eaux douces, dont la ville sainte est Eridu.

Sous cette triade se trouvent les divinités astrales comme le dieu-lune Nanna (Sîn en akkadien) et le dieu-soleil Utu (Shamash en akkadien) ; puis les dieux infernaux et les dieux guerriers ; puis les dieux de la nature et les dieux guérisseurs ; puis les dieux d'instruments (pioche, moule à briques, etc.) et enfin les esprits et autres démons.

Notes

Voir aussi

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Bibliographie

  • (de) J. Bauer, R. K. Englund, M. Krebernik, Mesopotamien, Späturuk-Zeit und frühdynastische Zeit, OBO 160/1, 1999 ;
  • (de) W. Sallaberger, A. Westhenholz, Mesopotamien, Akkade-Zeit und Ur III-Zeit, OBO 160/3, 1999 ;
  • J.-L. Huot, Les Sumériens, entre le Tigre et l'Euphrate, Armand Colin, coll. « U », 1996 ;
  • S. N. Kramer, L'histoire commence à Sumer, Flammarion, coll. « Champs », 1993 (1re édition 1957) ;
  • Parrot, André, Sumer, Gallimard, 1960, 369 p. (ISBN 2-07-010430-3)
  • E. Sollberger et J.-R. Kupper, Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes, Paris, 1971.

Articles connexes

Liens externes


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