Tadmait

Tadmait

Tadmaït

Tadmaït (anciennement Camp-Maréchal) est une commune dans la daira de Draâ Ben Khedda, wilaya de Tizi Ouzou en Kabylie, Algérie.

Position géographique

Elle est située à 17 kilomètres à l'ouest du chef-lieu Tizi-Ouzou sur la RN 12 qui relie Alger et Bejaia via Tizi Ouzou et 83 km à l'est d'Alger. D'une superficie de 63,66 km, elle compte environ 23431 habitants ( données APC Tadmait 2008).

Tadmait entre hier et aujourd'hui

Le Camp du Maréchal était un village colonial de basse Kabylie, situé à 83 km à l’est d’Alger. Devenu Tadmaït en 1963, juste après l’indépendance de l’Algérie, il n’est pas assez connu malgré son passé colonial et révolutionnaire. Je vais donc tenter modestement de vous le présenter en espérant qu’il vous inspirera de la sympathie. Pour ce faire, nous allons faire un voyage dans le temps.

Nous sommes en 1830, le cinq juillet les troupes françaises débarquent à Sidi-Fredj, c’est le début de la très longue nuit coloniale. La Kabylie, pour l’instant et durant quelques années est épargnée. Pour la population du Douar Sidi-Ali Bouneb (Montagne de 800 m d’altitude qui surplombe la plaine de Tadmaït) la vie suit paisiblement son cours. Vivant d’agriculture : figuier, olivier, petits jardinages, blé (Obtenu en troquant de l’huile d’olive), fruits et plantes sauvages comestibles ; de petits élevages (poules, chèvres, brebis et moutons) et se déplaçant à dos d’âne ou de jument pour les plus aisés, cette population autochtone est loin de se douter que leur vies d’hommes libres allait basculer.

Une dizaine d’années plus tard, le Maréchal Bugeaud décide de conquérir la Kabylie. Il occupe Bordj-Ménaïl, 17 KM à l’ouest et 66 KM à l’est d’Alger. De la il bifurque vers le nord pour aller occuper Dellys, ville côtière fondée durant la présence turque. Au retour de Dellys, en remontant le Sébaou il débouche sur la plaine de Tadmaït qu’il occupe. La population indigène se réfugie au mont et se répartie en Thouder (hameaux).

Le Maréchal établit un grand camp en vue de préparer l’occupation du reste de la Kabylie. À l’ouest du camp (6 km environ) un centre est fondé par la société de protection des Alsaciens-Lorrains présidé par le comte d’Haussonville. Dès 1873, 33 familles sont installées. À l’emplacement du camp est fondé en 1879 un village qui portera le nom du Maréchal.

Profitant de l’expérience, c’est, de tous les villages Alsaciens le mieux réussi. Il est, tout de suite, doté de toutes les infrastructures de base : mairie, poste, école, église bâties par des ouvriers indigènes. Ceux-ci viennent au village juste pour travailler, le soir ils rentrent chez eux au mont. Le village c’est conçu que pour les besoins des colons et de l’administration coloniale. Les terres fertiles, arrosés par le Sébaou sont exploitées au même titre que les ouvriers qui y travaillent du lever au coucher du soleil. Ils rentrent chez eux exténués, la nuit tombée. C’est pourquoi les colons demandent à ce qu’ils soient regroupés prés du village pour qu’ils soient plus performants. C’est ainsi que Tazmalt est né, un ensemble d’habitations de fortune à 100 m sur les hauteurs du village. D’autres infrastructures sont mises en place telles que le collège et le dispensaire que gèrent les sœurs blanches, des voies ferrées reliant le village à Alger et Dellys pour l’expédition de la production vers Alger et la France. Le camp du Maréchal est connu surtout pour ses vignobles et les deux caves pour la production de vin, ses orangeraies et surtout pour son tabac.

A la fin des années trente quelques familles autochtones s’installent au village parmi les colons, des familles, dont la notre, commerçantes. Les conditions de vie de la population indigène, les humiliations qu’elle subit vont progressivement l’amener à vouloir se révolter.

Nous sommes en 1954, la guerre éclate. Plusieurs attentats sont perpétrés dès 1955, des gens commencent à rejoindre le maquis pour prendre les armes. L’un des événements majeur de cette guerre est l’attentat perpétré une nuit de 1956 contre deux dépôts, l’un de munitions l’autre de tabac. C’est un véritable brasier et feu d’artifice. Pris de panique, les habitants de Tazmalt ne comprenant pas ce qui se passe fuient pour se réfugier dans leurs anciennes maisons au mont. Ma grand-mère me racontera bien plus tard que des moudjahiddines qu’elle a rencontrée lui ont dit que cet attentat a été commis en représailles à la destruction de notre grande maison du motif que son fils activait au sein du FLN. Des dizaines d’hommes et de femmes dont un de mes oncles et son fils sont jetés en prison et torturés.

Pour faire face à la nouvelle situation, des renforts militaires sont acheminés vers le village et une caserne est bâtie 500 m à l’ouest du village. Pour faciliter l’accès aux maquis et traquer les moudjahiddines, des routes sont ouvertes vers le mont Sidi Ali Bouneb. À partir de 18 heures le village est interdit aux indigènes. Un bidonville, tout près de la gare est improvisé pour accueillir des familles fuyant la montagne. Une cité composée de maisons en dur, de deux à trois pièces est construite pour accueillir les harkis. Le mont Sidi Ali Bouneb ne connaîtra de répit qu’en 1962, Le Camp du Maréchal perd durant cette guerre, près de 1000 de ses enfants.

1963, Le Camp du Maréchal prend le nom de Tadmaït. Une année après, la caserne est transformée en centre de formation professionnel. C’est à partir du début des années 1970 que le village connaît des changements notables. Tout un quartier de maisons coloniales est rasé pour laisser place à un ensemble d’immeubles qu’on aurait pu bâtir ailleurs. Les sœurs blanches sont priées de partir. Le collège est gardé tel quel et le dispensaire transformé en maternité. A la même période, commence la destruction de l’église qui durera plusieurs années pour bâtir à la place une mosquée. Les jeunes protestent car ils veulent conserver l’édifice pour l’histoire tout en créant des activités pour jeunes à l’intérieur. La mairie et l’ex école Lambert ne résistent pas au séisme de 2003. L’une des deux caves devient un dépôt pour détergeant et peinture, l’autre cède sa place à un ensemble d’immeubles trop hauts pour être en harmonie avec le reste du village. Le jardin public continue à accueillir parents et enfants. La rivière du Sébaou ne déborde plus depuis longtemps, son lit est descendu d’au moins trois mètres à cause de l’extraction aveugle de son sable. L’eau n’y coule plus que deux mois sur douze quand l’hiver est pluvieux. La gare est toujours là mais le train ne siffle plus car la voie a plusieurs fois été la cible de sabotages durant les années 1990. L’immeuble qui abritait la gendarmerie datant de l’époque coloniale a été soufflé par un attentat à la voiture piégée au milieu des années 1990. La voie ferrée reliant Tadmaït à Dellys a été supprimée. À l’entrée du village le visiteur est accueilli par le cimetière des martyrs, témoin du passé révolutionnaire de cette contrée.


Tadmait en langue berbère signifie paume (de la main), mais qui peut signifier aussi le palmier-nain, en effet le chef-lieu de la commune est une plaine inondable (inondations durant les années 1970 à 80) où passe le SEBAO, rivière qui prend ses racines en Kabylie pour déverser ses eaux en Méditerranée dans la région voisine de Boumerdes. Aussi Tadmait est donc entourée de montagnes, ce qui lui donne cet aspect semblable à une paume de main.

Liens externes

  • Portail de l’Algérie Portail de l’Algérie
  • Portail de la Kabylie Portail de la Kabylie
Ce document provient de « Tadma%C3%AFt ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Tadmait de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Tadmaït — Ajouter une image Administration Nom algérien تادمايت Pays  Algerie !Algérie Région …   Wikipédia en Français

  • Tadmait — Original name in latin Tadmat Name in other language Camp du Marechal, Camp du Marchal, Tadmait, Tadmat State code DZ Continent/City Africa/Algiers longitude 36.74413 latitude 3.90045 altitude 52 Population 20952 Date 2012 01 19 …   Cities with a population over 1000 database

  • Iflissen Umellil — Iflissen Umellil, connue aussi sous le nom d Iflissen n Udrar, est une confédération (taqbilt) qui occupent la partie occidentale de la Kabylie du Djurdjura. C est la confédération établie dans la partie la plus occidentale de la Kabylie.… …   Wikipédia en Français

  • La Wilaya de Tizi-Ouzou — Wilaya de Tizi Ouzou Wilaya de Tizi Ouzou (15) Chef lieu Tizi Ouzou …   Wikipédia en Français

  • La wilaya de Tizi-Ouzou — Wilaya de Tizi Ouzou Wilaya de Tizi Ouzou (15) Chef lieu Tizi Ouzou …   Wikipédia en Français

  • Wilaya de Tizi-Ouzou — (15) Chef lieu Tizi Ouzou …   Wikipédia en Français

  • Codes Postaux Des Villes D'Algérie — Classement par ordre alphabétique N.B. : Les codes postaux de plusieurs communes ayant changé, vérifiez les. Liste des codes postaux des villes d Algérie, les deux premiers chiffres correspondent aux Wilayas. Sommaire : Haut A B C D E F …   Wikipédia en Français

  • Codes postaux des villes d'Algerie — Codes postaux des villes d Algérie Classement par ordre alphabétique N.B. : Les codes postaux de plusieurs communes ayant changé, vérifiez les. Liste des codes postaux des villes d Algérie, les deux premiers chiffres correspondent aux… …   Wikipédia en Français

  • Codes postaux des villes d'Algérie — Classement par ordre alphabétique N.B. : Les codes postaux de plusieurs communes ayant changé, vérifiez les. Liste des codes postaux des villes d Algérie, les deux premiers chiffres correspondent aux Wilayas. Sommaire : Haut A B C D E F …   Wikipédia en Français

  • Codes postaux des villes d'algérie — Classement par ordre alphabétique N.B. : Les codes postaux de plusieurs communes ayant changé, vérifiez les. Liste des codes postaux des villes d Algérie, les deux premiers chiffres correspondent aux Wilayas. Sommaire : Haut A B C D E F …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”