Tahiti

Tahiti
Tahiti
Image satellite de Tahiti.
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Géographie
Pays Drapeau de France France
Archipel Îles du Vent / archipel de la Société
Localisation Océan Pacifique
Coordonnées 17° 31′ S 149° 34′ W / -17.52, -149.5617° 31′ S 149° 34′ W / -17.52, -149.56
Superficie 1 042 km2
Côtes 132 km
Point culminant Mont 'Orohena (2 241 m)
Géologie Île volcanique
Administration
Drapeau de France France
Collectivité d'outre-mer Polynésie française
Démographie
Population 178 133 hab. (2007)
Densité 170,95 hab./km2
Plus grande ville Papeetē
Autres informations
Découverte 1767
Fuseau horaire UTC-10

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Îles de France

Tahiti est une île de la Polynésie française (collectivité d’outre-mer) située dans le sud de l’Océan Pacifique. Elle fait partie du groupe des îles du Vent, et de l’archipel de la Société. Cette île haute et montagneuse, d'origine volcanique, est entourée d'un récif de corail. L'île est composée de deux parties - Tahiti Nui, la plus importante, et Tahiti Iti également appelée la Presqu'île, reliées entre elles par l'isthme de Taravao.

Avec 1 042 km² et 178 173 habitants, Tahiti est à la fois la plus grande et la plus peuplée des îles de la Polynésie française. L’île concentre l’essentiel des activités économiques de l’archipel polynésien ; la ville de Papeetē, située sur la côte nord-ouest de l’île, est la capitale de la Polynésie Française et en abrite toutes les institutions politiques. Le tourisme contribue fortement à l’économie de l’île, d’autant que Tahiti abrite le seul aéroport international de la Polynésie, lui donnant le statut de porte d’entrée du territoire.

L’histoire de Tahiti a été marquée tout d’abord par le peuplement de l’île par les navigateurs polynésiens, d’origine austronésienne, puis par la découverte de l’île par les explorateurs européens. Les échanges avec les européens ont permis à une famille tahitienne, les Pōmare, d’imposer leur autorité sur l’ensemble de l’île. À partir de la fin du XVIIIe siècle, l’île fut colonisée par des missionnaires protestants anglais, puis devint protectorat français au milieu du XIXe siècle. L’île devint ensuite une colonie, membre des Établissements français de l'Océanie, avant d’être rattachée à un ensemble d’archipels qu’on appellerait la Polynésie française.

Sommaire

Géographie

Situation

Points de repère

Le Mont Aora'i

L'île de Tahiti est située au milieu de Pacifique sud, elle est à 4 400 km au sud de Hawai'i, à 7 900 km du Chili et à 5 700 km de l’Australie. L'île est localisée à plus de 15 000 km du territoire métropolitain français, avec un décalage horaire de 11 heures en hiver et de 12 heures en été.

L'île se compose de deux parties centrées sur des volcans éteints et reliées par un court bras de terre, l'isthme de Taravao. La plus grande de ces parties, située au Nord-Ouest, est nommée Tahiti Nui (la Grande Tahiti) tandis que l'autre partie, située au sud-est, est appelée Tahiti Iti (la Petite Tahiti) ou encore la Presqu’île de Tai'arapū.

Avec 1 042 km² de superficie, Tahiti est la plus grande île de la Polynésie Française. L'île atteint une longueur maximale de 60 km (sur la diagonale nord-ouest - sud-est, presqu'île comprise), et une largeur de 30 km sur la partie principale. Le périmètre total de l'île atteint 190 km, et celui de Tahiti Nui 120 km.

Paysages

Tahiti & Mo'orea

Tahiti est la plus haute île de Polynésie. C’est sur Tahiti Nui que se trouve le plus haut sommet de l’île : le Mont 'Orohena, qui culmine à 2 241 mètres. Tahiti Nui abrite d’autres sommets : le Mont Aora'i (2 066 m) , le Mont Mārau (1 493 m) et le Diadème (Te Tara o Mai'ao) (1 321 m). Concernant Tahiti Iti, son plus haut sommet est le Mont Rōnui, qui atteint 1 332 mètres.

Du fait de son intérieur extrêmement montagneux, vestige des anciens volcans, l’île est majoritairement habitée sur une étroite bande longeant le bord de mer. On estime ainsi que sur les 1 045 km² de l’île, seuls 150 km² sont habités et exploités.

Tahiti est seulement partiellement entourée par une barrière de corail. On comptabilise ainsi 33 passes, et toute une partie du récif est immergée, empêchant par endroit la formation d'un véritable lagon entre le récif et la côte. Le lagon de Tahiti atteint cependant une superficie de 141 km²[1].

Mo'orea, l’île-sœur, est située à 15 km à l'ouest de Tahiti et entretient des liens très étroits avec Tahiti. On l’aperçoit parfaitement depuis la plupart des communes de l'ouest de Tahiti Nui et de nombreux habitants de Mo'orea travaillent sur l'agglomération de Papeetē.

Climat

Un climat tropical

Le climat de Tahiti est de type tropical maritime humide. On distingue généralement deux grandes saisons[2] :

  • La saison chaude, de novembre à avril (l'été austral)
  • La saison fraîche, de mai à octobre (l'hiver austral)
Température moyenne mensuelle à Fa'a'a en 2007 en °C (source : ISPF[3])
Jan. Fév. Mar. Avr. Mai Jui. Jui. Aoû. Sep. Oct. Nov. Déc.
Température 27,6 28,5 28,5 28 27,4 26,6 25,4 26 26 26,3 26,9 26,4

À Tahiti, contrairement à d'autres îles de Polynésie française, ce cycle est bien marqué, avec des précipitations bien plus importantes en saison chaude qu'en saison fraîche[2]. Les pluies sont notamment importantes pendant les mois de décembre et de janvier. Il existe cependant une différence de climat entre la partie est, exposée à l'alizé et dite sous le vent, plus humide, et la partie ouest de l’île, dite du vent, plus sèche. Il tombe ainsi en moyenne 3,550 mm d’eau par an sur la commune de Hitia'a, localisée sur la côte est, tandis que de l’autre côté de l’île, comme à Puna'auiā, il ne pleut que de 1,500 mm d’eau par an. De même, il pleut davantage sur les hauteurs de l'île que sur les côtes[2].

Des marées de faible amplitude

Tahiti se trouve sur un nœud de résonance de la marée lunaire (point amphidromique) ce qui l'annule donc totalement. Ne reste que la composante de marée due au soleil, qui est beaucoup plus faible et synchronisée avec l'astre en question. Conséquences :

  • Le marnage est très faible : l'amplitude de la marée n'excède pas 0,40 m[4]
  • La marée est toujours basse le matin, haute peu après midi, basse le soir et haute à nouveau au milieu de la nuit. Ce phénomène n'existe qu'à Tahiti, près des îles Malouines et en plusieurs endroits au large des îles britanniques (s’il existe d'autres points amphidromiques un peu partout dans les océans, il n'y a pas forcément d'île à ces endroits…).

Un risque cyclonique

Tahiti est située dans une zone où il existe des risques de cyclone. Ainsi, en 1983, lors de l’Ouragan Veena, les vents ont atteint plus de 230 km/h et, en l’espace de 48 heures, 420 mm d’eau sont tombés sur la côte Est de Tahiti[5].

Une tendance au réchauffement climatique

Une tendance régionale au réchauffement climatique existe, notamment lors des épisodes dits El Niño ; décembre 2009 a ainsi été le mois le plus chaud jamais mesuré dans les îles de la Société. La station-météo de l'aéroport de Fa'a'a a indiqué une moyenne de 29 °C pour le mois (le record antérieur était 28,9 °C en mars 1998). Le 31 décembre, il a fait 33,2 °C, nouveau record pour une journée de décembre (en décembre 1990 on avait déjà atteint 33,1 °C). À Bora Bora, la moyenne mensuelle a été de 28,6 °C, égalant le record de décembre 2003. En décembre 2009, la température de l'océan était de 2 °C supérieure à la normale [4].

Géographie humaine

Tahiti est la plus peuplée des îles de la Polynésie Française. Ainsi, lors du dernier recensement de 2007, sur les 259 706 habitants que comptait la Polynésie, Tahiti en abritait 178 173[6], soit près de 70% de la population du territoire.

L'occupation humaine de l'île est largement contrastée, marquée d'une part par la macrocéphalie urbaine de Papeetē et d'autre part par l'opposition entre un littoral très peuplé et aménagé, et l'intérieur des terres, quasi inoccupé. Du fait de l'attraction de Papeetē, la densité de l'habitat côtier devient de moins en moins élevé à mesure que l'on s'éloigne de la capitale[7].

Communes

L'île est composée de 12 communes[8], qui recoupent ou rassemblent les districts traditionnels (correspondant à des bourgs ou à des quartiers):

Papeetē vue d'avion

Papeetē est la capitale de Tahiti et de la Polynésie Française. La commune en elle-même, qui s’étend sur 19 km², n’abrite que 26 050 habitants[6], ce qui, bien qu’elle ait la plus forte densité de population de l’île, n’en fait que la deuxième commune la plus peuplée de l’île, après Fa'a'a.

Cependant, l’agglomération de Papeetē, qui regroupe aujourd'hui les communes de 'Ārue, de Pīra'e et de Māhina à l’Est, et de Fa'a’a, de Puna'auiā et Pā'ea à l’Ouest[9], concentre plus de 130 000 habitants, sur une bande de terre longue d’une soixantaine de kilomètres, coincée entre le lagon et les contreforts montagneux. Le développement macrocéphale de la capitale entraîne l'intégration progressive des communes environnantes le long du littoral. Cette agglomération est le centre administratif, politique et économique de Tahiti et de la Polynésie Française. La commune rassemble 47% des emplois de l'île de Tahiti[7], et l'agglomération concentre plus de 80% des emplois[7], polarisant ainsi toute l'activité humaine de l'île.

Cette commune, comprise dans l'agglomération de Papeetē et bordant la limité orientale de la capitale, compte 14 551 habitants[6] sur un territoire de 35 km². Pīra'e abrite essentiellement des infrastructures administratives et résidentielles.

La commune de 'Ārue est située au Nord-Est de Tahiti, au sein de l’agglomération de Papeetē. Elle englobe également l'atoll de Teti'aroa et rassemble 9 494 habitants[6] sur un territoire de 16 km². Cette commune a un fort poids économique, et de nombreuses entreprises y sont installées, dont d’importantes entreprises du territoire (l'enseigne Carrefour, la Brasserie de Tahiti et l'usine d'embouteillage d'Eau Royale). C’est également sur cette commune qu’est située la caserne du régiment d'infanterie de marine du Pacifique - Polynésie (RIMaPP).

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La commune de Māhina, grande de 52 km², compte 14 356 habitants[6]. La périurbanisation galopante de Papeetē a joué un rôle majeur dans le développement de cette commune, dont la population a été multipliée par 4,2 en 30 ans[7].

Cette grande commune de 218 km² regroupe les districts de la Papeno'o, de Ti'arei, de Maha'ena et de Hitia'a, situés sur le versant nord-est de Tahiti Nui. Malgré la superficie de cette commune, elle ne compte que 8 691 habitants[6], puisque qu'une grande partie de son territoire couvre les massifs montagneux de Tahiti Nui, inhabités.

Cette commune regroupe également plusieurs districts : Fa'aone, 'Āfa'ahiti-Taravao, Pūeu et Tautira. Elle s'étend sur 216 km², du Sud-Est de Tahiti Nui et sur toute la moitié nord-est de la Presqu'île. 11 538 habitants y vivent[6]. Différentes politiques ont été menées pour tenter de développer le village de Taravao, stratégiquement situé entre Tahiti Nui et Tahiti Iti, et contrebalancer l'influence et l'attraction de Papeetē.

Cette commune englobe la moitié Sud-Ouest de la Presqu'île, sur 104 km², avec les districts de Teahupo'o, Vaira'o et To'ahotu. Malgré sa superficie, c'est la commune la moins peuplée de Tahiti, avec seulement 7 007 Habitants[6].

Cette commune, rassemblant 8 591 habitants[6] s'étend sur 120 km² au Sud de Tahiti Nui, et englobe les districts de Mataiea et de Papeari.

La mairie de Pā'ea

Cette commune de 93 km², située au Sud-Est de Tahiti Nui rassemble 10634 habitants[6].

Cette commune de 65 km², à l'Ouest de Tahiti, rassemble 12 084 habitants[6].

Cette commune de la côte Ouest, qui s'étend sur une superficie de 75 km², est la troisième commune la plus peuplée de l'île, avec 25 399 habitants[6]. Puna'auiā est une des communes qui a le plus absorbé le développement urbain de l'agglomération de Papeetē : elle a vu sa population multipliée par 4,5 en 30 ans[7]. Cette commune, essentiellement résidentielle, abrite une marina et des zones d'activités industrielles et commerciales.

Fa'a'a, située au Nord-Ouest de Tahiti, est limitrophe de Papeetē. S'étendant sur un territoire de 34,2 km², c’est la commune la plus peuplée de Tahiti, devant Papeetē, avec 29 781 habitants[6]. Les aménagements résidentiels se sont particulièrement développés sur cette commune, pour absorber l'excédent de population de la capitale voisine, Papeetē. C'est également sur cette commune que se trouve l'Aéroport international Tahiti Fa'a'a.

Voies de communication

Aéroport et transport aérien

L’île de Tahiti est desservie par l'Aéroport international Tahiti Fa'a'a, situé à 5 km au Sud-Ouest de Papeetē. Inauguré en 1961, et détenu à 57% par le Territoire de la Polynésie Française[10], c’est le plus important aéroport de la Polynésie française, et le seul aéroport international du territoire. Il s’agit donc de l’unique point d’entrée pour l’immense majorité des visiteurs mais également pour les habitants des autres îles de la Polynésie française.

L’aéroport de Tahiti a joué un rôle primordial dans le désenclavement de l’île (et du reste du territoire) et le développement du tourisme. L’aéroport assure les liaisons avec une dizaine de destinations internationales : Los Angeles, Paris, Auckland, Sydney, Tokyo, Rarotonga, Santiago, l’Île de Pâques, Noumea et Honolulu[10]. Conscient de l’importance des liaisons aériennes internationales dans le développement économique de l’île et du pays, le gouvernement a inauguré en 1998 sa propre compagnie aérienne : Air Tahiti Nui (ATN), qui dessert aujourd’hui 5 destinations à partir de Tahiti : Paris, Los Angeles, Tokyo, Auckland, Sydney.

Un avion d'Air Tahiti

Concernant le réseau domestique, l’aéroport dessert l’ensemble des archipels de la Polynésie. Air Tahiti est la seule compagnie à desservir régulièrement les îles polynésiennes, assurant la liaison avec une quarantaine d’îles et d’atolls. L’île de Mo'orea est située à 7 minutes de vol de Tahiti. L’aéroport de Tahiti est la plaque tournante du trafic aérien, puisque la majorité des destinations sont uniquement desservies par l’aéroport de Tahiti. La centralisation du réseau aérien accentue donc l’attraction et l’influence de Tahiti et de l’agglomération de Papeetē sur le reste des îles polynésiennes.

Ports et transport maritime

Le Port autonome de Papeetē est le seul port international desservant l’ensemble des îles de la Polynésie Française. Il est voué à la fois au transport international et au transport domestique. Plus de 1 900 000 tonnes de marchandises y transitent chaque année[11].

À l’image du transport aérien, le transport maritime est également très centralisé sur Tahiti et en particulier Papeetē. Les liaisons sont assurées par des cargos appelés « Goélettes » dont la principale mission est d’acheminer du fret à destination des îles. Ces liaisons maritimes s’effectuent en boucle, systématiquement au départ de Tahiti.

Pour le transport des passagers, la seule liaison maritime régulière est la ligne Tahiti-Mo'orea, assurée plusieurs fois par jour par des catamarans et des ferries. La société Aremiti et la Société de Développement de Moorea proposent toutes les deux des services concurrents de transports de personnes et marchandises entre Tahiti et Mo'orea. En catamaran, la traversée prend environ une demi-heure. Pour les autres îles, certains cargos acceptent des passagers, mais ils sont avant tout réservés au fret.

Réseau routier

Le réseau routier est constitué principalement d’une route côtière, qui fait le tour de Tahiti Nui, la route de ceinture. Les points kilométriques, PK, permettent de se repérer le long de cette route côtière. Ce sont des bornes kilométriques, placées le long de la route et dont l’origine (PK0) est la cathédrale de Papeetē. Les PK ne forment pas une boucle mais sont aménagés en tenaille. Ils se rejoignent au fort de Taravao, PK 61 par le côté ouest et PK 52 par le côté est. Cette route côtière est desservie par de nombreuses servitudes privées, donnant sur des aménagements résidentiels. Cependant, du fait de l’absence de maillage, le passage par la route côtière est impératif pour tout déplacement. Cela impose la coexistence de nombreux modes de transport (voitures, vélos, piétons) sur une voie de circulation dense.

Du fait du développement linéaire de l’agglomération urbaine, et de la concentration des emplois dans la commune de Papeetē, le réseau routier est saturé, notamment la sur côte ouest, marquée par d’importants embouteillages. Sur cette côte, le réseau routier a été complété par des tronçons de voie rapide afin de délester la route de ceinture sans que cela suffise à assurer de façon efficace le trafic de transit.

Les faiblesses du réseau routier posent ainsi deux problèmes majeurs : des embouteillages importants qui allongent les temps de trajets quotidiens (notamment les déplacements domicile-travail) et une insécurité routière importante (3 à 4 fois supérieure à celle de la métropole[12])

Transports en commun

Le transport collectif traditionnel est le truck (‘camion’ en anglais), dont le châssis a été aménagé avec une structure en bois peinte de couleurs vives, et équipée de banquettes latérales et de fenêtres en plexiglas. Ces véhicules peuvent accueillir entre 12 et 40 passagers et relient Papeetē aux autres districts de l’île.

Un truck

Le marché de Papeetē, situé dans l’hyper-centre de l’agglomération, joue le rôle de véritable gare routière.

Malgré les différentes tentatives de modernisation des transports en commun, le réseau est très peu structuré et géré de façon artisanale : illisibilité des lignes, irrégularité des horaires et des arrêts, absence de billetterie.

Le gouvernement a annoncé à plusieurs reprises le projet de remplacer les trucks par de véritables bus, mieux aménagés et répondant à des critères de sécurité plus élevés. Des lignes ont d’ailleurs été mises en place, notamment entre Papeetē et les communes les plus éloignées, mais les trucks restent malgré tout largement majoritaires[12].

Histoire

Le peuplement de l’île de Tahiti

Article détaillé : Peuplement de l'Océanie.
Les migrations austronésiennes

Les premiers Tahitiens seraient arrivés environ 300 ans après J.-C., après une longue migration depuis l’Asie du Sud-Est ou l’Indonésie, via les archipels des Fidji, des Sāmoa et des Tonga.

Cette hypothèse d'une émigration depuis le Sud-Est asiatique est étayée par de nombreuses preuves linguistiques, biologiques et archéologiques. Par exemple, les langues des Fidji et de la Polynésie appartiennent toutes au même sous-groupe océanien, le fidjien-polynésien, qui fait lui-même partie de la grande famille des langues austronésiennes.

Cette émigration à travers plusieurs centaines de kilomètres de haute mer, a été rendu possible par l’emploi de pirogues à balancier pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de long et transporter familles et animaux domestiques. Ainsi, en 1770, James Cook remarque à Tahiti un bateau de 33 mètres de long, pouvant progresser à la voile ou aux pagaies[13].

La civilisation pré-européenne

Avant l’arrivée des Européens, l’île est divisée en différentes chefferies, territoires bien précis dominés par un clan. Ces chefferies sont liées entre elles par des rapports d’allégeance fondés sur les liens de parenté de leurs dirigeants et leur puissance guerrière[14]. Le clan le plus important de l’île est celui des Teva[15], dont le territoire s’étend de la presqu’île au sud de Tahiti Nui. Le clan des Teva est composé des Teva i Uta (Teva de l'intérieur) et des Teva i Tai (Teva de la mer), et est dirigé par Amo et Purea[16].

Un clan est composé d’un chef (ari’i rahi), des nobles (ari’i) et des sous-chefs ( 'Īato'ai). Les ari’i, descendants des dieux polynésiens, sont investis du mana (pouvoir, puissance surnaturelle). Ils portent traditionnellement des ceintures de plumes rouges, symbole de leur pouvoir. Le chef de clan n’a pas le pouvoir absolu. Il doit composer avec les ari’i et les 'Īato'ai lors de conseils ou d’assemblées générales, notamment en cas de guerre[15]. Plus les ari’i sont éloignés du chef de clan, plus ils sont autonomes et forment un contrepoids à son autorité.

Les clans sont organisés autour du « marae », lieu de culte sacré en plein air. Ces marae sont véritablement le cœur de la vie religieuse et sociale du clan : on y invoque les dieux, intronise les chefs, on y prépare la guerre et la pêche, on y célèbre les naissances et les décès. Il existe une hiérarchie des marae, allant du simple marae familial au marae royal. La taille du marae est proportionnelle à l’influence de la famille. Un des marae royaux de Tahiti est Farepu’a, construit à l’avènement de Tetuana’e Nui (voir plus bas : patrimoine archéologique). Les marae sont protégés par le tapu, interdit absolu et sacré, dont la transgression attire la malédiction. Le terme passera d’ailleurs dans les langues occidentales : tabou.

La découverte de Tahiti par les Européens

La rencontre de Wallis et d'Oberea

Pedro Fernandes de Queirós a peut-être été le premier Européen à apercevoir en 1606 l’île de Tahiti, qu’il aurait nommée Sagitaria (ou Sagittaria). Cependant, le fait que l'île qu'il a vu soit Tahiti n'a pu être confirmé de façon probante.

Le premier Européen à visiter Tahiti est donc le lieutenant Samuel Wallis qui accoste le 17 juin 1767[17] dans la Baie de Matavai, située sur le territoire de la chefferie de Pare ('Ārue/Māhina), dirigée par la cheffesse "Oberea" (Purea). Wallis baptise l’île « Île du Roi George ». Les premiers contacts sont difficiles, puisque le 24 et le 26 juin 1767[18], des pirogues tentent de prendre le navire à l’abordage, soit par crainte d’une installation durable des Anglais, soit pour s’approprier les objets métalliques du navire. En représailles, les marins anglais tirent sur les pirogues et la foule située sur les collines. En réaction à cette puissante contre-attaque, les habitants de la Baie déposent des offrandes aux Anglais, manifestant ainsi leur volonté de paix ou de soumission[19]. Suite à cette épisode, Samuel Wallis entretient des relations cordiales avec la cheffesse "Oberea" (Purea)et reste sur l’île jusqu’au 27 juillet 1767[20].

La baie de Matavai, peinte par William Hodges, membre d'une expédition de Cook

Le 2 avril 1768[21], c’est au tour de Louis-Antoine de Bougainville d’accoster dans la Baie de Matavai. Il ne reste qu’une dizaine de jours dans cette île qu’il surnomme la « Nouvelle-Cythère », en hommage à l’accueil chaleureux et à la douceur des mœurs tahitiennes. Le récit qu’il fera de son escale contribuera à la création du mythe du paradis polynésien et alimentera le thème du bon sauvage, cher à Jean-Jacques Rousseau et alors très à la mode. À partir de cette date jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le nom de l'île est phonétiquement orthographié « Taïti ». À partir du XIXe siècle, l'orthographe tahitienne « Tahiti » devient l'usage en français[22].

En juillet 1768, James Cook est missionné par la Royal Society pour observer le transit de Vénus devant le soleil, phénomène qui doit être visible depuis Tahiti le 3 juin 1769[23]. Il arrive à Tahiti à bord de l’Endeavour en avril 1769 et reste sur l’île pendant 3 mois[24]. Ce séjour permet de réaliser pour la première fois un véritable travail d’observation ethnographique et scientifique de l’île. Assisté du botaniste Joseph Banks, et du dessinateur Sydney Parkinson, Cook rassemble de précieuses informations sur la faune et la flore, ainsi que sur la société, la langue et les coutumes. Son équipe entretient par ailleurs des relations amicales avec la cheffesse "Oberea" (Purea), qu’ils prennent par erreur pour la reine de Tahiti. Ces échanges favoriseront la création de la dynastie Pōmare.

Cook revient à Tahiti entre le 15 août et le 1er septembre 1773, et une dernière fois entre le 13 août et le 8 décembre 1777. Lors de ce dernier séjour, il accompagne le chef Tu (neveu de la cheffesse "Oberea" (Purea)) lors d’une expédition guerrière à Mo'orea ('Aimeo). Cook refuse cependant d’apporter son soutien militaire et se contente de visiter l’île.

L'influence britannique et l'ascension des Pōmare

Les mutinés de la Bounty

Bligh transplantant des arbres à pain

Le 26 octobre 1788, le Bounty, dirigé par le capitaine William Bligh, débarque à Tahiti avec pour mission de rapporter des arbres à pains tahitiens ('Uru) aux Caraïbes. Sir Joseph Banks, le botaniste de la première expédition de Cook, estime en effet que cette plante serait idéale pour nourrir à moindre coût les esclaves africains travaillant dans les plantations des Caraïbes. L’équipage reste à Tahiti environ 5 mois, le temps de transplanter les pousses d’arbres. Trois semaines après le départ de Tahiti, le 28 avril 1789, l’équipage se mutine sur l’initiative de Christian Fletcher. Les mutinés s’emparent du navire et débarquent le capitaine et les membres d’équipage restés fidèles sur une chaloupe. Une partie des mutinés revient alors s’installer à Tahiti.

Alors que les explorateurs ont refusé de prendre part aux conflits tribaux, les mutinés du Bounty offrent leurs services de mercenaires et fournissent des armes à la famille qui deviendra la dynastie Pōmare. Le chef Tu sait en effet tirer parti de sa présence sur les havres préférés des navigateurs. Grâce à l’alliance avec les mutinés, il parvient à accroître considérablement sa suprématie sur l’île de Tahiti.

Vers 1790, l'ambitieux chef Tū prend le titre de roi et se donne le nom de Pōmare. Le capitaine Bligh expliquera que ce nom était en hommage à sa fille aînée, morte de tuberculose, une « maladie qui la faisait beaucoup tousser (mare), surtout la nuit () ».

En 1791, le capitaine Bligh débarque à Tahiti dans l’espoir de retrouver des mutins. Le nouveau roi Pōmare lui livre les rebelles. Le départ du capitaine Bligh marque la fin de l’aventure des mutinés du Bounty sur l’île de Tahiti, mais leur présence aura marqué durablement l’histoire tahitienne.

Les escales des baleiniers

Dans les années 1790, des baleiniers commencent à faire escale à Tahiti lors de leurs campagnes de pêche dans l’hémisphère Sud. L’arrivée de ces baleiniers, rejoints ensuite par des négociants originaires des colonies pénitentiaires d’Australie, marque le premier bouleversement majeur de la société traditionnelle tahitienne. Les équipages introduisent l’alcool, les armes et les maladies dans l’île, et encouragent la prostitution et la création de distilleries. Ces premiers échanges avec les occidentaux ont des conséquences catastrophiques sur la population tahitienne, qui décroît rapidement, ravagée par les maladies.

L’arrivée des missionnaires

Le 5 mars 1797, des missionnaires de la London Missionary Society débarquent à la Pointe Venus (Māhina) à bord du Duff, avec pour ambition de sauver du paganisme les populations nouvellement découvertes par Cook. L’arrivée de ces missionnaires marque un nouveau tournant pour l’île de Tahiti, avec un impact désastreux et durable sur la culture locale.

Les premières années sont laborieuses pour les missionnaires, malgré leur association avec les Pōmare, dont ils connaissent l’importance grâce aux récits des précédents navigateurs. En 1803, à la mort de Pōmare Ier, son fils Vaira'atoa lui succède et prend le titre de Pōmare II. Il s’allie encore davantage avec les missionnaires, et dès 1803 ces derniers lui enseignent la lecture et les Evangiles. Les missionnaires encouragent par ailleurs sa volonté de conquête, afin de n’avoir à traiter qu’avec un seul interlocuteur politique et développer le christianisme dans un pays unifié[25]. La conversion de Pōmare II au protestantisme en 1812 marque d’ailleurs le véritable départ de l’essor du protestantisme sur l’île.

Vers 1810, Pōmare II épouse Teremo'emo'e[26] fille du chef de Ra'iātea, pour s’allier aux chefferies des Iles sous le Vent. Le 12 novembre 1815[27], grâce à ces alliances, Pōmare II remporte une bataille décisive à Fe’i Pī (Puna'auiā), notamment contre 'Ōpūhara, le chef du puissant clan des Teva[28]. Cette victoire permet à Pōmare II d’être reconnu Ari’i Rahi, c’est-à-dire roi de Tahiti[25]. C’est la première fois que Tahiti est véritablement unifiée sous la domination d’une seule famille. C’est la fin de la féodalité tahitienne et de l’aristocratie militaire, remplacée par une monarchie absolue[25]. Parallèlement, le protestantisme se propage rapidement grâce au soutien de Pōmare II, et remplace les croyances traditionnelles. Dès 1817, les Evangiles sont traduits en tahitien et enseignés dans les écoles religieuses. En 1818, le Pasteur Crook fonde la ville de Papeetē, qui deviendra la capitale de l'île.

Tahitienne en robes missionnaires

En 1819, Pōmare II, sur l’initiative des missionnaires, instaure le premier code de lois tahitiennes, connu sous le nom de Code Pōmare[25]. Les missionnaires et Pōmare II imposent ainsi l’interdiction de la nudité (obligation de porter des vêtements couvrant tout le corps), l’interdiction des danses et des chants, qualifiés d’impudiques, des tatouages et des parures de fleurs.

Dans les années 1820, l’ensemble des Tahitiens se convertit au protestantisme. Duperrey, qui accoste à Tahiti en mai 1823, témoigne de la transformation de la société tahitienne dans une lettre datée du 15 mai 1823 : « Les missionnaires de la Société Royale de Londres ont totalement changé les mœurs et les coutumes de ces habitants. L’idolâtrie n’existe plus parmi eux et ils professent généralement la religion chrétienne. Les femmes ne viennent plus à bord des bâtiments, elles sont même d’une réserve extrême lorsqu’on les rencontre à terre. (…) Les guerres sanglantes que ces peuples se livraient et les sacrifices humains n’ont plus lieu depuis 1816. » [29]

Lorsque le 7 décembre 1821[25] Pōmare II meurt, son fils Pōmare III n’a qu’un an. Son oncle et les religieux assurent alors la régence, jusqu’au 21 mai 1824[25], date à laquelle les missionnaires procèdent à son couronnement, cérémonie inédite à Tahiti. Profitant de la faiblesse des Pōmare, les chefs locaux récupèrent une partie de leur pouvoir et prennent le titre héréditaire de Tāvana (issu de l’anglais governor). Les missionnaires en profitent aussi pour modifier l’organisation des pouvoirs, et rapprocher la monarchie royale tahitienne d’une monarchie constitutionnelle plus proche du modèle anglais. Ils créent ainsi l’assemblée législative tahitienne qui siège pour la première fois le 23 février 1824[25].

En 1827, le jeune Pōmare III meurt subitement, et c’est sa demi-sœur, 'Aimata, âgée de 13 ans, qui prend le titre de Pōmare IV[25]. Le pasteur Pritchard, consul d’Angleterre devient son principal conseiller et tente de l’intéresser aux affaires du royaume. Mais l’autorité de la Reine, bien moins charismatique que son père, est contestée par les chefs, qui ont reconquis une part importante de leurs prérogatives depuis la mort de Pōmare II. Le pouvoir des Pōmare est devenu plus symbolique que réel, et à plusieurs reprises la Reine Pōmare, protestante et anglophile, demande en vain le protectorat de l’Angleterre[25].

Le protectorat français et la fin du royaume Pōmare

En 1836, le conseiller de la reine, le pasteur Pritchard fait expulser deux pères catholiques français, Caret et Laval. En réaction, la France envoie en 1838 l’amiral Abel Aubert Du Petit-Thouars pour obtenir réparation. Une fois sa mission accomplie, l’amiral Du Petit-Thouars se dirige vers les îles Marquises, qu’il annexe en 1842. En août 1842, l'amiral Du Petit-Thouars revient faire escale à Tahiti. Il s’allie alors avec des chefs de Tahiti hostiles aux Pōmare et favorables à un protectorat français. Il leur fait signer une demande de protectorat en l’absence de leur reine, avant d’obliger cette dernière à ratifier le traité de protectorat[30]. Avant même que le traité ne soit ratifié par la France, Mourenhout est nommé commissaire royal auprès de la reine Pōmare.

le drapeau tahitien, objet de discorde en 1843

Dans le cadre de ce traité, la France reconnaît la souveraineté de l’État Tahitien. La reine est responsable des affaires intérieures, tandis que la France dirige les relations extérieures, et assure la défense et le maintien de l’ordre[30]. Avec la signature du traité de protectorat débute une lutte d’influence entre les protestants anglais et les représentants de la République française. Pendant les premières années du protectorat, les protestants parviennent à conserver une grande emprise sur la société tahitienne, grâce à leur connaissance du pays et de sa langue. Dès 1843, le conseiller protestant de la reine, Pritchard, convainc celle-ci d’arborer le drapeau tahitien à la place du drapeau du protectorat. En représailles, l’amiral Du Petit-Thouars déclare l’annexion du royaume Pōmare le 6 novembre 1843 et y installe le gouverneur Armand Joseph Bruat comme chef de la nouvelle colonie[30]. L’annexion déclenche alors l’exil de la reine aux îles Sous le Vent, et après une période de troubles, c’est une véritable guerre franco-tahitienne qui débute en mars 1844. La guerre se termine en décembre 1846, et en faveur des Français. La reine revient d’exil en 1847 et accepte de signer une nouvelle convention qui réduit considérablement ses pouvoirs au profit de ceux du commissaire[30]. Les Français règnent désormais en maîtres sur le royaume de Tahiti. En 1863, ils mettent fin à l’influence britannique en remplaçant les missions protestantes britanniques par la Société des missions évangéliques de Paris.

À la même époque, environ un millier de Chinois, majoritairement cantonnais, sont recrutés à la demande d'un planteur de Tahiti, William Stewart, pour travailler dans la grande plantation de coton de 'Atimāono. Lorsque l’entreprise fait faillite en 1873, certains travailleurs chinois rentrent dans leur pays, mais un groupe important reste à Tahiti et se mêle à la population.

Papeetē en 1890

En 1866 sont créés les conseils de districts, élus, qui se voient attribués les pouvoirs des chefs traditionnels héréditaires. Dans le contexte de l'assimilation républicaine, ces conseils essayent malgré tout de protéger le mode de vie traditionnel des populations locales. Mais de façon générale, la société traditionnelle tahitienne subit une crise durable, les structures sociales anciennes ayant volé en éclat sous l’influence des missionnaires puis des républicains.

En 1877, la reine Pōmare meurt après 50 ans de règne. Son fils, Pōmare V lui succède alors sur le trône. Le nouveau roi se montre peu investi dans les affaires du royaume, et lorsqu’en 1880 le gouverneur Chessé, soutenu par des chefs tahitiens, le pousse à abdiquer en faveur de la France, il accepte. Le 29 juin 1880[30], il cède à la France le royaume de Tahiti ainsi que les îles qui en dépendent. Devenue une colonie, Tahiti perd alors toute souveraineté. Tahiti est une cependant une colonie particulière, puisque tous les sujets du Royaume de Pōmare se voient accordés la citoyenneté française[31]. Le 14 juillet 1881, sous les cris de « Vive la République » la foule célèbre l'appartenance de la Polynésie à la France lors du premier Tiurai (fête nationale et populaire). En 1890, Papeetē devient une commune de la République.

En 1903, sont créés les Établissements Français d’Océanie, qui rassemblent Tahiti, les autres îles de la Société, les îles Australes, les îles Marquises et les Tuāmotu.

Tahiti au XXe siècle

À partir de 1903, l'histoire politique de Tahiti est indissociable de celle des Établissements français de l'Océanie, qui, de colonie, deviennent territoire français d'outre-mer en 1946 (Constitution de la IVe République) et reçoivent en 1957 le nom de Polynésie française. En 1977, la Polynésie obtient un statut d'autonomie, renforcé en 1984 (statut d'autonomie interne). En 2004, une nouvelle étape est franchie : le territoire devient un pays d'outre-mer (POM).

Durant cette période, le développement de l'île de Tahiti et de sa capitale, Papeetē, s'accélère. À partir de 1903, Papeetē devient ainsi le principal comptoir des Établissements Français de l’Océanie puis leur capitale politique et administrative. Le premier quart du XXe siècle est marqué par une seconde vague d'immigration chinoise, qui investit massivement le secteur du commerce et s'intègre moins bien que la première vague.

Le 22 septembre 1914, deux croiseurs allemands, le Scharnhorst et le Gneisenau, cherchent à se ravitailler dans le port de Papeetē. Devant la résistance de la marine française dirigée par le lieutenant de vaisseau Maxime Destremau, ils coulent un navire français, la Zélée, et bombardent le centre-ville de Papeetē. En novembre et décembre 1918, Tahiti est ravagée par une épidémie de grippe espagnole. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la colonie se rallie dès 1940 à la France libre et le commandant Félix Broche rassemble plusieurs centaines de volontaires pour rejoindre les Forces françaises libres.

Avec l'avènement de la Ve République, la fin des années 1950 et le début des années 1960 marque un tournant décisif pour le développement économique de l'île. Tahiti est dotée d'importantes infrastructures : construction à partir de 1958 de l'Aéroport International Tahiti Fa'a'a, installation en 1962 du QG du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP), extension consécutive du port de Papeetē. Le tournage de la superproduction Les Révoltés du Bounty avec Marlon Brando contribue au développement économique de l'île. L'État français fait aussi de gros investissements pour développer les équipements et les services publics, ce qui, conjugué avec le désenclavement de l'île, provoque à la fois un exode rural vers Papeetē, et un afflux massif de population sur l'île. Le secteur tertiaire se renforce considérablement dans la capitale. C'est le début du phénomène de macrocéphalie urbaine sur Tahiti.

Compétition de javelot, lors du Heivā

Par ailleurs, grâce à la politique volontariste de l'État, l'île de Tahiti rentre progressivement dans le moule républicain et rattrape son retard par rapport à la métropole. En 1973, les Chinois de Tahiti se voient attribuer la nationalité française[32] et en 1971, les districts de Tahiti (ou parfois un groupe de districts) sont élevés au rang de commune.

À partir des années 1970, une nouvelle dynamique culturelle émerge sur l'île, avec un renouveau de la culture tahitienne, qui se réfère à un « âge d'or précolonial ». Pour renouer avec l'identité culturelle abandonnée suite à l'arrivée des missionnaires, de nombreuses institutions et manifestions sont créées : la Maison des Jeunes et de la Culture (Fare Tahiti Nui), l'Académie tahitienne (Fare Vāna'a, créée en 1975), le Musée de Tahiti et des Îles (créé en 1977). Ce renouveau s'exprime aussi par la multiplication des fouilles archéologiques, les expositions artisanales et le nouvel essor du tatouage mā'ohi à partir des années 1980. De même, les festivités du Heivā, chaque mois de juillet, remettent à l'honneur les danses, les jeux et les sports traditionnels.

Population et société

Démographie

Avec 178 173 habitants, l'île de Tahiti concentre 68,8% de la population polynésienne. C'est entre 1950 et 1970, avec le boom économique lié à l'installation du CEP que les populations des archipels se sont massivement regroupées sur Tahiti, pourvoyeuse de nombreux emplois. Depuis le recensement de 1971, le taux de Polynésiens vivant à Tahiti s'est stabilisé aux alentours de 70%. Un autre phénomène démographique notable est la concentration urbaine dans l'agglomération de Papeetē, puisque près des trois quarts de la population de l'île vit dans une des communes de l'agglomération. L'immense majorité des nouveaux habitants de Tahiti se sont effet installés sur l'agglomération de Papeetē, bien plus dynamique au niveau économique.

Évolution comparée de la population de l'agglomération de Papeetē, de Tahiti, et de la Polynésie Française de 1956[33] à 2007[34]
1956 1962 1967 1971 1977 1983 1996 2002 2007
Agglomération de Papeetē 29 000 35 500 49 300 65 200 77 800 93 300 115 759 127 327 131 715
Île de Tahiti 37 400 45 400 61 500 75 500 95 600 115 800 150 721 169 333 178 173
Polynésie Française 76 300 84 600 98 400 110 200 137 400 166 800 219 251 244 830 259 706

La population de Tahiti se répartie en quatre groupes différents :

  • les polynésiens,
  • les européens,
  • les chinois
  • les demis.

Politique

Depuis 2004, la Polynésie Française est entrée dans une ère d'instabilité politique, lors du revirement de gouvernement le 1er avril 2011, la Polynésie Française connaît son 13e gouvernement en moins de 7 ans, un "jeu politique" entre le sénateur Gaston Flosse, l'indépendantiste Oscar Temaru, et Gaston Tong Sang (anciennement Tāhō'ēra'a Huira'atira) le tout avec les manœuvres des îliens,

Le 19 avril 2011, les syndicats et les patrons d'entreprises sont appelés à descendre dans la rue à la place Taraho'i à partir de 6 heures du matin, les représentants rencontreront le Haut-Commissaire Richard Didier, puis se déplacent vers le bâtiment ministériel où ils ont rendez vous avez le président du pays qui sera absent, des choses "plus importante à faire" il disputait une partie de Golf, la foule bloquera alors quelques heures l'avenue Pouvāna'a a 'Ō'opa il y avait 6500 personnes manifestant leur mécontentement !

Langues

Bien que le français soit la langue officielle de la Polynésie française, la grande majorité de la population est bilingue, parlant à la fois français et tahitien (reo mā'ohi).

Article détaillé : tahitien.

De façon générale, Tahiti parle un peu plus français et un peu moins tahitien que l'ensemble de la Polynésie. Cette différence s'explique surtout par la plus grande présence de métropolitains et d'étrangers sur cette île.

Selon le recensement de 2007, 78,4% de la population de l'île parlent le français au sein de la famille[35], tandis que 20,1% utilisent une langue polynésienne[35] (généralement le tahitien). Cette moyenne cache cependant une réalité plus contrastée. Ainsi, le tahitien est davantage parlé sur le versant Est de Tahiti Nui (commune de Hitia'a O Te Rā) et sur la presqu'île (communes de Tai'arapū-Est et Tai'arapū-Ouest). C'est sur Hitia'a O Te Rā que l'on parle le plus tahitien : plus de 35% de la population[35] l'utilisent comme langue usuelle au sein de leur famille.

Si à Tahiti, le tahitien n'est pas la première langue utilisée dans le domaine familial, elle reste néanmoins massivement répandue. En effet, bien que 16,5% de la population de l'île n'en aient aucune connaissance[35], le reo mā'ohi est parfaitement maîtrisé par 70% de la population[36], et compris et parlé par près de 80%[37].

Religions

Mormonisme

L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est présente à Tahiti avec 38 paroisses et un temple. Environ 10 % de la population tahitienne pratique ce culte.

Économie

Tahiti concentre l'essentiel de l'activité économique de la Polynésie française. L'économie de l'île est caractérisée par la part prépondérante du secteur tertiaire et le poids des activités non-marchande (administration, éducation et santé notamment). Cependant, l'activité économique de l'île est loin de se résumer à ces deux secteurs, puisque Tahiti est également le premier producteur agricole de la Polynésie française, et accueille aussi une grande part de l'industrie du territoire.

L'agriculture et la pêche

Le plateau de Taravao produit 90% du lait polynésien

La culture vivrière

L'île de Tahiti est un acteur essentiel de l'agriculture vivrière de Polynésie. C'est ainsi la principale région maraîchère du Territoire, puisqu'en 2007, l'île a produit 79% des légumes polynésiens[38] (essentiellement du taro, de la patate douce et de la banane fē'i, mais aussi la tomate, de la salade, du concombre, du chou vert et du chou chinois, etc…). Tahiti est également le principal éleveur polynésien, avec notamment l'élevage bovin (les deux tiers de la production sont localisés à Tahiti), la production d'œuf, l'élevage de poulets (l'unique exploitation polynésienne est située à Paparā), et la production de lait (sur le plateau de Taravao)[38].

  • La participation aux filières agricoles majeures de la Polynésie

En plus de ses multiples exploitations vivrières, l'île est également une grande productrice de bois, qu'elle exploite dans la scierie de Paparā. La culture de la vanille, jusqu'alors concentrée dans les Îles-Sous-le-Vent, se développe peu à peu sur l'île. Tahiti participe également à la filière du coprah via l'Huilerie de Tahiti, située à Papeetē, qui achète l'ensemble de la production de coprah de Polynésie pour la transformer en huile. Cet organisme, possédé et subventionné par le Territoire, revend l'essentiel de sa production à l'exportation, et une partie aux fabricants locaux de Mono'i. Quant au nono(morinda citrifolia), qui fut pendant un temps source de grands espoirs pour l'économie polynésienne, il a largement déçu et sa production est en chute libre depuis 2005. L'île de Tahiti conserve malgré tout quelques exploitations de nono, et surtout l'usine de transformation de la société Morinda sur la commune de Paparā. En 2008, on y a traité 1 924 tonnes de nono, contre 8 200 tonnes en 2005.

La pêche

La pêche représente un secteur majeur de l'économie de l'île. En 2008, le port de Papeetē a exporté 402,2 tonnes de poissons pour un montant de 255,1 millions de F CFP. Depuis les années 1990, le port de pêche de Papeetē, partie intégrante du Port Autonome de Papeetē a lui profité de nombreux investissements publics et privés pour développer ses infrastructures. Par ailleurs, afin de soutenir le secteur, de nombreux dispositifs de concentration de poisson ont été mis en place autour de l'île.

L'industrie

Tahiti produit environ 77% de la production énergétique polynésienne[39]. Les trois quarts de l'électricité tahitienne sont produits dans la centrale thermique située dans la vallée de la Punaruu, à l’Ouest de Tahiti, dans la centrale de Vaira'atoa, au centre de Papeetē. Le dernier quart est produit par l’énergie hydroélectrique. Le barrage de la vallée de la Papeno'o fournit plus de 50 % de l’électricité hydroélectrique produite sur Tahiti.

C'est à Tahiti qu'est implanté le géant polynésien de la boisson, la Brasserie de Tahiti. Cette entreprise, qui détient un monopole de fait sur le marché de la bière, est le 6e employeur de Polynésie. L'entreprise possède notamment deux usines sur l'île de Tahiti : une usine de production de bière, de sodas et de jus à Punaru'u, et une usine d'embouteillage d'eau de source à 'Ārue. La société emploie par ailleurs du personnel sur son siège social à Tahiti et dans ses différents dépôts de distribution (Punaru'u, 'Ārue et Taravao). Il faut noter par ailleurs la présence de ses deux filiales sur l'île de Tahiti : SDA qui emploie 136 salariés à Puna'auiā et Plastiserd qui en emploie 95 à Tīpaeru'i.

Le tourisme

Passage obligé lorsque l'on arrive en Polynésie française, Tahiti est par conséquent l'île la plus visitée par les touristes. Ainsi, 91,4 % des touristes qui sont venus en Polynésie en 2004 ont visité l'île de Tahiti (soit 193 753 personnes). Les statistiques de capacité hôtelière témoignent aussi du poids de l'île dans le secteur touristique polynésien, puisque près de 40% des chambres d'hôtel polynésiennes sont implantées à Tahiti[40]. Cependant, du fait de cette forte implication dans le tourisme, l'île de Tahiti a été durement touchée par la crise que subit ce secteur depuis 4 ans. Entre 2006 et 2009, la fréquentation touristique a chuté de près de 28%, atteignant 160 447 touristes en 2009[41], son plus bas niveau depuis 15 ans. La fermeture du Hilton Tahiti pour raisons économiques en mars 2010 témoigne de la mauvaise santé du secteur.

Le secteur non marchand

Tahiti est aussi le centre administratif de la Polynésie française, et l'immense majorité des institutions politiques et administratives sont situées sur l'île. Le secteur non marchand représente donc une part prépondérante de l'île. À titre indicatif, l'administration publique emploie 32,4% de la population active polynésienne et L'État français participe à hauteur de 30% des recettes du PIB de la Polynésie française. L'État et le Territoire sont les plus importants employeurs de l'île et de la Polynésie française. En 2009, la fonction publique territoriale, hors établissements publics tels que le centre hospitalier de Māma'o, employait 5 841 agents dans toute la Polynésie[42]. Concernant la santé, Tahiti détient un quasi monopole sur ce secteur en Polynésie. Ainsi, en 2007, sur les 613 lits d’hospitalisation du secteur public polynésien, 480, soit 78,6%, sont situés sur l’île de Tahiti (dont 436 à Papeetē, au centre hospitalier territorial)[43]. La situation est encore plus prononcée dans le secteur privé, puisque la totalité des établissements d’hospitalisation privés sont situés à Tahiti, et plus précisément dans l’agglomération de Papeetē[43]. Cette concentration est rendue possible par le principe de continuité territoriale, qui permet aux habitants des îles de se faire prendre en charge le coût de leur trajet par la sécurité sociale polynésienne lorsqu’une consultation médicale à Tahiti est nécessaire.

Loisirs, culture et patrimoine

Le patrimoine naturel

Le miconia, véritable peste végétale

Une flore riche mais menacée

Avec 495 espèces de plantes indigènes (dont 224 endémiques), l’île de Tahiti contribue fortement à la diversité de la flore dans l’archipel polynésien (qui compte 959 espèces indigènes, dont 560 endémiques). La majorité des plantes endémiques de l’île est située dans les hauteurs des montagnes tahitiennes, entre 600 et 1 500 m d’altitude. Tahiti connaît cependant de graves problèmes de diminution de la biodiversité liée à l'urbanisation, aux pollutions, au manque d'épuration de l'eau, à la surexploitation des ressources halieutiques, mais aussi à l'introduction d'espèces invasives. La biodiversité de Tahiti est notamment menacée par l’invasion du Miconia calvescens, véritable peste végétale. Introduite sur l’île en 1937, elle a progressivement colonisé les zones humides de basse altitude et s’étend maintenant dans les zones plus élevées, menaçant plus de 70 plantes endémiques de l'île[44].

Le parc naturel de Te Fa'aiti

Afin de contribuer à la protection du patrimoine naturel tahitien, le parc naturel territorial de Te Fa'aiti a été créé en 2000. Cet espace protégé, qui s'étend sur 750 hectares, est situé dans la vallée de la Papeno'o. Le parc vise non seulement à protéger certaines espèces indigènes ou endémiques, à préserver les écosystèmes et les paysages, mais également à conserver le patrimoine culturel, archéologique et historique de la vallée.

  • Des lieux remarquables
    • La pointe Vénus et les plages de sable noir.
    • Les lavatubes
    • le trou du souffleur

Le patrimoine archéologique

Marae de Arahurahu

Tahiti abrite d'importants vestiges de la civilisation pré-européenne, tels que :

  • Le marae Ta'ata, un des plus importants de l'île, restauré en 1973.
  • Le marae de 'Ārahurahu, lieu de culte secondaire restauré en 1954.
  • Le marae de Mahaiatea, situé sur l'ancienne chefferie des Teva.
  • Le marae de Tahinu
  • Le marae de Anapua

Les sports tahitiens

Le Va'a

Compétition de va'a

Le va'a, qui désigne la pirogue à balancier, est le sport polynésien par excellence, et le plus pratiqué. Il revêt un sens particulier dans la culture tahitienne, puisqu'avant d'être un sport, il avait un usage guerrier. Le va'a se pratique seul, sur une pirogue simple, ou comme sport collectif, par équipe de 3, 6 ou 12. De nombreuses associations sportives existent, notamment pour préparer la grande course de va'a, l'Hawaiki Nui. Cet évènement sportif majeur de la Polynésie Française se déroule chaque année et relie Huahine, Ra'iātea, Taha'a et Pora Pora.

Le surf

Au sud de l'île, vers le village de Teahupo'o, un récif est propice à la pratique du surf : chaque houle du sud arrive sur ce récif en formant une vague massive et puissante, souvent cylindrique, offrant alors un tube spectaculaire. D'une hauteur variable, de 1,50 m à 9 m par grosse houle, cette vague déferle avec une forte puissance car le récif remonte subitement des fonds océaniens, passant de plusieurs mètres de fond à environ 80 cm d'eau. La pratique du surf y est périlleuse. Le 17 août 2000, le surfeur Laird Hamilton prit une vague de 8 mètres de haut. Comme surfeurs locaux sur ce "spot", on peut citer Hira Teriinatoofa, Michel Bourez, Manoa Drollet, Raimana Van Bastolaer et Malik Joyeux, mort depuis à Hawai'i.

Le kitesurf

Ce sport, qui consiste à se faire tracter par une aile de traction debout sur une planche de surf, est apparu sur Tahiti dans les années 1990. Permettant de faire à la fois de la vitesse, du saut et des figures, il est devenu très populaire chez les jeunes tahitiens. Le kitesurf est notamment pratiqué près de la pointe Vénus, au Nord de l’île, et près de l’isthme de Taravao, entre les deux parties de Tahiti.

Le patrimoine culturel

Le musée de Tahiti et des Îles

Le Musée de Tahiti et des Îles, créé en 1974 et situé à Puna'auiā, valorise et présente le patrimoine naturel et culturel polynésien. Grâce à son partenariat avec le Musée du quai Branly, il participe au rayonnement international du patrimoine culturel polynésien.

Le Heivā de Tahiti

De nombreuses traditions existent au sein de la culture mā'ohi. Les légendes représentent l'histoire de la culture et l'île renferme de nombreux contes. Le mois de juillet est propice à la découverte de ces traditions puisque de nombreuses manifestations culturelles sont organisées dans le cadre ou en marge du Heivā. Le Heivā de Tahiti est le plus grand festival culturel de la Polynésie Française, et regroupe des compétitions de chants et de danses, ainsi que des compétitions sportives et artisanales (préparation du coprah, tressage, etc.). Le Heivā de Tahiti met également à l'honneur l'artisanat de l'ensemble des archipels polynésiens, au travers d'expositions et de démonstration.

Les troupes de danses

Tahiti participe également au rayonnement et à la professionnalisation de la danse tahitienne, avec notamment la troupe des Grands Ballets de Tahiti

Le mythe tahitien

Les récits de Louis Antoine de Bougainville et de James Cook de la découverte de Tahiti dans les années 1768-1779 vont propulser l’île dans l’imaginaire européen. Plus spécifiquement, en interprétant de manière erronée l'accueil des tahitiens[45], les découvreurs vont diffuser une image idéalisée de l'île, « Nouvelle-Cythère », où règne la plus grande liberté sexuelle : « Vénus est ici la déesse de l’hospitalité, son culte n’y admet point de mystères, et chaque jouissance est une fête pour la nation »[46]

Tandis que la découverte des Îles Marquises par Álvaro de Mendaña et Pedro Fernandes de Queirós n’avait pas suscité un tel engouement, l’exploration scientifique d’une nouvelle terre au milieu du Pacifique Sud va passionner les savants et les artistes du 18e siècle. C’est notamment le récit des relations avec tahitiens, leur accueil, la description de la société et des mœurs tahitiennes qui va enflammer l’imagination du public européen et susciter une littérature abondante[47].

Les philosophes des Lumières voient en Tahiti une incarnation de l’utopie de la vie sauvage et de la pureté originelle, où des tahitiens simples et heureux ne sont pas contraints par des règles artificielles et pesantes mais privilégient avant tout la liberté, et la fraternité. Diderot écrit ainsi en 1772 dans son conte philosophique Supplément au Voyage de Bougainville : « La vie sauvage est si simple et nos sociétés sont des machines si compliquées ! l'Otaïtien touche à l'origine du monde et l'Européen touche à sa vieillesse »[48]. De son côté, Voltaire déclare après avoir lu les récits de navigateurs : « On peut assurer que les habitants de Tahiti ont conservé dans toute sa pureté la plus ancienne religion de la terre »[49]

Femme au fruit, 1893

Après la colonisation de l'île par la France, l'administration coloniale encourage la vision idyllique de Tahiti. Ainsi, lors de l'exposition universelle de 1889, Tahiti est représentée par deux cases d'indigènes et une dizaine de tahitiens. De multiples productions agricoles et artisanales sont présentées au Pavillon central. De nombreuses publications en marge de l'évènement contribuent à véhiculer une image mythique de l'île et de ses habitants. Dans le Livre d'or de l'Exposition, on peut ainsi lire : « Je parlais des paradis restés, voici le plus délicieux de tous (...), Tahiti. Tahiti, ce pays sans intempérie, où le printemps est éternel, comme l'amour des femmes tahitiennes (...). »[50]

Les écrivains s’emparent également de cette île mythique dans leurs récits. En 1872, lors d’un séjour à Tahiti, « ce pays des rêves », Pierre Loti écrit Le mariage de Loti, roman exotique sur sa liaison avec une jeune tahitienne, Rārahu. Publié en 1880, le roman reçoit un accueil enthousiaste du public et de la critique. Ce récit contribue à alimenter le mythe tahitien. En 1898, le récit est adapté à l’opera par Reynaldo Hahn, sous le nom de L’île du rêve.

En 1891, Paul Gauguin s'installe à Tahiti où il espère pouvoir fuir la civilisation occidentale et tout ce qui est artificiel et conventionnel. Influencé par les écrits des lumières, il se lance à la recherche de cette pureté originelle. Il vit d'abord à Papeetē, mais il trouve la ville trop occidentalisée. Il s'installe alors sur la presqu'île, en espérant y découvrir le Tahiti authentique. Ses peintures contribueront activement au mythe polynésien.

Aujourd'hui, l'île est resté la plus célèbre de l'archipel polynésien et Tahiti reste un nom chargé d'exotisme qui enflamme l'imaginaire des occidentaux, bien plus que le terme Polynésie Française. Les guides touristiques ne s'y trompent d'ailleurs pas, puisque tous utilisent le terme Tahiti dans le titre de leurs ouvrages sur la Polynésie : « Tahiti et la Polynésie Française » ou encore « Tahiti et les îles de la Société ». Même l'office du tourisme de la Polynésie Française, d'ailleurs baptisé « Tahiti Tourisme », présente la Polynésie française sous l'expression « Tahiti et ses îles ». Par déformation, le nom de l'île est souvent utilisé pour désigner la Polynésie française dans son ensemble.

Notes et références

  1. Tahiti et les Iles de la Société, encyclopédies du voyage, éditions Gallimard, 2006, (ISBN 2-74-241917-9) p. 17.
  2. a, b et c Site de Méteo France en Polynésie Française
  3. Institut de la statistique de Polynésie française
  4. Annales hydrographiques: 5e ème Série, Service hydrographique et océanographique de la marine, Imprimerie Nationale, 1965, p. 56
  5. Tahiti et ses archipels par Pierre-Yves Toullelan, éditions Karthala, 1991, (ISBN 2-86537-291-X), p.61.
  6. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m Recensement 2007 ISPF-INSEE
  7. a, b, c, d et e Olivier Bon, "L’insoutenable développement urbain de l’île de Tahiti : politique du 'tout automobile' et congestion des déplacements urbains", Les Cahiers d’Outre-Mer, 230, avril-juin 2005
  8. Site du Haut-Commissariat de la Polynésie Française
  9. Contrat de ville de l'agglomération de Papeetē
  10. a et b Site officiel de l'aéroport de Tahiti
  11. Site officiel du port de Papeetē
  12. a et b Olivier Bon,"L’insoutenable développement urbain de l’île de Tahiti : politique du 'tout automobile' et congestion des déplacements urbains", Les Cahiers d’Outre-Mer, 230, avril-juin 2005
  13. « Les grands explorateurs », sous la direction de Nadeije Laneyrie-Dagen, éditions Larousse, 1996,(ISBN 2-03-505305-6), p.148
  14. « Tahiti et les Iles de la Société », Encyclopédie du Voyage, éditions Gallimard, 2006, (ISBN 2-74-241917-9)p.42-43
  15. a et b Bernard Gille, Antoine Leca, « Histoire des institutions de l'Océanie française: Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna »,L'Harmattan, 2009, (ISBN 978-2-296-09234-1)
  16. « Tahiti et les Iles de la Société », Encyclopédie du Voyage, éditions Gallimard, 2006, (ISBN 2-74-241917-9)p.187
  17. « Les Grands Explorateurs », sous la direction de Nadeije Laneyrie-Dagen, éditions Larousse, 1996, (ISBN 2-03-505305-6), p.181
  18. « Tahiti et les Iles de la Société », Encyclopédie du Voyage, éditions Gallimard, 2006, (ISBN 2-74-241917-9)p.44-45
  19. « Tahiti et les Iles de la Société », Encyclopédie du Voyage, éditions Gallimard, 2006, (ISBN 2-74-241917-9)p.44-45
  20. « Les grands explorateurs », op. cit. p.181
  21. Louis-Antoine de Bougainville« Voyage autour du monde par la frégate la Boudeuse et la flûte l'Étoile », , ch VIII Lire sur Wikisource
  22. Books Ngram Viewer « Taïti » contre « Tahiti » [(en)(fr) graphique Taïti, Tahiti (page consultée le 12 janvier 2011)]
  23. « Les Grands Explorateurs », op. cit. p.184 Voir aussi Transit_de_Vénus
  24. « Les grands explorateurs », op. cit. p.185
  25. a, b, c, d, e, f, g, h et i Bernard Gille, Antoine Leca, « Histoire des institutions de l'Océanie française : Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna », L'Harmattan, 2009, (ISBN 978-2-296-09234-1)
  26. Claude Robineau, « Tradition et modernité aux îles de la Société: Les racines »,IRD éditions, 1985,(ISBN 2-70-990687-2)p.218
  27. Bernard Gille, Antoine Leca, op. cit.
  28. « Tahiti et les Iles de la Société », Encyclopédie du Voyage, éditions Gallimard, 2006, (ISBN 2-74-241917-9)p.187
  29. Etienne Taillemite, Marins français à la découvert du monde, Fayard, 1999 (ISBN 2-213-60114-3) p .498
  30. a, b, c, d et e Bernard Gille, Antoine Leca, « Histoire des institutions de l'Océanie française: Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna », L'Harmattan, 2009, (ISBN 978-2-296-09234-1)
  31. Loi du 30 décembre 1880, Messager de Tahiti, 25 mars 1881
  32. ARRIVEE et INSTALLATION des CHINOIS sur la TERRE POLYNESIENNE
  33. Source pour les données de 1956 à 1983: Champaud Jacques (ed.). « Croissance urbaine et dépendance économique en Polynésie française ». Paris : ORSTOM, 1992, 313 p. (Études et Thèses). (ISBN 2-7099-1077-2)
  34. Source pour les données de 1996 à 2007 : recensements ISPF-INSEE
  35. a, b, c et d Données du recensement 2007 ISPF-INSEE
  36. 69,6%, données ISPF - recensement 2007
  37. 77,9%, données ISPF - recensement 2007
  38. a et b IEOM, Rapport annuel 2008 sur la Polynésie française
  39. 535 GWh produits en 2008 (EDT, 2009)
  40. En mai 2009, selon le ministère du tourisme Polynésien, sur les 3451 chambres d'hôtel classé en Polynésie, 1344 sont situées à Tahiti
  41. ISPF (Institut de la statistique de Polynésie Française), Enquêtes de fréquentation hôtelière
  42. chiffe issu d'un article du journal Les Nouvelles de Tahiti du 26 janvier 2009 http://www.lesnouvelles.pf/fenua/politique/1063-appel-dair-dans-la-fonction-publique.html Appel d'air dans la fonction publique]
  43. a et b Institut de la statistique de la Polynésie française, Site de l'ISPF
  44. «  Le Miconia : une plante ornementale envahissante à Tahiti menace sérieusement la Nouvelle-Calédonie», Les Cahiers de l’agriculture et de l'environnement,N°15, décembre 2005 - janvier 2006 [1]
  45. Serge Tcherkezoff, « La Polynésie des vahinés et la nature des femmes : une utopie occidentale masculine », Clio, numéro 22-2005, Utopies sexuelles, disponible en ligne
  46. Louis Antoine de Bougainville, Voyage autour de monde lire sur Wikisource
  47. Jean-Jo Scemla (dir.), Le voyage en Polynésie, Anthologie des voyageurs occidentaux de Cook à Segalen, Collection Bouquins, Editions Robert Laffont, Paris 1994, p.11
  48. Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville lire sur Wikisource
  49. Voltaire, 1987, Correspondance (établie par Théodore Besterman), Paris, Gallimard (« La Pléiade »), vol. XI, p. 702-703, lettre n° 13.770
  50. Paul Lejeinisel, cité par Claire Frèches-Thory, « Premier séjour à Tahiti, 1891-1983. La peinture » dans « Gauguin-Tahiti, l'atelier des tropiques », Réunion des musées nationaux, 2003 (ISBN 2-7118-4576-1)

Pour approfondir

Bibliographie

  • Généalogies commentées des Arii des Îles de la Société, Société des études océaniennes
  • Michel Gasse, Tahiti 1914 – Le vent de guerre, Lardy, France, A la frontière (maison d'édition), 2009, poche (ISBN 978-2-918665-00-7) (LCCN 2010421344) 

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