Avares

Avares

Avars

Carte montrant la localisation de l'empire Avar en Europe, vers 650

Les Avars ou Avares sont un peuple proto-turcs de cavaliers nomades dirigé par un Khâgan, parfois identifiés aux Ruanruan, qui menaçait la Chine au IIIe siècle.

Sommaire

Histoire

Ils seraient originaire de la Tartarie, de la famille des Huns. Au Ve siècle, Chö-louen, khan des Ruanruan (Jouan Jouan), fonde un empire nomade de la Corée à l’Irtych. Cet empire est administré par deux gouverneurs, à l’est et à l’ouest. La population est organisée autour de l’armée. Ils campent sous des tentes mobiles, et n'auront jamais d'autres villes que leurs camps immenses qui, disposés en forme de cercles concentriques, prennent de là le nom de rings ou anneaux. Leur chef s'appelait khan ou khagan.

Les Ruanruan sont des nomades, éleveurs et chasseurs, et ne cultiveront la terre qu’aux environs du VIe siècle. Ils pratiquent le troc et font en période de paix un commerce intense avec la Chine des Wei. L’art des métaux atteint un niveau très élevé dans l’empire. Ils n’ont pas d’écriture originale, mais on a retrouvé des plaquettes de bois gravées de chiffres. Les aristocrates et l’administration utilisent la langue et l’écriture chinoise. Les chroniques chinoises rapportent que les Ruanruan ont fait venir de Chine des médecins, des astrologues et des artisans. Au VIe siècle, ils seront en contact avec le bouddhisme.

Ils sont établis dans les environs de l'Altaï, lorsqu'ils sont attaqués et chassés de leur territoire par une invasion des Chinois en 552.

Ceux qui s’échappent se dirigent vers l'Europe où ils sont connus sous le nom d'Avars, et migrent vers l'ouest tout en absorbant de petites peuplades turco-mongoles, et atteignent la Volga au VIe siècle où ils bâtissent un royaume fondé essentiellement sur les pillages, les demandes de tributs et de rançons. Ils franchissent la Volga et le Don en 557, et viennent bientôt s'établir sur les bords du Danube. Sous leur Khâgan (« Khân des Khâns ») Bayan, alliés à l'Empire byzantin, ils sont chargés avec les Lombards de chasser les Gépides de Pannonie vers 567 et se battent contre les tribus slaves et les Bulgares. Ils font la guerre aux empereurs grecs, et leur enlevent la Dacie et la Pannonie (582), d'où ils se répandent dans la Germanie au nord du Danube, et jusque dans l'Italie.

Ils finissent par contrôler une zone s'étendant de la Volga et l'Elbe jusqu'à la mer Baltique, harcèlent les territoires byzantins au sud du Danube, pillent les Balkans, menacent la capitale impériale et l'Italie lombarde. Les limites de l'empire des Avars ont beaucoup varié. Au temps de sa plus grande extension (590-630), il embrasse les immenses solitudes au nord Danube depuis la Lusace jusqu'au-delà du Don ; à la fin du VIIe siècle, il est resserré au Nord et à l'Ouest par les Lèkhes, les Vendes et les Tchèques (aujourd'hui Pologne, Silésie, Brandebourg, Bohême) ; à l'Est par les Khazars qui habitaient entre le Boug et le Dniepr.

À partir de 610, les choses changent quand ils se tournent vers l'ouest et décident d'attaquer la Bavière et l'Italie. Ils mettent le Frioul à feu et à sang et combattent le roi lombard Agilolf. En 626, à leur apogée, ils se retournent contre Byzance et décident d'attaquer la capitale avec 80 000 cavaliers et fantassins (chiffre certainement exagéré par les chroniqueurs de l'époque), comportant en plus des Avars, des tribus slaves, asiates, et germaniques. Tout en s'alliant aux Perses, ennemis jurés des Byzantins, ils assiègent la ville et demandent un lourd tribut. Leur chef Baïan, allié de Khosro II, y fut vaincu par l'empereur Héraclius. Cependant, ils échouent et sont repoussés en Illyrie par une coalition bulgaro-byzantine. À partir de la fin du VIIe siècle, les Avars perdent peu à peu leur hégémonie et, isolés de toute part, doivent faire face aux poussées notamment des Bulgares. Leur empire se replie sur les territoires de l’actuelle Hongrie, en y accueillant les fragments d’un autre peuple venu des steppes (turco-bulgare ou finno-ougrien ?). Une période plus paisible commence, qui développe un artisanat raffiné (objets ciselés ornés « de griffes et de rinceaux »).

L'empire Avar tardif, 680-804

À partir de l'an 791, les Francs de Charlemagne et de son fils Pépin d'Italie, décidés d'en finir avec ces païens, les combattent violemment et sans relâche avec leurs troupes franques, bavaroises et lombardes. Leur camp retranché, le Ring avar, est pris en 795 avec un trésor considérable, fruit de plusieurs siècles de pillage (voir Prise du Ring Avar). Après sa destruction, en 799, Charlemagne n'en conserva que la partie occidentale, située entre la Theiss et l'Inn, et en fit sous le nom d'Avarie une marche de l'empire des Francs. Le reste fut occupé par les Magyars ou Hongrois.

Les Avars sont exterminés ; ceux qui se soumettent sont convertis au christianisme de gré mais bien souvent de force, et les derniers rebelles sont vaincus en 805. Une loi franque ordonne de ne vendre aucune arme aux Avars pourtant réduits, et leur existence en tant que peuple distinct s'arrête là. Une toute dernière expédition en 811 détruit les derniers résistants. Certains, peu nombreux, se réfugient dans les montagnes de Transylvanie et se mêlent à d'autres peuplades slaves, asiates et germaniques ; les Sicules peuvent être considérés comme leurs descendants. Ceux restés en Pannonie sont harcelés et totalement exterminés par les bulgares autrefois persécutés par ces mêmes Avars. On n'entendra plus parler d'eux à partir des années 822.

Des Avars occupent au XIXe siècle une partie de la Circassie sur le versant septentrional du Caucase, entre l'Aksaï et le mont Cherdagh. Ils formaient alors environ 12 000 familles, obéissant à un khan particulier ; ils vivent de chasse et de rapine. Ils étaient alors vassaux de la Russie, dont ils ont formellement reconnu l'autorité en 1859.

Source partielle

« Avars », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)

Voir aussi

Article connexe

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