Tenzin Delek Rimpoche

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Tenzin Delek Rinpoche

Litang Tulku Tenzin Delek Rinpoché (né en 1950 à Litang, dans le Kham au Tibet, Chine) est un lama bouddhiste de l'est du Tibet arrêté par les autorités chinoises sur la base d'accusation d'attentats à la bombe et condamné à mort en décembre 2002. Sa sentence, transformée en peine d'emprisonnement à perpétuité le 26 janvier 2005 suscite le scepticisme des Nations unies estimant que Tenzin Delek Rinpoché a été maltraité en prison, et qu'il n'a pas pu bénéficier d'un procès équitable. Les Tibétains de cette région, notamment ses disciples, et les membres de sa famille demandent un procès équitable. Sa libération a été demandée par plusieurs ONG[1], [2],[3].

La condamnation de Tenzin Delek est concomitante de l'exécution de Lobsang Dhondup, arrêté au même moment, qui fut exécuté moins de 2 mois après sa condamnation. Depuis 20 ans, aucun Tibétain n'avait été exécuté en Chine pour crimes politiques. Tenzin Delek Rinpoché a obtenu un sursis de deux années.

Selon le Centre Tibétain pour les Droits de l'Homme et la Démocratie (TCHRD, ONG basée à Dharamsala, en Inde du Nord), le 18 juillet 2007, les autorités chinoises du comté de Litang ont détenu un défenseur tibétain de Tenzin Delek Rinpoché et interdit aux moines du monastère de Nalanda Thekchen Jangchup Choeling de montrer le portrait du Lama pendant l'inauguration d'une salle du monastère [4].

Sommaire

Biographie

Tenzin Delek Rinpoché est né en 1950 dans le Kham, la région Est du plateau tibétain. Son nom de naissance est A-ngag Tashi (A’an Zhaxi en chinois). En dépit du chaos entourant l'invasion du Tibet par la Chine dans les années 50 et l’interdiction de toute expression religieuse pendant la Révolution culturelle, il a pu étudier le bouddhisme et devenir moine. Pendant les années 70, comme les conditions le permettaient, il a œuvré à protéger et rétablir le bouddhisme tibétain dans sa région natale. En 1978, il s’est entretenu avec le 10e Panchen Lama qui venait d’être libéré après 13 ans de prison. Il rencontre également la première délégation de représentants du Dalaï Lama visitant le Tibet en 1979. Dans le but de parfaire son éducation monastique, il quitte sa région natale en 1982 et rejoint l’Inde, craignant déjà à l’époque d’être arrêté. Il séjournera en Inde jusqu’en 1987 au monastère de Drépung et sera reçu en audience par le Dalaï Lama. Ce dernier le reconnaît comme étant la réincarnation de l’abbé d’un monastère du Kham, lui conférant ainsi un statut important et le nom de Tenzin Delek Rinpoché.

A son retour dans sa région natale du Kham, au Tibet, il entreprend la construction du monastère d’Orthok. Il ne pourra le réaliser qu’en 1989 après avoir vaincu l’hostilité des autorités locales avec le soutien du panchen lama. Ce monastère formera de nombreux moines durant les deux dernières décennies. Il va également faire construire des écoles, des cliniques médicales, un orphelinat et une maison pour les personnes âgées. Dans les années 90, il établit une école sur le site du monastère, qui va accueillir jusqu‘à 160 étudiants, dont des orphelins et des enfants issus de familles pauvres. En 1998, Tenzin Delek Rinpoché a établi l’école de Géshé Lungpa dans le comté de Nyagchu qui viendra en aide à 350 enfants.

Ces écoles, connectées aux monastères, dispensaient une éducation de haute qualité, suivant la tradition et la culture tibétaine. Tenzin Delek Rinpoché a aussi aidé à la mise en place d’assistances médicales dans des secteurs non desservis. Deux cliniques spécialisées en médecine tibétaine traditionnelle ont été construites au monastère d’Orthok et à Nyagchukha pour les communautés locales. Un fonctionnaire chinois a même reconnu la nécessité du travail effectué par Tenzin Delek.

Ces activités ont amené Tenzin Delek Rinpoché à se confronter aux fonctionnaires locaux. En tant que défenseur des droits sociaux, culturels, économiques et religieux de la population, Tenzin Delek Rinpoché allait à l’encontre de la politique des autorités locales. Allant même jusqu’à défier des fonctionnaires qui avaient soutenu sans discernement des projets de déboisement dangereux pour les populations locales. Tenzin Delek a pris position publiquement sur des pratiques nuisibles pour l’écologie et a exprimé des positions proscrites par le gouvernement central comme la loyauté au Dalaï Lama.

Tenzin Delek Rinpoché est un lama, haut représentant du bouddhisme tibétain, connu pour son travail de préservation de la culture et de la religion tibétaines. Il s’est engagé dans une importante action éducative, sociale et de protection de l’environnement. Sa popularité dans la région de Garzê (ou Kardzé) a été très vite perçue comme menaçante par les autorités locales, qui ont pris prétexte d’attentats à l’explosif pour le faire arrêter et accuser en avril 2002, lui et un membre de sa famille, Lobsang Dondhup[réf. nécessaire].

L’appel de Tenzin Delek Rinpoché a été rejeté et sa condamnation à mort avec un sursis de 2 ans confirmée. Tenzin Delek Rinpoché risquait d’être exécuté après le 25 janvier 2005, selon le TCHRD. Depuis, et faisant suite à une importante mobilisation internationale, il a vu sa peine commuée en prison à vie, comme annoncé par l’agence Chine Nouvelle le 26 janvier 2005. Agè de 57 ans, Tenzin Delek Rinpoché souffre de graves problèmes de santé.

Un moine engagé socialement

De plus en plus d’habitants se tournaient vers Tenzin Delek Rinpoché, plutôt que vers les cadres du district, pour résoudre les problèmes communaux. Même si la traditionnelle fonction des moines bouddhistes comme médiateurs dans les conflits est reconnue par les fonctionnaires chinois, Tenzin Delek Rinpoché va finir par gêner. Selon les sources locales, un conflit dans les relations de Tenzin Delek Rinpoché avec les fonctionnaires locaux a débuté en 1993. Cette année-là, il s’oppose, avec succès, à une tentative d’extension des coupes claires de forêts. Les habitants disent que c’est pour cette raison que Tenzin Delek Rinpoché est arrêté en 1997-98 et en 2000. Des pressions de Pékin sur les autorités locales pour mettre fin à ce que le pouvoir central considère comme des activités “ politiquement inacceptables ” ont joué aussi probablement un rôle. Il est arrêté et détenu à deux reprises en 1998, officiellement pour avoir construit de nouveaux monastères sans l’approbation du gouvernement chinois. En 2000, Tenzin Delek Rinpotché reçoit l’ordre de fermer l’école de Litang. Il doit à nouveau se cacher pour ne pas être arrêté. Grâce à une pétition en sa faveur présentée aux autorités par les habitants chinois et tibétains de la région, Tenzin Delek Rinpotché peut revenir.

A la suite d’explosions en avril 2002 à Chengdu (Sichuan), Tenzin Delek Rinpotché est accusé et immédiatement arrêté avec quatre de ses assistants. “Nous avons su qu’il avait été arrêté quand la police a informé les habitants qu’il avait demandé un procès”. Les fonctionnaires exigent alors la somme astronomique d’un million de Yuans (117 000 euros) pour la bonne tenue du procès. Un fidèle tibétain tente de réunir les fonds, mais trois tibétains participants à la collecte sont arrêtés.

Soutiens chinois

Wang Lixiong, un chercheur tibétologue chinois réputé en Chine, déclare au sujet de Tenzin Delek Rinpotché : "Je connais Ahan Zhaxi (nom laïc chinois de Tenzin Delek Rinpoché) depuis longtemps. J’ai pu apprécier personnellement l’immense popularité dont il jouit auprès de la population de Kardzé. Il se déplaçait dans les campagnes pour y donner des enseignements. Il s’est impliqué dans de nombreuses actions philanthropiques, comme l’ouverture d’écoles pour les orphelins, l’aide aux personnes âgées isolées, la construction de routes et de ponts, la protection de l’environnement. Il s’est aussi engagé dans des campagnes de lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, les jeux d’argent, les crimes, etc. Ceux qui ont abandonné un de leurs vices après avoir suivi ses conseils le considèrent comme un père qui leur a offert une nouvelle possibilité de vie. Comme il était en mauvais termes avec les autorités locales et le Bureau de la sécurité publique, Ahan avait dû fuir à deux reprises pour se cacher chez des Tibétains. Pour le défendre, les gens ont lancé une pétition qui a recueilli des dizaines de milliers de signatures. Une délégation de pétitionnaires s’est rendue à Pékin pour demander au gouvernement central de protéger Ahan. En conséquence, les autorités locales ne purent l’arrêter. Aujourd’hui, l’attentat à la bombe leur fournit le prétexte qu’elles attendaient depuis si longtemps pour le punir. La majorité de la population locale est cynique : ne s’agit-il pas d’une machination contre un innocent ? D’une part, les autorités sont maintenant en position de critiquer publiquement Ahan. D’autre part, le bureau local de la sécurité publique est à même de faire valoir le résultat de son enquête dans une affaire restée longtemps non résolue. Qu’un prisonnier ait confessé un crime n’est pas difficile à comprendre pour quiconque connaît le fonctionnement du système communiste, qui extorque des aveux par la torture psychique et physique. L’histoire du parti communiste chinois regorge de cas d’innocents jugés coupables. Qui peut être convaincu que ce n’est pas le cas ici ? ”

Une innocence clamée

Les autorités chinoises affirment que les faits, attentats à l’explosif et complicité entre Tenzin Delek Rinpoché et Lobsang Dondhup, sont prouvés. Cependant, la culpabilité n’est fondée que sur les aveux de Lobsang Dondhup. Ce dernier s’est d’ailleurs rétracté et a affirmé lors de son procès avoir parlé sous la torture.

Quant à Tenzin Delek Rinpoché, il a toujours nié être coupable des charges dont il est accusé. Lors de la lecture de la sentence, le 2 décembre 2002, Tenzin Delek Rinpoché a clamé son innocence. Dans la phase publique du procès, des témoins ont entendu Tenzin Delek Rinpoché crier son innocence, et s’élever contre l’iniquité du procès, rejetant toutes les accusations. Il a débuté une grève de la faim le 6 janvier 2003, pour protester contre l’absence d’un processus légal et juste, et contre la visite de deux officiels du gouvernement central. Le 18 janvier 2003, dans une déclaration recueillie clandestinement et diffusée par Radio free Asia, Tenzin Delek Rinpotché a déclaré être innocent des accusations d’attentat à la bombe et de tractage, et expliqué qu’il a cessé sa grève de la faim suite aux promesses des officiels de Pékin qu’un nouveau procès se déroulerait à la Haute Cour du Sichuan. Il déclare aussi que la police chinoise s’est employée à lier son cas à celui de Lobsang Dondhup, dans le but probable de réaliser un amalgame politico-judiciaire. Autre élément montrant qu’il ne reconnaît pas sa culpabilité, Tenzin Delek Rinpotché a fait appel.

Procès manipulé

En Chine, le 13 décembre 2002, le tibétologue Wang Lixiong et 24 autres intellectuels chinois ont signé une pétition qui réclamait des avocats choisis par eux-mêmes dans le procès en appel, le droit pour les médias locaux et internationaux de couvrir le procès et d’interviewer les fonctionnaires du gouvernement chinois et la possibilité pour des représentants de la communauté tibétaine en exil d’assister au procès.

Un incident en particulier fait penser qu’on a voulu dissimuler le dossier et l’absence de preuve. L’oncle de Tenzin Delek Rinpoché, Ziren Lulu, a engagé deux avocats chinois de Pékin, Li Huigeng et Zhang Sizhi. Ces deux avocats sont entrés en contact les 25, 26 et 27 décembre 2002 avec le juge Wang Jinghong et ont discuté des modalités d’accès au dossier. Puis, de façon inattendue, le 30 décembre 2002, le juge Wang a à nouveau contacté l’un des avocats de Pékin affirmant que Tenzin Delek Rinpoché avait décidé de prendre deux avocats locaux de la région de Kardzé le 17 décembre, et que la défense était déjà établie et les dossiers déjà compilés. Le fait que le juge Wang n’en a pas informé les avocats de Pékin lors des trois discussions préparatoires laisse penser qu’on a voulu leur cacher le dossier, afin de dissimuler l’absence de preuve.

Controverse de Shugden

Selon TibetInfoNet l'arrestation et la condamnation par les autorités chinoises de Tenzin Delek Rinpoché en 2002 sont liées à la controverse sur le culte de Dordjé Shugden.[5]

Voir aussi

Liens internes

Notes et références

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