Théophraste Renaudot

Théophraste Renaudot
Théophraste Renaudot.

Théophraste Renaudot, né en 1586 à Loudun et mort le 25 octobre 1653 à Paris est un journaliste, médecin et philanthrope français. Il est le fondateur de la publicité et de la presse française par ses deux créations du Bureau d'adresse (1629) et de la Gazette, journal hebdomadaire (30 mai 1631). Médecin ordinaire du roi, il fut nommé « commissaire aux pauvres du royaume ».

Sommaire

Protestant et médecin

Orphelin d’une modeste famille de la bourgeoisie protestante de Loudun, il fit de bonnes études de médecine auprès des chirurgiens de Paris et à l’Université de Montpellier, qui était alors ouverte aux protestants. Médecin à 20 ans, il voyagea en Italie, en Allemagne et peut-être en Angleterre. En 1602, il contracta les écrouelles, à l'origine des cicatrices sur son visage[1].

En 1609, il se marie et s’établit à Loudun, menant une vie de modeste notable. Il rencontre alors le prédicateur franciscain François Leclerc du Tremblay, dit le père Joseph, mystique et ardent partisan de la Réforme catholique, qui l’amena à s’interroger sur la question de la pauvreté dans le royaume de France, qui faisait alors des ravages au début du XVIIe siècle. Il fit parvenir au Conseil de Régence de Marie de Médicis un traité Sur la condition des pauvres, qui lui valut d’obtenir le titre de « médecin ordinaire » du roi Louis XIII en 1612. Faveur qui fut sans lendemain, peut-être en raison de l’opposition des dévots catholiques alors fort hostiles aux protestants.

Au service des pauvres et de l’État

La statue de Théophraste Renaudot dans sa ville natale.

Vers 1625, il se convertit au catholicisme et entra dans le Conseil de Richelieu. Client du cardinal, Renaudot est l’exemple même de la réussite sociale d’un homme talentueux malgré ses origines modestes et protestantes, et alors même que le royaume s’engageait dans la remise en cause des droits des protestants.

En 1628 ou 1629, il ouvrit un « bureau d’adresses[2] » avec don d’un privilège royal. Il s’agissait pour lui d’accueillir offres et demandes d’emplois, afin d’apporter un remède à la pauvreté et au vagabondage sans le concours de l’Église, de la charité traditionnelle ou encore de l’enfermement. En 1633, une ordonnance contraignit tous les sans emplois à s’y inscrire. Cette mesure fut accompagnée cette année-là de la création du premier journal d’annonces : la Feuille du bureau d’adresses. Son bureau, installé dans l’île de la Cité à l’enseigne du Grand Coq, prospéra et accueillit de nombreuses activités. Pour 3 sous, on pouvait faire figurer dans le journal des propositions de vente, de location ou de service.

Il y installa également un dispensaire, payant pour les aisés et gratuit pour les pauvres. Il y accueillit même depuis 1632 des conférences hebdomadaires médicales, puis variées, ouvrant l’ère des conférences mondaines et formant l’image de « l’honnête homme ». Enfin Louis XIII l'autorise le 27 mars 1637 à ouvrir un mont-de-piété dans son bureau d'adresses qu'il transforme en salle des ventes.

Sa réussite fut si importante qu’en 1641, il put ouvrir au Louvre une succursale de son bureau d’adresses. Néanmoins, cela lui attira de nombreuses inimitiés de la part de la faculté de médecine de Paris.

Un fondateur de la presse

Théophraste Renaudot fut l’un des précurseurs de la presse écrite. Le 30 mai 1631, il lance sa célèbre Gazette, emboîtant ainsi le pas aux Nouvelles ordinaires de divers endroits des libraires parisiens Martin et Vendosme, parues depuis janvier 1631. Soutenu par Richelieu, qui fit de la Gazette un instrument de sa propagande politique, Renaudot emporta ce marché face à ses concurrents, malgré l’hostilité de la communauté des imprimeurs et libraires parisiens. En 1635, l’État lui accorda un monopole pour lui et ses successeurs.

La qualité de son journal était jugée par le gouvernement bien meilleure que celle de ses concurrents, essentiellement les Nouvelles ordinaires de divers endroits, fondée par Jean Epstein[3]. Il avait le soutien financier du gouvernement de Richelieu.

Qualité, abondance, diversité géographique, concision et clarté des nouvelles, la Gazette fut un grand succès et lui fut adjoint, dès 1634, le supplément des Extraordinaires, relatant dans le détail les évènements les plus importants. En 1611, parut le premier volume Mercure François, recueil des événements des années 1605 à 1610, dont la relation de la première installation des Français au Canada. Les frères Richer se chargent de sa publication jusqu'en 1635. Théophraste Renaudot continua cette importante publication jusqu'en 1643[4].

Les difficultés de la Fronde

Avec la mort de Richelieu en 1642 et celle de Louis XIII l'année suivante, Théophraste Renaudot perdit ses principaux protecteurs. La Régence ne put prendre le risque de mécontenter ses ennemis. La Faculté obtint l’interdiction des consultations médicales et des conférences dans son bureau d’adresses, puis le bureau fut entièrement fermé en 1646.

La Gazette survécut, passant au service de Mazarin, mais la Fronde vint, en 1649, en entraver la parution régulière. Renaudot suivit, lors de la fuite de la famille royale afin de protéger le jeune Louis XIV, la reine et Mazarin à Saint-Germain, laissant à ses fils Eusèbe et Isaac la rédaction du journal. Son monopole fut alors entamé par la parution de titres rivaux à Paris comme en province.

Renaudot fut remercié de sa fidélité avec le poste d’« historiographe du roi ». À sa mort, à l'âge de 67 ans, le monopole de la Gazette fut confirmé à son fils aîné, qui ne put réellement empêcher d’autres parutions.

Sources

  • François Bluche (dir), Dictionnaire du Grand siècle, Fayard, 1990, p.1322-1323 (art. de Marc Martin).

Bibliographie

  • La Gazette.
  • Abrégé de la vie et de la mort du prince de Condé, 1647.
  • La Vie et la mort du maréchal de Gassion, 1647.
  • La Vie de Michel Mazarin, 1648.

Prix Renaudot

Son nom a été donné à un prix littéraire créé en 1925 et décerné en même temps que le prix Goncourt eu égard à son caractère de fondateur de presse.

Institut Renaudot

Association de santé communautaire, elle a pris le nom de Renaudot en hommage à son engagement en faveur des pauvres Cette association regroupe des professionnels de centres municipaux de santé (dispensaires, publics, municipaux, et des conseillers santé et des chargés de mission santé dans les CCAS (politique de la ville).

Notes et références

  1. Historique sur Théophraste Renaudot
  2. Bureau d'adresses et de rencontres dans l'île de la Cité, entre la rue de Calandre et le quai du Marché-neuf, à l'enseigne du « Grand Coq »
  3. Gilles Feyel, "La Presse en France des origines à 1944", p. 15, Éditions Ellipses, 2007
  4. Voir Sagapresse.com
  • Eugène Hatin, La Maison du Grand Coq et le bureau d'adresses, le berceau de notre premier journal, du Mont-de-piété, du dispensaire et autres innocentes innovations de Théophraste Renaudot, Champion éditeur, Paris, 1885
  • Raymond Duplantier, La Vie tourmentée et l’œuvre laborieuse de Théophraste Renaudot (1586-1653), Poitiers, [S.n..], 1947
  • Pierre Roudy, Théophraste Renaudot journaliste & médecin du peuple, Éditions Le Bord de l'eau, 2005
  • Jean Lacouture, Les impatients de l'histoire, grands journalistes français de Théophraste Renaudot à Jean Daniel, Éditions Grasset, 2009

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