Topographie speleologique

Topographie speleologique

Topographie spéléologique

Sommaire

Pourquoi topographier sous terre ?

Lorsqu'on pénètre pour la première fois dans une cavité, il est vital de bien mémoriser les lieux pour ne pas s'égarer. Dans ce monde hostile et sombre, le risque de se perdre est, en effet, loin d'être négligeable. Certains en ont fait l'amère expérience et les drames qui en ont résulté marquent encore profondément l'inconscient collectif.

La mémoire n’est toutefois pas infaillible et ne saurait garantir seule la sécurité de l’explorateur. Il convient même de s'en méfier, tout spéléologue ayant déjà maintes fois eu l'occasion de le vérifier après avoir été soumis à des illusions sensorielles au fond d'une cavité. La pose de repères (empilements caractéristiques de cailloux, flèches tracées dans la glaise, scotch fluorescent sur les parois) et la tenue d’un carnet d’expédition sont des moyens bien plus efficaces et sûrs de retrouver son chemin dans un réseau particulièrement dense. Se repérer sous terre, voilà donc le réel fondement de la topographie souterraine...

D'autres motivations ont, bien sûr, élargi ce concept. Le relevé précis des plans d'une grotte permet de mieux comprendre le milieu, la formation du réseau, sa logique hydrographique, les interactions profondes entre le monde souterrain et la surface, et bien d'autres choses encore... En outre, l'exploitation des relevés après la remontée est une façon bien agréable de prolonger chez soi les moments intenses d'une expédition réussie.

L'exécution des relevés

Le matériel indispensable

L'outil de base du topographe souterrain est la boussole ou le compas de relèvement. De nombreux modèles existent dans le commerce, de la simple plaquette de poche au compas de précision, les prix variant en conséquence, mais la plupart de ces engins sont inadaptés à un usage intensif sous terre. Certains sont trop sensibles aux chocs, d’autres pas assez lisibles dans l’obscurité, d’autres encore, à l’étanchéité douteuse, ne supportent pas l’immersion prolongée dans l’eau ou le contact avec la boue liquide. Le choix est donc difficile, mais les compas plaquettes suédois, peu coûteux car destinés initialement à la course d'orientation sont robustes, précis, étanches, peu sensibles à la glaise, légers et discrets et semblent donc donner satisfaction. Les plans dressés avec ces instruments supportent honorablement la comparaison avec les relevés officiels effectués par des spécialistes, pourtant équipés d’un matériel bien plus onéreux.

Le reste de l'équipement se compose d'un mesureur à fil perdu (par exemple Topofil (C)) ou, à défaut, d’un ruban métreur d'une cinquantaine de mètres, si possible en plastique, d'un carnet de topographie, d'un crayon à papier à mine robuste et d'un clinomètre pour la mesure des angles de dénivellation. L'ensemble de ces matériels est rangé dans une petite trousse en forte toile que l’on peut porter autour du cou. Depuis quelques années, des télémètres laser sont disponibles. Ils apportent une précision et un confort de mesure incomparables.

Les relevés

La méthode la plus couramment utilisée sous terre est la « procédure indirecte » ou « goniométrique ». Elle consiste, en permanence au cours de l’expédition, à consigner par écrit caps, distances, inclinaison et profils de galeries dans un petit carnet. Le plan définitif de la cavité ne sera établi qu’au retour en surface, à partir des notes prises sous terre.

Relevés d'azimuts et de distances

En mathématique, une ligne courbe est assimilable à une série de segments de droites mis bout à bout. Il en va de même en topographie. Le parcours sinueux d'une galerie peut être divisé en portions de droites dont il est très facile de mesurer l'azimut magnétique à la boussole, la longueur avec le topofil ou le mètre ruban, et la pente à l’aide d’un clinomètre. Ces données, complétés par de petits croquis de la morphologie des conduits, sont soigneusement portés sur le carnet de topographie pour être exploités ensuite en surface.

Attention, toutefois, aux particules de fer contenus dans certains calcaires et dont la présence au cœur de la roche peut engendrer des erreurs dans les relevés de caps magnétiques. La pratique systématique de la visée inverse (visée de contrôle) permet de se prémunir de ce risque insidieux.

Le principe est assez simple : si, par exemple, un segment de galerie est orienté au cap 025, une visée inverse effectuée à l'extrémité opposée du segment devra donner un cap inverse au 205. Si le cap inverse mesuré diffère de cette valeur, il existe sans doute à cet endroit une anomalie magnétique suffisamment importante pour fausser les mesures. Dans ce cas, à moins de bénéficier de connaissances étendues pour apprécier l'importance du phénomène et en corriger les effets par le calcul, le seul recours consiste à travailler, non plus avec la boussole, désormais inefficace, mais avec un théodolite dont le principe repose sur la mesure des angles. C'est là une technique d'exception, généralement réservée aux spécialistes.

Relevés de dénivellations

En plus des relevés d’azimuts, il convient également de mesurer la pente des galeries à topographier. Pour chaque segment de droite, on relèvera donc au clinomètre les angles de pente en utilisant l'horizontale comme référence. L’unité retenue est généralement le degré, mais certains topographes travaillent encore avec des grades ou degrés centésimaux. Par convention, les descentes sont considérées comme des pentes négatives et les angles correspondants sont affublés du signe « - ». À l’inverse, les angles de montées sont notés « + ».

Il existe dans le commerce des clinomètres spécialisés, mais on peut en fabriquer un soi-même avec une grande facilité. Un simple rapporteur convenablement lesté dans le sens vertical, articulé sur une règle plane peut faire l'affaire, malgré une certaine fragilité. D'autres fabrications plus élaborées donnent plus de satisfactions.

L’ensemble des données de pente et de distance permettront, grâce à de simples calculs trigonométriques, de déterminer avec précision la longueur exacte sur le plan d’une galerie ou d’un segment de galerie topographié, ainsi que son dénivelé.

Relevés des profils caractéristiques

Lorsque l'on dresse le plan de la cavité, les mesures effectuées dans les segments de galeries ne suffisent pas à donner une image réaliste du réseau. Le dessin définitif devra, suivant les cas (vue de dessus ou de côté), comporter des indications de largeurs et de hauteur, ainsi que les profils caractéristiques des galeries visitées. Dans chaque segment, il faudra donc porter ces indications sur le carnet de topographie et les prendre en compte lors du travail final sur papier.

Le carnet de topographie

Un carnet de topographie bien tenu comportera donc impérativement les rubriques suivantes pour chaque segment de galerie : identification du segment, longueur du segment mesurée sur le sol, azimut magnétique du segment, angle de dénivellation, largeurs caractéristiques en divers points du segment, hauteurs caractéristiques en divers points du segment.

Ces informations pourront être complétées par des croquis représentant la section de la galerie en certains points remarquables du segment considéré.

Le travail en salle

Tous les relevés consignés dans le cahier de topographie lors de la descente vont permettre d'établir un plan en vue de dessus (le plus utilisé) et une représentation en vue de côté, généralement orientée dans le sens du plus grand développement. Ces dessins seront enrichis de croquis représentant les profils caractéristiques des galeries.

L’orientation des conduits devra sans doute être corrigée car tous les caps relevés lors de l’exploration de la grotte ont été mesurés avec une boussole par rapport au nord magnétique. En bien des endroits, ce dernier diffère sensiblement du nord géographique, la seule référence universelle en topographie. Le dessin final devra tenir compte de cette réalité et, si l’on veut effectuer un travail soigné, il faudra convertir les caps magnétiques en caps géographiques en leur ajoutant ou retranchant selon le cas la valeur de la déclinaison magnétique effective lors des relevés.

Le recours aux logiciels spécialisés

Le dessin en salle permet de dresser à peu de frais des plans très représentatifs des cavités visitées, mais cela demande beaucoup de temps et c’est sans doute pour cette raison que certains spéléologues font appel à l’informatique pour réaliser la mise au net de leurs données topographiques. De nombreux logiciels de qualité existent et sont couramment utilisés.

Au retour d’expédition, il faut injecter dans le logiciel les données relevées sous terre et consignées dans le carnet de topographie. Cette opération s’effectue généralement dans une grille de saisie. Chaque point remarquable du réseau pourra bénéficier d’un commentaire particulier, et la description de la cavité sera encore plus réaliste si les commentaires sont complétés par des photos numérisées des différentes salles et galeries.

Une fois les données saisies, le logiciel effectue tous les calculs nécessaires et propose, au choix, un plan filaire, une coupe perpendiculaire à l’axe de vision (paramétrable), une coupe développée étirant toutes les galeries dans le même plan pour évaluer les distances de progression, un diagramme d’orientation générale des galeries, une animation circulaire, une animation 3D et, sous certaines conditions (saisies supplémentaires), une présentation des coupes de galeries.

Le logiciel de topographie spéléo le plus célèbre est TOPOROBOT.

Parmi les logiciels français, citons:

- Visual Topo, écrit par Eric DAVID, très utilisé en France

- GNU Hades Topo (Hades -2000), écrit par Jean Pierre CASSOU, et entièrement compatible avec TOPOROBOT.

Logiciel GHTopo


- Cyber Topo, écrit pat Eric SIBERT.

Fiche d'équipement

Le résultat de tous ces travaux est ce que le spéléologue appelle la topo qui contient la localisation de la cavité, la difficulté, le temps de visite, le plan, souvent une description du cheminement avec les points remarquables (du genre, à la base du puits, empruntez la galerie étroite qui part sous un gros bloc, puis, immédiatement à droite, la cheminée montante,...) et, si nécessaire une fiche d'équipement. La fiche d'équipement liste de manière succincte le matériel à emporter, par exemple, C-15, désigne une corde de 15 mètres pour équiper un P-10 (puits de 10 mètres), elle comprend aussi le nombre de mousquetons,... Cela permet de préparer juste le matériel nécessaire à la visite.

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