Traite de Trianon

Traite de Trianon

Traité de Trianon

Différence entre les frontières de l'Autriche-Hongrie avant-guerre et à la suite du traité de Trianon. En blanc, le royaume de Hongrie.
Répartition des différentes nationalités dans l'Empire austro-hongrois selon le recensement de 1910

Le traité de paix du Trianon est signé le 4 juin 1920 au Grand Trianon de Versailles par les puissances belligérantes de la Première Guerre mondiale : d'un côté le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, l'Italie, la Roumanie, le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (qui devient le Royaume de Yougoslavie en 1929) et la Tchécoslovaquie, de l'autre l'Autriche-Hongrie qui a perdu la guerre et qui y est représentée par la Hongrie (séparée de l'Autriche le 31 octobre 1918). Il fait suite aux traités de Versailles (qui traite le cas de l'Allemagne) et de Saint-Germain-en-Laye (qui définit celui de l'Autriche).

Sommaire

Les pourparlers

Fin 1919, la Hongrie, en tant que puissance vaincue, est invitée à Paris pour des négociations de paix. Robert Vallery-Radot rend compte ainsi de l'arrivée de la délégation du gouvernement hongrois conduite par le comte Albert Apponyi :

« On les reçut comme des prisonniers. Ils furent enfermés au château de Madrid, sous la garde de policiers avec l'interdiction d'en sortir. Seul, le comte Apponyi, en considération de son grand âge (74 ans), fut autorisé à faire un petit tour de promenade, escorté d'un inspecteur de la Sûreté. »[1],[2].

La délégation hongroise est confrontée à l'existence préalable du traité de Saint-Germain. Celui-ci a déjà fixé le tracé de la frontière avec l'Autriche à l'est et la Tchécoslovaquie au nord. La Hongrie exige sans succès une révision de celui-ci au nom de ses droits historiques, mais se heurte au principe du « Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » affirmé par le président américain Woodrow Wilson et adopté par les vainqueurs au profit des puissances victorieuses, mais non au bénéfice des vaincus (ainsi, les germanophones d'Autriche-Hongrie qui souhaitaient s'unir à l'Allemagne en furent empêchés par le traité de Saint-Germain). Toutefois, au nom de ce principe, les États-Unis et la commission Lord acceptèrent, à la demande de la Hongrie, que des plébiscites fussent organisés en 1921 dans les villes de Sopron (en allemand Odenburg) et de Kassa (en slovaque Kosice) : la première opta pour la Hongrie, la seconde pour la Tchécoslovaquie. La délégation hongroise contesta le résultat de Kassa en affirmant que « les observateurs américains censés être neutres étaient en fait des Tchèques récemment naturalisés américains, qui ont falsifié la commission d'enquête et déclaré qu'il n'y avait aucun Hongrois à Kassa »[3].

Les clauses du traité et ses conséquences

Le Traité de Trianon s'appuie sur le 9-ème des 14 points du président américain Woodrow Wilson, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sauf que, comme dans le cas du Traité de Saint-Germain, ce point n'est pas appliqué aux Magyars et Allemands de l'ancienne Autriche-Hongrie, mais seulement aux autres peuples. Les nouvelles frontières de la Hongrie sont tracées par une commission internationale (la commission Lord) présidée par des géographes anglo-saxons tels Ernest Dewis ou Robert Seton-Watson, et français tels Emmanuel de Martonne, où figurent aussi des Italiens, des Serbes, des Tchèques et des Roumains, mais seulement trois Hongrois : Istvan Bethlen, Gyula Varga et Istvan Tisza. Ces commissions tiennent compte des majorités linguistiques rurales, mais défavorisent la Hongrie en ne tenant pas compte des villes (presque toutes majoritairement hongroises) et en appliquant à son détriment le « principe de viabilité des frontières » (ainsi, pour donner accès au Danube à la Tchécoslovaquie, une vaste région à majorité magyare lui est rattachée, avec les villes de Pozsony, Ersekujvar et Komarom, tandis que la frontière hongro-roumaine inclut une importante voie ferrée côté roumain, parce que la campagne alentour est roumaine, alors qu'elle relie quatre villes importantes alors à majorité hongroise: Temesvar, Arad, Nagyvarad et Szatmar-Nemeti[4].

Borne à la frontière hongro-roumaine, datant de 1922

La Mittel Europa subit ainsi une refonte radicale de ses frontières :

La Hongrie perd ainsi les deux tiers de son territoire, passant de 325 411 km² avant la guerre à 92 962 km² après la signature du traité. Le pays perd aussi son accès à la mer via la Croatie, rattachée au Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

Si, avant la première guerre mondiale, plus de la moitié des 21,5 millions d'habitants du royaume de Hongrie ne sont pas Magyars (lesquels sont au nombre de 9.549.000), l'une des conséquences du traité de Trianon est qu'après-guerre, un magyarophone sur trois vit en dehors des frontières de la Hongrie : 3,3 millions de Hongrois se retrouvent avec une nationalité roumaine, yougoslave ou tchécoslovaque.

L'essentiel de la politique extérieure hongroise de l'entre-deux guerres mondiales, dirigée par l'amiral Horthy, consista à réclamer la révision du Traité de Trianon. Durant la deuxième guerre mondiale, la Hongrie eut partiellement satisfaction en s'alliant à l'Allemagne, et obtînt le sud de la Slovaquie en 1938, la Ruthénie en 1939, le nord de la Transylvanie en 1940 et le nord de la Serbie en 1941, mais les frontières de Trianon furent remises en vigueur en 1945[5].

Certains Hongrois considèrent encore de nos jours ce traité comme un inique diktat, cause de tous leurs malheurs au XXe siècle. On peut notamment citer parmi les contestataires le HVIM (http://www.hvim.hu), Mouvement de jeunesse des 64 Comtés (Hatvannégy Vármegye Ifjúsági Mozgalom) fondé par László Toroczkai, remarqué en France par une manifestation de plus de 400 personnes dans les rues de Versailles le 4 juin 2006, avec l'appui d'une section française du mouvement (http://www.hvim.fr).

Carte de l'Europe en 1923

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Références

  1. Robert Vallery-Radot, La Hongrie et l'esprit maçonnique des Traités, extrait de La Revue hebdomadaire, Paris, 1929, pp. 21 et 27
  2. Yves de Daruvar, Le Destin Dramatique de la Hongrie — Trianon ou la Hongrie écartelée, Les Éditions Albatros, Paris, 1971, p. 84
  3. Robert Vallery-Radot, La Hongrie et l'esprit maçonnique des Traités, extrait de La Revue hebdomadaire, Paris, 1929
  4. Edgar Lehmann, Meyers Handatlas, Bibliographisches Institut, Leipzig, 1932
  5. Matyas Unger, Történelmi Atlasz, Budapest 1989, ISBN 963-351-422-3 CM


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