Traité de Tilsit

Traité de Tilsit

55°05′N 21°53′E / 55.083, 21.883

Traités de Tilsit

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Entrevue de Napoléon Ier et d'Alexandre Ier sur le Niemen[1]. 25 juin 1807, Adolphe Roehn (1780–1867), Musée de l'Histoire de France (Versailles)

Ébauche 25 juin 1807
Signé 7 et 9 juillet 1807
(Tilsit, Prusse-Orientale :
aujourd'hui Sovetsk en Russie))
Parties
Partie 1 Partie 2
Parties Drapeau de l'Empire français Empire français Flag of Russia.svg Empire russe
drapeau du Royaume de Prusse en 1803 Royaume de Prusse
Signataires Napoléon Ier Alexandre Ier de Russie
Frédéric-Guillaume III de Prusse

Le premier traité de Tilsit (petite ville de Prusse-Orientale devenue aujourd'hui Sovetsk en Russie) a été signé en secret le 7 juillet 1807 par le tsar Alexandre Ier et l'empereur Napoléon Ier. Le traité met fin à la guerre de la quatrième coalition européenne contre la France.

Napoléon Ier donne naissance au duché de Varsovie en privant la Prusse de la Posnanie et de la Mazovie. Le district de Białystok échoit à la Russie. La ville de Dantzig devient une République indépendante. Le duché de Varsovie est attribué au roi de Saxe.

La Prusse cède également l'Altmark, Magdebourg, Halberstadt, Hildesheim, Wernigerode, Eichsfeld, Mansfeld, Erfurt, Minden, Ravensberg et Paderborn au nouveau royaume de Westphalie qui est donné à Jérôme Bonaparte qui avait épousé Catherine de Wurtemberg. La Prusse cède la Frise orientale au nouveau royaume de Hollande, Clèves, la Marck, Münster et Lingen au Grand-duché de Berg. Les troupes françaises occupent le Hanovre et la principauté de Bayreuth.

Sommaire

Le traité franco-russe

Adieux de Napoléon et d'Alexandre après la paix de Tilsit (9 juillet 1807), Gioacchino Serangeli, 1810, Musée de l'Histoire de France (Versailles).
On peut constater sur cette œuvre que les deux souverains se sont échangés leurs ordres respectifs : Napoléon Ier porte l'écharpe bleue de l'Ordre de Saint-André tandis qu'Alexandre Ier arbore l'écharpe rouge de la Légion d'honneur.

En échange de son soutien de cinq années contre l'Angleterre, Napoléon laisse les mains libres au tsar pour s’emparer de la Finlande qui appartenait à la Suède et dans son projet de démembrement de l'Empire ottoman (une clause prévoit le partage des possessions turques entre la Russie et la France). La Russie promet la fermeture de ses ports au commerce britannique et même de déclarer la guerre au Royaume-Uni si ce dernier refusait son offre de médiation. Les deux souverains concluent ainsi une alliance contre les Anglais. En outre, le tsar rend Cattaro à la France et cède les îles Ioniennes.

Le traité franco-prussien

Napoléon à Tilsit avec le roi et la reine de Prusse

Un second traité est signé avec la Prusse le 9 juillet 1807. Le royaume de Prusse perd la moitié de ses territoires. Ceux situés à l'ouest de l'Elbe sont intégrés au royaume de Westphalie nouvellement fondé dont Frédéric-Guillaume III doit reconnaître le souverain, Jérôme Bonaparte, dans l'article VI du traité[2]. La Prusse doit également céder les territoires qu'elle avait gagnés à la suite des partitions de la Pologne et cela depuis le 1er janvier 1772, hormis l'Ermeland et des terres à l'ouest des territoires prussiens anciens. L'article XIV commande à la Prusse de renoncer à Dantzig qui devient une ville libre. C'est ainsi qu'est créé le Duché de Varsovie. En plus, la Prusse doit adhérer au blocus continental contre les Anglais, payer 100 000 000 francs d'indemnité de guerre et réduire son armée à 42 000 hommes.

Talleyrand avait conseillé à Napoléon de modérer ses exigences envers le vaincu ; les deux traités constituent une étape importante dans sa mise à l'écart graduelle par l’empereur.

Un observateur a fait remarquer qu'alors qu'on rédigeait le traité, le roi de Prusse marchait à l'écart le long du Niémen ; selon McKay, Napoléon « n’avait qu'à lever la main pour rayer la Prusse de la carte. » C'est pourquoi plusieurs officiels prussiens et russes virent le traité comme un acte inique et une humiliation nationale : les soldats russes refusèrent par la suite d'obéir aux ordres de Napoléon, comme l’incident à Lisbonne le démontra à toute l'Europe ; les projets de Napoléon d'épouser la sœur du tsar furent repoussés par la famille royale russe ; et finalement, la coopération entre la Russie et la France prit fin lorsqu'en 1810 le tsar commença à autoriser l'accès de ses ports aux navires neutres. En 1812, Napoléon fit franchir le Niémen par la Grande armée et envahit la Russie, balayant les derniers vestiges de l’alliance passée.

Pertes territoriales et démographiques de la Prusse

Au terme du second traité de Tilsit, le Royaume de Prusse perdit la moitié de son territoire et, des 10 000 000 d'habitants qu'il comptait avant les hostilités, il n'en compta désormais plus que 5 000 000, mais les rentrées fiscales du royaume furent entamées dans une proportion bien supérieure, car les provinces perdues, qui étaient les plus riches et les plus fertiles, étaient aussi celles que depuis des années l’État modernisait à coups de millions de thalers. Presque tout ce que la Prusse avait gagné lors des trois Partitions de la Pologne était désormais perdu. Le duché de Saxe, ancienne principauté alliée de la Prusse, était le nouveau bénéficiaire de ces provinces ; quant à la Russie, naguère son plus fidèle allié, elle lui prenait 200 000 habitants. Le tableau suivant résume les pertes prussiennes du Traité de Tilsit[3] :

Possessions de Westphalie[4] Superficie (km²) Population
Comté de La Marck, y compris Essen, Werden et Lippstadt 2894 148 000
Principauté de Minden, 1050 70 363
Comté de Ravensberg, 936 89 938
Lingen et Terklenberg, 737,5 46 000
Clèves, rive gauche du Rhin 1613 54 000
Principauté de Frise Orientale, 3206 119 500
Principauté de Munster, 2780 127 000
Principauté de Paderborn, 1702 98 500
Possessions de Basse-Saxe Superficie (km²) Population
Magdebourg, avec les territoires du duché sur la rive gauche de l'Elbe, Halle, &c. 3064 160 000
Comté de Mantfeld, 567 27,000
Principauté d'Halberstadt, 1503,5 101 000
Comté de Hohenstein, 482 27 000
Territoires de Quedlinbourg 85 13 400
Principauté d’Hildesheim et Goslar, 2270 114 000

Articles connexes

Liens externes

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Bibliographie

  • Roger Dufraisse et Michel Kerautret, La France napoléonienne. Aspects extérieurs, 1799-1815, Seuil, Paris, 1999, 2020239000
  • Benoît Pellistrandi, Les relations internationales de 1800 à 1871, Armand Colin, Paris, 2000, 2200252099
  • Joseph Engel et Ernst Walter Zeeden, Grosser Historischer Weltatlas, Drittter Teil. Neuzeit, Bayerischer Schulbuch-Verlag, 1981, 3762760217

Sources

Notes et références

  1. À droite du tableau, on trouve les maréchaux Joachim Murat, Louis-Alexandre Berthier, Jean-Baptiste Bessières, Michel Ney.
  2. (de) Walter Demel/Uwe Puschner, Deutsche Geschichte in Quellen und Darstellung. Band 6. Von der Französischen Revolution bis zum Wiener Kongreß 1789-1815, Stuttgart, 1995, p.53.
  3. D'après The Annual Register, or General repository of history, politics, and literature: To which is Prefixed, the History of Knowledge..., Londres, Pater-noster-Row, G.G.J. & J. Robinson, 1808 [lire en ligne], p. 276, note 
  4. Quelques-unes des possessions de Westphalie avaient déjà été concédées auparavant, si bien qu'aucune compensation ne vint en payer le transfert au Traité de Tilsit.

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