Transuraniens

Transuraniens

Transuranien

On appelle élément transuranien (ou simplement transuranien) tout élément chimique dont le numéro atomique est supérieur à celui de l'uranium, c'est-à-dire supérieur à 92.

Parmi les éléments dont le numéro est compris entre 1 et 92, tous sauf quatre (43 : technétium, 61 : prométhéum, 85 : astate, 87 : francium) apparaissent en quantité facilement détectable sur Terre, possèdent des isotopes dont la durée de vie est longue, voire très longue, ou sont des produits communs de la désintégration de l'uranium.

Tous les éléments dont le numéro est supérieur, en revanche, ont été créés artificiellement et, mis à part le plutonium et le neptunium, aucun n'est présent naturellement sur Terre. Ils sont tous radioactifs, avec une demi-vie beaucoup plus courte que l'âge de la Terre, donc les atomes de ces éléments, s'ils ont été présents à l'époque de la formation de la Terre, ont depuis longtemps disparu, sauf quelques traces de neptunium et de plutonium formées dans des minerais d'uranium, et quelques traces échappées d'essais d'armes nucléaires.

Ceux que l'on peut trouver maintenant sur Terre sont des éléments de synthèse engendrés de façon artificielle, grâce à des réacteurs nucléaires ou des accélérateurs de particules. La demi-vie de ces éléments a tendance à décroître avec le numéro atomique. Des exceptions, cependant : le dubnium et plusieurs isotopes du curium.

Les éléments transuraniens qui n'ont pas encore été découverts ou, ayant été découverts, n'ont pas encore été baptisés, portent les noms de l'IUPAC. La dénomination de certains éléments transuraniens est source de controverses.

Découverte et dénomination des transuraniens

La majorité des transuraniens effectivement synthétisés ont été produits par deux groupes :

  • Un groupe de l'Université de Californie à Berkeley, sous trois directeurs différents :
    • Edwin Mattison McMillan, le premier à découvrir un élément transuranien :
      93, neptunium, Np, ainsi nommé d'après la planète Neptune, car il vient après l'uranium, de même que Neptune suit Uranus dans l'ordre des planètes.
    • Glenn T. Seaborg, le suivant, qui découvrit:
      94, plutonium, Pu, nommé d'après la planète Pluton, selon la règle de dénomination adoptée pour le neptunium, puisque Pluton suit Neptune dans l'ordre des planètes.
      95, l'américium, Am, nommé ainsi parce qu'il est un analogue de l'Europium, et d'après le nom du continent où il a été produit pour la première fois.
      96, le curium, Cm, d'après Pierre et Marie Curie, les célèbres chercheurs qui ont isolé les premiers éléments radioactifs.
      97, berkélium, Bk, baptisé d'après la ville de Berkeley, où l'université est située.
      98, californium, Cf, d'après l'État de Californie, où l'université est située.
    • Albert Ghiorso, qui était membre de l'équipe Seaborg lorsqu'elle produisit le curium, le berkélium et le californium, et qui, devenu directeur, produisit :
      99, l'einsteinium, Es, du nom du grand physicien Albert Einstein.
      100, le fermium, Fm, nommé d'après Enrico Fermi, le physicien qui réalisa la première réaction en chaîne contrôlée.
      101, le mendélévium, Md, d'après le nom du chimiste russe Dmitry Ivanovich Mendeleev, l'un des deux hommes qui développèrent le tableau périodique des éléments chimiques.
      102, le nobélium, No (voir ci-dessous, 2.).
      103, le lawrencium, Lr, en hommage à Ernest O. Lawrence, physicien surtout connu pour avoir développé le cyclotron, et de qui le Lawrence Livermore National Laboratory (qui fut le théâtre de la création de ces transuraniens) tient son nom.
      104, le rutherfordium, Rf, en hommage à Ernest Rutherford, qui est le responsable du concept de noyau atomique.
      105. un élément pour lequel le groupe de Berkeley a proposé le nom de hahnium, d'après Otto Hahn, premier chimiste à mettre en évidence la fission nucléaire, mais qui est nommé désormais dubnium, Db (voir ci-dessous, 2.).
      106, le seaborgium, Sg, d'après le nom de Glenn T. Seaborg. Ce nom a suscité une controverse, parce que Seaborg était encore vivant, mais fut tout de même accepté par la communauté des chimistes.
  • Un groupe au Centre de recherche sur les ions lourds (GSI, pour Gesellschaft für Schwerionenforschung mbH) à Darmstadt, Hessen, Allemagne, sous la direction de Peter Armbruster, qui a synthétisé :
    107, le bohrium, Bh, mot formé à partir du nom du physicien danois Niels Bohr, qui a compté dans l'élucidation de la structure de l'atome. Le groupe avait d'abord suggéré le nom nielsbohrium, mais c'est bohrium qui fut finalement adopté.
    108, hassium, Hs, ainsi nommé d'après la forme latine du nom de Hesse, le Land allemand où le travail a été fait.
    109, meitnerium, Mt, nommé d'après Lise Meitner, physicienne allemande qui fut l'une des premières impliquée dans l'étude de la fission nucléaire.
    110, darmstadtium, Ds, en référence à Darmstadt, en Allemagne. C'est là qu'est située le Gesellschaft für Scwerionenforschung (GSI) qui découvrit cet élément.
    111, roentgenium, Rg, nommé en hommage à Wilhelm Roentgen, qui découvrit les rayons X.
    112, copernicium, Cn, nommé en hommage à Nicolas Copernic, qui révolutionna les conceptions astronomiques de son temps.

Fausses découvertes désormais invalidées

Deux autres groupes avaient travaillé sur la préparation des éléments transuraniens, mais leurs rapports ont depuis été discrédités :

  • Un groupe de l'Institut Nobel en Suède, qui prétendit avoir découvert l'élément 102, et le baptisa "nobélium", en hommage à Alfred Nobel, inventeur de la dynamite et donateur de la récompense du Prix Nobel. Le nom "nobélium" fut finalement accepté, bien que la découverte ne soit plus reconnue.
  • Un groupe à l'Institut unifié de recherches nucléaires de Doubna, en Russie (alors Union Soviétique), qui prétendit avoir produit :
    • l'élément 104, qu'ils baptisèrent kourtchatovium, du nom du chimiste soviétique Igor Kurchatov.
    • le numéro 105. Bien que leur découverte n'ait pas été reconnue, l'appellation "dubnium" est aujourd'hui officielle pour cet élément, qui porte le nom de la ville où l'équipe travaillait. À l'origine, ils avaient proposé le nom de "nielsbohrium".
    • 106. Le seaborgium.
    • 107. Le bohrium.

Liste des transuraniens

Articles détaillés : transactinide et superactinide.

[*] L'existence de ces éléments a été confirmée, cependant les noms et symboles indiqués sont provisoires et aucune appellation officielle n'a encore été fixée.

[**] Ces éléments n'ont à ce jour pas encore été observés et leur existence demeure par conséquent hypothétique.


  s1 s2 g f1 f2 f3 f4 f5 f6 f7 f8 f9 f10 f11 f12 f13 f14 d1 d2 d3 d4 d5 d6 d7 d8 d9 d10 p1 p2 p3 p4 p5 p6
1 H He
2 Li Be B C N O F Ne
3 Na Mg Al Si P S Cl Ar
4 K Ca Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
5 Rb Sr Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
6 Cs Ba   La Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
7 Fr Ra   Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Uut Uuq Uup Uuh Uus Uuo
8 Uue Ubn * Ute Uqn Uqu Uqb Uqt Uqq Uqp Uqh Uqs Uqo Uqe Upn Upu Upb Upt Upq Upp Uph Ups Upo Upe Uhn Uhu Uhb Uht Uhq Uhp Uhh Uhs Uho
   
  g1 g2 g3 g4 g5 g6 g7 g8 g9 g10 g11 g12 g13 g14 g15 g16 g17 g18  
  * Ubu Ubb Ubt Ubq Ubp Ubh Ubs Ubo Ube Utn Utu Utb Utt Utq Utp Uth Uts Uto  


Métalloïdes Non-métaux Halogènes Gaz rares
Métaux alcalins  Métaux alcalino-terreux  Métaux de transition Métaux pauvres
Lanthanides Actinides Superactinides Éléments non classés
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